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Connaissances locales et modes d'utilisation des plantes médicinales dans le traitement du paludisme et de la fièvre jaune dans la région des cascades. Cas du village de Diarrabakoko.

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par Saliou SANOGO
Université de Ouagadougou - Mîtrise 2014
  

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III-SYSTEMES MEDICAUX PLURALISTES ET ITINERAIRE THERAPEUTIQUES

3.1-Expériences de la maladie et itinéraires thérapeutiques dans le village de Diarrabakôkô

Dans un contexte marqué par une diversité des systèmes médicaux et d'alternatives thérapeutiques, l'expérience de la maladie et la recherche de guérison agissent comme des déterminants au choix thérapeutique. La guérison survenue après une quelconque thérapie peut être la source d'une « fidélisation » thérapeutique ou d'un changement thérapeutique. Autrement dit, l'itinéraire thérapeutique n'est pas figé. Et, il se caractérise le plus souvent comme une trajectoire, une mobilité par rapport à son propre itinéraire antérieure. Ainsi, cette mobilité thérapeutique traduit l'autonomie des individus à l'égard de leurs dispensateurs et leur donne le libre arbitre dans leurs conduites sur le marché thérapeutique. « Les dispensateurs n'ont ici qu'un contrôle marginal sur la demande des services et sur les itinéraires thérapeutiques de leurs patients. Ils n 'ont pas la capacité de fidéliser leur client tout au long de l'épisode de la maladie » (Fournier et Haddad 1995 : 295)

Cependant, il convient de mentionner que ce libre arbitre est toutefois soumis à l'influence d'un faisceau de facteurs que sont : facteurs sociodémographiques et économiques (sexe, niveau d'éducation, la profession, le revenu), la nature des pathologies étudiées et leur perception par les enquêtés, enfin les caractéristiques des services disponibles et leur perception. Ainsi, la prise en compte de ces facteurs relève de la convergence et de la diversité des expériences vécues de ces pathologies. Ce qui permet de déterminer le rapport des individus à leurs services médicaux. Dès lors, la question se pose de savoir, en cas de paludisme et de fièvre jaune, et pour quelles raisons, les enquêtés s'adressent à une médecine plutôt qu'à une autre.

3.1.1- Itinéraires thérapeutiques dans le village de Diarrabakôokô

Dans le contexte sanitaire du village de Diarrabakôkô, nous avons recensé les ressources de santé suivantes qui ne sont pas exploitées de la même manière ni avec le même degré par les enquêtés :

Ø La médecine moderne préventive, curative et promotionnelle à travers la présence d'un CSPS

Ø La médecine traditionnelle composée d'herboristes, des guérisseurs agriculteurs ou
chasseurs dozo et des guérisseurs devins.

Ø Auto-traitement, tantôt avec les plantes, tantôt avec les médicaments, mais moins
fréquente chez les enquêtés.

Ø La thérapie mixte qui résulte de la co-utilisation des deux premières médecines.

Mais le constat de terrain révèle que la médecine moderne et la médecine traditionnelle s'imposent dans ce marché thérapeutique comme les deux principales ressources auxquelles les enquêtés ont recours de façon alternée en cas de paludisme et de fièvre jaune. Mais dans l'ordre de succession de ces ressources, la médecine savante apparait comme le premier recours des enquêtés à la survenue de ces pathologies. En effet, 98,84% des 86 personnes enquêtés disent y avoir recours en cas de paludisme et 90,62% en cas de fièvre jaune. Il est à signaler que ces forts taux de fréquentation des enquêtés observables au début des maladies se justifient par la précision de diagnostic du fait qu'elle dispose de matériels de pointes. Un enquêté témoigne :

Il faut aller au dispensaire d'abord et si tu sais c'est quelle maladie, arrivé à la maison tu complètes avec ce que tu connais ». Moi-même je pars là-bas souvent parce que nos aliments, le sucre qu'on mange beaucoup, on a besoin d'eux pour voir le sang, prendre la tension et la température (entretien avec B.Z, le 10/040201, Diarrabakôkô).

Ainsi, sur la base de ce constat, nous convenons avec Saint de Savin qui « reconnait que seul le médecin qui dispose de toutes les ressources de la science peut et doit faire le diagnostic. Il a à sa disposition, la radio, les analyses de sang, d'urines et encore bien d'autres moyens. (...) Il est bien rare qu'un malade vienne voir directement un guérisseur» (Saint Savin 1960 : 21). Ce qui n'est toujours pas le cas dans le contexte Burkinabé voire même africain.

Du reste, il convient de mentionner que l'acceptation et l'adoption de ce choix thérapeutique relève d'une logique de réductions du coûts du traitement, de conformité et de satisfaction des exigences d'un principe biomédical dicté par les agents de santé, qui est celui du recours systématique à une formation sanitaire dès qu'un problème de santé se pose. Mais si ce choix parait être manifeste, il ne doit pas pour autant occulter le recours à la médecine traditionnelle qui est une « médecine compréhensive » articulée autour des gestes symboliques, de la satisfaction morale et est plus proche de la population, car faisant partie de leur environnement socioculturel. De ce fait, observons la trajectoire thérapeutique des enquêtés en fonction des facteurs précédemment évoqués.

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