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Le rôle et la place de la position géostratégique de la république démocratique du Congo dans le développement de l'Afrique des grands lacs.

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par Didier UKANE ASSUMANI
Université officielle de Bukavu (UOB) - Relations Internationales 2011
  

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II.3. CONTEXTE POLITIQUE

La région des grands lacs a connu des guerres et crises qui ont comme soubassement l'inégale répartition des ressources naturelles. Les Etats moins riches convoitent les ressources des autres. Ces conflits, à leur tour, ont généré une situation de sous-développement accentuée. Certes, il y a également le problème de la gouvernance et de la distribution du revenu national.

La plupart des pays de la région ont ainsi connu des crises politiques qui ont dégénéré soit en conflits armés, soit en guerre civile de durée inégale, avec comme point de chute des changements violents des régimes politiques. Il s'agit de l'Angola, de la République du Congo, de la RDC, de l'Ouganda, du Rwanda et de la RCA.

Ces crises ont eu comme paroxysme le génocide rwandais et la guerre en la RDC que d'aucuns ont appelé « la première guerre mondiale africaine ». La région des grands lacs, depuis plus de 15 ans, est un foyer de tensions déstabilisatrices pour l'ensemble de l'Afrique centrale. Elle a été le théâtre d'un des conflits armés les plus meurtriers depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La région connaît une sortie de crise progressive, mais des fragilités demeurent. La crise a eu des effets déstabilisateurs sur l'ensemble de l'Afrique centrale entre 1993-2002.

La crise commence au début des années 90 avec la guerre civile au Burundi (octobre 1993) et le génocide rwandais (avril-juillet 1994). Elle se nourrit de tensions politiques et ethniques internes aux différents pays de la région. Ses répercussions atteignent l'Est de la RDC, qui devient l'épicentre du conflit, lorsqu'en 1997, les troupes de Laurent DESIRE KABILA renversent le général Mobutu avec le soutien de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi. Se noue autour de la RDC un complexe jeu d'alliances impliquant jusqu'à neuf pays de la région. Dans cette optique, la première guerre du Congo, de 1996 à 1997, au-delà des raisons évoquées (le démantèlement des camps des refugiés, la protection des minorités rwandaises), peut être interprété comme la mise en oeuvre d'un ambitieux projet régional, sinon comme une tentative pour redessiner la carte de l'Afrique. Colette BRAECKMAN écrit à ce sujet que Kigali, à cette époque, ne faisait pas mystère de son ambition : transformer le Kivu en zone tampon afin de sécuriser sa frontière, en zone de peuples pour ses nationaux vivant à l'étroit dans un pays où la densité démographique est l'une des plus élevées au monde, dépassant quelque fois les 300 habitants au Km2, mais aussi en zone d'exploitation économique. Quant à l'Ouganda, qui invoquait la présence dans le nord-est du Congo de rebelles menaçant la stabilité des régions frontalières, il nourrissait également des ambitions économiques régionales.

Après le déclenchement des opérations, à l'initiative, donc, du Rwanda et de l'Ouganda, d'autres pays africains s'engouffrèrent dans la brèche : l'Angola, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud, chacun doté d'un agenda particulier.

Si Luanda privilégiait la neutralisation des forces de Jonas SAVIMBI, et cherchait à mettre un terme au trafic de diamants organisé dans les régions limitrophes au bénéfice du chef rebelle, pour le Zimbabwe, le Congo représentait un investissement à long terme, un débouché pour ses industries de défense ou manufacturières et pour son savoir-faire minier.

Quant à l'Afrique du Sud, nouvelle puissance régionale, le Congo incarnait l'étape ultime du grand trek vers le Nord. Dans les cartons des entreprises sud-africaines dormaient par ailleurs des plans de restauration et d'exploitation des capacités de production hydroélectrique du barrage d'Inga, des projets de remise en état du chemin de fer reliant le Katanga aux grands ports sud-africains.

Colette BRAECKMAN46(*) fait remarquer que, lors de la première guerre du Congo, l'idée d'une mise sous tutelle d'un pays fragmenté, composé de quatre parties distinctes, plus ou moins supervisées par leurs voisins respectifs, avait fait chemin. Ce projet de répartition déguisée, porté par des intervenants africains, était appuyé par certaines multinationales occidentales, qui estimaient sans doute que l'accès aux ressources du pays serait, dans ces conditions, rendu plus facile au dépens des Etats de la région, utilisés comme plate-forme et dotés de bons systèmes de communication et de transfert.

Désireux de rétablir son pays dans sa souveraineté, Kabila entendait secouer au plus tôt la tutelle de ses alliés, refuser le contrôle à distance, conjuguer le risque de partition.

En 1998, Laurent Désiré KABILA rompt avec ses anciens alliés qui interviennent militairement en RDC et soutiennent la formation des rebellions congolaises. Parallèlement, le Zimbabwe, l'Angola, le Tchad et la Namibie soutiennent militairement Kinshasa47(*).

Ces interventions se traduisent par une occupation de fait de plus de la moitié du territoire congolais. Le gel des positions amène les belligérants à constater l'impossibilité d'une victoire militaire et des négociations, formalisées par l'accord de paix de Sun City en avril 2002, mettent fin aux combats. Les accords de paix entre la RDC et le Rwanda (juillet 2002) puis la RDC et l'Ouganda (septembre 2002) permettent alors le départ des troupes étrangères stationnées sur le territoire congolais.

Depuis le règne de Joseph KABILA , l'on constate l'instauration d'une dynamique nouvelle de dialogue et de coopération entre les Etats de la région, marquée notamment par la signature du pacte pour la paix, la sécurité et le développement dans la région des grands lacs en décembre 2006 à Nairobi et l'émergence des nouvelles enceintes de coopération régionale (Commission tripartite plus CEPGL). La réouverture des ambassades entre la RDC et ses voisins est également observée ces dernières années.

La conférence internationale sur la région des grands lacs se présente ainsi comme une opportunité de renaissance de la région fondée désormais sur ce pacte qui est assorti des protocoles, et des mécanismes de coopération et d'intégration régionale.

* 46 C. BRAECKMAN, Les nouveaux prédateurs. Politique de la puissance en Afrique centrale, Paris, Fayard, 2003, pp. 57-59.

* 47 RFI, Op. Cit., pp. 14-15.

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