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Conduites socioéconomiques des acteurs locaux en temps de crise en RCA. Cas de la commune de Pissa.


par Octave MOLAMBO GBESSOUA MBOUTOUMA
Université de Douala (Cameroun) - Master en sociologie économique  2017
  

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4.4. Dynamique de la crise sur la socioéconomie de la commune de Pissa

Une guerre civile prolongée induit l'inverse du développement (COLLIERet al., 2003). En voici un certain nombre de conséquences : le déclin économique, destruction des infrastructures publiques et la fuite des capitaux.

L'économie de la commune de pissa a ralenti par rapport au rythme qu'elle affichait en temps de paix. Elle se trouve considérablement réduite par rapport à ce qu'elle aurait été sans le conflit. La commune de Pissa était déjà considérée comme un modèle de développement local à travers sa gestion et les activités socioéconomiques qui s'y pratiquaient. Ces activités socioéconomiques sont l'implantation d'une caisse d'épargne villageoise, la solidarité pour les travaux champêtres. Au regard de cette situation nous cherchons à comprendre ce processus de contraction économique aide à concevoir des mesures correctives pour l'après-conflit. L'instabilité sécuritaire étant un facteur négatif pour l'économie, avec le déplacement de la population (acteurs locaux) il y'a baisse considérable de la production rendant quasi inexistant l'échange commercial. La destruction des infrastructures l'héritage le plus visible d'un conflit est la destruction de l'infrastructure publique. Cependant, la dégradation de l'infrastructure à la suite d'un conflit n'est pas uniquement provoquée par des dégâts directs. Dès lors qu'il relève son budget militaire, l'État comprime les investissements et les dépenses publiques qui étaient destinés à l'entretien de l'infrastructure. Les fonds publics font cruellement défautLa fuite des capitaux pendant un conflit, la peur et l'absence d'opportunités incitent les individus à chercher refuge à l'étranger, tant pour eux-mêmes que pour leurs actifs. Les mieux placés pour s'expatrier sont ceux qui disposent de qualifications : ils peuvent plus facilement financer leur émigration et sont mieux accueillis dans le pays hôte. Par conséquent, le pays d'origine perd ses travailleurs qualifiés : l'hémorragie des qualifications s'accompagne d'une fuite des capitaux. Les individus déplacent leurs actifs à l'étranger, pour les mettre en sécurité et parce que le retour sur investissement dans leur pays diminue à mesure que sa situation économique se dégrade. Il en résulte une grave pénurie de compétences, une diaspora importante, un effondrement de l'investissement privé et une accumulation de richesse privée à l'étranger.

· Les cultures vivrières

Elles concernent le manioc (Manihotesculenta), le taro (Colocasiaesculenta), le bananier, l'igname, l'arachide, le maïs et les légumes. Le manioc étant la base de l'alimentation de la population centrafricaine en générale et particulièrement celle de la commune de Pissa est en baisse de production. L'entretien des champs et le processus de production sont au ralenti à cause de l'insécurité qui règne dans la commune. Le taro étant un produit agricole saisonnier, sa production a diminué parce que la crise a bouleversé le cycle de sa production (semence, entretien des champs et la récolte). On peut aussi énumérer les fruits qui subissent la mévente et pourrissent dans la réserve des acteurs locaux qui prennent le risque de sortir vendre ces produits dans cette insécurité. Sauf que de fois la demande est faible par rapport à l'offre. Cette faible demande est dû au doute ou la peur de se faire agresser par les malfrats.

· L'élevage

L'élevage subit la plus grosse perte. Les acteurs locaux exerçant dans ce domaine ne sont pas nombreux. Les rebelles trouvent dans l'élevage du petit bétail une source de revenus considérable en confisquant (lapins, caprin, chèvres et moutons). Détruisant ainsi l'élevage de porcin. L'impact subit par le secteur de l'élevage les a appauvries, ce qui les plonge dans une pauvreté extrême. Bien que le milieu forestier ne soit pas très favorable pour l'élevage des bovins les quelques têtes de bétail qui s'y trouve sans vandalisées et volés et vendu à la capitale et dans les autres communes environnantes.

· La chasse

C'est l'une des activités propices pratiquées par la population rurale de cette localité. Elle est complémentaire, c'est-à-dire alternative de l'agriculture. Elle n'est pas épargnée par cette crise. La crise a favorisé le braconnage des espèces protégées. Ce qui rend la chasse plus difficile pour les chasseurs de professions. Car l'abatage exagéré et non conventionnel fait éloigner les bêtes.

· La pisciculture et pêche

La pisciculture a subi la plus grosse perte après celle de l'élevage du petit. La crise a occasionné le déplacement de la population ce qui a conduit à l'abandon de certains bassins pour quelque temps sans entretien. L'entretien de ces bassins est très important pour une meilleure production. La pisciculture a été touchée par une mauvaise production, mais aussi elle est faible. Par manque de surveillance il y'a eu des vols des poissons qui n'ont pas encore atteint la période de maturité dans les bassins. Plus encore la vente de ces produits sur le marché dans la demande est faible. Ce qui cause plus de dépense chez le pisciculteur d'abord pour l'entretien de ces bassins, pour les intrants et accessoires. Les revenus de sa production ne leur permettent pas de subvenir à ces besoins et ainsi de sa famille. Nous ne saurons énumérer les pertes qu'a subies la pisciculture sans oublier le vandalisme de certains sites de piscicultures par les certains acteurs locaux de mauvaises fois qui ne veulent pas voir les autres prospérer dans leurs activités.

Tandis que la pêche a subi une mévente considérable, si en ville il n'y'a pas moyen de circuler librement, il est difficile de sortir aller s'approvisionner dans la commune de Pissa et aller écouler à Bangui. Cette faible demande baisse d'une part le revenu des acteurs locaux (pêcheurs). Et d'autre part l'insécurité sévissant dans la commune de Pissa bouleverse le marché communal lieu d'approvisionnement de la population environnante.

· La cueillette

Dans cette zone, la population pratique la cueillette. En saison de pluies, au mois d'août, elle procède aux activités de cueillette des feuilles comestibles telles que le « koko » ou « Gnetum africanum ». En octobre, c'est la période de ramassage des chenilles et des champignons comestibles. Ces produits sont vendus, soit aux femmes commerçantes qui viennent de Bangui, soit aux passants. Le poivre sauvage est l'un des produits de cueillette dont la récolte se fait en saison sèche. C'est un produit d'une grande valeur économique, mais la cueillette et la vente sont pratiquées par une minorité de personnes.

Figure n° 3 : vendeuse de chenilles au marché de Pissa

Source : réseau des journalistes pour le droit de l'homme

· La vente du bois de chauffe

Dans ce domaine nous remarquons une nette régression de la demande. Bien que la demande soit accrue en ville, mais l'acheminement à la capitale reste problématique à cause de l'insécurité. Ce trafic se fait beaucoup plus dans les pousses (porte tout)31(*) ; les pousseurs sont exposés aux agressions ce qui fait que les acteurs locaux de la commune de pissa qui font dans la vente de bois de chauffe se trouve dans une position inconfortable de faire plus de profit.

· L'artisanat

Il est pratiqué par une minorité de la population. Les acteurs locaux artisans sculpteurs ne sont pas en reste dans les conséquences de la crise. La majorité des oeuvres sont achetées par les touristes expatriés qui passent dans la commune pour aller visiter la chute de Mbéko dans la commune de M'baïki. La quasiinexistante présence de ces touristes favorise une baisse considérable des revenus des acteurs locaux exerçant dans ce domaine.

Tableau n° 2 : Les facteurs expliquant la dynamique de la crise sur la socioéconomie de la commune de Pissa

Périodicité

Variable

Avant la crise

Pendant la crise

Après la crise

Cultures vivrières

Florissante

Quasi inexistante

Reprise rapide

Elevage

Florissante

Non rentable

Reprise lente

La chasse

Rentable

Non rentable

Rentable

La pisciculture & pêche

Productif

Non productif

Productif

La cueillette

Rentable

Non rentable

Rentable (productif)

La vente du bois

Productif

Rentabilité moyenne

Rentable

L'artisanat

Productif

Inexistant

Reprise lente

Source : enquête

En récapitulatif, le tableau ci haut fait le point des activités socioéconomiques dans la commune de Pissa avant, pendant et après la crise politico-sécuritaire qui a touché cette commune de la préfecture de la Lobaye. Comme nous le remarquons dans le tableau ci haut avant la crise les activités socioéconomiques vont bon train. Car les acteurs locaux vivant dans un environnement en sécurité étaient dévoués à leurs activités pour lutter contre la pauvreté et la malnutrition : « nous étions en paix avant le coup d'Etat je cultivais mes tomates et je faisais de bon marché chaque fois que j'apportais mes produits au marché » (enquête réalisé au marché de Kapou 1 avec une commerçante à 15h45, juillet 2016). Par cette déclaration nous pouvons comprendre la bonne production agricole dans la commune de Pissa et un échange commercial stable et ponctuel favorisant un gain aux agriculteurs, maraîchers et autres acteurs socioéconomiques. Cette ambiance de production et d'échange s'interrompt à cause de l'insécurité qui s'installe dans la zone. Durant cette période la production socioéconomique des acteurs locaux devient quasi inexistante. La commune étant en proie à l'insécurité rend la pratique des échanges entre les acteurs locaux et les commerçants (es) qui viennent s'approvisionner devient impossible. Ce qui occasionne la mévente et la baisse de production car certains acteurs locaux se sont déplacés abandonnant leurs champs, élevages etc. « je me trouvais dans mon champ de manioc, pas moyen de sortir au marché. Donc mes tomates et les gombos qui étaient mûrs nous les avons consommés, j'ai gardé une partie pour la semence. C'était une énorme perte pour. Je compte sur cette production et sa vente pour m'acquitter d'une dette ». (entretien réalisé avec un maraicher dans le village kalangoué -kapou 1-). Pendant la crise les activités socioéconomiques ont subis une régression totale ce qui plonge certains acteurs locaux dans les dettes voire la misère à cause de manque de revenu parce que ayant placé tout son épargne dans sa production. Comme le montre notre tableau il y'a une nette reprise des activités agricoles et commerciales dans la commune de Pissa. Car la sécurité tend à revenir. Certaines activités avec une reprise rapide comme les cultures vivrières, la chasse et la pêche du fait que la commune de Pissa constitue le centre de ravitaillement de la ville de Bangui en produits vivriers. Mais d'autres secteurs d'activité sont en reprise lente à l'instar de l'élevage et de l'artisanat, les produits de ce dernier est beaucoup consommé par les expatriés qui passent dans la commune par la baisse de la fréquence de fréquentation des villes secondaires l'artisanat prend encore du retard. Par contre l'élevage nécessite plus de moyens financiers ce qui prend encore du temps.

* 31 Porte tout appellation de chariots en fer munis de deux roues permettant de transporter les marchandises

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand