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Mutations et devenir des paysanneries de l'opération Yabassi Bafang.

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par Basile TENE
Université de Yaoundé - Maîtrise 1 2016
  

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B- LA DIVERSIFICATION DES ACTIVITÉS PAYSANNES

B-l: Les principales activités paysannes.

L'Opération Yabassi-Bafang est jusqu'ici une colonisation des terres neuves à caractère exclusivement agricole. L'agriculture, ici est prise dans son assertion la plus étroite, c'est-à-dire, la culture des plantes par l'homme. Ceci rentre dans les objectifs des initiateurs du projets qui est de faire de la région de Nkondjock, une grande zone de production de café et de cacao.

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Figure 6: Proportion des principales cultures de la région

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Les immigrants d'horizons divers ont pour principales tâches, le travail de la terre, en dépit de leurs emplois antérieurs. Les cultures pratiquées par les paysans sont d'inégales importances selon les villages, (cf. 2e partie, chap 2 et 3) .

Ainsi, les paysans passent la majeure partie du temps dans leurs plantations. Et comme les travaux champêtres requièrent beaucoup de force physique et de courage, les après-midi sont consacrés au repos. Ceux des paysans qui ont un savoir-faire dans un secteur autre que 1'agriculture, se livrent à l'artisanat, au commerce et d'autres activités.

Ces activités secondaires, étaient considérées jusque-là par les paysans comme un passe-temps. C'est pourquoi on les pratiquait toujours au moment du repos et ceci s'explique par le fait gué les revenus tirés de la plantation couvraient les besoins essentiels du paysan.

Or, aujourd'hui, la plantation ne génère plus les mêmes revenus. Pour cause, les cours des matières premières agricoles chutent sur les marchés, 1'entretien des plantations devient de plus en plus onéreux, ce qui n'est pas de nature à motiver les paysans. Corollaire de cette conjoncture, ces derniers maintiennent ou réduisent progressivement les surfaces consacrées à la cacao-culture et à la caféiculture. Cette négligence des cultures de rente doit se faire au profit des autres cultures plus rémunératrices et les activités secondaires doivent être pratiquées à plein temps. C'est pourquoi nous proposons.

B-2. La diversification des activités paysannes : une initiative à l'état embryonnaire. Face à la non rentabilité des produits agricoles de rente, le problème qui se pose est celui de 1'abandon ou de la limitation de cette culture.

Ce dilemme traverse également les paysanneries de l'Opération Yabassi-Bafang, auquel s'est ajoutée la dissolution de la SODENKAM. Ces dernières, pour sortir de l'impasse, n'ont pas tardé à réagir. Elles ont compris tôt qu'il fallait adapter leurs activités au contexte qui prévaut suivant leur propre logique: la logique paysanne.

Certains paysans n'hésitent pas à donner la priorité aux cultures vivrières qui étaient jusque-là réservées aux femmes. Sous l'impulsion des hommes, on constate aujourd'hui que les surfaces consacrées à ces cultures sont en nette augmentation; c'est ainsi gué plus de 70% de paysans estiment que les portions du champ non encore mises en valeur, seront consacrées aux cultures vivrières. Ce pourcentage est encore plus élevé dans les villages comme Matoubé, Ndock-Samba qui sont plus sollicités par les marchés que les autres. Grâce à leur position sur la route principale, ceci leur permet d'écouler plus facilement leurs productions vivrières.

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Cette nouvelle donne dans le domaine agricole est appréciable, en ce sens que les cultures vivrières ont une croissance rapide (1 à 3 ans aux maximums) par rapport au cacao, café (4 à 5 ans}. La production est facilement commercialisée et génère des revenus immédiats et permanents. Cependant ce virage dans l'agriculture doit être négocié avec beaucoup de prudence, bien qu'il porte des fruits. La caféiculture et la cacao culture ne doivent pas être abandonnées. C'est pourquoi, les paysans plus soucieux d'équité doivent diversifier les cultures; les surfaces consacrées aux cacaoyers et aux caféiers sont maintenues, mais celles réservées aux cultures vivrières sont en croissance, espérant ainsi compenser les déficits de l'une des productions par l'autre.

En marge des travaux agricoles, les paysans doivent pratiquer des activités dites secondaires, telles le commerce, l'artisanat et autres petits métiers. En diversifiant ces activités, le paysan multiplie ainsi ses possibilités de maintenir ou d'accroître son revenu. Cependant cette initiative n'est pas encore largement suivie par les paysans, car certains ont opté pour la solution extrême (abandon total des cultures de rente) qui ne s'avère être efficace qu'à court terme. C'est dans ce sillage du paysan que les décideurs et les planificateurs doivent orienter la politique agricole; en élaborant des solutions aux problèmes du monde rurale en fonction de la logique paysanne.

Les initiateurs du projet Opération Yabassi-Bafang, bien que conscients de la faible densité humaine de la région, n'avaient pas eu le consentement de la population autochtone. Aujourd'hui dans les zones limitrophes, la résurgence d'un conflit foncier les opposant aux immigrants n'est pas à écarter, c'est derniers n'ayant eu aucune garantie sur la propriété terrienne. L'un des objectifs de l'Opération a été de faire de la zone une grande productrice du café, du cacao et du poivre; d'énormes moyens ont été déployés sans consultation des acteurs directs de la production. La conséquence est qu'il n'a pas fallu attendre plus de cinq ans, après la dissolution de la société chargée du suivi, de cette politique, pour que les paysans se détournent de ce système de production, qui jusqu'alors n'a été qu'une suite de solutions à court terme.

De nos jours, leur initiative ne souffre d'aucune ambiguïté, en dépit des hésitations. Augmenter la production d'une, culture dont le coût de production connaît une croissan.ee exponentielle, alors qu'en même temps le prix d'achat a chuté, de moitié, relèverait d'une gageure. Les paysans, face à cette situation, ont opté pour les cultures de substitution. Ces derniers qui connaissent mieux leur milieu, les éléments de solutions aux problèmes du monde rural ne se trouvent-ils pas de leur côté?

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