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Connaissances locales et modes d'utilisation des plantes médicinales dans le traitement du paludisme et de la fièvre jaune dans la région des cascades. Cas du village de Diarrabakoko.

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par Saliou SANOGO
Université de Ouagadougou - Mîtrise 2014
  

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3.4- L'influences des caractéristiques des services médicaux sur les recours thérapeutiques.

Dans le champ médical où la médecine moderne et la médecine traditionnelle sont tantôt en compétition, tantôt complémentaires, le choix d'une thérapie dépend également de certaines caractéristiques des services médicaux telles que la qualité ou l'efficacité, et l'accessibilité géographique et financière des actes médicaux. En effet, en plus des praticiens traditionnels (pour la plupart guérisseurs), le village de Diarrabakôkô dispose depuis 1984 d'un CSPS du fait de sa position géographique sur l'axe Banfora-Niangoloko. La raison géographique dans l'implantation des structures sanitaires périphériques est soutenue par Meunier: « En effet, si les CSPS sont placés dans les villages les plus peuplés, ils sont tous situés le long des voies de communications pour permettre, selon les considérations de l'Etat, une utilisation maximum des services offerts (2000 :250)».

Le CSPS, en tant que premier échelon de soin, est une structure sanitaire de base du système de santé qui a un effectif de 5 personnes dont le Major qui est un infirmier diplômé d'Etat (IDE). De plus, le CSPS dispose de 3 bâtiments dont une maternité, un bâtiment pour la consultation, les soins et la mise en observation et enfin une pharmacie. La salle de mise en observation dispose seulement de 5 lits pour toute cette population de Diarrabakôkô et les villages environnants. Des statistiques témoignent de la forte fréquentation du CSPS par les enquêtés, soit 100%, or que le taux de fréquentation dans la localité est de 75%. Mais, il est à signaler que ce fort taux de fréquentation n'a rien d'absolu car si tous les enquêtés fréquentent le CSPS, seulement 56,98% la fréquentent régulièrement, 11,63% au début de la maladie, et 31,39% irrégulièrement.

Concernant les raisons de la fréquentation, le paludisme est la première affection qui amène la population au CSPS. Selon un agent de santé que nous avons enquêté, il représente 93,02% des causes de consultation et de mise en observation à Diarrabakôkô. Dans le même sens, le tableau de bord (2009) dévoile que : « au cours des cinq dernières années, plus du tiers des consultations, des hospitalisations et des décès (hôpitaux y compris) est attribuable au paludisme dans les structures de santé ».

Par ailleurs, le fort taux de fréquentation du CSPS par les enquêtés se justifie à travers les propos d'un agent de santé :

Je l'ai dit tantôt, nous organisons souvent des causeries-débats afin de les inciter à fréquenter le CSPS, surtout les femmes et les enfants qui sont les plus vulnérables. Nous les faisons d'ailleurs de concert avec les tradipraticiens qui sont à mon avis bien écoutés et respectés ici puis que les gens les connaissent tous (entretien avec M, le 14/04/2012, Diarrabakôkô).

Au travers de ces discours apparait la collaboration entre ces deux médecines qui sont utilisées de façon alternées selon la perception que cette population a de la qualité et/ou l'efficacité des services. En effet, la comparaison entre CSPS et les praticiens traditionnels témoigne de l'importance que les enquêtés accordent aux services modernes du fait de la crédibilité dans leurs diagnostics, en témoigne un enquêté : « (...) Alors qu'au dispensaire le diagnostic est précis, tandis que celui de la médecine traditionnelle est imprécis et peut entrainer des dommages (entretien avec H.B.P, le15/04/2012, Diarrabakôkô)».

Une herboriste ajoute : « (...),les gens partent d'abord au dispensaire avant de venir nous voir. [... ] Si quelqu'un vient nous voir pour une maladie, nous lui disons d'aller d'abord au dispensaire voir ce qui ne va pas et ce qui pose problème avant de venir ». (Entretien avec C.A, le 22/04/2012, Banfora).

Il ressort de ces discours que le recours direct au CSPS témoigne d'une recherche de soignant compétent, mais l'insuffisance de lit pour la mise en observation contraint les agents de santé à libérer des malades parfois non guéris et évacuent d'autres sur Banfora. Le tableau 11 donne un aperçu de la distribution de la perception locale du traitement biomédical du paludisme et la fièvre jaune en termes d'efficacité/inefficacité.

3.4.1- Perception locale du traitement biomédical du paludisme et de la fièvre jaune

Tableau 10 : Perception par maladie du traitement biomédical

Perception traitement

Maladie

Efficace

Pas trop efficace

Inefficace

Ne sait pas

Total

Effectifs

0%

Paludisme

58,1%

40,7%

1,2%

0%

86

100%

Fièvre jaune

2,3%

25,6%

12,8%

59,3%

86

100%

Source: données du terrain, Mars -Avril 2012 à Diarrabakôkô.

Ce tableau est important car il montre en premier lieu, que le traitement biomédical du paludisme est efficace comparativement au traitement de la fièvre jaune. En effet, 58,1% des enquêtés trouve le traitement du paludisme efficace, seulement 2,3% le trouvent en cas de fièvre jaune. L'efficacité, entendue en termes de diagnostic précis et de disponibilité des médicaments antipaludéens au début de la maladie du fait de la forte consommation d'aliments sucrés comme l'atteste ce discours d'un enquêté : « Le traitement du paludisme est bien surtout avec les aliments que nous mangions aujourd'hui » (entretien avec S.M, le 09/04/2012, Diarrabakôkô). Ce qui sous-tend que le traitement au CSPS se résume à la prévention. Le terme « pas trop efficace » fait allusion à la capacité de cette médecine à calmer rapidement le mal (pourtant la médecine traditionnelle guérie). Un enquêté avoue : « (...)c'est comme les comprimés du paludisme qu'on vend au dispensaire. Quand tu prends, ça ce calme et après tu vois, la maladie revient (entretien avec H.B, le 12/04/2012, Diarrabakôkô)».

En outre, le traitement biomédical de la fièvre jaune est perçu inefficace par 12,8%, des enquêtés, contre 1,2% pour le paludisme. L'explication qui se dégage est que la fièvre jaune est perçue comme une maladie dangereuse dont le traitement par la médecine moderne peut conduire à la mort. Selon des enquêtés notamment les tradi-thérapeutes, la médecine traditionnelle est plus habilitée à traiter cette pathologie. Deux praticiens témoignent :

« C'est une maladie qui n'aime pas la piqure. C'est très dangereux de la traiter au dispensaire. ' 'Bana mi lo a ti toubabou fia Je" (c'est une maladie qui n'aime pas médicament de blancs) (entretien avec H.B, le 12/04/2012, Diarrabakôkô).

« Quand tu as à cette maladie, c'est mieux de faire le traitement traditionnel car il est efficace. Au dispensaire, si on te fait la piqure, tu peux mourir. Les docteurs (infirmiers) savent maintenant c'est pourquoi, c'est si tu as le sumaya, ils te mettent l'eau (perfusion) ; ils ne te piquent plus (entretien H.T, le 11/04/2012, Diarrabakôkô).

Il ressort que, la représentation que l'on fait d'une thérapie sur sa capacité à traiter telle ou telle affection influence beaucoup sur son choix.

Par ailleurs, le constat de terrain révèle une bonne qualité relationnelle soignants/soignés, entre praticiens modernes et praticiens traditionnels en témoigne les causeries-débats organisées par les agents de santé en collaboration avec les praticiens traditionnels en vue d'inciter la population à fréquenter le CSPS comme le note un agent de santé : « Nous collaborons très bien avec eux. Ce sont eux-mêmes qu'on met au-devant de nos sensibilisations surtout les femmes et les enfants à fréquenter le CSPS en cas de maladies (entretien avec M, le 14/04/2012, Diarrabakôkô) ». S'agissant de la complémentarité entre ces deux médecines un informateur atteste :« (...)«cunsigui challiani ti ce ka li a kelen » (une tête touffue ne peut pas se raser seule (entretien avec S.D., le 09/04/2012, Diarrabakôkô) ». Mais, même si cela témoigne de la bonne qualité de leur relation avec les infirmiers, il est à signaler que ces derniers s'alarment à juste titre devant les retards de consultations, ce qui justifie du même coup cette fréquentation accrue du CSPS comme nous pouvons le constater à travers ces propos d'un agent de santé :

(...) ils laissent quand la maladie s'aggrave avant de venir ici. Donc pour éviter cela nous les exhortons à venir consulter dès le début de la maladie surtout que le CSPS est à côté. Ben ! Je peux dire que le message est passé puisque la population fréquente maintenant (entretien avec M., le 14/04/2012, Diarrabakôkô) ».

De ce qui précède, il reste que la relation prescriptrice-malade qui est une relation sociale construite diversement à la fois selon le contexte dans lequel elle se déroule mais aussi selon les protagonistes de cette relation. La caractéristique de cette relation dans le cadre de notre étude a été observée sur le rapport des enquêtés aux services médicaux (consultation, hospitalisation) du CSPS.

Cependant, le recours immédiat des enquêtés au CSPS s'inscrit non pas dans une logique de confiance dans le traitement mais dans une logique de réduction du coût d'utilisation comme l'attestent ces enquêtés :

« Mais, l'ordonnance du dispensaire est cher surtout quand on laisse la maladie s'aggraver. On peut même t'envoyer au grand hôpital de Banfora. C'est ce que les gens évitent raison pour laquelle au début de la maladie ils se rendent là-bas avant de venir continuer le traitement avec pour nous (entretien S. S, le 10/04/2012, Diarrabakôkô».

« Bon ! Ça dépend, si tu pars tôt au dispensaire, le traitement du paludisme ne dépasse pas 1000F CFA. Ce sont les comprimés que tu vas payer (entretien avec H.T, le 11/04/2012, Diarrabakôkô) ».

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984