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Influence de séances de médiation sur l'activité et le stress d'un chien (canis lupus familiaris)


par Anabelle Gris
Université Paris 13 - Master 1 2016
  

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UNIVERSITE PARIS 13 - UFR LLHS

MASTER 1 ETHOLOGIE

Promotion Claude BAUDOIN

DOMAINE DE FORMATION : SCIENCES, TECHNOLOGIES, SANTE

Influence de séances de médiation sur l'activité et le stress d'un chien
(Canis lupus familiaris).

Par

Anabelle GRIS

Pôle Collectif Saint Simon

Céline Barrier

Mai 2016

1

Sommaire :

Introduction 2

Matériel et méthodes 4

Sites de l'étude et animal sujet 4

Déroulement d'une journée-type 4

Protocole 5

Etape 1 5

Etape 2 5

Ethogramme 5

Analyses statistiques 6

Comparaison entre les matins et les soirs des différents types de journées 7

Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes types de journées 7

Comparaison entre les journées avec et sans médiation en totalité 7

Résultats 7

Comparaison entre les matins et les soirs des différents types de journées 7

Le stress 7

La fatigue 8

Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes types de journées 9

Le stress 9

La fatigue 9

Comparaison des journées avec et sans médiation en totalité 10

Le stress 10

La fatigue 11

Discussion 12

Remerciements 13

Références bibliographiques 14

2

Introduction

La médiation animale est une pratique encore mal définie tant elle a d'appellations différentes comme « thérapie assistée par l'animal », « zoothérapie », « activité associant l'animal » (Vernay et les membres du GRETFA 2005) et bien d'autres encore. Mais même si ces termes tendent à désigner la même pratique, il existe bel et bien des nuances entre eux qui se retrouvent dans l'application de la médiation. Par exemple, tout ce qui s'associe à la thérapie est assimilée aux pratiques qui engendrent des apprentissages permettant aux personnes dans ces thérapies de mieux surmonter leurs difficultés grâce à la présence animalière. La Delta Society ( http://www.deltasociety.org/) qui pratique ces thérapies assistées par l'animal, définissent leur but comme étant « d'améliorer le fonctionnement cognitif, physique, émotionnel ou social d'une personne ». Il existe aussi un autre terme que nous utiliserons plutôt dans notre cas : l'IAA (Interventions Assistées par l'Animal) qui est utilisé, non pas dans un but thérapeutique mais plutôt dans un but éducatif et social (Maurer et al 2008). Selon cette définition l'accompagnateur de l'animal médiateur n'est donc pas un professionnel de la santé (Barrier 2013).

Maurer et al (2008) ont analysé dix programmes de thérapies assistées par l'animal. Il en ressort que ce sont principalement les animaux à fourrure comme le chien (Canis lupus familiaris) qui sont utilisés, suivi par le cheval. Bien que d'autres animaux tels que chat, souris, vache, chèvre, etc. soient également utilisés. Beaucoup d'études ont été réalisées sur l'amélioration de la santé et du moral des patients au contact des animaux, par exemple l'étude de Grandgeorge (2010) met en évidence des améliorations de certaines compétences sociales chez les enfants avec autisme quand un animal est intégré dans leur cadre de vie. Cependant quand il s'agit de mesurer l'impact de ces séances de médiation sur le bien-être de l'animal, les recherches deviennent moins nombreuses. Pourtant, des études ont montré que pour l'humain, en particulier pour les personnels soignants, être aux côtés de personnes présentant des pathologies peut être une cause de stress (Tavares 2009), il est même parfois difficile dans certains cas de prendre de la distance dans l'écoute des patients (Widlöcher 2004). De plus, il existe différentes preuves que le chien - qui est le modèle étudié ici -, peut ressentir du stress dans certaines situations, cependant leurs réponses ne sont pas universelles et peut varier d'un individu à l'autre. Ainsi établir un éthogramme du stress chez le chien n'est pas chose aisée. L'environnement et le comportement du chien lui-même peuvent induire des variations dans les comportements

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typiques du stress (Hiby et al 2006 ; Rooney et al 2007). Cependant certaines caractéristiques ressortent régulièrement : Tuber et al (1996) ont fait une étude sur les chiens en situations nouvelles. Dans cette optique ils ont comparé leur taux de glucocorticoïdes (qui augmente avec le stress) avec les comportements des chiens, il en ressort que ces derniers sont plus stressés quand ils sont face à une situation nouvelle et ont alors tendance à faire plus de vocalisations. Beerda et al (1997) ont défini le comportement de stress du chien par l'augmentation de sursaut, de paw lifting (tendre la patte avant), d'halètement et de léchage de museau. Beerda et al (1999) ont continué la liste en ajoutant l'augmentation de défécation et de production d'urine, de comportement d'agression, de soupirs, le chien a également tendance à courir après sa queue ou à se mettre en posture basse. Cependant il y a une diminution dans les comportements qui consistent à creuser le sol. Pour Dehasse (2009), des comportements de grattage ainsi que des bâillements sont aussi des signes de stress, bien que ce dernier comportement puisse aussi être utilisé pour se tranquilliser. Enfin, on peut ajouter des éléments retenu par Aubertin (2012) qui sont l'auto-toilettage, les étirements et quand il se secoue. La fatigue peut aussi être reliée au stress, le manque de jeu chez les chiens est un signe de stress, d'anxiété ou même de déprime (Dehasse 2009).

Au vue de ces éléments, on peut légitiment se poser la question si l'utilisation d'un chien lors d'interventions assistées par l'animal pourrait provoquer un mal-être chez lui avec l'apparition de comportements de stress comme c'est le cas chez l'humain. On peut donc émettre l'hypothèse suivante : le chien sera plus stressé et plus fatigué à la fin des journées avec médiation par rapport aux journées sans médiation. Les journées passées en médiation étant censés être plus dure physiquement et moralement que lors des journées sans médiation.

Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons à notre disposition deux types de journées : des journées « OFF » où le chien n'est pas en médiation, l'animal n'a donc aucune raison d'être plus stressé ou fatigué qu'une autre journée de ce type. Il est dans un lieu où il peut se comporter comme chez lui, librement. Et des journées « ON » où le chien est en situation de médiation avec des enfants d'un ITEP (Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique). Les ITEP accueillent des enfants, des adolescents et même aussi des jeunes adultes ayant des difficultés psychologiques notamment des troubles du comportement qui nuisent à leur apprentissage et à leur socialisation. On peut retrouver

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parmi les symptômes des troubles du comportement des passages à l'acte, des décharges motrices ou même de la destructivité (Collectif AIRe 2013).

Matériel et méthodes

Sites de l'étude et animal sujet

Cette étude a été réalisée sur deux lieux différents :

- Pour les journées sans médiation, nous étions à l'ERASME de Labège, les mesures étaient réalisées dans une salle fermée et calme. Le reste de la journée, le chien est libre de ses mouvements et il est connu des occupants des lieux.

- Pour les journées avec médiation, nous étions au Pôle Collectif Saint Simon de Toulouse qui est un ITEP accueillant des enfants et des adolescents avec des troubles comportementaux. Pour réaliser les mesures, nous étions dans une salle fermée, volets et rideaux fermés également pour éviter trop de perturbations de la part des enfants jouant à l'extérieur.

Le chien étudié se nomme Junky, c'est un mâle croisé issu de différentes races faisant une quarantaine de kilos, il a été adopté à la SPA en octobre 2014 alors qu'il avait entre 2 et 3 mois.

Déroulement d'une journée-type

À l'ERASME, Junky n'a aucune tâche a effectué, il reste au pied de sa maîtresse, ou évolue librement dans l'établissement, va à la rencontre des étudiants et du personnel présent sur les lieux. Après la pause déjeuner, une petite balade d'une dizaine de minute dans le terrain de l'établissement est effectuée avec lui pour le faire sortir un peu.

À l'ITEP, à son arrivé, Junky est souvent accueilli par des enfants qui se promènent au sein de la structure. À 10h30, la première séance à lieu, c'est une séance où il n'est pas actif, il est dans un coin de la salle de cours sur son coussin pendant que celle-ci se déroule normalement avec, au sein de la classe, plusieurs adolescents accompagnés de deux éducateurs. Junky peut déambuler au sein de la classe comme il le souhaite, les enfants peuvent alors interagir avec lui. À la fin de la séance, à 11h30, plusieurs adolescents demandent à caresser Junky s'il est retourné sur son coussin. La pause déjeuner se déroule dans une salle à part, sans les enfants, avec la présence du personnel de la structure où il

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nous accompagne. La séance de l'après-midi commence à 13h30 avec 3 enfants ne s'entendant pas entre eux. Elle commence autour d'une table ronde avec le programme de la séance, puis des agrès d'agility sont installés, le but est que les enfants arrivent à faire faire au chien un parcours entier à la fin des séances avec un spectacle en fin d'année. Pour cela, les enfants doivent apprendre petit à petit au chien les différents obstacles, les enfants doivent s'entraider pour cela. Junky est donc particulièrement sollicité au cours de cette séance qui se termine à 14h30 par un compte-rendu du ressenti de chacun.

Protocole

Dans les deux cas (avec et sans médiation), les étapes qui suivent se déroulent aux même heures (vers 10h au début de la journée et vers 15h à la fin), dans des lieux au maximum similaires c'est-à-dire des salles fermées avec seulement la présence de la maîtresse et de l'expérimentateur et un minimum de perturbations extérieures.

Etape 1

Dans la salle, on laisse Junky agir librement. Ses actions sont filmées pendant 10min pour pouvoir par la suite relever et comptabiliser les occurrences des comportements liés au stress. À l'oral on ajoute quelques notes qui pourraient être intéressantes qualitativement pour les retranscrire par la suite par écrit.

Etape 2

La fatigue du chien est mesurée grâce à l'utilisation d'un jeu : « rapporter ». Dans la même salle, sur une courte distance qui est toujours la même, la propriétaire lance un jouet auquel Junky est habitué pour qu'il puisse le rapporter. On lance le chronomètre à partir du moment où le jouet est lancé pour le stopper quand le chien l'a rapporté. 10 lancés sont effectués à chaque fois. Des notes sont également prises dans un but qualitatif.

Ethogramme

L'éthogramme suivant regroupe les comportements relevés dans les vidéos et considérés comme des éléments indicatifs du stress chez le chien :

Comportements

Descriptions

 
 

Vocalisation

Geignement, aboiement, grognement

6

Halètement

 

Sort la langue et halète

Léchage du museau

Le bout de la langue sort et lèche le museau

Paw lifting

Tend la patte avant

Sursaut

Sursaute

Urine

Urine

Défèque

Défèque

Agression

Poils soulevés accompagné de grognements

Se mord la queue

Tourne en rond pour attraper sa queue

Soupir

Expire d'un seul coup

Posture basse

Queue en position basse, voire repliée sous les pattes ; oreilles basses, voire couchée sur la tête, pattes fléchies ou non ; sur le ventre ou non

Bâillement

Baille

Auto-toilettage

Se lèche une partie du corps

Grattage

Se gratte une partie du corps

Etirement

S'étire

Se secoue

Se secoue

Analyses statistiques

En raison du petit nombre de journées où il a été possible de faire les mesures, des tests non-paramétriques sont utilisés. La totalité de ces tests sont effectués grâce au logiciel R version 3.2.2. Au vue des journées où il a été possible de faire des relevés, nous avons à notre disposition 4 journées avec médiation dites ON, et 6 journées sans médiation dites OFF. Pour chacune des journées les relevés étaient effectués une fois le matin et une fois dans l'après-midi (marqué « soir » dans les résultats) pour chaque modalité (stress et fatigue).

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Comparaison entre les matins et les soirs des différents types de journées

Une analyse descriptive est effectuée puis on compare les moyennes des occurrences de comportements de stress ainsi que du temps de latence pour rapporter pour les matins avec et sans médiation ainsi que les soirs avec et sans médiation grâce à un test de permutation pour groupes indépendants (méthode exacte). Ceci afin de répondre à la problématique principale concernant l'augmentation du stress et de la fatigue à la fin des journées avec médiation. Cependant pour compléter l'analyse d'autres comparaisons sont effectuées.

Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes types de journées

On commence par faire une analyse descriptive, puis une comparaison des moyennes des occurrences des comportements de stress et du temps mis pour rapporter entre les matins et les soirs pour d'un côté les journées avec médiation et d'un autre les journées sans médiation. Pour ce faire on effectue un test avec la méthode de Monte-Carlo au vue des groupes appariés.

Comparaison entre les journées avec et sans médiation en totalité

Une analyse descriptive est tout d'abord effectuée, puis une comparaison des moyennes des occurrences de comportements de stress ainsi que du temps mis pour rapporter matin et soir. Pour cela, des tests exacts de permutation ont été réalisés entre les deux types de journées sans distinction entre matin et soir.

Résultats

Comparaison entre les matins et les soirs des différents types de journées Le stress

Avec l'analyse descriptive, on peut en effet observer des différences entre matins et soirs des journées différentes (cf. Figure 1). Le matin des journées ON semble être plus stressant que le matin des journées OFF (32,25 occurrences de comportements de stress #177; 19,10 contre 20,33 #177; 8,07). Pour le soir, à première vue ce serait l'inverse avec une moyenne de 20,67 #177; 7,63 pour les journées OFF contre 14,75 #177; 6,85 pour les journées ON. Cependant ces différences ne sont pas significatives : p=0,20 (Z=-1,32) pour les matins et p=0,24 (Z=1,21) pour les soirs d'après les tests de permutation.

Figure 1 : Moyennes des occurrences des comportements de stress en fonction du moment de la journée (matin ou soir) et selon le type de journée (ON en gris ou OFF en noir). Les barres d'erreurs représentent les écart-types.

La fatigue

Il n'y a aucune différence entre les matins et les soirs des différentes journées concernant la fatigue du chien (cf. Figure 2). En effet, pour le matin on a une moyenne de 5,34 sec #177; 0,32 concernant les journées OFF et 5,53 sec #177; 0,49 pour les journées ON (p=0,47, Z=0,79). Pour le soir le même schéma se répète avec une moyenne de 5,69 sec #177; 0,64 pour rapporter lors des journées OFF et 5,73 sec #177; 0,22 pour les journées ON (p=0,92, Z=-0,12).

 

Figure 2 : Moyennes

des temps en
secondes mis par le chien pour rapporter le jouet en fonction du moment de la journée (matin ou soir) et selon le type de journée (ON en gris et OFF en noir). Les barres d'erreurs

représentent les
écart-types.

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Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes types de journées Le stress

Concernant les journées ON (avec médiation), on peut constater une différence entre le nombre de comportements de stress en moyenne le matin (32,25 #177; 19,10) et le soir (14,75 #177; 6,85). Cependant cette différence n'est pas significative (p=0,14, Z=1,52). Pour les journées OFF (sans médiation), on ne distingue pas de différence même dans l'analyse descriptive, le nombre de comportements de stress en moyenne est de 20,33 #177; 8,07 le matin et de 20,67 #177; 7,63 le soir. Le test de permutation vient confirmer cette absence de différence de par sa non significativité (p=0,97 Z=-0,08). Cf. Figure 3.

Figure 3 : Moyennes des occurrences des comportements de stress en fonction du type de journée (ON ou OFF) et selon le moment de la journée (matin en noir et soir en gris). Les barres d'erreurs représentent les écart-types.

La fatigue

Comme signalé précédemment au niveau de la fatigue on ne distingue pas de changement particulier entre matins et soirs des différents types de journées, il en est de même quand on compare le matin et le soir d'une même journée (cf. Figure 4). En effet, concernant les journées ON, le temps moyen en secondes mis par le chien pour rapporter le jouet est de 5,53 sec #177; 0,49 le matin et de 5,73 #177; 0,22 le soir. Après avoir effectué un test de permutation, on confirme que la différence n'est pas significative (p=0,51, Z=-0,74). En

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ce qui concerne les journées OFF, on retrouve des valeurs similaires avec une moyenne de 5,34 sec #177; 0,32 le matin et 5,69 sec #177; 0,64 le soir. De même la différence observée n'est pas significative (p=0,26, Z=-1,18).

Figure 4 : Moyennes des temps en secondes mis par le chien pour rapporter le jouet en fonction du type de journée (OFF ou ON) et selon le moment de la journée (matin en noir et soir en gris). Les barres d'erreurs représentent les écart-types.

Comparaison des journées avec et sans médiation en totalité Le stress

Une petite différence peut être perçue entre la moyenne des occurrences des comportements de stress sur la journée entière des journées OFF (20,5 #177; 7,49) et des journées ON (23,5 #177; 16,25). Cependant cette différence n'est pas significative (p=0,62, Z=-0,57). Cf. Figure 5.

Figure 5 : Moyennes des occurrences des comportements de stress du chien en fonction des
deux types de journées (OFF ou ON). Les barres d'erreurs représentent les écart-types.

La fatigue

La différence des moyennes du temps en secondes mis par le chien pour rapporter sur la totalité d'une journée par rapport à l'autre est faible (cf. Figure 6). Nous avons une moyenne de 5,51 #177; 0,51 concernant les journées OFF et une moyenne de 5,63 #177; 0,37 concernant les journées ON. Cette légère différence n'est pas significative (p=0,58, Z=1,18).

 

Figure 6 : Moyennes des temps en secondes mis par le chien pour rapporter le jouet en fonction du type des deux types de journées (OFF ou ON). Les

barres d'erreurs

représentent les

écart-types.

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Discussion

Notre étude ne semble pas montrer un stress ou une fatigue particulière du chien lorsqu'il fait des séances de médiation pour des enfants avec des troubles du comportement. En effet, le chien étudié ici n'est pas plus stressé ou plus fatigué lors d'une journée avec médiation par rapport à une journée sans médiation, les différences étant non significatives pour toutes les comparaisons testées. Notre hypothèse qui était que le chien devrait être plus stressé ou plus fatigué, comme un humain l'est au contact de personnes présentant des pathologies semble donc erronée. Peut-être que le chien est plus apte que l'Homme à supporter cette présence ? On peut toutefois remarquer l'écart-type important lors de la moyenne des comportements de stress concernant le matin des journées ON qui est dû à une grande excitation du chien à cause d'un animal poursuivi à sa sortie de voiture lors d'un matin de relevé. Lors d'une grande excitation comme ce fut le cas ici, beaucoup d'halètement sont présents, hors Beerda et al (1997) ne précisent pas les signes qui peuvent indiquer le stress autour de l'halètement, leurs grands nombre est donc comptabilisés malgré tout.

Cependant en discutant avec la maitresse de Junky, elle m'a parlé d'une différence dans le comportement de son chien selon le type de journée. En effet, une fois rentrés chez eux Junky est fatigué et reste couché après une journée de médiation alors qu'il est encore éveillé après une journée sans médiation. Aussi, la méthode utilisée pour calculer la fatigue n'est peut-être pas concluante et devrait être changée. Junky n'étant plus habitué à rapporter il arrivait qu'il lâche le jouet avant d'arriver à sa maitresse afin de recevoir plus vite une récompense. Dans ces cas-là, à partir du moment où il a fait le geste de ramener le jouet, même en le lâchant avant je comptabilisais le temps mis pour aller jusqu'à elle, par contre je ne comptais pas s'il ne prenait même pas la peine de ramener le jouet. Ainsi plusieurs fois il n'a pas ramené le jouet à cause d'une perturbation extérieure et une perte de concentration. Par contre on peut noter que pendant la période où une vidéo était faite, lors des journées sans médiation, Junky récupérait le jouet posé sur la table et demandait à jouer, surtout sur les dernières séances. Il semblerait donc qu'un phénomène d'habituation se soit mis en place, le chien associant cette pièce au jeu. Dans celle-ci, il y avait de la moquette que Junky apprécie beaucoup et à tendance à s'y frotter ce qui est un signe de bien-être (Dehasse 2009).

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Plusieurs limites sont à signaler à propos des résultats. Tout d'abord le temps nous était compté d'autant plus qu'une seule journée par semaine était consacrée à la médiation, sans doute que faire les relevés tout au long d'une année scolaire aurait donné de meilleurs résultats. De plus pendant cette période, sont intervenues deux semaines de vacances scolaires ainsi qu'un jour férié correspondant au jour des analyses avec médiation. Le milieu scolaire est plein d'imprévus (Bénaïoun-Ramirez 2009) et j'ai pu réellement le constater en étant sur le terrain, encore plus quand il s'agit d'un ITEP avec des enfants aux comportements imprévisibles d'une séance à l'autre que les enseignants éducateurs doivent gérer au mieux (Ponsard 2012). Ainsi à chaque séance les élèves n'étaient plus les mêmes, quand certains partaient pour des raisons qui leurs sont propres, d'autres arrivaient. De plus dans le contexte actuel (Renoult 2016), certaines journées ont été raccourcies de par les enseignants faisant grèves et donc n'assurant pas les cours. On peut également signaler que, devant m'adapter au terrain, les lieux des journées avec médiation et ceux des journées sans médiation pour effectuer les mesures n'étaient pas les mêmes. Les conditions étaient respectées au maximum cependant des différences sont obligatoirement présentes. Aussi, comme les lieux de relevés étaient différents, le trajet n'était pas tout à fait le même ainsi que le temps passé par le chien en voiture. Les lieux de promenade pour sortir le chien étaient aussi différents par conséquent.

Il serait intéressant de continuer dans cette voie, avec un plus grand échantillon de chiens ou même vérifier chez d'autres espèces en standardisant mieux les conditions de relevés. On pourrait également varier les publics auprès desquels les médiations sont réalisées, des différences sont peut-être visibles selon l'âge et/ou la pathologie des patients ?

Remerciements

Je tiens à remercier Céline Barrier et son compagnon à 4 pattes Junky pour m'avoir permis de faire mon stage à ses côtés et pour m'avoir aidée tout au long de ces deux mois. Je remercie également les équipes du Pôle Collectif Saint Simon de Toulouse et de l'ERASME de Labège pour m'avoir intégrée si facilement dans leurs structures respectives. Je remercie ma tutrice Renée Fénéron pour avoir pris le temps de me conseiller et de répondre à mes nombreuses interrogations, ainsi que Jean-Luc Durand pour son aide en statistiques. Enfin, un dernier merci pour tous les autres qui m'ont aidée dans la rédaction de ce mémoire.

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Références bibliographiques

Aubertin, C. 2012. Réponses comportementales indicatrices de stress chez des futurs chiens d'assistance en réaction à la vie en groupe. Mémoire de Master 1 Ethologie, Villetaneuse : Université de Paris 13.

Barrier, C. 2013. Un chien dans la classe : étude expérimentale de l'effet d'un animal médiateur sur le climat social de la classe d'ITEP. Mémoire de Master 2 Recherche en Éducation, Formation et Pratiques Sociales, Toulouse : Université de Toulouse II-Le Mirail.

Beerda, B., Schilder, M. B., van Hooff, J. A., & De Vries, H. W. 1997. Manifestations of chronic and acute stress in dogs. Applied Animal Behaviour Science 52(3): 307-319.

Beerda, B., Schilder, M. B., Van Hooff, J. A., De Vries, H. W., & Mol, J. A. 1999. Chronic stress in dogs subjected to social and spatial restriction. I. Behavioral responses. Physiology and Behavior 66(2) : 233-242.

Bénaïoun-Ramirez, N. 2009. Faire avec les imprévus en classe: représentations professionnelles et construction de la professionnalité. Chronique sociale.

Collectif AIRe. 2013. Ces enfants, qu'est-ce qu'ils ont ? Qu'est-ce qu'on fait avec eux ?. Empan 92: 25-31

Dehasse, J. 2009. Tout sur la psychologie du chien. Paris : Odile Jacob.

Grandgeorge, M. 2010. Le lien à l'animal permet-il une récupération sociale et cognitive chez l'enfant avec autisme ?. Thèse de Doctorat en psychologie du développement, Rennes : Université de Rennes 2.

Hiby, E.F., Rooney, N.J. & Bradshaw, J.W.S. 2006. Behavioural and physiological responses of dogs entering re-homing kennels. Physiology and Behavior 89: 385-391.

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Renoult, M. 2016, 18 mai. Loi Travail. Manifestation, barrages, trafic aérien perturbé et grève SNCF : un jeudi noir à Toulouse. actu.cotetoulouse.fr. Repéré à http://actu.cotetoulouse.fr/manifestation-contre-loi-travail-ce-qui-va-bloquer-toulouse-jeudi_36368/

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Tavares, M. O. P. 2009. Le burnout chez les soignants : facteurs prédisposants et moyens de prévention. Mémoire de Bachelor of science HES-SO en soins infirmiers, Fribourg : Haute école de santé.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry