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Implication des activités extrascolaires dans le potentiel créatif de l'adolescent


par Mélody Docquois
Université Paris 8 - Psychologie de l'enfance et de l'adolescence 2013
  

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DISCUSSION

Cette étude avait pour but de montrer que les jeunes pratiquantde nombreuses activités créatives, de manière soutenue, avaient de bonnes potentialités créatives. Autrement dit, que la pratique soutenue d'activités créatives favorisait certains facteurs de la créativité. Suivant les résultats de nos hypothèses de départ, plusieurs discussions s'imposent.

PENSÉE DIVERGENTE ET PRATIQUES CRÉATIVES.

Les premières observations intéressantes relevées dans cette étude montrent que la pensée divergente des adolescents de notre échantillon augmente en fonction de leurs pratiques créatives.Nos résultats suggèrent par conséquent que le fait de pratiquer des activités créatives, sur le long terme, permettrait aux jeunes de stimuler leur pensée divergente. Cette pensée,rappelons-le, permet à l'individu de chercher des alternatives face à un problème donné. De plus, cette pensée permet de générer des idées qui peuvent se détacher de la pensée habituelle (Runco, 2010).

Revenons plus particulièrement à nos résultats. Ces derniers montrent qu'à chaque changement de groupe correspond un changement en terme de pensée divergente. Dit autrement, que (a) la pensée des adolescents du groupe 0 diverge moins que celle du groupe 1, (b) la pensée des adolescents du groupe 1 diverge moins que celle du groupe 2 et (c) la pensée des adolescents du groupe 2 diverge moins que celle du groupe 3. Cependant, et tel est le réel intérêt de nos résultats, la différence la plus significativement forte est relevée entre les adolescents pratiquant aucune ou une activité depuis seulement 1 an et ceux en pratiquant trois dont au moins deux depuis 2 ans. Qu'il s'agisse de la variable quantitatives (fluidité cognitive, c'est-à-dire le nombre d'idées trouvés à la question « quelle sont toutes les utilisations possibles d'une ou plusieurs boîte(s) en carton? ») ou de la variable qualitative (flexibilité cognitive, c'est-à-dire le nombre d'idées différentes)le contraste reste fort entre ces deux groupes. Les adolescents pratiquant de nombreuses activités créatives depuis un certain temps sont donc plus à même de surmonter l'évidence d'un problème, ici de la question, et trouvent davantage d'idées distinctes en peu de temps. Rappelons en effet que nous avons demandé aux adolescents de consacrer 10 minutes maximum à cette question.

Ces résultats vont dans le sens des conclusions de Barbot (2008), qui, dans son analyse préliminaire, a trouvé une corrélation significative (r =0.08) entre l'investissement dans des activités créatives et la fluidité cognitive des adolescents. Cette corrélation étant cependant faible, nous pouvons argumenter nos résultats,davantage significatifs, en fonction des outils utilisés dans ces deux études. De ce fait et contrairement à notre outil, qui comprenait un questionnaire ouvert avec la possibilité « autre » en intégrant le nombre d'années, celui de Barbot (2008) reposait sur un questionnaire fermé à 8 possibilités, uniquement sur la dernière année écoulée (excluant la danse, le stylisme, les arts plastiques et les éventuelles autres activités pratiquées par les jeunes). Ainsi, il est légitime de penser que les adolescents de notre échantillon étaient davantage caractérisés par leur pratique créative réelle sur le long terme : raisons pour lesquelles nos résultats paraissent plus significatifs que ceux de Barbot (2008). Nos résultats se rapprochent également, de manière plus large, de ceux de Georgsdottir et Lubart (2003), stipulant l'existence d'une relation positive entre la flexibilité cognitive et la créativité chez l'enfant. Une seconde étude permettrait de valider ou non nos résultats empiriques sur la population des adolescents.

Bien que significatifs, nos résultats sont effectivement à prendre avec précaution en raison de (a) la supposition de l'indépendance des groupes et (b) les effectifs de chaque groupe. Même si cinquante-six adolescents ont participé à notre recherche, la répartition de chacun d'eux en 4 groupes distincts d'effectif compris entre 13 et 15 a pu fragiliser nos résultats. De plus, nos observations s'appuient sur la flexibilité et la fluidité cognitive, mais nous n'avons pas pris en compte l'originalité des réponses, variable faisant cependant parti de la mesure de la pensée divergente.

L'intérêt d'une nouvelle recherche, à plus grande échelle et plus précise, paraît nécessaire pour de meilleures conclusions. Une étude ultérieure serait en ce sens requise, en prenant en compte les trois mesures de la pensée divergente (flexibilité, fluidité, originalité), afin de comparer des adolescentsne pratiquant aucune activité créative avec ceux en pratiquant trois ou plus depuis longtemps. Des conclusions surles réels bienfaits des pratiques créatives pour la pensée divergente de l'adolescent pourraient alors être pertinentes.

Ce type de pensée, bien qu'opposé à la pensée logique, est en effet empreint de bénéfices diverssur le plan cognitif, social et affectif. Rappelons que selon Guilford (1950), le développement intellectuel de l'adolescent passe par le développement de la pensée divergente. Ce mode intuitif et multidirectionnel de la pensée permet ainsi à l'adolescent de devenir acteur de ses apprentissages, de réfléchir et de se confronter à des concepts nouveaux (Guilford, 1950). En restant concentré sur notre sujet de recherche, citons Aden (2008) qui stipulait que « les pratiques artistiques ouvrent les voies d'une plus grande autonomie cognitive dans la mesure où elles favorisent la créativité et la pensée divergente » (Aden, 2008, p12).

De plus, la pensée divergente peut être un moteur de changement personnel et social puisqu'elle apporte de nouvelles réponses face à des problèmes rencontrés. L'adolescent, face à une situation particulière serait alors capable de s'y adapter par la mise en oeuvre de différents registres mentaux (Besançon et Lubart, 2008).

A ce propos, Berman et al. (2001) ont montré le lien entre les scores de la pensée divergente et le statut « exploration »9(*)des adolescents. Leurs résultats préconisaientalors que les adolescents ayant une pensée divergente élevée expérimentaientde nombreuses alternatives identitaires. Plus particulièrement, ces jeunes seraient capables de choix personnels etauraient plus confiance en eux. De même, Dollinger et al. (2005) ont montré des liens entre la quantité d'idées générées en réponse à un problème unique (critère de la pensée divergente) et la quantité d'explorations impliquées dans la construction identitaire.D'après les données de la littérature sur les liens entre le statut « exploration »et la pensée divergente (Barbot, 2008 ; Berman et al.,2001 ; Dollinger et al., 2005), notre étude tend davantage à connaître un intérêt pour l'adolescent en développement. De ce fait et suivant les résultats de notre étude, les adolescents pratiquant le plus d'activités créatives soutenues, qui obtiennent des scores de pensée divergente les plus élevés seraient plus à même de se construire une identité stable et de s'adapter aux situations rencontrées. Rappelons enfin que selon Rothenberg (1990), les pratiques créatives pourraient également être structurantes parce qu'elles impliquent des engagements, et fournissent un support d'expression utile pour la construction de l'identité.

Les bienfaits des pratiques créatives sont à nouveau relevés, même si des études complémentaires seraient utiles pour confirmer le lien entre les pratiques créatives et les nombreux avantages qui découlent de la pensée divergente.

Rappelons enfin que d'après l'approche multivariée de la créativité (Lubart, 2003), c'est l'interaction des différents facteurs de la créativité qui permet à un individu d'exploiter son potentiel créatif. Autrement dit, c'est parce-que l'individu a des connaissances et une intelligence nécessaire (facteurs cognitifs), qu'il est motivé et ouvert (facteurs conatifs), qu'il connait un environnement stimulant (facteurs environnementaux) et qu'il est dans un état émotionnel propice (facteurs émotionnels), qu'il sera capable d'entreprendre un travail créatif. Concernant notre étude, nous avons montré le lien entre la pensée divergente et les pratiques créatives de notre échantillon. Même si la pensée divergente fait partie des mesures du potentiel créatif, il importe de considérer les nombreuses autres mesures nécessaire pour établir la valeur du potentiel créatif de chacun. En effet, les adolescents pratiquant le plus d'activités créatives ont-ils des capacités de productions créatives les plus développées ? Rappelons que la pensée divergente n'est pas synonyme de pensée créative mais qu'elle nous permet de mesurer les processus cognitifs qui peuvent conduire à des idées et des solutions originales, conditions nécessaire à la créativité. (Runco, 2010). Ainsi, notre étude permet d'ajouter des variables intéressantes pour de futures recherches. Dès lors, l'ensemble des facteurs de la créativité devraient être mis en relation avec les pratiques créatives.

Récemment, Lubart, Besançon et Barbot (2011) ont d'ailleurs proposé une échelle du potentiel créatif intitulé EPOC(Évaluation du Potentiel Créatif). Cet outil permettrait de répondre de manière précise à la question suivante : les adolescents pratiquant beaucoup d'activités créatives ont-ils un haut potentiel créatif ? Cette interrogation suit la logique de notre étude, malgré le fait que nous n'ayons mesuré que deux facteurs de la créativité. Notre intérêt pour la précédente question reste entier.

TRAIT DE PERSONNALITÉ « OUVERTURE » ET PRATIQUES CRÉATIVES.

En ce qui concerne notre deuxième hypothèse, nous cherchions à démontrer que la pratique soutenue de plusieurs activités créatives favorisait l'émergence du trait de personnalité « ouverture ». Autrement dit, que les pratiques créatives avaient une influence positive sur le facteur conatif de la créativité.

En effet, des études ont montré que la persévérance, la tolérance à l'ambiguïté,l'ouverture aux nouvelles expériences,l'individualisme et la prise de risque étaient lestraits de la personnalité qui caractérisaient le plus lesindividus créatifs (Sternberg &Lubart, 1995).

Cependant, nos résultats sont à discuter. Nous avons montré, de manière descriptive, que le trait de personnalité « ouverture »avait tendance à augmenter en fonction du nombre et de la durée des activités créatives pratiquées par les jeunes. De cette manière, la moyenne des adolescents pratiquant le plus d'activités créatives soutenues était la plus élevée (M = 34 sur un score totale de 45). Celle des adolescents n'en pratiquant qu'une seule depuis seulement 1 an ou aucune était quant à elle la plus basse (M = 24 sur un score total de 45). Ces observations laissent présager que notre hypothèse de départ est intéressante. Cependant, nous avons pu observer des scores relativement similaires pour les groupes 0 et 1 (M Gp0=24 et M Gp1=26) tout comme pour les groupes 2 et 3 (M Gp2= 32 et M Gp3= 34). Contrairement à la pensée divergente, il n'y a donc pas de différence majeure entre les adolescents pratiquant aucune ou une seule activité depuis seulement 1 an et ceux en pratiquant une seule depuis plus de 2 ans. De même, la différence entre les adolescents pratiquant deux activités dont une depuis 2 ans et ceux en pratiquant trois dont deux depuis 2 ans n'est pas considérable.

Nous avons de la sorteunifié nos 4 groupes initiaux afin de ne comparer plus que deux groupes : groupe A (groupe 0 et groupe 1) et groupe B (groupe 2 et groupe 3). Les adolescents pratiquant une activité depuis 1 an et ceux n'en pratiquant aucune obtiennent des scores compris entre 18 et 30 (Médiane = 26). Les adolescents pratiquant au moins deux activités créatives depuis 2 ans obtiennent des scores entre 25 et 37 (Médiane = 32).Malgré l'hétérogénéité intra-groupe, que nous discuterons par la suite, nos résultats suivent la tendance de notre hypothèse. Les adolescents pratiquant le plus d'activités créatives obtiennent un score moyen non négligeable et supérieur à celui des adolescents ne pratiquant qu'une ou aucune activité (M gp A = 25 et M gp B= 33).

Le trait de personnalité « ouverture », rappelons-le, fait référence aux individus curieux, imaginatifs, artistes, s'intéressant à de nombreuses choses ou encore non conventionnels (Plaisant, 2008). Nous n'avons pas démontré, contrairement à Lubart et Georgsdottir (2004) une relation positive entre l'ouverture aux expériences et la créativité, mais une relation entre le trait de personnalité « ouverture » et les pratiques créatives chez les adolescents de notre échantillon. Dans la littérature cependant, les études tendent davantage à démontrer le lien positif entre le trait de personnalité « ouverture » et la créativité. Dollinger et al. (2005) ont notamment montré qu'à l'exception du trait « ouverture », aucune autre dimension de la personnalité, mesurée avec le Big Five Inventory, n'était positivement corrélée avec la créativité de la personne. Ces résultats nous permettententre autre d'assurer notre seule prise en compte des 9 items reliés à la mesure du trait « ouverture » pour établir le lien entre facteur conatif et pratiques créatives. Notre étude permet d'apprécier l'idée qu'au-delà du lien entre personne « ouverte » et créativité, il semble également exister un lien entre personne« ouverte » et pratiques créatives. Cela signifie-t-il que les personnes pratiquant de nombreuses activités créatives et « ouvertes », seraient les plus créatives ? C'est ce que nous supposons.

Une nouvelle étude paraîtcependant nécessaire pour aboutir à des conclusions significatives concernant ces liens.

En termes de limite cependant, les résultats de notre étude ont pointéune hétérogénéité intra-groupe.Cette hétérogénéité peut se comprendre en admettant les âges différents des participants. Considérant ce fait, il est important de remarquer que le groupe A comprenait des jeunes de 14 ans à 18 ans. Le groupe B quant à lui comprenait des jeunes de 15 à 17 ans. L'âge réel, variable non prise en compte dans nos données, peut sans doute expliquer une partie des différences intra-groupes observées. Notamment en ce qui concerne le facteur« personnalité » à l'adolescence. En effet, la formation identitaire peut coïncider avec le développement de la personnalité (Lubart & Barbot, 2012), qui selon des études longitudinales, suit des épisodes de croissance, de stabilité et d'affaiblissement au cours de l'adolescence (Barbot, 2008). La mesure d'un trait de personnalité chez les adolescents encore en construction identitaire n'a en ce sens pas objectivé totalement nos résultats. Au contraire, en s'intéressant, par l'intermédiaire d'un auto-questionnaire au trait de personnalité « ouverture », nous admettons les limites de notre seconde hypothèse. Notamment, nous concevons que ce type d'auto-questionnaire a pu provoquer un biais de désirabilité sociale, qui rappelons le, peut amener un individu à décrire, de manière consciente ou non, les meilleures facettes de sa personnalité.

Par ailleurs, l'hétérogénéitéet les résultats observés pourraientégalement être expliqués par le rang occupé par les jeunes dans la fratrie. Selon Lubart et Lautrey (1998), il pourrait véritablement exister des liens stables entre le rang dans la fratrie et certains traits de personnalité importants pour la créativité : les benjamins étant plus sociables et ouverts que les aînés.

Pour des résultats plus précis entre les facteurs conatifs de la créativité et les pratiques créatives, le facteur de la motivation intrinsèque aurait pu être intéressant à juger. En effet, selon Prabhu, Sutton et Sauser(2008), c'est la motivation intrinsèque qui favoriserait la relation positive entre « ouverture » et « créativité ». Ainsi, il aurait été utile de comparer le plaisir et l'intérêt qu'ont les adolescents pratiquant plusieurs activités créatives par rapport à ceux n'en pratiquant qu'une seule. La motivation intrinsèqueest, rappelons-le, une condition nécessaire à l'élaboration créative (Lubart, 2003).

Enfin, rappelons que le facteur conatif de la créativité ne fait pas uniquement référence au trait de personnalité « ouverture ». Il regroupe également la prise de risque, l'individualité ou encore la tolérance à l'ambiguïté (Lubart, 2003). Nous supposons qu'une recherche plus précise aurait pu relever le lien entre l'ensemble des facteurs conatifs et les pratiques créatives.

PENSÉE DIVERGENTE, TRAIT DE PERSONNALITÉ « OUVERTURE » ET PRATIQUES CRÉATIVES

Après avoir discuté des principaux résultats de notre étude, il reste un point important à aborder qui est la relation entre nos deux variables dépendantes concernant notre variable indépendante : la pratique créative. Suite à nos données, nous pouvons suggérer que les pratiques créatives sont en lien avec d'une part, la pensée divergente et d'autre part, la personnalité « ouverture ». Nous avons en effet montré que les adolescents pratiquant le plus d'activités créatives, de manière soutenue, obtenaient des scores élevés aussi bien à la tâche de pensée divergente qu'à l'échelle du trait de personnalité « ouverture ». Les adolescents de notre étude, pratiquant au moins trois activités créatives dont deux depuis plus de 2 ans, ont trouvé de nombreuses idées différentes en peu de temps et se caractérisent eux-mêmes comme imaginatifs (item 20), inventeurs (item 25) ou encore créatifs (item 5). Cette étude a permis de donner des pistes favorables concernant le lien entre pratiques créatives et créativité. Cependant, cette étude ne s'est basée que sur deux facteurs du potentiel créatif. Or, d'autres constituants sont relevés dans la littérature visant à établir les conditions favorables à la créativité de chaque individu. Suivant ces perspectives, notre étude laisse de nombreuses opportunités aux recherches ultérieurescherchant à vérifier le lien entre les pratiques créatives et le potentiel créatif de l'adolescent. De plus, il paraît utile d'étudier les bénéfices de ce lien pour l'adolescent.

OUVERTURE ET PERSPECTIVE

De nombreuses problématiques émergent suite à cette présente étude. Elles nous permettent d'ouvrir le champ des recherches sur la créativité. Nous l'avons vu dans notre partie théorique, la créativité varie et se développe de manière non linéaire (Lau & Cheung, 2010 cité par Barbot 2008). Aussi, l'environnement joue un rôle sur le potentiel créatif d'un individu (Lubart, 2005). Plus particulièrement, les familles qui fournissent une stimulation à travers la mise à disposition de nombreux livres, de magazines ou d'activités culturelles auront tendance à favoriser la pensée créative de leur enfant (Simonton, 1984 cité par Lubart & Georgsdottir, 2004). La stimulation familiale aurait alors un rôle majeur dans la créativité de l'enfant et de l'adolescent.

Rappelons que selon Lubart (2003), la créativité naît de la combinaison interactive de différents facteurs (psychologiques, type de pensée, personnalité, émotions...), qui va créer des niveaux de créativités variables. Le potentiel créatif existerait donc en chacun de nous, et serait mis en oeuvre dans l'environnement.L'intérêt de ces théories nous laisse supposer que la stimulation familiale permettrait à l'enfant de s'intéresser davantage aux activités créatives, à les pratiquer et à laisser exploiter son potentiel créatif. Nous pensons, tout comme Karbowniczek, (2010), que la famille, et particulièrement le rôle qu'elle occupe dans la stimulation de son enfant ou adolescent, peut permettre à ces derniers une ouverture de pensée et de centres d'intérêts. Des recherches montrent d'ailleurs que les enfants provenant de familles à structuration rigide trouvent moins d'idées que les enfants provenant de famille à structuration souple dans des tâches de pensée divergente (Lubart & Lautrey, 1998). De même, la fratrie aurait un rôle dans le développement de la pensée divergente. Les enfants de familles nombreuses seraient alors plus susceptibles de partager, de diviser ou de prendre en compte les points de vue des frères et soeurs. Ces échanges favoriseraient la flexibilité des enfants dès le plus jeune âge (Runco, 2010).

Enfin, après avoir abordé le facteur familial dans le potentiel créatif, revenons, pour compléter le rôle de l'environnement dans le développement de la créativité, sur l'école. Lieu par ailleurs, très largement investit par l'enfant et l'adolescent. Ainsi, quel rôle peut avoir l'école dans la créativité de l'enfant ? Nous l'avons vu, les récessions temporaires de la créativité apparaissent chez les enfants de 5-6 ans avec l'entrée au CP (Torrance, 1968). De plus, elle se retrouve chez les adolescents de 14-15 ans dans le passage du collège au lycée (Lubart, 2003 ; Barbot, 2008). Ces ralentissements seraient entre autres expliqués par l'intégration de règles de conduite et de la demande d'une conformité aux nouvelles règles (Runco, 2010). Il faudrait, selon Lubart (2003), repenser et réinventer l'éducation en se posant des questions que de grands chercheurs comme Jean Piaget se posaient déjà il y a quarante ans ; l'école doit-elle former des imitateurs et des conformistes ou bien des inventeurs, capables de dépasser les générations précédentes ?

En d'autres termes, et suivant notre problématique de recherche, demandons-nous si l'école peut stimuler la créativité, en développant d'autres modes de pensées, notamment la pensée divergente et l'ouverture à de nouvelles expériences ?

Dès lors, la place des activités créatives pourrait être pensée au sein même des établissements scolaires. En effet, nous avons montré que les adolescents pratiquant le plus grand nombre d'activités créatives, de manière soutenue, avaient une pensée divergente et un trait de personnalité « ouverture » les plus élevés. Cependant, au lycée notamment, même si le sport reste un enseignement faisant parti du programme scolaire, les arts-plastiques ou la musique ne sont proposés que de manière optionnelle et en place limitée. Nous ouvrons en conséquence le champ de rechercheen nous interrogeant sur les bénéfices des pratiques créatives pour l'adolescent (et l'enfant) au sein même de son établissement scolaire.

* 9 Selon la typologie de Marcia (1993).

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery