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Analyse des pratiques d'exploitation de producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de pointe-noire.

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par Rommel DIAHAMBANA MAYALA Rommel
Ecole Nationale Superieure d'Agronomie et de Foresterie - Ingenieur de Developpement Rural 2011
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE MARIEN NGOUABI

INSTITUT DE DEVELOPPEMENT RURAL
DEPARTEMENT DES SCIENCES
DE DEVELOPPEMENT RURAL

CENTRE DE RECHERCHE SUR LA
DURABILITE ET LA PRODUCTIVITE
DES PLANTATIONS INDUSTRIELLES

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

Pour l'obtention du diplôme

d'Ingénieur de Développement Rural

ANALYSE DES PRATIQUES D'EXPLOITATION DE PRODUCTEURS DE BOIS-ENERGIE DANS LE BASSIN D'APPROVISIONNEMENT URBAIN DE POINTE-NOIRE

Sous la direction du Dr BOUKOULOU Henri, Maître-assistant à l'Université Marien
Ngouabi et la codirection de Mr NKOUA Méthode, Responsable de l'Unité de Recherche
« Gestion Sociale et Environnementale » au
Centre de Recherche sur la Durabilité et la Productivité des Plantations Industrielles.

Soutenu publiquement par DIAHAMBANA MAYALA Rommel le 17 Décembre 2011 à
Brazzaville, devant le jury composé de :

? Prof. MAKOSSO Sachka (Présidente)

? Dr. BOUKOULOU Henri (membre)

? Mr MISSAMBA Lola (membre)

? Dr. MBETE Pierre (membre)

? Dr. MOUTSAMBOTE Jean Marie (membre)

Année académique 2010-2011

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 1

Dédicace

À mon père Diahambana Mayala Damien et ma mère Kanza Céline qui, en me donnant la vie et en me soutenant, n'ont cessé de penser à mon épanouissement.

À tous mes frères et soeurs.

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 2

Remerciements

Les travaux présentés dans ce document sont le fruit de la collaboration entre le Centre de Recherche sur la Durabilité et la Productivité des Plantations Industrielles (CRDPI) et l'Université Marien Ngouabi - Institut de Développement Rural (IDR) et financés par le CRDPI. Mes premiers remerciements s'adressent au Directeur de l'IDR, Monsieur Akouango Fulbert, au Directeur du CRDPI, Monsieur Philippe Vigneron et au Directeur Adjoint du CRDPI, Monsieur Aubin Saya qui m'ont accordé la possibilité de réaliser ces travaux.

Je remercie Monsieur Henri Boukoulou, mon Directeur de mémoire, pour avoir accepté de coordonner ce travail. Qu'il trouve ici l'expression de ma profonde gratitude.

Je voudrais également remercier le corps enseignant de l'IDR pour les cinq ans de formation universitaire en ingénierie de développement rural .Qu'ils puissent trouver ici l'expression de ma profonde gratitude.

J'exprime toute ma gratitude à Méthode Nkoua, Responsable de l'Unité de Recherche «Gestion Sociale et Environnementale » (UR GSE), mon Maître de stage, pour son soutien, son suivi régulier du travail et pour ses contributions multiformes, même quand il est à l'étranger. J'exprime toute ma gratitude à EFC et à ses opérateurs, aux comités des villages et à tous les producteurs bois-énergie auprès desquels j'ai enquêté ; qu'ils trouvent ici l'expression de ma très profonde considération.

Je remercie particulièrement Monsieur Aimé Patrick Missamba-Lola du CRDPI-UR GSE, qui m'a fait bénéficier de ses multiples compétences en foresterie tropicale notamment en foresterie rurale et à la détermination des espèces utilisées pour le bois énergie par les populations locales.

J`associe à ces remerciements les membres de l'équipe de l'UR GSE pour leur apport aussi bien direct que lointain à cette étude Je cite : Chrisley Mayinguidi, Séraphin Dzomambou, Régis Yembé- Yembé.

J'adresse ma reconnaissance aux membres du jury pour leur disponibilité à examiner ce présent mémoire.

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 3

J'adresse, d'une façon très spéciale, mes remerciements à Papa Modeste Miakakela, sa femme et ses enfants pour leur accueille chaleureux au sein de leur famille et de m'avoir offert une bonne hospitalité durant mon stage à Pointe-Noire.

J'adresse des remerciements chaleureux à tous mes collègues de la promotion.

Je remercie très spécialement ma collègue de promotion, Daria Oko « Dadajadore » pour tous ces moments « d'épreuves » et de joie que nous avons passés tout au long de notre stage au CRDPI. Que mes collègues de la promotion, particulièrement ceux avec lesquels j'ai eu à passer mon stage au CRDPI: Loubota Grâce, Ngambaka Jean Urbain « J.U », Mangoumbou George walter « waly », trouvent ici, la considération, le respect que j'ai pour eux.

Je remercie également de façon très aimable Aymard Nkounkou « ya NKOUNKOU » et Gide Mbélolo «le charismatique » pour leur amitié aussi forte et leur gentillesse durant tout mon parcours universitaire au sein de l'IDR.

J'adresse des remerciements chaleureux à Gerda Nganga, maman Julienne Moukimou et à Garel Makouanzi.

Enfin, je remercie également toute ma famille. Je pense à : maman Landou, maman Idelette, maman Nzoussi célestine, tonton Renaud «Kakosso» , tonton Philippe, tonton Arnaud Mbon, tonton Hermane (mano), mémé Monique, papa Côme Kinata, julienne Diconda, Blaise Diabankana, Irsain Diabankana.

Que tous ceux qui sont dans mon coeur mais dont les noms ne sont pas mentionnés dans ce mémoire, qu'ils trouvent à travers cette ligne de mots l'expression de ma gratitude.

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 4

Résumé

L'analyse des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire est une contribution à la durabilité écologique du système d'approvisionnement en bois-énergie de la capitale économique de la République du Congo. Une triple approche bassin-ressources-acteurs a permis de mettre en évidence la valorisation des abattis de champs en forêts naturelles et des rémanents issus de l'exploitation de l'eucalyptus en plantations industrielles. La valorisation de ce type de bois est un aspect important de durabilité écologique et une spécificité qui fait distinguer le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire de plusieurs autres bassins urbains d'Afrique. Toutefois, la poussée démographique de la ville de Pointe-Noire est à l'origine de la coupe sélective des arbres uniquement pour le bois-énergie. Cette pratique révèle l'évolution de la pression de la demande urbaine en bois-énergie sur les ressources forestières et l'apparition des nouveaux producteurs à la quête rapide de l'argent au mépris des règles traditionnelles d'exploitation forestière.

En prospective, ces recherches méritent d'être poursuivies dans le cadre de la définition et du suivi de l'évolution des indicateurs de pression pertinents, et des projets de développement peuvent être envisagés afin de promouvoir la régénération assistée de l'essence légumineuse locale Pentaclethra macrophylla (Mouvandza) dans les jachères forestières et les plantations mixtes paysannes en savane à travers les outils comme le PNAR, le SNR, etc.

Mots clés : Pointe-Noire, producteurs, bois-énergie, pratiques d'exploitation forestières, indicateurs de pression, forêts naturelles, plantations industrielles d'eucalyptus

Liste des sigles

APNI

: Association Pointe Noire Industrielle

CIFOR

: Center for International Forestry Research (Centre International de Recherche Forestière)

CIRAD

: Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

CMED

: Commission Mondiale sur l'environnement et le Développement

CRDPI

: Centre de Recherche sur la Durabilité et la Productivité des Plantations Industrielles

EFC

: Eucalyptus Fibre Congo

FAO

: Organisation des Nations Unis pour l'alimentation et l'Agriculture

GECKO

: Gestion durable des Ecosystèmes du Kouilou

GEF

: Global Environnement Facility (Fonds pour l'environnement mondial)

GSE

: Gestion Sociale et environnementale

GIE

: Groupement à Intérêt Economique

IDR

: Institut de développement Rural

MIDR

: Mutuelle des Ingénieurs de développement Rural

PNCD

: Parc National Conkouati-Douli

UICN

: Union Internationale pour la Conservation de la Nature

UMNG

: Université Marien Ngouabi

UR

: Unité de Recherche

 
 

Liste des figures

Numéro de page

Figure 1 : Typologie des entreprises de producteurs de bois énergie en fonction de mode d'accès aux ressources forestières

32

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 5

Figure 2 : Répartition des producteurs de bois énergies en fonction des principaux modes d'exploitation des ressources forestières.

34

Figure 3 : Avis des producteurs de bois énergie sur les principales essences forestiers abondantes.

35

Figure 4 : Avis des producteurs de bois énergie sur les essences forestiers rares

36

Figure 5 : Répartition des producteurs de bois énergies en fonction des surfaces forestières exploitées par localité.

38

Figure 6 : Répartition des producteurs de bois énergies en fonction du type de produit.

39

Figure 7 : Avis des producteurs de bois énergie sur la durabilité des jachères forestières.

41

Figure 8 : Evolution de la durée moyenne de jachère forestière de ces 15 dernières années

42

Figure 9 : Evolution de la distance moyenne parcourue par les producteurs de bois énergie entre le village et le lieu de production de ces 15 dernières années

43

Figure 10 : Evolution du coût moyen de location par hectare exploité par les producteurs de bois énergie de ces 15 dernières années

44

Liste des Cartes

 

Carte 1 : Localisation de la zone d'étude (source CRDPI, 2011)

17

Carte 2 : Localisation des villages enquêtés dans le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de Pointe-Noire

18

Liste des tableaux

 

Tableau I : liste des villages choisis pour enquêtes sur la production de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement de la ville de Pointe-Noire

28

Tableau II: Répartition des producteurs de bois-énergie enquêtés dans les différentes localités de l'étude

30

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 6

Tableau III : Calendrier des activités des producteurs de bois-énergie dans la zone d'étude

37

Tableau IV : Analyse des Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces (FFOM) des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin de

50

Pointe-Noire

 

Liste des photos

 

Photo 1 : réunion de sensibilisation dans le village Koubotchi

29

Photo 2: entretien semi directif avec un charbonnier du village Mongo Tandou

29

Photo 3 : abattis de champs brûlés avant plantation

33

Photo 4 : vue de loin d'un champ en forêts

33

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 7

Table des matières

Dédicace... 1

Remerciements 2

Résumé 4

Mots clés 4

Liste des sigles 5

Liste des figures 5

Liste des cartes 6

Liste des tableaux 6

Liste des photos 7

Introduction 11

Chapitre 1 - CONTEXTE DE L'ETUDE 13

1.1. Etat de la question bois énergie 13

1.2. Enjeu de l'étude 14

1.3. Présentation du CRDPI 15

1.4. Présentation de la zone d'étude 16

1.4.1. Localisation 16

1.4.2. Sites 17

1.4.3. Milieu Physique 19

1.4.3.1.Climat 19

1.4.3.2. Sols 19

1.4.3.3. Végétation 19

1.4.3.4. Relief et hydrographie 20

1.4.4. Milieu humain 20

1.4.4.1. Historique 20

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 8

1.4.4.2. Population humaine : origine, densité et organisation de l'habitat 20

1.4.4.3. Aspects socioculturels et économiques 21

1.4.4.4. Principaux types de statuts de terres 55

Chapitre 2 - PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET CONCEPTS DE BASE 24

2.1. Problématique 24

2.2. Objectifs 25

2.3. Concepts utilisés 25

Chapitre 3 - MATERIEL ET METHODES 26

3.1. Matériel 27

3.2. Méthode 27

Chapitre 4 - RESULTATS ET DISCUSSION 32

4.1. Résultats 32

4.1.1. Différents modes d'accès aux ressources forestières 32

4.1.2. Modes d'exploitation des ressources forestières 33

4.1.3. Principales essences forestières exploitées 35

4.1.4. Rapport bois-énergie et systèmes de culture 37

4.1.5. Durées de jachères en forêts naturelles et de rotations en plantations d'eucalyptus 40

4.1.6. Définition de quelques indicateurs de pression des pratiques de bois-énergie sur les

forêts naturelles 41

4.1.6.1. Evolution de la durée moyenne de jachères forestières 42

4.1.6.2. Evolution de la distance de marche des producteurs de bois-énergie entre le

village et le lieu de production 42

4.1.6.3. Evolution du coût moyen de location par hectare de forêts naturelles par les

producteurs de bois-énergie 43

4.1.7. Pression diffuse des producteurs de bois-énergie sur les plantations industrielles

d'eucalyptus 44

4.2. Discussion 45

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 9

Chapitre 5 - Synthèse et Recommandations 50

5.1. Au plan de la recherche 51

5.2. Au plan stratégique 51

5.3. Au plan opérationnel 52

Conclusion 53

Références Bibliographiques 55

Annexes 59

Annexe 1 : Liste des noms scientifiques en langue locale (vili) des espèces végétales utilisées

pour le bois énergie dans la zone d'étude. 59

Annexe 2 : Questionnaires d'interviews semi-directives 60

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 10

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 11

INTRODUCTION

Les forêts constituent un réservoir de ressources biologiques et jouent un rôle déterminant dans la fourniture des biens et services environnementaux, la régulation et la stabilisation du climat mondial, autant qu'elles participent au développement économique et social des pays (FAO, 2009).

Les principales menaces qui pèsent sur les forêts tropicales sont la croissance démographique rapide et la demande de terres agricoles et de pâturages qui l'accompagne, la surexploitation du bois d'oeuvre et la production de biomasse pour les biocombustibles, l'extraction minière et la construction de routes (GEF, 2010).

En Afrique centrale, notamment dans le bassin forestier du Congo, deuxième poumon vert de la planète après celui de l'Amazonie, l'agriculture itinérante sur brûlis et la production du bois énergie sont citées parmi les principales activités qui favorisent le déboisement et la dégradation forestière qui touche approximativement 13 millions d'hectares chaque année dont près de 6 millions d'hectares primaires, et qui est à l'origine de 20% des émissions de gaz à effet de serre de 1990 (FAO, 2009).

En République du Congo, l'enjeu majeur se situe au niveau des forêts périurbaines en ce qu'elles font l'objet d'une intense exploitation pour la production du bois-énergie depuis les années 1940 (Lamouroux et Boundzanga, 1994). Ces dernières décennies, cette exploitation a des conséquences écologiques dramatiques sur la foresterie périurbaine (Boundzanga, 2004). Dans le contexte de Pointe-Noire, capitale économique du Congo, une ville d'un million d'habitants (Direction départementale de la santé de Pointe-Noire, 2010), 96% des ménages utilisent le charbon de bois et 33,5% le bois de feu pour la cuisson de leurs repas (Marien, 2006). Pour assurer la satisfaction de la demande urbaine en bois-énergie, elle-même en constante augmentation, deux types de ressources forestières sont utilisées : les forêts naturelles et les rémanents issus de l'exploitation industrielle des plantations d'eucalyptus.

Face à la mise en débats des différents modèles économiques actuels et dans un contexte international marqué par la nécessité de gérer durablement les ressources forestières tout en s'adaptant aux changements climatiques, l'une des grandes questions majeures qui se pose au niveau des systèmes d'approvisionnement urbains en bois-énergie en Afrique, notamment dans le bassin forestier du Congo est la suivante : « Est-ce-ce que les ressources et filières de bois-énergie sont en mesure de s'adapter à l'évolution des besoins urbains et de trouver leur place dans la gestion durable des forêts du bassin du Congo ? ». Répondre à cette question

revient à faire un état des lieux sur le niveau d'équilibre actuel de fonctionnement des filières à travers les standards du protocole de Kyoto qui sont: efficacité économique, équité sociale et durabilité écologique (CMED, 1987) et à suivre l'évolution de ces équilibres dans le temps.

Or de nos jours, il y a très peu de connaissance sur l'organisation spatio-temporelle des filières de bois-énergie développées autour de la ville de Pointe-Noire. Pour palier à ce manquement, le Centre de Recherche sur la Durabilité et la Productivité des Plantations Industrielles (CRDPI) a initié au niveau de son Unité de Recherche sur la Gestion Sociale et Environnementale (UR GSE) une série d'études sur les filières de bois-énergie depuis 2006 à savoir : la consommation des ménages en bois de feu et charbon de bois de la ville de Pointe-Noire (Marien, 2006), l'organisation de la filière de bois-énergie dans la zone périphérique du Parc National Conckouati-Douli (Yembé Yembé, 2007) et depuis 2008, une thèse de doctorat est en cours sur l'efficacité et l'équité spatiale comparée de deux modèles d'approvisionnement urbain en bois-énergie de forêts naturelles et de plantations d'eucalyptus dans la région de Pointe-Noire.

La présente étude est une contribution à l'analyse de la durabilité écologique du système d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire. Elle aborde la question des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de charbon de bois et de bois de feu au sein du bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire.

L'objectif de cette étude consiste à caractériser les différentes pratiques des producteurs de bois-énergie et analyser leur adéquation avec le renouvellement des ressources forestières au sein du bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire. Une triple approche bassin-ressources-acteurs est choisie pour obtenir les résultats escomptés et présentés dans ce mémoire de fin d'études d'ingénieur de développement rural en cinq (5) parties à savoir : (i) Contexte de l'étude, (ii) Problématique, objectifs et concepts de base, (iii) Matériel et méthodes, (iv) Résultats et discussion, et (v) Synthèse et recommandations.

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 12

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Chapitre 1 - CONTEXTE DE L'ETUDE

1.1. Etat de la question bois énergie

Le bois-énergie est devenue une problématique scientifique suite à la crise pétrolière de 1974. A partir de cette crise, on a engagé dans le monde entier un processus de plus en plus marqué

de recherche et d'analyse sur l'utilisation de la biomasse à des fins énergétiques. Plus de la moitié de la population mondiale a en effet pour unique ou principale source d'énergie les dendrocombustibles, ou combustibles dérivés du bois (FAO, 2002).

En Afrique, c'est avec l'avènement de la grande sécheresse de la fin des années 1960 dans le Sahel que la pénurie de bois de feu ou de crise de bois énergie est devenue une préoccupation

scientifique. En effet, c'est suite à un exode rural massif des dites victimes de la sécheresse que les relations villes forêts en rapport avec le bois-énergie sont devenus d'un enjeu majeur ces dernières décennies. Le phénomène d'urbanisation s'est traduit par une forte demande en bois-énergie (Ozer, 2004).

En Afrique centrale, notamment dans les pays du bassin du Congo, pour les mêmes enjeux, les causes sont plutôt liées à la paupérisation des villages et aux divers conflits armés qui ont

marqués ces trois dernières décennies. Depuis la fin des années 1990, la concentration des

populations dans les grandes agglomérations urbaines est source d'un certain nombre des problèmes sociaux dont les plus importants essentiellement l'accès à l'eau, l'alimentation et

l'énergie domestique. C'est ainsi que le bois-énergie est devenu en Afrique centrale un élément structurant fondamental de l'économie forestière et du bilan énergétique des ménages (Nash et Luttrell, 2006).

Actuellement, l'une des grandes questions qui se pose en Afrique centrale est celle de savoir si les ressources et filières de bois-énergie peuvent s'adapter à l'évolution des besoins urbains en bois-énergie et trouver une place dans la gestion durable des forêts du bassin du Congo (FAO, 2010). La réponse à cette question fait appel à la recherche de l'équilibre entre les trois piliers de développement durable selon le protocole de Kyoto qui sont : l'efficacité économique, l'équité sociale et la préservation des ressources forestières (Nkoua, 2011).

Dans le cas de la République du Congo, c'est vers la fin des années 1970 qu'une première étude a eu lieu sur la question de bois énergie, notamment sur le ravitaillement de Brazzaville en bois de chauffe (Gilbert, 1978). Cette étude fait un état des lieux des relations villes forêts

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 14

en rapport avec le bois-énergie et pose la question de la disponibilité de la ressource forestière périurbaine. Mais l'étude de référence est celle réalisée par Lamouroux et Boundzanga (1994), qui indique que « 90% de la population des 4 principales villes du Congo (Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Nkayi) utilise le bois de chauffe et le charbon de bois pour préparer les repas ». L'absence de mise en oeuvre des recommandations de cette étude réalisée dans le cadre du plan d'action environnemental du Congo aboutit à une gestion qualifiée de « drame écologique » dans les espaces forestiers périurbains de Brazzaville et Nkayi (Boundzanga, 2004).

Dans le contexte de la ville de Pointe-Noire, capitale économique de la République du Congo, une agglomération d'un million d'habitants (2010), 96% des ménages utilisent le charbon de bois et 33% le bois de feu pour préparer leurs repas (Marien, 2006). C'est ainsi qu'il s'est organisé autour de Pointe-Noire deux filières d'approvisionnement urbain en bois énergie : la filière organisée à partir d'espaces de « forêts naturelles » et celle organisée à partir d'espaces de « plantations industrielles d'eucalyptus ». La question majeure actuelle est celle de savoir si les deux filières sont durables ou pas. La réponse à cette question passe entre autre par la connaissance des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie et leur impact sur les ressources forestières exploitées.

1.2. Enjeu de l'étude

En s'inscrivant dans la logique du protocole de Kyoto signé en 1997 par 183 pays dont le Congo, le principe de la gestion durable des ressources forestières fait désormais l'objet d'un consensus global. Cette gestion durable se repose sur les trois piliers suivants : la viabilité ou l'efficacité économique, l'équité sociale et la préservation de l'environnement ou la durabilité écologique.

Dans les pays en développement, notamment les pays tropicaux, l'inadéquation entre le phénomène de l'urbanisation de la population et la disponibilité des ressources forestières périurbaines met en débat la question de gestion durable des ressources forestières dont le bois exploité essentiellement pour la cuisson des repas et le chauffage.

En Afrique, le bois-énergie représente 80% de la consommation totale de l'énergie domestique (FAO, 2010).

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 15

Dans le bassin du Congo, notamment en République du Congo, la superficie forestière est évaluée à 22 471 271 hectares, ce qui représente 65% du territoire national, soit 12% des forêts d'Afrique centrale (Source : Service inventaire forêt du Ministère du Développement Durable, de l'Economie Forestière et de l'Environnement, 2011) et le bois-énergie est cité parmi les principaux facteurs de la déforestation et la dégradation forestière. L'utilisation de bois comme source d'énergie domestique génère des flux de carbone et autres gaz à effet de serre (FAO, 2010).

Dans le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire, les filières de bois-énergie représentent un secteur économique important et une source de revenus pour un grand nombre de citadins et de ruraux (Gecko, 2006). Les flux annuel de bois-énergie entrant à Pointe-Noire sont estimés à 330 711 tonnes équivalents bois de feu, soit 521 000 m3 de bois exploité ; ce qui représente une valeur ajoutée annuelle de 434 millions de Francs CFA et plus d'une dizaine de milliers d'emplois directs (Nkoua, 2011). En revanche, plus d'un millier d'hectares de forêts sont déboisés chaque année dans un système d'approvisionnement qui fait intervenir d'une part, la filière « plantations industrielles d'eucalyptus », notamment les rémanents issus de l'exploitation de l'eucalyptus par les populations locales à la hauteur de 59% du cubage de bois-énergie entrant à Pointe-Noire, et d'autre part le système de culture vivrière itinérant sur brûlis en forêt où les abattis de champs sont valorisés en bois-énergie.

L'enjeu de notre étude se situe donc au niveau de la durabilité ou non des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie en rapport avec le rythme de régénération des forêts naturelles ou de replantation des clones d'eucalyptus exploitées dans le bassin d'approvisionnement de la ville de Pointe-Noire.

1.3. Présentation du CROPI

Le CRDPI est un Centre de Recherche sur la Durabilité et la Productivité des Plantations Industrielles. Il est le fruit d'une association de trois membres fondateurs à savoir : la République du Congo représenté par le Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation Technique (MRSIT), la France représentée par le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) et l'industriel gestionnaire des plantations d'eucalyptus, actuellement Eucalyptus Fibre Congo (EFC).

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 16

Le CRDPI est basé à Pointe-Noire et est spécialisé dans la recherche sur les forêts plantées, en particulier l'Eucalyptus. Ses recherches se déclinent autour de 3 Unités de Recherche ci-après :

? « Génétique, Amélioration et Diversité » (GAD) : les recherches menées par cette unité portent sur la recherche des clones les plus productifs possibles. Le questionnement scientifique de cette unité se traduit par la question suivante : « Quels sont les déterminants environnementaux et génétiques de l'adaptation et de la performance des espèces en plantation » (cette question étant abordée avec le genre modèle « Eucalyptus »)

? « Plantes et Milieux » (PM) : les recherches menées par cette unité portent sur la caractérisation du fonctionnement biogéochimique de la savane et des plantations d'eucalyptus, ainsi que sur la sylviculture, afin de permettre une production durable sans impacts dommageables sur l'environnement. L'objectif général est de comprendre comment évoluent les composantes biophysiques et biogéochimiques des systèmes sol-plantes en interaction avec les contraintes climatiques, biologiques et les pratiques sylvicoles.

? « Gestion sociale et environnementale » (GSE) : les recherches menées par cette troisième unité créée en 2005 portent sur deux axes : (i) l'analyse des interactions « plantations forestières x populations locales » et (ii) l'analyse des interactions « plantations forestières x environnement ». Ces recherches visent plus spécifiquement à traiter : (i) de la viabilité économique (vue sous l'angle de l'apport des plantations au développement économique du pays et de ses populations locales), (ii) de l'équité socio-territoriale (vu sous l'angle de l'implication des différents acteurs et leurs territoires dans la gestion des plantations et la répartition des revenus) et (iii) de la durabilité écologique (vue sous l'angle des rôles des plantations dans la préservation de la biodiversité et de la valorisation des services environnementaux).

1.4. Présentation de la zone d'étude

1.4.1. Localisation

La zone d'étude est située dans la région sud côtière de la République du Congo. Elle fait partie intégrante du département du Kouilou (carte 1), subdivisé lui-même en six sous-préfecture à savoir : Hinda, Tchiamba Nzassi, Madingo-Kayes, Mvouti, Kakamoeka, Nzambi, et influencée par la ville de Pointe-Noire, capitale économique du Congo. Une centaine de

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 17

villages sur les 147 que compte le département du Kouilou sont polarisés par Pointe-Noire en rapport avec les activités des filières de bois-énergie. Ces villages sont essentiellement situés dans les sous-préfectures de Hinda, Madingo-Kayes, Mvouti et Tchiamba Nzassi.

Carte 1 : Localisation de la zone d'étude (source CRDPI, 2011)

1.4.2. Sites

L'étude est réalisée au sein du bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire. Il est localisé et reparti dans deux sites (Carte 2) à savoir :

? seize (16) villages du Kouilou impliqués dans la production et le ravitaillement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire : Diosso, Koubotchi, Tchizalamou, Youbi, Mengo, Hinda, Mongo Tandou, Loemé Nangama, Bilala, Nanga, Ngondji, Tchiniambi Débarcadère, Tchissoko, Ndembouanou, Fouta et Nzassi ;

Carte 2 : Localisation des villages enquêtés dans le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de Pointe-Noire

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 18

? deux sites d'exploitation EFC : Tchissoko et Ngondji.

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 19

1.4.3. Milieu Physique

1.4.3.1. Climat

Le climat de la zone d'étude est de type tropical humide, caractérisé par une alternance d'une saison chaude et pluvieuse et d'une saison fraîche et sèche (Atlas, 2001, cité par Missamba-Lola, 2005). Une saison sèche rigoureuse s'étale de juin à septembre et une saison pluvieuse d'octobre à mai. La pluviosité moyenne annuelle dans la région est de l'ordre de 1400 - 1500 mm. Les pluies tombent en moyenne pendant 160 jours par an, avec une répartition temporelle très irrégulière sur 7 mois (Samba-Kimbata, 2002). L'amplitude thermique annuelle est de 5°C environ, avec des températures moyennes annuelles autour de 25°C (Fabing, 2001).

1.4.3.2. Sols

Le substrat géologique de la région d'étude est composé des terrains sédimentaires côtiers du plio-pléistocène de la série des cirques (Jamet et Rieffel, 1976 ; Sitou, 1994). Les climats et les types de végétations anciens ont permis au processus de ferralitisation de se développer avec une intensité plus ou moins forte sur l'ensemble de la région. Un sol sous forêt, par sa quantité de biomasse et de litière, est plus apte à l'agriculture qu'un sol sous savane .La dégradation due aux cultures se traduit par un enrichissement des sols en éléments grossiers et un appauvrissement en substances organiques et éléments minéraux. Leur capacité hydrique et cationique est très faible, les ressources organiques dans les horizons de surface sont moyennes. Ainsi, seuls les sols sous forêts sont exploités pour les activités agricoles avec un système de culture itinérant sur brûlis ; les sols de savanes étant considérés comme incultes. Cependant, depuis la fin des années 1970, les sols de savanes sont valorisés par le développement des plantations industrielles d'eucalyptus en vue de la production du bois de pâte à papier exporté.

1.4.3.3. Végétation

Les formations végétales présentes dans la zone d'étude sont de type forêt dense correspondant à des milieux fermés et des savanes assimilées à des formations mixtes et graminéennes (Aubreville, 1958, cité par Missamba-Lola, 2005). Ces forêts denses majoritairement secondaires sont des îlots forestiers et des galeries qui entrecoupent les savanes du littoral ou la grande forêt du Mayombe limitrophe au littoral.

Comme indiqué en sus, la grande partie des savanes du littoral est mise en valeur par les plantations industrielles d'eucalyptus autour de Pointe-Noire. Près de la moitié de ces

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plantations sont constituées des clones d'eucalyptus Urograndis, issus depuis ces dernières années, du bouturage des pieds mères hors sol développé par le CRDPI.

1.4.3.4. Relief et hydrographie

La zone d'étude comprend deux ensembles dont la structure et la morphologie sont différentes mais dont l'évolution géologique est identique : le bassin de Pointe-Noire et le Mayombe (Vennetier, 1968).

La région de Pointe-Noire est un bassin sédimentaire dominé par la « série des cirques » (Sitou 1994). Des plateaux réguliers, en pente douce, s'abaissent vers l'ouest ; ils sont, sur leur bordure, entaillés par des formes spectaculaires d'érosion (cirque de Diosso). En revanche, le Mayombe est une chaîne de montagnes large de 30 à 60 km qui a connu plusieurs périodes d'aplanissement avant d'être à nouveau soulevé. Les couches de roches anciennes offrent à l'érosion une résistance inégale et le relief est typiquement appalachien.

Les rivières ont un tracé en baïonnette et franchissent les zones de roches dures par des défilés : gorges de Sounda sur le Kouilou ; gorges de Loufouyou sur la Loemé.

1.4.4. Milieu humain

1.4.4.1. Historique

L'occupation humaine de la zone d'étude remonte de plusieurs siècles par les peuples autochtones reconnus sous le nom de pygmées. Son occupation par les peuples dits Vili date du 11ième siècle (APNI, MIDR, 2009), période à partir de laquelle ces derniers ont érigé le royaume Loango avec sa capitale Bwali au 14ième siècle. Ce royaume étendait son influence tout le long de la côte congolaise. C'est à partir du 16ième siècle que les Vili sont en contact avec les explorateurs européens et Martin (1972) rapporte à cet effet que les routes qui convergeaient vers Bwali partaient dans quatre directions : vers les pays Batéké (nzila xintetechni), vers la mer (nzila mbu), vers le royaume du Kongo (nzila kakongo) et vers le pays Balumbu (nzila balumbu). C'est à partir du 19ième siècle avec l'arrivée des colons français que l'économie de la région va connaître un tournant décisif avec la construction du Chemin de Fer Congo Océan (CFCO) et pendant la deuxième moitié du 20ième siècle, l'exploitation du bois et du pétrole (APNI, MIDR, 2009).

1.4.4.2. Population humaine : origine, densité et organisation de l'habitat

Initialement la zone d'étude était peuplée par les pygmées bien qu'ils soient minoritaires et retirés dans les forêts, on les trouvait surtout dans la région de Kola. Progressivement, ils

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s'installent volontiers auprès des villages bantous, en raison de leur dépendance vis-à-vis de certains clans Yombé, mais sans encore véritablement modifiés leur genre de vie. Les Yombé, dont le domaine est le massif du Mayombe, quoique certainement très proches parents des ViIi, s'en distinguent par plusieurs points. Les deux dialectes sont presque identiques: un Yombé et un Vili se comprennent parfaitement, et la différence porte sur des détails morphologiques (par exemple, un Yombé a une taille moyenne ou petite, tan disque un Vili a une taille moyenne ou grande). Les Loumbou dont les moeurs sont peu différentes de celles des Vili, ont d'abord cohabité près de la côte, le long de l'axe Conkouati, puis actuellement dans d'autres villages du Kouilou.

Les peuples Vili représentent en moyenne 68% de la population (Bikouta et al, 2008). Outre les Vili, les Loumbou et les Yombé, on note la présence d'autres ethnies venant des régions voisines, notamment Lari, Téké, Bembé, Pounou, Dondo, etc., puis les ressortissants des pays voisins comme la RDC et l'Angola. Les noms de ces ethnies coïncident avec les noms des langues parlées par celles-ci.

Selon les projections du Centre National des Statistiques et des Etudes Economiques (CNSEE) en 2008, les populations du Kouilou et de Pointe-Noire sont respectivement estimées à 82 782 et 647 152 habitants (Nguimbi, 2009). Mais les chiffres de la Direction Départementale de la santé de Pointe-Noire lors de la vaccination de toute la population urbaine contre la poliomyélite en 2010 sont de 1 010 325 habitants. La superficie totale du département du Kouilou est de 13 650 km2, soit 4% de la superficie totale du pays ( http://mokili.free.fr/congo/reg kouilou.htm) et la densité de la population du Kouilou est de 6 habitants au km2. Cette population est inégalement répartie dans 159 villages et reste concentrée dans les grands centres ruraux comme Hinda, Mengo, Diosso, Kayes poste, Nzassi, Mboukou, Bilala, Mvouti.

Les habitants sont organisés dans des villages généralement de forme linéaire avec des habitations alignées de part et d'autre de la route (villages rue) et des « jardins de case » dominés par les arbres fruitiers. Chaque village est représenté par un comité constitué en moyenne de cinq membres qui assure la continuité du pouvoir administratif sous préfectoral. La majorité des habitations sont construites en planches éclatées ou sciés avec des toitures en tôles. Il n'est pas rare de trouver quelques maisons en briques agglo avec toiture en tôles appartenant à l'Etat ou à certaines élites ou cadres du village.

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1.4.4.3. Aspects socioculturels et économiques

Les relations socioculturelles dans notre zone d'étude sont marquées par le pouvoir magico religieux et les liens de parenté.

Dans le cas des Vili et les Loumbou, le pouvoir magico-religieux se caractérise par : (i) le

culte du « Nkisi si » qui est à la fois un moyen de control social destiné à éviter les abus et
une force permettant la redistribution du pouvoir politique (Nguinguiri, 1988 cité par UICN, 1992), (ii) la sorcellerie (« linkoundou ») ou la croyance dans les génies qui peut être positive ou négative et (iii) la recherche de l'anti-sorcellerie auprès du féticheur « nganga » ou du pasteur « nganga nzambi).

Quant à la parenté chez les Vili tout comme chez les Loumbou, elle apparait comme une matrice à partir de laquelle s'organisent les différents niveaux de la vie sociale. Les termes de hiérarchie et de pouvoir fonctionnent selon deux grands axes (UICN, 1992). Le premier est celui qui relie l'oncle maternel (« mankhasi »), le frère de la mère, à son neveu. L'oncle maternel est celui qui à la fois protège, commande, et vers qui le neveu s'adresse quand il a un problème. Très souvent ses biens sont hérités par le neveu qui est censé le remplacer. Le deuxième axe hiérarchique est marqué par la relation entre le « Foumou Tchifoumba », chef du lignage, et les membres de son lignage. Le « Foumou Tchifoumba » est choisi parmi les oncles maternels ; il est le représentant des ancêtres (« Bakoulou ») et des génies (« Bakisi basi ») du clan. Il garantie l'unité du lignage et contrôle la circulation des biens et des femmes. C'est également lui qui régule tous les problèmes d'accès à la terre du clan (« si likanda »).

La vie économique de la zone d'étude est essentiellement marquée par les activités agricoles réalisées par les paysans, principalement les femmes, en forêt sous un système de culture extensif, caractérisé par l'itinérance sur brûlis. Les hommes font essentiellement la défriche, la chasse et la production du charbon de bois, le sciage artisanal, la pêche et/ou la chasse. Dans des zones d'emprises des sociétés forestières, pétrolières, minières, etc., les hommes sont également employés comme journaliers, temporaires ou rarement permanents.

Du fait de l'exode rural des autochtones et l'arrivée des migrants temporaires de Pointe-Noire et des régions voisines, les villages ressemblent de plus en plus aux campements et l'économie des villages est expropriée vers la ville de Pointe-Noire où chaque habitant compte investir pour un habitat durable et assurer son mieux-être.

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1.4.4.4. Principaux types de statuts de terres

En république du Congo, toute l'étendue du territoire national est régie par la loi n° 10-2004 du 26 mars 2004 fixant les principes généraux applicables aux régimes domaniaux et fonciers. Dans son article n° 2, l'espace foncier national comprend deux types de terres :

? le domaine foncier des personnes publiques (l'Etat, les collectivités décentralisées et les établissements publics)

? le patrimoine foncier des particuliers (les clans, les lignages, les familles, les individus et les établissements privés)

Dans le contexte de la région du Kouilou, notamment dans la zone d'étude, la gestion de l'espace foncier sur lequel se trouvent les ressources forestières, est à la fois régie par la loi moderne citée en sus et la loi coutumière. Cette dernière loi, plus active sur le terrain, donne le pouvoir de propriétaire traditionnelle de terres à certains clans, lignages ou familles propriétaires traditionnelles des terres dont les représentants assurent leur gestion et sont connus sous le nom de « terriens ». Les terriens représentent la première autorité impliquée dans l'accès des producteurs de bois-énergie aux ressources forestières naturelles.

En ce qui concerne l'autorité de gestion des terres sur lesquelles sont plantés les massifs industriels d'eucalyptus, elle est assurée par un gestionnaire privé en contrat de bail avec l'Etat congolais et actuellement connu sous le nom d'une société anonyme dénommée Eucalyptus Fibre Congo (EFC).

Ainsi, on peut distinguer dans la zone d'étude deux types de statuts de terres :

? le domaine privé de l'Etat qui concerne spécifiquement les zones des savanes valorisées par les plantations d'eucalyptus développées par l'Etat et mises en location aux gestionnaires privés et actuellement la société EFC qui les exploitent pour la production de bois de pâte à papier exporté ;

? les terroirs coutumiers appartenant aux familles propriétaires traditionnelles dont les représentants connus sous le nom de « terriens » sont les premiers acteurs impliqués dans les différents modes d'accès aux ressources forestières naturelles à l'intérieur ou à l'extérieur de la concession forestière d'EFC.

La superposition de ces deux statuts de terres dans la zone d'étude est depuis ces dernières années à l'origine de plusieurs conflits entre l'Etat et les terriens parmi lesquels certains réclament la rente forestière par rapport à la présence des plantations d'eucalyptus sur leurs

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terroirs, et d'autres lotissent des terrains en zone périurbaine et menacent de disparition 7 000 ha de plantations industrielles d'eucalyptus au profit de l'extension anarchique de la ville de Pointe-Noire.

Chapitre 2 - PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET CONCEPTS DE BASE

2.1. Problématique

La préservation de l'environnement constitue l'un des trois piliers du concept de développement durable tel que défini dans le protocole de Kyoto en 1997 par la communauté internationale. Dans le contexte de la gestion durable des systèmes d'approvisionnement urbain en bois énergie, l'une de préoccupation majeure est celle de l'équilibre entre la dynamique de régénération et/ou de replantation forestière et le niveau de pression exercée par les activités de production de bois énergie sur les ressources forestières exploitées. Cet équilibre nécessite la production des connaissances, d'une part sur la dynamique de renouvellement forestière, et d'autre part sur les pratiques d'exploitation forestière de producteurs de bois énergie.

Dans le cas de l'approvisionnement en bois énergie de la ville de Pointe-Noire, les connaissances actuelles ne permettent pas de mesurer le niveau de pression des activités de production du bois énergie sur la foresterie périurbaine. Il y a très peu de connaissances sur les indicateurs de pression de ces activités sur les ressources forestières naturelles et plantées. L'un des rares indicateurs cités par Yembé Yembé (2007) concerne la surface moyenne annuelle exploitée qu'il estime à 0,66 ha par charbonnier dans la zone périphérique du Parc National Conkouati-Douli (PNCD) à 90 km au nord-ouest de Pointe-Noire.

Le développement des indicateurs de pression des acteurs de production de bois-énergie sur les ressources forestières périurbaines nécessite la connaissance des pratiques de gestion et d'exploitation de ces ressources par les différents acteurs impliqués dans les filières d'approvisionnement urbain en bois de feu et/ou charbon de bois (l'Etat, les terriens, la société EFC, les opérateurs EFC, les charbonniers et les bûcherons).

C'est à ce titre que la présente étude se focalise essentiellement sur la double question suivante :

« Quelles sont les caractéristiques des pratiques d'exploitation forestières des producteurs de charbon de bois et de bois de feu en forêts naturelles et en plantations industrielles d'eucalyptus

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dans le bassin d'approvisionnement de la ville de Pointe-Noire en bois-énergie et en quoi ces pratiques sont-elles durables ou pas ? ». La réponse à cette double question permet de contribuer au développement des indicateurs de pression sur les espaces forestiers exploités en vue d'identifier les indicateurs de la demande urbaine en bois énergie ; lesquels sont nécessaires à la définition des règles de gestion durable de la foresterie périurbaine et donc du système d'approvisionnement urbain en bois énergie. Elle apporte également des éléments de réponse à la question sur les droits d'usages et les responsabilités des populations locales sur les reliques forestières dans le territoire des plantations industrielles d'eucalyptus.

2.2. Objectifs

L'objectif principal de cette étude consiste à analyser les pratiques des acteurs de bois-énergie et leur adéquation avec le renouvellement des ressources forestières naturelles ou plantées au sein du bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire.

Cet objectif se décline en trois objectifs spécifiques suivants :

? déterminer les règles d'accès aux reliques forestières et plantations industrielles d'eucalyptus dans le cadre de la production de charbon de bois et de bois de feu nécessaire à l'approvisionnement de Pointe-Noire ;

? analyser les modes d'exploitation des reliques forestières et des plantations industrielles d'eucalyptus par les acteurs impliqués dans la production de bois de feu et de charbon de bois (l'Etat, les terriens, la société EFC, les opérateurs EFC, les charbonniers et les bûcherons).

? définir quelques indicateurs de pression des acteurs de bois-énergie sur les reliques forestières et les massifs plantés d'eucalyptus dans le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire.

2.3. Concepts utilisés

Les acceptations que nous donnons aux concepts clés de la présente étude sont les suivantes : ? Forêt : étendue de terre de plus de 0,5 hectares avec des arbres supérieurs à 5 mètres de hauteur et une couverture de couronne de plus de 10%, ou des arbres capables d'atteindre ces seuils in situ. Cela n'inclut pas les terres en prédominance sous utilisation agricole ou urbaine (FAO, 2009).

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> Forêts naturelles : formations naturelles de type secondaire constituées essentiellement d'essences forestières locales, qui dans le contexte du bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire peuvent être réparties en deux groupes : les reliques forestières du littoral (petites forêts isolées ou longeant les cours d'eaux sur les savanes du littoral) et la grande forêt dense du Mayombe.

> Forêts plantées : massifs plantés d'eucalyptus autour de Pointe-Noire estimés à environ 40 000 ha pour la production de bois de pâte à papier exporté et dont les rémanents sont octroyés par son gestionnaire, l'industriel EFC, aux populations urbaines et villageoises riveraines en vue de la production de bois-énergie nécessaire à l'approvisionnement de Pointe-Noire.

> Bois énergie : toute application de bois en tant que combustible (ADEME) ; dans le contexte de cette étude, il s'agit de charbon de bois et de bois de feu.

> Acteurs : ensemble des personnes physiques ou morales impliqués dans une activité bien précise. Dans le contexte de la présente étude, il s'agit essentiellement de l'Etat, les propriétaires traditionnels des terres et leurs ressources naturelles connus sous le nom de terriens, de la société EFC, des charbonniers et des bûcherons.

> Pratiques d'exploitation forestière : un ensemble de savoirs et de techniques que les acteurs, notamment les producteurs de bois-énergie utilisent pour exploiter la forêt naturelle ou plantée en vue de produire le charbon de bois ou le bois de feu et assurer leur bien-être.

> Ressources forestières : ensemble des biens et services qu'offre une forêt. Dans le contexte de notre étude, il s'agit plus précisément de l'ensemble des essences arbres potentiellement exploitables pour la production de bois de feu et/ou de charbon de bois.

> Bassin d'approvisionnement de Pointe-Noire : ensemble des localités du département du Kouilou impliqués dans le ravitaillement de la ville de Pointe-Noire en bois de feu et charbon de bois issus des forêts naturelles ou des plantations d'eucalyptus.

> Pointe-Noire : une ville portuaire d'un million d'habitant (2010) et capitale économique de la République du Congo.

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Chapitre 3 - MATERIEL ET METHODES

3.1. Matériel

Le matériel utilisé dans le cadre de cette étude est le suivant :

> cartes du bassin d'approvisionnement de Pointe-Noire, des terroirs villageois et des

plantations EFC ;

> documents d'enquêtes (courriers des prises de rendez-vous avec les comités des villages,

compte rendus de réunions, questionnaires d'interviews semi-directives, etc.) ;

> acteurs impliqués dans les activités de production de bois-énergie (services de l'économie

forestière, EFC, comités des villages, comités des « Groupements d'Intérêt Economique »

ou GIE, terriens, charbonniers et bûcherons) ;

> GPS (Global Positioning Satellite) ;

> Appareil photo numérique ;

> Décamètre ;

> Logiciels de traitement et d'analyse (Excel, Mapinfo).

3.2. Méthode

La méthode appliquée à cette étude s'inscrit dans le cadre d'une double approche spatiale (approche par lieu/village) et systémique (approche filière/production). Elle se déroule en quatre étapes suivantes :

> la compréhension du sujet d'étude et de son environnement : la recherche bibliographique (consultation des ouvrages papiers et en ligne à partir de la bibliothèque du CRDPI et de l'Internet) et la prospection de terrain guidée par l'équipe de l'UR GSE dans la partie sud et nord du bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire sont les principales investigations de cette première étape ; elles ont permis de comprendre la question majeure à traiter, les circonstances et les conditions de notre stage et de faire la lecture du paysage d'étude.

> la définition du protocole d'enquêtes : cette étape a permis de :

- identifier les quatre (4) principaux axes d'entrée de bois énergie dans la ville de Pointe-Noire (route de Brazzaville, route Tchissoko, route du Gabon et route du Cabinda) et les quatre (4) principales zones du bassin d'approvisionnement urbain

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en bois-énergie de Pointe-Noire (zone massifs EFC nord, zone massifs EFC sud, zone hors massifs EFC nord, zone hors massifs EFC sud-est) ;

- choisir quatre (4) villages par axe répartis en deux (2) villages par zone, sauf pour le quatrième axe qui contribue faiblement à l'approvisionnement en bois-énergie de Pointe-Noire (5% contre 60, 20 et 15% respectivement pour les axes de Brazzaville, Gabon et Tchissoko) (Nkoua et al, 2009) et pour lequel deux (2) villages seulement sont identifiés sur la route, soit quatorze villages pour tout le bassin illustré dans le tableau I :

Tableau I : liste des villages choisis pour enquêtes sur la production de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement de la ville de Pointe-Noire

Zonage du bassin d'approvisionnement urbain en bois-énergie

Axes

Route de Brazzaville

Route du Gabon

Route de Tchissoko

Route du Cabinda

Zone massifs EFC nord

 

Kayes poste Koubotchi

 
 

Zone massifs EFC sud-est

Mengo

Mongo Tandou

 

Nanga Tchissoko

 

Zone hors massifs EFC nord

 

Tchizalamou Youbi

 
 

Zone hors massifs EFC sud-est

Makola Bilala

 

Ndembouanou Loemé- Nangama

Fouta Nzassi

Nombre total des villages d'étude

4

4

4

2

14

- formuler et choisir les questions pertinentes en rapport avec la problématique de l'étude ; ces questions reparties en deux groupes : les modes d'accès aux ressources forestières, les modalités d'exploitation forestière (les différents types de prélèvement de bois, les principales essences forestières exploitées, les rapports entre bois-énergie et agriculture, la durée des jachères forestières, etc.) et la définition de quelques indicateurs de pression sur les ressources forestières (dynamiques temporelles de temps de marche des producteurs entre

le lieu d'habitation et le lieu de production, des essences forestières exploitées pour le bois-énergie, de la durée des jachères forestières, etc.) ; toutes ces questions sont rassemblées dans une fiche ou questionnaire d'entretiens semi directifs utilisés auprès des acteurs ciblés par l'étude.

? la collecte de données : cette étape consiste à :

- préparer les courriers de prise de rendez-vous avec les comités des villages retenus pour l'étude, les personnes ressources de la société EFC et leurs opérateurs de bois-énergie ;

- géo référencer les sites d'étude par la prise de leurs points GPS et positionner dans le logiciel MapInfo et Arcgis 9.2 avec l'aide du technicien de la cellule du Système d'Information Géographique (SIG) du CRDPI pour la production des cartes ;

- organiser les réunions de sensibilisation des différentes couches sociales villageoises sur le but de l'étude avec des questions ouvertes sur la problématique de bois-énergie dans le village en rapport avec la disponibilité des ressources forestières d'une part, et avec les personnes ressources et les opérateurs de bois-énergie EFC d'autre part (Photo 1);

- recenser les personnes impliquées dans les activités de production de bois-énergie dans le village (tableau II) et organiser les entretiens semi directifs (photo 2) avec un échantillon aléatoire de 17% de la population concernée par les activités de production de bois-énergie (17% étant la moyenne entre le minimum de 5% et le maximum de 30% exigés pour les enquêtes socioéconomiques)

 
 

- Photo 1 : Réunion de sensibilisation dans le village

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Koubotchi

 

Photo 2 : entretien semi-directif avec un charbonnier du village Mongo Tandou

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Tableau II: Répartition des producteurs de bois-énergie enquêtés dans les différentes localités de l'étude

Localités enquêtés

Effectif total des producteurs de bois-énergie

Effectif des enquêtés

% enquêté

1

Mengo Centre

112

19

17

2

Mongo Tandou

35

6

17

3

Makola

29

5

17

4

Loemé Nangama

41

7

17

5

Bilala

24

4

17

6

Nanga centre

1

1

100

7

Tchissoko centre

65

11

17

8

Ndembouanou

18

3

17

9

Kayes Poste

12

2

17

10

Koubotchi

59

10

17

11

Tchizalamou

12

2

17

12

Youbi

41

7

17

13

Fouta

5

3

60

14

Nzassi

2

1

50

15

Pointe-Noire/opérateurs EFC

87

14

16

Total

543

95

17

- visiter les lieux de production de bois-énergie de quelques personnes interviewées ;

- organiser des entretiens semi directifs avec les opérateurs urbains de bois-énergie EFC ;

? le traitement et l'analyse de données : cette dernière étape se décompose en des opérations suivantes :

- la saisie de données de fiches d'enquêtes : les informations recueillies sur le terrain et inscrites sur les questionnaires sont saisies dans un fichier Excel 2010

sous forme d'une base de données avec en colonnes les variables étudiées et en ligne les observations de chaque producteur interviewé ;

- le traitement de données : cette opération a permis d'identifier les erreurs de saisie, de valider la matrice de données et leur codification ;

- l'analyse de données : toutes les données codifiées sur Excel 2010 sont analysées à travers les différentes représentations graphiques pour une meilleure lecture et interprétation.

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Chapitre 4 - RESULTATS ET DISCUSSION

4.1. Résultats

4.1.1. Différents modes d'accès aux ressources forestières

La figure 1 présente les différents modes d'accès des producteurs de bois-énergie aux

ressources forestières.

Héritage traditionnelle Dons et héritage familial Location Contrat EFC

100%

40%

80%

60%

20%

0%

Localités de production de bois-énergie

Figure 1 : Typologie des entreprises de producteurs de bois énergie en fonction de mode d'accès aux ressources forestières.

Il ressort de ce graphique que le mode d'accès aux ressources forestières le plus répandu dans la zone d'étude est la location en forêts naturelles (56% en moyenne) et le contrat en plantations industrielles d'eucalyptus (100%). Il y a très peu des producteurs de bois-énergie issus des familles terriennes autochtones (12% en moyenne). En revanche, l'accès aux ressources forestières par les dons et l'héritage familial par les producteurs de bois-énergie allochtones proches des terriens par les liens de mariage ou l'ancienneté dans la zone d'étude représente une proportion moyenne de 32%. Ce mode d'accès a des proportions importantes dans certains villages comme Makola (60%), Mengo (58%), Tchizalamou (50%) et Youbi (43%).

La location des espaces forestiers se fait généralement par une somme d'argent allant de 50 000 à 150 000 FCFA/ha et parfois l'achat du vin rouge, du Whisky, des colas et des racines connues sous le nom de « douces amères » pour le rituel comme le recommande les

propriétaires terriens pour être toujours en harmonie avec les ancêtres dans le respect de la tradition.

Il faut noter qu'il est strictement interdit de planter des arbres sur les espaces forestiers acquis par la location. Cette pratique est perçue par les terriens comme une forme d'appropriation de l'espace par les populations allochtones à la quête des terres agricoles.

Sur l'axe de Nzassi, il n'existe que la location comme mode d'accès aux ressources forestières. La faible disponibilité des ressources forestières sur cet axe, contrairement aux autres axes d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire est la raison majeure expliquant cette situation.

4.1.2. Modes d'exploitation des ressources forestières

En forêts naturelles, le mode d'exploitation des ressources forestières le plus répandu en vue de la production de bois-énergie est la récupération des abattis de champs brûlés avant plantation.

Photo 3 : vu de loin d'un champ en forêts

Photo M. Nkoua

Photo 4 : abattis de champs brûlés avant plantation

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La figure 2 indique que la majorité des producteurs de bois-énergie (70% en moyenne) valorisent les abattis de champs en forêts naturelles et 30% en moyenne seulement procèdent par la coupe sélective communément appelée « abattage sauvage ».

Abattis de champs Coupe sélective Rémanents d'eucalyptus (EFC)

100%

40%

80%

60%

20%

0%

Localités de production de bois-énergie

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 34

Figure 2 : Répartition des producteurs de bois énergies en fonction des principaux modes d'exploitation des ressources forestières.

L'ensemble des producteurs (100%) de bois énergie dans les villages Nanga centre et Nzassi, situés à proximité de la ville de Pointe-Noire, procèdent par une coupe sélective des arbres en forêt, tan disque que dans le village de Fouta, cette pratique n'est utilisée que par 67% des producteurs de bois énergie. L'espèce prioritaire visée par cette pratique est Mangifera indica (Manguier) qu'on trouve souvent sur les anciens emplacements des villages ou abattu au moment de la construction des nouvelles maisons dans le village. En revanche dans des villages comme Loemé Nangama et Bilala, la coupe sélective concerne les essences des forêts naturelles exploitées pour la production de bois de feu et/ou de charbon de bois. L'intense activité des gros camions de graviers sur l'axe de Loemé Nangama et la disponibilité des gros arbres dans le Mayombe à Bilala sont essentiellement les raisons majeures qui justifient la portée de cette coupe sélective.

En plantations industrielles d'eucalyptus, le principal mode d'exploitation des ressources forestières est la valorisation de rémanents issus de l'exploitation des plantations EFC. Les rémanents d'eucalyptus sont octroyés aux populations locales par le biais d'un contrat d'exploitation d'une durée de deux mois. Mais en milieux villageois, ces rémanents sont revendus aux opérateurs urbains d'EFC par manque de temps ou de moyens pour les valoriser en bois-énergie.

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Notons qu'en dehors des rémanents d'eucalyptus, il y a également le bois d'eucalyptus brulés ou des arbres détruits par le vent et les pluies violentes (les chablis) qui sont également octroyé aux opérateurs urbains ou aux villageois des localités riveraines aux massifs EFC.

4.1.3. Principales essences forestières exploitées

En forêts naturelles, 27 essences forestières sont exploitées pour la production de bois énergie dans la zone d'étude. La figure 3 indique les espèces couramment utilisées par les producteurs de bois énergie en raison de la qualité de leur bois et de leur charbon de bois. Il s'agit essentiellement de :

? Pentaclethra macrophylla (Mouvandza);

? Hymenocardia ulmoides (Mbaka) ;

? Dacryodes pubescens (Tchissafoukala).

Les autres espèces comme Cola griseflora (Kassoukoumbi), Harungana madagascariensis (Moussassa), ainsi que les espèces dont les noms scientifiques n'ont pas pu être identifiés par manque de temps notamment Nguianouni, Nkassa, Niang Nianga, Ntéla, Moussénga, Ndélipoukou, Tarimoutchi, Nsangani, Moundianouni, Moubète, Kissélélé ,Tibogi, Ndoulou, Nsetchi, Koukouma, Bandou, Nkal sont également exploitées mais de façon moins intense compte tenue de leur faible qualité à la production de charbon de bois ou de bois de feu.

Figure 3 : Avis des producteurs de bois énergie sur les principales essences forestiers

abondantes.

Il faut signaler que Pentaclethra macrophylla qui est une légumineuses est totalement absentes parmi les essences citées par les producteurs de bois-énergie des villages de Bilala (forêt dense du Mayombe), ainsi qu'à Nanga centre et Tchizalamou (éventuelle en voix disparition).

En plantations industrielles d'eucalyptus, les principaux clones exploités sont les clones d'eucalyptus Urograndis. Ces clones d'eucalyptus occupent une place de choix dans les massifs EFC à cause de leurs hautes productivités (25 m3/ha/an) de bois exploitable tous les 7ans.

Par ailleurs, la figure 4 indique les avis des producteurs de bois-énergie sur l'abondance ou la rareté des essences forestières exploitées pour la production de charbon de bois et/ou de bois de feu.

Figure 4 : Avis des producteurs de bois énergie sur les essences forestiers rares

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 36

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 37

Cette figure montre qu'en forêts naturelles comme en plantations industrielles d'eucalyptus, 43 à 100% des producteurs de bois-énergie affirment l'abondance relative des essences qu'ils exploitent. Toutefois, onze (11) essences forestières sont considérées par ces producteurs comme des essences de plus en plus rares. Parmi les espèces appréciées et réputées rares citées par les producteurs de bois énergie dans les villages enquêtés figurent en bonne place Pentaclethra macrophylla (Mouvanza) à Nanga, puis Nauclea diderichii (Bilinga), Piptadeniastrum africanum (Moussinga) et Angokea gore (Sanou) à Loemé Nangama et Staudtia kamerunensis (Niové), Pentaclethra eetveldeana (Tchissalala) à Makola. La tendance à la raréfaction de ces essences est observée sur les deux principaux axes d'approvisionnement urbain en bois-énergie : la route de Brazzaville (Mengo centre, Mongo Tandou, Makola, Loemé Nangama) et l'axe de Tchissoko (Nanga et Tchissoko).

4.1.4. Rapport bois-énergie et systèmes de culture

En forêts naturelles, il y a une très forte interaction entre le système de culture itinérant sur brûlis et les activités de production de bois-énergie. Cette interaction s'inscrit dans le cadre d'un calendrier basé sur les atouts et les contraintes relatives à la saison sèche et la saison de pluies comme cela est illustré par le tableau III.

Tableau III : Calendrier des activités des producteurs de bois-énergie dans la zone d'étude

 
 
 
 
 
 
 

Mai

 
 
 
 
 
 
 

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Activités

 
 
 
 
 
 

Mois de l'année

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Jan

Fév

Mar

Avr

 
 
 

Aoû

Sep

Oct

Nov

Déc

 

Jun

Jul

Activités agricoles

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Préparation de terrain

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Plantations

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Entretiens

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Récoltes et ventes

Activités bois-énergie

Préparation de bois

Montage de fours

Conditionnement et vente

Autres activités (cueillette,

pêche, chasse, sciage

artisanal de bois, etc.)

NB: Jan: janvier; Fév: février; Mar: mars; Jun: juin; Jul: juillet; Aoû: août; Sep: septembre;

Oct: octobre; Nov: novembre; Déc: décembre : mois de la saison sèche

3

Deux grandes périodes sont distinguées dans l'année : une saison sèche et une saison de pluies. En saison sèche, la quasi-totalité des agriculteurs qui préparent leurs prochaines parcelles de cultures se consacrent également à la préparation de morceaux de bois et au

montage des fours. Pendant cette période, les activités de production de bois-énergie priment sur les activités agricoles. En revanche, pendant la saison de pluies, la quasi-totalité des agriculteurs consacrent leur temps à la plantation et aux activités d'entretiens de leurs champs ; seuls les vrais producteurs de bois-énergie continuent à produire du charbon et/ou le bois de feu, laissant ainsi les activités agricoles aux femmes, aux membres du ménages ou éventuellement à la main d'oeuvre payante. Cette situation se caractérise par la diminution des effectifs des producteurs de bois-énergie et favorise le plus souvent une hausse de prix de produits bois- énergie sur le marché urbain, ce qui est profitable aux charbonniers et bûcherons plaçant leurs produits pendant cette période, en particulier pendant les mois de novembre-décembre et avril-mai.

En terme de surfaces exploitées, la figure 5 indique une diversité des cas regroupés en six (6) catégories de producteurs de bois-énergie à proportions variables suivant les lieux de production et les axes d'approvisionnement urbain en bois-énergie : (i) de 0,5 ha/an (29% en moyenne), (ii) de 0,5 à 1 ha/an (29% en moyenne), de 1 à 1,5 ha/an (29% en moyenne), de 1,5 à 2 ha/an (1%), à partir de 2 ha et plus (10% en moyenne) et ceux qui ignorent leurs superficies exploitées (2% en moyenne).

moins de 0,5 ha de 0,5 à 1 ha de 1 à 1,5 ha de 1,5 à 2 ha 2 ha et plus Non déterminée

100%

40%

80%

60%

20%

0%

Localités de production de bois-énergie

Figure 5 : Répartition des producteurs de bois énergies en fonction des surfaces forestières
exploitées par localité

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Il apparaît donc qu'en forêts naturelles, 87% en moyenne des producteurs de bois-énergie exploitent moins de 1,5 ha/an contre 11% en moyenne de ceux qui exploitent 1,5 ha/an et plus.

En plantations industrielles d'eucalyptus, les opérateurs urbains en contrat avec EFC exploitent entre 10 et 25 ha par chantier, soit 20 à 50 ha/an. Mais les superficies des parcelles brûlées ou des chablis exploitées pour le bois-énergie oscillent entre 1 et 1,5 ha par opérateur et par année.

En ce qui concerne la production de bois-énergie, le charbon de bois est le produit le plus visé par les producteurs comme cela est illustré par la figure 6. En effet, 71% en moyenne des producteurs font le charbon de bois conditionné dans des sacs de 32 kg et 29% en moyenne le charbon de bois et le bois de feu conditionné sous forme de stères et de fagots en forêts naturelles et uniquement en fagots en plantations industrielles d'eucalyptus.

Charbon de bois Charbon de bois + bois de feu

100%

40%

90%

80%

60%

50%

30%

20%

70%

10%

0%

Localités de production de bois-énergie

Figure 6 : Répartition des producteurs de bois énergies en fonction du type de produit.

Sur l'axe de Brazzaville, la figure 6 indique que les producteurs de bois-énergie des villages les plus éloignés de Pointe-Noire sont uniquement consacrés à la production de charbon de bois (Loemé Nangama et Bilala), de même que les producteurs des deux villages de l'axe de Cabinda (Fouta et Nzassi).

Tous les charbonniers font recours à la technique traditionnelle de la meule rectangulairement parallélépipédique constitué d'un tas de morceaux de bois de feu sec ou humide bien agencé,

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 39

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prenant appui dans un trou de 0,5 m de profondeur en moyenne et recouvert successivement par les couches de pailles et de terre, le tout soutenu par un pourtour en piquets de bois.

Lors du montage de meule ou le four, les charbonniers prévoient un point d'allumage, en bas ou en haut du four, avec des cheminées pour l'évacuation de la fumée une fois la meule est allumée. La durée moyenne de production de charbon de bois par la technique de meule traditionnelle est de 2 mois de travail réparti comme suit : (i) préparation de bois (deux semaines), (ii) montage de la meule (deux semaines), (iii) carbonisation (deux semaines), (iv) défournement et conditionnement (deux semaines). La production moyenne d'un four de 30 m3 (7 m de long x 3 m de large x 0,5 m de profondeur x 1,5 m de haut) est de 100 sacs de 32 kg, soit 3,2 tonnes de charbon.

Le bois de feu est un produit de second rang aussi bien pour les agriculteurs que pour les charbonniers. En forêts naturelles, il est conditionné sous forme de stères (1 m d'espace occupé) ou éventuellement sous forme de fagots de dimensions très variables. En plantations, le bois de feu se présente uniquement sous forme de fagots correspondant à 0,032 stères et pesant 13 kg.

4.1.5. Durées de jachères en forêts naturelles et de rotations en plantations d'eucalyptus La figure 7 indique qu'en forêts naturelles, 40% en moyenne des producteurs de bois-énergie n'observent pas la jachère forestière parce qu'ils procèdent par la location des espaces qui reviennent aux terriens une fois leur exploitation terminée au bout de quelques mois (lorsqu'il s'agit d'une coupe sélective) ou d'un à deux ans (au moment de la mise en culture de manioc, qui est un aliment de base pour les populations locales).

En revanche, 60% en moyenne des producteurs de bois-énergie pratiquent la jachère forestière pour restaurer la fertilité de leurs espaces forestiers et la moitié d'entre eux n'attendent que 5 à 10 ans pour revenir sur les espaces abandonnés, 12% en moyenne observent la durée de jachère entre 10 et 15 ans, 11% en moyenne à moins de 5 ans et 7% en moyenne au-delà de 15 ans.

moins de 5 ans de 5 à 10 ans de 10 à 15 ans 15 ans et plus Non observation de la jachère

100%

40%

80%

60%

20%

0%

Localités de production de bois-énergie

Figure 7 : Avis des producteurs de bois énergie sur la durabilité des jachères forestières.

En plantations industrielles d'eucalyptus, l'exploitation des rémanents pour la production de bois-énergie est fonction du plan de production et d'exploitation du gestionnaire EFC. Ce plan est lui-même soumis à la durée de rotation de l'eucalyptus fixé à 7 ans.

Au regard des pratiques d'exploitation des acteurs de bois-énergie abordés en sus, il apparaît nécessaire de définir quelques indicateurs de pression de ces pratiques sur les ressources forestières en particulier en forêts naturelles, objet de préservation à l'échelle nationale et internationale.

4.1.6. Définition de quelques indicateurs de pression des pratiques de bois-énergie sur les

forêts naturelles

De façon générale, trois indicateurs de pression des producteurs de bois-énergie sur les forêts naturelles sont retenus dans le cadre de ce travail compte tenu de leur pertinence. Il s'agit de l'évolution de la durée moyenne de jachères forestières, l'évolution de la distance de marche des producteurs de bois-énergie entre leurs villages et leurs lieux de production, et l'évolution du coût moyen de location par hectare de forêts naturelles exploitées par ces producteurs.

Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de formation. IDR Page 41

4.1.6.1. Evolution de la durée moyenne de jachères forestières

De façon globale, la durée moyenne de jachère forestière dans la zone d'étude est en

diminution ces 15 dernières années. Toutefois, la figure 8 permet de distinguer deux groupes de villages :

? le groupe de villages dont la durée moyenne de jachère a fortement diminuée entre 1995

et 2010 : Koubotchi (de 18 à 8 ans), Loemé Nangama (de 16 à 8 ans), Ndembouanou (de 12 à 6 ans) et Bilala (de 11 à 6 ans).

? Le groupe de villages dont la durée de jachère a très faiblement évoluée entre 1995 et

2010 : Fouta (3 ans), Nzassi (5 ans), Tchissoko centre (de 5 à 6ans), Youbi (6 ans), Makola (6 ans), Kayes poste (10 ans) et Mongo Tandou (10 ans).

Figure 8 : Evolution de la durée moyenne de jachère forestière de ces 15 dernières années

Il faut souligner que depuis 1995, les durées de jachères forestières dans les villages proches de la ville de Pointe-Noire (dans un rayon de 50 km) bien que constantes, sont réduites autour de 5 ans. C'est le cas de Méngo centre et Makola sur l'axe de Brazzaville, Tchissoko sur l'axe de Tchissoko, Fouta et Nzassi sur l'axe du Cabinda.

4.1.6.2. Evolution de la distance de marche des producteurs de bois-énergie entre le village et le lieu de production

La figure 9 montre qu'en forêts naturelles, la distance parcourue par les producteurs de bois-énergie entre leurs villages et leurs lieux de production est en augmentation ces 15 dernières

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années. Cette distance oscillante entre 0 et 5 km en 1995 est restée assez constante jusqu'en 2005 (1 à 5 km) avant de passer entre 2 et 8 km en 2010.

Figure 9 : Evolution de la distance moyenne parcourue par les producteurs de bois énergie entre le village et le lieu de production de ces 15 dernières années

Toutefois, deux groupes de villages sont également à distinguer à ce niveau :

? le groupe 1 formé par les villages dont la distance moyenne de marche des producteurs de bois-énergie a augmenté de façon considérable entre 1995 et 2010 : Nzassi (de 1 à 7 km), Nanga centre (de 3 à 8 km), Ndembouanou (de 5 à 7 km), Loemé Nangama (de 3 à 5 km), Bilala (de 2 à 4 km), Fouta (de 1 à 3 km) ;

? le groupe 2 composé des villages dont la distance de marche des producteurs de bois-énergie a très faiblement évoluée entre 1995 et 2010 : Tchissoko centre (2 km), et tous les villages de l'axe de bas-Kouilou ou de Gabon (autour de 3,5 km).

4.1.6.3. Evolution du coût moyen de location par hectare de forêts naturelles par les

producteurs de bois-énergie

L'évolution du coût moyen de location par hectare de forêts naturelles par les producteurs de bois-énergie se caractérise par une nette augmentation ces 15 dernières années selon les dires d'acteurs. La figure 10 indique que ce coût est passé de l'intervalle de 30 000 à 80 000 FCFA/ha en 1995 à l'intervalle de 40 000 à 100 000 FCFA/ha en 2000 et 2005 avant de galoper entre 55 000 et 160 000 FCFA en 2010.

Figure 10 : Evolution du coût moyen de location par hectare exploité par les producteurs de bois énergie
de ces 15 dernières années

En 2010, les villages Bilala et Mongo Tandou ont dépassé le record de 100 000 FCFA/ha devant les villages Tchissoko, Ndembouanou et Koubotchi qui ont atteint le montant de 100 000 FCFA. Dans les autres villages, le coût moyen de location par hectare de forêts naturelles par les producteurs de bois-énergie oscille entre 55 000 et 80 000 FCFA.

Il faut noter pour l'ensemble des trois indicateurs de pression sur les forêts naturelles, l'effet démographique causé par l'arrivée massive des déplacés des conflits armés de Brazzaville, du Pool, de la Bouenza et du Niari à Pointe-Noire et dans la région du Kouilou est à l'origine de la spéculation des espaces forestiers par les terriens dès le début des années 2000.

4.1.7. Pression diffuse des producteurs de bois-énergie sur les plantations industrielles

d'eucalyptus

La pression exercée par les producteurs de bois-énergie sur les plantations industrielles est directement difficile à quantifier, étant donné que l'exploitation des rémanents est conditionnée par l'obtention d'un contrat en tant que opérateur pour les urbains ou comme « Groupement d'Intérêt Economique » (GIE) pour les villageois. L'obtention de ce contrat est elle-même fonction du plan d'exploitation de l'industriel. Tant qu'il n'y a pas d'exploitation, il ne peut pas y avoir des rémanents à valoriser en bois-énergie.

Toutefois, en milieux villageois, il n'est pas rare de compter par les incendies, celles qui sont une expression des producteurs de bois-énergie en vue de contraindre l'industriel à la classer

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comme une parcelle impropre à l'exploitation et donc exploitable pour le bois-énergie. En outre, il n'est pas aussi rare de trouver des trous des arbres d'eucalyptus abattus illicitement par les producteurs de bois-énergie à l'intérieur des massifs EFC. Toutes ces pratiques illicites et floues sont une forme d'expression des producteurs de bois-énergie villageois face au faible niveau d'organisation de cette filière aussi bien par l'Etat, les collectivités locales que par le gestionnaire des plantations industrielles d'eucalyptus actuellement EFC.

4.2. Discussion

Les pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire se caractérisent essentiellement par la valorisation des abattis de champs en forêts naturelles et des rémanents issus de l'exploitation de l'eucalyptus en plantations industrielles. Cette valorisation des sous-produits de l'agriculture traditionnelle itinérante sur brûlis en forêts et de la sylviculture industrielle d'eucalyptus en savanes est un aspect important de durabilité écologique et une spécificité qui fait distinguer le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire de plusieurs autres bassins d'approvisionnement urbain en bois-énergie d'Afrique tel que dans le Sahel (Bamako, Niamey, etc.) ou dans certaines villes du bassin du Congo comme Brazzaville et Kinshasa où les ressources forestières sont uniquement et directement exploitées à des fins énergétiques. Pour protéger cette bonne pratique forestière en forêts naturelles, des notes circulaires sont prises dans certaines sous-préfectures telles qu'à Hinda recommandant ainsi les terriens à ne louer des espaces forestiers qu'à des usagers qui doivent obligatoirement les exploiter d'abord pour l'agriculture et ensuite pour le bois-énergie. Ainsi, ceux qui passent par la coupe sélective sont obligés de céder à un faible prix la surface exploitée à d'autres personnes pour les activités agricoles. Il faut souligner que la majorité de ceux qui pratiquent la coupe sélective sont des producteurs de bois-énergie allochtones et particulièrement ceux provenant de la ville de Pointe-Noire à la recherche d'une rémunération rapide. Leurs pratiques sont de plus en plus inquiétantes au point que la forêt n'est pas pour eux un garde à manger à entretenir mais un simple moyen de se faire de l'argent le plus rapidement possible au mépris des règles traditionnelles d'exploitation forestière et échappant au contrôle des terriens ou le plus souvent de leurs représentants, puisque eux-mêmes vivant dans la plupart des cas en ville, qui ne se limitent qu'à l'encaissement de l'argent correspondant aux espaces forestiers mis en location. En absence totale de l'Etat dans la gestion locale des espaces

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forestiers exploités dans les terroirs villageois, seul la logique des terriens qui priment sous le regard parfois impuissant des chefs des villages dont le pouvoir est limité à la gestion administrative du village. En outre, il y a très peu des producteurs de bois-énergie issus des familles terriennes autochtones (12% en moyenne). La production de bois-énergie est essentiellement une activité des allochtones qui à défaut de louer les espaces forestiers (50 000 à 150 000 FCFA/ha y compris l'achat du vin rouge, du Whisky, des colas et des racines connues sous le nom de « douces amères » pour le rituel) peuvent y accéder par les dons de la part des terriens à cause des liens de mariage ou de l'ancienneté dans le village (généralement à partir de 20 ans). Il faut également signaler que le prix de location d'un espace de forêts naturelles est discutable, dépend du terrien et peut se payer en plusieurs mensualités.

En plantations industrielles d'eucalyptus, le principal mode d'accès aux ressources forestières est le contrat avec la société EFC, mais à défaut de ce contrat, certains pratiquent des coupes illicites et d'autres passent par les incendies volontaires des parcelles industrielles d'eucalyptus enherbées afin de contraindre intelligemment EFC à les mettre à la disposition des producteurs de bois-énergie du village le plus proche de la parcelle incendiée et déclassée pour la production de bois de pâte à papier.

Du point de vue des essences exploitées, celles qui sont reconnues comme les meilleures par les producteurs de bois-énergie sont principalement Pentaclethra macrophylla (Mouvandza), Hymenocardia ulmoides (Mbaka) et le Dacryodes pubescens (Tchissafoukala). Ces résultats confirment ceux obtenus par Yembé Yembé (2007) concernant Pentaclethra macrophylla dans la zone riveraine du Parc National Conkouati-Douli (PNCD), notamment dans la zone du Projet GECKO (Tchizalamou, Youbi et Koutou). Il faut noter que cette essence la plus prisée par les charbonniers est une légumineuse qui peut faire l'objet de plusieurs études de régénération assistée en forêts naturelles et/ou de bouturage pour sa multiplication végétative. En effet, bien qu'il soit beaucoup prisé par les producteurs de bois-énergie, Pentaclethra macrophylla est également cité au premier rang parmi les onze (11) essences forestières qui se font de plus en plus rares dans la zone d'étude. Il est secondé par d'autres essences comme Nauclea diderichii (Bilinga), Piptadeniastrum africanum (Moussinga) et Angokea gore (Sanou) à Loemé Nangama ; Staudtia kamerunensis (Niové) et Pentaclethra eetveldeana (Tchissalala) à Makola. La tendance à la raréfaction de ces essences est observée sur les deux principaux axes d'approvisionnement urbain en bois-énergie : la route de Brazzaville (Mengo centre, Mongo Tandou, Makola, Loemé Nangama) et l'axe de Tchissoko (Nanga et

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Tchissoko). Mais les essences comme Nauclea diderichii (Bilinga) et Staudtia kamerunensis (Niové) ne sont pas traditionnellement utilisé pour le bois-énergie mais pour le sciage artisanal en vue de la production de bois d'oeuvre également nécessaire à l'approvisionnement de Pointe-Noire.

En plantations industrielles d'Eucalyptus, les clones les plus exploités pour leur productivité et leur très bonne qualité papetière sont les clones d'Eucalyptus Urograndis. Mais du point de vue de la production du bois-énergie, notamment du charbon de bois, c'est le bois d'eucalyptus PF1 qui est de meilleure qualité selon les opérateurs EFC. La priorité pour l'industriel EFC n'étant pas le bois-énergie, les producteurs exploitant les rémanents d'eucalyptus sont obligés de se contenter de ce qu'ils trouvent sur le terrain. Mais le charbon de bois obtenu avec le bois d'eucalyptus Urograndis reste également de qualité satisfaisante. En termes de superficies exploitées, il apparaît qu'en forêts naturelles, 87% en moyenne des producteurs de bois-énergie exploitent moins de 1,5 ha/an contre 11% en moyenne de ceux qui exploitent 1,5 ha/an et plus. Il faut signaler que les superficies exploitées par les producteurs de bois-énergie qui pratiquent la coupe sélective sont plus importantes que celles exploitées par ceux qui valorisent les abattis de champs. La pratique de la coupe sélective exige plus d'espace que celle liée à l'agriculture.

En plantations industrielles d'eucalyptus, les opérateurs urbains en contrat avec EFC exploitent entre 10 et 25 ha par chantier, soit 20 à 50 ha/an. Mais les superficies des parcelles brûlées ou des chablis exploitées pour le bois-énergie oscillent entre 1 et 1,5 ha par opérateur et par année.

En forêts naturelles comme en plantations industrielles d'eucalyptus, le charbon de bois est le produit le plus visé par les producteurs de bois-énergie. En effet, 71% en moyenne des producteurs font le charbon de bois conditionné dans des sacs de 32 kg et 29% en moyenne le charbon de bois et le bois de feu conditionné sous forme de stères et de fagots en forêts naturelles et uniquement en fagots en plantations industrielles d'eucalyptus. Tous les charbonniers font recours à la technique traditionnelle de la meule rectangulairement parallélépipède constitué d'un tas de morceaux de bois de feu sec ou humide bien agencé, prenant appui dans un trou de 0,5 m de profondeur en moyenne et recouvert successivement par les couches de pailles et de terre, le tout soutenu par un pourtour en piquets de bois. Les rendements charbon/bois de feu obtenus avec cette technique de la meule traditionnelle sont estimés à 84 kg/stères de bois (Yembé Yembé, 2007) comparables aux 12% estimés par

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Mwamba wa Mwamba et Ngoya-Kessy (2006). Ces très faibles performances de carbonisation méritent d'être améliorées afin de réduire le gaspillage de bois.

Au terme de l'exploitation des espaces de forêts naturelles, 60% en moyenne des producteurs de bois-énergie pratiquent la jachère pour restaurer leur fertilité et la moitié d'entre eux attendent 5 à 10 ans pour revenir sur les espaces abandonnés, soit une moyenne d'environ 8 ans. Cette durée de jachère est comparable à celle correspondant à la rotation de l'eucalyptus fixé à 7 ans en plantations industrielles.

Ainsi, le niveau de pression exercé par l'ensemble des pratiques d'exploitation forestière développées par les producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire se caractérise entre autre par les trois indicateurs suivants :

? la diminution de la durée moyenne de jachère forestière qui en 15 ans, entre 1995 et 2010, a fortement diminuée dans certains villages comme Koubotchi (de 18 à 8 ans), Loemé Nangama (de 16 à 8 ans), Ndembouanou (de 12 à 6 ans) et Bilala (de 11 à 6 ans).

? l'augmentation de la distance de marche des producteurs de bois-énergie entre leurs villages et leurs lieux de production ; oscillant entre 0 et 5 km en 1995, elle est restée assez constante jusqu'en 2005 (1 à 5 km) avant de passer entre 2 et 8 km en 2010 ;

? l'augmentation du coût moyen de location par hectare de forêts naturelles par les producteurs de bois-énergie qui en 15 ans est passé de l'intervalle de 30 000 à 80 000 FCFA/ha en 1995 à l'intervalle de 40 000 à 100 000 FCFA/ha en 2000 et 2005 avant de galoper entre 55 000 et 160 000 FCFA en 2010.

Ces trois indicateurs révèlent bien l'impact du boom démographique qu'ont connues la ville de Pointe-Noire et le département du Kouilou depuis l'arrivée massive des déplacés des conflits armés de Brazzaville, du Pool, de la Bouenza et du Niari à la fin des années 90. En effet, entre 1995 et 2010, les populations de Pointe-Noire et du Kouilou sont passées du simple (environ 350 000 et 50 000 habitants) au triple (environ 1 000 000 et 150 000 habitants). Outre les forêts naturelles, cette pression est également exercée de façon moins nette sur les massifs plantés d'eucalyptus actuellement gérés par la société EFC. Ces massifs sont régulièrement victimes des coupes illicites et des incendies volontaires difficilement maîtrisables. Toutefois, depuis quelques années, EFC est en train d'organiser la filière de bois-énergie en milieux villageois par la mise en place des « Groupements d'Intérêts Economiques » (GTE) spécialisés dans la valorisation des rémanents d'eucalyptus en bois-énergie et la protection des plantations industrielles d'eucalyptus riveraines. Mais au-delà des GTE, il apparaît nécessaire de mettre en oeuvre une stratégie structurelle pour garantir la prise

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en compte par le gestionnaire des plantations d'eucalyptus du triple enjeu social, économique et écologique de cette filière dans l'approvisionnement durable en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire (Nkoua M., Gazull L., 2011).

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Chapitre 5 - Synthèse et Recommandations

Les pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire sont caractérisées par la valorisation des abattis de champs en forêts naturelles et des rémanents issus de l'exploitation de l'eucalyptus en plantations industrielles. Si le principal mode d'accès à ces ressources est la location en forêts naturelles, en plantations d'eucalyptus, il faut signer normalement un contrat avec l'industriel. Une fois accédés aux ressources forestières, les producteurs de bois-énergie utilisent essentiellement la technique traditionnelle de la meule en terre pour produire le charbon de bois le plus prisé sur le marché de Pointe-Noire que le bois de feu à l'état brut. Les essences Pentaclethra macrophylla (Mouvandza) en forêts naturelles et l'Eucalyptus Urograndis en plantations industrielles d'eucalyptus sont plus exploitées par les producteurs de bois-énergie. Au terme de chaque exploitation, les terrains sont mis en jachères pour une durée moyenne de 8 ans, mais variable selon les localités.

Le tableau IV indique les forces, faiblesses, opportunités et menaces des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement de Pointe-Noire.

Tableau IV : Analyse des Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces (FFOM) des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin de Pointe-Noire

Forces

Faiblesses

> valorisation des abattis de champs en forêts

> Absence totale de contrôle de l'autorité des

naturelles et des rémanents des plantations

terriens dans la mise en location des espaces

industrielles d'eucalyptus

forestiers naturels

> Organisation de la filière de bois-énergie

> Coupe sélective en forêts naturelles et

d'eucalyptus par l'industriel EFC en milieux

illicites en plantations industrielles par les

villageois (mise en place des GIE)

producteurs migrants en particulier urbains

 

> Menace de rareté de l'essence la plus prisée

pour la production du charbon de bois : le

 

Pentaclethra macrophylla (Mouvandza)

 

> Faibles rendements de carbonisation de bois

 

> Augmentation du coût de location par

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hectare de forêts naturelles et de la distance entre les villages et les champs

> Diminution des durées de jachères forestières
à moins de 5 ans

Opportunités

Menaces

> Promotion des plantations forestières par le

Programme National d'Afforestation et de Reboisement (PNAR)

> Demande sans cesse croissante en bois-
énergie de la ville de Pointe-Noire

> Présence du centre de recherche (CRDPI) et
du Service National de Reboisement (SNR)

> Poussée démographique de la ville de Pointe-

Noire et son extension corrélée à la route de Brazzaville

> Changements répétés des gestionnaires des
plantations industriels d'eucalyptus (d'EFC à un groupe chinois)

> Monétarisation de la terre par les terriens

> Chômage des jeunes et pauvreté

Au regard de tout ce qui précède et de cette analyse FFOM, les recommandations suivantes peuvent être faites :

5.1. Au plan de la recherche

> Poursuivre ce travail sur un plus grand nombre de villages afin d'identifier les foyers de pression des activités de production de bois-énergie sur les forêts naturelles et plantées ;

> Faire une étude détaillée sur la caractérisation des reliques forestières, la définition des indicateurs de pression sur les ressources forestières naturelles et plantées au-delà des activités de production de bois-énergie, et les essais sur la régénération assistée de l'essence légumineuse locale Pentaclethra macrophylla (Mouvandza) dans les jachères forestières.

5.2. Au plan stratégique

> Identifier les principales familles terriennes dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire, leurs représentants et leurs terroirs coutumiers, particulièrement dans les zones à forte pression comme Loemé Nangama, Ndembouanou et Koubotchi.

> Co-définir avec les terriens les stratégies de mise de gestion durable des ressources forestières situées sur leurs terroirs ;

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? Mettre en oeuvre de façon participative avec le concours de toutes les parties prenantes de la filière de bois-énergie à Pointe-Noire, une structure mixte indépendante qui puisse orienter la gestion du système d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire de façon à garantir sa durabilité ainsi que la prise en compte par tout gestionnaire des plantations d'eucalyptus du triple enjeu social, économique et écologique de la filière plantations industrielles d'eucalyptus dans l'approvisionnement urbain durable en bois-énergie.

5.3. Au plan opérationnel

? Promouvoir la régénération assistée de l'essence légumineuse Pentaclethra macrophylla dans les jachères forestières par les terriens ou les autres détenteurs d'espaces forestiers ;

? Promouvoir les plantations paysannes d'eucalyptus associés à d'autres arbres et spéculations agricoles pouvant être développées en savanes en résolvant le problème d'accès à la terre par le partage de production de bois entre le planteur locataire et le terrien dans le cadre du PNAR et de l'initiative des GTE mise en oeuvre par EFC.

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Conclusion

Les pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire se caractérisent essentiellement par la valorisation des abattis de champs en forêts naturelles et des rémanents issus de l'exploitation de l'eucalyptus en plantations industrielles. Cette valorisation des sous-produits de l'agriculture traditionnelle itinérante sur brûlis en forêts et de la sylviculture industrielle d'eucalyptus en savanes est un aspect important de durabilité écologique et une spécificité qui fait distinguer le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire de plusieurs autres bassins d'approvisionnement urbain en bois-énergie d'Afrique tel que dans le Sahel (Bamako, Niamey, etc.) ou dans certaines villes du bassin du Congo comme Brazzaville et Kinshasa où les ressources forestières sont uniquement et directement exploitées à des fins énergétiques.

Toutefois, un tiers des producteurs de bois-énergie enquêtés pratiquent la coupe sélective en forêts naturelles et la majorité d'entre eux sont des allochtones en particulier des migrants urbains à la quête d'une rémunération rapide. Cette pratique qui prend des proportions considérables dans certains villages comme Loemé Nangama, l'une des principales sources d'approvisionnement en bois-énergie de Pointe-Noire est un indicateur qui révèle l'évolution de la pression de la demande urbaine en bois-énergie sur les ressources forestières et l'apparition des nouveaux producteurs qui n'ont plus la même perception de la forêt entend que « garde à manger » à entretenir de façon durable mais un simple moyen de se faire de l'argent le plus rapidement possible au mépris des règles traditionnelles d'exploitation forestière. C'est ainsi que plus d'une dizaine d'essences forestières exploitées pour le bois-énergie sont cités par les producteurs comme des essences rares à la tête desquelles se place le Pentaclethra macrophylla connue localement sous le nom de Mouvandza qui est la meilleure essence pour la production de charbon de qualité. Les superficies exploitées pour la production du charbon et/ou de bois de feu sont très variables ; 87% des producteurs exploitent moins de 1,5 ha/an et 11% à partir de 1,5 ha/an et plus. Le charbon étant le principal produit visé par les producteurs, il est produit par la technique de la meule traditionnelle en terres pour des rendements de carbonisation limités autour de 12%.

En plantations industrielles d'eucalyptus, le principal mode d'accès aux rémanents est le contrat avec la société EFC et ce sont les opérateurs urbains qui sont privilégiés du fait de leur

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capacité à exploiter 10 et 25 ha de rémanents en deux mois, délai fixé par EFC. Le bois d'Eucalyptus Urograndis est le plus exploité du fait de sa productivité au bout de 7 ans. En milieux villageois, le caractère ponctuel de cette activité est à l'origine d'une pression diffuse indirectement exercée par les producteurs de bois-énergie sous forme des coupes illicites et incendies des massifs EFC.

Ainsi, le niveau de pression exercé par l'ensemble des pratiques d'exploitation forestière développées par les producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire peut-être mesuré par les tendances des trois indicateurs suivants : (i) la diminution de la durée moyenne de jachère forestière qui en 15 ans, entre 1995 et 2010, a fortement diminuée dans certains villages comme Loemé Nangama (de 16 à 8 ans) ; (ii) l'augmentation de la distance de marche des producteurs de bois-énergie entre leurs villages et leurs lieux de production ; oscillant entre 0 et 5 km en 1995, constante jusqu'en 2005 (1 à 5 km) et galopant entre 2 et 8 km en 2010 ; (iii) l'augmentation du coût moyen de location par hectare de forêts naturelles par les producteurs de bois-énergie qui en 15 ans est passé de l'intervalle de 30 000 à 80 000 FCFA/ha en 1995 à l'intervalle de 40 000 à 100 000 FCFA/ha en 2000 et 2005 avant de galoper entre 55 000 et 160 000 FCFA en 2010.

Au regard de tout ce qui précède, il apparaît recommandable d'une part que des recherches soient poursuivies sur un plus grand nombre de villages pour identifier les foyers de pression des activités de production de bois-énergie sur les forêts naturelles et plantées, afin de définir et suivre l'évolution des indicateurs de pression pertinents, et d'autre part que des projets de développement soient mis en oeuvre pour promouvoir la régénération assistée de l'essence légumineuse locale Pentaclethra macrophylla (Mouvandza) dans les jachères forestières et les plantations mixtes paysannes en savane à travers les outils comme le PNAR, le SNR, etc..

Enfin, une structure mixte indépendante représentant les différentes parties prenantes des filières de bois-énergie à Pointe-Noire est à mettre en oeuvre pour orienter la gestion du système d'approvisionnement urbain en bois-énergie de manière à garantir sa durabilité et la prise en compte par tout gestionnaire des plantations industrielles d'eucalyptus du triple enjeu social, économique et écologique de la filière plantations industrielles d'eucalyptus dans l'approvisionnement urbain durable en bois-énergie.

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30.

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Annexes

Annexe 1 : Liste des noms Scientifiques en langue locale (vili) des espèces végétales utilisées pour le bois énergie dans la zone d'étude.

Staudtia kamerunensis ( Niové ) Pentaclethra macrophylla (Mouvanza) Hymenocardia ulmoides (Mbaka) Xylopia aethiopica (Moukana) Nauclea diderrichii (Bilinga) Alstonia boonei (Moungoundou) Piptadeniastrum africanum (Moussinga)

Vitex Rivularis (Mouvindou) Lovoa trichilioides (Noyau du Gabon) Dacryodes pubescens (Safoukala) Cola griseflora (Kass'koumbi ) Harungana madagascariensis (Moussassa)

Annexe 2 : Questionnaire d'interviews semi-directives

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