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Les moyens d'existence des populations dans l'interzone réserve de biosphère du dja-parc national de Nki. Compatibilite ou incompatibilité avec les objectifs de conservation.

( Télécharger le fichier original )
par Claude Tatuebu Tagne
Université de Yaoundé I - Master  2012
  

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i

UNIVERSITY OF YAOUNDÉ I

UNIVERSITE DE YAOUNDE I

FACULTE DES ARTS LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

FACULTY OF ARTS LETTERS AND SOCIAL SCIENCES DEPARTMENT OF GÉOGRAPHY

LES MOYENS D'EXISTENCE DES POPULATIONS DANS
L'INTERZONE RESERVE DE BIOSPHERE DU DJA-PARC
NATIONAL DE NKI :
COMPATIBILITE OU INCOMPATIBILITE AVEC LES
OBJECTIFS DE CONSERVATION

Mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master en géographie

Spécialité: Dynamique de l'environnement et des risques Option : Climatologie et biogéographie

Présenté par :

Claude TATUEBU TAGNE

Licence en géographie

Sous la direction de Roger NGOUFO

-

Septembre 2012

ii

DEDICACE

A ma grande soeur Amélie Gisèle KENGNE et mes parents TAGNE Jean Séraphin et MAYAP Marcelline.

Je ne saurai comment vous dire merci pour l'amour, les conseils et surtout pour le courage que vous n'avez cessé de me donner.

iii

RESUME

Cette étude porte sur les moyens d'existence des populations dans l'interzone. L'objectif est d'établir le niveau/degré de compatibilité-incompatibilité entre ces moyens d'existence et les objectifs de conservation.

Notre travail se fonde sur une démarche hypothético-déductive. Nous avons collecté les données de sources secondaires dans les bibliothèques et les sites internet, ensuite, nous avons effectué une enquête dans neuf localités auprès de 140 personnes. Cette enquête a été complétée par des entretiens avec des personnes ressources et des observations directes sur le terrain. Ces données ont été traitées et analysées suivant nos objectifs et nos hypothèses.

Les résultats obtenus permettent d'établir que l'activité principale des populations est l'agriculture (52 %), suivie de la chasse (16 %). Les revenus mensuels tirés de la vente des produits agricoles ont été estimés à 75 970 Fcfa tandis que ceux tirés de la chasse ont été estimés à 83 730 Fcfa. Les populations pratiquent une agriculture extensive sur brûlis et une chasse de subsistance toute l'année. L'agriculture est dominée par la conservation des arbres dans les champs (96 %), cependant, la chasse utilise le fusil qui n'est pas compatible avec la conservation. Les techniques les plus utilisées par ces populations sont de type traditionnel et le matériel est rudimentaire et primitif. Les faibles densités des populations (environ 1,04hbt/km2) font que l'impact de ces activités sur la conservation soit de moindre importance.

L'avènement des projets de conservation a suscité des réactions diverses dans cette zone : 73% sont favorables pour la conservation de cette forêt, 21 % sont contre et le reste des enquêtés est sans avis. Les projets de conservation de l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki ont été mis en place sans une consultation préalable des populations qui vivent dans cette zone. Pourtant, leurs moyens de subsistance dépendent de cette forêt et de la combinaison d'activités qu'elles pratiquent. Néanmoins, les populations locales sont favorables pour la conservation de ce massif forestier. L'interzone abrite aussi de nombreux autres projets (industrie minière, infrastructures de transport...). Cette zone doit subir une dynamique qui à la longue pourra avoir des effets négatifs sur la conservation.

A la fin de cette étude, les résultats montrent que les activités traditionnelles des populations dans l'interzone sont compatibles avec la conservation parce que leurs impacts sont peu significatifs.

Mots clés : Interzone, Conservation, Compatibilité, Moyens d'existence, Populations.

iv

ABSTRACT

This study thus focuses on the livelihoods of the populations in the interzone. The objective is to establish the degree compatibility-incompatibility between these livelihoods and the goals of conservation.

This work used a hypothetico-deductive approach, where secondary source data were collected in libraries, internet websites; and primary data collected on the field. Here, field enquiries were effected in 9 localities on about 140 persons residing in the zone. This field enquiry ended up with interviews on resource person as well as direct field observations. The data obtained were treated and analysed in accordance with the objectives and hypotheses envisaged.

The results obtained enable us to establish the main activities of the population which were agriculture (52%), followed by hunting (16%). Monthly income obtained from the sales of agricultural products were estimated at 75 970 FCFA while that of hunting stood at 83 730 FCFA. Mostly, the local populations practice the slash and turn method of agriculture and also subsistence hunting throughout the year. Agriculture is dominated by the conservation of trees in the fields (96 %), however, hunting uses the rifle which is not compatible with the conservation. The technical used by these populations are traditional and material is rudimentary and primitive. Low population density (about 1, 04 inhbt/km2) does not actually have an impact on conservation.

The advent of conservation projects has orchestrated diverse reactions in this buffer zone; about 73 % of the local population adhere to the conservation of the forest in this zone while 21 % are against, the rest is neither for nor against. The conservation projects of the Dja reserve-Nki National Park buffer zone were put in place without prior discussion with the local populations. Yet, these populations entirely depend on this forest for their livelihoods as they carry out many activities there. Nevertheless, the majority of the local population agree to the conservation of this zone. Other projects are also formed in the area (mining industry, transport infrastructure ...). There is thus some sort of dynamism of the area as negative effects on conservation can already be seen in the future.

At the end of this study, the results show that the activities of the populations in the buffer zone are compatible with the conservation project because their impact is insignificant. Sensitization has to continue so far as these activities remain compatible with the project.

Keywords: Interzone, Conservation, Compatibility, Living, Populations.

v

REMERCIEMENTS

Plusieurs personnes ont aidé de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire. Tout d'abord, un remerciement spécial au professeur Ngoufo Roger, pour sa rigueur au travail, son sens de l'écoute, sa disponibilité, son dévouement et sa passion envers la gestion des ressources et les réserves de biosphère. En sa qualité de directeur de mémoire, il a su m'encadrer et me guider à travers le laborieux processus qui a mené à la réalisation et au dépôt de ce mémoire.

Je désire exprimer ma gratitude envers tous les enseignants et autres ainés du département de géographie qui m'ont aidé à l'une ou l'autre des étapes du travail.

Une reconnaissance particulière est dédiée à toute la famille Tagne pour sa patience, son appui, sa confiance et ses prières pour la réalisation et l'aboutissement de ce travail. Elle a su m'encourager dans les moments difficiles et m'apporter un recul précieux face à mon travail.

J'exprime ma profonde gratitude à mon grand-frère Tchummamo François et son épouse Yvette Clarisse pour leurs encouragements permanents, leur dévouement, leurs conseils et leur soucis de me voir réussir.

Mes remerciements vont également aux dirigeants des organismes, aux autorités ainsi qu'aux guides pour avoir accepté de collaborer à cette étude, ainsi que pour m'avoir transmis leurs connaissances sur les moyens d'existence des populations de cette magnifique région qu'est l'interzone Réserve de Biosphère du Dja-parc national de Nki.

Ils sont nombreux, mes amis, ma famille et tous les hommes et femmes de bonne volonté qui, de Bandjoun à Djadom, m'ont soutenu, encouragé et/ou contribué à la réussite de ce travail de recherche. Je ne nommerai personne au risque d'en oublier. Que toutes ces personnes trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude pour les multiples soutiens qu'ils m'ont apportés lors des différentes phases de mes recherches.

Merci !

En attendant la thèse, ce mémoire de Master est le premier fruit visible de leurs efforts. Je leur en sais gré. Puisse Dieu récompenser les uns et les autres au centuple de leurs bienfaits.

vi

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE . 1

CHAPITRE I : PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DE L'INTERZONE

RESERVE DU DJA-PARC NATIONAL DE NKI 30

I - SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE 30

II - LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DE L'INTERZONE RESERVE DU DJA-

PARC NATIONAL DE NKI 32

III - L'ENVIRONNEMENT SOCIOECONOMIQUE 41

IV - SITUATION JURIDIQUE DES FORETS ET ACCES AUX RESSOURCES DANS

L'INTERZONE ..... 48

CHAPITRE II : CARACTERISATION DES MOYENS D'EXISTENCE DES

POPULATIONS DE L'INTERZONE 54

I - L'AGRICULTURE : LE PILIER DE L'ECONOMIE DE LA ZONE 54

II - LA CHASSE 65

III - L'ELEVAGE ET LA PECHE 70

IV - AUTRES ACTIVITES 73

V - ENCLAVEMENT DE L'INTERZONE COMME FREIN AU DEVELOPPEMENT ET A

LA DIVERSIFICATION DES ACTIVITES DES POPULATIONS . 82

CHAPITRE III : ANALYSE DES PRINCIPALES ACTIVITES SOUS LE PRISME DE

LA COMPATIBILITE 87

I - INTERZONE RESERVE DU DJA-PARC DE NKI : UN ESPACE QUI ABRITE DE

NOMBREUX PROJETS DE CONSERVATION 87

II - L'AGRICULTURE . 89

III - LA PRATIQUE DE LA CHASSE DANS L'INTERZONE .. 99

IV - AUTRES ACTIVITES 106

CHAPITRE IV : PROJET DE CONSERVATION, ATTENTES DES POPULATIONS

LOCALES ET PERSPECTIVES 109

I - BREF APERCU DES IDEES DES POPULATIONS SUR LES PROJETS DE

CONSERVATION DE LA ZONE 109

II - LES MOYENS MIS EN PLACE PAR LES PROMOTEURS DE CONSERVATION 112

III - REACTION DES POPULATIONS FACE AUX PROJETS DE CONSERVATION 117

IV - IMPACTS POSSIBLES DES NOUVELLES INFRASTRUCTURES SUR LA ZONE

EN CONSERVATION 125

CONCLUSION GENERALE 130

BIBLIOGRAPHIE 133

TABLE DES MATIERES 138

vii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau N°1 : Evolution de l'approche PICD .... 23

Tableau N°2 : Répartition des enquêtés par localité 27

Tableau N°3 : Répartition des enquêtés par sexe dans la zone d'étude 28

Tableau N°4 : Critères de qualification de compatibilité ou d'incompatibilité d'une activité

dans l'interzone

29

Tableau N°5 : Répartition des UFAs gelées pour conservation de la biodiversité

31

Tableau N°6 : Répartition des enquêtés par sexe et par localité

.45

Tableau N°7 : Répartition des enquêtés par tranches d'âge et par localité

46

Tableau N°8 : Chevauchement des droits forestiers et miniers

52

Tableau N°9 : Quelques champs enquêtés dans l'interzone

58

Tableau N°10 : Quelques animaux chassés dans l'interzone et un prix de vente

...68

Tableau N°11 : Type d'élevage pratiqué dans l'interzone

71

Tableau N°12: Prix comparatifs de quelques produits à Yaoundé et Ngoyla

76

Tableau N°13: Les produits forestiers non ligneux et leur utilisation

77

Tableau N°14 : Nombre de nouveaux champs créés par ménage par an dans l'interzone...90

Tableau N°15: Évolution de la surface agricole dans l'interzone ..91

Tableau N°16 : Les outils de chasse utilisées par les populations dans l'interzone ..100

Tableau N°17 : Les espèces les plus chassées par les populations dans l'interzone ...103

Tableau N°18 : Points de vue des enquêtés sur l'existence des projets de conservation 110

Tableau N°19 : Les attentes des populations par rapport aux projets de conservation 120

viii

LISTES DES FIGURES

Figure N°1 : Cadre d'étude 4

Figure N°2 : Pyramide des besoins de Maslow 18

Figure N°3 : Schéma conceptuel d'analyse des activités des populations dans l'interzone

Dja-parc national de Nki 24

Figure N°4 : Localisation de la zone en conservation 32

Figure N°5 : Représentation des groupes socio-ethniques dans l'interzone .42

Figure N°6 : Représentation des groupes socio-ethniques dans les localités enquêtées 43

Figure N°7 : Répartition de la population enquêtée par niveau d'étude 47

Figure N°8 : L'agriculture : une profession dominante des personnes enquêtées .54

Figure N°9 : Mode d'acquisition du champ 56

Figure N°10 : Conflits relatifs à l'accès à la terre 57

Figure N°11 : Destination des produits de la chasse 67

Figure N°12 : Principales sources de revenu des populations de l'interzone 70

Figure N°13: Raison de conservation des arbres dans le champ 94

Figure N°14: Durée des jachères dans l'interzone 96

Figure N°15: Les différentes techniques de chasse utilisées par les populations ....101

Figure N°16: Les moments de chasse quotidienne 105

Figure N° 17 : Points de vue des enquêtés sur l'existence des projets de conservation de

l'interzone 110

Figure N° 18: Points de vue des enquêtés sur la conservation de l'interzone ..111
Figure N°19:Points de vue des enquêtés sur les gagnants de la conservation de l'interzone112 Figure N°20 : Acteurs concernés par les récriminations des populations dans l'interzone...118 Figure N°21 : Point de vue des populations enquêtées sur la participation à la conservation123 Figure N°22: Localisation des nouveaux moyens de transport et industries minières dans

l'interzone 126
Figure N°23: Point de vue des populations enquêtée sur l'impact des immigrants sur

conservation de l'interzone 128

ix

LISTE DES PHOTOS

Photo N°1 : Le chef du campement Mabam et sa famille devant leur maison .45

Photo N°2 : Séchage et stockage de fèves de cacao 59

Photo N°3 : Quelques cultures vivrières pratiquées dans les villages de l'interzone (macabo

manioc, bananeraie, Maïs) .....61

Photo N°4 : L'association des cultures ....62

Photo N°5 : Jeune bananeraie établie en forêt primaire 63

Photo N°6 : Un chasseur avec le gibier exposé sur son séchoir à Djadom 68

Photo N°7 : Un pêcheur avec du poisson à vendre 73

Photo N°8 : Le wiski local exposé sur un comptoir avec ses mesures à Messok ........75

Photo N°9 : Des boutiques dans les centres ville de l'interzone (A) à Messok et (B) à

Ngoyla 76

Photo N°10 : Des artisans au travail 80

Photo N°11 : La traversée du fleuve Dja 84

Photo N°12 : Le premier adjoint préfectoral de Ngoyla Mr Essoh Hyacinthe devant sa

résidence 85

Photo N°13 : Le centre ville de Ngoyla 86

Photo N°14 : Les arbres conservés dans le champ 94

Photo N°15 : Les jachères. 96

Photo N°16: Gibier enlevé du piège ....104

Photo N°17: Siège du projet de conservation à Ngoyla 113

Photo N°18 : Séances de sensibilisation des autorités à Djadom et des villageois à Etékessang Photo N°19: Séances de sensibilisation des élèves de l'école publique et du Lycée de Ngoyla Photo N°20: Saisies effectuées par les services du MINFOF : le bois (à la délégation

départementale du Dja et Lobo) le gibier (au poste de Ngoyla) .115

Photo N°21: Séance de fouille d'une voiture effectuée par les écogardes .116

Photo N°22: Projets d'élevage financés par les promoteurs du projet de conservation à

Ngoyla ....116

Photo N°23: Contraste entre les habitations dans l'interzone 122

Photo N°24: Des forages abandonnés 124

Photo 25: Le seul point d'eau potable qui ravitaille les populations de la ville de Messok 124

x

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

BUCREP : Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population

CARPE : Programme Régional d'Afrique Centrale pour l'Environnement

CEW : Cameroon Environemental Watch

COMIFAC : Commission des Forêts d'Afrique Centrale

DFAP : Direction de la Faune et des Aires Protégées (MINFOF)

DFNP : Domaine Forestier Non Permanent

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

GEF : Global Environment Facility

INC : Institut National de Cartographie.

MAB : Man And the Biosphere

MINEP : Ministère de l'Environnement et de la protection de la nature

MINFOF : Ministère des Forêts et de la Faune

MINEPAT : Ministère de l'économie de la Planification et de l'Aménagement du

Territoire

ONG : Organisation non gouvernementale

PFBC : Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo

PFNL : Produits forestier non-ligneux

PICD : Programmes Intégrés de Conservation et Développement

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

PNN : Parc National de Nki

RBD : Réserve de Biosphère du Dja

RGPH : Recensement Général de la Population Humaine.

TRIDOM : Tri-Nationale Dja-Odzala-Minkébé

UFA : Unité forestière d'aménagement

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation la Science et la Culture

UTO : Unité Technique Opérationnelle

WCS : Wildlife Conservation Society

WWF : Fond Mondial pour la Nature

ZIC : Zone d'intérêt cynégétique

ZICGC : Zone d'intérêt cynégétique à gestion communautaire

xi

LISTE DES ANNEXES

Annexe N° 1

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

Annexe N° 2

GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES PERSONNES RESSOURCES

Annexe N°3

GRILLE D'OBSERVATION DES CHAMPS.

Annexe N° 4

LISTE DES PERSONNES RESSOURCE RENCONTREES SUR LE TERRAIN

INTRODUCTION GENERALE

1

2

I DELIMITATION DU SUJET

1 - Délimitation sur le plan thématique du sujet

L'interzone Réserve de Biosphère du Dja parc national de Nki est considérée comme l'une des régions les moins peuplées du pays et le plus en retard sur le plan du développement. Pourtant, cette zone bénéficie d'une grande richesse qui nécessite d'être valorisée, en particulier sa forêt qui fait partie intégrante du paysage Tridom du Cameroun. Cette zone riche en ressources floristiques, fauniques et minières est l'objet de plusieurs convoitises et de plusieurs enjeux. La présente étude dont le thème porte sur « les moyens d'existence des populations dans l'interzone Réserve de Biosphère du Dja-parc national de Nki : compatibilité ou incompatibilité avec les objectifs de conservation ?» vise à identifier et à analyser les différentes activités de la zone et les différentes techniques avec lesquelles elles sont menées. En d'autres termes, il s'agit pour nous, de déterminer les différentes activités qui permettent aux populations de trouver leurs moyens de survie, mais aussi d'analyser les techniques et le matériel qui sont utilisés pour les mettre en relation avec les objectifs de conservation de la zone et des aires protégées environnantes. L'intérêt de la conservation de cette zone dépasse les frontières nationales; ceci parce qu'elle est comprise entre plusieurs aires protégées : la Réserve de la Biosphère du Dja, le parc national de Nki et le parc national de Minkébé au Gabon... La réussite de la conservation de ces aires protégées passe donc aussi par une gestion durable de cette zone tampon.

Ainsi, ce travail se présente comme un état des lieux au sortir duquel on saura si les différents acteurs présents dans l'interzone et leurs actions ont un impact significatif sur la conservation de ce milieu.

2 - Délimitation sur le plan spatial

Le cadre spatial de notre étude est l'interzone Dja parc national de Nki. L'interzone Dja parc national de Nki est située au Sud-est du Cameroun. Sa plus grande partie se trouve dans la région de l'Est, département du Haut Nyong (arrondissements de Lomié, Messok et Ngoyla) ; une partie se retrouve dans la région du Sud (arrondissement de Mintom). Elle est située entre les latitudes 20 10N et 30 00N et longitude 130 20E et 140 35 E. Cette zone est comprise entre la Réserve de Biosphère du Dja et le parc national de Nki au Cameroun et le parc national de Minkébé (Gabon).

3

Cette zone est soumise à l'influence du climat équatorial chaud et humide du type guinéen classique, avec quatre saisons dont deux saisons de pluies et deux saisons sèches. La température moyenne annuelle est de 24°C (Martial Nkolo &al, 2009) et les précipitations moyennes annuelles varient entre 1182 mm et 2346 mm. L'amplitude thermique annuelle entre le mois le plus chaud et le mois le moins chaud est de 2°C.

Située dans le bassin du Congo, cette interzone est couverte par la forêt dense sempervirente avec une faune et une flore très diversifiées. Elle constitue un site à haute valeur de conservation car elle comprend une diversité de formations végétales, une faune très riche, elle revêt une importance capitale pour les populations locales et pour l'humanité.

Selon Ngalla, (2007), la végétation est composée des grands ensembles ci-après: forêts denses humides sempervirentes (82% de la superficie totale), complexes des forêts marécageuses (15%), mosaïque des forêts secondaires, des plantations agricoles et clairières forestières (2%).

Nzooh (2003) cité par Usongo &al (2007) confirme la présence de plus de 37 espèces de grands et moyens mammifères. Parmi celles-ci, on retrouve les espèces reconnues comme menacées et qui sont très sensibles aux activités humaines. Il s'agit par exemple du bongo (Boocercus euryceros), du buffle (Syncerus caffer nanus), de l'éléphant (Loxodonta africana cyclotis), du gorille de plaine (Gorilla gorilla), de chimpanzé (Pan troglodytes), de la panthère (Panthera pardus), et du céphalophe à dos jaune (Cephalopus sylvicultor). Les autres espèces fauniques sont aussi assez représentées dans la zone.

Considérant la valeur économique, sociale, culturelle, écologique et touristique de cette zone, les mesures de conservation liées à l'initiative Tridom ont été mises en place. La mise en exploitation de cette interzone avait été gelée. De nos jours, de nombreux projets (conservation, industrie et infrastructures) se développent dans cette zone. Plusieurs plans de zonage ont été proposés. Des études sont effectuées de nos jours afin d'établir un plan de zonage qui prend en compte tous les secteurs.

4

Source : Fond de carte Atlas Forestier du Cameroun 2008, enquête de terrain, 2011 Figure N°1 : Cadre d'étude

5

II INTERET DE L'ETUDE

Au regard de la place de la forêt dans l'économie nationale, du rôle joué par les forêts dans le stockage du carbone, de la place accordée par l'Etat et les ONG de la conservation à l'amélioration des conditions de vie des populations riveraines, vu la difficulté pour certains de comprendre l'importance et les objectifs de conservation de l'interzone, l'intérêt de ce travail peut être noté à plusieurs niveaux :

1 - Au plan scientifique et théorique

Cette recherche contribuera à enrichir la littérature peu abondante sur le domaine en général et de la localité en particulier. Elle mettra en évidence les activités que les populations exercent dans la zone pour trouver leurs moyens de subsistance. Elle nous donnera également une idée sur les attentes et les soucis des populations de la zone. A travers les résultats que nous avons obtenus, elle contribuera à l'évolution de la science.

2 - sur le plan pratique

Cette recherche vise à informer les populations du Sud-est du Cameroun et de tout le pays de l'initiative de la Tridom, vu les enjeux socioéconomiques, écologiques, environnementaux et politiques que présente l'interzone Réserve du Dja-PNN, les populations s'interrogent sur les mesures de conservation réelle de cette zone. Ce travail permettra également de connaitre le niveau d'implication des populations de la zone dans ces projets.

III PROBLEMATIQUE

La richesse biologique et minière de la partie Sud du Cameroun et particulièrement, du Sud-est Cameroun suscite, de nos jours, de nombreuses convoitises et enjeux. Il s'agit pour les populations de trouver les moyens pour assurer leur survie, pour les exploitants forestiers de rechercher les essences précieuses, pour le gouvernement et les ONG de conservation d'instaurer et de veiller à une exploitation durable de ces ressources. Il s'est tenu en Mars 1999 à Yaoundé un sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale sur la conservation des forêts du bassin du Congo, sanctionné par la déclaration de Yaoundé. A la suite du sommet de Yaoundé, considérant leur intérêt commun à conserver l'écosystème forestier du bassin du Congo et son importance régionale et planétaire, les gouvernements du Cameroun, du Congo et du Gabon avec certaines ONG de conservation (WWF, WCS, UICN) ont travaillé à la mise en place de la tri nationale Dja-Odzala-Minkébé (TRIDOM). Le TRIDOM est né d'un accord de coopération entre les gouvernements de la République du Cameroun, République du Congo et la République du Gabon en février 2005. Cet accord de coopération marque l'engagement de ces pays à mettre en oeuvre un système de gestion participative du complexe

6

TRIDOM et son interzone dans l'optique de maintenir les fonctions et la connectivité

écologiques dans la zone et d'assurer la conservation à long terme de son système des aires

protégées.

La TRIDOM est une zone forestière tri nationale qui comprend 10 aires protégées :

? Dja, Nki, Boumba-Bek, Mengame ,Nkom (Cameroun) ;

? Odzala-Kokoua , Lozi (Congo) ;

? Minkébé, Ivondo, Mwagne (Gabon).

Ces aires protégées sont reliées entre elles par un vaste interzone qui relève territorialement et juridiquement de chacun de ces pays. Toutes les aires protégées du complexe sont réservées à la conservation et les activités humaines sont, soit interdites, soit restreintes. L'interzone est divisée en plusieurs zones : zones de production forestière, zones de chasse sportive, zones de chasse communautaire, zones d'agroforesterie et les zones d'exploitation minière1; ou de développement de toute activité compatible avec la conservation. L'interzone doit être gérée dans le but de promouvoir la conservation et l'utilisation rationnelle des ressources naturelles en vue de répondre au besoins des populations locales en matière de développement et de la réduction de la pauvreté en les impliquant dans la gestion des ressources naturelles.

L'interzone Réserve du Dja parc national de Nki est entourée de plusieurs aires protégées : Réserve de la Biosphère du Dja (R B D), parc national de Nki et parc national de Minkébé (Gabon). Cette zone était une concession de conservation. Sa mise en exploitation a été gelée pour servir de corridor de déplacement des grands mammifères entre les aires protégées transfrontalières du Cameroun (Réserve de biosphère du Dja et Parc national de Nki...), du Congo (Parc national d'Odzala...) et du Gabon (Parc national de Minkébé...). Dans le plan indicatif d'utilisation des terres forestières du Sud Cameroun, elle fait partie du domaine forestier permanent (Usongo & al 2007). Des options de gestion de cette zone ont été proposées par la Direction de la Faune et des Aires Protégées (DFAP)2 en 2006 et le WWF en (2007)3. Cette interzone est d'une importance capitale pour la réussite du projet Tridom. Elle est considérée comme un « site prioritaire de la biodiversité » par le WWF ; ceci parce que :

? C'est une zone très riche en biodiversité floristique (Ngalla, 2007 cité par le Usongo & al, op. cit) et animale (Nzooh, op.cit) ;

1 COMIFAC, 2005 : Accord de coopération, Article 1 et 2

2 DFAP, 2006 : Proposition de gestion des UFA gelées en exploitation pour la conservation

3 Usongo &al, 2007 : Orientation stratégiques pour la gestion du massif forestier Ngoila-Mintom

7

? C'est le couloir de migration des éléphants entre la forêt de Ngoila et la RBD, entre le parc national de Nki et le massif forestier de Souanké-Sembé (Congo), entre le Sud-Ouest de l'interzone et le parc national de Minkébé (Usongo & al, 2007).

Cette forêt est un espace-ressource social, économique et culturel pour les Baka qui vivent dans la zone. Elle fait également l'objet de plusieurs sollicitations de la part des immigrants installés dans la zone. Cette présence humaine entraîne une exploitation ressources naturelles et le développement de nombreuses activités. L'exploitation des ressources forestières est régie par une réglementation qui obéit aux normes et aux conventions internationales de protection de l'environnement. Mais, sur le terrain, l'exploitation n'est pas toujours conforme à la règlementation en vigueur. En effet, de nombreuses menaces (l'extension des espaces agricoles au détriment de la forêt, la chasse sous ses différentes formes, l'exploitation minière, l'exploitation industrielle du bois...) planent sur la forêt Ngoyla -Mintom (Usongo & al, op. cit ; COMIFAC, 2008).

Le sud-est du Cameroun en général et l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki offre le paysage d'une région très pauvre et très enclavée. Les populations de cette région du pays dépendent largement des activités d'exploitation des ressources forestières et fauniques pour leur subsistance. De plus, ces populations sont directement affectées par la mise en place du TRIDOM. La mise en place de l'interzone du TRIDOM se superpose aux territoires traditionnels de chasse, de cueillette et d'agriculture dont les milliers de pygmées Baka et plusieurs autres populations installées dans la région dépendent (John Nelson, 2005). Ces projets imposent de nouvelles règles d'utilisation de la forêt qui constitue leur espace vital ; ils affectent également leur possibilité d'y accéder et d'utiliser les ressources sur lesquelles est fondée leur vie.

Dans ce massif forestier où certains secteurs appartiennent au domaine forestier permanent, des activités anthropiques s'implantent. L'installation anarchique des populations dans la partie occidentale du massif4 pèse sur la biodiversité et le maintien de la connectivité écologique entre les aires protégées du TRIDOM. Le braconnage s'intensifie dans certains secteurs du massif.

4 « Suivant le plan de zonage indicatif de la zone forestière du Cameroun (Décret n095-678-PM du 18 décembre 1995), aucune bande agro-forestière n'a été prévue entre Mintom et Lélé. Avec la réouverture de la route Mintom- Lélé -Mbalam, il y a dans certains secteurs une intrusion des activités anthropiques dans le domaine forestier permanent. » Usongo &al, 2007.

8

Vivant dans une zone très enclavée et n'ayant pour support d'activités que la forêt, la réussite de la conservation de cette zone nécessite une bonne contribution des populations locales. Compte tenu du fait que leurs activités ne sont pas sans conséquences sur la conservation, nous avons formulé une question de recherche qui nous permettra de mieux analyser les impacts des activités des populations sur la conservation.

IV QUESTIONS DE RECHERCHE

A- Question principale

Les moyens d'existence des populations dans l'interzone, une zone de faible densité et enclavée, sont- elles compatibles avec la conservation?

B- Questions spécifiques

1- Quels sont les atouts naturels et socio-économiques qui favorisent le
développement des activités humaines dans l'interzone?

2- Quelles sont les caractéristiques des différentes activités qui permettent aux populations de l'interzone de trouver leurs moyens de survie ?

3- Les activités menées sont-elles de nature à compromettre les objectifs de conservation?

4- Quel pourra être la situation dans cette zone dans les années à venir avec le développement des nouvelles infrastructures et l'augmentation des densités des populations ?

V CONTEXTE SCIENTIFIQUE

Les multiples travaux à savoir : ouvrages généraux, articles, mémoires et thèses, etc qui depuis quelques décennies traitent des problèmes relatifs aux activités des populations dans la forêt témoignent de l'intérêt porté aux questions de développement des activités humaines en milieu forestier. Cette source de littérature intègre des travaux très pertinents pour notre étude. Nous avons retenus deux approches pour tenter d'expliquer cette question.

1) Les approches ayant traité des activités qui dégradent la forêt

A - L'agriculture

Selon Essama-Nssah et Gockowski (2000), l'agriculture et plus particulièrement l'agriculture itinérante sur brûlis est la cause directe la plus indexée pour expliquer la déforestation et son caractère destructeur proviendrait essentiellement du raccourcissement de la durée des jachères (Kotto Same et al., 1997 ; Gockowski et al., 1998 ; Devers et Vande Weghe, 2007). Dans son déploiement, ce processus procède par une forte pression foncière

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qui donne peu de possibilités aux jachères d'évoluer en forêts secondaires comme c'est le cas dans le système agricole traditionnel.

L'agriculture industrielle, le développement résidentiel et les routes exercent une pression sans cesse grandissante sur l'intégrité du milieu forestier et la survie des espèces qui y vivent. Au Québec par exemple, au cours des cinquante dernières années, la concentration et l'intensification des activités agricoles ont engendré des pressions sur l'environnement et le maintien de la biodiversité. Plusieurs habitats essentiels pour la faune ont ainsi disparu ou se sont dégradés à différents niveaux (Direction Générale du Développement et de l'Aménagement de la Faune au Québec, 2007). Plusieurs espèces éprouvent donc des difficultés à maintenir leur abondance ou leur présence en milieu agricole en raison des pressions exercées.

Selon Usongo & al (2007), l'installation des populations et la création des plantations agricoles (bananeraies, cacaoyères et quelques palmeraies) dans le secteur Mintom- Lélé-Mbalam au Sud-est Cameroun serait préjudiciable pour la conservation si ces pratiques agricoles viennent à se généraliser. Elles fragmentent l'habitat de plusieurs espèces animales et compromettent les connectivités qui existaient entre les différents secteurs de la zone. De plus, les possibilités d'échange entre l'Est et l'ouest du massif Ngoyla-Mintom sont compromises à cause du développement de ces activités.

Tazo (1988) attribue la disparition de certaines espèces de faune et les menaces d'extinction qui pèsent sur le Loxodonta pumilcio à l'envahissement des périphéries de la réserve de Sancthou par les populations à la quête des espaces agraires. De même, selon plusieurs auteurs ( Youta, 1990 ; Muluh, 1993 ; Tazo,1998 ) la recherche des terres agricoles et pastorales a entraîné une régression du couvert forestier dans les aires protégées.

b) La chasse

Depuis quelques décennies, plusieurs auteurs ont mené des études sur l'impact des prélèvements du gibier sur la conservation de la biodiversité et son importance dans les revenus des ménages en zone de forêt.

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Obam, (1992) cité par Mbatchou, (2010) présente les causes et conséquences de la destruction de la faune. Selon lui, la chasse traditionnelle a disparu pour laisser place à la chasse moderne qui utilise de nouvelles armes plus destructrices ce qui constitue une menace réelle pour la faune. Mahamat, (1999) dans ses travaux distingue trois types de chasse au Cameroun : la chasse traditionnelle ou de subsistance, la chasse sportive et la chasse commerciale ou le braconnage. Dans ses études, il conclut aussi que la chasse traditionnelle a disparu au Cameroun et la chasse commerciale constitue la cause de la dégradation de la faune car elle est pratiquée par des chasseurs professionnels qui utilisent des câbles pour piège et souvent des armes de guerre. Ndinga et Ngandjui (2006) cité par Usongo & al, ( 2007), après une étude de chasse conduite dans trois villages de l'arrondissement de Ngoyla en 2005, confirment également cette intensité élevée de la chasse commerciale. Il ressort de leurs travaux qu'au cours de la période d'étude (septembre et décembre) 777 mammifères ont été capturés par 56 chasseurs : avec 65% des prélèvements destiné à la commercialisation. Des travaux ont aussi porté sur la diversité spécifique prélevée par les chasseurs. Selon Martial Nkolo et al 5, (2009) toutes les espèces animales y passent, notamment les éléphants, les gorilles, les céphalophes, les buffles, les porcs-épics et hérissons, les singes...etc. De ces travaux, il ressort clairement que les espèces les plus visées sont les céphalophes puis les éléphants et les primates. Seme et Amougou (2000) cités par Mbatchou (op.cit), après une étude menée dans et autour de la réserve de biosphère de Dja montrent que les prises des chasseurs sont constituées à 80% des Artiodactyles (ordre regroupant la famille des céphalophes) 5% des rongeurs et 4% des primates. Ndinga et Ngandjui révèlent que des 777 mammifères capturés par les chasseurs dans trois villages de Ngoyla 75% sont des Artiodactyles 14 % des primates et 6 % des rongeurs. D'autres études réalisées dans le département du Haut Nyong autour des UFAs de PALLISCO (WWF et Nature+, 2004) cité par Martial Nkolo et al (2009) montrent que les Artiodactyles (75%) constituent la majorité des captures en terme de biomasse dans les villages, suivis des Rongeurs (12%), des Primates (6%), des Carnivores (4%), des Reptiles (2%), et des Pholidotes et Hyracoïdes (1%). De nombreuses études sur le prélèvement des éléphants au Cameroun et en particulier dans la partie Sud du Cameroun ont été réalisées. Usongo et Ngnegueu (2000) parlent de 350 éléphants tués par an par les braconniers dans le Sud-est Cameroun. Selon Van Der Wall (1998) 150 éléphants sont tués par an autour de la réserve du Dja.

5 Plan stratégique pour la mise en place de l'UTO Haut-Nyong (2009)

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Selon Defo (2007a) cité par Usongo & al (op.cit) le braconnage des éléphants dans le sud-est du Cameroun devient de plus en plus intense. Ils sont chassés pour leur viande et l'ivoire.

De ces études, on peut déduire l'importance du prélèvement des espèces, parfois celles qui sont intégralement protégées. Il ressort également que les zones de grande chasse sont celles où les densités des populations animales sont les plus élevées. Ces données sont très inférieures à la réalité en raison des difficultés de contrôle rencontrées par les autorités en charge et le caractère illégal des prélèvements.

Des travaux ont également porté sur l'apport et l'importance des produits de la chasse dans les ménages. Ngandjui (1997) montre l'importance des produits du braconnage dans les revenus et l'alimentation des populations de la région de l'Est Cameroun. Plusieurs auteurs (FAO ,1993 ; Tchanou et al 1998 ; Gartlan, 1998...) s'accordent sur le fait que la faune constitue la principale source de protéine et est la base de l'alimentation de près de 75 % des populations vivant en forêt. Considérant la période totale d'enquête pour 15 villages étudiés dans le Haut Nyong (WWF et Nature+, 2004), l'apport extérieur d'argent est d'environ 3540 FCFA/jour obs/village, par exemple si on prend le prix unitaire du céphalophe bleu de 6 kg (1500 FCFA et 2000 FCFA), pour chaque jour d'observation, un village a vendu une moyenne de 2 céphalophes bleus. Les revenus des chasseurs reflètent la pression de chasse et l'importance de la chasse commerciale. Dans le Sud-est du Cameroun, les revenus procurés par la vente des produits de la chasse constitue la première source de revenus pour de nombreux ménages. Selon Martial Nkolo et al (op.cit), le niveau des revenus tirés du braconnage est plus élevé que les revenus agricoles. Pour certains villageois, seuls ces revenus sont suffisants pour leur permettre de subvenir à leurs besoins.

C) L'exploitation forestière

Il faut distinguer au moins deux formes dans ce cas : L'exploitation artisanale et l'exploitation industrielle.

La première forme, généralement désignée comme « sciage artisanal », est le fait d'exploitants artisanaux pour satisfaire la demande domestique de bois. Ce secteur, auparavant très peu connu au Cameroun, commence à être cerné grâce à plusieurs études. Une étude réalisée par Cerruti et al. (2010) indique que le secteur du bois domestique est en pleine explosion, avec une production totale de grumes estimée à 2,1 millions de m3. Le bois scié et vendu au cours de la période allant de juillet 2008 à juin 2009 correspond à 990 000 m3. La majeure partie de ce bois d'oeuvre vendu sur le marché (662 000 m3) provient des opérations de sciage dans le DFNP, alors que seulement 27 % proviennent de scieries industrielles

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(Cerruti et al. 2010). En d'autres termes, les quantités sciées dans le DFNP ont plus que doublé par rapport à leur niveau de 2002 qui était de 300 000 m3 (Plouvier et al. 2002). L'étude de Cerruti et al. (op. cit) constate enfin que le volume de vente nationale de bois d'oeuvre (662 000 m3) est supérieur à la production et aux exportations de bois scié, dont les chiffres de ces dernières années (2008 : 580 000 m3, 2009 : 360 000 m3) traduisent la chute des activités.

L'exploitation forestière industrielle, quant à elle, est le fait d'exploitants agréés à la profession. Le bois issu du secteur formel est essentiellement destiné à l'exportation. Bien que la gestion forestière durable soit reconnue comme principe d'utilisation des forêts au Cameroun, nombre d'obstacles entravent encore sa traduction dans les pratiques des acteurs. Une étude récente de 20 plans d'aménagement au Cameroun réalisée par Vandenhaute et Doucet (2006) montre par ailleurs que leur qualité est globalement faible.

Selon deMaynadier et Hunter, (1999) la coupe forestière intensive dégrade le potentiel de l'habitat forestier en modifiant les caractéristiques physiques du sol qui sont critiques pour les amphibiens. Les opérations forestières modifient la disponibilité de débris ligneux au sol. Elles entraînent également la compaction du sol, la modification de la structure de la litière organique et la sédimentation dans les habitats aquatiques adjacents

Les diverses méthodes de coupe ont des impacts différents sur l'habitat de la faune. De prime abord, la coupe sélective semble avoir un impact moindre que la coupe rase ou la mise en place de l'agriculture. En créant des aires déboisées en régénération entourées de forêt intacte, cette action modifie la richesse biologique. Une diminution du couvert forestier amène un déclin dans la richesse des espèces.

2 Quelques approches conservationnistes

L'habitat forestier fournit de l'ombre et de la litière organique, régularise la température du milieu et retient l'humidité (deMaynadier et Hunter, 1995). Il représente également un corridor de migration et une zone tampon qui protège les jeunes de l'année (deMaynadier et Hunter, 1999). Le degré de maturité d'un milieu forestier est une mesure indirecte des caractéristiques de sa richesse biologique. La quantité de débris ligneux, le couvert forestier, le type et l'épaisseur de la litière végétale, la fraîcheur et l'humidité représentent les éléments clés de ces milieux (deMaynadier et Hunter, 1995).

a) L'agriculture et la conservation de l'espace

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Pauwel

de Wachter (1997) après une étude sur l'impact de l'essartage Badjoué sur la forêt conclu dans ses travaux que « l'essartage Badjoué n'est actuellement pas une menace pour les forêts primaires du Dja. »

L'agriculture itinérante sur brûlis est souvent considérée comme un système agricole écologiquement durable et surtout lorsque la densité des populations reste faible. En effet, selon plusieurs auteurs (Greenland & al,1960; Watters,1971; Fao,1974; Moutapa,1974; kleiman & al,1995 ; Obam,2001...) l'agriculture itinérante sur brûlis est un système agricole écologiquement acceptable car ses méthodes sont adaptées aux conditions naturelles de la forêt tant que la densité de la population et sa pression sur la nature reste faible et que la demande des vivres par les marchés demeure négligeable. Les arbres laissés lors du défrichement amènent de l'ombre bénéfique aux microhabitats. Ickowitz (2006), ne trouve aucune évidence scientifique sérieuse sur le raccourcissement de la durée des jachères et par conséquent remet en question la responsabilité imputée a l'agriculture itinérante sur brûlis comme principal moteur de la déforestation. L'essartage correspond aux besoins primaires (produire la subsistance végétale de base et, si possible, gagner un petit revenu monétaire) de la population concernée et ainsi diffère des autres causes de déforestation.

Certaines pratiques agricoles, telles que la culture du foin et le pâturage, sont plus compatibles et peuvent même être favorables à certaines espèces fauniques, car leur influence sur le milieu et l'utilisation de produits agrochimiques sont moindres que pour les monocultures (Knutson et al., 1999). Également, elles entretiennent de façon économique la végétation à des niveaux optimaux pour la conservation de certaines espèces.

b) Développement durable et conservation

Dans le prolongement du rapport Wallontief, une stratégie mondiale de conservation est mise sur pied (UICN, WWF ,1980). A travers ce document, la nécessité de combiner la conservation au développement est établie et réitérée au 3e congrès mondial sur les parcs à Bali (UICN, 1982). L'un des principaux objectifs de ce congrès est de promouvoir le lien entre l'aménagement des aires protégées et le développement durable. Toute stratégie de conservation ne peut porter des fruits positifs et durables que si on a au préalable une connaissance du potentiel disponible. De nombreuses études ont porté sur des inventaires des espèces. Assan et Mahop (2000, 2001) cités par Mbatchou (op cit.) dénombrent les grands

IV

Aire de gestion des habitats ou des espèces : aire protégée gérée principalement à des fins de conservation, avec intervention au niveau de la gestion

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mammifères dans le parc national de la Bénoué et du faro. Un inventaire ornithologique a été réalisé dans le parc national de Mbam et Djérem par Languy et al (2000). Nzooh (op. cit), fait un inventaire sur les grands et moyens mammifères dans le massif forestier Ngoyla Mintom. Des études similaires portant sur les autres groupes zoologiques (oiseaux, reptiles amphibiens et lépidoptères), ont été effectuées dans les aires protégées qui composent le complexe Tridom (Parcs Nationaux de Boumba Bek, de Nki et de Minkébé, et Réserve faune du Dja) (Bobo, 2002 ; Christy, 1994 ; Dowsett-Lemaire et Dowsett, 1998 ; MINFOF, 2005).

VI CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

A - Cadre conceptuel

Aire protégée

UICN définie une aire protégée comme « une portion de terre, de milieu aquatique ou

de milieu marin, géographiquement délimitée, vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, aux ressources naturelles associées ; pour ces fins cet espace géographique doit être légalement désigné, réglementé et administré par des moyens efficaces, juridiques et autres » (UICN 1994). Ce sont des zones qui sont aménagées de façon à répondre à des objectifs de conservation spécifiques et compatibles (Sournia, 1998).

Afin d'harmoniser l'effort de conservation de la nature entre les différents pays à travers le monde, l'UICN a défini en 1994 un référentiel qui lui permet de catégoriser les divers types d'aires protégées en fonction du degré de protection du patrimoine naturel et culturel qu'elles renferment. Cette classification comprend 6 catégories d'aires protégées.

Catégorie Caractéristiques et objectifs de gestion

IUCN

Ia Réserve Naturelle Intégrale : aire protégée gérée principalement à des fins

scientifiques ou de protection des ressources sauvages

Ib Zone de Nature sauvage : aire protégée gérée principalement à des fins de

protection des ressources sauvages

II

 

Parc national : aire protégée gérée principalement dans le but de protéger les écosystèmes et à des fins récréatives

III Monument naturel : aire protégée gérée principalement dans le but de préserver

des éléments naturels spécifiques

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Paysage terrestre ou marin protégé : aire protégée gérée principalement dans le

V but d'assurer la conservation de paysages terrestres ou marins et à des fins
récréatives

VI

 

Aire Protégée de ressources naturelles gérée : aire protégée gérée principalement à des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels

Source : UICN.

Cette classification permet, entre autres, de comparer les efforts de protection et de conservation de la nature entre différents pays.

Biodiversité

Au cours de la convention sur la diversité biologique tenue le 05 juin 1992 dans le cadre du sommet mondial de Rio de Janeiro sur l'environnement, la diversité biologique a été définie comme « La variabilité des organismes vivants de toute origine y compris entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie. Cela comprend la diversité au sein des écosystèmes ainsi que celles des espèces. » Selon le rapport annuel du Fond Mondial pour la Faune et la Flore sauvage (WWF, 1990) cité par Kemasong (1998), la biodiversité représente l'ensemble floristique, faunistique et des micros organismes des écosystèmes qui interagissent dans un processus écologique en rapport avec leur diversité biologique et génétique.

Conservation

D'une manière générale le terme « conservation » est l'acte qui consiste à préserver un élément dans un état constant. Conserver signifie littéralement utiliser quelque chose avec parcimonie. La conservation est l'effort de conscience pour protéger quelque chose et le plus souvent un plan visant à prévenir la négligence et l'extinction d'une ressource naturelle particulière.

La conservation de la nature consiste en la protection des populations d'espèces animales et végétales, ainsi que la conservation de l'intégrité écologique de leurs habitats naturels ou de substitution comme les haies, les terriers, les mares ou les autres habitats façonnés par l'homme. Selon la convention sur la diversité biologique de Rio de 1992, la conservation est « une gestion de l'utilisation par l'homme de la biosphère permettant aux générations présentes de profiter des bénéfices durables, tout en maintenant son potentiel de répondre aux besoins et aux aspirations des générations futures. » L'un des objectifs principaux du milieu de la conservation est de maintenir les exigences de conservation de la nature, mais en les inscrivant dans un cadre développementaliste, qui prendra essentiellement

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la forme d'une participation politique et économique des populations locales à la gestion des ressources naturelles.

Interzone

Selon le dictionnaire Hachette, 2007, interzone veut dire « entre plusieurs zones ». Une interzone est donc une zone qui est entourée par d'autres zones d'un intérêt particulier. Dans le cadre de notre étude, l'interzone peut donc être définie comme l'espace compris entre le parc national de Nki, la Réserve de la Biosphère de Dja et le parc national de Minkébé au Gabon. Elle permet de renforcer la fonction de protection des aires protégées environnantes. De manière générale, l'UICN, le réseau Man and Biosphere de l'UNESCO et tous les organismes de conservation recommandent que les noyaux protégés des parcs nationaux soient entourés d'une zone tampon. Certaines réserves naturelles petites ou vulnérables peuvent également inclure une zone tampon. On admet dans les zones-tampon certaines activités humaines, et en essayant de limiter leurs impacts écologiques.

Moyens d'existence

Selon Chambers et Conway (1992), par moyens d'existence, on entend les capacités d'une personne, ses avoirs (ressources matérielles et sociales) et les activités nécessaires au maintien de sa vie. Les moyens d'existence sont considérés comme durables lorsqu'ils permettent de faire face à des chocs ou à des situations de stress, de les surmonter, et de maintenir ou renforcer ses capacités et ses avoirs à la fois dans le présent et dans le futur, sans porter atteinte à la base des ressources naturelles et par conséquent à la génération suivante.

Chaque moyen d'existence dépend de l'accès à différents types d'avoirs, qui appartiennent à cinq régistres: naturel, humain, matériel, social et financier. Par définition, le moyen d'existence renforce les capacités sans «porter atteinte à la base des ressources naturelles».

Population locale

C'est une notion composite utilisée dans la littérature du développement durable. Elle recouvre plusieurs réalités suivant les contextes. Selon l'UNESCO (2003), l'expression «population locale» désigne aussi bien les peuples indigènes ayant toujours vécu sur et par le site, les agriculteurs établis de longue date, les grands propriétaires terriens, les ménages disposant de résidences secondaires, de même que des communautés urbaines très diverses. Selon Joyal, (2006), le "local" est comme un espace ayant une identité, une dynamique propre, des spécificités qui entretiennent des relations d'interdépendance avec des espaces plus vastes (régional, national, mondial) dans lesquels il s'insère. Elle est aussi utilisée pour

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désigner un groupe d'individus appartenant à une entité sociologique donnée (communauté, hameau, lignage, clan, famille...) et résidant sur un site auquel on porte préoccupation. La limite de cette vision est son caractère général. Elle occulte notamment, pour ce qui est de notre zone d'étude, les groupes résidant mais n'appartenant à aucune entité sociologique locale. Dans le cadre de cette étude, la notion de population locale va au-delà de cette restriction. Cette notion y sera utilisée pour désigner les personnes qui revendiquent, pour leur survie quotidienne, l'exploitation des ressources forestières environnantes sur des espaces hérités de leurs ancêtres ou ayant reçu le droit de jouissance d'un groupe ou d'une autorité coutumière locale reconnue, ou à travers le premier coup de hache usité dans la région.

Développement durable

En 1980, l'UICN6 définit le développement durable comme « un développement qui tient compte de l'environnement, de l'économie et du social ». Au sens du Rapport Bruntland (1987) il s'agit d'un développement qui répond aux besoins7 des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Il s'agit, en s'appuyant sur des valeurs (responsabilité, participation et partage, débat, innovation, ...) d'affirmer une approche double :

- Dans le temps : nous avons le droit d'utiliser les ressources de la Terre mais le devoir d'en assurer la pérennité pour les générations à venir ;

- Dans l'espace : chaque terrien a le même droit aux ressources de la Terre.

L'objectif du développement durable est de définir des schémas viables qui concilient les trois aspects économique, social, et environnemental des activités humaines ; « trois piliers » à prendre en compte, par les collectivités comme par les entreprises et les individus.

À ces trois piliers s'ajoute un enjeu transversal, indispensable à la définition et à la mise en oeuvre de politiques et d'actions relatives au développement durable : la gouvernance. La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs (citoyens, entreprises, associations, élus...) au processus de décision ; elle est de ce fait une forme de démocratie participative. Le développement durable n'est pas un état statique d'harmonie mais un processus de transformation dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des

6 Les termes de « développement durable » ont été utilisés, pour la première fois, officiellement, par l'UICN en 1980 dans sa « Stratégie mondiale de la conservation : la conservation des ressources vivantes au service du développement durable »

7 Le Rapport énumère les neuf besoins essentiels suivants: emploi ; sécurité alimentaire et qualité du ravitaillement ; vêtement ; énergie ; logement ; approvisionnement en eau et salubrité ; santé publique, y compris des services de planning familial ; éducation ; un revenu qui se situe à un niveau qui permettra à un particulier ou à un ménage de satisfaire, régulièrement, ses besoins.

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investissements, l'orientation des changements technologiques et institutionnels sont rendus cohérents avec l'avenir comme avec les besoins du présent.

B - Théories de référence

1 - La théorie des besoins de base de MASLOW

La théorie des besoins de base est développée par Abraham Maslow. Selon sa théorie sur la motivation humaine « A Theory of Human Motivation » (1943), un besoin nouveau supérieur n'émerge que lorsque le besoin inférieur a été relativement satisfait. Selon Maslow, les motivations d'une personne résultent de l'insatisfaction de certains de ses besoins. Il existe selon lui certains besoins minimaux ou essentiels pour un mode de vie décent. Ses travaux lui ont permis de classer les besoins humains par ordre d'importance en cinq niveaux que l'on représente par une pyramide.

En partant de la base pour le sommet, on a :

? Les besoins physiologiques : ceux qui permettent à l'homme sa survie (respiration,

alimentation, soif, sommeil...)

? Les besoins de sécurité et de propriété (protection, emploi, stabilité familiale...)

? Les besoins sociaux et les besoins d'amour et d'appartenance

? Les besoins d'estime (se sentir utile, avoir de la valeur...)

? Les besoins de réalisation de soi (réussite, confiance en soi)

Figure N°2 : Pyramide des besoins de Maslow

Tant qu'un besoin n'est pas satisfait, il constitue une source de motivation ; à partir du moment où il est satisfait, c'est le besoin du niveau supérieur qui apparaîtra comme une nouvelle source de motivation. Ainsi, si les besoins physiologiques comme la faim, la soif ne

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sont pas remplis, l'homme, individuellement ou collectivement est prêt à mettre sa sécurité en jeu pour trouver à manger et à boire.

Cette théorie s'avère utile dans le cadre de notre étude. En effet, elle nous permet de déterminer si l'absence de certaines conditions de vie plus favorables constitue un facteur pouvant contribuer à atteindre les objectifs visés par la conservation. Elle nous permettra également d'analyser l'attitude des populations face à la prise en compte ou non de leurs besoins par l'Etat et les organismes de conservation. En somme cette théorie nous sera utile pour comprendre la logique des populations et leurs actions dans notre zone d'étude.

2 - La tragédie des communaux de GARRETT HARDIN (1968)

La théorie des biens communs est une théorie qui concerne généralement les ressources naturelles qui sont soit en accès libre soit qui appartiennent à une communauté. Cette théorie s'appuie sur l'hypothèse centrale selon laquelle l'absence de droits de propriété provoque la surexploitation des ressources.

En effet selon cette approche, lorsqu'une ressource est commune à plusieurs usagers et que son accès est ouvert à tous8 sans possibilité d'exclusion et si les coûts de sa dégradation sont supportés par tous tandis que les bénéfices sont individualisés, chaque utilisateur ou usager de cette ressource tendra à maximiser son exploitation. La ressource serait dès lors vouée à l'épuisement. Cette théorie a montré ses limites dans le contexte des pays en développement. En effet, dans certaines régions la propriété commune a survécu, les ressources ont été le plus souvent maintenues à des niveaux acceptables d'abondance.

Elinor Ostrom (1990) propose une gestion des ressources par les acteurs locaux à travers des normes sociales et des arrangements institutionnels. Ces populations locales

8 Accès à la terre : propriété traditionnelle

Dans la région, c'est l'occupation d'un espace donné qui confère à un individu le droit de propriété. Celle ci se matérialise par les champs, les plantations ou les arbres fruitiers. Il en va de même pour les produits de ramassage, dont les lieux ou arbres de ramassage appartiennent à ceux qui les ont découverts les premiers. Cette propriété est transférée de manière héréditaire par les ascendants aux descendants. En dehors de ces espaces individualisés, le reste du patrimoine foncier traditionnel appartient à la communauté et l'accès y est libre pour les autochtones. Cependant, il arrive que les activités conduisent les ressortissants de villages différents, à coloniser des terres à des distances assez éloignées de leurs origines. Dans ce dernier cas, les terres n'appartiennent pas aux villages, mais plutôt aux individus. Si l'accès au foncier chez les Bantous se définit par l'occupation effective, chez les Baka au contraire, la notion de propriété foncière n'existe pas : l'espace forestier dans lequel ils ont toujours évolué appartient à tous, et chacun accède aux ressources selon ses besoins et ses capacités. Hecketsweiler, 2001.

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doivent trouver des règles limitant l'exploitation sur le long terme et mettre en place des sanctions à l'égard des de ceux qui surexploitent les ressources.

Weber et Reveret (1993) élaborent une nouvelle grille de la réalité qui priviligie l'analyse des divers modes d'appropriations des ressources naturelles et des processus de décision en matière de gestion des ressources. L'originalité de leur idée réside dans la combinaison de cinq niveaux d'un mode d'appropriation ( les représentations de la nature, les usages des ressources, les modalités d'accès aux ressources et de contrôle de l'accès, la transférabilité des droits d'accès et les règles de partage des produits issus de l'exploitation des ressources) et du processus de décision. Cette théorie et les différents points de vue qui ont été apportés par les auteurs nous permettront d'étudier l'accès aux ressources et les règles qui les régissent dans notre zone d'étude.

3 - L'approche participative

Selon Gallard et Koné (1994)9 la participation "est une dynamique sans cesse réactivée, fonctionnelle et pragmatique, dans laquelle agents de développement et populations conjuguent leurs savoirs, leurs savoir-faire et leurs volontés dans des actions concertées de partenariat en vue d'améliorer, de façon durable, la prise en charge et la gestion des actions entreprises". La participation au développement est une approche où toutes les parties prenantes sont équitablement et activement engagées dans la formulation de politiques et de stratégies de développement, ainsi que dans l'analyse, la planification, la mise en oeuvre, le contrôle et l'évaluation des activités de développement. Pour que ce processus soit plus équitable, il faut permettre aux plus défavorisés d'accroître leurs connaissances et de gérer eux-mêmes leurs moyens d'existence, surtout lorsque les initiatives de développement affectent leur vie. Gohl (1993) conçoit que la participation doit être comprise comme un processus dans lequel la population apprend à gagner de plus en plus d'autonomie tandis que les structures d'appui apprennent à céder de plus en plus de pouvoir. En outre, cette approche est vue comme un système itératif menant à un processus continu d'harmonisation des relations entre les divers membres d'une société, l'objectif étant d'accroître leur influence, voire leur main-mise, sur les initiatives de développement qui affectent leurs vies.

9 GALLARD, J. et KONE, P. 1994b. La méthodologie de l'approche participative

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Se situant dans la même logique, Ngoufo (2005) cité par Mbatchou (2010) considère que la gestion des ressources fauniques doit tenir compte de toutes les forces, externes et internes.

Nguinguiri (1998), distingue deux types d'approches participatives :

- L'approche des alternatives économiques fondée sur les incitations (payement des salaires, partage des revenus générés par l'exploitation des ressources naturelles). Cette approche encourage également la mise en place des activités économiques qui n'entravent pas la conservation des écosystèmes forestiers.

- L'approche des alternatives institutionnelles qui se caractérisent par la création des ONG, des associations locales, de petits projets avec des perspectives de mise en oeuvre des procédures de médiation. Cette approche prend en compte les étapes suivantes pour aboutir à des aménagements viables :

> Gérer les droits et les modes de propriété ;

> Concilier les contraintes d'échelle : du local à l'international ;

> Adapter les processus d'évolution aux acteurs ;

> Utiliser des procédures économiquement viables pour tous ;

> Communiquer, éduquer et accompagner les changements ;

> Soutenir les modalités participatives.

L'UNESCO, bien que n'étant pas directement impliqué dans le secteur de la conservation, a été le premier à se soucier du lien entre la conservation et le développement des populations locales à travers son projet MAB (Man And the Biosphere). Plusieurs organismes (WWF, UICN, PNUE...) vont également exprimer la nécessité de prise en compte de tous les facteurs sociaux dans le programme de conservation. La participation, à la différence de la conservation exclusive classique, exige la prise en compte des divers acteurs, des différents objectifs de la conservation, et la nécessité de faire bénéficier davantage les communautés locales des revenus issus des aires protégées. Sur le terrain, la participation des populations à la gestion des ressources naturelles sera mise en oeuvre à l'aide de divers outils. Nous retiendrons dans le cadre de cette recherche deux outils ; notamment l'approche « zone tampon » et MAB, et les projets intégrés de conservation et développement (PICD).

3 - 1 L'approche « zone tampon » et MAB

22

L'ouverture de la conservation vers le développement a été effectuée par l'UNESCO, qui propose en 1974 dans le cadre du programme « Man and the Biosphere » (MAB) le concept de réserve de biosphère, dont l'objectif est de réconcilier la protection de la nature et la satisfaction des besoins humains et d'appuyer le tout sur la coopération scientifique internationale. Afin d'associer ces diverses fonctions, il est mis en place un système de zonage qui comprend une ou plusieurs zones centrales, où l'action humaine est minimale, une zone concentrique qui sert de tampon et accueille davantage d'activités humaines telles que la formation, l'éducation à l'environnement ou certaines activités de tourisme et de loisirs. Enfin, la zone extérieure sert de lien avec le reste de la région où est sise la réserve et sert d'emplacement aux activités de développement, aux établissements humains ou à l'agriculture. Nous pouvons donc dire que les réserves de biosphère réconcilient la conservation et le développement en les séparant spatialement grâce au système de zonage mentionné.

3 - 2 Les Programmes Intégrés de Conservation et Développement

(PICD)

C'est une démarche qui tente de réconcilier la conservation et le développement, comme le souligne S. Worah : « an approach that aims to meet social development priorities and conservation goals »10, cité par Bénédicte Kippes (2007), bien que leur but premier demeure la conservation de la biodiversité. Les PICD se présentent comme une alternative acceptable de gestion des aires protégées. Toujours signe de la notion de pression de la population sur la biodiversité, l'approche PICD a pour objectif de la réduire en offrant des moyens de subsistance (« livelihoods ») diversifiés qui permettent de diminuer la dépendance des populations par rapport aux ressources naturelles et sauvages. Cette approche permet de développer des projets, dépendant généralement de fonds provenant de sources extérieures, et initiés aussi bien par des agences de coopérations gouvernementales, des ministères, des ONG locales, nationales ou internationales que par des organisations comme la Banque Mondiale.

Les PICD ont le mérite de faire admettre la nécessité d'une gestion sociale de la nature, ils nous permettront de voir, à travers le tableau de synthèse sur l'évolution des approches PICD, si les activités des populations dans l'interzone siéent aux objectifs de la conservation.

10 S.Worah, cité par HUGUES Ross, FLINTAN Fiona, Integrating Conservation and Development Experiences : A Review and Bibliography of the ICDP Literature, London: International Institute for Environment and Development, 2001, p.4

23

Tableau N°1 : Evolution de l'approche PICD

 

Présupposée

Activités-type

Leçons apprises

1ière phase

Les besoins de base des populations vivant dans et autour des zones riches en

biodiversité doivent être

remplis. Sinon, ils ne
soutiendront pas les efforts de conservation (ou y seront hostiles)

Activités de « développement social » comme la construction

de routes, d'écoles, de centres de santé (infrastructures collectives)

Les bénéficiaires sont passifs, pas assez

concernés et les liens avec la conservation sont peu clairs voire inexistants.

2ième phase

Les impacts négatifs des

communautés locales sur la

biodiversité peuvent être
allégés en leur fournissant des moyens de subsistance

(livelihoods) alternatifs,
moins dépendants des RN à protéger

Développement d' « alternative livelihoods » comme l'agroforesterie, l'apiculture, le jardinage, etc.

Les liens entre la conservation et le développement sont faibles ou peu clairs, ce qui entraîne une perte de connaissance de la gestion traditionnelle des RN. Relâcher le lien entre ressources à protéger et celles porteuses de développement qui affaiblit l'intérêt pour la conservation.

3ième phase

Les communautés locales

peuvent user des
ressources « sagement »
si le lien entre la conservation

de la biodiversité et
l'amélioration des moyens de subsistance est clair.

Ajout de valeur aux RN extraites (par ex. Apiculture

forestière, marketing et écotourisme, etc.)

Il existe des freins légaux ou politiques (accès, foncier, etc.), l'information sur la biodiversité est inadéquate, de même que les mécanismes de partage des bénéfices. Il existe des conflits internes.

4ième phase

Les communautés agiront

pour conserver les
ressources si elles prennent

part aux décisions sur

l'usage et la gestion des

ressources.

Partage de l'accès et des bénéfices, zones

à usages multiples,

planification et

gestion participative

(souvent limitées à

certaines ressources

ou zones

spécifiques)

Il existe des freins politiques et

légaux (accès, foncier, etc.),

certaines forces externes
constituent des menaces qui ne sont pas contrées, participation de la population trop limitée pour susciter un intérêt à long terme. Nécessité d'impliquer des acteurs éloignés de la gestion directe et d'adopter des accords clés entre les parties-prenantes.

Source: WORAH Sajel, «International History of ICDPs», Proceedings of Integrated Conservation and Development Projects Lessons Learned Workshop, Ha Noi (Viet Nam), Cité par Bénédicte Kippes (2007)

24

Prélèvement
des PFNL

Exploitation
forestière

Exploitation artisanale, orpaillage

Exploitation légale

Concept Dimensions Variables Indicateurs

Agriculture de subsistance, agriculture sur brûlis

Agriculture de plantation, agriculture de rente

Respect des textes en vigueur, des diamètres de coupe, degré de compréhension des textes, textes juridiques appliqués respect du cahier de charge

Agriculture

 
 

- chasse de subsistance ou chasse traditionnelle

 
 

Coupe artisanale

 

Extraction et utilisation des PFNL

Unité de surveillance/protection

Implication des populations dans la gestion des ressources

Figure N°3 : Schéma conceptuel d'analyse des activités des populations dans l'interzone Réserve du Dja parc national de Nki

Technique de culture, durée de la jachère en année, superficie des champs, rythme de création des champs/ménage/an, localisation, intrants utilisés, régime foncier, développer l'agroforesterie.

Activités Compatibilité

des populations ou et conservation :
incompatibilité

Chasse

Chasse moderne ou braconnage

 

Chasse sportive, tourisme de vision

 

Respect de la règlementation de la chasse, période de chasse, technique de chasse, destination des produits, outils de chasse, règle coutumière, espèces chassées

Connaissance des lois régissant la chasse, dégré de compréhension des textes, texte juridique appliqué, les représentations que les chasseurs se font de la forêt, techniques et armes de chasse, espèces chassées, période de chasse, créer des revenus alternatifs.

Comportement du touriste, respect de la législation en vigueur, les retombées sur l'environnement et les populations,

Respect des normes de prélèvement, modalités d'accès et de prélèvement

Exploitation minière

Exploitation industrielle

Respect de la protection de l'environnement, gestion des déchets, création de nouvelles infrastructures.

Nombre et type de structures de contrôle, poste fixe, équipe mobile de surveillance, moyens financiers des structures en place, payement des salaires,

Service de
gestion

Capacité d'influer sur les décisions, modalités d'accès et de prélèvement des RN, modalités de contrôle et de sanctions, Accès à la rente forestière (différentes taxes liées à l'exploitation, à la transformation et à l'exportation), du tourisme de vision, de la chasse sportive

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VII OBJECTIFS DE L'ETUDE

A- Objectif principal

Établir le niveau/degré de compatibilité-incompatibilité entre les activités des populations dans l'interzone Dja-Parc de Nki et les objectifs de conservation.

B- Objectifs spécifiques

De façon plus spécifique il sera question pour nous de :

? Relever les facteurs naturels et socio-économiques qui favorisent le développement des activités dans l'interzone.

? Caractériser les moyens d'existence des populations.

? Analyser les différentes techniques avec lesquelles sont menées ces activités. ? Mettre en perspective les activités menées et les stratégies de conservation.

VIII LES HYPOTHESES DE L'ETUDE

A- Hypothèse principale

Les activités menées dans l'interzone sont compatibles pour l'heure avec les objectifs de conservation étant donné que les densités humaines sont faibles.

B- Hypothèses spécifiques

- Le milieu naturel et les composantes socio-économiques actuels sont à l'origine de la richesse de cette zone dont la valorisation dépend des perspectives des acteurs en cause. - La chasse sous toutes ses formes y est prédominante et constitue la principale source de revenus.

- Les différentes activités sont développées avec des outils rudimentaires et des techniques traditionnelles qui réduisent la pression sur la forêt.

- L'accroissement démographique et la création de nouvelles infrastructures stimulent une dynamique qui à long terme pourrait être néfaste pour la conservation.

IX METHODOLOGIE

Pour atteindre nos objectifs, notre méthodologie s'est articulée autour de deux principaux axes d'investigation : la collecte et le traitement des données.

26

1- Collecte des données

Plusieurs types de données ont été collectés pour la présente étude. Elles peuvent être classées en deux types : les données de sources primaires et celles de sources secondaires.

a) Les sources secondaires

Il s'agit de la recherche documentaire. Cette phase s'est déroulée à travers l'exploitation des documents portant sur la question traitée. A ce titre, les investigations ont été conduites dans les bibliothèques et organismes de recherches à l'instar de la faculté des arts lettres et sciences humaines de l'université de Yaoundé I , du département de géographie, du CEW , de l'INC, de l'UICN/CARPE, du WWF, les délégations départementales du MINFOF et du MINEPAT du département du Dja et Lobo et des sites web. Il s'agit aussi bien des données cartographiques que textuelles. Les travaux ont consisté à dégager de ces documents des informations nous permettant de peaufiner notre cadre conceptuel et théorique, de délimiter notre zone d'étude, de mieux l'appréhender, et surtout de ressortir des cartes de synthèses en rapport avec le phénomène étudié.

b) Les sources primaires.

Les sources primaires ont été collectées sur le terrain proprement dit.

i- Les outils

Les instruments que nous avons utilisés dans le cadre de cette recherche sont des questionnaires, un appareil photo numérique, un bloc notes, des guides d'entretien, une grille d'observation des champs et un traducteur0.

.

- Les questionnaires nous ont permis de collecter des informations individuelles, en l'occurrence celles des ménages, des individus qui exercent des activités intrinsèquement liées à la forêt ou dans l'interzone. Ils ont été administrés aux chefs de ménages et aussi certaines personnes qui ne sont pas des chefs de ménage, mais qui habitent la zone d'étude. Ces questionnaires comportaient des éléments susceptibles de nous fournir des informations sur les principales activités des populations de l'interzone. Nous avions effectué notre enquête d'Août à septembre 2011 et en décembre de la même année. Ces périodes ont été retenues pour la simple raison que pour étudier les différents moyens d'existence des populations de notre zone, il fallait enquêter durant deux saisons (saison sèche et saison de pluie) pour bien analyser les différentes activités.

- Les entretiens ont été faits avec les autorités locales (chef de village, sous préfets, agents municipaux) et avec les responsables des institutions et structures locales intervenant

27

dans la gestion des ressources naturelles. Ces personnes ressources nous ont donné des informations complémentaires, notamment sur les activités des populations, sur leur rôle sur la dynamique de conservation de la zone et sur les potentialités de la zone. Pour ce qui est de la méthode utilisée pour ces entretiens, nous avons opté pour un entretien libre guidé par des questions en nombre restreint où le chercheur que nous sommes intervenait juste pour les poser et réorienter l'interviewé en cas de nécessité.

- Des observations directes ont été faites à partir d'une grille d'observation préalablement établie et cela nous a permis d'avoir de plus amples informations sur les caractéristiques de certaines activités dans l'interzone. Elles nous ont permis de compléter les données obtenues au moyen des autres instruments cités plus haut.

ii) La taille et le choix de l'échantillon d'enquête.

Compte tenu de la diversité des acteurs intervenant dans la conservation de l'interzone, nous avons opté pour un échantillonnage aléatoire. Il a consisté à tirer l'échantillon de la population de base qui est répartie préalablement dans les localités. A cause du fait que les données du RGPH 2005 que nous avons eu se limitaient aux arrondissements et du caractère peu fiables des données fournies par certains chefs traditionnels, la taille de l'échantillon a été déterminée à partir des effectifs fournis par les auteurs qui ont travaillé dans cette zone ; notamment le WWF. Ainsi, nous avions sélectionné les enquêtés de manière aléatoire et proportionnellement à l'effectif total des habitants de chaque village.

Tableau N°2 : Répartition des enquêtées par localité.

Localité

Population

Nombre d'enquêtés

Pourcentage

Messok

1200

48

34,28

Zoulabot II

205

11

7,85

Nkondong I

65

6

4,28

Zoulabot I

181

12

8,57

Etekessang

221

13

9,28

Ngoyla

1058

40

28,57

Nkondong II

15

3

2,14

Djadom

131

6

4,28

Bareko

17

1

0,71

TOTAL

3 093

140

100

Source : WWF (non publié)

Ainsi, nos investigations ont été faites auprès d'une population cible de 3093 habitants répartis dans neuf localités. 140 personnes ont été enquêtées. Lors de cette enquête, les

28

hommes ont été beaucoup plus interrogés que les femmes ; ceci non seulement à cause de leur disponibilité, mais aussi et surtout parce qu'ils pratiquent en majorité la cacaoculture et la chasse. Pour ces raisons, environ 54 % du sexe masculin ont été interrogés.

Tableau N°3 : Répartition des enquêtées par sexe dans la zone d'étude.

Sexe des enquêtés

Effectif

Fréquence (%)

Masculin

75

53,57

Féminin

65

46,43

Total

140

100,00

Source : Enquête de terrain, 2011.

2 - Traitement des données et analyse

Nous avons collecté des données qualitatives et quantitatives. Après cette étape, nous avons procédé au dépouillement, au traitement et à l'analyse de ces données. L'élément qui a servi de support pour ce travail est l'outil informatique.

A l'aide du logiciel Excel 2007, nous avons construit des tableaux, nous les avons regroupés par catégories et par modalités selon les thèmes abordés. Ce logiciel nous a également servi dans le traitement des données. Ayant au préalable élaboré une matrice d'informations géographiques qui nous a permis de reporter suivant leur qualité les données obtenues au cours des enquêtes dans ce logiciel , nous avons classé nos données par catégorie puis avons calculé selon nos objectifs et nos hypothèses, des totaux, des moyennes et les pourcentages. Le logiciel Word nous a servi pour faire la saisie et le traitement des textes. Les diagrammes et histogrammes ont été réalisés à partir d'Excel 2007et les cartes réalisées à partir du logiciel MapInfo 8.0.

Les données quantitatives ont fait l'objet d'une analyse statistique. Cette dernière nous a permis d'établir des relations entre certaines variables des hypothèses et les données collectées au moyen des questionnaires et des fiches d'observation. Ces données ont également fait l'objet d'une analyse descriptive, comparative et explicative afin de rechercher des liens de causalité entre nos hypothèses émises et les observations sur le terrain. Sur la base des critères de compatibilité et d'incompatibilité des activités que nous avons établie, (cf tableau ci-dessous) nous allons tirer des conclusions à partir des résultats que nous avons obtenus.

29

Tableau N°4 : Critères de qualification de compatibilité ou d'incompatibilité d'une activité des populations dans l'interzone.

Activités

Critères de compatibilité

Critères d'incompatibilité

Agriculture

-Longue durée de jachère,

-rotation des champs dans les jachères, -respect du plan de zonage, - conservation des arbres dans les champs, -champs de petites superficies.

-création des champs hors des espaces agroforestières

-courtes durées des jachères,

-destruction de tous les arbres dans le champ lors de sa création,

-vastes superficies des champs.

Chasse

- Chasse avec du matériel à fabrication végétal,

- produits destinés à l'autoconsommation, -Possession d'un permis de chasse, -respect de la période de chasse, des espèces chassées et des zones de chasse, - Développement de nouvelles infrastructures, respect de l'environnement

-utilisation des armes interdites par la loi,

-chasse dans les aires protégées, -chasse commerciale sans permis, -chasse des espèces protégées, -nombre de captures/espèce/chasseur/jour, -abattage des individus en gestation, -chasse en période de fermeture de chasse.

Exploitation forestière (artisanale et industrielle)

- Respect des cahiers de charges, du plan de zonage et des diamètres de coupe, - gestion durable du bois coupé, - développement des infrastructures comme les routes et les ponts,

- Respect des normes d'intervention en milieu de forêt.

-non respect des diamètres de coupe et des limites des UFA,

-absence de retombées au niveau local, -non respect des cahiers de charge.

Pêche

-pêche avec du matériel recommandé.

- pêche par empoisonnement -pêche avec des filets non sélectifs, - pêche au barrage.

Exploitation minière

-Création des emplois et développement des infrastructures de base, -Reboisement de l'espace,

- épuration des déchets,

- amélioration des conditions de vie des populations,

-fermeture et remblaiement de la mine

-Absence d'amélioration des conditions de vie des populations locales, -politique d'épuration des déchets non efficace,

-non réhabilitation de l'espace.

Service de gestion

- Travail effectif sur le terrain,

-renforcement des cadres de concertation entre les acteurs, - Sensibilisation, -financement des projets alternatifs,

- respect du droit d'usage coutumier et du terroir traditionnel.

-non implication des populations locales,

-absence des sources d'alternatives, -faible déploiement des écogardes sur le terrain,

-pas de sensibilisation et de concertation des acteurs concernés.

30

CHAPITRE I : PRESENTATION DES CARACTERITIQUES DE

L'INTERZONE RESERVE DU DJA -PARC NATIONAL DE NKI

INTRODUCTION

L'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki, par sa position en latitude est un milieu très riche en ressources naturelles et favorable au développement des activités humaines. Au Cameroun, pour garantir une meilleure conservation et une gestion durable du patrimoine forestier, la loi forestière en vigueur, institue le principe de la constitution d'un Domaine Forestier Permanent soumis à l'exigence de l'aménagement de toutes ses composantes, parmi lesquelles figurent des aires protégées représentatives de la biodiversité nationale. Pour assurer une bonne conservation des aires protégées du Tridom, un vaste couloir forestier ( le bloc forestier Ngoyla-Mintom) a été classé en une aire de conservation. Dans le présent chapitre, il est question pour nous de montrer que par sa situation géographique, ses atouts naturels et socio-économiques, l'interzone est un milieu propice au développement de nombreuses activités.

I SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE

L'interzone Réserve de Biosphère du Dja-parc national de Nki est étendue sur une superficie de 12 195 km2. Elle est comprise entre les latitudes 2°10 N et 3°00 N et de longitude 13°20 E et 14°35 E. Cette zone est comprise entre les régions du Sud (arrondissement de Mintom) et de l'Est (arrondissements de Messok et de Ngoyla). Elle s'étend sur près de 988 000 ha (L'unanimité n'est pas faite sur la détermination exacte de superficie de ce massif forestier). Elle oscille entre 932 142 hectares (MINFOF, 2006, et WWF, 2009,) et 988 000 hectares (Banque Mondiale, 2010). Elle est comprise entre la Réserve de faune du Dja, le Parc National de Nki et Bouba Bek, le parc national Odzala (Congo) et le Parc National de Minkébé (Gabon). La région qui abrite ce massif forestier assure la connectivité entre ces aires protégées.

Le gouvernement camerounais avait classé ce massif forestier comme une concession de conservation. Ce grand massif forestier, conformément au protocole d'accord signé en 2005 à Brazzaville, se trouve dans l'interzone de la trinationale Dja -Odzala-Minkebe (TRIDOM). Cet espace couvrant une superficie de 932 142 ha, se trouve à 30% dans la

31

région du Sud et à 70% dans la région de l'Est. Dans la région du Sud, les UFA 09.001 et 09.002, couvrant une superficie totale de 283 826 ha, se trouvent dans le département du Dja et Lobo, arrondissement de Mintom alors que dans la région de l'Est, les sept restantes d'une superficie de 594 869 ha, sont localisées dans le département du Haut Nyong, arrondissements de Lomié, de Messok (10%) et de Ngoyla (61%). Il leur est aussi adjoint un projet de forêt de protection (53 448 ha) qui se trouve dans le sud-ouest du parc national de Nki. La richesse et la diversité biologique de cette zone sont connues et font d'elle l'un des centres de la diversité biologique du monde

Tableau N°5: Répartition des UFAs gelées pour conservation de la biodiversité

UFA

 

Superficie en ha

Région

 

Département

Arrondissement

09. 002

 

76 621

 

Sud

 

Dja et Lobo

Mintom

9. 001

 

207 205

 

Sud

 

Dja et Lobo

Mintom

 

TOTAL

SUD

283 826

10. 036

 

67 614

 

Est

 

Haut Nyong

Lomié

 

10. 035

 

101 793

 

Est

 

Haut Nyong

Ngoyla

10. 034

 

164 976

 

Est

 

Haut Nyong

Ngoyla

10. 033

 

48 321

 

Est

 

Haut Nyong

Ngoyla

10. 032

 

102 103

 

Est

 

Haut Nyong

Ngoyla

Forèt

protection

de

53 448

 

Est

 

Haut Nyong

Ngoyla

10. 028

 

77 982

 

Est

 

Haut Nyong

Messok

10. 027

 

32 080

 

Est

 

Haut Nyong

Messok

 

TOTAL

EST

648 317

TOTAL

 

932 143

 
 
 
 

Source : DFAP, 2006.

32

Source : Fond de carte WWF, 2011 et enquêtes de terrain 2011

Figure N°4 : Localisation de la zone en conservation.

II LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DE L'INTERZONE RESERVE

DE BIOSPHERE DU DJA-PARC NATIONAL DE NKI.

II.1. LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES

II.1.1. Le relief peu accidenté

Le relief de l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki est assez diversifié. Sa topographie présente des zones de plaines, des vallées et collines. Il s'agit en général d'un relief de plateau, plat et faiblement ondulé, dont l'altitude moyenne varie entre 500 m et 850 m. Les quelques collines observées ont une altitude inférieure à 1 000 m et se retrouvent pour la plupart dans la partie Sud de la zone. Cette zone présente souvent une succession de collines basses aux pentes généralement douces. Laclavère, 1979 cité par le MINFOF11, 2011

11 MINFOF : Octobre 2011b, Cadre fonctionnel pour la gestion intégrée et durable du massif forestier Ngoyla-Mintom Projet de Conservation et d'Utilisation Durable de la Forêt de Ngoyla-Mintom - p36

33

note que l'ensemble du paysage repose sur un complexe de base métamorphique à partir duquel se sont développés des sols ferralitiques.

II.1.2. Des sols épais et pauvres

Les sols identifiés dans l'interzone sont ferralitiques. Ils sont issus des roches métamorphiques. Leurs couleurs varient un peu d'un endroit à l'autre : dans l'arrondissement de Messok ils sont de couleur rouge doré, sur l'axe Nkondong I-Djadom on rencontre des sols de couleur brun jaune. Ce sont des sols acides caractérisés par une faible teneur en éléments nutritifs et une capacité d'échange en cation relativement basse (MINFOF, 2011a). Ils ont des teneurs en azote très faibles du fait de la dégradation rapide de la matière organique. Ils sont généralement déficients en phosphore. Ces sols ont une faible valeur agricole et leur mise en valeur nécessite un investissement important. Ils sont profonds, argileux, meubles, perméables avec peu d'humus, acides et fragiles. La courte durée de la fertilité de ces sols s'explique par cette pauvreté en matières organiques. L'utilisation des engrais sur ces sols doit être accompagnée d'amendement organique et calcique pour améliorer la rétention des nutriments et diminuer l'acidité.

L'on y retrouve également des sols hydromorphes situés dans les bas-fonds avec la nappe phréatique proche de la surface ; ainsi que des sols sableux ou sablo-argileux très pauvres.

II.1.3. Hydrographie

Le réseau hydrographique de ce massif forestier est très dense. Il est composé d'une multitude de cours d'eau qui, dans certains secteurs alimentent des marécages parfois très développés. Les principaux collecteurs de ce réseau hydrographique relativement dense sont le Dja, l'Ayina, le Myé, le Lélé, le Karagoua, le Nsogo, le Lolobye, la Boumba et la Bek, l' Edjé, Lessogone, Kpassele, Mindjebile, Ngoyla, Mwesse,...

II.1.4. Un climat équatorial chaud et humide

La zone d'étude est située au sud du Parallèle 4°N, où prédomine un climat de type équatorial, chaud et humide. Elle appartient au domaine équatorial de type guinéen. Elle est marquée entre autre par l'existence de quatre saisons dont deux saisons de pluies qui s'étalent de septembre à novembre et de mars à juin, et deux saisons sèches de décembre à février et de juillet à août, avec les maxima en décembre-janvier (grande saison sèche) et en juillet - août (petite saison sèche). La température moyenne est de 24°C avec une amplitude de 2 à 3°C. Une humidité relative de moyenne annuelle de 81 % et les précipitations oscillent entre 1500

34

et 2000 mm/an. Il pleut toute l'année avec deux maxima, l'un en septembre (grande saison des pluies) et l'autre en mars-avril (petite saison des pluies). L'évapotranspiration potentielle est comprise entre 1150 et 1300 mm. L'insolation moyenne annuelle augmente d'ouest en est et du sud au nord (Suchel, 1988) cité par le MINFOF, op cit. L'interzone a entre 1500 et 1750 heures d'ensoleillement effectif par an. On constate d'importants phénomènes de pénuries d'eau potable dans certaines localités à certaines périodes de l'année.

II.1.5. La végétation

Le sud-est Cameroun appartient au domaine de la forêt dense humide verte Guinéo-congolaise, au secteur forestier sempervirent camerouno-congolais, au district congolais du Dja (Letouzey, 198512 Sonké, 1998). Ce district est tributaire du bassin congolais, essentiellement par le Dja et ses affluents. Zone de jonction entre le domaine bas-guinéen et le bassin congolais, le sud-est Cameroun subit l'influence des forêts denses atlantiques. Elle est couverte par la forêt sempervirente du Dja.

Mbolo et al.,13 classifient également ces différentes formations végétales en plusieurs types : la forêt primaire, les forêts secondaires, les forêts hydromorphes (les forêts inondables, les marécages, les formations de bas-fonds, les prairies), les peuplements particuliers, les jachères et les zones de cultures.

II.1.5.1. La forêt dite primaire

C'est une formation dense à sous-bois clair permettant une vision à des dizaines voire des centaines de mètres. Elle présente presque partout les mêmes caractéristiques au niveau de la strate arborescente supérieure. Il s'agit d'arbres de très gros diamètres avec des émergents de plus de 40 m de hauteur parmi lesquels on rencontre les espèces suivantes : Panda oleosa, Irvingia grandifolia, Baillonella toxisperma, Erythrophleum suavolens, Terminalia superba, Piptadenistrum africanum, Pentaclethra macrophylla, Petersianthus macrocarpum, Wildemaniodoxa laurentii, Desplatia sp., Duboscia viridiflora, Hylodendron gabunense, Cylicodiscus gabonensis, Rothmannia megalostigma, Pachypodanthium staudtii, Pachyelasma tessmannii.

12 LETOUZEY R., 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au 1/500 000. Institut de la cartographie internationale de la végétation, Toulouse, France

13 MBOLO M., AMOUGOU AKOA & Guy-Suzon RAMAGAZON : La cartographie de la végétation au service de la gestion des écosystèmes forestiers Cas de la Réserve de la Biosphère du Dja

35

Son sous-bois est constitué de nombreux arbustes et arbrisseaux longiformes avec très peu de lianes ; des peuplements grégaires de Leptonychya spp., Rinorea spp. sous des arbres de diamètres moyens formant une strate arborescente moyenne (Amougou, 1989) supportant de nombreuses lianes dont Tetracera alinifolia (liane à eau) qui donnent l'impression de peser sur la forêt. Ce sous-bois est dominé par les Marantacées, les Acanthacées et les Raphia regalis.

On retrouve dans ces formations, des arbres souvent utilisés pour caractériser les forêts secondaires : Alstonia boonei, Terminalia superba, Pycnanthus angolensis, Petersianthus macrocarpus, (etc.). Ce fait prouve que la caractérisation des forêts secondaires par ces seules héliophiles n'est pas toujours absolue.

II.1.5.2. Les forêts secondaires

Les forêts secondaires sont des formations hautes constituées d'arbres de gros et moyens diamètres formant une strate arborescente supérieure continue. On peut les classer en deux catégories : les forêts secondaires jeunes et les forêts secondaires adultes.

? Les forêts secondaires jeunes sont des formations que l'on peut assimiler à des jachères adultes. On les retrouve autour des habitations. Elles s'étendent sur un rayon d'environ 1 km en arrière des jachères. Très souvent, on rencontre des bandes de forêt primaire larges de 1-2 km juste derrière les habitations au-delà desquelles se trouvent des jachères et des cacaoyères. Elles sont caractérisées par la présence de vieux Musanga cecropioides, (1-2 m de diamètre, plus de 40 m de hauteur) en association avec des espèces telles que Fagara macrophylla, Uapaca vanhouttei, Pentaclethra macrophylla, Petersianthus macrocarpus, Alstonia boonei, Albizia zygia, Terminalia superba, Ricinodendron heudelotti, Cleistopholis patens, Entandrophragma spp., Desbordesia glaucescens, Klainedoxa gabonensis, Cylicodiscus gabonense pour les strates arborescentes supérieures et moyennes, Tabernaemontana crassa, Tetrorchidium didymostemon, Bridelia spp., Xylopia spp., Leptonychia spp., Laccosperma sp., Caloncoba welwitschii et Elaeis guineensis dans les sites d'anciennes habitations. Dans le sous-bois, on rencontre Rinorea sp., Haumannia danckelmanniana, Stachyphrynium sp., Megaphrynium sp., Aframomum spp., Commelina ambigua dans les zones ouvertes, Hymenocardia acida et Alchornea floribunda dans les zones fermées.

36

? Les forêts secondaires adultes sont des zones d'anciennes habitations reconnaissables par la présence de vieux pieds d'Elaeis guineensis. Les forêts secondaires adultes sont des formations à dominance de Triplochyton scleroxylon avec, de part et d'autre, des tiges de Terminalia superba, Albizia zygia, Alstonia boonei, Ceiba pentandra, Bombax buonopozense, Myrianthus arboreus, Sizygium guineense, Cordia platythyrsa, Antidesmas spp., Celtis spp.

II.1.5.3. Les forêts marécageuses

Il existe deux types de forêts marécageuses à Raphia : les forêts marécageuses inondées temporairement et les forêts marécageuses à Raphia hookeri le long du Dja et les forêts marécageuses à R. monbuttorum le long des affluents du Dja et des autres cours d'eau.

? La forêt marécageuse inondée temporairement

C'est un groupement forestier sur des sols mal drainés que l'on trouve aux abords des rivières qui arrosent l'ensemble de la forêt ainsi qu'à la périphérie des zones marécageuses. Cette formation végétale est inondée pendant la saison des pluies mais l'évacuation des eaux se fait rapidement, permettant une période d'assèchement prolongée. Les forêts marécageuses inondées temporairement se localisent dans les vallées des moyens et grands cours d'eau sur des sols gorgés d'eau et spongieux, dont la hauteur et la durée de la submersion varient avec l'éloignement des rivières. La crue peut durer plusieurs semaines mais une période d'assèchement assez longue existe.

? La forêt marécageuse à Raphia

On rencontre les raphiales ripicoles le long des berges boueuses de certaines rivières. Cette forêt au contact du courant d'eau est composée de Raphia hookeri accompagné de Allanblackia floribunda (Nsangomo), Uapaca guineensis (Assam vrai) et Xylopia staudtii (Odjobi).

Dans la plupart des rivières, on rencontre le Raphia monbuttorum. Il forme de fréquents et vastes peuplements linéaires repartis le long de toutes les vallées plus ou moins larges. Ce peuplement est généralement pur mais selon les perturbations, il peut être accompagné de quelques espèces dont : Cleistopholis patens (Avom), Cola lepidota (Evoe), Garcinia mannii (Mekoa), Macaranga spp.(Assas), Mitragyna ciliata (Babia), Nauclea pobeguinzi (Andingding), Uapaca guineensis (Assam vrai) et Xylopia staudtii (Odiobi).

II.1.5.4. Les jachères

Les jachères sont des formations végétales très denses qui présentent plusieurs faciès :

? des faciès monospécifiques à Chromolaena odorata ou à Pennisetum purpureum,

37

? un faciès à C. odorata, Aframomum sp., Micoma augusta, Lantana camara, Masa spp., et de jeunes héliophytes tels que : Musanga cecropioides, Albizia zygia, Ficus mucuso, Macaranga spinosa, Rauvolfia macrophylla, R. vomitoria, Urena lobata, Funtumia elastica, Tetrorchydium didymostemon, Vernonia conferta, Margaritaria discoidea, Harungana madagascariensis,

? un faciès à C. odorata, Coffea robusta,

? des peuplements à Musanga cecropioides dans les vieilles jachères.

II.1.5.5. Les zones de cultures

En dehors des cultures vivrières, on rencontre des cultures de rente : Coffea robusta, et Theobroma cacao. Les cacaoyères, de superficie variable (1-5 ha) se rencontrent sous un couvert forestier constitué d'arbres disposés çà et là dans la plantation lui donnant une physionomie de forêt secondaire : Terminalia superba, Pycnanthus angolensis, Triplochyton scleroxylon, Ceiba pentandra, Panda oleosa, Mansonia altissima, Petersianthus macrocarpus, Pterocarpus soyauxii, Ficus mucuso, F. exasperata, Margaritaria discoidea, Distemonanthus benthamianus, Mangifera indica, Persea americana, Fernandoa adolphii, Cleistopholis patens, Ricinodendron heudelotti.

II.2. LES TYPES DE RESSOURCES.

II.2.1. Les minerais

L'interzone est une région riche en ressources minières. De l'or au cobalt, en passant par le fer, notre zone d'étude est très riche en minerais.

· Le nickel et cobalt ;

· Le calcaire à Mintom ;

· Le fer à Mbalam 2.

On signale également la présence de l'or dans plusieurs localités. D'autres minerais sont aujourd'hui annoncés dans l'interzone : notamment dans l'arrondissement de Mintom.

L'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki est perçue comme importante en raison de son potentiel minier. Des projets sont en cours pour l'exploitation des réserves de fer de Mbalam, de nickel et cobalt du secteur Lomié-Ngoyla-Messok à l'intérieur et à la périphérie de l'interzone.

38

II.2.2. Le bois.

L'interzone est très riche en bois. Elle se caractérise par une forte densité d'arbres à l'hectare dans les forêts et de nombreuses essences de valeurs avec une hauteur de canopée estimée à environ 50 m. Les familles dominantes sont entre autres les Méliacées et Sterculiacées. La seconde, moins complexe que la première au point de vue de la richesse floristique, se caractérise par une hauteur de canopée estimée à 40 m et les familles dominantes sont les Combrétacées, Sterculiacées et Ochnacées, perdant leur feuillage en saison sèche (MINFOF, 2011a).

Parmi les essences présentes dans la zone d'étude, on peut citer : le moabi (Baillonnella toxisperma), le padouk (Ptérocarpus soyauxii), le movingui (Distemonanthus benthamianus), le tali (Erythrophleum suaveolens), le sapelli (Entandrophragma cylindicum), le sipo Entandrophragma utile), le bibolo (Lovoa trichilioides), l'iroko (Chlorophora excelsa), le kossipo (Entandrophragma candolei), l'okan (Cilicodiscus gabonensis), l'ilomba (Pycnanthus angolensis), le fraké (Terminalia superba), le bubinga (Nauclea diderrichii), etc. (MINFOF, op. cit).

Ce bois est destiné à plusieurs fins : le bois d'oeuvre, le bois-énergie et le bois de service.

? Bois d'oeuvre.

Les bois d'oeuvre n'étaient pas utilisés par les populations locales, mais avec l'avènement de la scie à chaîne (tronçonneuse) et de la tôle pour toitures, toutes les essences commerciales (Iroko, Movingui, Sapelli...) font l'objet de sciages artisanaux. L'exploitation des bois porte sur une cinquantaine d'essences dont quinze fournissent près de 90% du volume total et trois (Ayous, Sapelli, Azobé) fournissent plus de 60%.

L'exploitation forestière est effective dans certaines localités de notre zone d'étude : aux environ de Mintom, trois compagnies forestières respectivement dénommées, SOCID avec 440 696 ha, LOREMA avec 138652 ha et FANGA FORESTIERE exploitent la forêt ; à Messok, la commune a perçu en 2005 un total de 213 364 842 F cfa pour les 40% de la redevance forestière annuelle des UFA exploitées dans cette circonscription, et les populations 53 341 210 F cfa.(DFAP, 2006), zoulabot 2,Nkondong 1. La grande partie de notre zone d'étude étant une concession de conservation, l'exploitation industrielle du bois n'est pas effective.

? Bois-énergie et bois de service.

39

L'utilisation du bois de feu accélère la déforestation dans les localités comme Messok et Ngoyla. Ce bois provient très souvent des arbres coupés lors de l'abattage. L'augmentation des prix du pétrole et l'afflue des nouveaux venus dans la zone favorisent la collecte du bois de feu.

Les bois de services contribuent de façon significative à la construction de l'habitat, des ponts et de certains bâtiments dans cette zone rurale. De nombreux emplois dans l'artisanat, la menuiserie et les petits métiers utilisent le bois comme matière première dans les localités enquêtées.

II.2.3. LA FAUNE.

Les informations portent essentiellement sur les mammifères, les oiseaux et les poissons. De façon globale, les prospections de reconnaissance effectuées dans ce massif font état de la présence de 37 espèces de grands et moyens mammifères (Nzooh, 2003) et de 228 espèces de poissons (Ulrich, 2007). Usongo &al (2007) a estimé que le massif renferme environ 228 espèces de poisson et 37 espèces de mammifères de taille moyenne et grande dont 3 000 éléphants, 4 000 gorilles, 1 500 chimpanzés. Dans le cas des autres groupes zoologiques (oiseaux, reptiles, amphibiens et lépidoptères), l'évaluation effectuée dans les aires protégées adjacentes (Parcs Nationaux de Boumba-Bek, de Nki et de Minkébé, et Réserve de Faune du Dja) démontre qu'ils sont également assez représentés.

II.2.3.1. Les mammifères

Selon leur niveau de protection, les mammifères les plus gros et les plus caractéristiques de notre zone d'étude sont les suivants :

· Classe A (Protection absolue) : la Panthère (Panthera pardus), le Gorille (Gorilla gorilla), le Chimpanzé (Pan troglotydes), le Magistrat (Colobus guereza).

· Classe B (protection partielle) : l'Eléphant (Loxodonta africana cyclotis), le Buffle (Syncerus caffer narrus), le Sitatunga (Tragelaphus spekei), le Pangolin géant (Manis gigantea), le Potamochère (Potamochoerus porcus), le Céphalophe à bande dorsale noire (C. dorsalis), le Bongo (Boocerus sp)...

· Classe C (Protection réglementée) : le Hocheur (Cercopithecus nictitans), le Moustac (Cercopithus cephus), le Cercocèbe à joues blanches (Cercocebus albigena), le Cercocèbe agile (Cercocebus galeritus), le Mone (Cercopithecus pogonias), le singe de brazza (Cercopithecus neglectus), le Cephalophe bleu (Cephaloplus sp) ...

40

Les études de Williamson et Usongo, (1995)14 portant sur l'abondance de ces mammifères indiquent que la densité des éléphants est de 0.56 individus/km2, 1.71 individu/km2 pour le Gorille, 0.79 individu/km2 pour le Chimpanzé. Les grands animaux sont menacés à cause de l'intensité de la chasse et du braconnage. On note la présence de l'éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis), du gorille et du chimpanzé (Pan troglodytes). La forte pression exercée sur ces mammifères, notamment sur l'éléphant, provient de la demande en viande de brousse pour approvisionner le centre de la municipalité et les centres urbains, la viande d'éléphant étant couramment consommée.

II.2.3.2. Les oiseaux.

Parmi les espèces identifiées dans notre zone d'étude, on retrouve : le perroquet gris à queue rouge, Psitthacus erithacus, le grand Calao à casque noir Ceratogymna atrata, le Calao à joues brunes, Ceratogymna cylindricus, le Calao à joues grises Ceratogymna subcylindricus sont les plus remarquables. Les calaos, toutes espèces confondues atteindraient une densité de

13 individus par km2. La zone abrite l'une des plus importantes colonies au monde de Picatharte chauve Picathartes oreas. Du fait des difficultés d'observation dans notre zone, et aussi parce que les résultats des inventaires fauniques faits par le WWF du mois d'Août à Octobre 2011 ne sont pas encore publiés, il est difficile de conclure sur la richesse faunique de notre zone d'étude.

II.2.3.3. Poissons, reptiles et amphibiens.

Les espèces de poissons identifiées dans l'interzone Dja-parc national de Nki sont communément celles rencontrées dans le bassin congolais. Comme partout ailleurs dans la forêt congolaise, les reptiles et les amphibiens sont largement représentés. La pression de la pêche non durable et de la chasse exercée sur certaines espèces protégées (crocodiles en particulier) nécessite leur inventaire.

II.2.4. Les produits forestiers non ligneux.

Parmi les produits forestiers non ligneux les plus utilisés dans notre zone d'étude figurent les produits non ligneux à des fins alimentaires : graines de Moabi (Baillonella toxisperma) qui servent à l'extraction d'une huile très prisée, les graines d'Andok (Irvingia gabonensis) servent à la confection des sauces, les graines de Cola edulis, les chenilles, les

14 WILLIAMSON, L. & USONGO. L. 1995. Recensement des populations de primates et inventaires des grands mammifères. II Recensement des éléphants, gorilles et chimpanzés dans la Réserve de Faune du Dja (Cameroun). Rapport technique. Projet Ecofac, Agreco. : 47 p

41

produits de la pharmacopée : écorces, feuilles, sève et racines d'une grande diversité d'essences forestières sont utilisées dans la pharmacopée locale.

On distingue également des produits non ligneux utilisés dans la construction : par exemple, les feuilles de Marantacées pour les habitations des Baka et feuilles de raphia pour la confection des nattes chez les Bantous. Les rotangs et les bambous divers sont utilisés aussi bien en construction qu'en artisanat.

Beaucoup sont destinés à l'autoconsommation, mais de plus en plus se développe un commerce local et international formel ou informel. Pour certains produits (Gnetum, Irvingia, Ricinodendron, Moabi) la récolte et l'échange relèvent du secteur informel même si les quantités concernées sont importantes tant au niveau local que du commerce transfrontalier (Gnetum, Ricinodendron). Selon le WWF (2007) ces PFNL, sans être d'une importance cruciale en terme commercial, contribuent dans des proportions de 4 à 10 % dans les revenus annuels des ménages dans la partie occidentale de l'interzone.

III. ENVIRONNEMENT SOCIOECONOMIQUE

III.1. Un peuplement cosmopolite.

Le peuplement de la région est cosmopolite. Il est constitué d'autochtones et d'allogènes. Les autochtones sont représentés par les Bantous et les Pygmées Baka. Les premiers sont sédentaires, alors que les Pygmées pratiquent encore en partie le semi-nomadisme, allant des villages à la forêt en fonction des saisons et des collectes à y opérer. Les peuples Bantous et Pygmées vivent généralement ensemble dans les mêmes villages, mais les Baka se singularisent parfois en créant de petits campements distincts, mais toujours rattachés à des villages bantous. Les Pygmées sont disséminés partout dans toute la zone, bien qu'à des niveaux de concentration différents. Les populations originaires des autres régions du Cameroun (Bulu, Etôn, Bamoun, Bamiléké, Toupouri, Moudang) sont concentrées essentiellement dans les «villes» de Ngoyla, de Messok et dans la zone de Mbalam .

Cette diversité ethnique se traduit d'après les résultats d'enquête effectuée dans la zone d'étude par le graphique suivant.

42

11%

4%

5%

44%

19%

17%

djem nzime baka bamiléké foulbé autres

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.

Figure N° 5: Représentation des groupes socio-ethniques dans l'interzone.

La représentation des groupes socio-ethniques nous a permis de ressortir deux grands groupes : le groupe le plus représenté (les autochtones constitués des bantous et des baka 80%) le groupe le moins représenté (les allogènes 20%). Le groupe ethnique le plus représenté est le Djem (45%), le groupe Nzime représente (17 %). Ces deux groupes sont les bantous. Les Baka, peuple chasseur et cueilleur de la forêt, représentent 19%. Le groupe que nous avons nommé «autres» est constitué des ewondo, Bulu, Etôn, étrangers... Il représente 11% de la population. Les Bamiléké, groupe auquel nous avons associé les Bamoun représente 5% et les Foulbé 4%. Selon le MINFOF (2011a), les bantous représentent 68 % de la population de l'interzone et les Baka 30 %.

Au niveau de la répartition spatiale de ces groupes socio ethniques dans l'interzone, elle varie peu dans les villages, mais est presque identique dans toutes les villes des unités administratives. Le graphique suivant nous permet d'avoir une idée plus claire de cette répartition spatiale.

40

60

50

30

20

10

0

messok NGOYLA nkondong2 zoulabot 1 nkondong1 djadom etekessang zoulabot 2 bareko

autres foulbé

bamiléké baka nzime djem

43

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011. Figure N°6: Représentation des groupes socio-ethniques dans les localités enquêtées.

De ce graphique, nous constatons que la structure ethnique de la population varie, mais est presque homogène dans les unités administratives et les secteurs : les Bantou sont majoritaires. Quant aux allogènes, on les retrouve beaucoup plus dans les villes (Ngoyla et Messok) et les sites industriels d'exploitation forestière : Messok, Ngoyla, Nkamouna, Mbalam 2. Ils viennent de toutes les régions du Cameroun et travaillent soit dans les administrations, soit dans les sociétés forestières, soit dans des entreprises commerciales/agricoles, ou sont tout simplement à la quête de travail. On trouve aussi des ressortissants des pays étrangers : Mauritaniens, Maliens, Sénégalais, Nigérians, qui pratiquent plus le commerce, et quelquefois la pêche pour ce qui est des Nigérians et surtout des Sénégalais.

III.2. Organisation sociale

L'organisation sociale est celle des peuples de la forêt, c'est-à-dire de type acéphale ou segmentaire. Les villages sont constitués de familles appartenant à un ou plusieurs lignages, qui fonctionnent de manière autonome. Le patriarcat, qui est l'organe informel de régulation

44

et de gestion de la société, est assez faible. La chefferie est une réalité récente introduite par la colonisation et le chef de ce fait n'exerce pas une réelle autorité sur ses populations. Il représente plus le lien entre les populations et l'Administration dont il constitue le pilier de base.

Les bantous sont organisés suivant les secteurs en villages pluriclaniques ou monoclaniques à partir des lignages et de leur segmentation. La structure pluriclanique est surtout rencontrée dans les gros villages arbitrairement délimités par l'administration et qui regroupent en réalité plusieurs hameaux sans chefferie autonome. La structure monoclanique dans ce cas est alors transposée au niveau du hameau.

Les villages sont dirigés par les chefferies de troisième degré coiffées par les chefferies de deuxième degré. La désignation du chef se fait par élection et le plus souvent par hérédité entre les membres d'une famille régnante qui généralement, est celle qui se serait installée la première sur le site. Les chefs qui sont des auxiliaires d'administration, sont entourés chacun d'un conseil de notables (représentant chacun un lignage du village) et d'un tribunal coutumier. Leur autorité ne souffre pas, en principe, de contestation et ils résolvent la plupart des conflits entre leurs sujets au niveau local (Ondoua et Defo, 2008).

Chez les Baka, la structure sociale est encore plus restreinte car le plus souvent limitée à la famille. Le semi-nomadisme accentue encore la liberté chez ces peuples de la forêt. Ils ont la particularité de se regrouper par clan composé de plusieurs familles dans les campements (Odoumou, Bareko, Assok, Belle-ville, Nkolfong, J'aime la paix, Saké, Mekamekouma, Assoumindélé, Mabam, etc.). Leur organisation sociale est faite autour de la chasse et de la cueillette des produits forestiers. Chaque famille reste autonome. Cependant, la direction du clan revient au patriarche le plus âgé qui est également le plus expérimenté en termes de conduite des expéditions forestières (chasse) et demeure le guide spirituel dans les relations avec l'esprit Jengi (Ondoua et Defo, 2008). Les chefs de campement rendent compte aux chefs des villages dont relèvent leurs campements respectifs. Dans chaque campement Baka, un individu identifié comme chef de campement occupe essentiellement une fonction d'interlocuteur sans fonction administrative établie.

45

A

Source : Cliché Tatuebu, Septembre 2011

Photo N°1: Le chef du campement (A) Mabam et sa famille devant leur maison. III.3. Importance et répartition des populations

L'interzone Dja-parc national de Nki compte plus d'une soixantaine de villages sédentaires notamment des villages-rues localisés pour l'essentiel le long des routes carrossables et des pistes forestières ou minières, une trentaine de campements pygmées disséminés dans la forêt. Elle est faiblement peuplée, sa population est estimée à 10 577 habitants (Ntongho, 2003) dont 75% vivant en milieu rural, 48% de femmes (RGHP, 2005) et environ 30% de Baka. Notre zone d'étude couvre trois arrondissements : Messok 11 213 habitants, Ngoyla 4424 habitants et Mintom 6130 habitants (RGHP, 2005). Compte tenu du fait qu'une grande partie de l'arrondissements de Messok ne fait pas partie de l'interzone, les données relatives aux populations utilisées dans le présent mémoire seront celles fournies par le WWF.

Tableau 6 : Répartition des enquêtés par sexe et par localité.

Village Sexe

Messok

Ngoy- la

Zou- labot1

Nkon- dong1

Dja- dom

Etéke ssang

Zou- labot2

Nkon- dong2

Bare -

ko

Totau x

Masculin

27

20

6

3

3

8

5

2

1

75

Féminin

21

20

6

3

3

5

6

1

0

65

Totaux

48

40

12

6

6

13

11

3

1

140

 

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.

46

De ce tableau, il ressort que la population masculine représente 54% de notre échantillon et celle féminine 46 %. Ceci parce que certaines activités comme la chasse, qui nous intéresse dans le présent mémoire, sont en grande partie exercées par les hommes.

Le taux d'accroissement moyen annuel entre 1987-2005 est de 2,9% avec une densité moyenne de 13,4 habts/km2 dans la région du Sud et de 2,2% avec une densité moyenne de 7,1 habitants/km2 à l'Est (RGHP, 2005). Les densités dans l'interzone sont encore inférieures à 1 habitants/km2 (MINFOF, 2011).

L'interzone possède un potentiel énorme en matière de population active. En effet, d'après les enquêtes de terrain, la population âgée de moins de cinquante ans est très nombreuse dans la zone.

Tableau N°7 : Répartition des enquêtés par tranches d'âge et par localité

Tranches d'âge

Localités

15-24

25-34

35-44

45-54

55-64

65 +

Totaux

Messok

2

7

15

18

0

6

48

Ngoyla

6

16

6

5

4

3

40

Nkondong 2

1

0

1

0

1

0

3

Zoulabot 1

2

3

3

1

3

0

12

Nkondong 1

0

1

2

2

1

0

6

Djadom

2

1

1

0

2

0

6

Etekessang

2

2

4

2

3

0

13

zoulabot 2

5

1

2

0

3

0

11

Bareko

0

1

0

0

0

0

1

Totaux

20

32

34

28

17

9

140

 

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.

Il ressort de ce tableau que la population âgée de moins de quarante cinq (45) ans représente 61% de la population enquêtée. L'âge moyen de la population active de la région oscille entre dix et cinquante (50) ans. La population de la région est à forte dominance masculine. Le ratio des hommes est de 55% contre 45% pour les femmes. La pratique de la polygamie est très répandue dans la région, cependant le taux de divorce est également élevé à cause de l'émigration des femmes à la recherche des meilleures conditions et opportunités de vie au Congo et dans les grandes villes. Par ailleurs, l'environnement naturel généreux de la région offre de multiples opportunités aux hommes en termes de bénéfices. La plupart des

47

activités clés de la région sont à dominance masculine (chasse, agriculture/cacao, pêche, portage, etc.).

Notre zone d'étude est une région frontalière. A cet effet, il s'y déroule un flux migratoire constant du Congo vers le Gabon et vers le Cameroun et vice-versa. Les migrations observées dans cette zone sont dues à des raisons économiques et sociales. Certains habitants dans certains villages du Sud de l'interzone sont venus du Congo : exemple Etat-frontière, Ntam, Alati, Lélé, Mbalam II, Menkoum, etc. Ces migrations sont favorisées par la faiblesse du contrôle au niveau des frontières.

III.4. Un niveau d'étude très bas.

Il existe dans l'interzone de nombreux établissements scolaires : des écoles maternelles, primaires, et secondaires. Mais, dans l'ensemble, le niveau d'étude est très bas dans la zone. D'après les enquêtes de terrain, le niveau d'étude de notre échantillon se présente comme suit :

Effectifs

40

80

70

60

50

30

20

10

0

SANS NIVEAU PRIMAIRE SECONDAIRE UNIVERSITAIRE

Niveau d'étude

14

53

67

6

Source : Enquête de terrain, Aout-septembre 2011 Figure N°7 : Répartition de la population enquêtée par niveau d'étude.

Il ressort de ce graphique que près de la moitié de la population enquêtée (48%) n'ont pas fait les études secondaires :(10%) n'ont jamais été à l'école et (38%) se sont arrêtés au cycle primaire. Ceux qui ont été au secondaire représentent 48 % . Mais parmi ceux-ci, plus de 80% n'ont pas traversé la classe de quatrième (4e) ou la troisième année de l'enseignement technique. Le bas niveau d'étude peut être expliqué par le fait qu'aussitôt qu'ils arrivent dans

48

les établissements secondaires, ils sont exclus à cause de leur niveau très bas et ils rentrent au village. Quant à ceux du niveau supérieur, ils représentent 4% de notre échantillon. Compte tenu de notre période d'enquête, Août-Septembre, près de 90% de ceux qui ont fait l'enseignement supérieur était des jeunes en congé.

L'enclavement est un facteur qui limite le niveau d'étude des populations de l'interzone. En effet, de Messok, qui peut être considéré comme la localité facilement accessible de la zone enquêtée, à Djadom, qui est au coeur de la forêt proche de la frontière avec le Congo, on constate que le pourcentage de ceux qui ont été au niveau secondaire par localité décroit considérablement. On passe de 52% à Messok à 47,5% à Ngoyla et à 16% à Djadom.

Le taux élevé de la population active se justifie par le fait qu'il y a beaucoup d'exclus des établissements scolaires, des chômeurs et des migrants de retour qui rentrent au village pour s'occuper de leurs parents et prendre soin de leurs propriétés comme les champs de cacao ou chercher à améliorer leurs conditions de vie en profitant des opportunités que leur offre l'accès aux ressources forestières.

IV. SITUATION JURIDIQUE DES FORETS ET ACCES AUX RESSOURCES DANS L'INTERZONE.

IV.1. Situation juridique des forêts dans l'interzone.

L'un des aspects les plus importants de la loi de 1994 portant régime des forêts est la répartition du patrimoine forestier du Cameroun en deux catégories: le domaine forestier permanent (DFP) et le domaine forestier non permanent (DFNP) (Articles 20-39). Les terres rassemblées sous le DFP doivent idéalement couvrir au moins 30 % du territoire national, représenter la diversité écologique du Cameroun, avoir pour vocation de demeurer définitivement la forêt et/ou l'habitat de la faune et être gérées de manière durable selon des plans de gestion approuvés. Le DFNP, quant à lui, est constitué de terres susceptibles d'être affectées à des utilisations autres que forestières. Les 09 Unités forestières d'aménagement (UF A) qui constituent la concession de conservation (massif forestier Ngoyla-Mintom) sont proposées comme faisant essentiellement partie du domaine forestier permanent dans le plan indicatif d'utilisation des terres forestières du Sud-Cameroun.

49

IV.1.1. Domaines forestiers permanents

Encore appelées forêts classées, il s'agit des terres définitivement affectées à la forêt et/ou l'habitat de la faune.

? Les forêts domaniales :

Ce sont des forêts ayant fait l'objet de classement au profit de l'État ; appartenant au domaine privé de l'État, la responsabilité de la gestion forestière incombe donc à l'Administration chargée des forêts. Toute activité forestière doit se conformer au plan d'aménagement dont l'Administration chargée des forêts assure le contrôle. Sont considérées comme forêts domaniales les terres suivantes :

- Les aires protégées pour la faune : Les parcs nationaux ; les réserves de faune, les zones d'intérêt cynégétique, les games-ranches d'État, les jardins zoologiques, les sanctuaires de faune et les zones tampons.

- Les réserves forestières : sanctuaires de flore, forêts de protection, forêts de récréation, forêts d'enseignement et de recherche, les périmètres de reboisement, les jardins botaniques, les forêts de protection ;

Les forêts de production sont des périmètres destinés à la production soutenue et durable de bois d'oeuvre, de service ou tout autre produit forestier (les droits d'usage en matière de chasse, de pêche et de cueillette y sont réglementés).

? Les forêts communales

Il s'agit des forêts ayant fait l'objet d'un acte de classement pour le compte de la Commune ou forêts plantées par la commune sur un terrain communal. Elles appartiennent au domaine privé de la commune et la responsabilité de la gestion forestière incombe à celle ci, sous contrôle de l'Administration chargée des forêts. Le plan d'aménagement arrêté par le Ministre chargé des forêts est mis en oeuvre par la commune, sous le contrôle et le suivi de l'Administration.

IV.1.2. Des domaines forestiers non permanents

Le DFNP rentre dans la catégorie juridique de forêts du domaine national, à savoir celle d'un patrimoine collectif géré par l'État, sur lequel l'appropriation privée est possible dans certaines conditions. Il est désigné comme « bande agroforestière » dans le plan de zonage et comprend les zones de culture des communautés, les forêts communautaires et éventuellement les forêts de particuliers.

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IV.1.3. La vocation des terres forestières dans l'interzone.

Le Décret 95/678/PM institue un cadre indicatif d'utilisation des terres en zone forestière méridionale. L'ouverture de nouvelles routes, l'exploration et l'exploitation des minerais et l'installation des populations risquent de remettre en cause ce plan indicatif. De plus en plus on assiste à de nombreuses installations des populations dans certaines localités sur le tronçon Mintom-Mbalam 2 à la recherche des terres agricoles. Selon ce plan indicatif, l'utilisation des terres dans le Cameroun se répartit comme suit :

? Terres à vocation de production forestière

Ce plan de zonage, outil de planification définit sur carte des UFA et autres utilisations de terres mais leur matérialisation sur le terrain reste à faire. Notre zone d'étude, étant vouée à la conservation, les UFA qui la constituent ne sont pas en exploitation.

? Réseau d'aires protégées

Le plan de zonage du Cameroun méridional prend en compte les sites critiques identifiés en 1988 même si ces derniers n'ont pas été classés entre temps. Comme nous l'avons mentionné plus haut notre zone d'étude est entourée de nombreuses aires protégées (RBD, parc national de Nki, le complexe Kom-Mengamé).

? Usages alternatifs des terres forestières

Les terres forestières de la zone font l'objet de nombreuses convoitises liées à l'augmentation de la population, à l'urbanisation et l'industrialisation. Les forêts constituent en effet une réserve foncière. Les terres agricoles, les villes et les zones dites industrielles s'étendent au détriment de la forêt.

A côté de tout le dispositif normatif sur les terres et les ressources forestières mis en place par l'État, il existe des systèmes de gestion des terres et des ressources développées par les communautés qui, dans la réalité, dominent les pratiques.

IV.2. Droit d'accès aux ressources et son chevauchement dans la zone.

Il existe plusieurs catégories de droits aussi bien sur les terres que les ressources qui s'enchâssent: le droit de hache qui confère le contrôle de l'espace à la première personne qui aura débroussaillé la forêt, les droits généalogiques à travers lesquels les premiers occupants transmettent la propriété aux descendants, les droits productifs (droit d'usufruit et droit de hache, droit du planteur) qui permettent aux membres desdites communautés de vivre de leur propre travail, les droits de succession déterminés par les principes de transmission patrilinéaires permettant aux descendants de jouir des biens légués par les ancêtres et le droit moderne. Ces droits sont superposés sur les espaces et les ressources, et exercés par des unités sociales distinctes: la famille, le lignage et le village. Ils sont garantis par l'autorité morale des

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« aînés » (anciens) et les différentes autorités coutumières, à savoir le chef de famille, le chef de lignage, le chef du village avec son conseil de notables, etc. qui interviennent pour régler les conflits et font ainsi office de tribunal coutumier.

Le régime ci-avant schématisé est davantage caractérisé par l'appropriation de l'espace et justifié pour un système de production à dominante agricole chez les Bantou. Chez les chasseurs cueilleurs dont le processus de sédentarisation est récent, l'on a beaucoup plus affaire à un faisceau de droits sur les ressources enchâssées dans un réseau de liens de parenté et d'amitié.

La tenure foncière est principalement basée sur les droits d'usage coutumiers. Le droit foncier moderne qui procède d'une appropriation publique des terres et des espaces forestiers est peu appliqué dans la région, sauf dans les centres villes de Messok et de Ngoyla où il y a une forte pression de la population sur la terre. La terre appartient à tout le monde dans la région. Chacun peut construire et développer ses activités champêtres, de chasse, de piégeage, de ramassage tout en respectant les limites de son voisin.

Selon Bigombé L. (2011) la coexistence du droit positif et de ces différents systèmes fonciers et institutions de gestion des ressources, a inspiré le concept de « pluralisme légal ». Mais de ce pluralisme, chaque acteur a sa perception sur le foncier et les ressources, une situation où l'État et les communautés ont des perceptions divergentes et tiennent des discours différents sur la propriété des terres et des forêts. L'État, ayant le pouvoir et les moyens, impose son organisation de l'espace.

Les études approfondies sur la cohérence des lois forestières avec celles des autres secteurs dont le foncier, les mines, l'eau et l'énergie, l'agriculture et les infrastructures sont peu développées en ce qui concerne le Cameroun méridional. Les deux forums miniers, organisés à Yaoundé en Mai et en Juillet 2009, ont mis en relief des conflits d'intérêts et des chevauchements de droits et obligations qui appellent, de toute urgence, une telle étude suivie des décisions idoines. En effet, selon Dkamela G.P.(2011)15 on observe une incohérence entre loi forestière et minière, notamment dans l'attribution des titres d'exploration minière dans des parties du réseau national des aires protégées (Parcs nationaux de Lobeke et Boumba-Bek, segment de la TNS en passe de devenir site du patrimoine mondial.) »

Ces chevauchements remettent fondamentalement en question le zonage du Cameroun forestier méridional adopté en 1995. C'est pour cette raison que des travaux pour le zonage définitif de cette zone sont en cours. Nguiffo et Nguepjouo (2009) ont énuméré des aspects

15 Dkamela, G.P. 2011 Le contexte de la REDD+ au Cameroun : causes, agents et institutions. Papier Occasionnel 57. CIFOR, Bogor, Indonésie.

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des droits des titulaires des permis miniers, forestiers et des droits des communautés qui se chevauchent.

Tableau N°8 : Chevauchement des droits forestiers et miniers

Droits des titulaires des

permis miniers

Droits des titulaires des

permis forestiers

Droits des communautés

-Garantie d'accès à la

- Droit de prélever le bois

- Protection des usages sur les

ressource sur le long terme ;

dans la superficie attribuée ;

espaces et sur les ressources ;

 

- Obligation de ne pas

 

-Droit de prélèvement, en

s'opposer à d'autres usages

-Protection de la santé ;

utilisant les techniques les

dans la concession (y

 

plus appropriées (implique

compris aux usages

-Participation aux retombées

souvent l'abattage de la

miniers) ;

économiques.

végétation) ;

- Obligation de garantir

l'aménagement forestier à

 

-Obligation de compenser.

long terme.

 
 

Source : Nguiffo et Nguepjouo (2009)16

Le plan de zonage de cette zone risque de créer un « stress foncier » important, car dans certaines localités où les populations vivent il n'existe pas de bande agro-forestière. De plus certains plans de zonage proposés ne tiennent pas compte des usages et des droits des peuples autochtones. A cet effet, Freudenthal E. et al. (2011)17 signale que « Le projet de plan de zonage pour Ngoyla Mintom (conçu par le WWF) ne tient pas compte de l'usage coutumier des terres par les peuples autochtones et les communautés locales et risque ainsi d'ignorer leurs droits. Le projet prévoit la mise en place d'une nouvelle aire protégée (catégorie 1 de l'UICN) ainsi que de concessions forestières et minières, lesquelles empièteraient sur les zones de ressources utilisées traditionnellement par les peuples autochtones et communautés locales. Ce zonage défectueux risque d'entraîner des restrictions d'accès aux ressources naturelles qui pourraient avoir de graves conséquences sur les moyens de subsistance locaux.»

16 NGUIFFO, S. et NGUEPJOUO, D. 2009 : Mines et forêts et droits : bref aperçu des chevauchements. Communication au Forum national sur la gestion intégrée des ressources forestières et minières, Yaoundé, Cameroun, 16-17 juillet.

17 FREUDENTHAL E., NNAH S. ET KENRICK J., 2011 La REDD et les droits au Cameroun. In Forest Peoples Programme. 35p

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CONCLUSION

En somme, il nous revenait de présenter les atouts naturels et socio-économiques de la zone étudiée. L'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki possède un milieu physique très remarquable. Elle bénéficie d'un climat de type équatorial guinéen qui lui permet d'avoir une diversité biologique très importante. Son sol et son sous-sol sont aussi très caractéristiques. En effet, cette zone bénéficie d'un sol très épais et fertile et d'un sous sol très riche en minerais. Elle est drainée par de nombreux fleuves dont le plus important est la Dja. Du point de vue démographique, bien que l'interzone soit très peu peuplée, elle possède une population composite et très active. Le droit d'accès aux ressources est réglé par le droit dit coutumier et le droit moderne. Cette richesse naturelle de l'interzone laisse transparaître une configuration qui met en exergue des hiérarchies enchevêtrées entre les différents acteurs dans la région, hiérarchies elles-mêmes fonction des ressources et des capacités d'action dont dispose chaque acteur. En d'autres termes, la valorisation d'une ressource dépend des enjeux des acteurs concernés.

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CHAPITRE II : CARACTERISATION DES MOYENS D'EXISTENCE DES

POPULATIONS DE L'INTERZONE.

messok NGOYLA nkondong2 zoulabot 1 nkondong1 djadom etekessang zoulabot 2 bareko

AUTRES ENSEIGNEMENT RECOLTE DE PFLN PECHE COMMERCE ARTISANAT CHASSE AGRICULTURE

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°8: L'agriculture : une profession dominante des personnes enquêtées.

INTRODUCTION

La richesse naturelle de l'interzone Réserve de Biosphère du Dja-parc national de Nki lui offre un cadre propice au développement des activités humaines. Les milieux physique et humain se combinent pour caractériser les activités des populations dans cette zone. Les populations de notre zone d'étude pratiquent de nombreuses activités dont les principales sont : l'agriculture, la chasse, l'artisanat, la pèche, le petit commerce, le ramassage... De ces activités, elles tirent des revenus non négligeables qui leur permettent de mener leurs vies. Il sera question pour nous dans ce chapitre de caractériser les différents moyens de subsistance des populations dans l'interzone.

I. L'AGRICULTURE : LE PILER DE L'ECONOMIE DE LA ZONE

La hiérarchisation et l'envergure des activités économiques des populations peuvent varier en fonction des communautés du fait essentiellement des conditions du milieu biophysique et des opportunités. Dans l'interzone, l'agriculture occupe une place primordiale. Sa place dans l'économie de la zone se justifie par le fait qu'elle constitue non seulement un important moyen de subsistance mais aussi une source de revenus. Ceci s'illustre par nos enquêtes de terrain et d'après la figure suivante :

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Il ressort de cette figure que l'agriculture demeure l'activité principale dominante des populations enquêtées. D'après cette figure, 52 % de la population enquêtée soit 73 personnes ont pour principale profession l'agriculture. Dans tous les villages, l'effectif des cultivateurs est supérieur à celui des autres activités. Cette domination des agriculteurs est plus remarquable dans les localités comme Ngoyla, Messok, Zoulabot1, Zoulabot2, Djadom, et Etékessang. La chasse occupe le deuxième rang, car elle est exercée par 16% de la population enquêtée soit 22 personnes. La chasse occupe une place très remarquable dans les localités de Ngoyla, Etékessang, Zoulabot1, Bareko et Nkondong 2. Le commerce occupe le troisième rang et représente 7 % de la population enquêtée. Le personnel enseignant occupe également une place remarquable dans notre échantillon. Cette catégorie représente 6 % de la population enquêtée. Le groupe «autres» représente 10 % de la population d'étude. Ce groupe est constitué des agents de l'Etat, des transporteurs, guérisseurs et des personnels des ONG. Ces agents de l'Etat ne sont pour la plupart que la minorité des responsables des services qu'on retrouve dans la ville de Messok et de Ngoyla. Ce sont les services tels : le commissariat, le poste agricole, le service du MINFOF, le centre de santé intégré et la mairie.

Le reste de la population enquêtée, soit 48 %, qui n'a pas l'agriculture comme activité principale, l'exerce comme activité secondaire. En effet, leurs heures creuses sont généralement consacrées à l'agriculture. D'autres ajoutent que ce n'est que l'agriculture qui leur permet de vivre dans le village parce que les revenus tirés des autres activités ne peuvent pas permettre de vivre.

Notre population enquêtée est essentiellement constituée de la population active. De ce fait, nous avons constaté que chaque personne à au minimum un champ, même s'il n'est parfois qu'un jardin de case où le propriétaire tire quelque produits vivriers. L'agriculture est pratiquée par certains comme activité principale et comme activité secondaire chez d'autres. Sur 140 personnes enquêtées, 137 personnes soit 98 %pratiquent l'agriculture. Le reste est constitué de deux personnes qui avaient fait moins de quatre mois dans la zone et n'avaient pas encore de champ ; une autre, un forestier, affirme qu'il ne veut pas faire le champ.

I.1.Une propriété foncière accessible et abondante qui multiplie les possibilités agricoles.

Il existe dans l'interzone plusieurs types de droit d'accès aux ressources comme nous l'avons développé dans le chapitre précédent. Le système foncier dans presque toute la région est de type traditionnel. Il est mis sous le contrôle des chefs traditionnels. La terre appartient

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au premier occupant : un paysan cultive indéfiniment une portion désirée des terres qui devient sa propriété, à condition que la forêt primaire ait été enlevée par lui, ainsi sa descendance héritera le droit de cultiver cette dernière. Il existe aussi un système de location de terre pour les cultures de cacao. Le foncier reste et demeure le facteur de production qui est accessible à tous. Même si on n'est pas originaire du village, le chef ou un voisin peut vous trouver un espace pour exercer l'agriculture. La terre est disponible et par conséquent n'est pas un facteur de production limitant dans l'interzone. Seul le manque de temps à consacrer pour les champs pourrait empêcher une personne de faire de l'agriculture. La présence de forêt primaire à moins d'un kilomètre du village est un indicateur de cette abondance. L'habitat est linéaire dans la zone, directement autour des maisons on retrouve les forêts secondaires. Le mode d'acquisition des champs dans la zone s'illustre par le graphique suivant :

8%

6%

1% 1er OCCUPANT

HERITAGE

DON

ACHAT

85%

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°9: Mode d'acquisition du champ.

Il ressort du graphique ci-dessus que sur 137 personnes qui exercent l'agriculture dans notre échantillon, 116 personnes soit 85 % cultivent les champs qu'ils ont créés eux-mêmes. Partout dans la zone, chacun peut créer un champ en forêt si celle-ci n'a pas été déjà défrichée par une autre personne. On constate que 11 personnes, soit 8% ont hérité leurs champs des parents. Ce système d'héritage des champs est plus accentué dans les localités les plus peuplées de nos localités retenues pour l'enquête : Messok, Zoulabot 1 et 2, Etékessang et Ngoyla. Ceci parce que se sont des sites où la sédentarisation est plus ancienne et aussi parce qu'on peut retrouver une à deux maisons après celles qui bordent la route. Les autres localités sont très peu peuplées par rapport à ces premières et par conséquent, les forêts sont parfois à

57

moins de 5 00mètres du village ou du campement. Nous constatons ensuite que 8 personnes sur les 137, soit 6% affirment que les champs qu'ils cultivent sont des dons. Ces personnes ne sont également recensées que dans les localités les plus peuplées (Messok, Etékessang et Ngoyla). Ces personnes sont des allogènes. Ils exercent en général l'agriculture comme une activité secondaire. Ils sont surtout les agents de l'Etat (enseignants et personnels de l'administration) et les commerçants. Ceux qui ont acheté des champs ne représentent que 1 % soit deux personnes de notre échantillon. Ces deux personnes se retrouvent à Ngoyla et à Messok. Ils sont des commerçants et ils ont acheté ces terrains pour construire et cultiver le reste.

La disponibilité de la ressource foncière réduit le taux de conflit relatif à l'accès à cette ressource. En effet, d'après notre enquête de terrain, les conflits relatifs à l'accès à la terre ne sont recensés que dans les localités les plus peuplées.

messok NGOYLA Nkondong2 Zoulabot 1 Nkondong1 Djadom Etekessang Zoulabot 2 Bareko

OUI NON

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°10: Conflits relatifs à l'accès à la terre.

Il ressort de ce graphique que, parmi localités retenu pour l'enquête, Messok, Zoulabot 1 et 2, Etékessang et Ngoyla sont les localités où on retrouve plus les conflits liés à l'accès à la terre. Ces conflits se limitent généralement à la dispute des parcelles. C'est souvent dû au fait qu'un individu défriche une jachère ne lui appartenant pas. Pour résoudre ce problème, on convoque le conseil familial. Si le conseil familial ne trouve pas de solution, on se rend chez le chef du village. Dans les localités qui ont moins de 100 hbts (Nkondong 2, Djadom et Bareko) on n'enregistre pas de conflits relatifs à l'accès à la terre. Ceci est dû au fait qu'avec les faibles densités, la ressource est très abondante et on manque très souvent les gens qui peuvent cultiver les alentours des concessions.

Source : Enquête de terrain, 2011.

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I.2. Les types de cultures

Grâce à son climat avec deux saisons de pluies, les activités agricoles s'étalent presque sur toute l'année. Cette agriculture observée autour des concessions villageoises, dans la zone agro-forestière et occasionnellement au sein du massif forestier, comporte deux volets essentiels : le type vivrier de subsistance avec les cultures comme l'arachide, le manioc, maïs, le macabo (Xanthosoma sagittifolium), taro (Colocasia esculenta), mais également le bananier plantain et la patate douce (Musea, sp) ces cultures peuvent faire l'objet d'une commercialisation au niveau des marchés locaux. L'agriculture de rente concerne les espèces telles que le cacaoyer (Theobroma cacao), le caféier et le palmier à huile (Elaeis guinneensis).

L'observation de quelques champs témoins nous montre que les cultures dominantes de la zone sont : le manioc, le cacao, le macabo, le plantain, patate douce, arachide,...

Tableau N°9: Quelques champs enquêtés dans l'interzone.

N° du champ

Lieu

Superficie

Culture dominante

Année de création

01

Etekessang

4ha

Cacao

2002

02

Messok

0,75 ha

Manioc

2010

03

Ngoyla

0,4 ha

Manioc

Septembre 2011

04

Nkondong 2

0,3 ha

Macabo

2011

05

Ngoyla

2 ha

Cacao

2000

06

Zoulabot 1

0,5 ha

Plantain

20 10

07

Messok

0, 3 ha

Maïs

Septembre 2011

08

Messok

0,5 ha

Piment

Mars 2011

09

Ngoyla

0,8 ha

Plantain

Juillet 2011

10

Messok

3,5 ha

Cacao

2007

11

Etekessang

0,45 ha

Manioc + plantain

2010

12

Messok

0,65 ha

Manioc + macabo

2011

13

Zoulabot 1

0,02 ha

Patate douce

Avril 2011

14

Ngoyla

0,3 ha

Arachide

Septembre 2011

15

Nkondong 1

0 ,2 ha

Igname

Mars 2011

 

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Planche photo N°2 : Séchage et stockage de fèves de cacao.

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I. 2.1. Les cultures de rentes

L'agriculture de rente est concentrée dans la cacaoculture, la caféculture et le palmier à huile. On note aussi la présence de l'hévéa à certains endroits. La culture du cacao est pratiquée dans tous les villages de la zone. C'est une activité qui est plus pratiquée par les hommes. Le cacao est la principale culture de rente suivie du café. La culture du café se rencontre surtout dans l'arrondissement de Messok. Les cultures de rente sont pratiquées sur des exploitations de taille moyenne. Les surfaces cultivées varient de 1 à 5 ha avec une moyenne de 2,5 ha.

Le prix d'achat de fèves de cacao séchées varie de 500 à 1100 Fcfa/kg. Avec la baisse du prix de vente du cacao au début de la décennie 2000, les plantations avaient été abandonnées dans une bonne partie de la région. Mais avec la remontée de ce prix sur le marché (800 - 1000frs/kg) en 2008, on note une reprise de cette culture, notamment avec le débroussaillage et le traitement phytosanitaire des plantations et la création de nouveaux champs. A titre d'exemple, certaines nouvelles plantations de cacao sont observables à Bareko et à Djadom. Cela implique une pression sur la forêt comme on peut l'observer dans le cas des villages proches de ville de Ngoyla : Lamsom, Etekessang, etc. Pendant la campagne 2009/2010 le prix du kilogramme a atteint 1200 Fcfa/kg, ce qui davantage a poussé les populations à s'intéresser à cette culture. Mais la campagne 2010/2011 a été très mauvaise selon les agriculteurs car le kilogramme était parfois acheté à 700 Fcfa à Ngoyla.

60

Sur cette photo, on observe deux paysans en train d'étaler le cacao sur les nattes. Ces nattes sont fabriquées spécialement pour le séchage du cacao. Après avoir séché le cacao, les populations se rendent auprès des acheteurs ou les attendent sur place dans le village pour leur vendre. Les acheteurs possèdent des magasins dans lesquels ils stockent leurs marchandises. Lorsque le stock est assez considérable, ils font venir un véhicule assez grand pour acheminer leurs marchandises en ville.

Ce commerce procure des revenus annuels aux familles productrices, enfonction des superficies plantées, allant de 300 000 à près de 3 000 000 Fcfa. Sur notre échantillon, nous avons voulu évaluer le revenu moyen annuel de ceux qui pratiquent l'agriculture. Pour ce faire, nous avons retenu la population masculine de notre échantillon. Ceci non seulement parce qu'elle pratique l'agriculture mais aussi parce que la majorité (88 %) de ces agriculteurs retenus est également constituée des chasseurs. Ceci nous permettra de comparer le revenu moyen de ces deux activités.

Le revenu moyen annuel de chaque cultivateur de cacao a été obtenu en multipliant le nombre de kg (l'unité d'estimation était le sac. Un sac = 100 kg) par le prix du kilogramme qu'il affirme avoir vendu. Ainsi, nous avons retenus 68 hommes soit 91 % des 75 que compte notre échantillon. Après avoir additionné la masse totale des revenus de tous les agriculteurs nous avons divisé par le nombre retenu. Le revenu moyen d'un agriculteur de notre échantillon est évalué à 911 610 Fcfa. Soit un revenu moyen mensuel estimé à 75 970 Fcfa.

1.2.2. Une agriculture vivrière extensive de type itinérante sur brulis.

1.2.2.1. Les types de cultures.

L'agriculture vivrière se déroule dans le cadre des champs familiaux de taille modeste. Les superficies sont généralement inférieures à un hectare. La distance à parcourir pour se rendre au champ ne dépasse pas 3 km. Il s'agit d'une agriculture de subsistance. Elle est menée conjointement par les hommes et les femmes. Très souvent, il existe une sorte de division du travail. Les hommes sont plus concernés par le défrichage et l'abattage et les femmes nettoient le champ, plantent, entretiennent et récoltent. Il existe deux saisons de culture par an : la petite saison (septembre-novembre) et la grande saison (mars-juin). Les principales productions de la zone sont : manioc, macabo, plantain, igname, concombre, le melon, le maïs, patates, etc. Le plus souvent ces cultures sont associées. Elle est essentiellement orientée vers la subsistance et, dans une certaine mesure, vers le marché local. Dans la zone d'étude, les traits généraux qui caractérisent cette agriculture sont les suivants :

61

? L'itinérance des cultures et la mobilité des champs ;

? L'utilisation du feu dans le processus de défrichage et de nettoyage;

? L'utilisation d'un matériel rudimentaire ;

? L'association des cultures ;

? La non utilisation des engrais et des fongicides à cause de la fertilité naturelle

du sol.

A

C

B

D

Source : Cliché Tatuebu, 2011. Planche photo N°3: Quelques cultures vivrières pratiquées dans les villages de l'interzone.

La planche nous présente les cultures vivrières qui occupent une place de choix dans l'alimentation des populations de l'interzone. La photo A nous présente le macabo, sur la photo B on observe le manioc, C nous présente une bananeraie et D un champ de maïs. Le sol de l'interzone est propice au développement de nombreuses cultures ; mais les populations accordent une place primordiale à la culture des tubercules et du plantain. La banane-plantain est la première culture vivrière pratiquée dans la zone enquêtée. Ceci s'explique par le fait qu'elle est la plus consommée dans la région. La deuxième culture vivrière pratiquée dans la région est le manioc. Il est consommé sous forme de tubercule, de semoule ou de bâton de manioc. Le macabo est le tubercule qui occupe le troisième rang après la banane-plantain et le manioc. Les autres cultures telles le maïs, l'igname et l'arachide sont peu cultivée dans la région.

62

Comme nous l'avons mentionné plus haut, c'est une agriculture caractérisée par l'association des cultures. Plusieurs types de cultures peuvent être pratiquées sur un même espace. La superficie maximale des champs de cultures vivrières est de 1 ha comme nous l'avons constaté dans le tableau plus haut. Cependant, dans les cas exceptionnels, notamment pour les agriculteurs qui produisent pour approvisionner les grands marchés comme ceux de Mintom, de Lomié et de Ngoyla, les superficies peuvent être revues à la hausse.

A

A

B

B

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Photo N°4: L'association du manioc (B) et du Xanthosoma sagittifolium (A).

D'une façon générale, bien que l'agriculture soit itinérante sur brûlis, la faible densité de la population et surtout l'agriculture vivrière de subsistance en vigueur minimisent la pression de cette agriculture dans la zone. Cependant, ces dernières années, on assiste à la mise en place de nouveaux champs

1.2.2.2. Les types de champs vivriers.

Nous pouvons distinguer deux grands types de champs chez les populations de l'interzone : les champs établis sur les jachères et ceux établis en forêt primaire.

? Les champs établis sur les jachères.

Ces champs représentent 92 % des champs mis en culture par les populations de la zone. Ce sont des espaces qui sont faciles à mettre en culture parce qu'il n'y a pas trop de grands arbres à abattre. Le nettoyage n'est pas très pénible. Mais il est à préciser que la taille de la forêt à défricher est fonction de l'âge de la jachère. Les vieilles jachères (forêts secondaires qui peuvent même atteindre le stade des forêts primaires) sont presque identiques à la forêt vierge. Il faut mettre des jours pour défricher une petite superficie. La matrice culturelle (cultures associées) qui domine le champ est constituée d'arachides, de manioc et de maïs, de macabo et parfois du plantain et de concombre (Cucumeropsis mannii). Chaque

63

ménage possède en moyenne deux champs : un pour l'arachide et l'autre associé (manioc et macabo). Il peut arriver que les préférences des cultures changent d'un champ à l'autre suivant les paysans. Avec le climat qui règne dans la région, chaque ménage crée des champs au début de chaque saison de pluie (grande et petite saison de pluie).

? Les champs établis en forêt primaire

Cette catégorie représente près de 7 % de la superficie défrichée dans la zone. Ce faible taux s'explique par le travail d'abattage des gros et durs arbres de la forêt. Bien que ces forêts soient plus fertiles que les jachères, les populations se plaignent que c'est très difficile d'abattre les gros arbres, étant donné qu'ils n'ont pas un matériel approprié pour ce travail. A cet effet, un proverbe Badjoué atteste « Défricher est un jeu d'enfant mais abattre l'ekomo (forêt primaire) c'est la mort » (proverbe Badjoué) citer par Pauwel de Wachter, 1997. Les agriculteurs l'apprécient pour le plantain, le macabo et le concombre parce que les travaux d'entretien y sont minimaux. Le premier défricheur de la forêt primaire obtient le droit de l'usufruit.

C

A

A

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Photo N°5: Jeune bananeraie établie en forêt primaire.

Sur cette photo prise en septembre et en décembre sur la même parcelle, on observe d'importantes quantités d'arbres qui ont été abattus. Les branches (C) ont été éliminées avec le feu ; quant au reste(A), il faudra brûler les années suivantes ou les laisser pourrir dans le champ. Les points (B) représentent les jeunes bananiers. Avec cette photo, on peut constater

64

l'important travail (abattre les arbres et dégager) qu'il faut effectuer avant de mettre une forêt primaire en culture.

1.2.2.3. La commercialisation des produits vivriers.

Les produits de l'agriculture sont aussi destinés à la commercialisation pour satisfaire les besoins financiers. L'enquête réalisée révèle que près de 61 % soit 84 personnes sur 137qui font l'agriculture, consomment une partie de leurs produits et vendent le reste. 31 % soit 43 personnes cultivent uniquement pour la satisfaction de leurs besoins alimentaires. Cette catégorie est essentiellement constituée des personnes âgées qui n'ont plus de force pour cultiver assez et aussi de certains fonctionnaires qui cultivent uniquement les alentours de la maison. Le reste 7 % soit 10 personnes affirment qu'ils cultivent uniquement pour vendre. Ici il s'agit de la culture du cacao et ce sont des gens qui ont une activité principale autre que l'agriculture. La plupart des produits vivriers est vendue sur place en raison du fait que la majorité des villages n'ont pas de système de marché organisé ou de marché hebdomadaire. Le troc est aussi une pratique courante d'échange des biens et des produis agricoles entre les agents économiques dans la région.

La commercialisation des produits vivriers se passe le long des pistes et de la route dans l'interzone. Généralement, dans cette région, chaque ménage dispose d'une claie pour vendre les produits vivriers. Le macabo se vend en seau de 15 ou de 20 litres. Le prix varie de 1000 à 2000 Fcfa. Les autres produits comme le maïs et le couscous manioc sont également vendus en seau. Le seau de maïs coûte généralement 1000 F. Pour certains produits, on préfère vendre en tas. Ainsi par exemple, dans la zone, le plantain ne se vend pas par régime mais par mains, c'est- à - dire que l'on sectionne un régime de plantain en petits tas, ainsi cela procure plus de bénéfices. Cette main coute entre 200 et 500 Fcfa. Le concombre et les arachides se vendent en sac. Le sac de concombre se vend en moyenne à 25 000 Fcfa. Le sac d'arachide à 15 000 Fcfa. Ces produits vivriers sont surtout vendus aux passants en transit dans la localité.

Ils sont vendus directement quand les champs jouxtent la route. Le prix est fixé selon les tractations entre le vendeur et l'acheteur mais généralement c'est l'acheteur qui fixe le prix. Parfois par manque des clients, il arrive que les produits vivriers pourrissent sur les claies. Concernant la filière de commercialisation, en dehors des passants pour les zones reculées de cette région, les autres acheteurs viennent de Lomié qui est à 100 km de Ngoyla et parfois de Mintom. Ces acheteurs prennent les produits à des prix dérisoires et les revendent

65

chers dans les grands centres urbains. Le revenu moyen mensuel tiré de la vente des produits agricoles est estimé à 25 000 Fcfa.

II. LA CHASSE

La chasse est une activité très pratiquée par les populations de l'interzone. La zone est très riche en ressources fauniques. A cause de l'enclavement, les produits de la chasse constituent leur principale source de protéine. Le rang qu'occupe cette activité dans la zone s'illustre par nos enquêtes de terrain. Nous constatons à travers le graphique qui montre les activités principales des populations enquêtées que la chasse occupe le deuxième rang après l'agriculture. Elle est pratiquée par 22 personnes sur 140 comme activité principale, soit 16 % de la population. Cet effectif devient plus considérable lorsqu'on prend en considération ceux qui l'exercent comme activité secondaire ou pour subvenir à leur besoin en protéine. A cet effet, 64 personnes sur 140 soit 46 % de la population que comporte notre échantillon font la chasse. Au niveau du sexe, c'est une activité masculine. Parmi les 64 personnes qui font la chasse, seulement une femme qui a été rencontrée à Etékessang affirme qu'elle fait la chasse. Sa chasse en question se limite aux pièges qu'elle tend dans son champ pour éloigner les animaux de ces cultures. C'est en se référant à cela que Balla, (2008), affirme que « le piégeage est une activité essentiellement masculine, toutefois il n'est pas rare de rencontrer une femme qui tend les pièges avec la même habileté que les hommes ». Le reste, 63 personnes, sont les hommes, soit 85 % de la population masculine que comporte notre échantillon. La chasse se passe sur tout le territoire de l'interzone sauf dans les aires protégées. Mais, les braconniers chassent parfois même dans les aires protégées. Les distances à parcourir pour se rendre à la chasse dépasse parfois 25 km. On rencontre plus de chasseurs dans les localités comme : Ngoyla, Etékessang, Nkondong2, Zoulabot2 et Djadom. En fonction de la destination des produits de la chasse, nous allons distinguer deux types de chasse dans notre zone d'étude : la chasse traditionnelle et la chasse moderne.

II.1. La chasse traditionnelle.

La chasse traditionnelle dont il est question ici est celle qui est faite avec un matériel fabriqué à base des matériaux locaux. Elle est la principale activité à travers laquelle les populations de l'interzone couvrent leurs besoins en protéine. Dans la zone, presque chaque famille pratique la chasse de subsistance. En dehors du groupe semi-nomade Baka où la chasse est une activité principale, les autres groupes humains sédentaires la pratiquent tous mais de manière accessoire, c'est-à-dire après l'agriculture qui est l'activité principale.

66

Cette forme de chasse que nous qualifions de chasse traditionnelle regroupe toutes les formes pratiquées par les villageois. On distingue :

- les pièges ou collets à câble d'acier, ils peuvent parfois être à fibres végétales tissées ;

- la chasse à l'arc et à l'arbalète, elle est surtout effectuée par les groupes Baka et Kaka ;

- la chasse à courre, à lance et aux chiens.

On constate donc qu'elle regroupe les outils tels que le câble d'acier qui est prohibé par la loi.

La viande tirée de cette chasse est destinée à la consommation locale pour la satisfaction des besoins des populations autochtones en protéines animales. Mais de plus en plus une bonne partie est vendue. La chasse de subsistance est souvent tolérée par certaines autorités à cause de l'enclavement de la zone, c'est la seule source de protéine qui est à la portée des populations. Le gibier constitue l'aliment de base des peuples autochtones Baka et Ndjem.

II.2. Une chasse de plus en plus moderne ou commerciale.

La chasse commerciale est pratiquée, à l'intérieur des communautés villageoises, par différents acteurs dans un but clairement affiché de production de revenus monétaires, en plus de la satisfaction des besoins nutritionnels de leur famille. C'est, actuellement, le type de chasse pratiquée par l'immense majorité des ruraux, avec une intensité variable d'une localité à l'autre. Sur la base de la loi n° 94/01 du 20 Janvier 1994, portant régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche, il s'agit ici de toute chasse en marge de la légalité du fait soit de l'utilisation d'armes ou des méthodes de chasse prohibées, soit du fait du manque d'autorisation préalable de l'administration (chasse avec fusils).

La chasse au piège est pratiquée (le câble d'acier) par la plupart des ménages en saison des pluies, le fusil est aussi utilisé par certains, mais plus en saison sèche. La chasse au fusil se fait essentiellement avec des fusils à canons lisses (calibre 12 surtout) et les fusils à canons rayés (carabines), il est possible de rencontrer des fusils de fabrication artisanale. La chasse au fusil est faite par les propriétaires de fusils, mais le plus souvent par des individus à qui les propriétaires de l'arme louent le fusil ou l'acte de chasse soit à prix d'argent soit à prix de gibier. Cette deuxième option est fréquemment pratiquée lorsque l'arme est confiée à un Pygmée Baka. La chasse au fusil se pratique aussi bien de jour que de nuit. Contrairement à la chasse diurne qui permet au chasseur de sélectionner son gibier, la chasse nocturne est non sélective, les espèces prélevées par cette chasse sont tous les Céphalophinae, les Buffles (Syncerus caffernanus), les Sitatunga (Tragelaphus spekei), les Viverridae (Viverra civetta, nandinio binotota...), la Panthère (Panthera pardus) et les Manidae (Manis gingantea, M. Tetradactyla).

67

Les produits de cette chasse sont une source de revenus pour les populations locales. Ils sont vendus soit aux autres membres de la communauté villageoise soit aux passants. Ces produits sont vendus soit directement au village, soit écoulés dans un village important ou une ville proche ou vendus à un revendeur.

II.3. Une chasse dont les produits sont destinés de plus en plus à la commercialisation.

En dehors de la satisfaction des besoins en protéine, les produits de la chasse sont destinés à la vente. Le commerce des produits fauniques est très développé dans la région. Ces produits sont vendus soit à l'état frais soit boucané. La destination des produits de la chasse dans notre zone d'étude s'illustre à travers le graphique suivant :

78%

11%

11%

VENTE

AUTOCONSOMMATION LES DEUX

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°11: Destination des produits de la chasse.

Il ressort de ce graphique que 78 % soit 50 personnes sur 64 chassent pour satisfaire leurs besoins en protéines et vendre une partie. 7 personnes sur 64, soit 11 %, ne chassent rien que pour satisfaire leur besoin en protéines. Ceux-ci sont généralement des personnes âgées et ceux qui tendent les pièges dans leur plantation pour attraper les animaux qui ravagent les cultures. Le reste 11 % chassent uniquement pour vendre. Cette catégorie est constituée de trois chasseurs professionnels et de quatre jeunes qui chassent pour satisfaire leur besoins financiers. Ce commerce est fait aussi bien par les hommes que par les femmes.

Généralement les hommes ramènent le gibier de la forêt et l'exposent à côté de la route sur des poteaux ou les claies, pour que les passants puissent mieux l'apprécier. Si le gibier n'est pas frais, ils le font sécher dans les séchoirs (voir la photo ci-dessous). Généralement, ils utilisent les séchoirs qui se trouvent dans les cuisines de leurs épouses. Pour que l'on sache qu'on vend le gibier dans une maison, on accroche une patte de l'animal sur un poteau.

68

A

B

C

B

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Photo N°6 : Un chasseur avec le gibier exposé sur le séchoir à Djadom. On observe sur la photo ce chasseur ( A) qui a des gigots de gibier «Sanglier''(B) qu'il vend sur son séchoir (C)

Le prix de vente des produits de la chasse varie en fonction de l'espèce et de sa taille. Ce prix se négocie entre les deux parties. Les espèces les plus capturées et les plus vendues sont composées du «singe», de la «biche», des «hérissons», du «lièvre»...comme le montre le tableau n016 (les espèces les plus chassées dans l'interzone). Avec l'utilisation du fusil, les espèces protégées figurent aussi parmi les captures des chasseurs. Les acheteurs ici sont généralement des passants. Mais, parmi ceux-ci, il y a aussi les femmes dites "bayam sallam" qui viennent des localités environnantes. La place des revenus tirés de la chasse au sein des ménages s'illustre à travers le tableau ci-dessous :

Pour estimer les revenus qu'un chasseur peut tirer de cette activité, nous avons utilisé les informations sur le nombre de captures journalières et le prix de vente de l'espèce dans la localité qu'il nous donnait ; nous avons fait un bref résumé dans le tableau ci-dessous :

Tableau N°10: Quelques animaux chassés dans l'interzone et le prix de vente.

Nom scientifique

Nom en français

Qté attrapée /jour

Prix/1 en Fcfa

Cephalophus monticola

Céphalophe. bleue

1

5000

Cephalophus n.

nigrifons

Céphalophe. à front noir

1

6000

Gorilla gorilla

gorille

1

2 500 le gigot

Pan troglodytes

Chimpanzé

1

3 500 le gigot

 

69

Panthera pardus

Panthère

1

3 500 le gigot

Tryonomys swinderianus

Aulacode

2

3000

Francolinus sp

Perdrix

4 à 6

600

Cercopithecus neglectus de

Singe

2

2000

Cercopithecus nictitans

Hocheur

2

2000

Manis tricuspis

Pangolin à écailles

2

4 000

 

Porc-épic

3

1500

 

Hérisson

2

2000

 

Lièvre

3

1500

 

Sanglier

1

1500 le gigot

 

Source : Enquête de terrain, 2011.

Les revenus tirés de la vente des produits de la chasse sont très importants. Les Baka , peuple réputé pour la chasse, et certains bantous affirment qu'ils préfèrent la chasse par rapport à l'agriculture parce que c'est moins fatiguant et cela rapporte plus en terme de revenus. Après analyse des données de ce tableau nous avons évalué le revenu moyen annuel d'une personne qui fait la chasse. La méthode que nous avons utilisée est une méthode hypothético-déductive. Après avoir demandé l'espèce la plus capturée et la moyenne par jour auprès de chaque personne enquêtée, nous lui avons demandé le prix de vente de l'espèce retenue. Nous avons retenus une seule espèce par personne. Nous avons multiplié ce chiffre par six jours dans la semaine ensuite le prix de revenu par la moyenne de capture journalière. Nous avons par la suite retenu 50 semaines pour une année au lieu de 52 semaines. Ceci parce qu'il y a d'autres jours qu'ils consacrent aux activités comme l'agriculture, même si les pièges sont en forêt.

Parmi la population enquêtée, nous avons choisi la gent masculine. Nous avons donc retenu les 64 personnes qui font la chasse dans notre population enquêtée. Parmi les 64, nous avons choisi ceux dont les produits sont destinés à la vente et la consommation soit 50 personnes et ceux dont les produits sont destinés uniquement à la vente soit sept. Ce qui fait un total de 57 personnes. Le revenu moyen annuel issu de la chasse est estimé à 1 004 737 Fcfa, soit un revenu mensuel estimé à 83 730 Fcfa. Comparativement au revenu moyen mensuel tiré de l'agriculture que nous avons estimé à 75 970 Fcfa ; nous constatons que la principale activité qui procure plus de revenu dans la majorité des ménages de la zone est la

70

chasse. Selon Martial Nkolo et al (op.cit) « le niveau des revenus tirés du braconnage est plus élevé que les revenus agricoles ». De ces données, nous pouvons réaliser le graphique suivant sur les sources de revenus des personnes enquêtées :

Principales sources de revenus des populations

Chasse agriculture commerce Pêche PFNL exploitation

minère

90 000

80 000

70 000

60 000

50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°12: Principales sources de revenus des populations de l'interzone.

De ce graphique, il ressort que la chasse occupe la première place en ce qui concerne les retombées financières dans l'interzone. En terme de nombre de personnes impliquées, elle vient après l'agriculture car la population féminine qui est en majorité agricole n'exerce pas la chasse. De plus, une activité comme la cacaoculture est aussi bien pratiquée par les hommes que les femmes. Nous constatons ensuite que l'agriculture vient en deuxième position au niveau des sources de revenus, puis vient le commerce, la pêche, la vente des PFNL...

III. L'ELEVAGE ET LA PECHE

III.1.Un élevage de type traditionnel.

III.1.1. Activités traditionnelles d'élevage

Le système d'élevage rencontré dans l'interzone est de type traditionnel. Ici, c'est le

domaine de la divagation des animaux domestiques en quête de nourriture. Lorsqu'on sillonne les villages de la zone, on observe: la volaille, les porcs, les moutons, les chèvres en divagation. L'élevage n'est pas une activité importante dans la zone à cause de la forte dépendance des populations à l'égard de la viande de brousse. Cet élevage n'est pas destiné à la commercialisation, ni même à la couverture des besoins des propriétaires en protéines animales. Il sert pour les diverses manifestations sociales à l'instar de la dot, des cérémonies de deuil, de l'accueil des étrangers, du veuvage et du mariage. Bien que ces bêtes soient

71

destinées à la consommation, elles sont souvent vendues dès qu'un besoin se fait ressentir. La taille du troupeau est symbole de richesse du propriétaire. L'effectif par espèce et par ménage est réduit. Les espèces concernées regroupent: la volaille (poules et canards essentiellement), les ovins, les caprins et les porcins. Les chiens et les chats sont essentiellement des animaux de compagnie (les chiens sont le plus souvent utilisés dans la chasse).

Tableau N°11 : Type d'élevage pratiqué dans l'inerzone.

Village Espèces

élevées

Messok

Ngoy- la

Zoula- bot1

Nkon- dong1

Djadom

etékes- sang

Zoula bot2

Nkon- dong2

bare ko

Totaux

Chèvres / mouton

8

9

3

0

2

2

1

1

0

26

Porc

10

8

2

1

0

1

2

0

0

24

Volaille

27

18

1

4

3

7

8

1

0

68

Pas

d'élevage

2

3

1

0

0

1

0

0

0

7

Autres

1

2

1

1

1

2

0

1

1

10

Totaux

48

40

12

6

6

13

11

3

1

140

 

Source : enquête de terrain, Aout-septembre 2011.

D'après ce tableau et selon les résultats d'enquête menée auprès des populations, la volaille est le type d'élevage le plus répandu car elle est pratiquée par 68 personnes soit 52% de notre échantillon. Dans toutes les localités, on retrouve la volaille. L'élevage des caprins occupe le second rang et concerne 20% des populations enquêtées. Celui des porcs quant à lui n'occupe que 19% de l'effectif total. L'on peut également noter une forte présence d'animaux domestiques comme les chats et les chiens. La catégorie « autre » dans notre tableau regroupe ces animaux domestiques. Cependant, l'animal domestique le plus important est le chien, qui est très souvent utilisé dans les activités de chasse par les populations.

III.1.2. Modernisation de l'élevage

Il n'existe pas de ferme d'élevage dans l'interzone Dja-parc national de Nki. Il faut noter que bien que l'élevage constitue une alternative plausible au braconnage, le coût moyen de ses produits, son transport pour arriver dans certaines localités de la zone sont plus élevés et ne peuvent résister à la compétition avec celui de la viande de brousse, malgré les possibilités de vente dans les localités voisines (Lomié, Mindourou, Djoum, et Mintom).

Mais de nos jours, l'avenir s'annonce prometteur pour l'élevage moderne dans la zone. En effet avec le développement des alternatives liées à la conservation, les populations

72

commencent à voir leurs projets d'élevage financés. Nous aborderons cet aspect dans les chapitres suivants.

III.2. Une pêche artisanale.

Contrairement aux autres activités, la pêche est une activité mixte qui engage les hommes et les femmes. Les pêcheurs sont en même temps agriculteurs et chasseurs. La pêche se fait dans les rivières de la zone. On y rencontre une multitude d'espèces de poissons et d'espèces aquatiques : les carpes, les tilapias, les silures, crevettes, crabes, huîtres, moules. Les produits de cette pêche sont destinés à l'autoconsommation et parfois à la vente. Elle est pratiquée en toute saison, mais surtout au début de saison sèche. En période de saison sèche, lorsque les cours d'eau sont en décrue et en étiage, la pêche à barrages (à l'écope et à la nasse) est très pratiquée par les femmes et les jeunes. Cette pêche est très développée pendant la première moitié (décembre-janvier) de la grande saison sèche. C'est la période traditionnelle de pèche dans les marigots. Certains chasseurs changent d'activité et se tournent vers la pêche à cette période parce qu'elle est plus rentable. Cette activité est beaucoup plus secondaire. Elle reste rudimentaire.

Le poisson joue un rôle important dans l'alimentation des populations locales. Il représente également une importante source de revenus pour les pêcheurs. Mais contrairement à la chasse, la pêche villageoise est peu développée. Il ressort de notre enquête de terrain que la majorité de ceux qui font la pêche ont une autre activité qui constitue leur activité principale. Sur 140 personnes enquêtées, 7 personnes soit 5% ont comme activité principale la pêche ; tandis que 17 personnes soit 12 % l'ont comme activité secondaire. Les pêcheurs sont plus nombreux dans les localités de la région où il y a de grands cours d'eau: Zoulabot 2, Nkondong 1, Ngoyla et ses environs. La distance entre les villages et les cours d'eau oscille entre 0 et 40 km avec une distance moyenne de 17 km. Les pêcheurs aménagent et entretiennent des campements de pêche le long des cours d'eau et les occupent lors des campagnes de pêche. Ces campements leur permettent d'étendre la zone de chasse, de diversifier l'alimentation et d'apporter aussi des revenus complémentaires aux femmes. Dans la zone, n'importe qui peut pêcher s'il a le nécessaire pour le faire.

Les produits de la pêche sont vendus soit à l'état frais soit fumé. La capture et le fumage du poisson sont assurés dans les campements de pêche par les hommes. La commercialisation se fait dans le village par les femmes et les enfants. Le poisson frais se vend généralement sur place car il n'y a pas de moyen pour conserver. Pour le poisson sec, la commercialisation peut atteindre les grands centres (Lomié, Sangmélima, Ebolowa, Abong-

73

bang...). Le poisson frais est vendu en tas. Le prix du tas varie de 200 F à 1000 FCFA. Au retour de la pêche, les pêcheurs font des tas et les populations viennent acheter (cf. photo ci-dessus). Très souvent, les enfants sillonnent le quartier avec ce poisson pour vendre.

.

B

A

C

D

Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011

Photo N°7: Un pêcheur avec du poisson à vendre. Ce pécheur (A) tient dans ses mains des tas de poissons de 400 F (B) de 200 F (C) et de 800 F (D) dans sa maison.

IV. AUTRES ACTIVITES.

IV. 1. Le petit commerce

Le petit commerce est très répandu dans la zone. Il s'inscrit dans les stratégies de satisfaction des besoins de subsistance, en même temps qu'ils insèrent les populations dans la dynamique des échanges et services monétarisés. D'après notre enquête sur la principale profession seulement 9 personnes soit 6 % ont présenté le commerce comme leur profession principale. De ces neuf personnes, 6 ont été rencontrées à Messok et 3 à Ngoyla. Ces personnes sont localisées à Messok et à Ngoyla parce que ce sont les «villes» de la zone et où se ravitaillent de plus en plus les populations des villages et des campements environnants du fait de l'enclavement de la localité. D'après cette même enquête, 22 personnes soit 16 % ont présenté le commerce comme leur activité secondaire. Ceci s'explique par le fait que d'autres personnes, surtout les femmes utilisent le temps qu'elles ne sont pas dans leur activité principale pour exercer le commerce.

74

Dans ce registre, on retrouve en grande partie les produits agricoles (macabo, plantain, manioc...), mais aussi, la « restauration de rue », la vente des produits alcooliques et les mini-boutiques ou commerce général. Le commerce est développé par les hommes et les femmes, mais ces dernières dominent.

? Le commerce des produits agricoles.

Il s'agit ici principalement de ceux qui achètent directement aux paysans pour aller revendre « bayam sellam ». Ce type de commerce est très peu développé dans notre zone d'étude à cause de son enclavement. Les produits achetés varient selon les saisons. Il s'agit surtout du macabo, du plantain et de certains produits forestiers non ligneux. Le macabo est généralement acheté en seau de 15 ou 20 litres. Le prix varie entre 1 000 F et 2 000 F Cfa suivant l'offre et la demande. Quant au plantain, il s'achète en régime. Le prix varie selon la taille du régime.

? La « restauration de rue » ici on retrouve la viande de brousse préparée et le commerce de beignets. Nous la qualifions de « restaurant de rue » parce que tout se vend exposé sur la table ou sur un banc dans un hangar ou en bordure de route même dans les marmites ou les assiettes. Parfois on se balade avec ces marmites et assiettes sur la tète. Il s'agit principalement de la viande de brousse cuisinée (biche, pangolin, singe, porc-épic, ...) accompagnée du manioc, du plantain, des bâtons de manioc... Le plat varie entre 300F et 500F CFA. Les femmes achètent la viande auprès des chasseurs pour préparer et revendre. Le bénéfice peut aller de 1000 à 5 000 FCFA en fonction de la taille de l'animal et de l'espèce. L'autre façon de vendre cette viande s'appelle dans la région "l'ovianga" qui consiste à préparer le gibier et le vendre après la cuisson, le morceau de gibier coûte entre 50 FCFA et 100 FCFA. Il n'existe pas de restaurant moderne dans la zone.

La vente des beignets est très développée dans les «villes» de l'interzone. Il est surtout l'oeuvre des femmes bamoun et foulbé. Tôt le matin, elles font les beignets chez elles et viennent vendre sur leur comptoir.

? La vente des produits alcooliques

La vente de la bière : le commerce des boissons en bouteille est assez répandu dans l'interzone. Ceux qui vendent la boisson se ravitaillent à Lomié et transportent dans les taxis brousse. La bouteille de bière coûte 850 F à Ngoyla et les boisons gazeuses (jus) 750 F. Le prix élevé de ces produits les rendent peu accessible à la population locale. Pour cette raison, elle se tourne vers le vin de fabrication locale.

Le whisky local (arky , l'odontol ou le dontol) est très fabriqué et très consommé dans la localité. Les femmes sont très habiles dans la fabrication de ce vin. Il se fait soit

75

avec de la banane mûre et du vin de palme soit avec du sucre et du vin de palme. La méthode de préparation est la suivante : il faut mélanger les deux produits ; après sept jours de fermentation, on distille pour obtenir ce vin. Après avoir fabriqué, elles peuvent vendre elles-même ou bien elles partent livrer dans des points réputés pour ce genre de commerce. Les mesures sont très nombreuses et les prix varient suivant ces dernières.

A

C

B

Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011

Photo N°8: Le dontol exposé sur un comptoir avec ses mesures à Messok. Un litre et demi (A) coûte en moyenne 1800F, le demi-litre (B) 600 F et le quart de litre (C) 300 F. les autres mesures vont de 50 à 200F CFA.

Dans l'ensemble, près de 50% de femmes de notre zone d'étude sont impliquées dans la fabrication de ce vin et cela procure une part substantielle des ressources monétaires des ménages concernés. Mais, elle est à l'origine d'un alcoolisme chronique. En effet, comme dans les points de vente des produits alcooliques en ville, les populations quittent les points de vente de ce vin parfois à plus de deux heures du matin. La distillerie est donc une activité qui procure des revenus mensuels non négligeables dans les ménages.

? Les mini-boutiques ou commerce général se retrouvent dans les «villes» de l'interzone. Dans ces petites boutiques on vend divers produits : quincaillerie, produits alimentaires, produits cosmétiques et vestimentaires... Ces commerçants se ravitaillent dans divers centres urbains proches de la région (Abong-bang, Bertoua et Lomié) et aussi à Douala et à Yaoundé. Les voitures qui font cette route (grumiers, agence Melo voyage et taxis brousse) acheminent leurs marchandises auprès d'eux. Les boutiques appartiennent aux allogènes : Bamiléké, foulbé, bamoun et les ressortissants des autres pays.

76

A

Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011

Planche photo N°9: Des boutiques dans les centres «ville» de l'interzone (A) à Messok et (B) à Ngoyla. Dans la boutique (A), on y vend un peu de tout. Cette boutique serait la plus grande de l'arrondissement dans le commerce général. Il appartient à un jeune de 28 ans originaire de Mbouda. Ce sont des grumiers qui l'aident à transporter ses marchandises de Yaoundé à Messok. Les boutiques qui sont en la photo (B) sont dominées par les effets vestimentaires et appartiennent aux femmes bamoun et aux foulbé.

Comparativement aux prix appliqués à Yaoundé, l'enclavement est un facteur qui entraîne l'augmentation des prix des produits dans l'interzone. Le commerce de détail est celui le plus répandu dans la zone. Les frais de transport énormes et le lieu de ravitaillement très éloignés sont autant de raisons qui entraînent une augmentation considérable des prix de ces denrées. Cette augmentation des prix des produits s'illustre par le tableau suivant.

Tableau N°12 : Prix comparatifs de quelques produits à Yaoundé et Ngoyla

Produits

Prix à Yaoundé (F cfa)

Prix à Ngoyla (F cfa)

Un cube honic

10

15

Un litre d'huile raffinée

1 000

1 500

Un litre d'huile de palme

500

850

Un kg de riz

350

500

Un litre d'essence

580

1 000

Une bière

500

850

Une bouteille de jus

350

750

 

Source : enquête de terrain, 2011.

Source : enquête de terrain, 2011.

77

A ces activités s'ajoute la vente de l'essence et le transport. Dans l'interzone, le transport se fait à l'aide des motos taxis et des taxis brousse. Le transport à travers les motos taxi est effectué par les jeunes des villages. Les taxis de brousse sont à 75 % conduits par les bamoun. L'état des routes : poussière en saison sèche, de nombreux bourbiers en saison de pluie, le pont sur la Dja... rendent le transport très onéreux dans la région. A titre d'exemple, le tronçon Lomié-Ngoyla, long de 100 km, coûte 3 000F en voiture et 10 000 F par moto. Ces prix s'augmentent dès que le carburant devient moins disponible étant donné qu'il n'existe pas de station à essence ni dans la zone ni à Lomié.

IV.2. Une région riche en produits forestiers non ligneux (PFNL)

La récolte des PFNL est une activité quotidienne chez les populations de l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki. Cette récolte est orientée principalement vers l'autoconsommation et son importance est considérable au niveau alimentaire, médical et culturel. Certaines de ces ressources sont en train de revêtir une dimension commerciale qui ne passe pas inaperçue. C'est le cas de la mangue sauvage et du Djansang entre autres. Les principaux PFNL de la région sont récapitulés dans le tableau suivant :

Tableau N°13: les produits forestiers non ligneux et leur utilisation.

Nom pilote

Non scientifique

Produit

Utilisation

Igname sauvage

/

Tubercule

Alimentation

Palmier

Elaeis guineensis

Fruit , vin

Alimentation

Mutondo

Funtumia elastica

Serve

/

Koko

Gnetum africanum

Feuille

Alimentation

Liane

Eremospatha macrocarpa

Liane

Construction de l'habitat

Rotin

Calamus deëratus

Tige

Artisanat, construction.

Chenille

/

Chenille

Alimentation

Kola

Cola acuminata

Graine

Alimentation

Mangue sauvage

Irvinga gabonensis

Fruit, graine

Alimentation

Emien

Alstonia boonei

Ecorce

Pharmacopée

Miel

/

miel

Alimentation

Esssessang ou

Djansang

Ricinodendron heudotii

Graine

Alimentation

Marrantathaceae

/

Feuille

Construction de l'habitat

Escargot

/

Escargot

Alimentation

Graines de Moabi

Baillonella toxisperma

Graine

Alimentation

 

78

Parmi les produits forestiers non ligneux les plus utilisés dans l'interzone figurent les produits non ligneux à des fins alimentaires : graines de Moabi (Baillonella toxisperma) qui servent à l'extraction d'une huile très prisée ; celles d'Andok (Irvingia gabonensis) à la confection des sauces ; ajoutons à tout ceci les graines de Cola edulis. Ecorces, feuilles, sève et racines d'une grande diversité d'essences forestières sont utilisées dans la pharmacopée locale. On distingue également des PFNL utilisés dans la construction : par exemple, les feuilles de Marantacées pour les habitations des Baka et feuilles de raphia pour la confection des nattes chez les Bantous. Les rotangs et les bambous divers sont utilisés aussi bien en construction qu'en artisanat. Ainsi, les PFNL sont utilisés sous plusieurs formes : l'alimentation, la médecine traditionnelle, les cosmétiques, le rituel, l'artisanat, la construction, décoration, comme plantes ornementales, arbres de couvertures ou d'ombrage, le charbon à bois. La distance moyenne à parcourir pour collecter ces produits est de 15 km.

Hormis la mangue sauvage et le Djansang, la commercialisation des PFNL n'est pas répandue. Le manque de filières de commercialisation pour ces produits récoltés en brousse, n'incite pas les villageois à se lancer dans le ramassage organisé, les ventes groupées ou encore les procédés de transformation. En effet, ils disent qu'ils ne peuvent pas perdre du temps pour ramasser ces produits pour ne pas vendre par la suite. Chaque ménage cherche la quantité qu'il doit utiliser. Ils préfèrent très souvent aller chercher ces produits sur commande. Dès que le marché pour écouler les produits est connu, la valeur ajoutée aux produits récoltés en forêt est considérable. Par exemple, pour le Ricinodendron heudotii le verre se vend à 300 F et le litre à 1500 F à Ngoyla. Dans la zone, aussitôt qu'un marché de ces PFNL est connu, en même temps sa valeur ajouté augmente, et la compétition à l'accès devient aussi très remarquable.

Selon Bigombe L., (2011) « cette exploitation des PFNL procure des revenus mensuels non négligeables au sein des ménages. Le revenu moyen qu'un ménage reçoit de l'exploitation des PFNL est de 20 000 FCFA ».

Nous constatons que seulement quatre personnes soit 3 % ont pour première source de revenu l'exploitation des PFNL. Comparativement aux revenus générés par les autres activités dans les ménages, ceux tirés des PFNL sont modestes. Mais ces derniers ne peuvent pas être remplacés car ils constituent une source importante d'alternatives. La récolte et la vente de ces produits devront de plus en plus être valorisées afin de permettre aux populations (hommes) de trouver des sources de revenus alternatifs au braconnage.

79

Les Baka occupent une place de choix dans l'exploitation des PFNL. La forêt représente tout dans leur vie. Elle est leur mamelle nourricière, leur gardienne et leur protectrice, la pourvoyeuse de médicaments, le lieu par excellence de recueillement, de recréation, de repos et de réalisation des activités rituelles. Cette relation n'a pas la même intensité que chez les autres peuples de la forêt. L'agriculture qui est l'activité principale chez les bantous de la zone n'est qu'à un stade expérimental chez les Baka.

IV.3. Un artisanat peu développé au vu de la matière première.

L'artisanat est une activité très peu développée dans l'interzone par rapport aux potentialités qu'offre la zone en terme de matière première. En effet, parmi les 140 personnes que nous avons enquêtées quatre seulement soit 3 % de notre échantillon ont l'artisanat comme activité principale. C'est une activité majoritairement faite par les hommes. Ces hommes sont également des agriculteurs. Les produits réalisés sont utilisés au niveau local. Une petite quantité fait l'objet d'une commercialisation. Parmi les plus importants produits de l'artisanat, on peut citer les paniers, les fauteuils, les sacs à dos pour transporter le gibier, les nattes pour les toitures des maisons et des séchoirs à cacao. A cela s'ajoutent les mortiers et pilons (cf. photo ci-dessous), les tambours, haches, houes et daba ainsi que des cases construites en bambou, la réalisation des corbeilles, la construction des huttes, la confession des matelas en paille. Bien que les forêts soient riches en rotin, la production des articles en rotin est insignifiante dans toutes les localités de notre zone d'étude. L'utilisation du rotin dans l'artisanat n'est pas très répandue dans les moeurs locales alors que l'abondance de cette espèce dans la zone d'étude (végétation des zones marécageuses) est importante et pourrait faire l'objet d'une exploitation contrôlée pour alimenter les filières existantes et approvisionner les petits artisans de la zone. Le bois rouge ou blanc issu de la forêt est la principale source de matière première à la fabrication des produits de l'artisanat.

80

Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011 Photo N°10: Des artisans au travail.

Ces deux artisans utilisent des matières premières différentes. L'artisan (A) que nous avons rencontré à Nkondong 2 est en train de fabriquer le mortier. Il utilise le bois qu'il coupe en forêt. Il fabrique aussi des tam-tams, des pilons,... L'artisan (B) est en train de fabriquer les fauteuils avec ses enfants. Il utilise le bambou comme matière première. Il fabrique aussi des lits. Nous l'avons rencontré à Ngoyla. Le prix des lits et des fauteuils varient entre 800 et 2 000 FCFA. Ceci dépend de la taille du meuble solliciter.

Ailleurs, l'artisanat est une source de revenu importante, puisque lié à la production d'autres biens et services. Dans les communautés où ses produits sont vendus, au sein de ses membres, ils améliorent le niveau de vie des populations impliquées. Mais dans notre zone d'étude, l'enclavement est un facteur qui réduit les possibilités de développement de cette activité. Dans les localités retenues pour notre enquête il n'y a que deux marchés : Messok et Ngoyla qui ont lieu deux fois par semaine. Pour pouvoir vendre son produit l'artisan qui habite le village environnant doit donc parcourir des kilomètres à pied pour se rendre au marché. Par exemple un artisan rencontré à Djadom (village à 30 km de Ngoyla) nous dit que pour vendre ses paniers, il se rend en ville (Ngoyla), le seul marché le plus proche de la localité ; ceci à pied et pour vendre à un prix dérisoire. « On est parfois obligé de faire presque des cadeaux avec nos produits parce qu'il n'y a personne pour acheter et on doit rentrer », en témoigne-t-il. Les prix des objets fabriqués dans la zone varient entre 5 00 F

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pour les paniers et 5 000 F pour les tam-tams. La part des revenus générés par l'artisanat dans le ménage est très minable. Ceci s'illustre également à travers notre enquête ; deux personnes seulement soit 1% ont pour première source de revenu l'artisanat.

IV.4. Une exploitation minière en plein essor.

L'interzone est une zone très riche en ressources minières. On retrouve les minerais

suivant : l'or, le fer, cobalt, le nickel,...L'exploration de ces minerais continue de nos jours. D'autres minerais sont aujourd'hui annoncés dans la région. L'exploitation de l'or a débuté dans la région de Mbalam2 avant l'indépendance. C'est en 1947 que le premier chantier d'exploitation de l'or a été ouvert à Mbalam 2 par un français. L'exploitation des minerais dans l'interzone Dja PNN est faite de manière traditionnelle et bientôt elle sera aussi industrielle.

L'exploitation artisanale concerne l'or. Jusqu'à nos jours, elle se fait avec un matériel

rudimentaire. Dans l'interzone on compte deux grands chantiers d'Or. Il s'agit du chantier situé à 7 km de Mbalam 2, au lieu dit Momobo'o, région de l'Est, département du Haut-Nyong, arrondissement de Ngoyla, et celui de Sombo situé à 13 km de Mboutekon dans la région du Sud, département du Dja et Lobo, arrondissement de Mintom (Defo , 2007). Cette exploitation attire de nombreux jeunes camerounais ou étrangers dans ces localités. Pour ce qui est du revenu mensuel par orpailleur, selon Defo , (2007) cité par Bigombe L.(2011)

« il varie en fonction du site d'exploitation et de la proximité entre ce site et les grands centres urbains. Si un orpailleur s'en sort avec un revenu qui peut aller jusqu'à 50 000 FCFA par mois à Mboutekon, cela n'est pas le cas pour l'orpailleur de Mbalam 2 qui atteint à peine 20 000 FCFA de revenu mensuel par mois. Ceci s'explique par la distance qui sépare cette localité du centre urbain le plus proche (Ngoyla). Les prix de vente évoluent d'un site à un autre. Ceci s'explique par la proximité ou l'éloignement d'un centre urbain. Ainsi, à Mbalam 2 le gramme d'or se vend à 5.000 FCFA, tandis qu'à Mboutekon, il coûte 7.000 FCFA. »

Selon lui cette exploitation de l'or permet aux jeunes de ces localités « de lutter contre la pauvreté et l'oisiveté ».

Une exploitation industrielle est en train de se mettre en place dans la zone avec

l'attribution de deux grands permis d'exploration et d'exploitation. La compagnie minière GEOVIC a obtenu un permis d'exploitation du nickel et du cobalt dans la région de Lomié. Elle a déjà commencé ses activités. De même, la compagnie minière CAMIRON a obtenu un permis d'exploration du fer dans la localité de Mbalam2 et va bientôt commencer l'exploitation de ce gisement. L'intervention de ces deux sociétés doit créer quelques

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opportunités d'emploi, attirer les populations dans cette zone et procurer quelques revenus aux populations locales.

V. ENCLAVEMENT DE L'INTERZONE COMME FREIN AU DEVELOPPEMENT ET A LA DIVERSISFICATION DES ACTIVITES DES POPULATIONS.

V.1. Un enclavement est lié à un mauvais état des routes.

Deux axes routiers principaux permettent d'accéder dans l'interzone à savoir : l'axe Sangmelima- Mbalam 2 (nationale N°9) et l'axe Lomié-Ngoyla (régionale N°6). Ces deux routes sont reliées par l'axe Ngoyla-Mbalam 2 en passant par Djadom. Toutes ces routes sont carrossables et très mal entretenues par endroit. Elles se présentent comme le principal frein au développement de la localité. Les populations de notre zone d'étude affirment qu'il est très difficile de produire d'importantes quantités de produits avec pour objectif de vendre parce qu'il n'y a personne pour acheter. Il faut se déplacer pour aller vendre ailleurs ou bien espérer quand les étrangers seront de passage dans la zone pour qu'ils les achètent. Pour l'agriculture comme pour les autres activités, il est très difficile de transporter ses produits pour sortir du village et aussi si on veut acheter des intrants pour une activité quelconque. Malgré la quantité importante de certains vivres, les populations ne bénéficient pas de la vente de ces produits car les conditions de voyage n'encouragent pas à voyager dans cette localité pour le commerce. Il n'y a que deux marchés dans les localités retenues pour l'enquête. Les populations parcourent parfois plus de 20 km à pied pour s'y rendre.

A cause de ces difficultés de moyen de transport, les prix des produits locaux sont très bas. Ils sont parfois fixés par l'acheteur. Le manque de débouchés est aussi un handicap majeur pour le commerce des produits locaux. La route Lomié-Messok, longue de 60 km, est plus accessible que celle de Ngoyla. Sur celle-ci, les voitures des sociétés forestières sont régulières et multiplie les possibilités de trouver une occasion à emprunter. Le voyage dure en moyenne deux heures et trente minutes. Le niveau de développement socio-économique de cet arrondissement est nettement plus élevé que celui de Ngoyla. La route Lomié-Ngoyla, quant à elle, est longue de 100 km. Sur cette route comme toutes les autres de la zone, on rencontre de nombreux bourbiers et des nids de poule. Ces nids de poules réduisent la vitesse à laquelle la voiture peut rouler. En saison des pluies, c'est un véritable enfer. Sur ce tronçon routier on fait parfois des jours. Par exemple, lorsque nous étions dans la zone, nous avons dû passer une nuit en route parce que la voiture était bloquée dans un bourbier. Lorsque je me

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plaignais, c'est là qu'une femme me dit que nous avons eu de la chance parce que le jour suivant le soleil s'était vite levé. Elle me dit que la dernière fois qu'elle devait se rendre à Yaoundé pour chercher son salaire, elle avait fait quatre jours en route avant d'arriver à Lomié.

L'état de ces routes est le principal facteur qui réduit les possibilités de développement de l'agriculture dans la zone. Selon Von Thünen, la meilleure localisation de la production agricole se fait en fonction des marchés de consommation, car la population produit en fonction du coût de transport. Le profit par unité de surface décroit à mesure que la distance entre la zone de production et le marché de consommation est grande. Il conclut que la production d'une denrée ne vaut la peine qu'à une distance donnée du marché. Conformément à cette théorie et géographiquement parlant, l'arrondissement de Ngoyla, situés à environ 250 km de la ville d'Abong-Mbang fait face à de nombreux problèmes d'écoulement des produits agricoles.

V.2. Absence du pont sur la Dja comme une barrière pour le développement de l'arrondissement de Ngoyla.

A côté de cet état de la route, pour se rendre à Ngoyla il faut traverser la Dja. La traversée se fait à l'aide du bac (cf. Photo 11 A) ou avec la pirogue pour les piétons et les motos (cf. Photo 11 C). Lorsque le bac est en bon état et le niveau du cours d'eau satisfaisant, il faut en moyenne une heure pour traverser d'un bout à l'autre. Mais à cause de la vétusté des installations, il n'est pas rare de faire trois heures pour traverser ce fleuve. En saison sèche, lorsqu'il y a étiage, son déplacement devient difficile et à partir de la fin du mois de janvier cet engin ne peut plus se déplacer à cause du bas niveau du cours d'eau. Il faut désormais espérer le retour des pluies pour que les activités reprennent. A partir de la fin du mois de décembre il faut utiliser des cordes pour aider et tirer l'engin dans son mouvement (cf.Photo B).

84

A

B

C

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Planche photo N°11: La traversée du fleuve Dja. La photo A ci-dessus a été prise en Août (période de crue) et la photo B au mois de décembre (saison sèche). Sur cette dernière on observe un groupe de trois personnes qui sont en train d'aider le bac dans son déplacement avec une corde. La photo C quant à elle nous montre des personnes et une moto dans la pirogue en train de traverser ce cours d'eau. Tout ceci montre les difficultés que rencontrent les populations de cet arrondissement pour traverser ce fleuve.

Le déplacement des personnes et des biens sur l'axe Lomié-Ngoyla n'est pas tout à fait facile. En moyenne, une voiture quitte Lomié chaque jour pour Ngoyla. Elle quitte la ville de Ngoyla pour Lomié le matin du jour suivant. Mais si l'état de la route est inquiétant on peut passer deux jours sans avoir une voiture qui fait le transport. La moindre occasion qui se pointe fait l'effort de ramasser tous les passagers. Le voyage se passe dans des conditions très difficiles (dans une voiture de cinq places on charge neuf personnes et les autres sont perchés sur le porte-bagages). Dès que l'on manque cette unique occasion, on est obligé d'attendre le lendemain. Cette route est bordée en majorité des bosquets (forêt primaire) qui ne facilite pas la visibilité. La route ici n'est qu'une sorte de piste sinueuse.

L'absence du pont sur ce fleuve se présente comme une barrière pour l'arrondissement de Ngoyla. Unité administrative créée depuis 1967, l'arrondissement de Ngoyla ne reflète ni la richesse en ressources naturelles dont elle jouit ni son âge au regard des unités administratives créées après elle. Nous avons vu dans le chapitre précédent que cet arrondissement est très riche en ressources minières, floristiques et fauniques ; sur ce point il est classé parmi les zones riches en ressources naturelles au Cameroun. Au niveau du développement socio-économique il est parmi les derniers. Dès que l'on traverse le fleuve

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Dja tout change. La nature est intacte. Dans les villages, on compte l'habitat au bout des doigts. Le centre ville ne ressemble pas au chef-lieu d'une unité administrative.(cf. photo N°13)

Dans cet arrondissement, les populations vivent dans un habitat fait en matériaux locaux. Même le représentant du chef de l'État vit dans une maison en terre battue. L'hôpital de district n'a plus de médecin depuis un an. Les malades meurent par manque de soins appropriés. Évacuer un malade est un autre problème à cause de l'absence du pont sur le Dja. Parfois, à certaines heures de la journée, ceux qui travaillent au bac ne sont plus là ; il faut crier au bord du fleuve pour espérer qu'on puisse entendre les cris dans le village voisin et venir déplacer le bac. L'état de la ville, les conditions de vie des populations et l'accès dans cet arrondissement laissent à désirer. Avec toutes ces conditions, les populations de l'arrondissement de Ngoyla sont habitées par un esprit de découragement quant à ce qui concerne la production et l'écoulement des différents produits agricoles et par un esprit de révolte quand on leur parle du projet de conservation de la zone. Selon eux, ils sont oubliés et les ressources que regorge leur zone ont plus de valeur aux yeux de l'Etat qu'eux. La richesse naturelle et le niveau de développement des populations de cet arrondissement constituent un paradoxe.

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Photo N°12: Le premier adjoint préfectoral de Ngoyla Mr Essoh Hyacinthe devant sa résidence. Une maison faite en terre battue avec des tôles qui se détachent l'une après l'autre.

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B

A

A

C

B

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Photo N°13: Le centre «ville» de Ngoyla. On observe ici la plaque indiquant la «ville» de Ngoyla. Les maisons observées sont les boutiques (A) du centre «ville», (B) est la gare routière et (C) un taxi entrain de charger pour Lomié.

CONCLUSION.

En somme, notre étude a été beaucoup plus focalisée sur différentes activités des populations de l'interzone. Parmi elles, l'agriculture constitue la principale activité de subsistance de ces populations. Dans la zone, chaque ménage pratique l'agriculture. Cette agriculture est de type itinérante sur brûlis et elle concerne les cultures de rente et vivrières. A côté de l'agriculture, la chasse occupe le deuxième rang dans les activités des populations de la zone. Les produits de cette chasse constituent leur principale source de protéine. Les revenus tirés de ces deux activités sont considérables pour les ménages. Après analyse de nos enquêtes, nous avons constaté que le revenu moyen tiré de la chasse est supérieur à celui de l'agriculture. Ceci nous a permis de confirmer notre hypothèse selon laquelle la chasse est prédominante et constitue la principale source de revenus. Les autres activités (commerce, artisanat, récolte des PFNL, pèche,...) sont aussi bien pratiquées dans la zone. Elles permettent aux populations qui les exercent de tirer des revenus non négligeables pour satisfaire leurs besoins financiers. Ces différents revenus se complètent dans les ménages car il est difficile dans la zone de voir une personne qui n'a qu'une seule source de revenu.

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CHAPITRE III : ANALYSE DES MOYENS D'EXISTENCE DES

POPULATIONS SOUS LE PRISME DE LA COMPATIBILITE

INTRODUCTION

Après avoir étudié les différentes activités au sein des ménages de notre zone d'étude dans le chapitre précédent, il sera question pour nous dans le présent chapitre d'analyser ces différentes activités sous le prisme de la compatibilité. En d'autres termes, nous allons étudier les différentes techniques avec lesquelles sont développées les activités afin de déterminer si ces dernières sont compatibles ou incompatibles avec la conservation de la zone. Nous allons tout d'abord présenter le contexte de la mise en place du projet Tridom pour ensuite analyser les techniques utilisées pour développer les activités qui ont un impact direct sur les ressources de la zone.

I INTERZONE RESERVE DU DJA-PARC DE NKI : UN ESPACE QUI ABRITE DE NOMBREUX PROJETS DE CONSERVATION.

I.1. La mise en place de l'interzone lié à l'initiative TRIDOM.

L'espace TRIDOM a été mis en place en 2005 à travers la signature d'un accord de coopération entre les gouvernements du Congo, du Gabon et du Cameroun. Par cet accord, « Les États parties s'engagent à coopérer, à mettre en place et à gérer en partenariat, le complexe transfrontalier d'aires protégées dit Dja-Odzala-Minkébé, en abrégé TRIDOM et son interzone dans le but de promouvoir la conservation, l'utilisation rationnelle des ressources naturelles et le développement durable au profit des communautés locales en vue de contribuer à la réduction de la pauvreté.»18 La TRIDOM comprend dix aires protégées et un vaste interzone. Les aires protégées constituent une aire de conservation. L'interzone quant à elle est divisée en plusieurs zones et vouée à toute activité humaine compatible avec la conservation. L'objectif de la conservation de cet espace est de réduire les menaces actuelles et de concilier conservation et développement tout en maintenant les écosystèmes des aires protégées.

Au Cameroun, pour renforcer la conservation des aires protégées, une partie de l'interzone (le massif forestier Ngoyla-Mintom) abrite plusieurs projets de conservation. Dans cette forêt vivent des peuples bantous et des « pygmées». Toutes ces populations dépendent de la forêt mais à des degrés différents. Si les bantous ont pour activité principale

18 COMIFAC, 2005 : Article 1er de l'accord de coopération relatif à la mise en place de la TRIDOM

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l'agriculture, les bakas vivent essentiellement de la chasse et de la cueillette. Pour ces derniers, la forêt est leur mamelle nourricière. Cette région prévue pour la conservation se superpose aux territoires d'agriculture, de chasse et de cueillette de ces peuples. Selon John Nelson, (2005) « Ces projets de conservation ont été mis en place sans une consultation préalable des populations autochtones ». Bien que les accords sur le premier projet aient été signés depuis 2005, ce n'est que le 29 Août 2011 que la sensibilisation effective a débutée dans la zone avec « l'Atelier relatif à la consultation et participation publiques du projet de conservation et d'utilisation durable des ressources forestières et fauniques de Ngoyla-- Mintom (MINFOF) ». Ces populations sont ainsi appelées à modifier leurs modes d'utilisation de certaines ressources pour s'arrimer aux règles de la conservation. A cet effet Nelson J. (2005) pense que « Ce projet imposera de nouvelles règles d'utilisation des forêts qui affecteront leurs possibilités d'y accéder et d'utiliser les ressources sur lesquelles est fondée leur subsistance ; pourtant, à ce jour les communautés concernées n'ont pas été informées ni impliquées dans la planification de ce projet de conservation.»

I.2. Les projets de conservation développés sur l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki.

Selon Freudenthal E., et al (2011), au moins trois projets qui se superposent sont prévus à Ngoyla Mintom. Un projet de REDD de la Banque mondiale, financé par le FEM ; un projet de REDD du WWF financé par l'UE ; et un projet paysager, appelé TRIDOM, financé également par le FEM, mis en oeuvre par le Bureau des services d'appui aux projets des Nations Unies (UNOPS) et qui devrait comporter des éléments de REDD. Dans cette interzone, il y a donc des chevauchements entre ces différents projets de conservation.

Le projet GEF/TRIDOM

Le Projet de conservation de la TRIDOM, au Cameroun, Congo et Gabon, vise à maintenir les fonctions et la connectivité écologiques dans la TRIDOM et à assurer la conservation à long terme de son système d'aires protégées. Il repose sur une subvention du FEM via le PNUD sur sept ans. Il est géré par une Unité Régionale de Gestion du Projet (URGP) apportant un appui technique aux trois Équipes de Projet Nationales (EPN). L'URGP comprend des membres du personnel de l'UNOPS, avec un homologue de la COMIFAC, alors que les EPN sont exécutées par les agences gouvernementales responsables des forêts, de la faune et des aires protégées avec l'appui des ONG internationales en contrat avec l'UNOPS.

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Le projet GEF/ MINFOF

Le projet de la Banque mondiale est intitulé « Conservation et exploitation durable du massif forestier de Ngoyla-Mintom ». Ce projet bénéficie d'un financement du FEM pour quatre ans. Il a été approuvé en 2009. Il vise à « Mettre en place une zone centrale de protection dans le massif forestier de Ngoyla-Mintom, suivant une approche fondée sur l'aménagement du territoire et la promotion de partenariats public-privé. » Ce Projet de conservation et d'utilisation durable des ressources forestières du massif Ngoyla-Mintom est un projet intégré de conservation de la biodiversité et d'appui au développement des communautés locales et autochtones. Il doit contribuer à la conservation et à l'aménagement durable du Massif Forestier de Ngoyla-Mintom au bénéfice des populations locales et autochtones. Il vise à assurer la conservation et l'utilisation durable de la forêt et des écosystèmes naturels du massif Ngoyla-Mintom et l'amélioration des moyens d'existence des communautés locales et autochtones.

Le projet WWF/Union Européenne.

Le projet REDD+ du WWF sur Ngoyla-Mintom est un projet financé par l'UE. Le WWF a obtenu en 2010, 2 millions € de l'Union européenne pour la mise en oeuvre de ce projet de REDD à Ngoyla-Mintom. Il s'étendra de 2011 à 2016.

Nous constatons donc que l'interzone Réserve de biosphère du Dja-parc national de Nki n'abrite pas un seul projet de conservation. Ces projets sont l'oeuvre des organismes différents. Selon Freudenthal E., et al (op.cit ) cette superposition des projets est due aux « problèmes de communication entre les organismes étrangers.» Il note que « Par exemple, la Banque mondiale et le WWF ne savaient pas qu'ils avaient tous les deux mobilisé des fonds (auprès du FEM et de l'UE respectivement) pour financer des projets de REDD au même endroit (Ngoyla Mintom) » p16.

II. AGRICULTURE

II.1. Une agriculture qui s'étend progressivement sur la forêt.

L'agriculture qui est pratiquée dans l'interzone est une agriculture de type traditionnel. Elle n'utilise ni les engrais ni les fongicides à cause de la fertilité naturelle du sol. Dans l'interzone, on rencontre de nombreux champs avec des cultures saisonnières et également des champs avec des cultures pérennes. Ces différents champs sont concentrés autour des zones habités. Dans les différentes localités enquêtées, les surfaces agricoles sont en extension. Le nombre de champs par ménage et par an reste à peu près constant, mais leurs propriétaires

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augmentent la superficie de leurs champs. Les cultures saisonnières développées dans la zone constituent la principale source de subsistance de ces populations. Au début de chaque grande saison de pluie, chaque ménage crée en moyenne deux champs : un champ de culture unique (exemple : le champ de type arachide) et un champ avec les cultures associées.

Dans la zone d'étude, le nombre de champs à créer par an varie en fonction de plusieurs paramètres. Nous pouvons citer entre autres : la profession principale, le statut matrimonial et l'âge. Le nombre de champs créés par ménage et par an se résume dans le tableau ci-dessus :

Tableau N°14 : Nombre de nouveaux champs créés par ménage par an dans l'interzone.

Nombre de champ Localité

Zéro

Un

Deux

Plus de deux

Messok

10

17

18

2

Ngoyla

13

13

12

1

Nkondong2

0

0

3

0

Zoulabot1

1

3

7

1

Nkondong1

0

1

4

1

Djadom

1

3

2

0

Etékessang

0

3

8

2

Zoulabot2

0

5

5

0

Bareko

0

1

0

0

Totaux

25

46

59

7

 

Source : Enquête de terrain, 2011

Ce tableau nous présente le nombre de champ que notre population crée par an. On constate que 18 % de la population enquêtée soit 25 personnes sur 137 ne créent pas de nouveaux champs. Ils cultivent uniquement les anciennes parcelles. Ce sont généralement les personnes âgées qui disent qu'ils n'ont plus assez de force pour cultiver et ceux qui ne cultivent que le jardin de case. D'après ce tableau, 46 personnes soit 34 % de la population enquêtée affirment qu'elles créent un nouveau champ chaque année. Ces nouveaux champs sont sollicités à cause de la fertilité dont exigent les cultures comme le plantain et le concombre. Ceux qui créent deux champs par an représentent quant à eux 43 % soit 59 personnes. Ici, on retrouve ceux qui ont cultivé une ancienne jachère et également ceux qui défrichent la forêt primaire. Ceux qui créent plus de deux champs par an sont généralement des polygames, chacune de ses femmes a droit à deux champs. Ils représentent 5 % de notre population enquêtée. Ils défrichent plusieurs champs pour que chaque femme ait le sien.

Certains agriculteurs ne créent pas de nouveaux champs ; ils étendent plutôt les parcelles. Cette pratique est plus remarquée pour la culture du cacao. Les agriculteurs n'ont

Source : Enquête de terrain, 2011

91

pas assez de moyens pour créer une grande plantation ; ils préfèrent augmenter la superficie de leurs champs au fil des années. Ainsi, au bout de quelques années sa plantation aura une grande taille mais la production ne débutera pas la même année. Cette extension des champs de cacao est beaucoup plus l'oeuvre des jeunes. En effet, de retour au village après un séjour dans une localité pour des raisons scolaires, les jeunes n'ont pas de moyens pour créer une grande plantation. Ils commencent par créer quelques centaines de mètres carrés et les années qui suivent, ils défrichent la forêt aux alentours de l'ancienne plantation pour planter de nouveaux plants.

La création de nouvelles plantations et l'extension de certaines sont la cause de l'agrandissement de la surface agricole dans l'interzone. La surface agricole est en nette augmentation dans notre zone d'étude. Plusieurs raisons justifient cette progression des champs sur la forêt dans l'interzone. Nous pouvons citer entre autres : la croissance de la population, l'espoir de vendre le surplus de la production, l'espoir que le développement des projets industriels et infrastructurels va entraîner une demande accrue des denrées agricoles et entraîner aussi une amélioration dans les conditions de transport des biens et des personnes. Les points de vue des populations enquêtées sont différents en ce qui concerne l'évolution de la surface agricole dans l'interzone. Certains pensent que cette dernière augmente et d'autres qu'elle est constante. Les points de vue des populations enquêtées sur l'évolution de la surface agricole dans les villages de l'interzone se résument dans le tableau suivant :

Tableau N°15 : Evolution de la surface agricole dans l'interzone.

Evolution des champs Localité

Augmente

Constante

Diminue

Messok

43

3

1

Ngoyla

33

4

2

Nkondong2

2

1

0

Zoulabot1

10

2

0

Nkondong1

6

0

0

Djadom

4

1

1

Etékessang

9

2

2

Zoulabot2

9

0

1

Bareko

0

1

0

Totaux

116

14

7

 

92

Il ressort de ce tableau que 116 personnes soit 85 % pensent que la surface agricole augmente dans leurs villages. Cette augmentation est remarquée dans toutes les localités enquêtées sauf à Bareko. Nous constatons que plus de 80 % des populations enquêtées de chaque localité affirment que la surface agricole est croissante. Ceux qui affirment que la surface est constante représentent 10 % soit 14 personnes sur 137 qui font l'agriculture dans notre échantillon. Ce sont des gens qui affirment que les champs ne sont qu'en rotation dans les jachères et qu'ils ont trop de difficultés en ce qui concerne la commercialisation des produits agricoles parce que chacun a son champ. Seulement 7 personnes soit 5 % pensent que la surface agricole diminue dans leur village. Ils affirment que l'outillage rudimentaire et la non utilisation des engrais rendent très difficiles les travaux agricoles. Ce sont généralement ceux qui ont une idée pessimiste de leur localité.

L'extension de l'agriculture sur la forêt va s'amplifier de plus en plus dans la zone. Selon notre enquête de terrain, 80 % des populations disent qu'ils devront créer de nouveaux champs dans l'avenir. Ils disent qu'ils ont de plus en plus de bouches à nourrir et ils espèrent qu'avec les avantages liés au projet de conservation de la zone il y aura une amélioration des conditions de transport ce qui leur permettra de mieux vendre. Ces nouveaux champs sont créés dans les jachères et les forêts secondaires. Le nombre de champs créés en forêt primaire est faible. Seulement 12 % des populations enquêtées disent qu'elles ne veulent plus créer des champs. Ces personnes sont constituées des gens âgées qui disent qu'ils n'ont plus assez de force pour cultiver et ceux qui disent qu'ils n'ont plus assez de temps (certains agents de l'Etat et les commerçants). 10 personnes soit 7 % sont sans avis. Selon eux, seul l'avenir déterminera les possibilités de création de nouveaux champs.

L'augmentation de la surface agricole n'est pas le propre de l'interzone, c'est un phénomène général dans tout le Sud-est du Cameroun. En effet selon les projections de la SDSR (Stratégie de développement du secteur rural) du MINADER (2006), les superficies des cultures (cacao, café, huile de palme, hévéa, manioc, banane plantain) des zones forestières dans la SDSR sont en augmentation. Les superficies mises en culture étaient de 894 000 ha en 2005, 953 000 ha en 2010 et seront de 1 072 000 ha en 2015.

Malgré ce constat de l'extension de l'agriculture sur la forêt et de l'augmentation de la surface agricole, l'agriculture a peu d'impacts sur la forêt. En effet les champs sont de petites dimensions en moyenne 1 ha pour les champs vivriers et 2,5 ha pour les champs de cacao. Cette zone a de très faibles densités humaines. L'habitat est linéaire et les champs sont concentrés autour des zones habitées. L'agriculture se déroule dans les agro-forêts. Elle occupe l'espace qui a été réservé pour elle dans les différents plans de zonage qui ont été

93

proposés pour cette zone. Par exemple dans le zonage proposé par le MINFOF en 201119, les agro-forêts occupent une superficie de 33 449 ,35 ha sur 912 434 ,73 ha dont possède le massif forestier en conservation ; soit 4 % de cette forêt. C'est une agriculture qui ne touche donc pas le Domaine Forestier Permanant (DFP). Ce n'est que sur le tronçon Mintom-Lélé qu'on observe l'installation des populations et la création des plantations agricoles dans le DFP. Mais nous espérons que le plan de zonage définitif de la zone clarifiera tous ces points lors de son élaboration.

L'espace mis en culture est donc très faible dans la zone à cause des faibles densités des populations et de l'enclavement de la zone qui réduit les possibilités de commercialisation des produits agricoles. Les distances à parcourir pour arriver au champ ne dépassent pas 3 km dans notre zone d'étude. Ces distances varient d'une localité à l'autre. Les plus longues distances de 2,5 à 3 km ont été enregistrées dans les localités comme Messok et Ngoyla. Dans certains villages comme Nkondong 1, Nkondon2, Djadom et Bareko les champs les plus éloignés sont à moins d'un kilomètre des maisons.

L'outillage utilisé, le système d'alternance culture/jachère et la conservation des arbres pendant la mise en culture des champs sont autant de facteurs qui réduisent les pressions de cette agriculture sur la forêt. A coté de ces facteurs, les populations de l'interzone ont un système d'organisation de leur emploi de temps qui consiste à réduire le temps à consacrer à l'agriculture pour développer d'autres activités comme la chasse, le ramassage... Ces populations vivent dans un environnement riche en ressources (terre, gibier, poisson, insectes, fruits, matériaux végétaux, etc.) qui offre des alternatives non agricoles.

En conclusion l'agriculture s'étend progressivement sur la forêt dans l'interzone. C'est une agriculture qui utilise un outillage rudimentaire et elle est concentrée autour des zones habitées. L'extension de la surface agricole sur la forêt est lente. Ce qui nous fait dire que c'est une agriculture qui répond aux critères de compatibilité de l'agriculture avec la conservation.

II.2. Une agriculture soucieuse de la conservation de l'environnement.

L'agriculture itinérante sur brûlis est un système agricole qui conserve les arbres dans le champ au moment de la mise en culture. Ces arbres sont des orphelins de la forêt. Sur la photo ci-dessous, on observe des arbres qui ont été conservés dans un champ. Ils sont conservés au milieu des champs pour diverses raisons: ombrage, alimentaire, exploitation forestière,

19 MINFOF : Octobre 2011b, Cadre fonctionnel pour la gestion intégrée et durable du massif forestier Ngoyla-Mintom Projet de Conservation et d'Utilisation Durable de la Forêt de Ngoyla-Mintom - p 49

94

médecine traditionnelle...

Source : Cliché Tatuebu, septembre 2011

Photo N°14: Les arbres conservés dans le champ.

De notre enquête de terrain, nous avons constaté que sur tous ceux qui font l'agriculture, 96% soit 132 personnes sur 137 conservent les arbres dans le champ au moment de la mise en culture. Les 5 personnes qui ne conservent pas les arbres sont ceux qui n'avaient que les jardins de case. Bien que la culture du cacao nécessite des arbres dans le champ pour créer l'ombrage, plusieurs autres raisons justifient leur conservation dans les champs de l'interzone. Les raisons de conservation des arbres selon les populations sont représentées à travers le graphique suivant :

140

120

100

40

80

60

20

Effectifs

0

OMBRE EXPLOITABLE TRES GROS COMESTIBLE MEDICINALE

120

97

114

Raisons

78

30

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°13: Raisons de conservation des arbres dans le champ.

D'après le graphique, 120 personnes soit 91% conservent les arbres pour créer l'ombrage dans le champ. Pour les cultures comme le cacao, ces arbres au milieu des champs sont indispensables. Ceux qui conservent l'arbre à cause de sa grosseur représentent 87% de

95

la population enquêtée. Les haches et les machettes utilisées pour défricher la forêt ne permettent pas de couper les gros arbres ; seul le feu leur permet souvent de les faire tomber. Selon de Wachter, 1995 « le motif pour la conservation des gros arbres sur la parcelle est d'éviter le travail d'abattage ». Nous constatons ensuite que 97 personnes soit 73% conservent les arbres parce qu'ils sont exploitables. Les essences conservées dans le champ sont par exemple : le moabi, l'iroko, le fraké, l'ayous, le sapelli... Dans les localités comme Messok, Nkondong 1, Zoulabot 2 où l'exploitation forestière est effective, les populations connaissent la valeur des essences précieuses et les conservent au moment de la mise en culture de la forêt. Dans les autres localités comme Etékessang, Zoulabot 1 et Ngoyla, où les populations ont des forêts communautaires qui ne sont pas encore en exploitation, ils disent qu'ils conservent les essences précieuses en attendant le jour où l'exploitation sera effective dans leur localité. De nombreux arbres sont aussi conservés dans l'interzone pour la récolte des PFNL. En effet, 78 personnes soit 59% conservent les arbres parce qu'ils sont comestibles. Ici on retrouve les PFNL comme le moabi, la mangue sauvage, djansang, okok...30 personnes conservent les arbres pour des raisons médicinales. Les différents arbres conservés permettent à la forêt de vite se régénérer pendant les jachères.

II.3. Une agriculture dominée par la pratique de la jachère.

Afin que la terre retrouve sa fertilité, les champs sont mis en jachère deux à trois ans après la mise en culture. La pratique de la jachère est très développée dans notre zone d'étude. D'après notre enquête réalisée sur le terrain, on constate, qu'en majorité, toutes les populations pratiquent la jachère. Sur 137 personnes qui pratiquent l'agriculture, 123 soit 90 % pratiquent la jachère. Le reste, 14 personnes soit 10 %, qui disent qu'ils ne pratiquent pas la jachère sont composés de ceux qui cultivent uniquement le cacao et de ceux qui cultivent uniquement leurs jardins de case.

C'est grâce à la mise des champs en jachère que le sol retrouve sa fertilité dans la zone ; le niveau de fertilité dépend souvent de la durée de la jachère. Les courtes durées de jachère ne permettent ni au sol d'être fertile ni à la végétation de se reconstituer. Par contre, les longues durées de jachères rendent les sols fertiles, permettent à la forêt de se reconstituer et d'avoir de bons rendements.

Le choix des jachères à cultiver est important en ce qui concerne les différentes cultures. En effet, les jachères de courte durée (2- 4 ans) sont très importantes pour les cultures comme l'arachide et le maïs. Mais le macabo, le concombre nécessite les jachères qui ont à partir de 4 ans. Les cultures comme le plantain ont besoin des vieilles jachères ou de

96

la forêt vierge pour avoir de bons rendements. Les durées de jachères relevées dans notre zone d'étude sont représentées dans le graphique suivant :

Effectifs

ect

40

s

50

80

70

60

20

10

0

0

2-3 ans 04 - 05 ans Durée 6 - 9 ans 10 ans et plus

32

75

13

3

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°14: Durée des jachères dans l'interzone.

Il ressort de ce graphique que la durée de jachère la plus pratiquée dans la zone est de 4 à 5 ans car sur 123 personnes qui font la jachère ,75 personnes soit 61 % ont une durée de jachère comprise entre 4 et 5 ans. Ce sont les jachères très sollicitées pour les cultures associées telles que le manioc, le maïs, les arachides et parfois le macabo. Les durées de jachères qui viennent après ces premières sont comprises entre 2 et 3 ans car 32 personnes soit 26 % font des jachères qui ont cette durée. Dans cette catégorie, les jachères de 2 ans sont très rares, près de 90% de cette tranche est constitué des jachères de 3 ans. Ces jachères sont recherchées pour la culture de l'arachide parce qu'il n'y a pas trop de forêt à défricher.

B C

Source : Cliché Tatuebu, septembre 2011

Planche photo N°15: Les jachères. (A : jachère de 3ans en friche, B : en culture, C : jachère de 5ans défrichée) Sur cette planche, (A) est une jachère de trois ans en friche. On

97

observe sur elle les bananiers qui peuplaient le champ au milieu d'une forêt qui est en train de se reconstituée. L'image B nous montre une jachère de 3 ans qui a été défrichée puis nettoyée avec le feu avec des petits pieds d'arachides qui sont en train de sortir du sol. On constate sur la photo qu'il n'y a pas de reste de tronc d'arbre abattu dans le champ. L'image C quant à elle nous montre une jachère de 5 ans défrichée. Celle-ci a déjà de jeunes arbres qui la dominent.

Les jachères de 6 à 9 ans représentent 11 %. Ce sont les champs mis en culture pour le macabo, le concombre et le plantain. Certaines de ces jachères comme celles de plus de 10 ans sont des forêts secondaires. De l'analyse précédente nous constatons que les durées des jachères ne sont pas très longues car près de 87 % des jachères ont une durée inférieure à 6ans. Ces durées sont dus au fait que le matériel utilisé par les populations n'est pas approprié pour défricher la forêt. Elles ont trop de difficultés à défricher la forêt vierge avec les machettes et les haches. Les populations défrichent donc très peu la forêt vierge dans notre zone d'étude. Ce système de culture qui alterne jachères et champs permet en quelque sorte une rotation des champs dans l'espace et de réduire les pressions sur la forêt. Le paysage créé par l'agriculture dans l'interzone est une mosaïque de forêts primaires, secondaires et des jachères capable de soutenir la pression de agriculture sur les ressources.

II.4. Une agriculture confrontée à de nombreux problèmes.

L'agriculture pratiquée dans l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki est une agriculture itinérante sur brûlis. Les productions sont destinées à la satisfaction des besoins des ménages tant en besoins alimentaires que financier. Les rendements sont relativement importants suivant l'âge de jachère mis en culture. Les populations tirent des revenus assez considérables de cette agriculture. Cependant, l'agriculture dans l'interzone fait face à de nombreux problèmes. Nous pouvons citer entre autres : l'outillage rudimentaire et la technique agricole, le manque de débouchés et les prix trop bas, les problèmes de conservation des récoltes, la destruction des cultures par les animaux, et le manque de route dans la région.

Dans notre zone d'étude, l'outillage utilisé est constitué des houes, des plantoirs, des machettes, des haches, des pioches...Ces outils rendent le travail difficile lors de la création des champs. Il leur manque les matériels agricoles comme les tronçonneuses pour vite abattre les arbres. Un manque d'outils ou des outils de mauvaise qualité rendent le travail plus pénible. Dans la région on ne laboure pas les champs. Le feu est le moyen le plus utilisé pour nettoyer les champs. Les cendres issues de ce feu constituent les seuls engrais utilisés pour les

98

cultures. Après quelques années qu'un espace ait été mis en culture, il n'est plus fertile, il faut le mettre en jachère pour créer un autre champ. Une situation avec un manque de matériel permanent (des bonnes haches, machettes et limes) provoque un raccourcissement des jachères et a un effet négatif sur le maintien de la fertilité des parcelles dans le cycle agricole.

Les populations de l'interzone ont trop de difficultés pour vendre les produits agricoles. Les faibles densités des populations, l'enclavement de la zone, et le manque de routes sont autant de raisons qui font que les agriculteurs de notre zone d'étude manquent de débouchés. Ceux qui achètent les produits agricoles sont les étrangers. Ces produits sont vendus à des prix dérisoires car ce sont souvent les acheteurs qui fixent les prix. Les produits pourrissent parfois sur les claies parce qu'il n'y a pas de clients. A cause de l'enclavement, la pratique des bas prix par les acheteurs est très récurrente dans la zone. Par exemple, pendant la campagne cacaoyère 2011-2012 au mois de décembre 2011, le kilogramme de fèves de cacao séché était acheté à Ngoyla à 700 Fcfa ; ce qui avait poussé les populations à la révolte. Les autorités administratives, en accord avec les populations ont signé des accords saisissant le stock qui était dans les magasins des acheteurs et interdisant tout achat du cacao par ces anciens acheteurs en attendant que les prix soient revus à la hausse.

Un autre problème auquel sont confrontées les populations de l'interzone est la pourriture des cabosses de cacao. Ces populations utilisent très peu les fongicides pour la culture du cacao. Cette dernière est donc exposée aux différentes attaques des microbes. A ce problème de pourriture des cultures il faut ajouter la conservation des récoltes. Les populations de notre zone d'étude ne savent pas stocker et conserver les récoltes pendant longtemps. Les produits récoltés dans les champs sont directement consommés ou vendus après la récolte car il n'y a pas de moyen permettant de conserver les récoltes pendant quelques mois. Plusieurs agriculteurs disent qu'ils ne produisent pas beaucoup parce qu'il n'y a pas de possibilité ni d'endroit approprié pour conserver la production après la récolte.

Tous les agriculteurs de notre zone d'étude sont confrontés à la destruction des cultures par les animaux sauvages. Des petits rongeurs aux grands fauves de la forêt, tous les animaux causent des dégâts considérables sur les cultures. Dans toutes les localités retenues pour l'enquête, la totalité des personnes enquêtées soit 100 % disent être victime des dégâts causés par les animaux sur les cultures. Parmi ces animaux on retrouve ceux de la «classe C» (hérissons, singes, porc-épic, écureuils...) et ceux de la «classe A et B» (éléphants, gorilles, sanglier, chimpanzé...). Les rongeurs sont un problème sérieux pour presque toutes les

99

cultures. Ils sont présents dans toutes les localités. Les jachères forment un habitat pour ces rongeurs (surtout les aulacodes, les athérures et les rats d'emin). Pour réduire parfois ces dégâts, les populations tendent les pièges dans les champs ou parfois ils font des clôtures. Les animaux des autres classes sont les plus dangereux car non seulement ils sont protégés par la loi mais aussi certains sont très gros pour être capturé par les pièges. Les dégâts causés par ces animaux deviennent de plus en plus considérables lorsqu'on va vers le coeur de ce massif forestier. En d'autre termes, sur le terrain, les populations de la localité de Messok affirment être rarement victimes de la destruction des cultures par les animaux de la «classe A et B», mais lorsqu'on arrive à Etékessang jusqu'à Djadom les populations affirment qu'ils causent trop de dégâts sur leurs cultures. « Il arrive parfois que ces animaux s'approchent de nos maisons » affirment certains. Au cas où les dégâts causés par ces animaux sont très considérables, l'intéressé peut se plaindre auprès des autorités compétentes. Ces conflits hommes/animaux sont appelés à s'intensifier dans l'interzone car la mise en conservation de la zone permet aux animaux de se multiplier et d'être plus nombreux.

.

Dans un cadre général, l'agriculture dans l'interzone se caractérise par des surfaces agricoles en extension mais concentrées autour des zones habitées. Elle est dominée par la pratique de la jachère, la conservation des arbres dans les champs et la rotation des champs dans les jachères. Sur la base des critères de qualification de la compatibilité des activités que nous avons établies, nous pouvons dire que cette agriculture est compatible avec la conservation car son impact est peu significatif.

III LA PRATIQUE DE LA CHASSE DANS L'INTERZONE.

III.1. Quelques moyens de prélèvement interdits par la législation camerounaise. Les moyens captures de la faune prohibés par la loi faunique au Cameroun sont les suivants :

· Les collets ;

· Les animaux vivants utilisés comme appelants aveuglés ou mutilés ;

· Les appareils électriques capables de tuer ou d'assommer ;

· Les sources lumineuses artificielles ;

· Les miroirs et autres objets aveuglants ;

· Des dispositifs pour éclairer les cibles ;

· Des dispositifs de visée comportant un convertisseur d'image ou un amplificateur d'image électronique pour tir de nuit ;

100

· Des explosifs ;

· Le feu ;

· Les filets modernes ;

· Les pièges-trappes ;

· Le poison et appâts empoisonnés ou tranquillisants ;

· Gazage et enfumage ;

· Les armes semi-automatiques dont le chargeur peut contenir plus de deux cartouches ;

· Les véhicules automobiles en déplacement.

De plus, il existe une période de fermeture de chasse qui va du 1er décembre au 30 juin dans les régions du Centre, du Sud, du Littoral et de l'Est (Provot L.,2007)

III.2. Une chasse avec des techniques dominées par le piégeage.

La chasse est une activité très pratiquée dans l'interzone. Elle permet aux populations de satisfaire leurs besoins en protéines animales ; de plus en plus, elle devient une source de revenus. Le matériel utilisé est très diversifié. Il est composé des pièges, du câble d'acier, des fusils, des chiens et des lances. Ce matériel varie en fonction du niveau financier des personnes qui exercent la chasse ; mais il reste presque identique dans toutes les localités enquêtées. Ces différentes techniques permettent aux populations de capturer le gibier.

D'après notre enquête de terrain, les outils de chasse utilisés par les populations de l'interzone sont représentés dans le tableau suivant :

Tableau N°16: Les outils de chasse utilisés par les populations dans l'interzone.

Outils de

chasse

Localité

Piège

Fusil

Câble

Autres outils

Messok

15

14

17

7

Ngoyla

15

9

17

4

Nkondong2

2

1

2

1

Zoulabot1

5

4

5

3

Nkondong1

3

2

3

1

Djadom

3

3

3

3

Etékessang

7

7

7

3

Zoulabot2

4

1

3

1

 

101

Bareko

0

1

1

0

Totaux

54

42

58

23

 

Source : Enquête de terrain, 2011

Ce tableau se traduit par le graphique suivant :

50

Effectifs

40

30

20

10

0

42

58

23

70

60

54

Piège Fusil Câble d'acier Autres

Source : Enquête de terrain, 2011 Figure N°15: Les différentes techniques de chasse utilisées par les populations.

Il ressort de ce graphique que la technique la plus utilisée est le câble métallique. En effet, 58 personnes sur 64, soit 91 % utilisent le câble comme outil de chasse. Les lignes de câbles sont rencontrées autour des cultures, dans les jachères et même dans la forêt. Nous constatons ensuite que 54 personnes soit 84 % des personnes enquêtées utilisent des pièges. Il existe plusieurs types de pièges : les pièges à pattes, les pièges à cou... Le câble d'acier et le piège sont les techniques les plus utilisées par les populations de notre zone d'étude. Le nombre de pièges et de ligne de câble par chasseur sont très nombreux. Ils sont utilisés en saison de pluie. La chasse au piège est pratiquée dans tous les villages, en majorité par les hommes. Ceux qui utilisent le fusil représentent 60 % des personnes enquêtées. On les rencontre plus dans la localité de Messok. L'utilisation du fusil dépend du niveau financier du chasseur. La majorité des ménages de l'interzone dispose d'un fusil de chasse, même si par manque de munitions on ne l'utilise pas à tout moment. Ces fusils sont généralement ceux à canons lisses de calibre 12 et ceux de fabrication locale. Bien qu'il soit en marge de la législation il est plus solliciter car il permet de vite abattre l'animal. Il est très utilisé surtout en saison sèche. Ceux qui utilisent les autres techniques représentent quant à eux 36 % . Ces techniques sont constituées de la chasse aves les chiens, la chasse à courre, la chasse à la lance...

102

Ces différentes techniques sont utilisées de manière complémentaire. Il est difficile de rencontrer dans la zone une personne qui utilise une seule technique de chasse. Les techniques les plus utilisées comme nous l'avons constaté sont le câble d'acier et le piège ; d'autres utilisent le câble et le fusil. Selon plusieurs personnes enquêtées, la technique utilisée est souvent fonction des objectifs à atteindre par le chasseur. Par exemple, si on a un enfant malade à la maison et qu'il faut trouver de toute urgence de l'argent pour lui acheter des comprimés, il faut utiliser le fusil car il permettra de vite avoir le gibier. Certains chasseurs nous disent qu'ils utilisent toutes les techniques qui peuvent leur permettre d'avoir le gibier.

Au niveau de l'impact que peut avoir ces techniques de chasse sur la faune, nous pouvons dire qu'il est fonction de la quantité d'animaux abattus par chaque chasseur que de la technique elle-même. Du piège au fusil en passant par le câble, chacune des techniques peut rendre la chasse non durable et compromettre les objectifs de conservation. En effet, le piège et le câble ne font pas de distinction entre les espèces capturées. Ils capturent aussi bien les mâles que les jeunes animaux et les femelles (qu'elles soient en gestation ou qu'elles soient en lactation) les espèces protégées et même celles que la culture interdit la consommation. L'intensification des captures par ces outils pourrait réduire considérablement le potentiel faunique de la zone. Selon Nkomo, (1989) « Le piégeage capture toutes les espèces des petits rongeurs aux artiodactyles de la taille du Sitatunga voire le Buffle en passant par les Potamochères et les Panthères » Le fusil quant à lui permet d'abattre tous les animaux que l'on rencontre ; qu'il soit de grande ou de petite taille, protégé ou non. Mais cependant, il peut être différent dans la mesure où il permet de sélectionner l'animal à abattre. L'enclavement, l'intensification de la répression, les faibles densités des populations réduisent les pressions de la chasse sur la faune. Il est à noter qu'il existe dans la zone des braconniers de profession qui pourraient par leur actes porter atteinte au potentiel faunique de l'interzone. Seul le renforcement des capacités de contrôle par les responsables du MINFOF et du projet de conservation tant au niveau local que transfrontalier pourrait atténuer les impacts de la chasse sur la faune.

La mise en place des projets de conservation, l'intensification de la répression et la rareté du gibier autour des zones habitées ont amené certaines populations à changer de technique de chasse. En effet, 25 % des personnes enquêtées disent qu'ils ont changé de technique de chasse. Ces personnes se rencontrent plus à Messok, 37 % et à Ngoyla, 44 %. A Messok , la majorité des personnes qui ont changer de techniques l'ont fait parce que le gibier devenait trop rare surtout en saison sèche. Ils ont dû remplacer les pièges et le câble par le fusil afin de pouvoir obtenir le gibier. C'est sans doute l'une des raisons qui explique la forte

103

utilisation du fusil à Messok comme nous l'avons constaté plus haut dans le tableau n°15. Dans la localité de Ngoyla (siège de l'ONG de conservation : WWF), les personnes qui affirment avoir changé de technique l'ont fait parce qu'il y a trop de répressions, de

sensibilisations et des saisis. Ils affirment que les gardes écologiques appuyés par les
employés du WWF sillonnent la forêt pour enlever les lignes de câble et les pièges ; et s'ils vous surprennent en possession d'une espèce protégée, ils vont vous inculpé pour braconnage. Ils utilisent désormais les techniques qui sont conseillées par les conservateurs. Les autres localités où on rencontre les personnes qui ont changé de technique sont : Etékessang, Zoulabot 1et 2. Toutes ces localités se trouvent dans le massif forestier en conservation. Ceci nous permet de dire que les alternatives qui sont très réclamées par les populations pourraient contribuer à la réduction des pressions sur la faune dans la zone.

III.3. Une chasse donc les espèces les plus chassés sont les animaux de la classe C et les rongeurs.

La forêt de l'interzone regorge une gamme variée d'espèces animales, ce qui explique vraisemblablement que la chasse traditionnelle constitue l'une des activités prisées par les populations de la dite localité. Ainsi, le gibier est l'aliment de base des peuples autochtones Baka et Ndjem. Pour ces populations, la chasse est beaucoup plus une activité de subsistance qu'une activité génératrice de revenus. Les animaux les plus chassés par les populations de notre zone d'étude sont les animaux de la classe C. On retrouve entre autres le céphalophe, le pangolin, le hérisson, le singe, le lièvre... Ils sont chassés pour des fins alimentaires. D'après notre enquête de terrain, les espèces les plus chassés dans l'interzone sont récapitulés dans le tableau suivant :

Tableau N°17: Les espèces les plus chassées par les populations dans l'interzone.

Espèces Localité

«Hérisson»

«Singe»

«Lièvre»

«Biche

«Porc- épic»

«Pangolin»

«Sanglier»

Autres gibiers

Messok

3

5

4

2

3

1

0

0

Ngoyla

1

4

2

3

3

1

2

1

Nkondong2

0

1

1

0

0

0

0

1

Zoulabot1

1

2

1

1

1

1

0

0

Nkondong1

0

1

0

2

0

0

0

0

Djadom

0

1

1

1

0

0

1

1

Etékessang

1

2

1

1

1

0

0

1

Zoulabot2

1

1

1

0

0

0

0

0

 

104

Bareko

0

1

0

0

0

0

0

0

Totaux

7

18

11

10

8

3

3

4

 

Source : Enquête de terrain, 2011

D'après ce tableau on remarque que le singe est l'espèce la plus chassée car sur 64 personnes qui font la chasse environ 18 personnes chassent les «singes» soit 28 % de l'effectif total. La deuxième espèce prisée ici est le «lièvre» car il représente 17 % des espèces les plus capturées dans la localité. La «biche» quant à elle est la troisième espèce prédominante avec 16 %. Le «porc-épic» et le «hérisson» occupent respectivement 13 % et 11 %. Le «sanglier» et le «pangolin» occupent respectivement 5% de part et d'autre. Certes les autres gibiers représentent 6 % de la population échantillonnée.

Source : Cliché Tatuebu, septembre 2011

Photo N°16: Gibier enlevé du piège (A : singe ; B : céphalophe bleu. Ces deux espèces sont recensées parmi celles les plus chassées et les consommées de cette zone.)

Les espèces intégralement protégées par la loi ne figurent pas dans ce tableau. Cependant, certains membres de ces communautés s'adonnent au braconnage tout en capturant les espèces animales protégées par la loi et dont leurs coutumes interdisent la consommation. Ils le font pour plusieurs raisons : l'ivoire, la viande, les trophées ... Au regard des espèces les plus chassées, nous pouvons dire que la chasse dans l'interzone ne fait pas encore trop de pression sur le potentiel faunique de la zone. La faune prélevée est celle qui ne pose de problème dans le cadre de la conservation (rongeurs, artiodactyles, singes). Cependant, dans l'avenir avec l'augmentation de la population dans cette zone, le développement des alternatives comme l'élevage du poulet et des porcs pourait réduire la dépendance de ces populations vis-à-vis des produits de la chasse car elles pratiquent la chasse d'abord pour la satisfaction de leurs besoins en protéines.

105

III.4. Une chasse étendue sur toute l'année

Dans l'interzone, la chasse se déroule pendant toute l'année même si elle est plus prolifique pendant la saison de pluie. Selon les villages, la période de chasse est plus ou moins longue et est comprise entre le mois de mars et celui de décembre lorsque la pluie permet de repérer les traces du gibier pour poser des pièges à collet. La chasse à fusil se pratique tout le long de l'année sans interruption malgré l'existence d'une période de fermeture de chasse qui va du 1er décembre au 30 juin. La chasse villageoise outre les raisons alimentaires, est basée sur le fait qu'elle constitue aussi une source de revenus aux populations locales. D'après notre enquête de terrain, 34 personnes soit 53 % chassent toute l'année. Ils ont quotidiennement besoin de la viande dans leur ration alimentaire. Il est impossible à un Baka de passer une semaine sans manger de la viande. A propos de la consommation de la viande de brousse, un autochtone rencontré à Ngoyla nous a répliqué, « vous pensez que nous mangeons trop le gibier parce que vous qui venez de la ville, vous variez viande de porc, de boeuf, de poulet, poisson et autres, alors que nous n'avons que du gibier comme source de protéine. Nous sommes donc obligé de chasser toute l'année même si le gibier est rare en saison sèche. » Ceux qui disent qu'ils ne chassent pas toute l'année, affirment qu'en saison sèche ils font plus la pêche.

La chasse dans notre zone d'étude se déroule aussi bien le jour que la nuit. D'après les études réalisées sur le terrain, les moments où les personnes enquêtées vont à la chasse sont représentés à travers le graphique ci-après.

40

 

35

 
 
 
 
 
 
 
 
 

25

 
 
 
 

20

 
 
 
 
 
 

35

 
 

15

 
 
 
 
 
 
 
 

27

10

 
 
 
 

5

 
 
 
 

0

2

 
 
 
 

Nuit Jour Nuit et jour

 

Effectifs

Source : Enquête de terrain, 2011

Figure N°16 : Les moments de chasse quotidienne.

Il ressort de ce graphique que 55 % des personnes enquêtées chassent uniquement le jour. Ceux qui chassent le jour et la nuit représentent 42 % et 3 % chassent uniquement la nuit. Pendant la nuit la chasse se fait à l'aide des torches et des fusils. La chasse nocturne est

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formellement interdite mais elle permet aux populations de prélever les espèces comme le céphalophe.

La chasse dans l'interzone n'obéit pas toujours aux normes définies par la loi au Cameroun. Elle utilise de plus en plus les techniques interdites par la législation régissant la faune. Les périodes de chasse ne sont pas aussi respectées ; mais ceci est dû au fait que les produits de la chasse constituent leur principal source de protéines animales. La chasse des espèces protégées est aussi relevée dans la zone. Ce qui nous fait penser de prime abord que cette chasse n'est pas compatible avec conservation. Cependant, la pratique de la chasse dans notre zone d'étude bénéficie des atouts qui sont la faible densité des populations, l'abondance des ressources et l'enclavement. C'est sans doute ce qui avait poussé le MINFOF à conclure que « le manque de voies de communication a préservé le potentiel biotique de la zone du point de vue biodiversité » MINFOF, (2004). Ces deux facteurs réduisent les pressions des populations sur la faune, rendent cette activité compatible pour l'heure et permettent aux animaux de se reproduire. Mais le développement de nouvelles infrastructures et l'arrivée des populations en quête du travail dans les différents sites miniers pourraient porter préjudice à cette ressource.

IV AUTRES ACTIVITES

1. L'exploitation minière.

L'exploitation minière a des impacts considérables sur la biodiversité de l'interzone bien qu'elle se déroule dans les espaces à elle réservé dans le plan de zonage. La mise en exploitation du gisement minier nécessite d'abord que la végétation qui se trouve au dessus soit dégagée. La faune qui se trouve à cet endroit n'aura plus de gîte. Les animaux qui se promenaient là ne pourront plus sous peine d'être abattus par les populations et les ouvriers. La faune du sol et des milieux aquatiques sera affectée par la pollution.

L'exploitation artisanale qui est développé dans la zone se fait à l'aide d'un matériel archaïque. Les orpailleurs utilisent des pioches pour creuser le sol, des seaux pour retirer la terre et le tamis pour laver le métal. Cette technique est à l'origine de l'érosion dans les sites d'exploitation.

L'exploitation industrielle étant à ses débuts dans la zone, il est difficile pour nous d'aborder cet aspect en profondeur. Chaque société ayant pris les engagements de respecter les normes environnementaux, ce n'est qu'au moment où l'exploitation sera effective dans les

En nous basant sur les modes de réhabilitation de la mine fermée donné par la société GéoCam (Géovic Cameroun) dans son « plan de réhabilitation de la mine fermée » et sur nos

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différents sites qu'on pourra mieux parler des impacts des différentes techniques qui seront utilisées sur la conservation.

Pour le cas de l'exploitation minière de la société Géocam, Libération Afrique (2006), note qu' « elle nécessitera l'utilisation des méthodes d'extraction à ciel ouvert. L'exploitation de chaque puits, de 400m de long et 150m de large durera 180 jours. Au début, environ 30 hectares de forêts seront perturbés chaque année. Une essence est gravement menacée, cinq en danger et 15 autres classées vulnérables ont été identifiées dans la zone de Nkamouna. De nombreux poissons, amphibiens, reptiles et mammifères présentes dans la zone sont également affectés par le projet parmi lesquels 14 espèces de mammifères considérées comme menacées ou vulnérables par l'UICN. » L'EIES (Étude d'Impact Environnemental et Social) a bien décrit les différents impacts en prenant le soin de présenter des mesures correctives nécessaires pour prévenir ou atténuer lesdits impacts. La multinationale a défini les mesures de gestion, d'atténuation, de suivi et institutionnelles qui peuvent permettre d'éliminer, de compenser ou de réduire les impacts environnementaux et sociaux du projet à des niveaux acceptables. La société veut mener les activités de manière responsable afin de protéger et de permettre l'épanouissement de son personnel tout en protégeant l'environnement et les communautés riveraines. « Geocam indique en outre dans son plan de réhabilitation de la mine fermée, une réhabilitation concomitante des zones affectées, réduisant ainsi les perturbations annuelles et annonce que les essences végétales les plus utilisées et à forte valeur nutritive seront prioritairement replantées lors de la réhabilitation. Et au fur et à mesure de l'exploitation, les mines seront remblayées en même temps que s'effectueront les travaux de restitution du couvert végétal et de stabilisation des surfaces réhabilitées.» Libération Afrique (op. cit).

L'exploitation du minerai du fer de Mbalam, aura aussi des conséquences directes sur la déforestation de la zone d'emprise minière, suivi du creusage des vastes étendues. En plus ce minerai est localisé dans la zone considérée comme le château d'eau de toute la zone transfrontalière Cameroun - Congo - Gabon. Tous les cours d'eau importants prennent leurs sources à cet endroit. Tous les cours d'eau prenant leurs sources à cet endroit sont potentiellement menacés de disparition et seront exposés au phénomène d'ionisation de leurs eaux.

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critères de compatibilité élaborés, nous pouvons dire, pour ce cas, que l'exploitation minière pourra être compatible avec la conservation de ce massif forestier.

2. La pêche.

Les techniques de pêche dans notre zone d'étude sont multiples. Elles varient en fonction du sexe et de la taille du cours d'eau. Les techniques utilisées par les populations de l'interzone sont: le filet, la pêche à l'hameçon, la pêche au barrage, la pêche à la nasse...La pêche au filet est celle qui est plus pratiquée. Elle est l'oeuvre des hommes. A l'aide des pirogues, les pêcheurs sillonnent les cours d'eau pour installer leurs filets. Très souvent, ils le font à la veille et reviennent le lendemain pour visiter ces filets. Certains filets ramassent même les petits poissons et nuisent ainsi au renouvellement de cette ressource. D'autres techniques comme la pêche par empoisonnement constituent également un obstacle au renouvellement des espèces dans les cours d'eau. Selon Bigombe L. (2011), « ces techniques de pêche se manifestent comme étant des logiques d'extermination des espèces ». Les femmes quant à elles sont plus habiles dans la pêche à la nasse. Elles le font généralement en groupe. Les enfants utilisent beaucoup plus la canne à pêche. La pêche au barrage est moins pratiquée dans la zone. Elle se fait en saison sèche dans les petits cours d'eau. La pêche pratiquée dans l'interzone est artisanale et se fait avec un matériel rudimentaire. Pour qu'elle soit plus durable il est nécessaire de la régulée et qu'on sensibilise les populations sur les techniques de pêche.

CONCLUSION

Il était question pour nous dans ce chapitre de notre analyse de montrer les différentes techniques avec lesquelles les populations de l'interzone développent les activités. Les résultats que nous avons obtenus montrent que certaines activités comme l'agriculture sont développées avec des outils rudimentaires et des techniques traditionnelles ce qui réduisent leurs impacts sur la conservation. On assiste à l'extension des surfaces agricoles, mais elle se concentre encore autour des zones habitées. Bien qu'elle utilise parfois les outils interdits par la loi, la chasse des populations locales quant à elle concerne essentiellement les rongeurs et les petits animaux. Les changements des techniques de chasse notés dans certaines localités où la sensibilisation est effective nous permettent de dire que les populations locales peuvent se détourner un peu de la chasse s'il y a les alternatives. Les autres activités comme la pêche et l'exploitation minière utilisent des techniques qui peuvent s'avérer néfastes pour la conservation de la zone.

109

CHAPITRE IV : PROJETS DE CONSERVATION, ATTENTES

DES POPULATIONS LOCALES ET PERSPECTIVES

INTODUCTION

L'objectif de la conservation de l'interzone, pour être atteint, nécessite une implication de toutes les parties concernées. Les populations locales étant déjà informées des projets de conservation, il revient aux promoteurs desdits projets de mettre en place des mesures qui leur permettront d'atteindre cet objectif. Ces projets font naitre diverses réactions au sein des populations locales. Ils se superposent aux projets d'exploitation minière. Ces derniers qui à leur tour seront accompagnés des projets infrastructurels comme le chemin de fer, la route...entraineront sans doute une dynamique dans la zone. Il sera question pour nous dans ce chapitre d'analyser les points de vue des populations sur la conservation de la zone et les moyens mis en place par les promoteurs de la conservation pour atteindre leurs objectifs afin de dire si la conservation est une partie gagnée dans la zone. Il sera également question pour nous d'étudier l'impact possible que pourra avoir les nouvelles infrastructures sur l'avenir de la zone.

I BREF APERCU DE L'ADHESION DES POPULATIONS LOCALES AUX PROJETS DE CONSERVATION DE LA ZONE.

Les projets de conservation de l'interzone visent à assurer la connectivité entre les aires protégées de la TRIDOM et une amélioration des conditions de vie des populations locales. Ces projets sont le fruit des accords signés entre le gouvernement du Cameroun, les ONG de conservation de la nature et les bailleurs de fonds. Au vu de la richesse écologique et de l'importance de ce massif forestier en ce qui concerne le stockage du carbone, l'intérêt de la conservation de cette zone dépasse largement les frontières du pays. La conservation des ressources naturelles nécessite une implication de toutes les parties concernées. En d'autres termes, pour ce qui concerne notre zone d'étude, les projets de conservation ne sauraient se limiter entre le gouvernement et ses partenaires. Cette forêt qui est conservée est un espace vital, un espace ressource pour de nombreuses populations de la zone. Elles doivent être impliquées dans la conservation et informées ; car elles sont les premières personnes à être affectées par les projets et c'est par elles que l'objectif de conservation peut être atteint. La participation de la population locale s'avère donc capitale pour la réussite de la conservation.

110

I.1. Projets de conservation de l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki et les populations locales.

L'enquête réalisée auprès des populations des localités retenues pour l'enquête nous a permis d'avoir leurs opinions par rapport aux projets de conservation de la zone. Nous avons d'abord voulu savoir si elles étaient au courant du projet TRIDOM. Sur 140 personnes que compte notre échantillon, 74 soit 53 % des enquêtées sont au courant de ce projet. Ceux qui ne sont pas au courant dudit projet représentent 43 %. Ensuite par rapport à l'interzone qui est l'objet de notre étude dans le présent travail, les points de vue ont été récapitulées dans le tableau suivant.

Tableau N°18 : Points de vue des enquêtés sur l'existence des projets de conservation.

Village

Messok

Ngoy- la

Zou- labot1

Nkon- dong1

Dja- dom

Etékess ang

Zou- labot2

Nkon- dong2

Bare- ko

Totaux

Oui

11

33

7

5

4

11

4

3

1

79

Non

37

7

5

1

2

2

7

0

0

61

Totaux

48

40

12

6

6

13

11

3

1

140

 

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.

NB : Les informations qui figurent dans ce tableau ont été obtenues en Août-septembre lorsque la sensibilisation était à ses débuts à Ngoyla. En décembre lorsque nous sommes allés pour compléter nos informations sur le terrain, la sensibilisation était au quotidien dans toutes les localités de l'interzone. Ce tableau se traduit par le graphique suivant :

44%

56%

OUI

NON

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.

Figure N°17 : Points de vue des enquêtés sur l'existence des projets de conservation de l'interzone.

111

Il ressort de ce graphique que 56 % des personnes enquêtées savent qu'elles sont dans l'interzone. Celles qui affirment qu'elles ne connaissent pas qu'elles sont dans l'interzone représentent 44 %. Elles sont plus nombreuses à Messok et à Zoulabot 2. En effet, 77 % des personnes enquêtées à Messok, soit 37 sur 48, ne savent pas qu'elles sont dans l'interzone. A Zoulabot 2, ces personnes représentent 64 % des personnes enquêtées. Ces forts taux se justifient par le fait que le WWF n'avait pas encore initié la sensibilisation dans ces localités. Les autres localités où on rencontre plus ceux qui ne connaissent pas le statut de leur zone sont Zoulabot 1 (42 % des personnes enquêtées) et Djadom (33 %). Dans les autres localités, la majorité, soit plus de 80 % des personnes enquêtées savent qu'elles sont dans une zone de conservation. Ces localités sont Ngoyla, Nkondong 1 et 2, Etékessang. Ceux-ci affirment que le WWF et les écogardes sillonnent leurs villages pour la sensibilisation et la répression.

Cette enquête nous a également permis d'avoir leur opinion sur la conservation de leur massif forestier. Les populations de notre zone d'étude vivent essentiellement de l'exploitation des produits forestiers. Elles connaissent l'importance de la conservation des ressources de la forêt. A cet effet, un habitant de Ngoyla nous dit « l'homme Djem a toujours su conserver sa forêt. Nous conseillons à nos enfants que notre pharmacopée et nos aliments se trouvent là et qu'ils doivent conserver. Ceux qui pillent nos forêts viennent d'ailleurs.» Les points de vue des populations enquêtées sur la conservation des massifs forestiers sont représentées à travers le graphique suivant :

21%

6% Bien

Non

Sans avis

73%

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.

Figure N° 18 : Points de vue des enquêtés sur la conservation de l'interzone.

On constate que 73 % des personnes enquêtées pensent que conserver les forêts est une bonne chose. Selon eux, ils doivent perpétuer leurs traditions et coutumes. Il faudrait que leurs descendants jouissent aussi de ces ressources. Ceux qui pensent que la conservation de

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leur forêt n'est pas une bonne chose représentent 21 %. Selon eux, l'Etat voudrait les priver de tous ce qu'ils ont (terre et animaux). La forêt est le seul lieu où ils tirent leurs ressources vitales. Les personnes qui n'ont pas de point de vue représentent 6 %.

I. 2. Une conservation au bénéfice des populations locales.

Les points de vue des populations enquêtées sur la conservation de leur zone ont été montrés dans le paragraphe précédant. Plusieurs raisons justifient leurs opinions. Certains pensent la conservation des forêts est une entreprise où toutes les parties sont bénéficiaires, d'autres pensent que l'Etat est le seul gagnant. A cet effet, le graphique ci-après représente les différentes parties gagnantes dans la conservation selon les populations enquêtées.

34%

37%

29%

Tous

Nos descendants Etat

Source : Enquête de terrain, Août-septembre 2011.

Figure N°19 : Points de vue des enquêtés sur les gagnants de la conservation de l'interzone.

Il ressort de ce graphique que près de 29 % des populations enquêtées pensent que tout le monde bénéficie dans la conservation de la forêt. 37 % affirment qu'elles conservent la forêt pour que leurs descendants aient aussi accès à ces ressources. Selon 34 % des personnes enquêtées, seul l'Etat est le bénéficiaire de la conservation de l'interzone. Selon eux, les promesses tenues par l'Etat lors de la mise en place du parc national de Nki n'ont jamais été respectées jusqu'à nos jours et ils pensent que les promesses tenues pour la conservation de leur forêt ne seront jamais réalisées.

II LES MOYENS MIS EN PLACE PAR LES PROMOTEURS DE CONSERVATION

La mise en place des projets de conservation de l'interzone est l'oeuvre du gouvernement du Cameroun à travers le MINFOF et de ses partenaires que sont l'UE, le

113

Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) de la Banque Mondiale et les ONG de conservation internationales (WWF, WCS, ...). Ce sont donc des projets de grande ampleur auquel participent les donateurs et les organismes de conservation internationaux et qui aura des impacts sur les populations locales et leur utilisation de la forêt. Pour atteindre ces objectifs de conservation, plusieurs moyens (sensibilisation, répression, financement des projets...) ont été développés par les promoteurs de la conservation.

Source : Cliché Tatuebu, décembre 2011.

Photo 17: Siège du projet de conservation à Ngoyla. Ce bâtiment abrite également les services du MINFOF de cet arrondissement et les bureaux du WWF de Ngoyla. Tous ces acteurs travaillent en partenariat pour la gestion durable de ce massif forestier.

II.1. La sensibilisation.

La sensibilisation est le moyen approprié qui permet d'informer les populations locales, de leur montrer l'importance d'une gestion durable des ressources qui les entourent et aussi de leur faire connaitre les bénéfices qu'elles peuvent tirer de l'initiative de la conservation des forêts. Dans notre zone d'étude, la sensibilisation est effective dans toutes les localités. Depuis que le MINFOF a lancé officiellement la sensibilisation en Août 2011 à Ngoyla, des comités de sensibilisations ont été installés dans les villages par le WWF. Dans chaque localité de la zone en conservation, il existe un comité de sensibilisation. Toutes les personnes qui habitent dans la zone sont impliquées dans la sensibilisation et connaissent le statut de leur zone. Les photos ci-dessous montrent les séances de sensibilisation dans l'interzone Réserve du Dja-PNN.

114

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Planche photo 18: Séances de sensibilisation des autorités à Djadom et des villageois à Etékessang.

Source : Cliché Tatuebu, décembre 2011. Planche photo 19: Séances de sensibilisation des élèves de l'école publique et du Lycée de Ngoyla. Ces photos nous montrent la sensibilisation des différentes couches sociales de cette zone. Des enfants aux autorités traditionnelles, tous sont sensibilisés.

II.2. La répression.

La répression est la méthode utilisée par le personnel du MINFOF pour punir ceux qui se mettent en marge de la loi et pour essayer de stopper leurs activités dans la zone. La richesse faunique et floristique de la zone attire de nombreux exploitants illégaux du bois et des braconniers. Ils parcourent la région à la recherche des essences précieuses, de l'ivoire et d'autres animaux intégralement protégés par la loi. Les équipes du MINFOF de chaque localité enquêtée s'efforcent de stopper leurs activités à travers des saisies et les poursuites judiciaires. Dans les villages, certains hommes deviennent des braconniers ou sont des

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complices de ces derniers lorsqu'on leur fournit des armes ou des munitions. Dans l'interzone, les écogardes, appuyés par le personnel du WWF saisissent des armes de chasse et les produits de cette exploitation illégale. Par exemple, plusieurs saisies ont été faites par les services du MINFOF du Dja et Lobo et du Haut-Nyong depuis l'initiation du projet de conservation: 93 pointes d'ivoires ont été saisies à Sangmelima en novembre 2005 en provenance de Lélé, 19 pointes en décembre 2006 à Djoum et 20 pointes d'ivoire à bord d'un camion le 28 février 2011 à Ntam (Quotidien Mutations du Mercredi, 09 Mars 2011). Les photos ci-après nous montrent le bois et le gibier saisis par les services du MINFOF.

Source : Cliché Tatuebu, septembre 2011

Planche photo N°20: Saisies effectuées par les services du MINFOF. Le bois que nous observons ici a été saisi par la délégation départementale du Dja et Lobo et le gibier par le poste forestier de Ngoyla.

II.3. Le MINFOF dans la zone en conservation.

A travers le MINFOF, le gouvernement du Cameroun oeuvre à la réussite desdits projets. Il est représenté dans les localités enquêtées par les postes de contrôle forestier et de chasse de Messok et de Ngoyla. Bien qu'il y ait un personnel insuffisant et un manque de matériel adéquat dans ces deux postes, ils fournissent des efforts pour la conservation de la zone. En effet, le poste de Messok compte cinq écogardes et le chef de poste ; celui de Ngoyla en compte une dizaine : 7 sont à Ngoyla et trois sont détachés pour l'antenne de Ntam carrefour. En plus du travail effectué dans la forêt, les services du MINFOF font également des fouilles systématiques des voitures qui parcourent la zone.

116

Source : Cliché Tatuebu, septembre 2011

Photo N°21: Séance de fouille d'une voiture effectuée par les écogardes.

II.4. Le financement des projets.

Parmi les retombées des projets de conservation, les populations locales doivent bénéficier des financements des projets. Le financement des projets est un moyen qui incite les populations à oeuvrer pour la conservation. Les bailleurs de fonds financent les projets comme ceux de l'élevage, de l'agriculture, de pêche et assistent ces populations dans la mise en oeuvre de ces projets. Depuis le mois d'Août, plusieurs projets ont été soumis aux promoteurs des projets de conservation de l'interzone. Certains de ces projets ont déjà bénéficié d'un financement. En décembre 2011, deux projets d'élevage : un projet de porc et un de poulet, étaient financés par ces promoteurs dans la ville de Ngoyla. Ces deux projets étaient les premiers projets d'élevage moderne de l'arrondissement. Cette approche basée sur le développement des alternatives permet une amélioration des conditions de vie des populations locales. L'exemple des projets aperçus sur les photos ci-dessous permettra aux populations d'avoir d'autres sources de protéines animales autre que la faune sauvage.

Source : Cliché Tatuebu, décembre 2011

Planche photo N°22: Projets d'élevage financés par les promoteurs des projets de conservation à Ngoyla. Le projet d'élevage des porcs que nous observons ici a été mis en place

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par les prêtres de la paroisse St Marc de Ngoyla et les populations celui des poulets par le poste agricole.

Nous constatons que les promoteurs de ce projet se déploient sur le terrain, font la sensibilisation, financent les projets d'alternatives et répriment ceux qui sont en marge de la loi. En analysant ces actions sur la base des critères de compatibilité ou d'incompatibilité que avons établi, nous pouvons dire que ces actions visent à être compatibles avec la conservation.

III. REACTION DES POPULATIONS FACE AUX PROJETS DE CONSEVATION.

III.1. Une population sceptique à l'égard des retombées des projets.

Les projets de conservation de l'interzone ont été conçu et mis en place sans une consultation préalable des populations locales. Certes ces projets visent une amélioration des conditions de vie de ces populations. Toutes les promesses faites à leur endroit pour l'amélioration de leurs conditions de vie les laissent indifférents. Selon eux « l'Etat veut une fois de plus nous tromper pour atteindre ses objectifs. Le parc national de Nki a été établi depuis 2005 et les populations n'ont rien en retour jusqu'à nos jours.» déclare le chef de Ngoyla village. "Imaginez qu'un matin, on arrive chez vous et qu'on vous informe que votre forêt est désormais protégée avec tout ce que cela implique. Le tout sans vous demander votre avis et sans aucune compensation de quelque forme que ce soit !" clame un agriculteur dans le bulletin Sffancommunauté (Sauvegarde de la faune et de la flore dans l'arrondissement de Ngoyla) du 15 septembre 2011. Ces populations ont des mauvais souvenirs sur les autres projets de conservation qui ont été mis en place dans leur zone. Elles pensent que les projets de conservation seront mise en oeuvre de la même manière que les autres projets de conservation (RBD, parc national de Nki et le parc national de Boumba-Bek) qui sont les pierres d'angle de l'initiative TRIDOM au Cameroun. La RBD s'est superposée aux territoires traditionnels des Baka ce qui a poussé la plupart à s'installer ailleurs. Ils ont été donc expulsés de leur forêt et ils sont mis à l'écart dans la gestion de cette forêt. Les limites orientales du parc national de Boumba-Bek ont été décidées ailleurs à l'insu des résidents et sans leurs consentements. De plus la répression faite dans leur localité est une « répression sauvage ». Les promesses faites lors de la mise en place du PNN ne sont pas encore tenues. Ils sont persécutés par les écogardes à travers les saisies abusives. « Ils confisquent nos gibiers, le seul que nous avons pour nourrir notre famille. Nous ne pouvons plus manger la viande en paix ; ils fouillent même nos marmites. Tu tues une gazelle qui détruit tes cultures, ils t'envoient en prison en disant que tu es un braconnier alors qu'ils sont des complices des

118

braconniers et des opérateurs commerciaux qui trafiquent la viande de brousse. Où est donc notre bénéfice dans la conservation ? » s'indigne un habitant. Il résume la situation par une plaisanterie qu'il tient de leur ancien maire : « Toute autorité qui est affectée à Ngoyla arrive en pleurant, du fait de notre enclavement, et en repart en pleurant, regrettant de ne plus jouir des fruits du braconnage qu'ils pratiquent tous une fois installés.» Ces exemples négatifs ont portés beaucoup de populations de la zone à associer les projets de conservation à une expulsion forcée sans compensation, à l'élimination de leurs droits sur leurs territoires et à une marginalisation socio-économique. Ces populations pensent que l'amélioration de leurs conditions de vie qui est promis par les promoteurs de la conservation est un moyen utilisé pour détourner leur attention afin de confisquer leur forêt. Elles sont habitées par un esprit de révolte lorsqu'on leur parle de la conservation de cette zone.

Ces populations se plaignent surtout contre l'Etat comme nous montre le graphique ci-après :

100

E

40

Effe5ctifs

ect

50

fs

60

90

80

70

30

20

10

0

Promoteurs du projet

27

ONG Etat Exploitants

forestiers

84

87

16

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011. Figure N°20 : Acteurs concernés par les récriminations des populations dans l'interzone.

De ce graphique on constate que les populations se plaignent plus contre l'Etat. Selon elles c'est lui qui devait les sensibiliser et développer leur localité, mais il ne les sensibilise pas ; il ne les implique pas dans la gestion des ressources et elles n'ont pas d'alternatives. On constate ensuite que les plaintes contre les ONG comme le WWF sont également très considérables. Elles affirment que les saisies effectuées par le personnel du MINFOF sont abusives. Pour cette raison elles ont souvent de très mauvaises relations avec les agents de cet ONG. Freudenthal E. et al (op cit.) mentionne qu'au sorti du travail de terrain mené par FPP (Forest Peoples Programme) en 2010 «le WWF était encore très impopulaire auprès de la

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population locale du fait qu'il promeut l'imposition de restrictions à la chasse, à tel point que les habitants de la ville de Ngoyla refusaient de vendre des produits alimentaires au personnel du WWF». Les promoteurs des projets viennent en troisième place, les populations affirment qu'elles n'ont pas été impliquées dans la conception du projet. Les plaintes contre les exploitants forestiers sont enregistrées seulement dans les localités où l'exploitation forestière est effective : Messok, Zoulabot 2 et Nkondong 1.

III.2. Les principales attentes des populations locales vis-à-vis des projets de conservation de l'interzone Dja-parc national de Nki.

Face à la pauvreté en infrastructures de l'interzone, les différents impacts générés par les projets de conservation de l'interzone suscitent les populations et autorités administratives locales d'énumérer certaines attentes et promesses.

III.2.1. Une région pauvre en infrastructures

La région qui abrite le massif forestier en conservation est une zone très enclavée. Il y a un fort contraste entre sa richesse naturelle et le niveau de développement des populations. Ces projets suscitent de nombreux espoirs de développement des infrastructures auprès des populations locales. Que ce soit du coté de Messok ou du coté de Ngoyla qui sont des «villes» de la localité en passant par les villages, il n'existe pas d'infrastructures de qualité. Si les tronçons Lomié-Messok et Lomié-Ngoyla sont un peu praticables, ces routes deviennent de véritables enfers lorsqu'il pleut. Elles sont longées de bosquets, de bourbiers et de nids de poules. Ce sont parfois des pistes sinueuses plutôt que des routes. Il n'existe pas de routes secondaires mais plutôt de pistes. Le moyen de déplacement le plus utilisé dans la région est la moto et la marche à pied. Pour se rendre par exemple au marché (les seuls marchés de l'interzone sont Messok et Ngoyla ; ils ont lieu chacun deux fois par semaine) les populations des villages éloignés des villes parcourent plus de 25 km, ceci à pied. En plus de cet état des routes, pour se rendre à Ngoyla il faut traverser la Dja, ceci à l'aide du bac. Ce vieux pont mobile, en plus de sa lenteur, est conditionné par le niveau de l'eau. Lorsque la saison sèche perdure il n'est plus utile, il ne peut plus se déplacer. D'un autre angle, on constate aussi la rareté des centres de santé. Néanmoins, il existe seulement trois centres de santé dans les localités enquêtées (Ngoyla, Zoulabot 2 et Messok). La qualité des soins administrés dans ces centres est déplorable. L'hôpital de Ngoyla n'a plus de médecin depuis près de trois ans. Ces centres manquent régulièrement même les médicaments de base. Pour transférer un malade d'un hôpital à l'autre les populations éprouvent plusieurs difficultés. Les populations n'ont pas souvent accès à l'eau potable comme c'est le cas à Messok.

120

Quant aux établissements scolaires, dans les localités retenues pour l'enquête, on compte trois établissements d'enseignement secondaire dans les villes et de nombreux établissements de premier degré disséminés dans les villages. Parlant des infrastructures telles les adductions d'eau, le téléphone et l'électricité, il n'y existe presque pas. La majorité des forages ne fournissent pas de l'eau. La ville de Ngoyla est reliée au réseau Camtel. Cette ville est alimentée en énergie électrique par le groupe électrogène de l'ONG WWF ; la ville de Messok quant à elle avait aussi un groupe électrogène mais elle ne fonctionne plus. De la même manière, ce manque se constate aussi au niveau des centres de loisirs et d'encadrement des jeunes. Ceci traduit un enclavement notoire et la pauvreté des populations de cette région.

III.2.2. Les attentes des populations

Face à cette rareté accrue des infrastructures les populations qui habitent la zone en conservation sollicitent des promoteurs de ces projets l'amélioration de l'offre en infrastructures communautaires qui sont:

· Le développement des alternatives,

· La potabilisation et la multiplication des forages et adduction d'eau,

· L'installation et l'étirement des câbles électriques qui fournira de l'électricité,

· La création et l'équipement des écoles,

· Le lotissement et la diversification des centres de santé,

· La construction du pont sur le fleuve Dja,

· L'aménagement des différentes routes,

· L'installation du téléphone, de la télévision et de l'internet,

· La création des forêts communautaires,

· Le respect des cahiers de charge par les promoteurs de la conservation,

· L'aménagement et la viabilisation de la ville de Ngoyla. Ces attentes par localité enquêtée sont présentées dans le tableau ci-après.

Tableau N° 19 : Les attentes des populations par rapport aux projets de conservation.

Village Attentes

Messok

Ngoy- la

Zou- labot1

Nkon- dong1

Dja- dom

Etékes- sang

Zou- labot2

Nkon- dong2

Bare- ko

Totaux

Route

11

13

1

2

2

5

3

2

0

39

Hôpital

12

11

4

1

0

3

2

0

0

33

Ecole

0

0

2

1

0

0

1

1

0

6

Pont sur

la Dja

1

7

2

2

0

2

1

0

0

15

Alternati- ves

8

6

2

0

3

2

2

0

1

24

121

Eau potable

8

0

0

0

1

0

0

0

0

9

Autres

8

2

1

0

0

1

2

0

0

14

Totaux

48

40

12

6

6

13

11

3

1

140

Source : enquête de terrain, Août-septembre 2011.

D'après ce tableau, près de 28 % de la population enquêtée soit 39 personnes sur 140 présentent comme principale attente le développement des routes. Ce fort pourcentage qu'occupe le développement des routes parmi les attentes des populations locales, est significatif et exprime les difficultés de déplacement qu'elles rencontrent. Les routes sont le premier facteur de développement selon elles. « Là où la route passe, le développement suit » clament ces populations. Le problème majeur des populations de l'interzone résulte de l'enclavement. L'amélioration de l'offre des soins sanitaires quant à elle regorge 24 % de la population soit 33 personnes sur 140 enquêtées. Comme le montre ce tableau, les populations de toutes les localités sont également confrontées au problème d'accès au soin de santé de qualité. Les alternatives occupent la troisième place et représentent 17 % des attentes de ces populations. Le pont sur la Dja occupe également une place de choix. En effet, il représente 11 % de la population. On constate que ce pont est très réclamé dans les localités de l'arrondissement de Ngoyla. L'eau potable occupe une place de choix, surtout chez les populations de Messok et de Djadom. Ceci traduit les difficultés d'accès à l'eau potable dans ces localités ; difficultés que nous allons aborder dans les paragraphes à venir. Les autres attentes concernent surtout le recrutement des jeunes de la localité comme des écogardes, le respect des cahiers de charges par les différents promoteurs. L'amélioration des infrastructures scolaires occupent 4 % des attentes.

III.2.3. L'amélioration des conditions de vie des populations locales.

D'après notre étude réalisée dans l'interzone, les populations autochtones ont des conditions de vie très déplorables. Leurs activités principales sont : l'agriculture extensive, la chasse, la cueillette et la pêche. Leur milieu naturel est très riche en ressources naturelles. La nature leur a doté de nombreux gisements de minerais, de nombreux fauves et d'une forêt luxuriante. Ces populations bénéficient peu des retombées de cette forêt. Ceci résulte aussi de la cherté des produits de première nécessité, de l'enclavement et du manque d'expérience. Ces mauvaises conditions de vie se remarquent aussi à travers leur habitat. Elles espèrent améliorer leur habitat grâce aux retombées des projets. Les populations de l'interzone vivent dans un paradis (qui sont les minerais et la forêt) sans toutefois bénéficier des fruits de ceux-

122

ci. En outre cette notion de la vie au paradis sans bénéficier de ses avantages peut s'illustrer à travers contraste entre les lotissements des services de la conservation et ceux des populations locales.

Source : Cliché Tatuebu, 2011.

Planche photo N°23: Contraste entre les habitations dans l'interzone. L'image (A) montre le siège du WWF, (B) est le poste de contrôle forestier et de chasse de Ngoyla en construction, (C) montre la résidence du premier adjoint préfectoral de Ngoyla et (D) l'habitat des Baka. Les maisons qui sont sur les photos C et D sont faites de matériaux provisoires.

D'après cette planche, les lotissements abritant les services intervenant dans la conservation se présentent réellement comme un paradis car en comparant ces derniers à ceux des autochtones Baka ou Djem on se retrouve dans deux mondes diamétralement opposés. D'un côté, on perçoit un aménagement chic doté de la modernité dans tous les sens et de l'autre un habitat insalubre. Selon Mr Essoh hyacinthe, premier adjoint préfectoral de Ngoyla son unité administrative devrait refléter sa richesse naturelle. Cependant il y a un grand contraste car selon lui, « c'est un milieu riche avec des hommes pauvres »

III.2.4. Des populations engagées à oeuvrer pour la conservation

La réalisation des différentes attentes sus énumérées est un gage pour la participation à la conservation et à l'atteinte des objectifs de conservation. D'après notre étude faite sur la contribution et la participation des populations locales à la conservation, on a dû constater que

123

ces populations sont prêtes à bien participer à la conservation. Ceci si et seulement si leurs attentes sont pris compte. La plupart d'entre elles affirment qu'elles sont prêtes à contribuer à l'atteinte des objectifs de conservation comme le montre le graphique suivant.

140

Oui Non

120 100 80 60 40 20

0

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°21 : Point de vue des populations enquêtées sur la participation à la conservation.

La réalisation de ces différentes attentes comme gage pour accepter ces projets avait été également relevé par les représentants des populations autochtones lors du dialogue Parlement-gouvernement sur les peuples autochtones des 1 et 2 septembre 2011 tenu à Yaoundé. En effet, ils ont précisé que « (i) si leur droit au consentement libre, préalable et éclairé n'est pas mis en place, (ii) si leurs droits sur leurs forêts ne sont pas reconnus, et (iii) s'il n'y a pas de mécanismes clairs pour les inclure de façon égale dans le partage des bénéfices et avantages qui devraient découler des projets REDD(Réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forets), alors ils n'accepteront pas REDD »

L'engagement à participer à la conservation s'observe déjà auprès des populations de l'interzone. En effet, d'après notre étude faite sur le changement des techniques de l'activité liée aux projets de conservation, nous avons constaté que 37 % des populations qui chassent à Ngoyla ont changé de technique de chasse pour utiliser celles qui sont conseillées par les promoteurs des projets. De plus, avec le financement des projets d'élevage qui deviennent une réalité dans leur ville, ces populations sont fiers parce qu'elles auront des sources de protéines animales autres que le gibier et pourront réduire leur dépendance à ce dernier.

III.3. L'approvisionnement en eau potable dans l'interzone.

L'interzone est très riche en ressource en eau, mais l'eau potable nécessaire aux populations est rare. Dans cette zone, l'accès à l'eau potable peut être considéré comme un problème crucial. Comme certaines zones rurales du Cameroun, l'interzone était alimentée

124

par un réseau de fontaines publiques du réseau de Scanwater, remplacé après son échec par des dons de forage des acteurs présents dans la zone ou ceux des particuliers. Dans toutes les localités enquêtées les forages sont secs.

Source : Cliché Tatuebu, décembre 2011.

Planche photo N°24: Des forages abandonnés. On observe ici des forages qui ont été abandonnés dans les herbes parce l'eau n'y coule pas.

Les populations utilisent généralement l'eau puisée dans les rivières. Quelques particuliers ont creusé des puits. Ces derniers ont une profondeur qui varie de 5à 15 mètres et ne sont pas toujours bien entretenus.En saison sèche elles parcourent de très longues distances pour trouver de l'eau potable. Ce problème varie en fonction des localités. Il est plus prononcé à Messok que dans toutes les autres localités enquêtées. Dans toute la ville il n'y a pas de point d'eau potable. Les populations affirment que la Scanwater a fourni tous les efforts pour leur creuser des forages mais l'eau ne coule dans aucun. La seule source qui existe dans la ville (cf. photo ci-après) est l'unique endroit où toutes les populations se ravitaillent.

Source : Cliché Tatuebu, décembre 2011.

Photo N°25: Le seul point d'eau potable qui ravitaille les populations de la ville de Messok.

125

Les populations affirment que le rang commence à ce point d'eau à 4 heures du matin (surtout en saison sèche). Les disputes et les conflits sont récurrents à ce point d'eau. A partir du mois de février cette source tarie souvent, les populations doivent parcourir désormais en moyenne trois kilomètres pour trouver de l'eau. Elles se rendent souvent dans le village voisin (Mbeng-Mbeng) à deux kilomètres pour puiser de l'eau. Mais elles disent que le chef de ce village les chasse parce que leur ravitaillement génère des conflits. Pendant cette saison, les motos sont les seuls moyens les plus commodes pour aller chercher de l'eau. Grace à ces dernières les populations parcourent près de quatre kilomètres afin de puiser l'eau.

A coté de ce phénomène qu'on pourrait qualifier de naturel se posera un autre problème qui sera celui de la pollution des cours d'eau par l'exploitation industrielle des minerais. Dans la localité de Djadom, les populations sont déjà conscientes de cette situation. Elles affirment qu'elles craignent l'avenir de leur village en ce qui concerne l'accès à l'eau potable. Le seul cours d'eau qui alimente leur village prend sa source à Mbalam, lieu où se déroulera l'exploitation du fer.

La loi No 98/005 du 14 avril 1998 portant régime de l'eau stipule en son Article 6 alinéa 1 que « Toute personne physique ou morale, propriétaire d'installation susceptible d'entraîner la pollution des eaux doit prendre toutes les mesures nécessaires pour limiter ou en supprimer les effets. Tout déchet doit être éliminé ou recyclé. Il est tenu d'informer le public sur les effets de la pollution et les mesures prises pour en compenser les effets. [...] » Les populations du village Djadom sollicitent à cet effet que les dirigeants de la société Cam Iron leur créent des forages. Une amélioration des conditions de vie des populations de cette localité doit passer par la création des points d'eau potable.

IV IMPACTS POSSIBLES DES NOUVELLES INFRASTRUCTURES SUR LA ZONE EN CONSERVATION.

Cette zone exceptionnel de par son étendue, ses écosystèmes forestiers, sa biodiversité protégée et ses nombreux gisements miniers est appelé à accueillir de nombreux projets infrastructurels (mines, routes, chemin de fer, barrages hydroélectriques, l'aménagement d'un aérodrome pour les évacuations sanitaires....). L'impact environnemental de telles infrastructures sur la zone sera de grande ampleur.

126

Source : fond de carte L'atlas du Cameroun, 2010 et enquêtes de terrain 2011 Figure N°22 : Localisation des nouveaux moyens de transport et industries minières dans l'interzone.

IV.1. La route et le chemin de fer.

Dans le cadre des projets d'exploitation des minerais il est prévu :

? La construction d'une ligne de chemin de fer long de 450 km qui relie Mbalam à Kribi pour faciliter l'exportation des minerais extraits ;

? Le bitumage de l'axe Souanké (Congo)-Mbalam-Mintom-Sangmelima (Cameroun) qui relirait le Nord du Congo au Cameroun en vue du désenclavement des sites d'exploitation minière et de faciliter l'exportation du bois du Congo vers le port de Douala.

La réalisation de ces différents projets nécessite le recrutement de plusieurs employés. A coté de ces employés il y aura des immigrants qui bénéficient des effets induits par ces chantiers. Pendant le déroulement de ces projets les populations devront intensifier la chasse, l'agriculture et l'exploitation de certains PFNL pour satisfaire les besoins de ces ouvriers ressources alimentaires. Sur l'itinéraire de ces chantiers on devra enlever la végétation, la faune et les populations sont appelées à migrer. Ce sera ainsi plusieurs mètres cube de bois qui doivent pourrir en forêt. Ces projets auront d'importants impacts sur la faune de

127

l'interzone. L'un des objectifs de la conservation de l'interzone est de maintenir le couloir de migration des pachydermes entre les différentes aires protégées de la TRIDOM. La réalisation de ces deux projets se présente comme un obstacle au maintien du couloir qui relie le parc national de Minkébé (Gabon) à ceux du Cameroun. Les animaux ne pourront plus emprunter leur couloir traditionnel à cause des bruits et des risques de chasse. Biedermann P. (2010) note que « Pendant la phase de construction, l'augmentation de la population (travailleurs et opportunistes) va causer un déséquilibre socio-économique, avec une pression plus forte sur les ressources naturelles, les infrastructures et les petits commerces.» Cette route et le chemin de fer doivent aussi faciliter le transport des produits du braconnage si les moyens de contrôle ne sont pas renforcés. Toutes ces infrastructures de transport doivent avoir des impacts sur la faune dans le Sud de l'interzone.

Ces chantiers auront aussi des aspects positifs sur la zone. A coté des aspects négatifs induits par ces derniers il faut ajouter le désenclavement de cette zone. Pour se développer il faut des routes et des infrastructures de base. Il y aura une amélioration des conditions de transport et des conditions de vie des populations dans la région. Ce qu'on parcourait de longues distances pour acheter pourra acheter à coté. Certes ces voies de transport devront désenclaver la région mais il faudra renforcer contrôle des produits forestiers sur ces axes.

IV.2. Les projets d'exploitation minière.

Dans les différents sites d'exploitation minière, on va assister à la déforestation, à la pollution de l'eau de surface et de l'eau souterraine. L'exploitation entrainera le déplacement de la faune. Ces animaux seront exposés à la chasse et au braconnage. Il y aura une affluence massive des populations dans ces sites. Par exemple pour le site de Mbalam, les spéculations prévoient la création de 1000 emplois permanents et 3000 temporaires. Il y aura un afflux de plus de 20 000 immigrants qui bénéficient des effets induits par le développement de ce secteur. Tout ceci entrainera une croissance exponentielle de la population autour de ce site industriel. Toutes ces populations auront besoin de la nourriture et la viande. Selon Defo (2007a) depuis que la société Géovic a commencé la mise place de ses installations d'exploitation à Nkamouna, « on observe un afflux de la population dans la localité et une multiplication des points de vente du gibier préparé ». Toutes ces populations auront besoin des espaces pour pratiquer l'agriculture et mettront ainsi de vastes étendus de forêt en culture. A coté de ces populations attirées par l'industrie minière, les populations autochtones doivent augmenter aussi leurs superficies des espaces cultivés. Il y aura développement du vivrier

128

marchand. Le risque de recrudescence du braconnage susceptible d'être encouragé par les employés de ces différents projets sera élevé.

Actuellement les animaux qui fuient les bruits des engins d'exploration minière iront s'installer ailleurs au risque d'être abattus par les populations locales. Dans les villages proches du site du gisement de fer (Yanebot, Bareko, Menkouom et Eta chefferie), les animaux (éléphant, gorille, chimpanzé, singe...) causent des dégâts sur les cultures vivrières des populations. Les chantiers miniers auront donc trop d'impacts sur ces différents sites : déforestation, risque de braconnage, développement du vivrier marchand, augmentation de la surface agricole...

IV.3. Les immigrants et la croissance naturelle de la population.

Avec le développement des différents projets évoqués plus haut, il y aura comme nous l'avons montré une importante immigration de la population dans la zone. Ceci favorisera l'augmentation de la population. Ajouté à la croissance naturelle de la population, les populations de ces sites feront face à plusieurs besoins supplémentaires. Les besoins en produits agricoles, fauniques, en bois de chauffe seront de plus en plus importants. Il y aura développement des activités commerciales, augmentation de la chasse et des champs. D'importantes quantités de bois seront coupées pour la cuisson des aliments. Dans l'ensemble, les nouveaux venus auront assez d'impacts négatifs sur cette forêt par rapport à sa gestion traditionnelle. Notre enquête réalisée auprès des populations des localités étudiées nous a permis d'avoir une idée sur le jugement qu'elles portent sur les immigrants dans leur village. Ces points de vue sont représentés à travers le graphique suivant.

22%

2%

76%

Oui Non

Sans avis

Source : Enquête de terrain, 2011.

Figure N°23: Point de vue des populations enquêtées sur l'impact des immigrants sur la conservation de l'interzone.

129

D'après ce graphique,76 % des personnes enquêtées pensent que les nouveaux venus constituent une menace pour la conservation de l'interzone. Elles disent que ces nouveaux viennent exploiter et piller leurs ressources et rentrent dans leurs villages. Elles ajoutent que ce sont ces derniers qui fournissent armes et munitions aux populations locales pour le braconnage en contrepartie de l'argent, et parfois eux même font la chasse. Ceux qui pensent que ces immigrants ne constituent pas une menace représentent 22 %. Selon eux une bonne sensibilisation et la punition de ces étrangers peuvent changer leur comportement.

Dans ce milieu rural, la croissance démographique aura une pression de plus en plus accrue sur les ressources naturelles. PA'AH P. A. (2010) note qu' « on enregistre jusqu'à présent une forte affluence des chercheurs d'emplois dans la zone minière de Mbalam. Cette affluence des personnes a entrainé la promiscuité dans toutes les chefferies ainsi qu'une forte pression sur la faune sauvage qui est la seule source des protéines animales »20. Selon Durkheim, l'augmentation de la population n'est pas sans effets dommageables à l'environnement naturel. En effet, pour Durkheim, « tout accroissement dans le volume et dans la densité dynamique des sociétés, en rendant la vie sociale plus intense, en étendant l'horizon que chaque individu embrasse par sa pensée et emplit de son action, modifie profondément les conditions fondamentales de l'existence collective ».21

CONCLUSION

Les populations qui vivent dans l'interzone Dja-parc national de Nki sont déjà assez informées du projet de conservation de leur zone. Cependant, elles craignent encore parce que au regard des autres projets visant la conservation des ressources naturelles, elles pensent qu'elles ne tireront pas profit de cet initiative de conservation. Les différents promoteurs de ce projet ont mis en place plusieurs moyens qui leur permettront de réussir la conservation. Certains de ces moyens à l'instar de la sensibilisation et du financement des projets incitent les populations locales à oeuvrer pour la conservation. Cette zone en conservation est entrain d'accueillir de nouvelles infrastructures et une immigration des populations à la recherche du travail qui entrainent une nouvelle dynamique pour ce massif forestier.

20 PA'AH P. A.(2010) Droits des communautés confrontées aux zones minières exclusives transfrontalières : cas des communautés riveraines des mines de fer et d'or de mbalam au Cameroun. P9

21 DURKHEIM, E., Les règles de la méthode sociologique, 13ème édition, Paris, PUF, 2007, p. 112.

130

CONCLUSION GENERALE

La présente étude qui est intitulée « les moyens d'existence des populations dans l'interzone Réserve de Biosphère du Dja-parc national de Nki : compatibilité ou incompatibilité avec les objectifs de conservation », visait à identifier les différentes activités des populations de cette zone et de montrer leurs impacts sur la conservation. Pour cela nous avons posé la question de savoir si les activités menées par les populations dans l'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki pour trouver leurs moyens d'existence sont compatibles avec les objectifs de conservation. L'objectif visé ici était d' « établir le niveau/degré de compatibilité-incompatibilité entre les activités humaines menées dans l'interzone Réserve du Dja -Parc national de Nki et les objectifs de conservation ». De manière particulière s'agissait pour nous de :

- Relever les facteurs naturels et socio-économiques qui favorisent le développement des activités dans l'interzone ;

- Caractériser les moyens d'existence des populations ;

- Analyser les différentes techniques avec lesquelles sont menées ces activités ;

- Mettre en perspective les activités menées et les stratégies de conservation.

Pour atteindre ces objectifs de recherche, nous avons formulé une hypothèse principale

qui stipule que « les activités menées dans l'interzone sont compatibles pour l'heure avec les objectifs de conservation étant donné que les densités humaines sont faibles ». Mais de façon spécifique nous avons considéré que :

- Le milieu naturel et les composantes socio-économiques actuels sont à l'origine de la richesse de cette zone dont la valorisation dépend des perspectives de l'acteur ou des acteurs concernés ;

- La chasse sous toutes ses formes y est prédominante et constitue la principale source de revenus ;

- Les différentes activités sont développées avec des outils rudimentaires et des techniques traditionnelles qui réduisent la pression sur la forêt ;

- L'accroissement démographique et la création de nouvelles infrastructures

stimulent une dynamique qui à long terme pourrait être néfaste pour la conservation.

Pour vérifier cette hypothèse nous avons adopté une démarche hypothético-déductive. La recherche documentaire et la collecte des donnés primaires sur le terrain nous ont permis d'obtenir les résultats suivants qui ressortent dans les différents chapitres.

131

Le milieu physique offre des conditions favorables au développement de nombreuses activités humaines parmi lesquelles les activités agricoles qui constituent la principale occupation des enquêtés. Il regorge aussi des potentialités importantes pour le développement de la chasse, la collecte des PFNL et la pêche. Le petit commerce et l'artisanat y sont aussi pratiqués mais de façon négligeable. L'exploitation minière est en plein essor dans cette zone. Dans cette zone enclavée et peu peuplée, il existe donc de nombreux types de ressources (forêt, mines, PFNL, faune...) qui intéressent de nombreux acteurs avec des objectifs différents. Ces différents acteurs n'ont pas la même perception sur la valorisation des ressources de ce massif forestier. Pour les populations locales il faut exploiter ces ressources pour se nourrir et pour se développer ; pour les exploitants légaux et clandestins, il faut tirer profit de ces ressources et pour l'État et les ONG de conservation cette exploitation doit être faite de façon durable. Tout ceci contribue à confirmer notre hypothèse selon laquelle « le milieu naturel et les composantes socioéconomiques actuels sont à l'origine de la richesse de cette zone dont la valorisation dépend des perspectives de l'acteur ou des acteurs concernés.»

Par ailleurs, cette abondance des ressources est à l'origine du développement de nombreuses activités comme l'agriculture, la chasse, la récolte des PFNL, la pêche, l'artisanat,... Les populations tirent de ces activités des revenus assez considérables qui leur permettent d'assurer leur survie. L'enclavement, les faibles densités des populations et les difficultés de stockage des produits agricoles rendent difficile la commercialisation des produits agricoles. Cependant les produits de la chasse constituent la seule source de protéines animales des populations de notre zone d'étude. Ces produits sont sollicités aussi bien par les populations autochtones que celles venues des autres localités et des villes. Les revenus mensuels tirés de cette activité ont été estimées à 83 730 Fcfa. Comparé à ceux de l'agriculture qui s'élèvent à 75 910 Fcfa, la vente des produits de la chasse constitue la première source de revenus des populations de l'interzone. A travers cette dimension de la réalité sociale, se vérifie notre hypothèse selon laquelle « la chasse sous toutes ses formes y est prédominante et constitue la principale source de revenus.»

Sur la base des principaux critères de compatibilité et d'incompatibilité que nous avons établis, nous pouvons dire que ces différentes activités ne constituent pas pour le moment un handicap à la conservation de cette zone. En effet, 96 % des enquêtés conservent les arbres dans leurs champs, 74% ont une durée de jachère supérieur à 4 ans. 84% des chasseurs déclarent qu'ils utilisent le piège comme outil de chasse. Bien que certaines techniques comme le fusil, le câble d'acier et la pêche par empoisonnement ne soient pas compatibles avec la conservation, les techniques les plus utilisées sont de type traditionnel et

132

le matériel est rudimentaire et primitif. Les faibles densités des populations, l'abondance des ressources et ces techniques traditionnelles réduisent les impacts de ces activités sur l'environnement. C'est là aussi que le troisième aspect de notre hypothèse se trouve confirmé, en ce sens que « les différentes activités sont développées avec des outils rudimentaires et des techniques traditionnelles qui réduisent la pression sur la forêt.»

Cette zone n'abrite pas seulement les projets de conservation. Elle est en train d'accueillir de nouveaux projets comme ceux miniers et des infrastructures de transport. Ces différents projets drainent vers cette localité de nombreuses populations. De nouveaux besoins comme ceux en terres agricoles, en bois de chauffe, en protéines animales etc se font de plus en plus sentir dans cette zone. Tous ces idées confirment l'hypothèse qui stipulait que «l'accroissement démographique et la création de nouvelles infrastructures stimulent une dynamique qui à long terme pourrait être néfaste pour la conservation.»

À la fin de cette étude, nous pouvons dire que les activités menées par les populations dans l'interzone sont de type traditionnel et de ce fait, elles ont des impacts peu significatifs sur la conservation. Cette recherche nous a permis de comprendre que dans un contexte de faibles densités humaines (dans l'interzone les densités sont de 1,04 hbts/km2) et sans facteurs extérieurs qui doivent pousser les populations à augmenter la production, les populations développent des techniques d'exploitation des ressources qui leur permettent de conserver leur milieu. Ces activités combinées aux différentes techniques et aux faibles densités des populations nous permettent de confirmer notre hypothèse principale.

Au cours de cette recherche, nous avons fait face à l'hostilité de certaines populations de cette zone. Nous avons eu également des difficultés pour communiquer avec certaines personnes enquêtées. Nous avons souvent fait recours à un traducteur pour aider dans nos échanges. Les pistes suivantes pourraient être explorées dans les études ultérieures, notamment une étude approfondie sur l'impact des retombées de la conservation dans la lutte contre la pauvreté dans l'interzone.

133

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66- WELLS M. 1995. Conservation de la biodiversité et aspirations au développement des populations locales: nouvelles priorités des années 90.

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69- WWF. 2007. Orientations stratégiques pour la gestion du massif Ngoila - Mintom. Yaoundé-Cameroun. WWF Carpo.54 p

III MEMOIRES ET THESES

70- BENEDICTE KIPPES. 2007. Acteurs et enjeux de la gestion « communautaire » de la faune : L'exemple de la zone villageoise d'intérêt cynégétique de Boumoana dans l'Est burkinabè. 186p

71- ICKOWITZ, A. 2006. Shifting cultivation and deforestation in tropical Africa: critical reflections. Development and Change 37(3) : 599-626.

72- MBATCHOU DJADJOU C. 2010. Braconnage et chasse traditionnelle dans le Djérem. Mémoire de maîtrise en géographie des ressources naturelles ;Université de Yaoundé I. 113p

73- NGANDJUI G. 1997. Inventaire et utilisation durable de la faune mammalienne en milieu forestier : cas du secteur Ouest de la Biosphère du Dja (Sud Cameroun). Thèse de doctorat, Université Valery-Montpellier II, 249 p

74- OBAM F. M. 2001. L'agriculture itinérante et sa prise en compte dans le carde de l'aménagement durable du milieu forestier : l'exemple du secteur Bipindi-AkomII de la « zone Tropenbos » Sud Cameroun

75- WEBER, J. 1995. "L'occupation humaine des aires protégées à Madagascar: diagnostic et éléments pour une gestion viable." Nature, Sciences, Sociétés, Vol.3.

WEBOGRAPHIE

· http : // www.agora21.org/dd.html

· http : // www.liberationafrique.org

· http : // ngoylamintom.blogspot.com

· http : // civilisations.revues.org/index1611 html

· http : // www. Cameroun - info.net.

· http : // www.planetere, org / bulletin/ 2010/ regions du Cameroun

· http : // www.cifor.cgiar.org

138

TABLE DES MATIERES

DEDICACE i

RESUME ii

ABSTRACT iii

REMERCIEMENTS iv

SOMMAIRE . v

LISTE DES TABLEAUX vi

LISTE DES FIGURES vii

LISTE DES PHOTOS viii

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ix

LISTE DES ANNEXES x

INTRODUCTION GENERALE 1

I DELIMITATION DU SUJET 2

1 - Délimitation sur le plan thématique du sujet . 2

2 - Délimitation sur le plan spatial 2

II INTERET DE L'ETUDE 5

1 - Au plan scientifique et théorique 5

2 - sur le plan pratique 5

III PROBLEMATIQUE 5

IV QUESTIONS DE RECHERCHE 8

A - Question principale... 8

B - Questions spécifiques .. 8

V CONTEXTE SCIENTIFIQUE 8

1) Les approches ayant traité des activités qui dégradent la forêt . 8

A - L'agriculture 9

B - La chasse 10

C - L'exploitation forestière 11

2) Quelques approches conservationnistes 12

A - L'agriculture et la conservation de l'espace 13

B - Développement durable et conservation 13

VI CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DU SUJET . 14

A - Cadre conceptuel 14

B - Théories de référence 17

1 - La théorie des besoins de base de MASLOW 17

2 - La tragédie des communaux de GARRETT HARDIN (1968) .. 19

3 - L'approche participative 20

3 - 1 L'approche « zone tampon » et MAB . 21

3 - 2 Les Programmes Intégrés de Conservation et Développement (PICD) 22

VII OBJECTIFS DE L'ETUDE 25

A - Objectif principal 25

B - Objectifs spécifiques . 25

VIII LES HYPOTHESES DE L'ETUDE 25

139

A - Hypothèse principale 25

B - Hypothèses spécifiques 25

IX METHODOLOGIE 25

1 - Collecte des données ..... 26

a) Les sources secondaires 26

b) Les sources primaires 26

2 - Traitement des données et analyse 28

CHAPITRE I : PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DE L'INTERZONE

RESERVE DE BIOSPHERE DU DJA -PARC NATIONAL DE NKI 30

I SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE 30

II LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DE L'INTERZONE RESERVE DU DJA-

PARC NATIONAL DE NKI

.. 32

II.1. LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES

.. 32

II.1.1. Le relief peu accidenté

32

II.1.2. Des sols épais et pauvres

... 33

II.1.3. Hydrographie

... 33

II.1.4. Un climat équatorial chaud et humide

.33

II.1.5. La végétation

34

II.1.5.1. La forêt dite primaire

34

II.1.5.2. Les forêts secondaires

35

II.1.5.3. Les forêts marécageuses

36

II.1.5.4. Les jachères

36

II.1.5.5. Les zones de cultures

... 37

II.2. LES TYPES DE RESSOURCES.

37

II.2.1. Les minerais

37

II.2.2. Le bois

38

II.2.2.1. Bois d'oeuvre

38

II.2.2.2. Bois-énergie et bois de service

. 39

II.2.3. LA FAUNE

. 39

II.2.3.1. Les mammifères

39

II.2.3.2. Les oiseaux

40

II.2.3.3. Poissons, reptiles et amphibiens

40

II.2.4. Les produits forestiers non ligneux

. 40

III. ENVIRONNEMENT SOCIOECONOMIQUE

. 41

III.1. Un peuplement cosmopolite

41

III.2. Organisation sociale

43

III.3. Importance et répartition des populations

45

III.4. Un niveau d'étude très bas

. 47

IV. SITUATION JURIDIQUE DES FORETS ET ACCES AUX RESSOURCES DANS

L'INTERZONE 48

IV.1. Situation juridique des forêts dans l'interzone 48

IV.1.1. Domaines forestiers permanents . 49

IV.1.2. Des domaines forestiers non permanents 49

140

IV.1.3. La vocation des terres forestières dans l'interzone 50

IV.2. Droit d'accès aux ressources et son chevauchement dans la zone 50

CHAPITRE II : CARACTERISATION DES MOYENS D'EXISTENCE DES

POPULATIONS DE L'INTERZONE 54

I. L'AGRICULTURE : LE PILER DE L'ECONOMIE DE LA ZONE 54

I.1.Une propriété foncière accessible et abondante qui multiplie les possibilités agricoles 55

I.2. Les types de cultures 58

I. 2.1. Les cultures de rentes 59

1.2.2. Une agriculture vivrière extensive de type itinérante sur brulis 60

1.2.2.1. Les types de cultures ..... 60

1.2.2.2. Les types de champs vivriers 62

1.2.2.3. La commercialisation des produits vivriers 64

II. LA CHASSE 65

II.1. La chasse traditionnelle . 65

II.2. Une chasse de plus en plus moderne ou commerciale 66

II.3. Une chasse dont ses produits sont destinés de plus en pus à la commercialisation 67

III. L'ELEVAGE ET LA PECHE 70

III.1.Un élevage de type traditionnel . 70

III.1.1. Activités traditionnelles d'élevage . 70

III.1.2. Modernisation de l'élevage 71

III.2. Une pêche artisanale 72

IV. AUTRES ACTIVITES 73

IV. 1. Le petit commerce 73

IV.2. Une région riche en produits forestiers non ligneux (PFNL) 77

IV.3. Un artisanat peu développé au vu de la matière première . 79

IV.4. Une exploitation minière en plein essor 81

V. ENCLAVEMENT DE L'INTERZONE COMME FREIN AU DEVELOPPEMENT ET A

LA DIVERSISFICATION DES ACTIVITES DES POPULATIONS 82

V.1. Un enclavement est lié à un mauvais état des routes 82

V.2. Absence du pont sur la Dja comme une barrière pour le développement de

l'arrondissement de Ngoyla 83

CHAPITRE III : ANALYSE DES PRINCIPALES ACTIVITES DES POPULATIONS

SOUS LE PRISME DE LA COMPATIBILITE 87
I INTERZONE RESERVE DU DJA-PARC DE NKI : UN ESPACE QUI ABRITE DE

NOMBREUX PROJETS DE CONSERVATION 87

I.1. La mise en place de l'interzone lié à l'initiative TRIDOM 87

I.2. Les projets de conservation développés sur l'interzone Réserve du Dja-parc national de

Nki. 88

II. AGRICULTURE . 89

II.1. Une agriculture qui s'étend progressivement sur la forêt 89

II.2.

141

Une agriculture soucieuse de la conservation de l'environnement 93

II.3. Une agriculture dominée par la pratique de la jachère 95

II.4. Une agriculture confrontée à de nombreux problèmes 97

III LA PRATIQUE DE LA CHASSE DANS L'INTERZONE 99

III.1. Quelques moyens de prélèvement interdits par la législation camerounaise 99

III.2. Une chasse avec des techniques dominées par le piégeage 100

III.3. Une chasse donc les espèces les plus chassés sont les animaux de la classe C et les

rongeurs 103

III.4. Une chasse étendue sur toute l'année 105

IV AUTRES ACTIVITES .. 106

1. L'exploitation minière .. 106

2. La pêche .. 108

CHAPITRE IV : PROJETS DE CONSERVATION, ATTENTES DES

POPULATIONS LOCALES ET PERSPECTIVES . 109

I BREF APERCU DE L'ADHESION AUX PROJETS DE CONSERVATION DANS LA

ZONE ...109
I.1. Projets de conservation de l'interzone Dja-parc national de Nki et les populations

locales . 110

I. 2. Une conservation au bénéfice des populations locales . 112

II LES MOYENS MIS EN PLACE PAR LES PROMOTEURS DE

CONSERVATION 112

II.1. La sensibilisation . 113

II.2. La répression 114

II.3. Le MINFOF dans la zone en conservation . 115

II.4. Le financement des projets . 116
III. REACTION DES POPULATIONS FACE AUX PROJETS DE CONSERVATION.... 117

III.1. Une population sceptique à l'égard des retombées des projets ... 117
III.2. Les principales attentes des populations locales vis-à-vis des projets de conservation de

l'interzone Dja-parc national de Nki 119

III.2.1. Une région pauvre en infrastructures 119

III.2.2. Les attentes des populations 120

III.2.3. L'amélioration des conditions de vie des populations locales 121

III.2.4. Des populations engagées à oeuvrer pour la conservation 122

III.3. L'approvisionnement en eau potable dans l'interzone . 123
IV IMPACTS POSSIBLES DES NOUVELLES INFRASTRUCTURES SUR LA ZONE EN

CONSERVATION 125

IV.1. La route et le chemin de fer 126

IV.2. Les projets d'exploitation minière . 127

IV.3. Les immigrants et la croissance naturelle de la population 128

CONCLUSION GENERALE 130

BIBLIOGRAPHIE 133

TABLE DES MATIERES 138






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld