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Connaissances locales et modes d'utilisation des plantes médicinales dans le traitement du paludisme et de la fièvre jaune dans la région des cascades. Cas du village de Diarrabakoko.

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par Saliou SANOGO
Université de Ouagadougou - Mîtrise 2014
  

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3.2.1.1- Genre et recours thérapeutiques

La structuration de la vie sociale dans le monde rural fait du sexe une variable de contrôle du comportement sanitaire, étant donné que selon nos enquêtes, les femmes sont les plus touchées par le paludisme. En effet, tout autant que la connaissance d'une maladie ou d'un évènement dérive de l'expérience sociale et varie en fonction de la structure sociale, il en est aussi de même du choix thérapeutique dans ce milieu rural où il existe une différenciation des rôles dans les rapports à la santé et en fonction du statut social et du sexe.

Ainsi la vulnérabilité des femmes, comme nous le savions résulte dans le monde rural de leur participation au système de production et de reproduction. Ce qui justifie leur degré d'implication et d'intervention dans le choix thérapeutique pour la quête de guérison à la survenue de ces pathologies. Elles sont à la fois des grandes « actrices » et les « consommatrices » des ressources thérapeutiques. A titre illustratif, le tableau ci-dessous, donne un aperçu de l'itinéraire thérapeutique des enquêtés en fonction du sexe en cas de paludisme et de fièvre jaune.

Tableau 4 : Distribution des recours thérapeutiques en fonction du sexe et des maladies

 
 

Recours thérapeutiques

Maladies

Sexe

Moderne

Traditionnelle

Mixte

Auto traitement

Non Réponse

Total

Effectifs

%

Paludisme

Hommes

69,23%

17,31%

9,61%

3,85%

0%

52

100%

Femmes

94,12%

5,88%

0%

0%

0%

34

100%

Fièvre jaune

Hommes

48,08%

42, 31%

1,92%

0%

7, 69%

52

100%

 

Femmes

64,71%

26,47%

2,94%

0%

5,88%

34

100%

Source : données du terrain, Mars-Avril 2012 à Diarrabakôkô

L'examen de ces données statistiques relève que la médecine moderne constitue le premier recours des enquêtés et plus chez les femmes, surtout en cas de paludisme. En effet, sur les 34 femmes enquêtées, 94,12% disent avoir recours à cette médecine en cas de paludisme et 64,71% en cas de fièvre jaune. Tandis que sur les 52 hommes, 69,23% y ont recours en cas de paludisme et 48,08% en cas de fièvre jaune. Il en résulte que les femmes de par leur fragilité et leur exposition à la maternité sont les plus vulnérables, surtout à la survenue du paludisme. Par conséquent les agents de santé leur apportent une attention particulière, en témoigne ces discours :

« Aujourd'hui les docteurs nous appellent pour qu'on sensibilise surtout les femmes enceintes à aller au dispensaire » (entretien avec S.M, le 09/04/2012, Diarrabakôkô).

« Le paludisme est la première cause de consultation et de mise en observation ici à Diarraba kôkô (...). Il touche les personnes les plus vulnérables que sont les enfants de 0 à 5 ans, les femmes enceintes, les personnes âgées (certainement dû à la vieillesse) et les sujets neufs (les européens)» (entretien avec M, le , 14/04/2012, Diarrabakôkô).

En sus, à l'image de la structure démographique nationale (Recensement général de la population 2006) les femmes sont les plus nombreuses dans cette localité. Elles représentent 52,54% de la population de Diarrabakôkô. Non seulement, en plus d'être les plus nombreuses, elles sont les plus vulnérables surtout en milieu rural à cause de leur maternité qui les contraint à fréquenter le CSPS plus que les hommes.

Par ailleurs, si on note une abstention à l'auto-traitement chez les enquêtés en cas de fièvre jaune ce n'est pas le cas du paludisme pour lequel 3,85% des hommes y ont recours. Ce qui est compréhensible lorsqu'on s'inscrit dans la relation de pouvoir au sein du foyer et dans le milieu rural où la décision n'est pas individuelle. Contrairement aux femmes, les hommes ont plus tendance à recourir surtout en cas de fièvre jaune à la médecine traditionnelle, soit 42,31% contre 26,47% pour les femmes, et moins en cas de paludisme, soit 17,31% contre 5,88%. Ce qui laisse percevoir l'ancrage de la représentation de la fièvre jaune comme forme grabataire du paludisme dont la gestion biomédicale pourrait entrainer la mort.

Certes, la prise en compte de ces données permet de conclure partiellement que l'influence du sexe sur le recours thérapeutique passe par la vulnérabilité des individus face à un épisode pathologique ainsi que par leur interaction avec le réseau social. Mais si cette influence parait être manifeste, elle ne doit pas pour autant occulter le facteur niveaud'éducation dans la mesure où certains auteurs (Fournier et Haddad 1995, Leclerc, Fassin et al. 2000, Ridde 2007) ont déjà montré que les populations rurales sont moins instruites et moins réceptives à la médecine moderne. De ce fait, il est intéressant de voir le lien existant entre le niveau scolaire ou culturel (variable tant présentée par bon nombre d'auteurs comme un puissant déterminant du comportement sanitaire) et les itinéraires thérapeutiques à Diarrabakôkô.

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