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Ethnicité et pouvoir politique en côte d'Ivoire.

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par Harkité Hippolyte SIB
Université Générale Lansana Conte/Conakry - Master II 2015
  

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SOUS SECTION II : L?IVOIRITE (1993-1999)

Sur la base des informations collectées, on peut dire qu'Henry Konan Bédié est devenu Président en bénéficiant d'un article qui a été rédigé depuis 1963. Cet article était en fait destiné à assurer la succession d'un Akan à un autre Akan. On peut logiquement dire que Félix Houphouët Boigny a préparé la place de son dauphin présidentiel. Et que l'arrivée au pouvoir du Président Henry Konan Bédié justifiait l'ethnocratie Akan. Puisque le Président Henry Konan Bédié est un Baoulé et est issu du groupe Akan comme son prédécesseur.

La dévaluation du FCFA survenue en 1994 explique le fait du rééquilibre du budget de l'Etat et la stabilisation de la crise socio-économique. Cette situation a permis au Président Henry Konan Bédié de se présenter dans l'imaginaire collectif Akan comme étant un héro, dont l'arrivé à la présidence a favorisé la résolution de cette longue crise économique.

Dès son accession à la Présidence, Henry Konan Bédié fait modifier le titre III de la constitution de 1960 et fait introduire deux nouveaux éléments. Un élément de modernisme qui concerne un mandat de 5 ans renouvelable une fois et un autre élément qui met un système de verrous qui empêche les membres des groupes Mandé, Voltaïque et Kru d'accéder à la présidence. C'est "l'ivoirité". Ce concept explique le fait qu'il existe deux catégories d'ivoiriens qui sont les ivoiriens

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Mémoire de Master 2. Thème : Ethnicité et Pouvoir Politique en Côte d'Ivoire.
SIB Harkité Hippolyte. hyppolytesib@gmail.com . Année académique 2013-2015.

de souches et les ivoiriens d'origines étrangères. C'est dans ce contexte que le Président Henry Konan Bédié a assis son pouvoir en mettant fin à la fonction du Premier Ministre Alassane Ouattara. Ce qui lui a permis d'éviter toute concurrence politique avec celui-ci et légitimer l'ethnocratie Akan.

La création du RDR s'explique par le fait que certains partisans du PDCI se sentant exclus et souffrants l'ethnocratie exacerbée du Président Henry Konan Bédié ont fait défection du parti. Ainsi l'adhésion au RDR d'Alassane Ouattara a probablement influencé les membres des groupes Mandé et Voltaïque dont il est originaire, à rejoindre aussi le RDR. Cette situation aurait considérablement diminué le nombre des partisans du PDCI. C'est ce qu'affirme Braekman (1996 ; 32) en ces termes :

Cette mauvaise gouvernance s?explique par un mauvais départ des indépendances, la distribution inéquitable de la rente nationale et les systèmes politiques. Le Président, privilégie les membres de son ethnie ou de sa région au détriment des autres ethnies. Ce qui poussent les autres ethnies à se démaquer de manière ethniques ou confessionnelles et politiques.

La victoire du Président Henry Konan Bédié aux élections de 1995 tient au fait que celui-ci a disqualifié Alassane Ouattara de la course à la présidence en évoquant le concept d'ivoirité et a usé du clientélisme en rassemblant autour de lui les groupes Akan et Kru pour désigner la présence étrangère, en l'occurrence les Burkinabè, les groupes Mandé et les Voltaïque comme étant à l'origine de la crise socio-économique. On pourrait aussi attribuer la victoire du Président Henry Konan Bédié au désistement d'Alassane Ouattara et de Laurent Gbagbo qui ont, d'un commun accord refusé de se présenter aux élections présidentielles de 1995.

Ce rapprochement des deux leaders de l'opposition aux élections de 1995 s'explique par le fait qu'ils auraient voulu fragiliser le résultat des élections présidentielles par leur retrait. Puisqu'ils avaient un intérêt commun, dans la mesure où Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara avaient tous deux été exclus de la clientèle du Président Henry Konan Bédié. En plus, eux et leurs groupes en l'occurrence les Mandé, les Voltaïque et les Kru étaient victimes de la politique ethnocratique du Président.

Les rapports xénophobes du CURDIPHE et du CES en 1998 s'expliquent par le fait de l'accroissement des difficultés économiques et de la présence étrangère estimée à 26,03%. Ces rapports ont contribué à stéréotyper négativement les groupes Mandé, Voltaïque et Kru. Cette

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situation a défini en creux les qualités positives considérées aux seuls Akan, comme dignes de la classe politique idéale de la nation ivoirienne (Akindès ; 2003).

La révision constitutionnelle de 1998 s'explique par le fait que le Président avait senti vacillé son pouvoir à travers l'exaspération croissante des autres groupes ethniques qui se sentaient frustrés. Ainsi, l'augmentation du mandat présidentiel, le pouvoir illimité et l'assouplissement des prises de décision lui auraient permis d'une part d'assoir son pouvoir en montrant la prééminence Akan et d'autre part à faire face à toute révolte éventuelle des autres groupes dominés. C'est dans cette optique que Chrétien (1991 ; 28) affirmait :

Dans l'ethnocratie les facteurs psychologiques des causes politiques et économiques qu'on peut qualifier d'« objectives » s'entremêlent d'autres facteurs dits « subjectifs » jouent sur le registre psychologique de la manipulation, de la passion, de l'émotion, de la peur, des mécanismes de défense, etc. De ce fait, ils mobilisent des populations entières, alimentent les crises et mènent vers les violences ethniques.

Les conflits fonciers entre autochtones et allochtones et entre les autochtones s'expliquent par la recrudescence de la crise socio-économique et la pénétration du concept d'ivoirité dans les zones rurales. Dans ces zones, la récupération des terres par les "ivoiriens" n'est pas totale, dans la mesure où les terres retirées à des migrants sont rétrocédées à d'autres migrants. Il s'agissait donc d'un clientélisme local où les jeunes autochtones veulent restaurer le contrôle de « leurs » étrangers pour continuer de profiter du fruit de la mise en valeur de « leurs » terres par la perception d'une rente autochtone. C'était la seule voie qui aurait été crédible, nous semble-t-il, pour sécuriser les migrants sur les fronts pionniers de la Côte d'Ivoire. Finalement, la loi sur le foncier rural votée en 1998, a interdit la transmission par héritage de la terre à un « étranger ».

Les éléments de la fracture sociale étaient donc réunis et les politiciens n'ont fait que profiter par leur clientèle en tirant sur toutes les ficelles qui s'offraient à eux. Cependant, toutes ces dispositions constitutionnelles n'ont pas empêché des jeunes soldats issus des groupes Mandé, Voltaïque et Kru, excédés par cette politique ethnocratique de perpétrer un coup d'Etat Militaire contre le Président Henry Konan Bédié le 24 Décembre 1999.

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