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Les moyens d'existence des populations dans l'interzone réserve de biosphère du dja-parc national de Nki. Compatibilite ou incompatibilité avec les objectifs de conservation.

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par Claude Tatuebu Tagne
Université de Yaoundé I - Master  2012
  

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IV. AUTRES ACTIVITES.

IV. 1. Le petit commerce

Le petit commerce est très répandu dans la zone. Il s'inscrit dans les stratégies de satisfaction des besoins de subsistance, en même temps qu'ils insèrent les populations dans la dynamique des échanges et services monétarisés. D'après notre enquête sur la principale profession seulement 9 personnes soit 6 % ont présenté le commerce comme leur profession principale. De ces neuf personnes, 6 ont été rencontrées à Messok et 3 à Ngoyla. Ces personnes sont localisées à Messok et à Ngoyla parce que ce sont les «villes» de la zone et où se ravitaillent de plus en plus les populations des villages et des campements environnants du fait de l'enclavement de la localité. D'après cette même enquête, 22 personnes soit 16 % ont présenté le commerce comme leur activité secondaire. Ceci s'explique par le fait que d'autres personnes, surtout les femmes utilisent le temps qu'elles ne sont pas dans leur activité principale pour exercer le commerce.

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Dans ce registre, on retrouve en grande partie les produits agricoles (macabo, plantain, manioc...), mais aussi, la « restauration de rue », la vente des produits alcooliques et les mini-boutiques ou commerce général. Le commerce est développé par les hommes et les femmes, mais ces dernières dominent.

? Le commerce des produits agricoles.

Il s'agit ici principalement de ceux qui achètent directement aux paysans pour aller revendre « bayam sellam ». Ce type de commerce est très peu développé dans notre zone d'étude à cause de son enclavement. Les produits achetés varient selon les saisons. Il s'agit surtout du macabo, du plantain et de certains produits forestiers non ligneux. Le macabo est généralement acheté en seau de 15 ou 20 litres. Le prix varie entre 1 000 F et 2 000 F Cfa suivant l'offre et la demande. Quant au plantain, il s'achète en régime. Le prix varie selon la taille du régime.

? La « restauration de rue » ici on retrouve la viande de brousse préparée et le commerce de beignets. Nous la qualifions de « restaurant de rue » parce que tout se vend exposé sur la table ou sur un banc dans un hangar ou en bordure de route même dans les marmites ou les assiettes. Parfois on se balade avec ces marmites et assiettes sur la tète. Il s'agit principalement de la viande de brousse cuisinée (biche, pangolin, singe, porc-épic, ...) accompagnée du manioc, du plantain, des bâtons de manioc... Le plat varie entre 300F et 500F CFA. Les femmes achètent la viande auprès des chasseurs pour préparer et revendre. Le bénéfice peut aller de 1000 à 5 000 FCFA en fonction de la taille de l'animal et de l'espèce. L'autre façon de vendre cette viande s'appelle dans la région "l'ovianga" qui consiste à préparer le gibier et le vendre après la cuisson, le morceau de gibier coûte entre 50 FCFA et 100 FCFA. Il n'existe pas de restaurant moderne dans la zone.

La vente des beignets est très développée dans les «villes» de l'interzone. Il est surtout l'oeuvre des femmes bamoun et foulbé. Tôt le matin, elles font les beignets chez elles et viennent vendre sur leur comptoir.

? La vente des produits alcooliques

La vente de la bière : le commerce des boissons en bouteille est assez répandu dans l'interzone. Ceux qui vendent la boisson se ravitaillent à Lomié et transportent dans les taxis brousse. La bouteille de bière coûte 850 F à Ngoyla et les boisons gazeuses (jus) 750 F. Le prix élevé de ces produits les rendent peu accessible à la population locale. Pour cette raison, elle se tourne vers le vin de fabrication locale.

Le whisky local (arky , l'odontol ou le dontol) est très fabriqué et très consommé dans la localité. Les femmes sont très habiles dans la fabrication de ce vin. Il se fait soit

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avec de la banane mûre et du vin de palme soit avec du sucre et du vin de palme. La méthode de préparation est la suivante : il faut mélanger les deux produits ; après sept jours de fermentation, on distille pour obtenir ce vin. Après avoir fabriqué, elles peuvent vendre elles-même ou bien elles partent livrer dans des points réputés pour ce genre de commerce. Les mesures sont très nombreuses et les prix varient suivant ces dernières.

A

C

B

Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011

Photo N°8: Le dontol exposé sur un comptoir avec ses mesures à Messok. Un litre et demi (A) coûte en moyenne 1800F, le demi-litre (B) 600 F et le quart de litre (C) 300 F. les autres mesures vont de 50 à 200F CFA.

Dans l'ensemble, près de 50% de femmes de notre zone d'étude sont impliquées dans la fabrication de ce vin et cela procure une part substantielle des ressources monétaires des ménages concernés. Mais, elle est à l'origine d'un alcoolisme chronique. En effet, comme dans les points de vente des produits alcooliques en ville, les populations quittent les points de vente de ce vin parfois à plus de deux heures du matin. La distillerie est donc une activité qui procure des revenus mensuels non négligeables dans les ménages.

? Les mini-boutiques ou commerce général se retrouvent dans les «villes» de l'interzone. Dans ces petites boutiques on vend divers produits : quincaillerie, produits alimentaires, produits cosmétiques et vestimentaires... Ces commerçants se ravitaillent dans divers centres urbains proches de la région (Abong-bang, Bertoua et Lomié) et aussi à Douala et à Yaoundé. Les voitures qui font cette route (grumiers, agence Melo voyage et taxis brousse) acheminent leurs marchandises auprès d'eux. Les boutiques appartiennent aux allogènes : Bamiléké, foulbé, bamoun et les ressortissants des autres pays.

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A

Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011

Planche photo N°9: Des boutiques dans les centres «ville» de l'interzone (A) à Messok et (B) à Ngoyla. Dans la boutique (A), on y vend un peu de tout. Cette boutique serait la plus grande de l'arrondissement dans le commerce général. Il appartient à un jeune de 28 ans originaire de Mbouda. Ce sont des grumiers qui l'aident à transporter ses marchandises de Yaoundé à Messok. Les boutiques qui sont en la photo (B) sont dominées par les effets vestimentaires et appartiennent aux femmes bamoun et aux foulbé.

Comparativement aux prix appliqués à Yaoundé, l'enclavement est un facteur qui entraîne l'augmentation des prix des produits dans l'interzone. Le commerce de détail est celui le plus répandu dans la zone. Les frais de transport énormes et le lieu de ravitaillement très éloignés sont autant de raisons qui entraînent une augmentation considérable des prix de ces denrées. Cette augmentation des prix des produits s'illustre par le tableau suivant.

Tableau N°12 : Prix comparatifs de quelques produits à Yaoundé et Ngoyla

Produits

Prix à Yaoundé (F cfa)

Prix à Ngoyla (F cfa)

Un cube honic

10

15

Un litre d'huile raffinée

1 000

1 500

Un litre d'huile de palme

500

850

Un kg de riz

350

500

Un litre d'essence

580

1 000

Une bière

500

850

Une bouteille de jus

350

750

 

Source : enquête de terrain, 2011.

Source : enquête de terrain, 2011.

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A ces activités s'ajoute la vente de l'essence et le transport. Dans l'interzone, le transport se fait à l'aide des motos taxis et des taxis brousse. Le transport à travers les motos taxi est effectué par les jeunes des villages. Les taxis de brousse sont à 75 % conduits par les bamoun. L'état des routes : poussière en saison sèche, de nombreux bourbiers en saison de pluie, le pont sur la Dja... rendent le transport très onéreux dans la région. A titre d'exemple, le tronçon Lomié-Ngoyla, long de 100 km, coûte 3 000F en voiture et 10 000 F par moto. Ces prix s'augmentent dès que le carburant devient moins disponible étant donné qu'il n'existe pas de station à essence ni dans la zone ni à Lomié.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry