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Analyse des pratiques d'exploitation de producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de pointe-noire.

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par Rommel DIAHAMBANA MAYALA Rommel
Ecole Nationale Superieure d'Agronomie et de Foresterie - Ingenieur de Developpement Rural 2011
  

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4.2. Discussion

Les pratiques d'exploitation forestière des producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire se caractérisent essentiellement par la valorisation des abattis de champs en forêts naturelles et des rémanents issus de l'exploitation de l'eucalyptus en plantations industrielles. Cette valorisation des sous-produits de l'agriculture traditionnelle itinérante sur brûlis en forêts et de la sylviculture industrielle d'eucalyptus en savanes est un aspect important de durabilité écologique et une spécificité qui fait distinguer le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire de plusieurs autres bassins d'approvisionnement urbain en bois-énergie d'Afrique tel que dans le Sahel (Bamako, Niamey, etc.) ou dans certaines villes du bassin du Congo comme Brazzaville et Kinshasa où les ressources forestières sont uniquement et directement exploitées à des fins énergétiques. Pour protéger cette bonne pratique forestière en forêts naturelles, des notes circulaires sont prises dans certaines sous-préfectures telles qu'à Hinda recommandant ainsi les terriens à ne louer des espaces forestiers qu'à des usagers qui doivent obligatoirement les exploiter d'abord pour l'agriculture et ensuite pour le bois-énergie. Ainsi, ceux qui passent par la coupe sélective sont obligés de céder à un faible prix la surface exploitée à d'autres personnes pour les activités agricoles. Il faut souligner que la majorité de ceux qui pratiquent la coupe sélective sont des producteurs de bois-énergie allochtones et particulièrement ceux provenant de la ville de Pointe-Noire à la recherche d'une rémunération rapide. Leurs pratiques sont de plus en plus inquiétantes au point que la forêt n'est pas pour eux un garde à manger à entretenir mais un simple moyen de se faire de l'argent le plus rapidement possible au mépris des règles traditionnelles d'exploitation forestière et échappant au contrôle des terriens ou le plus souvent de leurs représentants, puisque eux-mêmes vivant dans la plupart des cas en ville, qui ne se limitent qu'à l'encaissement de l'argent correspondant aux espaces forestiers mis en location. En absence totale de l'Etat dans la gestion locale des espaces

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forestiers exploités dans les terroirs villageois, seul la logique des terriens qui priment sous le regard parfois impuissant des chefs des villages dont le pouvoir est limité à la gestion administrative du village. En outre, il y a très peu des producteurs de bois-énergie issus des familles terriennes autochtones (12% en moyenne). La production de bois-énergie est essentiellement une activité des allochtones qui à défaut de louer les espaces forestiers (50 000 à 150 000 FCFA/ha y compris l'achat du vin rouge, du Whisky, des colas et des racines connues sous le nom de « douces amères » pour le rituel) peuvent y accéder par les dons de la part des terriens à cause des liens de mariage ou de l'ancienneté dans le village (généralement à partir de 20 ans). Il faut également signaler que le prix de location d'un espace de forêts naturelles est discutable, dépend du terrien et peut se payer en plusieurs mensualités.

En plantations industrielles d'eucalyptus, le principal mode d'accès aux ressources forestières est le contrat avec la société EFC, mais à défaut de ce contrat, certains pratiquent des coupes illicites et d'autres passent par les incendies volontaires des parcelles industrielles d'eucalyptus enherbées afin de contraindre intelligemment EFC à les mettre à la disposition des producteurs de bois-énergie du village le plus proche de la parcelle incendiée et déclassée pour la production de bois de pâte à papier.

Du point de vue des essences exploitées, celles qui sont reconnues comme les meilleures par les producteurs de bois-énergie sont principalement Pentaclethra macrophylla (Mouvandza), Hymenocardia ulmoides (Mbaka) et le Dacryodes pubescens (Tchissafoukala). Ces résultats confirment ceux obtenus par Yembé Yembé (2007) concernant Pentaclethra macrophylla dans la zone riveraine du Parc National Conkouati-Douli (PNCD), notamment dans la zone du Projet GECKO (Tchizalamou, Youbi et Koutou). Il faut noter que cette essence la plus prisée par les charbonniers est une légumineuse qui peut faire l'objet de plusieurs études de régénération assistée en forêts naturelles et/ou de bouturage pour sa multiplication végétative. En effet, bien qu'il soit beaucoup prisé par les producteurs de bois-énergie, Pentaclethra macrophylla est également cité au premier rang parmi les onze (11) essences forestières qui se font de plus en plus rares dans la zone d'étude. Il est secondé par d'autres essences comme Nauclea diderichii (Bilinga), Piptadeniastrum africanum (Moussinga) et Angokea gore (Sanou) à Loemé Nangama ; Staudtia kamerunensis (Niové) et Pentaclethra eetveldeana (Tchissalala) à Makola. La tendance à la raréfaction de ces essences est observée sur les deux principaux axes d'approvisionnement urbain en bois-énergie : la route de Brazzaville (Mengo centre, Mongo Tandou, Makola, Loemé Nangama) et l'axe de Tchissoko (Nanga et

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Tchissoko). Mais les essences comme Nauclea diderichii (Bilinga) et Staudtia kamerunensis (Niové) ne sont pas traditionnellement utilisé pour le bois-énergie mais pour le sciage artisanal en vue de la production de bois d'oeuvre également nécessaire à l'approvisionnement de Pointe-Noire.

En plantations industrielles d'Eucalyptus, les clones les plus exploités pour leur productivité et leur très bonne qualité papetière sont les clones d'Eucalyptus Urograndis. Mais du point de vue de la production du bois-énergie, notamment du charbon de bois, c'est le bois d'eucalyptus PF1 qui est de meilleure qualité selon les opérateurs EFC. La priorité pour l'industriel EFC n'étant pas le bois-énergie, les producteurs exploitant les rémanents d'eucalyptus sont obligés de se contenter de ce qu'ils trouvent sur le terrain. Mais le charbon de bois obtenu avec le bois d'eucalyptus Urograndis reste également de qualité satisfaisante. En termes de superficies exploitées, il apparaît qu'en forêts naturelles, 87% en moyenne des producteurs de bois-énergie exploitent moins de 1,5 ha/an contre 11% en moyenne de ceux qui exploitent 1,5 ha/an et plus. Il faut signaler que les superficies exploitées par les producteurs de bois-énergie qui pratiquent la coupe sélective sont plus importantes que celles exploitées par ceux qui valorisent les abattis de champs. La pratique de la coupe sélective exige plus d'espace que celle liée à l'agriculture.

En plantations industrielles d'eucalyptus, les opérateurs urbains en contrat avec EFC exploitent entre 10 et 25 ha par chantier, soit 20 à 50 ha/an. Mais les superficies des parcelles brûlées ou des chablis exploitées pour le bois-énergie oscillent entre 1 et 1,5 ha par opérateur et par année.

En forêts naturelles comme en plantations industrielles d'eucalyptus, le charbon de bois est le produit le plus visé par les producteurs de bois-énergie. En effet, 71% en moyenne des producteurs font le charbon de bois conditionné dans des sacs de 32 kg et 29% en moyenne le charbon de bois et le bois de feu conditionné sous forme de stères et de fagots en forêts naturelles et uniquement en fagots en plantations industrielles d'eucalyptus. Tous les charbonniers font recours à la technique traditionnelle de la meule rectangulairement parallélépipède constitué d'un tas de morceaux de bois de feu sec ou humide bien agencé, prenant appui dans un trou de 0,5 m de profondeur en moyenne et recouvert successivement par les couches de pailles et de terre, le tout soutenu par un pourtour en piquets de bois. Les rendements charbon/bois de feu obtenus avec cette technique de la meule traditionnelle sont estimés à 84 kg/stères de bois (Yembé Yembé, 2007) comparables aux 12% estimés par

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Mwamba wa Mwamba et Ngoya-Kessy (2006). Ces très faibles performances de carbonisation méritent d'être améliorées afin de réduire le gaspillage de bois.

Au terme de l'exploitation des espaces de forêts naturelles, 60% en moyenne des producteurs de bois-énergie pratiquent la jachère pour restaurer leur fertilité et la moitié d'entre eux attendent 5 à 10 ans pour revenir sur les espaces abandonnés, soit une moyenne d'environ 8 ans. Cette durée de jachère est comparable à celle correspondant à la rotation de l'eucalyptus fixé à 7 ans en plantations industrielles.

Ainsi, le niveau de pression exercé par l'ensemble des pratiques d'exploitation forestière développées par les producteurs de bois-énergie dans le bassin d'approvisionnement urbain de Pointe-Noire se caractérise entre autre par les trois indicateurs suivants :

? la diminution de la durée moyenne de jachère forestière qui en 15 ans, entre 1995 et 2010, a fortement diminuée dans certains villages comme Koubotchi (de 18 à 8 ans), Loemé Nangama (de 16 à 8 ans), Ndembouanou (de 12 à 6 ans) et Bilala (de 11 à 6 ans).

? l'augmentation de la distance de marche des producteurs de bois-énergie entre leurs villages et leurs lieux de production ; oscillant entre 0 et 5 km en 1995, elle est restée assez constante jusqu'en 2005 (1 à 5 km) avant de passer entre 2 et 8 km en 2010 ;

? l'augmentation du coût moyen de location par hectare de forêts naturelles par les producteurs de bois-énergie qui en 15 ans est passé de l'intervalle de 30 000 à 80 000 FCFA/ha en 1995 à l'intervalle de 40 000 à 100 000 FCFA/ha en 2000 et 2005 avant de galoper entre 55 000 et 160 000 FCFA en 2010.

Ces trois indicateurs révèlent bien l'impact du boom démographique qu'ont connues la ville de Pointe-Noire et le département du Kouilou depuis l'arrivée massive des déplacés des conflits armés de Brazzaville, du Pool, de la Bouenza et du Niari à la fin des années 90. En effet, entre 1995 et 2010, les populations de Pointe-Noire et du Kouilou sont passées du simple (environ 350 000 et 50 000 habitants) au triple (environ 1 000 000 et 150 000 habitants). Outre les forêts naturelles, cette pression est également exercée de façon moins nette sur les massifs plantés d'eucalyptus actuellement gérés par la société EFC. Ces massifs sont régulièrement victimes des coupes illicites et des incendies volontaires difficilement maîtrisables. Toutefois, depuis quelques années, EFC est en train d'organiser la filière de bois-énergie en milieux villageois par la mise en place des « Groupements d'Intérêts Economiques » (GTE) spécialisés dans la valorisation des rémanents d'eucalyptus en bois-énergie et la protection des plantations industrielles d'eucalyptus riveraines. Mais au-delà des GTE, il apparaît nécessaire de mettre en oeuvre une stratégie structurelle pour garantir la prise

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en compte par le gestionnaire des plantations d'eucalyptus du triple enjeu social, économique et écologique de cette filière dans l'approvisionnement durable en bois-énergie de la ville de Pointe-Noire (Nkoua M., Gazull L., 2011).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus