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La fintech : rôle et place de la finance numérique dans le capitalisme de demain.

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par Kirolos Zakher
Université Paris-Dauphine - Master Finance 2016
  

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Une nécessaire symbiose banques-FinTech ?

La grande question qui se pose en ce moment pour les professionnels de la finance est de savoir s'ils doivent ignorer, acquérir, mettre en place un partenariat ou concurrencer les nouveaux entrants technologiques, et plus particulièrement la FinTech. D'après l'étude menée par The Economist Intelligence Unit, plus de 25 milliards de dollars ont été investis dans la FinTech durant les 5 dernières années et actuellement environ 4000 entreprises concurrencent les banques dans chacun de leurs produits ou services. Comme l'a dit Jamie Dimon, PDG de J.P Morgan à ses actionnaires à propos des FinTech : "They all want to eat our lunch. Every single one of them is going to try". L'étude menée par The Economist permet de mettre en perspective ce que pense chaque acteur à propos de l'impact potentiel de la FinTech, les forces et les faiblesses de ces dernières.

Les FinTech vues par les banques

D'après un sondage réalisé auprès d'une centaine de Senior Bankers et de managers dans la FinTech, les banquiers reconnaissent que la FinTech aura un impact non négligeable sur le paysage des services bancaires futurs. Plus encore, le tiers des personnes interrogées considèrent que la FinTech aura une part de marché égale voire supérieure à celle détenue par les banques dans le futur. (Voir Figure 9).

Cependant, bien que les banques soient toutes concernées par ce défi, elles ne semblent pas en mesure de le relever. En effet, une majorité de banquiers (54%) estiment que les banques vont ignorer le challenge induit par la FinTech ou ne

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prendront pas d'initiatives concrètes (Figure 10). Le pourcentage est encore plus élevé parmi les managers de FinTech (59%).

Figure 9 : Les challenges de la FinTech vue par les banques

Figure 10 : La réponse des banques face au challenge de la FinTech

Mais alors, qu'est ce qui retient les banques de prendre de réelles initiatives contre la FinTech ? Quels sont les facteurs qui les en empêchent ? Selon elles, les principales barrières sont : la manque de vision stratégique dans le digital, une culture inadaptée à un rapide changement et une incapacité à attirer des talents technologiques. En effet, selon un banquier c'est un cercle vicieux puisque sans talent, elle ne deviendra pas agile. La banque est culturellement averse au risque et n'attire

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donc pas les réels talents d'aujourd'hui. Un autre facteur important est le manque de flexibilité de la part des banques de par notamment la lourde réglementation qui pèse sur le secteur, et les systèmes complexes sur lesquels les banques se basent. La régulation est une épée à double tranchant. En effet, 56% des banquiers interrogés pensent que la régulation protège l'activité traditionnelle des banques mais 62% admettent également que la réglementation va limiter le champ d'action des banques contre la FinTech. (Voir Figure 11).

Cependant, les banques ne doivent pas être sous estimés puisqu'elles possèdent également plusieurs forces dans leur lutte contre la FinTech. En effet, la plus grande force des banques est leur réputation, la confiance et la stabilité qu'elles véhiculent auprès des consommateurs. Pour preuve, aucune banque de détail n'a fait faillite suite à la crise de 2008. De plus, les banques détiennent une base de données conséquente sur les clients et déjà existante. Plus encore, les banques ont une longue et dure expérience dans le domaine de la gestion des risques et du respect des normes. Elles ont par conséquent une attitude plus prudente et sont vues donc comme des institutions sures. Enfin, Les banques disposent d'un capital important leur permettant de faire des acquisitions ou de lancer de la R&D. (Voir Figure 12).

Figure 11 : Faiblesses des banques face au challenge de la FinTech

Figure 12 : Forces des banques face au challenge de la FinTech

Les FinTech vues par les FinTech

Le plus surprenant dans ce sondage c'est qu'il ressort que les FinTech semblent considérer plus les banques que les banques ne se considèrent elles-mêmes. Le sondage a été effectué auprès de managers de FinTech et ils sont deux fois plus nombreux à penser que les banques continueront à dominer le marché dans le futur (46% contre 20%). Les FinTech envisagent plus une coopération et une mise en commun des compétences des banques et des FinTech. (Voir Figure 13).

Pour le moment, l'avantage des FinTech est qu'elles ne sont pas soumises à une forte pression réglementaire comme c'est le cas des banques, mais cet avantage n'est que temporaire. Conscientes de cet enjeu, elles savent que pour pouvoir concurrencer les banques elles vont devoir déployer d'importants moyens en gestion du risque et en

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conformité. Récemment, Renaud Laplanche, fondateur et dirigeant de Lending Club, a été remercié après avoir effectué une transaction qui ne respectait pas la compliance, et l'image de la FinTech en a fortement pâti. De plus, les FinTech seront toujours confrontés à un manque d'investissement en capital. Les Business Model des FinTech sont consommateurs de cash, et pour qu'ils soient viables, ils nécessitent d'attirer plusieurs millions de clients en un temps limité, ce qui expliquent pourquoi elles ont du mal à trouver des financements en capital. Une des solutions serait d'envisager une coopération main dans la main des banques et FinTech. Un autre problème important pour les FinTech est de gagner la confiance de la population puisque ces dernières apparaissent comme moins sûres que les banques qui ont su résister même à la crise de 2008. (Voir Figure 14).

Selon les sondés, la force des FinTech est leur capacité à se concentrer sur un nombre limité de produits et de services, une réglementation plus accommodante, leur agilité et flexibilité, ainsi que la transparence. (Voir Figure 15).

Figure 13 : Vision des FinTech sur la compétition entre ces derniers et les banques

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Figure 14 : Faiblesses des FinTech selon les FinTech

Figure 15 : Forces des FinTech selon les FinTech

Pourquoi les banques ont-elles besoin des FinTech ?

Comme nous l'avons énoncé précédemment, l'une des principales forces des FinTech est qu'elles se concentrent sur un produit ou service et que leur business

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model est fait «sur-mesure « pour ce type de biens ou service. Ainsi, la disruption sera constituée par la somme des pressions concurrentes produit par produit, et service par service. The Economist a donc demandé aux managers de FinTech leur vision de la concurrence pour les principaux produits et services bancaires dans 5 ans. (Voir Figure 16). Il en sort que les banques resteront leaders sur l'ensemble des produits et services. Bien que les FinTech ne domineront pas selon les sondés, elles s'accapareront néanmoins une part de marché non négligeable sur leur produit respectif.

Figure 16 : Vision des FinTech quant à la compétition sur les différents produits et services

Le danger pour les banques provient donc du fait que chaque FinTech récupère une part de marché sur un service particulier, et que les banques ne se retrouvent plus qu'à réaliser les fonctions de back-office moins rémunératrices. Ainsi, un moyen pour les banques de s'y prémunir est d'acquérir des FinTech et ainsi bénéficier des forces spécifiques à ces dernières, c'est-à-dire, leur flexibilité, leur culture entrepreneuriale et

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leur moindre aversion au risque, leur technologie adaptée au produit ou service en question, leur capacité à innover, etc. Ces forces sont à la fois reconnues par les FinTech et par les banques qui les concurrencent.

Pourquoi les FinTech ont-elles également besoin des banques ?

Les FinTech sont bien conscientes des challenges auxquels elles devront faire face dans le marché du détail. Le premier est de survivre. Il existe aujourd'hui un nombre phénoménal de FinTech, plusieurs dizaines voir des centaines sur le même produit ou service. Il n'est pas étonnant de se dire qu'une très grande partie des FinTech est amenée à disparaître et seul quelques unes survivront. Les FinTech auront donc besoin de toutes les ressources possibles pour survivre dans ce marché déjà saturé.

Le deuxième challenge est d'atteindre la taille optimale, car les FinTech ont effectivement besoin d'attirer un très grand nombre de consommateurs pour être rentable. Un budget important en marketing pour se faire connaître et attirer la confiance des consommateurs semble plus que nécessaire.

Le troisième défi, lié au deuxième, auquel les FinTech sont confrontées est le temps. La compétition est ardue et le gagnant dans cette bataille, sera le plus rapide à réussir à s'installer et se constituer une base de clients conséquente.

Enfin, lorsque le succès d'une FinTech sera avéré, le dernier challenge pour cette dernière sera de passer d'une start-up à une réelle institution financière. Cela implique d'être soumis aux réglementations du secteur, être suffisamment compétent en termes de gestion des risques, et protéger les données des consommateurs.

Notre lecteur comprendra donc que le meilleur moyen pour les FinTech de faire face à tous ces challenges, est de s'allier avec une banque qui lui permettra de

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bénéficier de toutes les ressources et compétences nécessaires à surpasser ces obstacles.

La symbiose FinTech - banques

L'intérêt est donc mutuel pour les banques et les FinTech. Les banques ont une base de clients considérable lorsque les FinTech en recherchent activement. Les FinTech disposent d'une capacité d'innovation et d'une agilité quand les banques sont pénalisées par la rigidité de leur structure. Les FinTech disposent d'une capacité d'innovation et des solutions technologiques adaptées à un produit ou un service qui peuvent rendre les banques plus performantes et plus proche des préoccupations quotidiennes des clients. Les FinTech pourraient donc être un nouveau canal pour les banques leur permettant délivrer de la valeur rapidement au client. Les FinTech sont des intermédiaires qui diffusent le risque au marché, et ne le supportent pas.

Il apparaît donc que les banques et les FinTech ont plus d'intérêts complémentaires que de sujets concurrentiels. (Voir Figure 17)

Figure 17 : Les forces des banques versus les faiblesses des FinTech

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L'intégration FinTech - banques

L'enjeu de la «FinTegration» selon le PDG d'ACI Worldwide Phil Heasley est de conserver ce qui fait la spécificité des FinTech, à savoir leur agilité, leur flexibilité et leur capacité d'innovation, tout en réussissant le mariage avec le contrôle proposé par la banque. Voici quelques conseils donnés par Phil Heasley énoncés par ordre de priorité : (Voir Figure 18)

-Mettre l'IT au sein des due diligence et du planning de l'intégration : il faut arriver deÌs les prémices à combiner convenablement les deux technologies.

-Conserver l'agilité de la FinTech : propre leadership, rémunération, règles, et localisation.

-Intégrer les nécessités liées à la régulation et la compliance. -Sécurisation des données.

-Intégration de la donnée.

-Intégration des deux infrastructures (mêmes logiciels, etc).

En résumé, il faut arriver à conserver les deux cultures, mais fusionner la technologie back-office.

Figure 18 : Les forces des FinTech versus les faiblesses des banques

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Comment les banques peuvent-elles faire face à ces nouveaux challenges ?

Nous avons exposé dans notre première partie les résultats du sondage mené par Accenture mettant en évidence le détachement des clients actuels de leurs banques traditionnels et la confiance croissante qu'ils accordent aux acteurs non traditionnels comme les entreprises technologiques et informatiques, ainsi que les nouveaux entrants comme les FinTech.

Dans cette partie, nous exposons les recommandations qui ont été faites à ces acteurs traditionnels pour faire face à ces challenges.

La première recommandation faite par le cabinet est de devenir réellement un acteur multicanal. De récentes recherches montrent que l'agence reste le principal moyen de communication avec le client: plus de 60% des produits bancaires sont vendus par le biais des agences physiques. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit d'une clientèle au besoin complexe comme c'est le cas des 30-34 ans, cherchant pour la plupart d'entre eux à financer un achat immobilier. Cependant, se déplacer en agence physique n'est pas aussi naturel pour les segments de clientèle plus jeune, qui ne cessent de croître, et qui sont plus confortables avec les moyens de communication digitaux. Ces derniers désirent plutôt avoir une banque innovante et agile, équipée des technologies digitales adaptées pour rester connectée quotidiennement avec ses clients. Il est donc important pour les banques traditionnels d'être multicanal, c'est-à-dire de communiquer avec ses clients tant par le biais des agences physiques que par les nouveaux moyens de communication.

La deuxième recommandation faite par Accenture aux banques traditionnelles est d'étendre leur écosystème en offrant une gamme plus large de services pour ses clients. Les banques qui parviennent à devenir réellement multicanal comme expliqué précédemment, ont également la capacité à devenir ce qu'Accenture appelle une «Banque Quotidienne» (en Anglais «Everyday Bank»). Cette dernière, en plus de répondre aux besoins financiers classiques des clients, est capable d'apporter des

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services complémentaires comme un conseil dans l'achat d'une voiture. Une «Everyday Bank» est capable de construire un écosystème digital incluant des fournisseurs partenaires et d'autres acteurs clés dans des domaines comme l'ameublement, la santé, le travail ou encore le loisir. La banque adapte son offre dans ces domaines en fonction de l'analyse des données des opérations effectuées par son client, et présente cette offre à travers sa présence multicanal, parallèlement à un conseil pré-vente, des propositions de réductions, un support après-vente, etc.

Un sondage réalisé par Accenture montre qu'aux Etats-Unis, 40% des sondés seraient intéressés par une banque capable d'apporter des recommandations, une assistance ou une réduction quant à l'achat d'un modèle de voiture qui répondrait à leurs besoins et leurs attentes. Ce taux est encore plus élevé parmi les plus jeunes (55%). De même, 42% des sondés seraient intéressés par des services quant à l'achat d'un bien immobilier en plus de fournir un crédit. (Figure 7)

Figure 7 : Pourcentage des Américains intéressés par des services complémentaires quant à l'achat d'une voiture ou un bien immobilier

La troisième et dernière recommandation apportée par Accenture est de proposer des conseils personnalisés et sur-mesure par rapport au profil du client, et non pas par rapport à sa catégorie professionnelle ou à son âge, à travers les outils digitaux afin de mieux gérer leurs besoins financiers. En effet, d'après les sondages réalisés par

le cabinet, les consommateurs sont très intéressés par les biens et services proposés par leur banque leur permettant d'économiser de l'argent (82%). Et une forte majorité (72%) déclare qu'une telle offre augmenterait leur fidélité auprès de leur banque. De plus, les outils et conseils peuvent aider les consommateurs à changer leur perception de leurs besoins financiers : d'une gestion financière quotidienne à des problématiques de gestion de fortune et un besoin d'épargne sur le long terme. Ainsi, fournir des conseils personnalisés permettrait aux banques de se placer au coeur des besoins du consommateur. La banque ne doit plus être guidé par la transaction mais plus par le désir de conseil. 50% des sondés pensent que les banques devraient fournir des outils et services permettant d'aider les consommateurs à former et gérer un budget. Parmi eux, 73% estiment que cela augmenterait leur fidélité auprès de leur banque. Plus encore, les consommateurs affirment également vouloir que leur banque les aide à simplifier leur vie financière. En effet, 74% des sondés indiquent que les banques devraient fournir des outils permettant de simplifier leur vie, en automatisant par exemple des processus budgétaires. Les banques disposent de données détaillées sur leurs clients, elles se doivent de les exploiter dans une logique de big data tout en respectant une procédure éthique, pour proposer à ces derniers des services réellement personnalisés. D'autres services ou outils seraient bienvenus :

? 46% déclarent que leur banque devrait analyser de manière pro-active leurs dépenses et fournir un retour sur ces dernières.

? 48% sont intéressés par une analyse en temps réel des dépenses et un conseil sur les dépenses maximales

? 52% souhaitent que leur banque leur recommande des produits ou services qu'ils auraient besoin tout en prenant en compte ce qu'ils détiennent déjà.

Quelques soient les interrogations, le taux est toujours plus élevé parmi les plus jeunes (Figure 8).

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Figure 8 : Le désir de conseils pro-actifs des clients

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Ce qui ressort de cette étude, c'est que les banques peuvent à la fois booster la fidélité des clients et leurs revenues en apportant des conseils financiers personnalisés, en restant constamment au coeur des préoccupations des clients. Cela est d'autant plus vrai que la clientèle est jeune. Plus d'un client sur quatre indique qu'il paierait des frais supplémentaires pour bénéficier d'un tel accompagnement de la part de leur banque. Pour ce faire, les banques doivent repenser leur business model et replacer le client au coeur de leur offre de services.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle