WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Mutations et devenir des paysanneries de l'opération Yabassi Bafang.

( Télécharger le fichier original )
par Basile TENE
Université de Yaoundé - Maîtrise 1 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II

LES CONSÉQUENCES IMMÉDIATES DE LA DISSOLUTION DE LA SODENKAM ET LES PREMIÈRES ATTITUDES

36

Après la dissolution de la SODENKAM, les retombées socio-économiques ne tardent pas à se faire ressentir dans toute la région de Nkondjock. Une région qui a vécu plus de 20 ans, sous le contrôle et la gestion exclusive de la société. Les paysans qui jusqu'à lors s'étaient encadrés par cette dernière, sont placés subitement devant le fait accompli. Désormais, ils doivent assurer leur propre destin.

Cette transition est le tournant historique de la région et qui s'avère pas facile à négocier, au regard des attitudes très diverses et même contradictoires des paysans.

A- LES CONSÉQUENCES IMMÉDIATES SUR LA RÉGION.

Les répercussions de la dissolution de la SODENKAM, sont à la fois générales à la région de Nkondjock et spécifiques à celle de l'Opération Yabassi-Bafang.

A-l. Arrêt des activités dans les villages et fin de l'encadrement paysan.

La SODENKAM a placé, dans chaque village pionnier, un moniteur agricole, chargé de prodiguer les conseils aux planteurs sur la conduite à tenir dans les champs. D'autres agents venants du siège de la société à Nkondjock sillonnent les villages, soit pour vendre ou distribuer le matériel agricole et acheter les produits des paysans, ou encore pour diffuser les informations diverses.

Avec la dissolution de la société-mère, les voitures gui servaient de moyen de déplacement sont vendues et pour la plupart aux étrangers, les employés étant mis en chômage auparavant. Pour les villages tels Didipé, Madip situés à 4 et 15 km de la route principale et qui ne reçoivent surtout gué les voitures de la SODENKAM, le problème de communication se pose déjà avec acuité, l'isolement va crescendo.

Dès lors, les paysans n'ont aucune assistance étatique. Elles doivent subitement assumer leur propre destin sans préparation psychologique.

37

A-2. Stagnation et recul du front pionnier.

Nous entendons par "front pionnier", la ligne de démarcation dans une zone de colonisation des terres neuves, entre la partie déjà mise en valeur et celle qui ne l'est pas encore.

Dans la zone de l'Opération Yabassi-Bafang, ce front pionnier est menacé et ce depuis 1e déclin de la SODENKAM. La création du dernier village date de 1981 (Didipé) et dès lors de nouvelles terres ne sont plus mises en valeur; la société ayant limité les recrutements, faute de moyens financiers. En dépit de cela, elle supporte difficilement les recrutements spontanés et se contente, non plus d'implanter les immigrants dans de nouveaux espaces, mais installer ceux-ci dans les lots abandonnés. Ceci pour alléger également les dépenses d'encadrement.

Dans ces conditions, le recul de la forêt ne peut pas progresser, ainsi que le projet de mise en valeur de la 2e phase de l'Opération, dont l'entière réalisation reste hypothéquée. Il serait illusoire de croire que la mise en valeur peut s'accentuer avec la dissolution de la SODENKAM. C'est bien le contraire qui est vécu en ce sens que les paysans ne bénéficient plus d'un quelconque encadrement (approvisionnement, conseil et achat). Ils ont dû abandonner les surfaces déjà mises en valeur et régulière-lent exploitées.

Il faut ajouter à ceci la nonchalance de certains paysans au travail, due à l'indécision de ceux-ci face à la nouvelle situation qui prévaut dans la zone; en effet, les paysans hésitent entre partir et rester. Ceci explique sans doute cela.

38

Cliché auteur 03/04/91 14h

Photo 3 : Un quartier presque abandonné.

La dissolution de la SODENKAM a entrainé la désertion des pionniers, parfois en masse. Sur cette photo, la brousse prend peu à peu sa place jusqu'aux abords immédiats des plantations abandonnées.

39

Figure 4 : Proportion des surfaces mise en valeur

Source : Enquête directe

Cette évolution à rebours du front pionnier trouve également une explication dans le rythme de la désertion qui est de plus en plus croissant. Il nous a été difficile de quantifier les déserteurs, car par moment, ces derniers reviennent faire acte de présence et dans certains villages comme Matoubé, certains déserteurs sont remplacés. Avec cette instabilité des paysans, les plantations ne sont plus bien entretenues, l'herbe puis la forêt recolonisent progressivement 1'espace.

40

La situation est inquiétante à plus d'un titre, et une action de force devra être menée le plus tôt pour maintenir, ou faire avancer le front pionnier. Dès lors ces immigrants ne sont plus des pionniers mais des paysans.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius