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Analyse de la mise en oeuvre du processus de la migration de la télévision analogique à  la télévision numérique terrestre en république démocratique du Congo.


par Hugues Mpaka
Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Licence Sciences de l'information et de la Communication 2020
  

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I.2.2. Appropriation

Etymologiquement, le concept « appropriation » tire ses origines du latin : appropiare qui renvoie à l'action de rendre sien, de s'approprier quelque chose.

D'après KAGAMA, le repérage des caractéristiques propres d'un média dominant permet d'aborder ses conséquences sur la culture et le fonctionnement de la société. Par ailleurs, l'appropriation est le pouvoir d'user, de personnaliser l'emploi de l'objet à des buts qui paraissent les plus avantageux, indépendamment du destin primordial de l'objet48.

Avec le philosophe Haumesser, l'appropriation se définit à travers quatre notions : l'aliénation(l'appropriation passe par une croyance, une culture, une technologie de l'objet étranger qui devient propre à l'individu), l'intériorisation(l'individu à travers l'apprentissage modifie les règles de l'usage de l'objet de l'appropriation et les ajustent dans le but de singulariser l'objet), la singularisation() et la volonté autonome de l'individu(elle ne vise pas la modification de l'objet

47 Chambat Pierre ; Usages des technologies de l'information et de la communication (TIC) : évolution des problématiques, TIS, vol. 6, n°3, Dunod, 1994, p. 249-270

48 KAGAMA, l'appropriation des TIC et de développement, in
http://www.er.urgan.ca/nobe/d3.61/develop:html consulté le 09 octobre 2020

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d'appropriation, toutefois se présente comme une stratégie individuelle propre à faciliter l'apprentissage)49.

Dans ses propos, Haumesser met en exergue la volonté consciente de l'individu sans laquelle l'appropriation ne peut se réaliser. Pour ce dernier, par opposition à un processus naturel, l'appropriation est un processus voulu car l'objet de l'appropriation ne provient pas de l'individu, il vient s'ajouter comme une « seconde nature » à l'individu.

En sociologie le concept d'appropriation trouve son origine dans l'anthropologie de Karl Marx, qui l'inscrit dans sa conception du travail comme l'impulsion motrice primordiale50. L'appropriation désigne, chez Marx, le processus par lequel les hommes dépassent ce qu'ils ont extériorisé grâce à un effort d'objectivation pour s'engendrer eux-mêmes à travers la maîtrise et l'évolution de savoirs. L'école marxiste met ainsi en lumière les dimensions majeures de l'appropriation : L'action sur le monde, le travail, la praxis.

Il est important de souligner avec Nelly Massard que l'appropriation recouvre trois processus donnant lieu chacun à un résultat qu'elle a nommé « état » d'appropriation51 :

- Le processus cognitif, issu des travaux en Sciences du langage, en Sciences de l'éducation, en Ergonomie. A ce niveau l'appropriation est le processus qui permet à un individu de rééquilibrer sa structure cognitive

49 Haumesser, M. ; « La « seconde nature », entre propre et appropriation » 2004, in J.-P. Zarader (dir.) ; La propriété : le propre, l'appropriation, CAPES/Agrégation Philosophie, Paris, Ellipses, p. 93

50 Serfaty-Garzon, P.; L'appropriation, 2003, in M. Segaud, J. Brun et J.-C., Driant (dir.); Dictionnaire critique de l'habitat et du logement, Paris, Éditions Armand Colin, p.27-30 disponible sur http://www.perlaserfaty.net

51 Massard Nelly, Revisiter la notion d'appropriation : Pour une application au cas des ERP,

Sciences de Gestion, Université Claude Bernard, Lyon 1 Institut Universitaire de Technologie A

- Le processus de formation de pratiques qui provient des travaux en Sciences de gestion, et notamment l'approche structurationniste.

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suite à des perturbations dans son environnement. Ses représentations vont guider son action avec l'outil et cette action va réactualiser ses représentations. C'est un processus récursif. Le résultat de ce processus est une « stabilité » retrouvée suite à cette phase de perturbation dans la structure cognitive de l'individu. Dans le cas de l'appropriation d'un outil, il se manifeste par une récurrence en termes d'utilisation et se caractérise par une maîtrise cognitive et technique minimale du dispositif technique pour en faire usage. Dans le cas de l'appropriation d'un savoir, on parle d'une intériorisation des connaissances.

- Le processus de construction de sens, à partir des travaux en Sociologie des usages, en Sciences de l'Information et de la Communication, en Sociologie et Psychologie du travail. L'appropriation ici est le processus par lequel un individu va investir des significations, des valeurs dans l'usage de l'outil. C'est le processus par lequel un individu va donner du sens à un outil. Ces études s'appuient sur le fait que le concepteur d'un objet a des usages prescrits et l'utilisateur via un processus d'appropriation va construire son propre usage de celui-ci. Et, lorsque l'outil est mis en production, l'utilisateur via le processus d'appropriation va construire son usage propre. La littérature explorée montre que le mécanisme est le suivant : l'acteur va choisir parmi un ensemble de possibles, et construire son usage pour donner du sens et de l'efficience à la technologie. Le résultat du processus est caractérisé, par un écart d'usage entre ceux imaginés par les concepteurs et ceux effectifs des utilisateurs, et par des usages différents entre utilisateurs dans un même contexte.

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L'appropriation est le processus par lequel les routines de l'organisation vont se construire sur les bases des propriétés de la technologie. Le mécanisme (au niveau organisationnel) est le suivant : L'organisation a des structures sociales. Le développeur de la technologie incorpore les structures sociales de l'organisation dans la technologie. La technologie a des structures sociales (des caractéristiques structurelles et l'esprit). Son introduction va perturber la stabilité de l'organisation. A partir de plusieurs cycles de structuration (action des utilisateurs avec la technologie), il y a production de structures sociales de l'organisation avec une technologie en usage. L'organisation retrouve ainsi une stabilité.

C'est par l'appropriation des technologies que de nouvelles structures émergent dans l'organisation, ce qui explique donc les changements vécus par une organisation avec l'introduction de TIC. Le résultat de ce processus se caractérise par une stabilité en termes de structures de l'organisation suite à des transformations structurelles plus ou moins importantes.

Au-delà des définitions se rapportant uniquement à des disciplines ou à des courants de pensées, Nelly Massard apporte une définition intégrante qui permet de prendre en compte les facteurs cognitif, relationnel et praxéologique de l'appropriation.

Pour bien comprendre la théorie de l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), nous allons l'approfondir en deux dimensions.

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L'appropriation individuelle

Du latin « individuum », « ce qui est indivisible », le mot individu désigne aujourd'hui, selon le dictionnaire de l'Académie française, « une unité organisée ». On trouve aussi comme définition de l'individualité « un être qui a une existence distincte de celle des autres êtres ».52 En effet, l'individu s'emploie en sociologie à la fois dans le sens commun d'humain et en tant qu'objet d'analyse sociologique. Il fait référence au processus d'individualisation. En analyse des TIC, l'individu désigne une entité sociale spatio-temporellement situable : un acteur social typique des sociétés individualistes. Se considérer comme étant un « individu » n'est pas une réalité qui s'est retrouvée à chaque époque ni dans chaque culture53. L'idée d'être un individu inclut une vision de l'humain comme étant autonome et indépendant. C'est ainsi dans certaines cultures les gens se considèrent au contraire comme étant interdépendants et liés les uns aux autres. Et, un individu est ce qui ne peut être ni partagé ni divisé sans perdre les caractéristiques qui lui sont propres. Dans certaines utilisations, il sous-entend « individu isolé » ou « personne individualiste ».

Appropriation collective

De plus, les Nouvelles technologies de l'Information et de la Communication sont en pleine croissance et permettent aux usagers de vivre en communauté dans des liens et aussi des centres d'intérêts.

52 www.wikipédia.org consulté le 10 octobre 2020

53 https://www.memoireonline.com/07/12/6025/m_Lappropriation-du-reseau-social-
Facebook-dans-les-communications-interpersonnelles-en-milieux-un5.html consulté le 10 octobre 2020

54 IDEM

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Sociologiquement, nous ne vivons plus dans une société de « consommation de soi » où les individus revendiquent leur individualisme en personnalisant leurs objets quotidiens, leur sonnerie de portable ou leurs baskets, mais plutôt de collectivité. Repliés sur le présent et les relations de proximité - moi, mes amis, mon groupe - ils ne cherchent plus à s'identifier à des modèles mais à se distinguer par un style, un décorum, une manière d'être... ou plutôt de paraître. Le réseau devient ainsi un outil de mise en vitrine collectif. Tous ces éléments démontrent à quel point le développement actuel des TIC ne sont pas étonnant : un comportant humain et communautaire toujours plus présent dans ce monde individualiste, avec une technologie de plus en plus accessible54.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King