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Approvisionnement de la ville de N'Djamena en bois-énergie. Ses influences sur le milieu naturel.

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par Man-na Djangrang
Université de Bangui - Maîtrise 2002
  

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DEUXIEME PARTIE

SITUATION ENERGETIQUE ET CARTOGRAPHIE DES ETATS DE SURFACE DANS LE BASSIN D'APPROVISIONNEMENT.

Au Tchad, les problèmes d'approvisionnement en source d'énergie constituent une préoccupation nationale. NDJAFFA (2001) pose la problématique de l'énergie en ces termes : « Pour mesurer l'importance de l'énergie, nous devons avoir à l'esprit que la disponibilité et l'utilisation des ressources énergétiques a toujours été un sujet de préoccupations, car toutes les formes que revêt l'activité humaine - depuis la cuisson des aliments jusqu'au transport et à l'industrie - exigent le recours à une certaine forme d'énergie ».

LESSOURD et al., (1994), relève que le degré d'utilisation entre l'énergie domestique10(*) et l'énergie moderne11(*) constitue en lui-même un indicateur du niveau de développement d'un Etat. Entre ces deux types d'énergies, N'Djaména apparaît comme consommatrice de l'énergie domestique traditionnelle. Une des conséquences, c'est l'atteinte portée au milieu naturel.

L'objet de cette partie est de présenter le taux de consommation, ses influences sur le milieu naturel après avoir passé en revue les facteurs naturels.

Chapitre 3 : LES BESOINS ÉNERGÉTIQUES

Le bois énergie couvre environ 97 % (ESMAP, 97) de l'ensemble des besoins énergétiques du pays. Il reste un combustible irremplaçable en milieu rural et satisfait la majeure partie des besoins des ménages à N'Djaména (92,7%). Les statistiques sus-citées sont suffisantes pour avoir une connaissance globale des besoins en énergie. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet engouement : la pauvreté de la population, le mode de vie, les prix et leur perception par les ménagères.

A. La pauvreté, le mode de vie, les prix et la perception des combustibles utilisés

NGOUKOUROU et al.,(1992), dans leur ouvrage, définissent ainsi le pauvre : « Est généralement considéré comme pauvre toute personne ne possédant pas de bien et pas de sources régulières des revenus décents, et qui doit dès lors lutter pour satisfaire à ses besoins fondamentaux (et à ceux des personnes dont elle a la charge) ». Au Tchad, BOURDETTE (1998) estime que plus de 73% des habitants du milieu rural ont un niveau de vie situé en dessous du seuil de pauvreté (1 dollar par jour) contre 59,6% pour l'ensemble des tchadiens. Ces paysans pauvres sont soumis à des contraintes socio-économiques qui les incitent fortement à surexploiter les ressources naturelles dont le bois et à sous évaluer la détérioration de l'environnement. Étant donnés qu'ils sont très pauvres, ils ont constamment besoin d'argent et lorsque ce besoin dévient critique (mauvaise récolte, insuffisance d'autres revenus, etc.), ils n'ont d'autres ressources que de couper le bois pour vendre et s'auto approvisionner.

La pauvreté des habitants du bassin d'approvisionnement est étroitement liée aux problèmes de famine, causée par les sécheresses récurrentes de ces dernières années. Pour des paysans qui n'ont plus à manger, l'exploitation du milieu naturel pour se procurer du bois de chauffe et la production de charbon de bois qui seront ensuite vendus à N'Djaména est souvent le seul moyen de subsistance. Cette prédation du milieu naturel devient pour les ruraux une chance de survie.

En ville, la faiblesse des revenus familiaux et le manque d'autres sources d'énergie pour la population urbaine les obligent à faire recours au du bois pour la cuisson des aliments.

Le mauvais état de santé est une autre caractéristique de la pauvreté dans le milieu rural qu'urbain tchadien en général et plus précisément dans le bassin d'approvisionnement en particulier. Il ôte aux individus une partie de leur énergie productive, réduit les revenus des familles. Comme partout ailleurs, l'hygiène de l'eau, des aliments et du corps pour ne citer que ceux-là, est moins connue et moins appliquée. Le fait que l'eau potable manque dans le bassin d'approvisionnement et que la population ne consomme que l'eau de source et de puits cause souvent des maladies. Ainsi, pour faire face à ce mauvais état de santé, les paysans sont obligés de couper le bois et vendre pour avoir d'argent afin de se soigner et les citadins à ne se contenter que du bois pour la cuisson de leurs aliments.

En ville, des différences de comportement en matière d'utilisation de bois de feu et de charbon de bois subsistent entre les différents groupes ethniques et classes sociales.

Pour certains ménages que nous avons rencontré (plus de 89%), le bois en premier lieu, est utilisé pour la cuisson des aliments. Ensuite, viennent le chauffage de l'eau et des maisons durant la saison fraîche. Pour ces derniers, le charbon est utilisé comme énergie d'appoint pour le repassage des habits, la petite cuisine (préparation de thé, chauffage de l'eau, etc.).

Le bois est également utilisé par divers professionnels et collectivités : Restaurateurs, boulangers, prisons, casernes, etc. Les ménages à N'Djaména cuisinent au bois soit avec des foyers traditionnels en banco, soit des « foyers 3 pierres ».

Le charbon de bois est surtout utilisé par d'autres ménagères de classe sociale moyenne et aisée. Le charbon représente la première source d'énergie domestique. L'instrument utilisé est le brasier métallique (ganoune en arabe).

Le niveau de consommation et les types de combustible utilisé dépendent de nombreux facteurs tels que la taille de la famille, les ressources énergétiques et les types d'utilisations finales

A N'Djaména, une famille de 5 personnes consomme en moyenne 1,6 stères, soit 560 Kg de bois de chauffe par an avec un foyer traditionnel. Par contre, la consommation de charbon est de l'ordre de 8,7 soit 3045 kg de stères. L'opinion des ménagères est avancée comme facteur déterminant de l'appréhension de la problématique bois-énergie (SOW, 1990). Les différences proviennent selon l'échelle de la richesse ou de modernisme des ménagères. Elles peuvent se résumer selon trois points de vue :

· D'abord, l'attachement immuable de la femme à un mode de vie et des comportements encore très ruraux. Elle ne connaît que le bois, avec lequel elle fait la cuisine ;

· Ensuite, le rejet de la femme évoluée. Plus aisée, sa vie s'est améliorée dans certains domaines, mais peu dans la cuisine. Pour elle, le bois est d'une utilisation peu agréable : il dégage beaucoup de fumées, salit, fatigue puisqu'il faut surveiller la cuisson, et qu'il nécessite des efforts pour allumer.

· Enfin, la catégorie de la femme aisée et moderne. Elle connaît les inconvénients du bois, mais ne se sent pas concernée. Elle a d'autres modes de cuisson (gaz et charbon), et souvent c'est le domestique qui fait la cuisine.

Ces particularismes, d'origine ethnique ou sociale s'accentuent plus encore en mesure que nous passons d'un quartier à un autre.

En dehors de ces contraintes précédemment citées, on peut ajouter l'équipement nécessaire à la cuisson (Tableau 6).

Tableau 6: Equipements et combustibles utilisés

Combustibles utilisés

Équipements nécessaires

Coût (FCFA)

Bois de chauffe

3 pierres

Néant

Charbon de bois

Brasier

750 à 2.750

Pétrole lampant

Réchaud

5.000 à 12.000

Gaz butane

Réchaud avec détenteur simple

-cuisinière 1 feu (ganoune gaz)

-cuisinière 5 feux

Bouteille de gaz (recharge)

-« - 12,5 Kg

-« - 6 Kg

14.000

204.000

10.000

3.500

Source : Djangrang Man-na, Avril 2002

Il apparaît donc nettement du tableau 6 que le bois et le charbon de bois sont les seuls combustibles immédiatement utilisables par la majorité de la population. Le pouvoir d'achat réel et surtout les ressources financières liquides courantes disponibles pour la plupart des ménages12(*) empêchent l'utilisation d'autres sources d'énergie dont le coût d'équipement apparaît très élevé pour un budget familial déjà déficitaire.

* 10 Par énergie domestique, on entend le bois de chauffe, le charbon de bois, les déchets végétaux et animaux et l'énergie animale.

* 11 Les énergies modernes englobent les produits pétroliers, l'électricité, les technologies renouvelables.

* 12 72% des ménages à N'Djaména disposent d'un revenu mensuel de 187.897 F.CFA. Les dépenses excédent les revenus de 12.880 F.CFA, (BOURDETTE, 1998).

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote