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Le rôle et la place de la position géostratégique de la république démocratique du Congo dans le développement de l'Afrique des grands lacs.

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par Didier UKANE ASSUMANI
Université officielle de Bukavu (UOB) - Relations Internationales 2011
  

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INTRODUCTION

1. OBJET, CHOIX ET INTERET DU SUJET

Ce travail porte sur le rôle et la place de la position géostratégique de la RDC dans le développement de l'Afrique des grands lacs. Nous voulons étudier l'importance de la RDC du fait qu'elle a des atouts naturels susceptibles de lui permettre de contribuer efficacement au développement de la région et proposer ainsi des mécanismes liés à cette vocation naturelle et stratégique pour faire face aux défis qui menacent la région et promouvoir son développement.

Le choix de notre sujet n'est pas un fait du hasard. Nous voulons étudier les questions de développement qui constituent une grande priorité dans la région et penser aux solutions idoines pour son relèvement.

Notre travail présente un triple intérêt :

Ø L'intérêt personnel : cette étude nous permettra d'approfondir les théories suivies dans différentes branches de notre formation. Elle nous aidera également à comprendre que les atouts naturels dont dispose un Etat peuvent lui conférer un leadership et des influences dans la région pour y restaurer la paix et promouvoir le développement s'il est capable de bien les exploiter ;

Ø L'intérêt scientifique : cette étude est une contribution à la documentation sur les enjeux de développement en Afrique en général et dans la région des grands lacs en particulier. Les analyses et réflexions dans cette étude seront certes mises à la disposition des chercheurs pour s'informer ou nous compléter ;

Ø L'intérêt social : les conclusions de cette étude permettront aux décideurs et entrepreneurs de comprendre la valeur ajoutée de la RDC dans la dynamique de paix, de sécurité et de développement en Afrique et dans le monde.

2. DELIMITATION DE L'ETUDE

Cette étude se focalise essentiellement sur la région des grands lacs, c'est-à-dire la partie située entre l'Afrique centrale, l'Afrique australe et l'Afrique orientale. Cela suppose qu'il s'agit de la région constituée de l'Angola, du Burundi, de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo, du Kenya, de l'Ouganda, du Rwanda, du Soudan, de la Tanzanie, de la République du Congo et de la Zambie1(*).

Nous avons choisi cette région après avoir constaté qu'elle a été longtemps déstabilisée et secouée par des conflits, crises, guerres et tensions qui ont retardé son développement. Etant membre de cette région, la question nous a fortement touché.

La période couverte par cette étude est de 2006 à 2011. Nous sommes parti de 2006 du fait que c'est l'année marquant la signature du pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des grands lacs par les 11 Etats membres de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL)2(*).

Nous nous sommes limité à 2011, c'est l'année qui marque la fin du deuxième cycle de notre formation universitaire sanctionnée par la rédaction de ce travail. L'intervalle de 2006 à 2011 représente aussi les cinq ans que nous avons pu passer à l'université.

3. PROBLEMATIQUE

François DEPELTEAU définit la problématique comme étant une question de départ ou une interrogation écrite qui précise le sujet de la recherche. Elle permet non seulement de préciser l'interrogation qui « travaille » l'esprit du chercheur, mais en plus elle détermine l'étendue de la recherche et évite ainsi un enlisement décourageant, un gaspillage d'énergie et une perte de temps3(*).

En effet, le problème du sous-développement demeure une préoccupation majeure pour la région des grands lacs africains qui a connu tant de guerres, conflits, tensions et troubles qui ont retardé son développement. La relation entre développement et pauvreté est réciproque. Le sous-développement et la pauvreté sont causes de tensions et des conflits comme les tensions et les conflits sont à leur tour des causes de la pauvreté et du sous-développement4(*).

Les différents conflits qui ont déchiré la région ont retardé le processus de son développement. Les Etats de la région ont dû, pendant longtemps, s'occuper des questions de la paix et de la sécurité avant de penser aux questions de développement du fait que le développement dont il est question ne peut être effectif que dans une région stable, débarrassée des conflits, crises, guerres ou tensions. C'est en 2006, lors du 2ème sommet de la CIRGL, que fut adopté un pacte sur la stabilité, la sécurité et le développement dans la région des grands lacs. La conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs est elle-même une initiative des chefs d'Etats mise en oeuvre avec la facilitation des Nations Unies et de l'Union Africaine sur recommandation pressante de ces deux organisations.

Les Etats concernés en premier lieu par la recherche des solutions à la crise des grands lacs étaient au départ le Burundi, l'Ouganda, la RDC et le Rwanda.

Cependant, il est vite apparu que la paix, la sécurité et le développement dans la région dépendaient en grande partie de la RDC, un Etat susceptible de jouer un rôle économique important dans l'intégration régionale5(*).

En effet, depuis le 18 février 2006, date marquant l'avènement de la troisième République en RDC, ce pays a inauguré une nouvelle dynamique dans le monde diplomatique. Sa diplomatie laisse à penser qu'il y a lieu que se concrétisent des meilleures relations extérieures pour la RDC. Une diplomatie des droits de l'homme et de développement se cristallise et devra permettre à la RDC, après toutes les affres de la guerre, de redevenir une nation acceptable sur la scène internationale. Etant donné que la plupart d'Etats de la région sont en situation de sous-développement, ils veulent ainsi à tout prix promouvoir, soit individuellement, soit conjointement leur développement.

Faisant ainsi partie de la région, bien que instable et pauvre avec des problèmes de gouvernance, la RDC présente toutefois des atouts géostratégiques susceptibles de servir au développement de toute la région.

Pour mettre en oeuvre les idées de la Conférence Internationale sur la Région des Grands lacs, les Etats de la région se sont lancés et continuent à fournir des efforts pour relever les défis qui menacent la région et retardent son développement.

Ainsi, il ressort de ce qui précède les interrogations suivantes :

Ø Pourquoi la RDC est considérée comme un pôle susceptible de promouvoir le développement dans la région des grands lacs ?

Ø De quelle manière ce pays peut-il réellement jouer son rôle ?

4. HYPOTHESES

D'après QUIVY et CAMPENHOUDT L.V., les hypothèses se présentent sous forme des propositions des réponses aux questions que se pose le chercheur. Elles constituent des réponses provisoires et relativement sommaires qui guideront le travail de recueil et d'analyse des données et devront, en revanche, être testées, corrigées et approfondies par la suite6(*).

En effet, la RDC est considérée comme un pôle susceptible de promouvoir le développement dans la région des grands lacs du fait qu'elle présente des atouts naturels considérables (située au centre de l'Afrique, grandeur du pays, diverses ressources naturelles) pouvant lui permettre de jouer un rôle important dans l'intégration régionale qui est un moyen pour promouvoir une vision partagée de développement régional.

La RDC ne peut réellement jouer son rôle dans la région que si elle est refondée pour d'abord sa stabilité et son développement. Cela suppose la mise en place d'une diplomatie agissante et dynamique d'une part. Il faut aussi la reforme du secteur de la sécurité et de la bonne gouvernance d'autre part. Certes, la quête de la puissance est très importante pour lui permettre d'intervenir efficacement dans le règlement des problèmes s'érigeant en obstacle au développement, redynamiser la coopération régionale en vue de consolider l'intégration régionale et se lancer dans la recherche des solutions aux défis majeurs de la région.

5. ETAT DE LA QUESTION

Dans le but de mieux mener notre étude, nous avons fouillé sélectivement des travaux antérieurs en rapport avec notre thème de recherche afin d'éviter de reprendre ce qui a déjà été fait.

En effet, BYOSHIBINJA CHIBIKWA Devin7(*), dans son étude sur le transculturalisme et les perspectives de paix dans la sous-région des grands lacs, fait une analyse systématique sur les facteurs transculturels capables d'occasionner l'instabilité dans la sous-région. Du point de vue politique, il évoque la colonisation, les réfugiés d'avant 1959 et le contentieux de l'identité (nationalité).

Sociologiquement, il fait allusion aux stéréotypes ethniques qui sont imposés comme des fléaux moteurs de l'instabilité dans la sous-région.

Sur le plan historique, la création de la CEPGL s'est avérée comme un atout indispensable et un pas de géant dans la stabilisation de la sous-région.

Et sur le plan économique, le commerce transnational et l'emploi à l'étranger se sont présentés comme un lien de rapprochement entre peuples. Il a insisté sur le fait que les facteurs transculturels peuvent contribuer à la paix et à la sécurité de la sous-région des grands lacs s'ils sont bien appliqués et selon la capacité des Etats à prendre conscience d'un vouloir vivre collectif.

L'auteur pense que la refondation de l'Etat par l'instauration d'une vraie démocratie, une bonne gouvernance, une justice et une administration équilibrée, la reforme de l'armée républicaine, la diplomatie efficace et créative sont d'autres atouts indispensables, accompagnés de ces facteurs transculturels intégrationnistes pouvant contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité dans la sous-région des grands lacs.

BALAGIZI BYAMUNGU Serge8(*) , dans son étude sur « les nouvelles dimensions de sécurité collective dans les grands lacs», choisit la période allant de 1994 en 2010, sur la zone de la CEPGL constituée respectivement du Rwanda, du Burundi et de la RDC. Il constate que pour faire face au problème de sécurité dans la région, les dirigeants des Etats de celle-ci devraient avant tout chercher le bien être de leurs populations en instaurant une vraie démocratie et une bonne gouvernance, en abolissant les inégalités sociales, en luttant contre la pauvreté et en instaurant une justice redistributive.

C''est ainsi que la refondation de l'Etat en Afrique des grands lacs devra partir de l'instauration d'une démocratie positive qui implique un Etat de droit et la bonne gouvernance.

KARHAGALA MUSHI Fiston9(*) , dans son étude sur « les mécanismes de sécurité collective des Nations Unies et les conflits politiques dans la sous-région des grands lacs», traite de la question d'efficacité ou d'inefficacité des mesures de sécurité collective initiée par l'ONU dans les conflits politiques qui ont ensanglanté la sous-région des grands lacs.

Il pense que les réactions de l'ONU envisagées dans le cadre de la sécurité collective vis-à-vis des conflits politiques dans la sous-région ont été dénudées de toute efficacité à cause de la standardisation stratégique et des enjeux d'acteurs impliqués directement ou indirectement dans les conflits.

Par son pouvoir de constatation, le conseil de sécurité peut faire recours à une commission d'enquête ou peut prendre simplement acte de la gravité de la situation. La qualification de la situation par le conseil de sécurité est une décision importante car elle représente un constat officiel qui s'impose à tous les Etats. Cependant, les grandes puissances protègent régulièrement leurs intérêts et ceux de leurs protégés, ce qui constitue souvent un obstacle à la qualification qui précise la nature des opérations et les options dans le déploiement de la mission ou de la force.

Il ajoute que les Nations unies devraient se montrer plus impliquées dans la résolution des conflits observés dans la sous-région des grands lacs non seulement par l'adoption d'une pertinence des résolutions du conseil de sécurité mais également en appliquant à celle-ci des moyens nécessaires en guise de stratégies, par rapport à la spécificité sur terrain pour concrétiser les décisions du conseil de sécurité et donner un poids aux mécanismes de sécurité collective.

MAKALA KIRHERO Floribert a analysé des conflits armés et les conditions nécessaires pour promouvoir le développement dans la région des grands lacs10(*).

Il constate que les conflits ont contribué à l'augmentation des migrations à l'intérieur en réaction à l'insécurité, à la pauvreté, à l'absence des perspectives d'avenir et à la mauvaise administration.

Les conflits armés ont conduit à une augmentation non seulement des veuves et orphelins, veuves mais également du taux de la non scolarisation des enfants, et de la prostitution des jeunes filles dans toute la région. Ces conséquences ont un impact significatif sur la productivité des facteurs dans le moyen et le long termes : baisse de la productivité des travailleurs du fait des Infections sexuelles transmissibles, accroissement de la mortalité, exode rural. Le manque de dialogue politique sur le plan extérieur se manifeste et déstabilise toute la région. La région devrait donc déployer tant d'efforts et être axée davantage sur la prévention et la maîtrise des conflits, la reconstruction et la promotion de la stabilité en poursuivant la coopération structurelle qui vise la réduction de la pauvreté.

En effet, pour aborder cette situation, l'auteur souligne que toute politique ou tout programme d'action devrait d'abord relever les défis économiques, politiques, sociaux, culturels et diplomatiques pour bien se lancer dans le processus de développement.

Il ressort de ces travaux que le développement de la région des grands lacs ne peut réussir sans la synergie des Etats en mettant un accent particulier sur le maintien de la sécurité, condition nécessaire pour le progrès économique. Cependant, ces travaux ne précisent pas l'apport ou le rôle de chaque Etat de manière individuelle dans cette dynamique de développement. C'est ainsi que notre étude porte essentiellement sur le rôle que peut jouer la RDC dans cette dynamique de développement régionale du fait qu'elle dispose des atouts naturels considérables.

6. METHODOLOGIE

6.1. Méthode

Selon Roger PINTO et Madeleine GRAWITZ, la méthode est l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie11(*).

Nous nous sommes servi de la méthode géopolitique de François THUAL pour atteindre nos objectifs. Cette méthode consiste à poser une série de questions face à un événement (tension, crise, conflit, négociation, sous-développement).

Il s'agit notamment de pourquoi ?, qui veut quoi ?, quand ?, avec qui ? Ce qu'il faut c'est identifier les acteurs, analyser les motivations, décrire leurs intentions, repérer les alliances en gestation, ou au contraire, les alliances en voie de déconstruction que ce soit au niveau local, régional, continental ou international12(*).

Grace à cette méthode, nous comprenons le rôle et la place de la RDC dans la région par rapport à d'autres acteurs en présence tout en retenant que les motivations liées à sa vocation naturelle sont indispensables pour ainsi justifier l'élaboration et l'application d'une bonne politique étrangère susceptible de décrire les intentions d'une quête de puissance en recourant aux alliances ou aux mésalliances afin que la RDC soit considérée comme un véritable pole de développement dans la région.

6.2. Techniques

Les techniques sont des procédés opératoires rigoureux bien définis, transmissibles, susceptibles d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions adaptées aux genres des problèmes et phénomènes en cours13(*). C'est grâce aux techniques de récolte et d'analyse des données que nous avons trouvé des réponses à notre préoccupation.

6.2.1. Techniques de récolte des données

Deux techniques nous ont permis de récolter les données à savoir les techniques documentaires et celles d'entretien.

6.2.1.1. La technique documentaire

La technique documentaire s'occupe de l'étude des preuves muettes qui sont des textes écrits ou des oeuvres produites par les hommes, en bref des documents14(*). Cette technique nous a permis d'accéder aux informations se trouvant dans les ouvrages, revues, journaux et à l'Internet.

6.2.1.2. La technique d'entretien

Madeleine GRAWITZ15(*) définit l'entretien comme un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation avec le but fixé.

Ainsi, nous avons eu des entretiens avec des étudiants de dernier cycle, des professeurs, chefs des travaux et assistants en relations internationales, en sciences politiques et administratives ou en sociologie pour une meilleure compréhension de notre thème.

L'Internet nous a permis d'avoir des entretiens instantanés sur facebook avec au moins deux personnes dans chaque Etat de la région à part la RDC où nous avons pris dix personnes se retrouvant dans cette catégorie de référence. L'effectif des personnes avec qui nous nous sommes entretenus s'élève à 30 personnes.

6.2.2. Technique d'analyse des données

Pour analyser les données, nous avons utilisé la technique d'analyse du contenu que François DEPELTEAU considère comme étant une méthode de classification ou de modification, dans diverses catégories, des éléments du document analysé pour en faire sortir les différentes caractéristiques en vue d'en mieux comprendre le sens exact et précis16(*). C'est grâce à cette technique que nous avons dépouillé, analysé et interprété les données afin de tirer des conclusions objectives.

7. DIFFICULTES RENCONTREES

Durant nos recherches, nous avons fait face à des difficultés d'ordre financier qui ne nous ont pas permis de circuler dans toute la région et de nous rendre à Kinshasa au Ministère des affaires étrangères pour avoir des données plus fiables. Nous avons utilisé la technique documentaire qui nous a permis de nous ressourcer dans les ouvrages et à l'Internet pour aboutir au résultat.

8. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Ce travail est subdivisé en trois chapitres à part l'introduction et la conclusion. Dans le premier chapitre, nous abordons les considérations générales qui contiennent les cadres théorique et conceptuel. Le second consiste en une présentation de la région des grands lacs. Dans le troisième, nous parlons de la position de la RDC dans la région des grands lacs et de son rôle.

CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

Dans cette partie, nous définissons les concepts avant de nous focaliser sur le cadre théorique. Nous définissons les concepts pour une meilleure compréhension de ce travail en évitant des conceptions lacunaires. Ainsi, nous définissons les concepts développement, le développement durable, intégration, la géostratégie.

I.1. DEFINITION DES CONCEPTS

I.1.1. Le développement

Le développement, sur le fond, consiste en l'amélioration, par les hommes et les femmes de leur capacité à réaliser leur potentiel humain, individuel et collectif, ou en d'autres termes : l'amélioration des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.

Le développement présente une transformation de la société, le passage des relations traditionnelles, de modes de pensée, de façon traditionnelle de traiter la santé et l`éducation, des méthodes traditionnelles de production vers des approches plus modernes17(*).

La clé des changements est l'évolution vers des modes de pensée scientifiques repérant les variables qui influent de façon déterminante sur la production, s'efforçant de faire des déductions fondées sur des données fiables et sachant reconnaître ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas.

Le concept « développement » est diversement compris selon les personnes qui l'utilisent ou le reçoivent et en fonction des critères dont elles se servent ou qu'elles se représentent pour définir le contenu. Dès lors, il existe plusieurs conceptions du développement :

a) Conception courante ou vulgaire

Habituellement, écrit CHIRISHUNGU18(*), les individus voient dans le concept « développement » les acquisitions matérielles d'une population donnée. Ils assimilent ou évaluent le développement à la quantité ou à la qualité d'une catégorie de biens matériels, notamment les biens manufacturés et de haute technologie dont dispose une population.

La conception courante ou vulgaire du développement a pour base et assise, certains aspects voyants matériels de l'environnement socio-économique et, dès lors, porte en elle une grande possibilité de vérification.

Elle ne cherche pas les sources profondes des richesses qu'elle prend comme critères ni les causes premières de la misère matérielle qu'elle constaterait par ailleurs.

b) Conceptions économiques, scientifiques et opératoires du développement

L'intellectuel, contrairement à l'homme de la rue, ne se contente pas des seules impressions extérieures, de la réalité palpable.

Il cherche des critères plus opératoires. Aussi, les sciences économiques tentent de saisir et proposent elles aussi, des critères du développement à travers deux conceptions à savoir la conception globaliste ou thèse de croissance et la conception analytique ou thèse des équilibres sectoriels.

Selon la thèse globalisante du développement ou thèse de la croissance, le degré de développement d'un pays par rapport à la quantité des biens économiques disponibles, à leur valeur mathématique (ou statistique) absolue.

Aussi, sera dit pays développé qu'un autre, celui qui atteint des records économiques (records de production et de consommation) plus importants que cet autre. En d'autres termes, le pays qui présente plus de poids dans l'échelle de production des biens et services et de consommation sera considéré comme plus développé que celui qui pèse moins que lui en la matière. Ce critère est celui constamment utilisé dans les statistiques sur le développement notamment les statistiques comparatives internationales et s'exprime souvent en terme de revenu par habitant ou de produit intérieur brut (PIB)19(*).

Et selon la conception analytique ou la thèse des équilibres sectoriels, cet instrument de mesure ne suffit pas à distinguer un pays développé d'un autre. Car, estime-t-elle, il ne suffit pas de battre des records, il faut encore que ces records se trouvent suffisamment distribués, repartis non seulement entre les différents secteurs d'activités économiques mais également et surtout entre les différentes composantes sociales de la population du pays en question20(*).

Ainsi énoncée, la thèse des équilibres sectoriels ne contredit pas celle de la croissance économique. Elle la parfait. Dès lors, toutes deux demeurent des thèses essentiellement économiques quoique, et tel est son mérite, la thèse des équilibres sectoriels apporte à la première une grande dimension sociale. Le social, à coté de l'économique pur, étant considéré comme un des secteurs des équilibres qu'elle prône et qui rentrent dans le domaine du développement.

c) La thèse des spécificités des modèles et des critères du développement ou conception culturelle

Le courant de la négritude, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et le courant de l'authenticité proclamée au Zaïre par l'autorité politique dès les années 1970, servent pour bien des chercheurs de piste d'investigation en vue de la définition du concept de développement. Pour bien d'entre eux, le développement répondrait d'une logique, d'une adéquation interne des acteurs régissant les équilibres socio-économiques et culturels prévalant dans une société donnée21(*).

C'est la thèse empirique de l'harmonie socio-économique au sein d'une société et selon laquelle le développement n'est point une donnée extérieure à un système social, faite d'importations, notamment culturelles, mais une sécrétion harmonieuse de multiples équilibres au sein d'un système social donné.

La conception culturelle ou thèse de la spécificité interne des systèmes sociaux ayant comme critère l'harmonie socio-économique et culturelle, est une démarche qui, en réalité, tente de corriger l'essence même du concept du « développement ». En effet, elle le présente comme habituellement étriqué et tendant à imposer aux nouveaux Etats une forme d'organisation socio-économique fondamentalement soucieuse de seules performances économiques et technologiques, au détriment des équilibres et des harmonies socio-écologiques et culturelles qui engendrent des sociétés d'une grande harmonie, plus épanouissantes pour la personne humaine.

I.1.2. Développement durable

Selon la formule consacrée, le développement durable est celui qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Le succès de la notion de développement durable tient au fait qu'elle prétend concilier l'inconciliable22(*).

I.1.3. Intégration

Par intégration, il faut entendre le processus par lequel une partie entre dans un tout, tout en préservant la cohésion. L'intégration est généralement présentée comme un processus positif, comme une réussite. Certes, une intégration parfaite comprend nécessairement une centralisation optimum, mais elle implique fondamentalement une réalité plus vaste. Elle comporte une adéquation parfaite de tous les moyens au but poursuivi23(*).

Au niveau le plus abstrait, l'intégration peut être considérée avec MYRDALL comme la réalisation d'un idéal, plus précisément comme la réalisation du vieil idéal occidental de l'égalité des chances.

A ce niveau, l'intégration économique se définit comme l'équilibre des structures au sein d'un ensemble économique.

Mais dans un sens plus concret, le même mot « intégration » sert souvent à designer le processus par lequel l'idéal en question tend à se réaliser. Et comme le vieil idéal occidental de l'égalité des chances ne se conçoit que dans un développement toujours plus grand de chaque homme en particulier, l'intégration économique apparaît comme un moyen de progrès et, pour la CEE, comme le moyen de progresser plus rapidement par la mise en commun des ressources et énergies24(*). L'intégration peut être un but, un processus ou un moyen de développement.

a) Intégration comme but

Dans ce sens, l'intégration économique désigne une situation de cohérence totale et représente donc l'équilibre des structures au sein d'un ensemble économique. Par définition encore, elle implique d'abord que chaque partie du tout, du fait de sa participation à l'oeuvre commune, possède une efficience plus grande qu'antérieurement, mais aussi que le tout, par la perfection des relations en son sein, acquiert l'efficience la plus grande qui soit compatible avec les données de base.

Le degré de réalisation de l'intégration projetée dépendra donc d'une part des talents d'organisation orientés vers des structures plus ou moins complexes, d'autre part de la stabilité des conditions de départ25(*).

b) Intégration comme processus

Le terme « intégration » est aussi à designer le processus par lequel on tend à s'approcher de l'idéal d'équilibre structurel. Ce processus existe au niveau de tous les ensembles caractérisés par une unité de but. Pour TINBERGEN, l'état d'intégration économique peut être défini comme la politique économique qui montre un optimum de centralisation.

TINBERGEN conçoit donc l'intégration d'abord comme un processus et plus précisément comme une politique. L'élément idéal se retrouve toutefois dans la nécessité pour cette politique de montrer ou de tendre vers l'optimum26(*).

En géopolitique, on peut en effet considérer que la construction européenne est un processus d'intégration puisque, au niveau national, il y a abandon dans certains domaines de la souveraineté économique, puis peut être de la souveraineté politique au profit d'une nouvelle entité souveraine commune, l'Europe.

Sur le plan politique, l'intégration crée des entités régionales politiquement homogènes et solidaires ayant une position solide sur la scène internationale27(*).

c) L'intégration régionale comme processus

L'intégration régionale est le processus par lequel la régularité et l'intensité des interactions entre Etats et entre certaines sociétés s'accroissent, permettant la constitution d'une communauté de sécurité, d'une interdépendance économique accrue, d'une identité partagée favorisant, dans une aire géographique particulière, le développement d'actions collectives institutionnalisées pouvant aller jusqu'à l'unification politique. Trois critères permettent de définir un sous-système régional : la proximité géographique, la régularité et l'intensité des interactions et la perception partagée qu'il existe bien une région.

Pour Karl DEUTSCH, une région est un groupe de pays en situation de forte interdépendance dans un grand nombre de domaines différents. La densité et la nature des transactions politiques et socio-économiques permettent de différencier le groupe de pays en question d'autres groupes comparables. Cependant, les régions ne sont pas faits géographiques, mais des créations politiques.

La perception des identités collectives contribue à expliquer la formation des régions et leur degré d'institutionnalisation28(*).

d) L'intégration régionale comme moyen de développement

On recommande souvent aux pays moins développés de recourir à une intégration régionale. L'objectif de l'intégration régionale est l'industrialisation. On pense que les marchés nationaux sont trop étroits et qu'un marché régional est mieux à même à soutenir un secteur industriel moderne. Les difficultés sont considérables. Du point de vue économique, le pays qui est en retard craint que l'ouverture complète de son marché à ses partenaires ne lui permette jamais de fonder une industrie quelconque. La réalité est que malgré leur proximité géographique, les pays moins avancés ne sont pas unifiés au plan économique. De manière caractéristique, ils sont plus concurrents que complémentaires et ces intérêts concurrents font qu'il leur est difficile de former une communauté29(*).

I.1.4. Intégration régionale

Les régions et les intégrations régionales, notamment depuis 1945, constituent un aspect significatif des réalités internationales. Partout des Etats, s'associent, des accords d'intégration plus ou moins formalisés voient le jour qui, lorsqu'ils sont suivis d'effets, influencent les relations qui se nouent entre de nombreux acteurs publics et privés. Toutefois, la nature même des intégrations régionales, leurs objectifs, les méthodes utilisées pour les mettre en place et leurs résultats font l'objet de désaccord30(*).

L'intégration régionale peut revêtir plusieurs formes (intégration politique, économique, sociale, culturelle,...). Dans le cadre de notre étude, nous évoquons deux types (intégration politico-institutionnelle et intégration économique) qui peuvent être à la base d'autres intégrations (culturelles, sociales, religieuses,...) s'ils réussissent dans la pratiques.

Il existe un lien profond entre les dimensions économiques et politico-institutionnelles dans les processus d'intégration régionale. Ainsi, il faut distinguer l'intégration économique régionale de l'intégration politico-institutionnelle régionale.

a) L'intégration économique régionale

Du point de vue économique, plusieurs conceptions sont couramment avancées. Le premier courant s'inspire d'un rationalisme volontariste à visée stato-centratique plaçant l'économie politique de la nation dans son environnement débouchant ainsi sur un mode d'intégration sur un système interétatique. Le second consiste en un constructivisme qui insiste plutôt sur les formes de coopération volontaire (adhésion) des Etats qui construisent mutuellement les dispositifs économiques et institutionnels de l'intégration31(*).

b) L'intégration politico-institutionnelle régionale

Quant à l'intégration politico-institutionnelle régionale, deux conceptions sont généralement postulées : une institutionnaliste, une autre diplomatique.

Selon la première orientation, la conception institutionnaliste consiste en la mise en place d'un système commun de règles de la part des pouvoirs publics en relation avec les acteurs privés. Les règles et procédures concernent ainsi par exemple l'harmonisation des fiscalités, l'instauration des lois uniques d'assurance, du droit des affaires, du droit social régional, des valeurs sur la démocratie, la gouvernance et les élections, etc.

Selon la deuxième conception appelée politique ou diplomatique, l'intégration régionale se traduit par des transferts de souveraineté et par des objectifs de prévention des conflits. Les convergences d'intérêts économiques sont une manière de dépasser les rivalités et antagonismes politiques entre Etats32(*).

I.1.5. Géostratégie

Le terme de « géostratégie » et les usages qui en sont faits soulignent l'importance, dans certains rapports de forces, de configurations géographiques qui sont alors considérées en tant que telles comme des enjeux tout à fait majeurs, et ce, même en cas de victoire, pour des périodes de temps particulièrement longues.

La géostratégie est un processus d'élaboration des décisions capitales sur l'avenir d'un Etat-Nation, à partir de la vision combinée des facteurs géographiques et des facteurs humains que peuvent avoir ses dirigeants33(*).

Toutes les actions significatives d'un Etat, en dehors du cadre de ses frontières, ne servent pas essentiellement les intérêts de toute la nation, parfois elles constituent, simplement un leurre, c'est-à-dire servir à détourner l'opinion publique nationale des problèmes internes qu'il rencontre (polariser les medias et l'opinion pendant des mois sur un objectif qui fait oublier les préoccupations quotidiennes : aire culturelle, doctrines, impérialisme et néo-impérialisme).

Les préoccupations géostratégiques ne sont pas seulement fonction des configurations géographiques qui sont, en tant que telles, des enjeux permanents, compte tenu des ressources rares au plan mondial. Il faut aussi tenir compte des représentants.

C'est ainsi que le schéma de MACKINDER distinguant dans le cadre de l'Eurasie, une partie centrale, le « Heartland » et une périphérie dénommée le « Rimland » a fait par exemple apparaître l'occupation de l'Afghanistan en 1980 par l'armée rouge comme une poussée géostratégique majeure de l'union soviétique vers les mers chaudes34(*).

Le terme de géostratégie est un plus récent que celui de géopolitique, mais ils relèvent l'un et l'autre du même champ sémantique : deux signifiants pour une même catégorie de signifié.

La géopolitique, de manière générale, est une analyse de l'interaction du rôle de l'espace géographique dans la manifestation des faits politiques majeurs. Parce que les régions du monde ne sont pas également dotées des ressources minérales, humaines et scientifiques, l'action des puissances diplomatiques obéit aux lois de la géopolitique.

La géostratégie est une stratégie de l'espace de même la géopolitique se veut une politique de l'espace. Son objectif est la conquête de l'espace. Ainsi, présenter la géostratégie comme une stratégie de l'espace revient à dire que le géo-stratège est un type de stratège qui organise sa pratique stratégique pour transformer l'espace au mieux de ses intérêts. Il rêverait de contrôler des positions géostratégiques, des forteresses, des ports, des îles, des canaux, des bases sur les grandes voies de communication et d'approvisionnement. La géostratégie travaille à conquérir pour le stratège un espace-temps qui lui permet d'optimiser ses décisions.

I.2. CADRE THEORIQUE

Pour mieux expliquer les faits et mieux présenter les résultats, nous nous fondons sur les théories de la coopération, de l'intégration et de la stabilité hégémonique

I.2.1. Les théories de la coopération et de l'intégration

GROTIUS sert de référence aux théoriciens de la coopération et de l'intégration. Il arrive alors à considérer que le droit naturel et le droit positif instaurent progressivement une société des Etats, lesquels conviennent de respecter dans leurs rapports mutuels un certain nombre d'obligations librement consenties car mutuellement avantageuses.

Les théories de l'intégration et de la coopération se résument dans quatre éléments à savoir : le fonctionnalisme, le néo-fonctionnalisme, le fédéralisme participatif et l'intergouvernementalisme

a) Le fonctionnalisme

L'école fonctionnaliste se présente comme une tentative originale de concilier les intérêts des Etats.

David MITRANY, qui publia dès 1943 « A working peace system » incarna cette école de pensée.

La deuxième caractéristique du fonctionnalisme réside dans la transformation des objectifs de l'action internationale, puisque celle-ci doit permettre en priorité aux nations de vivre harmonieusement entre elles, plutôt que de fonder leurs rapports mutuels sur la peur perpétuelle35(*).

Aux critères de la l'intérêt et de la sécurité, MITRANY substitue donc les critères de paix, de bien être et de participation comme objectifs ultimes de l'action internationale. Ceux-ci correspondent à des fonctions précises, il était envisageable de développer le rôle et les attributions d'organisations internationales fonctionnelles, seuls acteurs en mesure de remplacer la confrontation par la coopération.

L'habitude de la coopération qui en résulte et les avantages retirés par cette mise en commun de moyens obligatoirement limités permettent d'envisager un élargissement progressif à d'autres domaines de compétence et le passage graduel à une intégration politique, conséquence d'une intégration économique.

b) Le néo-fonctionnalisme

Dans « The uniting of Europe », Ernest HAAS définit cette nouvelle approche comme un processus par lequel les acteurs politiques de plusieurs communautés nationales sont déterminés à réorienter leurs allégeances, leurs aspirations et leurs activités politiques vers un nouveau centre dont les institutions demandent ou possèdent la juridiction sur les Etats nationaux préexistants. Le résultat final d'un tel processus est la création d'une nouvelle unité politique coiffant les unités préexistantes36(*).

Le néo-fonctionnalisme envisage de créer un super Etat de type fédéral sur une base territoriale élargie, tout en préservant les souverainetés d'origine.

Il se caractérise ainsi par trois traits distinctifs :

Ø Comme le fonctionnalisme, il considère que l'intérêt partagé est le plus solide ciment de la coopération internationale ;

Ø L'intégration est conduite de manière technicienne par les élites politiques, administratives, syndicales ou industrielles convaincues de sa nécessité ;

Ø L'idéal n'a pas de place dans cette vision de la vie internationale.

L'intégration doit donc être menée fonction après fonction, de manière pragmatique. Une fois lancée, le processus d'intégration est élargi, au gré des opportunités, à des domaines nouveaux par un effet décrit la progression mécanique de l'intégration. L'intégration est, à l'origine, envisagée dans le domaine technique. Au gré des opportunités, de nouveaux domaines sont ensuite intégrés. Au fur et à mesure de la progression de l'intégration surgissent de nationaux : fonctionnaires, lobbies, régions,...

Les stratégies des acteurs concernés ne sont dès lors jamais identiques mais simplement convergentes (principe de consensus) selon cette théorie, les bénéfices que tirent les Etats de l'intégration les conduiraient à élargir mécaniquement les compétences des autorités supranationales. L'union politique serait la résultante de l'union politique.

c) Le fédéralisme participatif

Comme le néo-fonctionnalisme, le fédéralisme accorde une place prépondérante aux élites qui tirent le processus et trouvent les solutions nécessaires pour désarmer les résistances à l'intégration.

Parmi les très nombreuses études sur le fédéralisme, nous retiendrons ici le concept de « fédéralisme participatif », étudié par Jean-Louis QUERMONNE et Maurice CROISAT. L'originalité de cette approche réside dans l'analyse des modalités pratiques de la cohabitation entre les autorités fédérales et fédérées (Lânder, cantons, régions, ...)37(*).

Le fédéralisme intergouvernemental peut se définir comme un mode de gouvernement qui repose non seulement sur l'autonomie des communautés fédérées et leur participation aux institutions et instances fédérales mais surtout sur la coopération entre gouvernements pour atteindre des buts communs par des ententes, des programmes et des financements conjoints.

Le fédéralisme intergouvernemental est donc une méthode de gestion concertée entre les niveaux fédéral et fédéré, qui accorde plus d'attention à la pratique qu'aux textes constitutionnels obligatoirement très rigides. Entre « les compétences exclusives » des autorités locales et les compétences partagées des autorités fédérales, il existe des domaines mixtes (les tâches communes) repartis selon le principe de subsidiarité.

d) L'intergouvernementalisme

Initié dès les années 60 par Stanley HOFFMANN, ultérieurement Robert KEOHANE s'associa à lui pour analyser l'accélération de l'intégration européenne dans les années 80.

Cette théorie vise à comprendre les mécanismes par lesquels les Etats sont conduits à s'associer pour répondre plus efficacement à des besoins communs. La coopération interétatique, par le biais des organisations internationales, est donc envisagée comme un procédé rationnel destiné à optimiser l'emploi des moyens mis en commun par les Etats. Les organisations internationales institutionnalisent donc la négociation-marchandage entre Etats. Leurs décisions se présentent dès lors comme le plus petit dénominateur sur lequel se sont accordés les Etats. Dans cette négociation permanente, le rôle des grandes puissances demeure prépondérant. Les organisations internationales disposent d'un pouvoir d'influence mais celui-ci est insuffisant pour résister aux demandes des Etats. Leur « pouvoir de dire » est supérieur à « leur pouvoir de faire ».

Andrew MORAVCSIK qui, pour sa part, parle de l'intergouvernementalisme libéral qui se présente comme une méthode pour analyser les procédures par lesquelles les Etats s'associent en vue de répondre aux attentes de leurs populations38(*).

Dans cette perspective, les organisations internationales sont perçues comme des instruments placés à la disposition des Etats pour faciliter l'adoption d'accords internationaux et assurer le respect des engagements pris.

Concernant le contrôle des accords, le rôle des organisations internationales ne doit pas être envisagé sous l'angle de pouvoir de police ; les organisations internationales se contentent en fait de favoriser la réciprocité, ce qui conduit les Etats (même les plus puissants) à respecter leur parole pour s'assurer que les autres Etats se comportent de la même manière.

I.2.2. La théorie de la stabilité hégémonique

Cette théorie consiste à affirmer que la présence d'une puissance hégémonique libérale est la condition sine qua none de l'existence d'une économie internationale.

Elle a été attribuée à l'économiste américain Charles KINDLEBERGER, bien que celui-ci emploie le terme de leadership et non d'hégémonie. Analysant la crise économique de 1929, KINDLEBERGER constate que celle-ci coïncide avec l'absence d'un pays dominant l'économie internationale et l'inexistence des règles communément admises en matière de régulation commerciale et monétaire39(*).

KINDLEBERGER déduit une relation de causalité : « pour que l'économie mondiale soit stabilisée, il faut un stabilisateur, un seul stabilisateur (a stabilizer, on stabilizer). Cela parce que seule une puissance dominante, dont les ressources matérielles (contrôle des matières premières, accès aux sources de financement et aux marchés, avantages compétitifs dans la production des biens à haute valeur ajoutée) excédent de façon significative celles de tous les autres pays, peut exercer un leadership bienveillant en supportant les coûts que représentent la mise sur pied d'une infrastructure économique mondiale et le comportement de passager clandestin (free rider) auquel ont recours les puissances secondaires qui tient tout au profit de ces biens collectifs internationaux que la puissance dominante elle-même.

A l'inverse, lorsque fait défaut un tel hégémon, ou même lorsque sa prépondérance en ressources matérielles est en déclin, il y a plus aucun pays susceptible de prendre en charge les coûts de la fourniture des biens collectifs internationaux que sont le bon fonctionnement et du libre-échange et le maintien de la stabilité monétaire, et d'une phase de croissance, l'économie internationale passer en phase de crise.

Publiée au début des années 1970, l'étude de KINDLEBERGER a connu un extraordinaire écho. Suite au rattrapage économique des Etats-Unis par la communauté européenne et le Japon, les crises financières (1971) et énergétiques (1947) se multiplient dans un environnement international en proie à l'instabilité. KINDLEBERGER en déduit logiquement que le déclin relatif des Etats-Unis annonce une remise en cause des régimes économiques internationaux mis sur pied après la seconde guerre mondiale, à commencer par le FMI et le GATT.

Etant donné que ces régimes avaient été créés et maintenus par les Etats-Unis disposant d'une prépondérance en ressources matérielles, il faut s'attendre à ce qu'ils perdent leur effectivité, vu que les ressources matérielles mondiales sont dorénavant distribuées de façon plus équilibrée entre tous les Etats. Le danger auquel nous faisons face n'est pas celui de « trop de puissance, mais celui de pas assez ; non pas celui d'un excès de domination, mais celui de trop de passagers clandestins ». C'est cette prédiction qui assurera la postérité à l'analyse de KINDLEBERGER, qualifiée a posteriori de théorie de la stabilité hégémonique par Robert KEOHANE.

Constatant que les institutions du GATT (General Agreement on Trade and Tarifs) et du FMI (Fonds Monétaire International) surviennent aux tensions des années 70, KEOHANE et les néolibéraux institutionnalistes s'efforceront de montrer que les régimes internationaux et donc la coopération post-hégémoniques sont possibles.

CHAPITRE II. PRESENTATION DE LA REGION DES GRANDS LACS

Cette partie est consacrée à la région des grands lacs. A son sein, les contextes géographique, économique, social et politique sont présentés.

II.1. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE

A l'instar des célèbres grands lacs d'Amérique du Nord, les grands lacs d'Afrique sont un système de lacs localisés plus en Afrique de l'Est. Orienté dans le sens Nord-Sud, cet ensemble couvre la partie méridionale de la Rift Valley.

Les grands lacs d'Afrique sont40(*) :

Ø Le lac Tanganyika, 32.900 km2 et une profondeur de 1433 m ;

Ø Le lac Victoria, 68.100 km2 et 32 m de profondeur ;

Ø Le lac Malawi, 30.900 km2 et 706m de profondeur ;

Ø Le lac Albert, 527 Km2 et une profondeur de 51 m ;

Ø Le lac Edouard, 2.150 km2 et 117m de profondeur ;

Ø Le lac Kivu, 2.700 km2 et 485 m de profondeur. Constatons que le lac Tanganyika est le lac le plus profond de la région des grands lacs d'Afrique.

Les Etats qui composent la région des grands lacs sont ceux qui s'étendent aux environs de ces lacs. Il s'agit de l'Ouganda, du Kenya, de la RDC, du Rwanda, de la Tanzanie, de la Zambie, du Malawi et de la Mozambique.

Cependant, les crises et les conflits qui ont traversé la région des grands lacs ont contextualisé le cadre géographique de la région d'une autre manière. C'est ainsi que nous nous referons à la qualification retenue par la conférence internationale sur la région des grands lacs identifiant 11 Etats et qui sont membres de la CIRGL41(*). Les onze Etats membres sont liés soit directement, soit indirectement par voisinage avec les pays concernés par les graves conflits ayant secoué la région au cours de la dernière décennie. Il s'agit de l'Angola, du Burundi, de la République Centrafricaine (RCA), de la RDC, de la République du Congo, du Kenya, de l'Ouganda, du Rwanda, du Soudan, de la Tanzanie et de la Zambie.

Les Etats concernés en premier lieu par la recherche des solutions à la crise des grands lacs étaient au départ le Burundi, l'Ouganda, la RDC et le Rwanda. Mais il est vite apparu que la paix et le développement dans la région dépendaient en grande partie de la RDC comme Etat central et moteur économique de l'intégration régionale, et que par conséquent, les conditions prévalant dans tous ces pays voisins, notamment le Congo-Brazzaville, la RCA, l'Angola et le Soudan, avaient tout autant de l'influence sur sa stabilité. D'autre part, la Tanzanie, le Kenya et la Zambie qui ont subi de plein fouet les effets collatéraux des crises de quatre pays centraux, ne serait-ce qu'en termes de flux des réfugiés, trouvaient en cette initiative l'occasion d'allégement de la charge sociale qu'ils avaient à supporter. Tous ces éléments ont dicté par conséquent l'impératif de l'élargissement géographique du cadre de recherche de paix, de stabilité et de développement de la région.

II.2. CONTEXTE SOCIAL ET ECONOMIQUE

La RDC occupe une position géostratégique dans cet ensemble régional. Son territoire partage neuf frontières avec les 10 autres pays de la région. Cette situation, très spécifique, constitue un atout potentiel régional majeur dans un environnement qui favorise le développement économique et social de la région, notamment dans la perspective de l'émergence des bassins transfrontaliers de développement aux aires périphériques.

Les dix pays qui partagent les frontières avec la RDC, cinq dont la RCA, au Nord ; l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, à l'Est et la Zambie, au Sud, sont des pays enclavés et que la RDC, elle-même, vaste de 2.345.000 km2, est semi-enclavée.

A l'Ouest, la RDC n'est pas un pays enclavé, mais toute la zone dite « cuvette congolaise » est enclavée. Le Soudan n'est pas enclavé mais toute la partie de son territoire frontalière à la RDC l'est. La Tanzanie ne l'est pas, mais la partie de son territoire longeant le lac Tanganyika et frontalier à la RDC est enclavée. L'Angola ne l'est pas, seulement la partie de son territoire frontalière à la RDC l'est. L'enclave de Cabinda, partie du territoire angolais ceinturant entièrement le noyau central de la RDC est ainsi confronté à une situation quasi permanente d'asphyxie économique résultant de son enclavement42(*). Cette proximité géographique entre les Etats de la région explique ainsi une certaine cohésion sociale et une interdépendance économique devant être renforcée à travers une réelle intégration régionale.

L'essentiel des ressources économiques de la région est concentré dan cette zone périphérique et ce noyau central. Les ressources pétrolières et forestières sont localisées dans la partie Ouest (enclave de Cabinda, Congo-Brazzaville, partie Ouest de la RDC) ; les ressources forestières et minérales, pierres précieuses notamment au nord de la RCA et au Sud-ouest du Soudan ; les ressources agricoles à l'Est (Ouganda, Burundi, et à l'Est de la RDC), véritable grenier de la région confronté au taux le plus élevé de la pression démographique de la région (la densité de plus de 250 habitants au Km2 au Rwanda et au Burundi) ; les ressources minérales et pétrolières les plus importantes de la région se trouvent dans la bande Ouest (Cupper Belt en Zambie et dans la partie Sud-ouest de la RDC, diamant et pétrole en Angola) ainsi que les immenses potentialités économiques43(*).

Bien que la région disposant d'importantes ressources économiques, celles-ci ne sont pas exploitées à leur juste valeur et font l'objet de divergence entre les Etats de la région. Certains Etats en tirent profit et d'autres subissent l'influence des autres et ces ressources demeurent virtuelles. Cette situation a comme conséquence que la région est toujours sous-développée car les efforts sont dispersés en l'absence d'une ferme volonté de tous les Etats à travailler pour l'intérêt régional.

Cependant, des revendications sociales et politiques de la population face à leur exclusion politique et économique, la mauvaise gestion des équilibres ethniques, les frustrations et l'instrumentalisation de l'identité nationale ont alimenté l'escalade des crises, vers l'expression violente transformée en conflits armés. Cette situation a plus retardé le processus de développement régional.

Les conséquences humanitaires de la crise se font encore ressentir avec un bilan qui reste un de plus lourd au monde (près de 1,5 millions de déplacés internes en RDC, malgré l'augmentation des retours ces dernières années, 400.000 refugiés congolais ayant fui la guerre entre 1996 et 2003 sont encore présents dans les pays frontaliers de la RDC et 250.000 refugiés burundais sont encore présents en Tanzanie)44(*).

Les conséquences économiques et sociales du conflit continuent de peser sur le redémarrage économique et le développement de la région. La crise a par ailleurs généré une économie de guerre d'un type nouveau caractérisée par un phénomène de pillage des ressources naturelles dans lequel les pays voisins à la RDC ont été parties prenantes45(*).

II.3. CONTEXTE POLITIQUE

La région des grands lacs a connu des guerres et crises qui ont comme soubassement l'inégale répartition des ressources naturelles. Les Etats moins riches convoitent les ressources des autres. Ces conflits, à leur tour, ont généré une situation de sous-développement accentuée. Certes, il y a également le problème de la gouvernance et de la distribution du revenu national.

La plupart des pays de la région ont ainsi connu des crises politiques qui ont dégénéré soit en conflits armés, soit en guerre civile de durée inégale, avec comme point de chute des changements violents des régimes politiques. Il s'agit de l'Angola, de la République du Congo, de la RDC, de l'Ouganda, du Rwanda et de la RCA.

Ces crises ont eu comme paroxysme le génocide rwandais et la guerre en la RDC que d'aucuns ont appelé « la première guerre mondiale africaine ». La région des grands lacs, depuis plus de 15 ans, est un foyer de tensions déstabilisatrices pour l'ensemble de l'Afrique centrale. Elle a été le théâtre d'un des conflits armés les plus meurtriers depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La région connaît une sortie de crise progressive, mais des fragilités demeurent. La crise a eu des effets déstabilisateurs sur l'ensemble de l'Afrique centrale entre 1993-2002.

La crise commence au début des années 90 avec la guerre civile au Burundi (octobre 1993) et le génocide rwandais (avril-juillet 1994). Elle se nourrit de tensions politiques et ethniques internes aux différents pays de la région. Ses répercussions atteignent l'Est de la RDC, qui devient l'épicentre du conflit, lorsqu'en 1997, les troupes de Laurent DESIRE KABILA renversent le général Mobutu avec le soutien de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi. Se noue autour de la RDC un complexe jeu d'alliances impliquant jusqu'à neuf pays de la région. Dans cette optique, la première guerre du Congo, de 1996 à 1997, au-delà des raisons évoquées (le démantèlement des camps des refugiés, la protection des minorités rwandaises), peut être interprété comme la mise en oeuvre d'un ambitieux projet régional, sinon comme une tentative pour redessiner la carte de l'Afrique. Colette BRAECKMAN écrit à ce sujet que Kigali, à cette époque, ne faisait pas mystère de son ambition : transformer le Kivu en zone tampon afin de sécuriser sa frontière, en zone de peuples pour ses nationaux vivant à l'étroit dans un pays où la densité démographique est l'une des plus élevées au monde, dépassant quelque fois les 300 habitants au Km2, mais aussi en zone d'exploitation économique. Quant à l'Ouganda, qui invoquait la présence dans le nord-est du Congo de rebelles menaçant la stabilité des régions frontalières, il nourrissait également des ambitions économiques régionales.

Après le déclenchement des opérations, à l'initiative, donc, du Rwanda et de l'Ouganda, d'autres pays africains s'engouffrèrent dans la brèche : l'Angola, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud, chacun doté d'un agenda particulier.

Si Luanda privilégiait la neutralisation des forces de Jonas SAVIMBI, et cherchait à mettre un terme au trafic de diamants organisé dans les régions limitrophes au bénéfice du chef rebelle, pour le Zimbabwe, le Congo représentait un investissement à long terme, un débouché pour ses industries de défense ou manufacturières et pour son savoir-faire minier.

Quant à l'Afrique du Sud, nouvelle puissance régionale, le Congo incarnait l'étape ultime du grand trek vers le Nord. Dans les cartons des entreprises sud-africaines dormaient par ailleurs des plans de restauration et d'exploitation des capacités de production hydroélectrique du barrage d'Inga, des projets de remise en état du chemin de fer reliant le Katanga aux grands ports sud-africains.

Colette BRAECKMAN46(*) fait remarquer que, lors de la première guerre du Congo, l'idée d'une mise sous tutelle d'un pays fragmenté, composé de quatre parties distinctes, plus ou moins supervisées par leurs voisins respectifs, avait fait chemin. Ce projet de répartition déguisée, porté par des intervenants africains, était appuyé par certaines multinationales occidentales, qui estimaient sans doute que l'accès aux ressources du pays serait, dans ces conditions, rendu plus facile au dépens des Etats de la région, utilisés comme plate-forme et dotés de bons systèmes de communication et de transfert.

Désireux de rétablir son pays dans sa souveraineté, Kabila entendait secouer au plus tôt la tutelle de ses alliés, refuser le contrôle à distance, conjuguer le risque de partition.

En 1998, Laurent Désiré KABILA rompt avec ses anciens alliés qui interviennent militairement en RDC et soutiennent la formation des rebellions congolaises. Parallèlement, le Zimbabwe, l'Angola, le Tchad et la Namibie soutiennent militairement Kinshasa47(*).

Ces interventions se traduisent par une occupation de fait de plus de la moitié du territoire congolais. Le gel des positions amène les belligérants à constater l'impossibilité d'une victoire militaire et des négociations, formalisées par l'accord de paix de Sun City en avril 2002, mettent fin aux combats. Les accords de paix entre la RDC et le Rwanda (juillet 2002) puis la RDC et l'Ouganda (septembre 2002) permettent alors le départ des troupes étrangères stationnées sur le territoire congolais.

Depuis le règne de Joseph KABILA , l'on constate l'instauration d'une dynamique nouvelle de dialogue et de coopération entre les Etats de la région, marquée notamment par la signature du pacte pour la paix, la sécurité et le développement dans la région des grands lacs en décembre 2006 à Nairobi et l'émergence des nouvelles enceintes de coopération régionale (Commission tripartite plus CEPGL). La réouverture des ambassades entre la RDC et ses voisins est également observée ces dernières années.

La conférence internationale sur la région des grands lacs se présente ainsi comme une opportunité de renaissance de la région fondée désormais sur ce pacte qui est assorti des protocoles, et des mécanismes de coopération et d'intégration régionale.

CHAPITRE III. LA POSITION DE LA RDC DANS LA REGION DES

GRANDS LACS

Dans cette partie, nous présentons la RDC avant d'aborder la question liée à sa position géostratégique dans la région et analyser les défis à relever par la RDC pour jouer pleinement son rôle.

III.1. PRESENTATION DE LA RDC

La RDC a une superficie de 2.345.000 Km2 et représente plus de quadruple de celle de la France, environ 80 fois celle de la Belgique, l'ancienne puissance coloniale. Elle est aussi le plus grand Etat de la région avec étendue aussi considérable48(*). La RDC présente plusieurs ressources aussi bien minières, forestières, agricoles, aquatiques qu'énergétiques. Elle comprend également une diversité culturelle exceptionnelle.

Qualifiée de « scandale géologique » au début du 20ème siècle par un géologue belge, Jules CORNET, la RDC est un pays nanti des ressources minières, dans la quasi-totalité de ses provinces49(*). Parmi les plus connues, il y a lieu de citer le cuivre, le cobalt, l'or, le diamant, le manganèse, l'étain, le platine, le zinc, la cassitérite, le coltan, le fer, le nickel, etc.

Aux ressources minières s'ajoutent les ressources agricoles, aquatiques, forestières et énergétiques dont il n'existe pas encore un inventaire exhaustif, même s'il est de bon d'afficher quelques produits phares, liés à l'exploitation, figurant parfois dans les statistiques.

Par ailleurs, la RDC dispose de plus de 120 millions d'hectares de terres arables, propices à l'activité agricole durant toute l'année et de plus de quatre millions de terres irrigables, à ce jour inexploités.

La diversité climatique est couplée avec un immense réseau hydrographique articulé autour du fleuve Congo, de ses affluents et des lacs, permettant dans l'absolu, 3 à 4 récoltes par an des cultures vivrières. Le potentiel de pèche dans les eaux intérieures est estimé à plus d'un milieu de tonnes par an. Ses vastes plateaux, montagnes et plaines de l'Est, constituant un environnement propice à l'élevage.

Les potentialités énergétiques et hydrauliques sont énormes et encore inexploitées. Grâce au fleuve Congo dont le débit est de 40.000 m3 par seconde (soit 2ème fleuve du monde après l'Amazone), la RDC dispose du barrage d'Inga dont la capacité globale est de 44.000 Mw, soit une puissance susceptible d'alimenter en électricité toute l'Afrique et au-delà. Cependant laissé à l'abandon et en piteux état, le barrage d'Inga n'est que l'ombre de son gigantisme.

Somme toute, la RDC plongée dans le chaos depuis 1960 cause de la myopie politique de ses dirigeants et des interventions étrangères, toutes ces richesses sont virtuelles. D'où la désespérance des congolais qui, las des promesses fallacieuses, considèrent que ces ressources sont devenues un boulet qu'ils traînent au fil du temps, c'est-à-dire sources de tous les malheurs qui accablent le pays depuis l'indépendance.

En effet, ignorant l'intérêt général et le bien public, les dirigeants congolais et les élites à leur dévotion pillent, avec complicité de leurs alliés étrangers (Etats, multinationales, mafias, seigneurs de guerre, trafiquants de tout acabit), chaque jour la RDC, au point de plonger ses populations dans un cycle de paupérisation sans précédent.

La RDC n'est pas seulement un scandale géologique, elle est également un « scandale de diversité ethnique, culturelle, identitaire et biologique ». Cette diversité est la première richesse de la RDC dont il est urgent d'assurer la défense et de promouvoir les intérêts au nom du principe de l'unité dans la diversité50(*).

Il s'agit d'un pari sur le futur, pour inventer la République « cosmopolite » que nous appelons de nos voeux, sous forme e l'Etat multinational.

III.2. LA POSITION GEOSTRATEGIQUE DE LA RDC DANS LA REGION

Outre ses ressources agricoles, minières, forestières, aquatiques, etc., c'est la position géostratégique de la RDC au centre de l'Afrique qui amplifie plus son attractivité au monde que bien d'autres pays de la région tel que le Soudan. Avec ses 2.345.000 Km2, la RDC a les allures d'un sous-continent. Telle une plaque tournante, elle partage sa frontière avec neuf pays, à savoir la République du Congo, l'Angola, la Zambie, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, le Soudan, la République centrafricaine. Pôle structurant, elle appartient à quatre polarités ou sphères d'influence différentes : l'Afrique centrale, la région des grands lacs, l'Afrique australe et le golfe de guinée. De ce fait, la RDC est la jonction de l'Afrique minière (du cap à Libreville) ; de l'Afrique pétrolière (de Luanda à Lagos) ; de l'Afrique forestière, centre du bassin du Congo, elle couvre 45% de l'Afrique de savane dite agricole et pastorale (de Dar-es-Salam à Asmara)51(*).

Stratégique de par sa position géographique, la RDC l'est aussi par l'abondance et la variété de ses richesses naturelles. Elle recèle non seulement la moitié des réserves mondiales de cobalt, métal hautement prisé dans l'aéronautique, mais s'impose comme l'un des quatre principaux producteurs de diamant brut avec le Botswana, l'Australie et la Russie.

C'est la mine de Shinkolobwe au Katanga que provient l'uranium qui servit à la fabrication des bombes atomiques de Nagasaki et d'Hiroshima. A ces atouts s'ajoutent la fertilité de ses sols abondamment arrosés et la détention du pactole de l'eau, de ses fleuves convoitée du Nord au Sud du continent avec comme corollaire la possession d'un potentiel hydroélectrique considérable.

Cet Etat affaibli qui est devenu le Congo occupe cependant une position géostratégique clé au centre de l'Afrique. Non sans raison, l'écrivain Frantz FANON avait présenté ce pays comme la gâchette du continent. De la stabilité du Congo dépend celle de neuf pays voisins, parmi lesquels deux producteurs importants d'hydrocarbures : le Congo-Brazzaville et surtout l'Angola.

Riche et faiblement peuplée par rapport à ses trois voisins des grands lacs (Rwanda, Burundi et Ouganda), la RDC attire, depuis l'indépendance, des migrations en provenance de ces pays surpeuplés, où l'accès à la terre est un problème majeur.

Pour l'Afrique australe qui souffre de sécheresses chroniques et d'un déficit énergétique, les ressources en eau et le potentiel de houille blanche que recèle le Congo représentent également un enjeu majeur. Pour la plupart de ses voisins, les richesses du Congo ont largement contribué à motiver leur engagement militaire durant les deux conflits qui ont endeuillé le pays (1996-1997 et 1998-2003).

La taille du pays et sa localisation centrale sur le continent africain explique également la raison pour laquelle la RDC est considérée comme un acteur clé de l'intégration politique et économique africaine même s'il est encore loin d'être en mesure de jouer pleinement son rôle.

Depuis 1976, la RDC est en effet membre, avec deux de ses voisins de l'Est, le Rwanda et le Buruni, de la communauté économique des pays des grands Lacs (CEPGL), dont il héberge le siège de la Banque à Goma. Depuis la fin, en 2003, du conflit qui les a opposés, les trois pays tendent de relancer la coopération régionale.

La RDC est aussi fondatrice d'une organisation régionale, plus vaste, créée en 1983 : la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) qui, outre ces trois Etats, regroupe l'Angola, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée-Equatoriale ainsi que le Sao Tomé e Principe.

En septembre 1997, elle adhère à la communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la coopération recouvre, outre les aspects économiques (énergies, commerce, transports, eau) des aspects politiques et sécuritaires. Cet espace comprend, outre la RDC, l'Angola, l'Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, l'île Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Zimbabwe. L'adhésion de la RDC à la SADC se justifie également par le fait qu'en raison de détérioration progressive de la voie nationale, la plus grosse partie des exportations minières provenant du Katanga est évacuée par chemin de fer vers les ports sud-africains de Durban et port-Elisabeth, voire par celui de Beira au Mozambique.

Le Congo, en raison de ses ressources en eau et en électricité, est un partenaire important de la stratégie des organisations sectorielles créées par la SADC tels que le Southern African Power Pool (SAPP) ou le Southern African Transport Communications Committee (SATCC).

La RDC, sous la présidence de Laurent Désiré KABILA, a accueilli le 29 juin 1998 la troisième conférence, une conférence à caractère essentiellement commercial du marché commun de l'Afrique australe et orientale (COMESA). Il regroupe une partie des Etats membres de la SADC (Angola, RDC, Malawi, Maurice, Namibie, Swaziland, Zambie et Zimbabwe) ainsi que Djibouti, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Ouganda, Rwanda, Seychelles et Soudan, soit 18 pays au total52(*).

III.3. LE DEFI A RELEVER PAR LA RDC DANS LA REGION

III.3.1. Les défis

L'un des défis majeurs auxquels la RDC fait face dans la région est l'absence d'une puissance douce (soft power) tel qu'envisagée par Joseph NYE devant l'aider à résoudre les problèmes du sous-développement et à jouer pleinement et efficacement son rôle dans la région.

Joseph NYE formalise le concept de « soft power » qu'il oppose au « hard power » traditionnelle, constitué par l'usage des moyens classiques de coercition. Il s'attache ainsi à démontrer que l'exercice de la puissance brute (encore appelée Hard power) se révèle dorénavant beaucoup plus couteux que l'exercice du « soft power » par lequel une nation parvient à faire partager ses options à travers l'acceptation d'un ensemble de valeurs allant de l'attirance culturelle à l'idéologie53(*).

C'est ce qu'il appelle le principe de cooptions défini comme la capacité pour une nation de se montrer capable de structurer une situation de telle sorte que les autres pays fassent des choix ou définissent des intérêts qui s'accordent avec les siens propres. Ce thème amène Joseph NYE à considérer que la culture et l'idéologie d'un Etat dominant sont attirantes, les autres nations adoptent volontiers. L'universalité de la culture d'un pays et sa capacité de fixer un ensemble de règles et d'institutions qui lui sont favorables représentent d'importantes sources de puissance.

L'absence d'une puissance régionale dont devait disposer la RDC réduit ainsi son influence et son rôle de pôle de développement dans la région. La puissance douce pourra permettre à la RDC de bien contrôler l'espace régional et de maintenir les enjeux régionaux dans une perspective de développement.

En effet, s'arrêter seulement sur l'une de neuf frontières internationales parait non seulement réducteur mais aussi biaisé. Les ressources minières de la RDC font désormais l'objet de préoccupations diplomatiques dans nombre de ses relations bilatérales avec des pays voisins à l'Est et à l'Ouest de la République.

Et si chacune de ses neufs frontières constitue un espace transfrontalier, la question de la gestion des ressources minières dans les espaces transfrontaliers de la RDC devrait bénéficier d'une approche globale.

Pour le cas de ses frontières internationales orientales, la RDC a désormais des problèmes avec le Rwanda avec lequel elle partage les ressources énergétiques dont le gaz méthane du lac Kivu et l'Ouganda avec lequel la RDC partage une nappe commune du pétrole du lac Albert.

En outre, il y a la Tanzanie avec laquelle la RDC partage le port de Kigoma dans l'océan indien qui ouvre la RDC au Moyen-Orient et en Asie du Sud-est ainsi que les eaux et les ressources du lac Tanganyika sans taire les eaux du Nil avec le Soudan et les autres pays littéraux. A l'ouest par l'océan atlantique, la RDC partage avec l'Angola le pétrole et les autres ressources halieutiques auxquelles il faut ajouter le diamant. Ce dernier est à la base des disputes actuellement autour de la localité frontalière de Kahemba.

Avec le Congo-Brazzaville, l'île de Mbulambemba fait problème entre les deux Etats. L'intérêt de cette présentation est à rechercher dans le lien qu'il convient d'établir entre le contexte de guerre de la région des grands lacs en RDC et l'exploitation de toutes les ressources. Par ailleurs, il apparaît clairement qu'à cet égard les espaces frontaliers de la RDC avec ses multiples voisins sont constitués par les lacs, les fleuves et les océans, et que là où l'exploitation minière ferait l'objet des projets communautaires, l'enjeu devient la contestation des frontières.

C'est le cas pour les mines de diamant avec l'Angola, de mines d'or avec l'Ouganda et de mines de cassitérite, de coltan et de l'or avec le Rwanda à l'intérieur des frontières de la RDC dans l'espace désormais transfrontalier du déroulement de la guerre de grands lacs et des autres guerres du Kivu, mais aussi de la présence des forces négatives rwandaises, occupants illégaux et criminels de triste mémoire54(*).

Ainsi, l'intégration régionale dans le contexte de la mondialisation demeure une voie de reconfiguration de l'Etat là où les contraintes externes entravent son affirmation et sa présentation à la puissance. Certes, l'intégration économique et ses doctrines fonctionnalistes ou néo-fonctionnalistes est avant tout une théorie politique et non une théorie économique et sa mise en oeuvre passe par l'organisation avant tout de la coopération en vue des interdépendances d'une ou des relations commerciales55(*).

L'adoption d'une nouvelle vision stratégique est un atout pour la RDC afin de travailler ou refaire le retard pris par rapport au temps régional et mondial.

Naturellement, le développement régional réel passe par la mise en place des structures efficientes, à savoir :

Ø La restructuration organique en réorganisant la structure des affaires étrangères ; c'est l'exemple de l'institutionnalisation d'un ministère de l'intégration régionale, la création du vice-ministre des congolais à l'étranger, la mise sur pied de l'académie diplomatique ;

Ø La redéfinition de la relation avec les partenaires, l'ouverture aux investisseurs étrangers, la normalisation des relations avec les pays limitrophes, la présence aux fora internationaux.

Contrairement à l'époque de la deuxième République où les objectifs de la politique extérieure de la RDC étaient clairs et définis sur base d'un environnement stable, ces objectifs sont actuellement flous car l'environnement géopolitique de la RDC est incertain et les ressources allouées à la défense du pays du pays sont moins importantes. La seule certitude pour la RDC reste sa position comme grand pôle de développement situé au centre de l'Afrique56(*).

Dans cette perspective, l'enjeu principal de notre diplomatie est avant tout économique et incline à ce que nous subissions la région mais par contre que nous puissions conquérir la région en douceur au moyen de « smart diplomacy » (la diplomatie intelligente). La réforme de la politique étrangère de la RDC s'impose par le devoir national de prendre en compte le nouvel environnement régional, qui a additionné aux contours et défi du nouveau contexte, oblige la RDC à définir et à se déterminer par rapport à cette nouvelle histoire et géopolitique régionale.

La problématique de la gestion coopérative des ressources transfrontalières en Afrique des grands lacs ne laisse pas de côté l'intention d'une nouvelle économie politique. Elle pose ainsi en raison du besoin général de reconfiguration de l'Etat dans le nouveau contexte de l'économie mondiale. Naturellement dans le cadre de la CEPGL, il existe des projets communautaires comme la SINELAC principalement pour la RDC, le Burundi et le Rwanda. Mais le fait de travailler sur le projet commun n'empêche pas aux Etats de soutenir les rebelles et autres gangsters dans la région.

Avec l'Angola, la RDC avait établi de zones d'exploitation commune du pétrole alors que n'étaient pas encore tracées ses frontières maritimes. Cela n'aura pas suffi à faciliter les travaux de délimitation du plateau continental et aussi des frontières maritimes de la RDC57(*).

Le pacte de Nairobi conclu dans le cadre de la CIRGL sous l'égide de l'ONU par les 11 Etats de grands lacs africains et du champ et qui crée une zone commune de paix et de développement autour des projets intégrateurs n'aboutit pas à l'émergence d'une économie régionale. Le constat est que l'abondance et l'immensité des ressources naturelles ne créent pas les conditions de l'intégration économique régionale mais plutôt la rationalisation des politiques économiques des Etats à vocation de constituer et de servir des marchés régionaux. Tout est fonction de la création d'une division régionale du travail tenant compte de la spécialisation des économies de l'espace capable d'engendrer un commerce interrégional. Il y a également la stratégie de la sécurité économique collective régionale face à la concurrence ou à la compétition mondiale des entreprises multinationales. La recherche de la puissance demeure ainsi cruciale pour déterminer l'influence de la RDC en matière de politique économique à l'échelle régionale et neutraliser tous les acteurs ou circonstances défavorables au développement régional.

NGOIE TSHIBAMBE58(*) pense qu'il est important pour imprimer une orientation à sa politique étrangère. Dans son schéma qui découpe l'Afrique en trois cercles concentriques, il dégage que chaque entité a des priorités spécifiques et cela exige un pouvoir de coopération ou de séduction (soft power) capable de restructurer la région. La zone concentrique A qui est une zone de haute sensibilité stratégique est celle qui regroupe les Etats frontaliers de la RDC. Celle-ci présente des priorités économiques et sécuritaires. Cependant, dans ces seconde et troisième zones, les priorités seront d'ordre économique. La promotion de la coopération bilatérale et multilatérale entre la RDC et ses partenaires extérieurs est un objectif prioritaire. Au-delà des priorités d'ordre économique, la RDC ne peut pas se passer de jouer un rôle politique en Afrique. La recherche d'exercer un contrôle calculé sur d'autres Etats africains devient une priorité car l'influence politique implique une nécessité pour ce pays de soigner son image et d'avoir une politique active dans des organisations internationales. La coopération bilatérale permet de relancer les échanges frontaliers après rupture avec les voisins.

De nos jours, les zones frontalières du Congo avec les Etats limitrophes sont l'objet d'intenses échanges transfrontaliers qui s'effectuent sous le régime de commerce informel. Des commissions mixtes avec chacun des pays limitrophes sont importantes pour le règlement, la facilitation et l'encadrement des échanges sur le plan économique. La maitrise des interactions économiques permet d'éviter que le territoire d'un Etat limitrophe qu'offre comme un sanctuaire aux opposants pour déstabiliser d'autres Etats. D'où, l'intérêt des accords en matière de sécurité. Les potentialités économiques et la dimension géographique de la RDC prédestinent ce pays à devenir un Etat leader. Cela suppose, pour la RDC, des reformes aussi de l'administration (gouvernance) que du secteur de la sécurité.

a) Reforme de la gouvernance

Par reforme de la gouvernance, il faut entendre une administration qui passe par des paperasses au réalisme, une administration qui met au plus au point l'intérêt général et qui ne tolère pas le détournement. La démocratie et le respect des droits humains ne sont que des principes à respecter.

En effet, les causes internes des conflits en RDC ont été identifiées59(*). Il s'agit de la faiblesse de l'Etat, de la crise de légitimité du pouvoir politique, de l'absence de la démocratie participative et de l'Etat de droit, bref de la mauvaise gouvernance. Cependant, la décentralisation est perçue comme la reforme majeure destinée à refonder l'Etat autour de la quête de la construction de la puissance nationale en vertu des agressions armées subies et dans le but de renforcer l'intégrité territoriale par le renforcement et la surveillance des frontières.

La décentralisation permet également de mieux assumer la géographie, de crédibiliser la démarche diplomatique et de justifier les options économiques et sécuritaires dans une région rivale et compétitive où toutes les politiques des Etats obéissent au triple impératif du destin géographique, de l'obligation identitaire et de la guerre des ressources naturelles.

b) La reforme du secteur de la sécurité

Le processus d'interaction consiste à l'identification, la sélection, le brassage et le recyclage des éléments éligibles dans le cadre de la mise sur pied d'une nouvelle armée nationale pouvant faciliter la création des conditions de sécurité indispensables.

La structure militaire d'intégration (SMI) créée par le décret n°04/014 du 26 janvier 2004 et rendue opérationnelle en 2004 par le décret n°4/039 du 13 mai 2004 fut instauré pour la reforme de l'armée. Dans cette optique, le lancement de la reforme a connu une année de retard à ses débuts et celui-ci s'est répercuté sur la suite des activités. La SMI collaborait avec le Ministère de la défense et la commission nationale du désarmement, de la mobilisation et de la réinsertion (CONADER)60(*).

L'observation de l'état de lieu de la reforme du secteur de sécurité en RDC met en évidence des progrès accomplis mais aussi à relever. Parmi ces derniers, quatre méritent une attention particulière dans la perspective de garantie démocratique : la nécessité d'accélérer le processus de brassage, et de mettre fin aux structures de commandement parallèles, l'amélioration des conditions de vie et de travail des soldats, le renforcement de la cohérence et de la coordination des appuis extérieurs, adopter une approche globale du secteur de la sécurité.

La stratégie militaire est l'un des facteurs de la puissance d'un Etat pour permettre la survie du principe de coexistence pacifique entre les Etats dans cette catégorie où figurent les Etats qui sont en mesure de jouer un rôle régional et sous-régional, c'est-à-dire d'intervenir dans toutes les parties de la région ou de la sous-région selon le cadre de besoin. Il peut s'agir d'interventions militaires, mais aussi bien d'interventions politiques ou diplomatiques, économiques ou idéologiques. La sécurité implique ainsi l'armée, la police, la justice, le renseignement et les maisons carcérales (prisons). En RDC, ces secteurs sont en état de précarité et méritent ainsi d'être reformés pour mieux permettre à l'Etat de relever et devenir un Etat de droit.

CONCLUSION

Notre étude a porté sur « le rôle et la place de la position géostratégique de la RDC dans le développement de l'Afrique des grands lacs ». Il a été question d'étudier l'importance de la RDC du fait qu'elle a des atouts naturels susceptibles de lui permettre de contribuer efficacement au développement de la région. Notre souci était de savoir pourquoi la RDC est considérée comme un pôle susceptible de promouvoir le développement dans la région des grands lacs. Certainement, nous voulions comprendre de quelle manière ce pays peut réellement jouer son rôle dans la région des grands lacs.

Nous avons utilisé la méthode géopolitique pour atteindre nos objectifs. La technique documentaire et la technique d'entretien nous ont permis de récolter les données. Ainsi, pour analyser les données, nous avons utilisé la technique d'analyse du contenu.

A l'issue de l'interprétation des données, nous avons retenu que la RDC est un pôle important pour le développement dans la région des grands lacs. Ses potentialités sont notamment sa situation géographique au centre de l'Afrique, la diversité des ressources naturelles, énergétiques, culturelles, aquatiques et agricoles.

Cependant, nous avons remarqué que tous ces atouts ne sont que virtuels ou non exploités et par conséquent, la RDC ne joue pas réellement son rôle de pôle de développement.

Dès lors, la recherche d'une puissance douce, de séduction ou de coopération (soft power) est capitale pour permettre à la RDC de jouer effectivement son rôle dans la région. Toutefois, cette puissance suppose la refondation de l'Etat à travers une bonne gouvernance et la reforme du secteur de la sécurité pour assurer la paix et la sécurité, gage du développement régional. La mise en place des structures efficaces prenant en compte la restructuration organique, la structure des affaires étrangères et la redéfinition de la relation avec les partenaires, l'ouverture aux investisseurs étrangers, la normalisation des relations avec les pays limitrophes et la présence aux fora internationaux sont des enjeux très importants dans cette dynamique.

Eu égard à ce qui précède, nous constatons que nos hypothèses sont vérifiées. Toutefois, nous n'avons pas exploité la problématique de la pauvreté dans la région des grands lacs. Nous invitons ainsi d'autres chercheurs à se pencher sur cette question pour nous compléter.

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

1. ALBERTINI J., Les mécanismes du sous-développement, initiation économique, Paris, éditions ouvrières, 1967.

2. Cabinet du président de la République (S/dir.), La RDC à l'heure de la reconstruction, Kinshasa, 2007.

3. CHIRISHUNGU CHIZA D., Organisation politico-administrative et développement : cas de la République du Zaïre, éditions Bushiru, Kinshasa, 1993.

4. CROSS M. F. et MISSER F., Géopolitique du Congo (RDC), Bruxelles, éditions Complexe, 2006.

5. DEPELTEAU F., La démarche d'une recherche en sciences humaines : de la question de départ à la communication des résultats, Québec, De Boeck, 2000.

6. FERROL G. et alii, Dictionnaire de sociologie, Paris, 3ème édition, Arman Colin, 2002.

7. GRAWITZ M ; Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001.

8. LACOSTE Y. (S/dir.), Dictionnaire de géopolitique, Paris, Flammarion, 1993.

9. LINDERT P. et KINDLEBERGER C., Economie internationale, Paris, 7ème édition, Economica, 1983.

10. LUKUNDA VAKALA, La conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des grands lacs : coquille vide ou nécessité impérieuse pour le redécollage de la RDC, Kinshasa, éditions CEDS, 2004.

11. LUNANGA BUSANYA J., Géopolitique et conflits identitaires en RDC, Kinshasa, éditions Compodor, 2009.

12. MWAYILA TSHIYEMBE, Etat multinational et de démocratie africaine. Sociologie de la renaissance politique, Paris, L'Harmattan, 2001.

13. NGOIE TSHIBAMBE G., La RDC dans les relations interafricaines. La trajectoire d'une impossible quête de puissance, Lubumbashi, éditions Laboratoire des Sciences Sociales Appliquées, 200

14. NGONGO DISASHI, La recherche scientifique en éducation, Academica-Louvain, s.a.

15. NORRO M., Le rôle du temps dans l'intégration économique, Louvain, Nauwelaerts, 1962.

16. PINTO R. et GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, tome 1, 1964.

17. QUIVY R. et CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 1988.

18. REMACLE E. et ROSOUX V. (S/dir.), L'Afrique des grands lacs. Des conflits à la paix, Bruxelles, PIE Peler Lang, 2007.

19. RFI, Afrique des grands lacs. Comprendre la crise, Paris, éditions IPP, 2003.

20. ROCHE J.J., Théories des relations internationales, Paris, Montchrestien, 6ème édition, 2006.

21. SHYAKA A. et RUTEMBESA (S/dir.), Afrique des grands lacs : sécurité et paix durable, Butare, éditions UNR, 2004.

22. SMOUTS M. et alii, Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2006.

II. TRAVAUX SCIENTIFIQUES

II.1. MEMOIRES ET TRAVAIL DE FIN DE CYCLE

1. BALAGIZI BYAMUNGU S., Nouvelles dimensions de sécurité collective dans les grands lacs, Mémoire en RI, Inédit, UOB, 2009-2010.

2. BYOSHIBINJA CHIBIKWA, Le transculturalisme et les perspectives de paix dans la sous-région des grands, Mémoire en EI, Inédit, UOB, 2009-2010.

3. KARHAGALA MUSHI, Les mécanismes de sécurité collective des nations Unies et les conflits politiques dans la sous-région des grands lacs, Mémoire en RI, Inédit, UOB, 2009-2010.

4. MAKALA KIRHERO F., Les conflits armés et le défi de développement des pays des grands lacs, TFC en RI, Inédit, UOB, 2007-2008.

5. NTUMBA BUKASA E., La RDC et le processus d'intégration des pays des grands lacs comme voie de sortie de la crise sécuritaire régionale, Mémoire de Master en Administration publique, Promotion Willy Brandt, 2007-2009.

II.2. REVUE ET ARTICLE

1) LUKIANA MABONDO M., « Les influences étrangères en Afrique centrale. Un facteur de stabilité régionale et d'une paix durable » in conditions d'une paix durable en Afrique centrale, Faculté de droit, éditions UPC, 2003.

III. ACTES ADMINISTRATIFS

1. CIRGL, Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région des grands lacs, RDC, CNP, 2007.

IV. SITE INTERNET

1. www.dachary.org/geopolitique.htm

TABLE DES MATIERES

Epigraphe.................................................................................................I

In memoriam ......................................................................................................... .....II

Dédicace.............................................................................................. .... III

Remerciements........................................................................................ IV

Sigles et abréviations...............................................................................................VI

INTRODUCTION 1

1. CHOIX ET INTERET DU SUJET 1

2. DELIMITATION DE L'ETUDE 1

3. PROBLEMATIQUE 2

4. HYPOTHESES 4

5. ETAT DE LA QUESTION 5

6. METHODOLOGIE 8

6.1. Méthode 8

6.2. Techniques 8

6.2.1. Techniques de récolte des données 9

6.2.1.1. La technique documentaire 9

6.2.1.2. La technique d'entretien 9

6.2.2. Technique d'analyse des données 9

7. DIFFICULTES RENCONTREES 10

8. SUBDIVISION DU TRAVAIL 10

CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL 11

I.1. DEFINITION DES CONCEPTS 11

I.1.1. Le développement 11

a) Conception courante ou vulgaire 11

b) Conceptions économiques, scientifiques et opératoires du développement 12

c) La thèse des spécificités des modèles et des critères du développement ou conception culturelle 13

I.1.2. Développement durable 14

I.1.3. Intégration 14

a) Intégration comme but 14

b) Intégration comme processus 15

c) L'intégration régionale comme processus 15

d) L'intégration régionale comme moyen de développement 16

I.1.4. Intégration régionale 26

a) L'intégration économique régionale 17

b) L'intégration politico-institutionnelle régionale 17

I.1.5. La géostratégie 18

I.2. CADRE THEORIQUE 19

I.2.1. Les théories de la coopération et de l'intégration 19

a) Le fonctionnalisme 20

b) Le néo-fonctionnalisme 20

c) Le fédéralisme participatif 21

d) L'intergouvernementalisme 22

I.2.2. La théorie de la stabilité hégémonique 23

CHAPITRE II. PRESENTATION DE LA REGION DES GRANDS LACS 25

II.1. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE 25

II.2. CONTEXTE SOCIAL ET ECONOMIQUE 26

II.3. CONTEXTE POLITIQUE 28

CHAPITRE III. LA POSITION DE LA RDC DANS LA REGION DES GRANDS LACS 31

III.1. PRESENTATION DE LA RDC 31

III.2. LA POSITION GEOSTRATEGIQUE DE LA RDC DANS LA REGION 33

III.3. LE DEFI A RELEVER PAR LA RDC DANS LA REGION 35

a) Reforme de la gouvernance 39

b) La reforme du secteur de la sécurité 40

CONCLUSION 42

BIBLIOGRAPHIE 44

TABLE DES MATIERES 47

ANNEXES

* 1 RFI, Afrique des grands lacs. Comprendre la crise, Paris, éditions IPP, 2003, p.92.

* 2 CIRGL, Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région des grands lacs, RDC, CNP, 2007, pp. 3-4.

* 3 F. DEPELTEAU, La démarche d'une recherche en sciences humaines : de la question de départ à la communication des résultats, Québec, De Boeck, 2000.

* 4 A. SHYAKA et RUTEMBESA (S/dir.), Afrique des grands lacs : sécurité et paix durable, Butare, éditions UNR, 2004, p.267-269.

* 5 CIRGL, Op. Cit., p.3.

* 6 QUIVY et L.V., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 1988, p. 104.

* 7 D. BYOSHIBINJA CHIBIKWA, Le transculturalisme et les perspectives de paix dans la sous-région des grands lacs, Mémoire en RI, UOB, 2009-2010, Inédit.

* 8 S. BALAGIZI BYAMUNGU, Nouvelles dimensions de sécurité collective dans les grands lacs, Mémoire, RI, UOB, Inédit, 2009-2010.

* 9 F. KARHAGALA MUSHI, Les mécanismes de sécurité collective des Nations Unies et les conflits politiques dans la sous-région des grands lacs, Mémoire,, RI, UOB, Inédit, 2009-2010, pp.45-60.

* 10 F. MAKALA KIRHERO, Les conflits armés et les défis du développement des pays des grands lacs, TFC, RI, UOB, inédit, 2007-2008.

* 11 R. PINTO et M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Tome I, Paris, Dalloz, 1964, p. 318.

* 12 F. THUAL, Observatoire stratégique, www.dachary.org/geopolitique-htl/, consulté le 23/02/2011 à 11h °°.

* 13 G. FERROR et alii, Dictionnaire de sociologie, 3ème éditions, Armand Colin, Paris, 2002, p.97.

* 14 NGONGO DISASHI, La recherche scientifique en éducation, Academia, Louvain, s .a.

* 15 M. GRAWITZ, Méthode des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, p.644

* 16 F. DEPELTEAU, Démarche d'une recherche en science humaine, De Boeck, Bruxelles, 2000, p.295.

* 17 M. SMOUTS et alii, Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2006.

* 18 D. CHIRISHUNGU CHIZA, Organisation politico-administrative et développement : cas de la République du Zaïre, éditions BUSHIRU, Kinshasa, 1993, p.17.

* 19 J. ALBERTINI, Les mécanismes du sous-développement, initiation économique, éditions Ouvrière, Paris, 1967, p.33.

* 20 Idem, p.37.

* 21 D. CHIRISHUNGU CHIZA, Op. Cit., p.19.

* 22 M. SMOUTS et alii, Op. Cit., pp. 127-128.

* 23 M. NORRO, Le rôle du temps dans l'intégration économique, éditions Nauwelaerts, Louvain, 1962, p.95.

* 24 M. NORRO, Op. Cit., p.95.

* 25 Idem, p.96.

* 26 M. NORRO, Op. Cit., pp.97-99.

* 27 Y. LACOSTE (S/dir.), Dictionnaire de géopolitique, Flammarion, Paris, 1993, p.1679.

* 28 M. SMOUTS et alii, Op. Cit., pp. 293-294.

* 29 P. LINDERT et C. KINDLEBERGER, Economie internationale, Economica, 7ème édition, Paris, 1983, p.649.

* 30 Idem, p. 648.

* 31 P. LINDERT et C. KINDLEBERGER, Op. Cit., p. 649.

* 32 Idem, p.228.

* 33 M. SMOUTS et alii, Op. Cit., p.69.

* 34 Y. LACOSTE (S/dir.), Op. Cit., p.692.

* 35 J. J. ROCHE, Théories des relations internationales, Montchrestien, 6ème édition, Paris, 2006, pp. 95-96.

* 36 Idem, pp. 97-98.

* 37 J. J. ROCHE, Op. Cit., p.99.

* 38 J. J ROCHE, Op. Cit., pp. 99-101.

* 39 M. SMOUTS et alii, Op. Cit., p.

* 40 R. LUKUNDA VAKALA, La conférence Internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des grands lacs : coquille vide ou nécessité impérieuse pour le redécollage de la RDC, Kinshasa,, éditions CEDS, 2004, p.151.

* 41 CIRGL, Op. Cit., p.3.

* 42 A. SHYAKA (S/dir.), La résolution des conflits en Afrique des grands lacs, Butare, UNR, 2004, p.24.

* 43 E. REMACLE et V. ROSOUX (S/dir.), L'Afrique des grands lacs. Des conflits à la paix, Bruxelles, PIE Peler Lang, 2007, p. 25.

* 44 Idem, p. 29.

* 45 J. LUNANGA BUSANYA, Géopolitique et conflits identitaires en RDC, Kinshasa, éditions Compodor, 2009, pp. 28-32.

* 46 C. BRAECKMAN, Les nouveaux prédateurs. Politique de la puissance en Afrique centrale, Paris, Fayard, 2003, pp. 57-59.

* 47 RFI, Op. Cit., pp. 14-15.

* 48 Cabinet du président de la République (S/Dir.), La RDC à l'heure de la reconstruction, Kinshasa, 2007, p.20.

* 49 Idem, pp. 20-30.

* 50 MWAYILA TSHIYEMBE, Etat multinational et de démocratie africaine. Sociologie de la renaissance politique, Paris, L'Harmattan, 2001, p. 38.

* 51 MWAYILA TSHIYEMBE, Op. Cit., p. 40.

* 52 M. F. CROSS et F. MISSER, Géopolitique du Congo (RDC), Bruxelles, éditions Complexe, 2006, pp. 11-14.

* 53 J. J. ROCHE, Op. Cit., pp. 69-72.

* 54 M. F. CROSS et F. MISSER, Op. Cit., p. 8.

* 55 Idem, pp. 14-16.

* 56 E. NTUMBA BUKASA, La RDC et le processus d'intégration des pays des grands lacs comme voie de sortie de la crise sécuritaire régionale, Mémoire de Master en Administration publique, Promotion Willy Brandt,2007-2008,p.45

* 57 M. F. CROSS et F. MISSE, Op. Cit., p. 12.

* 58 G. NGOIE TSHIBAMBE, La RDC dans les relations interafricaines, la trajectoire d'une impossible quête de puissance, Lubumbashi, éditions Laboratoire des Sciences Appliquées, 2005, pp. 230-235.

* 59 Cabinet du président de la République, Op. Cit., pp. 22-24.

* 60 M. LUNANGA MABONDO, « Les influences étrangères en Afrique centrale : un facteur de stabilité régionale et d'une paix durable », in Conditions d'une paix durable en Afrique centrale, Revue de la faculté de droit, CRIP, éditions UPC, 2003, p. 65.






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams