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Consommation de tabac et facteurs de risque cardiovasculaire associés dans une communauté urbaine congolaise. Résultats de l'étude Vitaraa.

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par Jean de dieu MANYEBWA KALEMERA
Université de Kinshasa - Spécialiste en médecine interne 2015
  

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CHAPITRE IV : DISCUSSION

Ce mémoire s'est proposé d'évaluer la prévalence de la consommation de tabac parmi les adultes congolais en milieu urbain et les facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels qui lui sont associés dans cette population. Les participants provenaient d'un échantillon aléatoire de la population d'un quartier de la ville de Kinshasa. Ils étaient sélectionnés et examinés dans le cadre de l'étude VITARAA.78,79

Les résultats saillants de ce travail indiquent que la proportion des sujets fumeurs est élevée et prédomine parmi les hommes et les jeunes. En effet, le taux des fumeurs diminue considérablement avec l'âge de sorte qu'en moyenne le fumeur était plus jeune que le non fumeur. Dans notre échantillon, les fumeurs avaient un profil lipidique favorable avec une fréquence cardiaque et des indices d'obésité faibles par rapport aux non fumeurs et ce, même après l'ajustement pour l'âge.

4.1. Prévalence du tabagisme

La consommation de tabac est retrouvée chez un peu plus de 5 % des sujets dans la présente étude. Elle prédomine dans le genre masculin avec une prévalence de 10,7%. Elle est plutôt marginale chez les femmes avec seulement 1,7 % de l'ensemble des sujets de ce sexe.

La prévalence du tabagisme dans la présente étude est comprise dans la marge de 5 à 34% avancée en 2011 par l'Organisation mondiale de la santé pour l'Afrique sub-saharienne.86 L'OMS estimait en effet que, chez les adultes des deux sexes confondus, la prévalence du tabagisme en Afrique sub-saharienne se situait entre 5% au Niger et 34% en Sierra Leone 87 Pour la République Démocratique du Congo, l'OMS chiffrait, la prévalence du tabagisme à 10% chez les adultes (hommes et femmes confondus), à, respectivement, 16 % chez l'homme et 5% chez la femme.88 Ces valeurs excèdent clairement celles trouvées dans ce travail. S'en approchent seulement les taux rencontrés en 2008 dans la province congolaise du Sud Kivu par Katchunga et al.80 Ces derniers auteurs ont trouvé pour la ville de Bukavu une prévalence du tabagisme de 11,6%. Toutefois, la prévalence observée dans la présente étude corrobore les données rapportées par Longo-Mbenza et al dans la ville de Kinshasa en 2006.89 Longo Mbenza et al ont rapporté une prévalence proche de la nôtre soit 4,4 % pour l'ensemble de leur échantillon, 10,2% chez les hommes et 0,6% chez les femmes. 89

4.2. Tabagisme et genre 

En 2011, dans pratiquement tous les pays, l'écart entre la prévalence du tabagisme chez les hommes et chez les femmes est significatif ; la prévalence estimée des femmes étant inférieure à la moitié de celle constatée chez les hommes. Les estimations de la prévalence du tabagisme en Afrique vont de 8 % à 48 % chez les hommes adultes et de 0,4 % à 20 % chez les femmes adultes90. Dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, la prévalence du tabagisme chez les femmes africaines adultes ne dépasse 10 % nulle part, à l'exception du Sierra Leone, alors qu'elle n'est inférieure à 10 % pour les hommes adultes qu'au Niger et à Sao Tomé-et-Principe.

Les raisons du faible taux de tabagisme parmi les femmes adultes dans la présente étude comme dans d'autres rapports en Afrique sub-saharienne ne sont pas totalement élucidées. Nous ne les avons du reste pas spécifiquement recherchées dans ce travail. Il n'est pas exclu cependant, que le fait que la plupart des femmes africaines dépendent largement de leurs conjoints au plan économique soit un facteur prohibitif. Néanmoins, si la prévalence du tabagisme s'avère actuellement inférieure chez les femmes, elle devrait continuer à augmenter alors que, chez les hommes, elle atteindra sa crête et déclinera, particulièrement en raison de la diminution de l'écart de prévalence entre les sexes chez les jeunes.91

Le tabagisme chez la femme est une donnée en progression dans les pays d'Afrique noire. En effet, face aux lois contraignantes en vigueur dans les pays industrialisés, les multinationales du tabac ont délocalisé leur promotion vers les pays en développement en ciblant de façon privilégiée les jeunes et les femmes.92 L'Afrique sub-saharienne a déjà et va davantage enregistrer la plus forte progression du tabagisme féminin au cours des années en cours avec des prévalences passées de 6,6 à 13% entre 2000 et 2003 en Cote d'Ivoire et de 3,5 à 7,1% entre 1999 et 2001 sur une population de 1200 femmes au Nigeria. Les industries du tabac n'hésitent pas à s'attacher les services de vedettes féminines connues pour la promotion et assimilent le tabagisme féminin à un facteur d'émancipation, de modernité, d'affirmation de la personnalité et de réussite.93

Malheureusement, peu de pays en Afrique disposent de données complètes sur les tendances de la consommation de tabac et sur ses effets ultérieurs sur la morbidité et la mortalité. La plupart de ces données n'étant que des estimations. La plupart des pays de la région ne disposent pas de données normalisées et comparables pouvant être séparées par sexe, âge et groupe à risque. Les statistiques africaines sur le tabac sont moins complètes et moins comparables que dans d'autres régions du monde, en partie en raison de sondages de petite taille, non représentatifs ou moins généralisables87. De plus, l'utilisation dans les enquêtes des méthodologies différentes limite également la possibilité de comparer les données de sondages différents.91

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