WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Logiques d'aménagement d'un marché urbain ou construction du risque environnemental. L'exemple du marché de Mont-Bouët de Libreville (Gabon).

( Télécharger le fichier original )
par REGIS ARNAUD MOUNDOUNGA NZIGOU
Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis - Master de Géographie Première Année 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III.4 - La contribution de Mont-Bouët à la fiscalité locale37

La municipalité librevilloise a au fil des années, vu sa situation financière se détériorer à cause des marchés et des nombreux besoins en équipement et en services que l'accroissement de la population urbaine a générés. Se sont ajouté des difficultés liées à la diminution des reversements de recettes par l'État et à l'unicité de caisse qui occasionne des problèmes de trésorerie à la municipalité.

Le marché de Mont-Bouët et les autres marchés librevillois constitue un gisement important en termes de ressources au travers des loyers, des droits de place, des patentes et autres taxes38. Dans la réalité, le marché c'est transformé en véritable gouffre financier.

Les raisons de cette faible contribution financière sont presque au fil des années toujours les mêmes :

- l'évaporation des sommes recouvrées par les collecteurs, (mise en circulation de faux tickets, entente entre les commerçants et les collecteurs pour s'acquitter partiellement des droits de place, etc.) ;

- le manque de moyens et les difficultés pratiques de recouvrement : les collecteurs, le plus souvent, ne disposent ni des plans du marché, ni des listes des commerçants ou de leurs emplacements. En l'absence d'une autorité reconnue et respectée, ils éprouvent généralement de grandes difficultés dans l'exercice de leurs fonctions, selon les secteurs ;

- l'absence de contrôle et de suivi régulier des recettes réalisées par chaque collecteur ;

Cependant, on n'explique pas le faible taux de recouvrement par le seul fait de collecteurs indélicats. Si l'on prend en exemple, l'état de recouvrement de l'exercice 2001/2004, nous avons constaté que le marché de Mont-Bouët au niveau de Libreville est celui qui a rapporté le plus à la trésorerie municipale avec 234.781.000 Frs CFA (environ 357.353,12 Euros). Dans le même exercice, avec plus 200.080.000 Frs CFA (environ 304.535,769 Euros39) qui reste à recouvrer, Mont-Bouët est aussi le marché qui doit le plus à Mairie de Libreville. Selon les registres municipaux, le recouvrement journalier sur le marché s'établi aux alentour de 2.000.000 Frs CFA (3.000 Euros environ), même si ce qui n'est pas le cas tous les jours40.

37 Taxes et impôts perçues par la collectivité locale pour faire face à ses dépenses.

38 Délibération n°002/2004/CL-CM : Réglementant la location des kiosques et stands dans les marchés

municipaux (voir annexes).

39 1 € = 657 Frs CFA.

40 Mairie de Libreville : Services des marchés, 2006.

III.4.1 - Avoir une place sur le marché

57

« Obtenir une place sur le marché est un obstacle bien plus grand que d'obtenir des marchandises ». Ce constat souligne la difficulté pour un commerçant d'avoir accès aux marchés centraux, qu'il s'agisse de Dakar, d'Abidjan, de Lomé, d'Accra, de Libreville, Yaoundé, etc. est plus que jamais d'actualité (Lewis et Robertson, 1976)41.

Pourtant, la congestion de ces marchés par des vendeurs ambulants "illégaux" donnant à penser que les Autorités ont souvent renoncé à en réguler l'accès sous l'effet de la pression des commerçants, en particulier, et de l'opinion publique, en général, peut sembler paradoxale. En réalité, obtenir une place régulière sur le marché central reste l'objectif premier de tous ces vendeurs "illégaux" très conscients de la précarité de leur situation.

Mais à ces comportements corporatistes, acceptés comme des règles du jeu inhérentes à la réalisation de certaines activités commerciales, sont venues s'ajouter des pratiques dues à la concurrence exacerbée que se livrent les marchands pour obtenir une place sur un marché déjà lourdement saturé.

Ceci explique l'opacité qui entoure encore, aujourd'hui, les conditions réelles d'attribution d'un emplacement sur les marchés centraux d'Afrique en général et de celui de Mont-Bouët en particulier et dont l'arbitraire est constamment dénoncé par les commerçants eux-mêmes : « Plus de démocratie et d'équité dans la distribution des places », tel est l'un des souhaits majeurs en matière de gestion des marchés.

Les règles d'attribution des places de marché42, sont partout transgressées et le marché de Mont-Bouët en est un exemple. Nous avons pu constater qu'entre le nombre d'installations sur le marché et le nombre de vendeurs, de même que la liste d'attributaires que l'on peut trouver auprès de la municipalité n'a qu'un lointain rapport avec la réalité.

41 B.S. Lewis & C. Robertson (1976) « Women in Africa : Studies in social and economical change »,

Hafkin and Bay, SUP.

42 Sous-location de locaux interdite, un seul attributaire par emplacement.

58

III.4.1.1 - La sous-location et la revente de pas porte43

Bien qu'étant prohibée par les règles d'attribution de place sur un marché, la sous-location et la revente de pas-de-porte sont des pratiques généralisées sur pratiquement tous les marchés.

Les installations les plus couramment sous-louées sont les boutiques et les hangars. A Mont-Bouët, on observe une situation assez exceptionnelle : celle de la sous-location généralisée des « stands » (étals maçonnés). La sous-location de ce type d'installation se pratique entre attributaires nationaux « propriétaires non commerçants absentéistes » et commerçants étrangers.

Deux éléments principaux sont à souligner à cet effet, dans presque tous les cas recensés sur le terrain (informations obtenues auprès du commerçant), le sous-locataire paye sa redevance au service du marché en plus du loyer qu'il reverse au propriétaire des lieux, les montants de la sous-location représentent toujours une charge beaucoup plus lourde que le paiement de la redevance mensuelle ou du droit de place. Les montants de la sous-location varient suivant le type d'installation, sa localisation dans le marché et les produits vendus par le sous-locataire.

- La cession

La cession d'installations est aussi une pratique courante. Elle aurait été particulièrement fréquente entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, dates qui marquent, sur le marché, l'essor important des vendeurs de produits manufacturés (produits "riches").

- La multipropriété

Il est très courant qu'un vendeur dispose de plusieurs installations de vente à travers des prête-noms. Nous avons pu constater que ces cas de multipropriété concernent exclusivement les commerçants de produits manufacturés à forte valeur ajoutée et les commerçants de produits alimentaires de première nécessité (riz, sucre, farine, sel, etc.).

- Le partage des installations

La pratique inverse de partage d'une installation par plusieurs vendeurs est tout aussi répandue. Deux causes distinctes sont à l'origine de cette situation : la saturation du marché et donc l'impossibilité d'obtenir un emplacement, de même que la nécessité de partager les frais d'installation et d'exploitation de l'installation.

43 Revente de pas porte : Compensation financière versée au propriétaire avant l'entrée dans les lieux et

dont il est difficile de déterminer les contours.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein