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Approvisionnement de la ville de N'Djamena en bois-énergie. Ses influences sur le milieu naturel.

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par Man-na Djangrang
Université de Bangui - Maîtrise 2002
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Le bois-énergie constitue la principale source d'énergie (plus de 92,7% de la consommation). Il est utilisé par la grande majorité des ménages urbains et la totalité des ménages ruraux pour la cuisson de leurs aliments. Cette consommation va très fortement augmenter dans les prochaines années à cause de l'accroissement de la population et de sa concentration en milieu urbain. Dans dix ans il n'y aura plus d'un dixième de la population nationale soit 1 700 000 habiteront N'Djaména. Déjà d'importantes zones déboisées entourent la capitale. Si rien n'est fait pour inverser les tendances actuelles, N'Djaména va certainement vers des situations critiques pour son approvisionnement en bois-énergie de ses populations et pour la préservation de son fragile équilibre écologique. Un autre drame en perspective ? La cause est à chercher dans l'analyse des facteurs multidimensionnels de la déforestation.

La déforestation est ici causée par les facteurs climatiques (sécheresses récurrentes) contre lesquels peu de choses peuvent être entreprises. Dans le bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en bois-énergie, ce sont les hommes qui sont eux-mêmes à la base de la disparition du patrimoine forestier. Les causes que nous avons pu relever diffèrent selon que nous sommes en milieu rural ou urbain.

En milieu rural, le phénomène trouve son origine dans la crise des systèmes de production traditionnelle. Crises en ce sens que ces systèmes n'ont pas pu s'adapter à l'évolution de la société. Pour faire face à la croissance démographique et à la demande urbaine, les techniques de productions traditionnelles auraient dû être améliorées, l'agriculture et l'élevage intensifiés afin d'augmenter leur productivité. Au lieu de cette mutation, la réponse des paysans a été une surexploitation de ses ressources naturelles : les défrichements ont été intensifiés, les temps de jachère réduits, les surpâturages accélérés, les feux de brousse mal contrôlés.

Ces pratiques agropastorales à productivité constante sinon régressive, se sont traduites par la disparition d'énormes superficies boisées. Elles constituent avec les sécheresses, la première cause de la dégradation du milieu naturel du bassin. Ces facteurs humains et climatiques ont pour conséquences l'existence d'importants gisements d'arbres morts. Les besoins d'énergie en milieu rural sont généralement satisfaits par l'auto collecte de ces arbres morts.

Il est important de retenir que, d'une façon générale, il ne se pose donc pas de difficultés majeures pour l'approvisionnement en bois-énergie des populations rural du bassin, mais un problème global de raréfaction d'arbres vivants, dû à l'inadaptation des systèmes de production traditionnels. Il y a lieu de parler de crise en milieu rural. Elle concerne globalement les ressources naturelles. Une crise complexe au centre de laquelle se trouve l'arbre, d'abord en tant que facteur de production (protection des champs contre l'érosion pluviale et éolienne, reconstitution de la fertilité des sols, etc.), ensuite comme produit énergétique, sans oublier ses autres usages nutritionnels (fruits, parfois aliments pour bétail) et médicinaux.

En milieu urbain, la concentration des populations a créé une forte demande de bois-énergie. Cette forte croissance s'est traduite par une consommation de bois-énergie par tête de 2,06 stères par habitant et par an. Le phénomène va s'accélérant. Pour satisfaire à cette demande, un véritable secteur économique s'est constitué mettant en relation, divers professionnels (exploitants, bûcherons ruraux ou urbains, transporteurs et revendeurs) et consommateurs urbains.

Cette forte consommation se traduit en terme de surfaces déboisées par an de 709 hectares de savanes boisées, soit 9481 hectares de savanes arborées ou encore de 22238 hectares de savanes arbustives autour de N'Djaména.

De tous les changements que le paysan du bassin a déclenchés, celui du climat est le plus perturbateur. Nous constatons :

· Un réchauffement global du climat de la région durant les 50 dernières années de l'ordre de 1°C ; un réchauffement particulièrement important depuis les années 80, en particulier à N'Djaména et une forte baisse des précipitations totales annuelles et un accroissement significatif de la fréquence des sécheresses depuis les années 90. La sécheresse et les températures excessives qui ont fait tomber la récolte de céréales de 1993-1994 en dessous du seuil de la consommation national, ont illustré les dangers que peuvent courir à l'agriculture le changement climatique ; conséquence : mise en place de famine. En retour le paysan se livre à l'exploitation du milieu naturel qui ne peut plus fournir le même rendement qu'avant pour survivre. Ainsi une « spirale descendante auto-entretenue de pauvreté économique et de dégradation de l'environnement s'instaure. » (ALAN, 1990).

· Une baisse significative des écoulements des eaux du Chari et du Logone de l'ordre de 10% entre 1990 et 2000, donc un régime hydrologique saisonnier modifié avec des conséquences sur les aménagements en agriculture et la disparition des ressources halieutiques, donc une menace certaine pour l'activité de la pêche (qui aurait pu résoudre en partie les difficultés financières des ménages);

· Une augmentation de l'évapotranspiration conduisant à une augmentation de déficit hydrique du sol, donc un flétrissement des arbres ;

· Un niveau des nappes phréatiques qui baisse avec des risques de salinisation pour les puits servant à l'alimentation des bétails (responsable de transhumance);

· Une érosion plus forte avec une plus grande dégradation des sols lors des orages ou des fortes pluies ;

· Une réduction de la durée des cycles végétatifs.

De ce qui précède, nous pensons qu'il faut induire des actions urgentes pour sauvegarder le milieu naturel du bassin déjà dégradé. Pour des raisons d'urgences, nous avons arrêté des mesures suivantes :

· D'abord ralentir le déboisement : C'est une priorité de première grandeur. Cela exige de l'Etat qu'il supprime les avantages financiers qui incitent les producteurs locaux et les spéculateurs à empiéter sur les ressources ligneuses. Pour détourner le désir que procure le gain de ce secteur, le gouvernement et les organismes internationaux de développement doivent s'employer activement à soutenir financièrement des projets de développement viable, telles que les parcelles boisées, l'aménagement des massifs forestiers ou des surfaces agro-forestières, qui permettent aux populations rurales de vivre de leur milieu encore sur pied plutôt que de l'abattre pour la production de bois-énergie ;

· Enfin dans le pire des cas, concentrer les actions sur la gestion de l'offre. Elle passe d'abord par la réorganisation du commerce bois-énergie et la responsabilisation des producteurs ruraux au regard de la ressource disponible. L'imposition d'une taxe forestière beaucoup plus contraignante est une priorité essentielle. Cette taxe sensibiliserait les producteurs ruraux et les consommateurs urbains à la dégradation de l'environnement dont l'utilisation de bois de feu et de charbon de bois est responsable. Elle inciterait les habitants tant ruraux qu'urbains à choisir des combustibles en partie sur la base de leur responsabilité respective dans le processus de réchauffement climatique du bassin d'approvisionnement. Le charbon de bois serait le plus lourdement taxé, par contre le gaz butane et le pétrole subventionnés. Ces derniers se présentent aujourd'hui comme des sources d'énergie fiables et écologiquement saines.

Pour atteindre ces objectifs, l'action des pouvoirs publics (organisation d'une semaine nationale de sensibilisation sur le déboisement : ses impacts sur le milieu naturel) doit porter sur la sensibilisation et l'information en matière d'économie d'énergie domestique pour sauver le milieu végétal qui se dégrade au jour le jour sous les yeux des pouvoirs publics, paysans producteurs et des consommateurs urbains.

Nous sommes convaincu que la prise en compte de ces inquiétudes permettra de donner une nouvelle vie à l'écologie déjà vigoureusement menacée. Mais tout n'est pas fini ; la réalisation d'études de sensibilité, de vulnérabilité et d'adaptation des ressources fauniques aux changements climatiques et actions anthropiques du bassin d'approvisionnement de la ville de N'Djaména en bois-énergie s'avèrent nécessaire et reste notre prochain objectif de recherche.

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