WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Connaissances locales et modes d'utilisation des plantes médicinales dans le traitement du paludisme et de la fièvre jaune dans la région des cascades. Cas du village de Diarrabakoko.

( Télécharger le fichier original )
par Saliou SANOGO
Université de Ouagadougou - Mîtrise 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2.1.3- Catégorie socioprofessionnelle et recours thérapeutiques

Il convient de mentionner que différents facteurs sont susceptibles d'interférer avec cette variable niveau d'instruction. H s'agit de la profession et du niveau des revenus. Selon Ridde les « indigents » dans le milieu rural se recrutent surtout parmi les couches les moins instruites « dans le contexte d'un des pays les plus pauvres du monde, même les fonctionnaires se retrouvent, à certaines périodes de l'année ou du moins sans ressources monétaires mobilisables immédiatement » (Ridde 2007 : 200).

Ainsi cette partie présente le lien entre le choix thérapeutique et la pauvreté, définie ici à partir de la profession et du revenu des enquêtés. En effet, la profession, prise en terme d'activité principale menée par un individu peut être un indicateur de mesure du choix thérapeutique dans la mesure où elle permet de déterminer les conditions de vie et la position sociale des individus dans le milieu où l'agriculture constitue la principale activité génératrice de revenus. Mais cette agriculture telle que pratiquée (de façon extensive et traditionnelle), demande une débauche d'énergie pendant que le régime alimentaire de cette population locale n'est pas diversifié. Le (préparé à base de la farine du maïs ou du mil) constitue l'aliment privilégié. En sus de cela, les données d'observation révèlent une dispersion des habitats constitués en majeure partie de cases rondes en banco et des collections d'eaux de toilette et de vaisselle derrière les concessions par manque de puisards. A cela s'ajoute le manque de latrines ainsi que la cohabitation avec les animaux. Ce qui laisse percevoir une certaine précarité des conditions de vie et d'hygiène qui sont susceptibles de rendre la maladie récurrente. Sur la base d'un tel constat, le tableau 7 et 8 suivant donne une idée de l'influence que peut avoir la profession sur le choix thérapeutique des enquêtés.

Tableau 7 : Distribution des recours thérapeutiques en fonction de la profession en cas de paludisme

Recours

Profession

Moderne

Traditionnel

Mixte

Auto

traitement

Total

Effectifs

%

Salariés

100%

0%

0%

0%

03

100%

Agriculteurs

82,19%

10,96%

5,48%

1,37%

73

100%

Eleveurs

100%

0%

0%

0%

04

100%

Secteur informel

20%

60%

0%

20%

05

100%

Elève

100%

0%

0%

0%

01

100%

Source : données du terrain, Mars- Avril 2012 à Diarrabakôkô

Tableau 8 : Distribution des recours thérapeutique en fonction de la profession (en cas de fièvre jaune)

Recours

Profession

Moderne

Traditionnel

Mixte

Non réponse

Total

Effectifs

%

Salariés

100%

0%

0%

0%

03

100%

Agriculteurs

56,16%

34,25%

2,74

6,85%

73

100%

Eleveurs

75%

25%

0%

0%

04

100%

Secteur informel

0%

80%

0%

20%

05

100%

Elève

0%

100%

0%

0%

01

100%

 

Source : données du terrain, Mars- Avril 2012 à Diarrabakôkô

L'examen de ces données statistiques montre que les enquêtés exerçant des professions qui génèrent des revenus relativement réguliers, s'orientent plus vers la médecine moderne. En effet, que ce soit en cas de paludisme comme de fièvre jaune on constate que les salariés, les éleveurs et les élèves ont tendance à recourir à la médecine moderne soit respectivement 100% en cas de paludisme, 100% et 75% en cas de fièvre jaune pour les salariés et les éleveurs. Ces pourcentages s'expliquent par le fait que ces catégories sont sous-représentées dans notre échantillon. Par contre, le recours fréquent à la médecine traditionnelle est observable plus au niveau du secteur informel, soit 60% en cas de paludisme et 80% en cas de fièvre jaune. Les agriculteurs, par contre, ont un recours partagé mais avec une prédominance de la médecine moderne en cas de paludisme (82,19%) et de fièvre jaune (56,16%) des enquêtés. Ce qui peut être expliqué par l'homologie relative du rapport au paludisme entre acteurs du secteur informel et ceux du secteur agricole, des activités qui ne permettent pas une mobilisation immédiate des ressources monétaires pour faire face aux coûts des actes médicaux moderne. Deux enquêtés déclarent :

(...) Il y a trop d'ordonnances qui sont chères et ici les gens n'ont pas d'argent car nous sommes tous des agriculteurs. (Entretient avec B.Z., le 10/04/2012, Diarrabakôkô)

Je suis ici (CSPS) avec ma femme parce qu'elle a le sumaya. Moi je préfère le dispensaire tant que j'ai les moyens. (Entretien avec S.H, le 13/04/2012, Diarrabakôkô).

Il en résulte que la profession ne constitue pas en soi un facteur incitatif à l'orientation thérapeutique. Elle ne l'est que lorsqu'elle interagit avec le revenu tout comme la capacité àmobiliser le prix de l'acte médical. Un enquêté déclare : « il n'ya pas de crédits au dispensaire. Quel que soit le prix tu vas payer (entretien avec H.T, le 11/04/2012, Diarrabakôkô)». L'accès aux soins modernes s'opère donc à travers la capacité de chaque individu à mobiliser de l'argent à la survenue d'une maladie. C'est pour cette raison que Benoit (1991) affirme : « (...) les rapports entre la santé et l'argent (rythme de dépenses, circonstances, montants) sont bien différents selon le choix du mode de soin (moderne contre traditionnelle) de la part de la population » (in Ridde 2007 : 32).

Lorsqu'on analyse les recours thérapeutiques des enquêtés en fonction de leurs revenus, on s'aperçoit d'une diminution de la probabilité à recourir à la médecine moderne en cas de paludisme au fur et à mesure que les revenus augmentent. Par contre, on constate une probabilité élevée à choisir la médecine traditionnelle chez les enquêtés ayant un revenu annuel qui est compris entre [600000-650000[francs CFA. Ce qui relève de la logique d'anticipation des coûts de traitement. C'est ce que révèlent certains enquêtés:

Bon! S'agissant du coût du traitement du paludisme, je trouve que c'est abordable pour la population (entretien avec M, le 14/04/2012, Diarrabakôkô)

Si le sumaya est à son début, le docteur va te dire de payer les comprimés et souvent ça ne dépasse pas 1000 FCFA [...]. Mais si tu laisses quand la maladie s'aggrave, ça devient cher parce qu'on va te mettre l'eau (perfusion) ou on va l'envoyer à Banfora, au grand hôpital (entretien avec K.D.P, le 15/04/2012, Diarrabakôkô).

Cette même considération est retrouvée également en cas de fièvre jaune. En effet, on remarque un recours partagé et dispersé des enquêtés avec une probabilité élevée à choisir la médecine moderne lorsque les revenus diminuent, soit les revenus annuels compris entre [50000 - 100000[. Cette propension à s'orienter vers la médecine traditionnelle diminue quand les revenus augmentent, les revenus compris entre [700000 - 750000[.

Dans cette perspective, il convient de mentionner que le lien entre le revenu et le choix thérapeutique n'est pas systématiquement perceptible dans la mesure où avec la routinisation de l'expérience du paludisme et de la fièvre jaune les patients (économiquement indigents ou nantis) et leurs proches opèrent des choix stratégiques en fonction des opportunités de soins et des ressources (financières, symboliques, humaines) mobilisables pour leur traitement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote