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Appartenance de la république démocratique du congo à  la conférence internationale sur la région des grands lacs: atout ou obstacle pour son émergence ?


par Charles Duhanel BILOKO
Université de Kinshasa - Sociologie 2019
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET POLITIQUES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

APPARTENANCE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (RDC) A LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA REGION DES GRANDS LACS (CIRGL) :

Atout ou obstacle pour son émergence ?

Par

BILOKO DUHANEL Charles

Gradué en Sociologie

Travail de fin d'études présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en Sociologie

Directeur : EBWEME YONZABA Jacques

Professeur associé

Encadreur : MAMBUNGU MUNDELE Richard

Chef de travaux

ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020

IN MEMORIAM

A mon defunt pere BILOKO BEKUBE Celestin qui a su investir dans notre education sans pour autant beneficier les fruits de ses efforts.

Ce travail est la concretisation de la vision que tu as longtemps portee pour moi.

Repose en paix !

DEDICACE

A notre mere Charlotte SAY, pour son indefectible et inconditionnel amour, son soutien et son abnegation qui ont permis ce resultat.

BILOKO DUHANEL Charles

REMERCIEMENTS

Les exigences d'un travail scientifique vont très souvent au-delà de seules capacités de l'étudiant. Il serait hypocrite pour nous de débuter cette page sans exprimer notre gratitude à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué à l'aboutissement heureux de ce travail.

Nous voudrions tout d'abord exprimer notre gratitude aux corps académiques et scientifiques de la faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques, et du département de Sociologie pour la qualité de la formation que nous avons reçue tout au long de notre cursus académique.

Nous exprimons ensuite notre gratitude au professeur Jacques EBWEME YONZABA qui, en dépit de ses multiples occupations, a accepté de diriger, étape par étape, ce travail ; de guider nos premiers pas dans ce nouveau domaine qui nous paraissait compliqué : la sociologie des relations internationales ; et de nous avoir prêté la majeure partie de la documentation nécessaire pour l'élaboration et la rédaction de ce travail. Qu'il trouve dans ces lignes l'expression de notre reconnaissance.

Nous tenons également à remercier le chef de travaux Richard MAMBUNGU MUNDELE pour avoir supporté nos insuffisances et recadré nos éloignements du cheminement discursif arrêté par le comité d'encadrement.

Sensible, cette étude l'est. Nous ne l'aurions terminée, si la Coordination Nationale de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) République Démocratique du Congo (RDC) ne nous avait pas accordé sa collaboration. Nous pensons ici à M. Baudouin HAMULI, coordonnateur national honoraire et M. Crispin ABEDI, directeur adjoint de la coordination nationale de la CIRGL/RDC. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

A nos soeurs Moussa, Roline, Solange, Ornella, Aimée, et notre jeune frère Abdon Ronsard BILOKO. Ainsi que nos neveux et cousins, Vildrac, Josias, Japhet, Mputu, Charpetit, Brenlock, que ce travail serve d'exemple à la jeunesse de notre grande famille.

A nos condisciples et amis Charles BELOKO, Crispin OKITOKONDA, Vanessa FALESIFA, Fany NZUZI, Fany PEMBE, Merveille BANYELE, Fiston KIZINGA, Alain OTSHINGA, Innocent Lumumba..., avec qui nous avons connu les dures réalités académiques, que ce mémoire soit considéré comme le couronnement de nos efforts.

BILOKO DUHANEL Charles

Enfin, que tous ceux qui n'ont pas été cités à travers ces quelques lignes de remerciements ne soient pas frustrés ; qu'ils soient plutôt rassurés qu'au fond de coeur, nous gardons un sentiment de reconnaissance envers-eux.

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

ADF : Allied Democratic Forces (Forces démocratiques alliées)

AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération

CCFR : Centre Conjoint de Fusion de Renseignement

CEPGL : Communauté Economique des Pays des Grands Lacs

CIRGL : Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs

CNDP : Congrès National pour la Défense du Peuple.

CPN : Comité Préparatoire National

CRIIC : Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire Congolais

FARDC : Forces Armées de la République Démocratique du Congo

FDLR : Forces Démocratiques de Libération du Rwanda

GEC : Groupe d'études sur le Congo

IRRN : Initiative Régionale de lutte contre l'exploitation des Ressources Naturelles

LRA : Lord's ResistanceArmy (Armée de résistance du Seigneur)

M23 : Mouvement du 23 Mars

MCR : Mécanisme de Certificat Régional de la CIRGL

MCVE : Mécanisme Conjoint de Vérification Elargie

MDO : Méthode de dissimilation des objectifs

NALU: National Army of Liberation of Uganda

ONU : Organisation des Nations Unies

RCD : Rassemblement Congolais pour la démocratie

SADC : SouthernAfricaDeveloppementCommunity (Communauté de

Développement de l'Afrique australe).

TLSP : Théorie de la lutte pour la survie politique

UA : Union Africaine

UMA : Union du Maghreb Arabe

INTRODUCTION

01. CONTEXTE DE L'ETUDE

« Appartenance de la République Démocratique du Congo (RDC) à la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs, CIRGL en sigle : Atout ou obstacle pour son émergence», tel est le sujet sur lequel porte notre mémoire de licence en sociologie.

En effet, la problématique de l'émergence de la RDC dans le contexte actuel qui est celui justement de l'instabilité politico-économique, et surtout de l'insécurité devenue récurrente sur la quasi-totalité du territoire national et principalement à l'Est du pays ne peut laisser indifférent les chercheurs en général. A vrai dire, l'insécurité a cessé d'être une question de politique intérieure, elle est devenue une question de politique internationale, avec plusieurs enjeux au niveau sous-régional, régional et international.

Visiblement, les Etats qui constituent actuellement la CIRGL ont connu chacun une période d'instabilité à la fois politique, économique et sécuritaire au cours de deux dernières décennies. Cette situation a eu des répercussions plus au moins considérables sur toute la sous-région des grands lacs africains dont les stigmates sont encore manifestes.

C'est dans cette perspective d'éradication des maux qui rongent cette partie de l'Afrique que les chefs d'Etat de la sous-région des grands lacs s'étaient engagés à travailler mutuellement pour éradiquer cette insécurité, engagements ayant conduit à la signature d'un pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement sur cette sous-région, lequel a conduit à son tour à la création de la CIRGL. Cependant, plus d'une décennie après ces engagements, le constat s'avère inquiétant. En dépit de la création de la CIRGL comme cadre qui faciliterait la paix, la stabilité, la cohésion et développement de la sous-région, le constat est que la CIRGL a montré ses limites au regard de ses objectifs. Elle est restée inactive, pour ne pas dire indifférente, face à la situation sécuritaire sur le sol congolais. C'est qui nous a incités à comprendre si l'appartenance de la RDC à la CIRGL est un atout ou un obstacle pour son émergence.

02. PROBLEMATIQUE

Traiter de l'appartenance de la RDC à la CIRGL apparait dans un premier temps comme une thématique récente en sociologie ; non seulement à cause de l'apparition récemment de cette organisation sous-régionale mais surtout, parce que plusieurs sociologues considèrent très souvent les relations interétatiques comme étant l'apanage exclusif des chercheurs en relations internationales. Du coup, ils ignorent que les relations internationales sont avant tout des faits sociaux, et ne peuvent à cet effet, échapper aux lunettes sociologiques. C'est ici que ressort, rappelons-le, la pertinence d'une sociologie des relations internationales (comme sous branche de la sociologie) qui s'occupe des rapports extérieurs entre Etats et/ou avec les organisations intergouvernementales1(*).

Dans le contexte actuel, parler de l'appartenance de la RDC à la CIRGL renvoi au préalable à revisiter quelques situations cruciales et conflits ayant caractérisé cette sous-région. La décennie 1990 a apporté une vague de transformation dans la sous-région des grands lacs. C'est, en effet, pendant cette décennie qu'ont eu lieu entre autres le génocide au Rwanda en 1994, les conflits interethniques et la guerre civile au Burundi, la guerre en RDC où plusieurs Etats Africains se sont affrontés, les turbulences politiques au Congo-Brazzaville, les rébellions de la LRA en Ouganda, etc. Les conséquences de ces conflits sur le développement de cette sous-région ont été sévères en termes de sécurité, de progrès technologique et de la croissance économique2(*). Tous ces éléments dictaient déjà l'impératif de l'élargissement géographique du cadre de recherche de la paix et de la stabilité sous-régionale.

Certes, les Onze Etats membres de la CIRGL sont liés soit directement, soit indirectement par voisinage avec les pays concernés par les graves conflits qui ont secoué la sous-région depuis une certaine période. Ayant été victimes de tous ces conflits, il s'avère que ces pays dans leur globalité partagent à ce jour plusieurs défis : la sécurité collective face aux groupes armés et milices, l'insécurité alimentaire des populations, les conflits interethniques entre les populations de la sous-région qui peinent à vivre ensemble etc.

Ainsi, conscients de tous ces maux qui rongent la stabilité sous-régionale et s'étant également rendu compte des ressemblances des défis auxquels font-ils face, les Etats de la sous-région se sont associés pour tenter de trouver des solutions communes à ces problèmes désormais communs dans un cadre plus approprié qui est la CIRGL. Les Etats concernés en premier lieu par la recherche des solutions à la crise des grands lacs étaient au départ le Burundi, le Rwanda, la RDC et l'Ouganda. Mais il est vite apparu que la paix et le développement dans cette sous-région dépendaient en grande partie de la RDC comme Etat central et moteur économique de l'intégration sous-régionale. Aussi, comme la pièce centrale de la région, la RDC a une position géopolitique qui lui confère un rôle primordial pour la réussite de la conférence3(*). Raison pour laquelle les conditions prévalant dans tous ces pays voisins notamment le Congo, le Soudan, l'Angola et la RCA avaient tout autant de l'influence sur sa stabilité. Il est apparu nécessaire que la situation congolaise soit abordée comme un cas particulier.

Comment pouvait-on arriver, s'interroge Mwilanya Wilondja4(*) à traiter efficacement ces crises dans une perspective sous-régionale de manière à intégrer d'une part, les dimensions aussi bien internes aux Etats qu'externes ; et d'autre part, à parvenir à une paix durable et globale, préalable à l'intégration économique de la sous-région ? C'est dans ce contexte que la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs est apparue à la fois comme cadre idéal d'organisation de la sécurité collective en Afrique des grands lacs; cadre de réconciliation des Etats de la sous-région des grands lacs impliqués dans la guerre en RDC ; et enfin, comme cadre d'examen et de solution de tous les problèmes de la sous-région, qu'ils soient économiques, politiques, sociaux...

Dans cette même perspective, les chefs d'Etat s'étaient engagés entre autres à fonder les relations de leurs Etats sur le respect du principe de souveraineté nationale, le principe d'intégrité territoriale, le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats membres, le principe de non-agression et de règlement pacifique des différends5(*). Ils engageaient également les Etats parties, de manière solennelle et non équivoque à renoncer à la menace ou à l'emploi de la force comme politique, moyen ou instrument visant à régler les différends ou litiges, s'abstenir d'envoyer ou de soutenir des oppositions armées ou des groupes armés ou insurgés sur le territoire d'un autre Etat membre, coopérer à tous les niveaux en vue du désarmement et du démantèlement des groupes rebelles armés existants.

En principe, la CIRGL se présente dans cette perspective comme une opportunité de renaissance de cette partie de l'Afrique longtemps engouffrée dans de multiples conflits transnationaux, et surtout, comme un atout pertinent à travers lequel la RDC devrait, du moins, renforcer ses liens avec les pays belligérants impliqués dans la situation sécuritaire dans sa partie orientale. Aussi, ajoute Toni Jiménez Luque, les pays des grands lacs sont tous impliqués dans l'instabilité qui prévaut dans cette sous-région et chacun de ces pays a ses propres conflits internes au niveau politique, avec des guérillas à l'intérieur du pays, des économies instables et des niveaux d'injustice qui font que l'instabilité nationale qu'ils présentent s'étend sur toute la sous-région. Ces pays ont tous traversé une période de paix fragile qu'ils avaient tous intérêt à consolider leurs relations et leurs efforts en vue d'éradiquer ces problèmes à travers la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs6(*).

Cependant, plus d'une décennie après la ratification par la RDC du texte (pacte de la CIRGL), nous nous interrogeons, à juste titre, sur les implications de cette organisation comme étant l'organe de régulation des différends dans la sous-région et à l'Est de la RDC, et la concrétisation des résolutions contenues dans son pacte. Car en dépit de ces engagements qui, au départ paraissaient comme un atout qu'il faudrait absolument consolider peu importe les écueils, la situation sécuritaire en RDC, plus précisément dans sa partie orientale ne fait que s'empirer au fil des années. Elle traverse depuis plus d'une décennie une longue période d'insécurité faisant obstruction à son émergence que plus d'un observateur attribut à juste titre à ses voisins et frères de la CIRGL, allant jusqu'évoquer les tentatives de balkanisation de cette partie du Congo.

Force est de constater que les Etats qui, au départ s'étaient engagés solennellement à éradiquer l'insécurité dans la sous-région toute entière afin de booster son émergence se retrouvent au coeur de l'insécurité, ou tout simplement, créent l'instabilité en RDC.

Dans ce sens, on note que la plupart des groupes armés et autres milices, à l'instar des ADF-Nalu, les FDLR, M23 etc. actifs en RDC depuis plusieurs années, sont d'origines étrangères. Les ADF-NALU, nées au milieu des années 1990 de la fusion de deux groupes armés opposés au président Ougandais Yoweri Museveni7(*) au pouvoir depuis 1986 sont, à la surprise générale, plus actifs en RDC qu'en Ouganda. Les FDLR ayant une connotation purement Rwandaise, créées en Juillet 2000 dont la branche politique est essentiellement en Europe, la branche militaire est, contre toute attente, plus active dans le Maniema, au Nord et Sud-Kivu créant à cet effet la psychose dans ces provinces et causant des exactions de toutes sortes.

Tout compte fait, la CIRGL créée dans un contexte particulier, avec des missions clairement définies est à ce jour débordée par les dynamiques actuelles entre les Etats qui la composent, caractérisés tous par une certaine velléité vis-à-vis du pacte et finissent par de récrimination, foulant ainsi aux pieds les résolutions contenues dans le pacte. Déborder par les événements, les conflits internes et surtout l'insécurité grandissante sur le territoire congolais, la CIRGL baigne et stagne dans le laxisme, se montrant de plus en plus inactive et transigeant vis-à-vis des autres Etats membres impliqués dans l'insécurité en RDC.

Un cas concret pour justifier ce laxisme, c'est le récent différend frontalier entre la RDC et la Zambie. Alors que deux de ses Etats membres sont confrontés à un conflit frontalier manifesté par la présence des militaires zambiens sur le sol congolais ; une situation qui va d'abord à l'encontre du pacte et viole les engagements pris par les chefs d'Etat de la sous-région, la CIRGL en tant qu'organe de résolution de tous les problèmes sous-régionaux est restée indifférente ou tout simplement inactive. Par contre c'est une autre organisation sous-régionale, la SADC qui s'est interposée afin de résoudre ce différend.

Ainsi, si l'on s'en tient à ce pacte, dans le contexte congolais, il apparait clairement qu'aucun des engagements pris par les chefs d'Etat dans cette sous-région n'est parvenu jusqu'ici à résoudre de près ou de loin la moindre situation d'insécurité qui sévit la RDC. Il en résulte une situation que l'on peut qualifier d'inadéquation entre d'une part, les engagements solennels pris par les chefs d'Etat de cette sous-région et d'autre part, la réalité sur le terrain en RDC. C'est pourquoi cette étude se veut, à la limite de sa taille, comprendre et expliquer l'inaction de la CIRGL en RDC et à travers cette problématique, nous interroger aussi, à la lumière de la situation sécuritaire actuelle sur le sol congolais, sur les possibilités (chances) de la RDC à émerger tout en étant membre de la CIRGL.

Eu égard à ce qui précède, nous nous posons quelques questions de recherche ci-après :

ü Pourquoi la CIRGL reste-t-elle parfois inactive face à l'insécurité à l'Est de la RDC ?

ü Dans le contexte actuel, la RDC peut-elle émerger tout en étant membre de la CIRGL?

03. HYPOTHESES

Dans le processus de la systématisation de la démarche scientifique, la formulation des hypothèses constitue une étape décisive. D'elles (hypothèses) dépendent l'issue de la recherche. La qualité des idées émises à ce moment déterminera la valeur des résultats obtenus. C'est à ce stade que se font les découvertes. C'est à ce niveau, dans le processus mystérieux qui fait surgir les idées neuves, que peut se manifester le talent du chercheur, parfois son génie. La capacité d'invention du chercheur est ici déterminante et rien ne peut la remplacer8(*).

Ainsi, en guises d'hypothèses aux questions de recherche soulevées par la problématique, nous pensons principalement que l'inefficacité de la CIRGL s'expliquerait par le fait que l'insécurité à l'Est est complexe et présente plusieurs enjeux. Complexe, par le fait que certains pays membres de la CIRGL soutenus par leurs alliés Occidentaux seraient directement impliqués dans cette situation. Plusieurs enjeux pour ces pays parce que cette insécurité serait une occasion pour eux de piller systématiquement les ressources naturelles de la RDC. C'est pourquoi la paix et la sécurité dont pouvait espérer la RDC en étant membre de la CIRGL ne seraient pas possibles. Bien au contraire, elle s'est fait lier.

Quant à son émergence, il est hors de question de l'envisager si et seulement si, le même jeu d'acteurs persiste au sein de cette organisation.

04. LECTURE SPECIALISEE

Dans un travail scientifique sérieux, la lecture spécialisée comprend deux points essentiels : l'état de la question et la revue de la littérature.

Dans son ouvrage intitulé Construction de l'objectivité en sciences sociales9(*), EBWEME YONZABA affirme que, contrairement à l'opinion scientifique devenue classique depuis quelques décennies, constituant ainsi un paradigme incontournable en sociologie, il existe une grande différence entre état de la question et revue de la littérature.

En effet, souligne-t-il, il y a « état de la question », ce qu'il appelle aussi « état des lieux » dans un travail scientifique, lorsque le chercheur fouille essentiellement, à l'aide de la technique documentaire, surtout les documents écrits, sur son objet d'étude. Autrement dit, l'état de la question ou l'état des lieux s'effectue sur l'objet d'étude, sur la problématique, sur le problème de la recherche et non sur la question ou les questions de recherche. Par contre, il y a revue de la littérature (état de connaissances) dans une même étude, lorsque le chercheur met plutôt en exergue un concept clé. Dès lors, il s'emploiera à travers la lecture, une fois de plus, à retracer l'origine du concept, présenter les repères chronologiques y afférents et situer le niveau du débat atteint, étayé par des analyses et des documents précis (spécifiques)10(*).

Ayant jugé ce modèle très pédagogique, nous l'avons adopté. Ainsi, nous présentons d'abord l'état de la question dans cette introduction et la revue de la littérature sera présentée dans le chapitre premier de ce travail.

En effet, prétendre que nous sommes le premier à traiter cette problématique (inaction de la CIRGL) serait malhonnête car plusieurs chercheurs, politologues, sociologues, juristes etc. s'y sont déjà intéressés et continuent jusqu'à nos jours à l'étudier. Loin de nous engouffrer dans une énumération exhaustive des auteurs, nous avons jugé utile de n'en retenir que quelques-uns dont les travaux se rapportent au nôtre. Il s'agit de Kilomba, Lagrange et Nkodia.

Dans sa publication intitulée « La CIRGL et le règlement des différends sur la sous-région des grands lacs : cas de la rébellion du M23 », Adolphe KILOMBA11(*) s'est appesanti sur l'analyse et le bilan des interventions menées par la CIRGL pour résoudre l'insécurité créée par les miliciens du M23 à l'Est de la RDC.

D'entrée de jeu, l'auteur soutient que la CIRGL a constitué un cadre de concertation interétatique dans la sous-région des grands lacs au sujet de conflit qui avait secoué l'Est de la RDC. Cependant, les défis dans le domaine de la sécurisation collective demeurent énormes dans cette sous-région et la CIRGL a encore du chemin à parcourir pour se faire entendre davantage. En ces jours, renchérit-il, elle demeure une organisation sous-régionale plutôt timide, inactive, sans réelle capacité d'adopter des sanctions, si moindres soient-elles, à l'endroit de ses Etats membres qui violent son traité fondateur.

Tel que présenté, l'étude de Kilomba est très rapprochée de la nôtre dans la mesure où l'auteur s'est efforcé à revisiter les actions menées par la CIRGL en vue d'éradiquer la rébellion du M23 qui a secoué l'Est de la RDC. Il conclut que la CIRGL baigne dans un laxisme qui ne lui permet pas de rencontrer les attentes suscitées par son texte fondateur.

Dans les mécanismes de paix régionaux dans les grands lacs : des outils incapables de promouvoir la démocratie12(*), Marc-André LAGRANGE analyse les différentes tentatives des réponses mises en place par les pays de la sous-région des grands lacs ainsi que les nations unies et l'union Africaine afin de résoudre les conflits qui déchirent cette partie de l'Afrique. Initiée en 2002 avant d'être pleinement installée en 2006, la CIRGL fut le premier mécanisme, rappelle-t-il, mis en place pour réguler ces conflits. En second lieu le bureau de l'envoyé spécial du secrétaire général des nations pour les grands lacs, fut mis en place en 2013 à la suite de la crise de Goma...

En effet, souligne-t-il, bien que la restauration de la paix et la promotion de la démocratie fassent partie des missions de ces deux entités sous-régionales, les crises électorales au Congo-Brazzaville, en RCA, en RDC et en Ouganda imposent un constat d'échec. Première entité mise en place pour réguler les conflits, la CIRGL se révèle, soutient l'auteur, peu capable d'accomplir sa mission lorsqu'elle est confrontée à sa première crise régionale. Face à son incapacité, les nations unies essayent de revitaliser les dynamiques de paix au moyen de l'accord cadre d'Addis-Abeba signé en 2013. Certes, après un premier succès militaire conjoint en RDC et des nations unies, indépendant de l'action de l'envoyé spécial, la CIRGL a échoué à apaiser la crise Burundaise qui a éclaté en 2015, la première crise institutionnelle ouverte à laquelle a-t-elle été confrontée.

Outre la fragilité du régime en RDC, poursuit-il, la crise du M23 en 2012 a consacré l'incapacité de la CIRGL à jouer son rôle de régulateur des conflits. Alors que plusieurs de ses Etats membres entre autres l'Ouganda et le Rwanda sont accusés de soutenir une nouvelle rébellion dans l'Est de la RDC, la CIRGL ne peut proposer comme solution que le déploiement d'une force internationale neutre composée des troupes ougandaises et Rwandaises... Cette flagrance de partialité en défaveur d'un de ses Etats membres (la RDC) finit par discréditer un organisme mis en place afin de prévenir et résoudre les conflits armés dans l'Est de la RDC et entre pays de la sous-région des grands lacs.

Organe de régulation des conflits et de la promotion de la démocratie, souligne Lagrange, la CIRGL regroupe principalement des pays dirigés par les hommes forts qui se sont imposés dans la violence et qui s'affrontent indirectement ; en ces jours, sans gros budget ou carrément sans budget, ni poids politique, la CIRGL se cantonne à la lutte contre les violences sexuelles et l'émission des certificats d'origine de minerais, enjeu majeur des crises et de l'insécurité à l'Est de la RDC. Au final, conclut-il, la CIRGL et tous ses partenaires impliqués dans la résolution des différends sur la sous-région des grands lacs en général, et l'insécurité à l'Est de la RDC en particulier, n'ont finalement qu'un maigre bilan à présenter.

Vu d'un oeil sociologique, son étude présente certes des similarités avec la nôtre dans la mesure où Marc-André Lagrange présente tout d'abord la raison d'être de la CIRGL comme étant à la fois organe régulateur et tentative de réponse aux problèmes de la sous-région. Il présente également d'autres initiatives mises en place pour soutenir et pallier aux insuffisances de la CIRGL afin de la rendre plus active. Néanmoins, il aborde l'inaction de la CIRGL sous une autre approche, en tant que premier mécanisme sous-régional de paix, souvent inactive dans le contexte de crise entre autres l'insécurité à l'Est de la RDC, la crise burundaise etc. Il fustige également la flagrance de partialité en RDC vis-à-vis de l'insécurité à l'Est créée et entretenue par ses voisins de l'Est qui se positionnent en juges et parties.

Pour terminer, dans son mémoire de licence intitulé La CIRGL et la résolution de la crise Burundaise. Portée et limite13(*), Yannick NKODIA analyse les écueils aux multiples tentatives de résolution de la crise Burundaise par la CIRGL. Il souligne avant tout que la CIRGL a eu des portées face à la crise Burundaise. Ces portées ne sont que les éléments qui ont été fixés comme étant les objectifs spécifiques de la CIRGL dans la déclaration de Dar-es-Salam contenue dans le pacte. S'agissant des limites, elle a également connu d'énormes difficultés face à la résolution des conflits dans la sous-région en général et au Burundi en particulier. Celles-ci sont en majeure partie liées, selon lui, à la faible capacité d'action dans la mise en oeuvre des solutions issues du pacte, à la grande faiblesse des infrastructures (la CIRGL ne disposant pas d'infrastructures), l'instabilité et l'incertitude concernant la zone de Kivu et surtout, ses compétences d'action sont largement limitées car elle dépendait de l'ONU et de l'UA.

Cet auteur conclut son étude en relevant quelques graves violations de droits de l'homme pendant la crise Burundaise que la CIRGL n'a pas été en mesure de sanctionner et statuer sur cette affaire, bien qu'elle préconise dans le pacte la promotion de droits de l'homme, et enfin l'incapacité de la CIRGL à pouvoir éradiquer cette crise sans l'intervention et l'implication de l'ONU et l'UA alors qu'elle se veut un cadre de réconciliation, de résolution des différends et crises sur toute la sous-région des grands lacs.

De ce point de vue, son étude présente certes des similitudes avec la nôtre dans la mesure où il s'est appesanti dans un premier temps à la recherche des limites dans les actions déjà menées par la CIRGL, les contradictions découlant de la déclaration de Dar-es-Salam et ses actions sur le terrain et finalement, il est parvenu à présenter les limites et quelques inadéquations qui en découlent dans la tentative de résolution des crises par la CIRGL sur la sous-région des grands lacs en général et dans la crise. Dans son étude, l'inaction de la CIRGL se fait surtout remarquer par l'inadéquation entre les résolutions contenues dans le pacte et les relations entre ses Etats membres.

Compte tenu de ce qui précède, nous pouvons affirmer que tous ces travaux ont abordé chacun dans un contexte précis, la question de faiblesse, limites ou inefficacité, le laxisme ou l'inaction de la CIRGL selon le cas, face à la résolution des différends, des crises et conflits interétatiques et de l'insécurité sur la sous-région des grands lacs, chacun met l'accent sur la nécessité pour la CIRGL d'être plus active afin de concrétiser effectivement les engagements pris par les chefs d'Etat ayant conduit à sa création... Chacun l'ayant abordé certes dans un contexte particulier, avec des approches différentes, mais tous sont arrivés à des conclusions quasiment similaires sur les limites de la CIRGL face à la résolution des maux qui rongent la stabilité de cette sous-région.

En ce qui nous concerne, en nous inscrivant dans la suite de ces prédécesseurs, nous abordons cette problématique dans une démarche purement sociologique, en cherchant à comprendre et à expliquer l'inaction de la CIRGL face à l'insécurité à l'est de la RDC. A travers celle-ci, nous rendons également compte des acteurs et facteurs qui s'interposent dans les dynamiques actuelles entre les Etats de la sous-région des grands lacs et l'insécurité persistante à l'Est de la RDC.

05. REFERENTIEL EXPLICATIF

Le référentiel explicatif, mieux le paradigme désigne, selon Samuel Thomas Kuhn, des découvertes universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une communauté scientifique de chercheurs des problèmes types et des solutions. Le paradigme peut donc guider les recherches, même s'il ne se laisse pas réduire à une interprétation unique ou à des règles généralement admises. Il guide la recherche par un modelage direct tout autant que par l'intervention de règles14(*).

En sciences sociales, rappelons-le, il existe deux grands paradigmes notamment le déterminisme social ou holisme méthodologique qui consiste à partir du tout social (Holos) pour expliquer lescomportements et les choix des individus (E. Durkheim, Karl Marx, Maurice Halbwachs etc.) et l'actionnalisme ou individualismeméthodologique qui consiste à étudier les phénomènes sociaux à partirdes individus et de l'agrégation (la somme) de leurs comportements (Max Weber, Raymond Boudon, M. Olson, GabrielTarde)15(*)... A côté de ces deux paradigmes s'interpose le Constructivisme qui définit la réalité sociale comme une construction de la part des acteurs sociaux (Pierre Bourdieu, Anthony Giddens, Alfred Schütz, Peter Berger, Thomas Luckmann...).

Sans entrer dans les moindres détails, notre étude s'appuie sur le paradigme constructiviste.Il nous permet de mieux comprendre l'agir de certains acteurs, agents et agents-acteurs à l'Est de la RDC. En effet, au-delà des intérêts privés qu'ils y poursuivent, ils tiennent aussi compte de leur société. De cette considération, l'insécurité à l'Est de la RDC comme conséquence de ces faits est une construction des acteurs, agents et agents-acteurs, résultant de leur socialisation.

06. DOMAINE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE

06.1. Domaine de l'étude

Parler de l'appartenance de la RDC à la CIRGL ou dans toute autre organisation internationale, régionale ou sous-régionale renvoie implicitement, dans le langage ordinaire, à faire les relations internationales.

Mais alors ? Les relations interétatiques demeurent-elles l'apanage exclusif des chercheurs en relations internationales ? Loin de là. En ce qui nous concerne, nous pensons que les faits internationaux, les relations interétatiques sur lesquels portent les études en relations internationales se passent avant tout dans la société, et les relations internationales sont avant tout des faits ou des phénomènes sociaux. A ce titre, elles ne peuvent ni plus ni moins échapper aux lunettes des sociologues. Car si l'on s'en tient aux caractéristiques les plus essentielles d'un fait social, on en retiendra avec E. Durkheim qu'un fait ou phénomène social est à la fois total et global. Mais surtout, il est relationnel et changeant. Ce que sont également les relations internationales.

Henri MOVA SAKANYI ne dit pas le contraire lorsqu'il affirme que la science des relations internationales s'occupe d'étudier les relations internationales, mais puisse que les affaires internationales sont encore l'apanage des Etats (gouvernement), on pense que les relations internationales sont un sous-domaine de la science politique. Il viendrait alors à l'idée d'un académicien sérieux d'avancer que, parce qu'elle est une science sociale, la science politique serait une branche de la sociologie.16(*) Il découle de cette affirmation, et selon notre entendement que les relations internationales sont comprises dans la sociologie et qu'aucun autre scientifique ne peut prétendre mieux les appréhender qu'un sociologue.

Ainsi dit, cette étude relève du domaine de la sociologie des relations internationales, une sous-branche de la sociologie générale.

06.2. Cadre méthodologique de l'étude

La méthodologie renvoie à la fois, à la théorie, à la méthode et aux techniques utilisées dans un travail scientifique. En sciences sociales, il n'existe pas une méthodologie universellement utilisée dans tout travail scientifique ; elle varie en fonction de la réalité sous étude.

a. Modèle Théorique d'explication

La théorie est entendue comme une construction intellectuelle qui essaie de relier le plus grand nombre de faits ou phénomènes observés et des lois particulières à un ensemble cohérent commandé par un principe explicatif général17(*). Elle sert à observer, comprendre, décrireet expliquer les faits sous-étude.

On peut expliquer un fait ou un phénomène en adoptant, selon le cas, l'attitude fonctionnaliste, systémiste, dialectique ou autres. En ce qui nous concerne, cette étude s'appuie sur  la théorie de la lutte pour la survie politique (TLSP).

La théorie de la lutte pour la survie politiqueposeen substance qu'en toute circonstance, dans le jeu des acteurs, agents, agents-acteurs, le réalismepolitique devra prendre le dessus sur toutes autres considérations. Basée sur la notion d'intérêtnational, la TLSP insiste sur le fait que l'acteur, l'agent, l'agent-acteur doit savoir concilier l'intérêtindividuel avec l'intérêtcollectif. Pour que l'intérêtcollectif supplante à tout instant, l'intérêtindividuel, il faudrait en contrepartie des garanties mutuelles entre différents acteurs, agents, agents-acteurs en présence18(*). Il s'en suit sept aspects découlant du postulat de base de cette théorie à savoir :

1. L'influence de l'action directe des conditions d'existence ;

2. La sauvegarde de certains éléments héréditaires dans la production-reproduction de l'espèce;

3. L'adaptation entraînant la survie, et l'inadaptation, l'extinction;

4. Les modifications graduelles et diverses dues à l'évolution en tenant compte du contexte et des circonstances;

5. L'action continue de la puissance créatrice des acteurs, agents et agents-acteurs en présence;

6. La lutte des classes occasionnant parfois la mobilité sociale;

7. La variation des espèces.

Cette théorie nous permet, non seulement d'appréhender et décrire le rôle assez néfaste que jouent certains Etats ou certaines organisations internationales dans la crise de la sous-région des grands lacs africains, mais également d'expliquer leur posture et celle de la RDC dans cette insécurité infernale.

A travers les 7 lois qui sont en fait, les instances de l'explication du jeu des acteurs, agents et agents-acteurs dans la sous-région des grands lacs,nous arrivons à expliquer quele peu d'importance accordée à l'intérêt national au niveau interne est à la base de la persistance de l'insécurité dans la partie orientale de la RDC.

La conséquence de ce peu de considération de l'intérêt collectif au niveau national a des répercussions négatives au sein de certaines organisations dans lesquelles la RDC siège. Encrés dans le souci de la préservation d'abord et avant tout de leurs régimes politiques et de leurs intérêts, les acteurs, agents, agents-acteurs nationaux se laissent emportés par le charme d'autres acteurs qui leur rassurent en contrepartie certains avantages.Dès lors, l'inaction de la CIRGL dans l'insécurité à l'Est de la RDC n'est plus à s'étonner.

b. Méthode

La méthode est un cheminement intellectuel, un mode d'organisation et d'exposition de la pensée sous-tendue par une théorie explicative. Elle ne prétend pas fournir l'explication. Elle sert de boussole à l'usage des techniques19(*). Pour cette étude, nous avons recouru à la méthode de dissimilation des objectifs (MDO).

La méthode de dissimilation des objectifs pose qu'il existe, dans la vie quotidienne,certains Etats, certaines organisations intergouvernementales, certaines entreprises multinationales, certains individus qui, par leur manière d'agir, s'estiment détenir le monopolede la souveraineté sur d'autres Etats, d'autres organisations intergouvernementales, d'autres entreprises multinationales, d'autres individus en se passant même des différentes populations des Etats qu'ils considèrent comme conquis et voués à la soumission. Compte tenu de la conjoncture politique réelle dans ces Etats (qu'on appelle aussi Etats faibles, fragiles, faillis, bébés), ces prétendus détenteurs du monopole de souveraineté montent des stratégies, dissimulent leurs vrais objectifs derrière ceux moralement acceptables et scientifiquement démontrables, pour s'attirer lasympathie des peuples qu'ils exploitent pourtant, oppriment et dominent.

Trois principes complémentaires s'appliquent dans la MDO : (i) le discours officiel (public) exclue catégoriquement la démagogie ; (ii) tant pour les esprits éveillés que pour les vas-nus pieds, la dissimulation des objectifs doit être réfutée de par les bonnes intentions du discours officiel entendu ; (iii) la croyance collective doit toujours primer sur la réalité concrète, sur les conditions d'existence des exploités, des opprimés, des dominés, sans susciter la moindre volonté d'une quelconque auto-remise en question20(*).

Dans ce travail, la méthode de dissimulation des objectifs nous permet d'articulernotre cheminement discursif sur le modèle de ces postulats.

c. Techniques

Les techniques ne sont pas choisies. Elles ne relèvent pas non plus du pur hasard, ni de la préférence du chercheur. Opté pour une méthode impose également au chercheur le type d'outils appropriés pour la production et le dépouillement des données. Cela implique que l'on commence par bien définir sa problématique. Dans ce travail, nous allons recourir à la technique documentaire, l'observation indirecte, l'échantillonnage et l'entretien compréhensifs.

a) La Technique documentaire

Cette technique s'avère incontournable et la plus utilisée dans tout travail scientifique. Ici, l'observation de la réalité sociale transite par la lecture des oeuvres matérielles qu'immatérielles produites par l'homme vivant en société21(*).

Dans le cadre de cette étude, elle nous a permis de consulter les documents relatifs à ce sujet (livres, thèses, mémoires, travail de fin de cycle...) ; elle nous a également permis, grâce à la lecture spécialisée de certains documents, d'élaborer notre état de la question et de tracer une ligne de démarcation avec ces documents en vue de ressortir l'originalité de notre étude.

b) L'observation indirecte

L'observation directe est celle où le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations, sans s'adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à son sens de l'observation. Par contre, dans le cas de l'observation indirecte, le chercheur s'adresse au sujet pour obtenir l'information recherchée. En répondant aux questions, le sujet intervient dans la production des informations22(*). De ce fait, les évènements, les situations ou les phénomènes étudiés sont reconstitués à partir des déclarations des acteurs (enquête par questionnaire et entretien) ou des traces laissées par ceux qui furent les témoins directs ou indirects (l'analyse des documents).

Dans l'observation indirecte, l'instrument d'observation est soit un questionnaire soit un guide d'interview. L'un et l'autre ont comme fonction de produire ou d'enregistrer les informations requises par les hypothèses et prescrites par les indicateurs23(*).

A travers l'observation indirecte, nous nous sommes intéressés à la CIRGL comme organisation sous-régionale, à son pacte fondateur et les différents protocoles, en mettant en exergue les dynamiques actuelles entre pays de grands lacs. Nous avons ainsi confronté les engagements contenus dans le pacte de la CIRGL et la réalité sur le terrain c'est-à-dire dans la partie Est de la RDC.

c) L'échantillonnage

L'échantillon est la partie de l'univers de l'enquête qui sera effectivement étudiée et qui permettra par extrapolation de connaître les caractéristiques de la totalité de l'univers. On peut noter que cette technique de l'enquête par sondage d'opinion est applicable à toute opération de dénombrement et pas seulement en matière de sondage d'opinion.

En ce qui concerne les techniques de construction de l'échantillon, il en existe deux types dont les principes ont été formulés depuis 1925 par le danois Jensen : la première est la technique des quotasou technique de choix raisonné, la seconde est la technique probabilisteou technique aléatoire fondée sur le recours au hasard. Pendant un temps, les tenants de chacun de ces deux procédés se sont affrontés. Aujourd'hui, la querelle s'est apaisée et le choix s'effectue en fonction des conditions de chaque enquête : de la nature de l'univers et de son étendue, des informations que l'on possède sur lui, de l'objet de l'enquête, des moyens financiers dont on dispose24(*) etc.

Le choix raisonné est dit parfois de technique "rationnelle" parce qu'elle fait appel dans une certaine mesure au raisonnement logique. Dans ce procédé, la détermination de l'échantillon comporte deux phases : on construit d'abord une sorte de modèle réduit de l'univers de l'enquête, le plan d'enquête; ensuite, dans le cadre de ce plan d'enquête, on détermine les quotas, c'est-à- dire les catégories de personnes que chaque enquêteur aura à interroger25(*).

Ainsi, eu égard à la nature du sujet sous étude, et surtout la sensibilité de celui-ci, nous avons jugé utile de mener nos investigations au sein de la coordination nationale de la CIRGL à Kinshasa, au ministère des affaires étrangères de la RDC et celui de la coopération internationale et intégration régionale ainsi que l'Université de Kinshasa. Cependant, le mode opératoire et la taille de notre échantillon seront présentés dans le chapitre trois de ce présent travail.

d) L'entretien compréhensif

Les méthodes d'entretien se caractérisent par un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs, et par une faible directivité de sa part.Ainsi s'instaure en principe un véritable échange au cours duquel l'interlocuteur du chercheur exprimeses perceptions d'un événement ou d'une situation, ses interprétations ou ses expériences, tandis que, par ses questions ouvertes et ses réactions, le chercheur facilite cette expression, évite qu'elle s'éloigne des objectifs de la recherche et permet à son vis-à-vis d'accéder à un degré maximum de sincérité et de profondeur.Si l'entretien est d'abord une technique de recueil des informations, au sens le plus riche, il reste que l'esprit théorique du chercheur doit rester continuellementen éveil de sorte que ses propres interventions amènent des éléments d'analyse aussi fécond que possible26(*).

Loubet Del Bayle souligne que la caractéristique qui différencie un entretien scientifique d'autresformes d'entretiens est qu'il est une opération préparée. Cette préparation ayant pour but d'obtenir le maximum d'informations pertinentes et d'assurer aux résultats de l'entretien le maximum d'objectivité27(*).

Dans le cadre de cette étude nous avons utilisé l'entretien compréhensif, élaboré par Jean-Claude Kaufman28(*). Pour lui, dans l'entretien compréhensif, plus que de constituer un échantillon, il s'agit plutôt de bien choisir ses informateurs. Ainsi, l'échantillon constitué uniquement de ceux que nous avons supposé avoir suffisamment d'informations. Son mode opératoire est présenté dans le troisième chapitre de ce travail.

07. APPROCHE DE L'ETUDE

Dans le cadre de cette étude, nous faisons recours à l'approche qualitative. Le but de toute recherche qualitative consiste donc à comprendre la réalité telle qu'elle est perçue par les individus ou groupes étudiés. C'est pourquoi le chercheur doit tenter de se mettre le plus possible à la place de son interlocuteur pour comprendre ses émotions ou sa perception du monde.

La particularité de l'approche qualitative est que les résultatsstatistiques obtenus et les conclusions dégagées ne peuvent pas être généralisés au niveau de l'ensemble des individus et des espaces étudiés. Ils ne sont de ce fait que des indications qui manifestent l'ampleur du fait social étudié auprès des enquêtés concernés ou ayant participé à l'enquête29(*).

08. DELIMITATION DU SUJET

Restreindre son champ d'investigation ne devrait pas être interprété comme une attitude de faiblesse ou de fuite de responsabilité, mais bien au contraire, comme une contrainte de la démarche scientifique. En effet, toute démarche scientifique procède fatalement par un découpage de la réalité car il n'est pas possible d'étudier, de parcourir tous les éléments jusqu'aux extrêmes limites de la terre et jusqu'au début des temps30(*).

La délimitation tient compte de deux volets : le temps et l'espace.

08.1. Délimitation temporelle

Dans le temps, cette étude couvre la période allant de 2006 jusqu'en 2021. L'année 2006 est un repère important. Elle marque l'année où les chefs d'Etat de 11 pays membres de la CIRGL ont signé à Nairobi, le pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des grands lacs. Depuis, la RDC, l'un de ces Etats membres, s'est retrouvée déchirer par plusieurs maux, des crises post-électorales de 2006, 2011, la crise politique de 2016-2017, l'occupation de Goma en mai 2012 par les rebelles de M23, les Maï-Maï toujours actifs à l'Est de la RDC, la vivacité des ADF-NALU et des FDLR etc... C'est autant dire que malgré la signature du pacte, la RDC a connu depuis 2006 un certain nombre de problèmes qui nécessitent un éclairage scientifique.

L'année 2021 est celle au cours de laquelle nous avions bouclé nos enquêtes.

08.2. Délimitation spatiale

Dans l'espace, cette étude est menée à Kinshasa, essentiellement au siège de la coordination nationale de la CIRGL République Démocratique du Congo.

09. OPTION POUR LE SUJET ET INTERET DE L'ETUDE

09.1. Option pour le sujet

Opter pour ce sujet n'est pas le fruit du hasard. Il résulte d'une longue observation portée sur la situation sécuritaire qui sévit actuellement l'Est de la RDC. Les différentes représentations sociales qui émergent, les agissements et agitations qui en découlent nous ont déterminés à étudier le problème qu'il renferme.

09.2. Intérêt du Sujet

La plupart des travaux scientifiques renferment toujours un double intérêt dont l'un est scientifique et l'autre est pratique. Étant donné que notre dissertation se veut un travail scientifique, elle ne peut s'échapper à cette logique préétablie.

Ainsi, sur le plan scientifique, cette étude s'avère d'une pertinence capitale dans la mesure où elle constitue un véritable cadre de référence fournissant des plus amples informations. Elle démontre également les enjeux, le jeu, les marges de manoeuvre des autres membres de la CIRGL et les acteurs impliqués à la pérennisation de l'insécurité à l'Est de la RDC.

Quant au plan pratique, l'éradication de l'insécurité à l'Est de la RDC nécessite l'implication de plusieurs acteurs. A l'interne, cette étude peut apporter une pierre à l'édifice, à travers quelques pistes de solution qui sont formulées.

Au niveau externe, cette étude peut servir à une auto-critique des Etats membres de la CIRGL.

10. DIFFICULTES RENCONTREES

La réalisation d'un travail scientifique n'est pas chose facile. Elle exige beaucoup d'efforts et de sacrifices de la part du chercheur.

En ce qui nous concerne, nous avons connu un certain nombre de difficultés. Bien avant de nous lancer dans la recherche, nous ne connaissions ni le siège de la coordination nationale de la CIRGL/RDC, la direction de l'intégration régionale et les deux directions du ministère des affaires étrangères. Initialement, nous avons sollicité des entretiens avec le secrétaire général du ministère des affaires étrangères et celui de la coopération internationale et intégration régionale. Etant donné qu'ils sont tous des autorités administratives, ils nous ont à cet effet orienté vers les directions de leur ministère où sont traitées des questions relatives à la CIRGL et à la sous-région des grands lacs.

L'autre difficulté a été l'indisponibilité dans certaines bibliothèques de l'université de Kinshasa de certains ouvrages spécialisés sur la problématique abordée. Nous avions compté sur la documentation qui nous a été fournie par les membres du comité d'encadrement et par la coordination nationale de la CIRGL/RDC. La recherche sur internet nous a été aussi d'une grande pertinence.

Enfin, certains enquêtés nous ont demandé de l'argent pour réaliser les entretiens. Pour ce cas, nous avons carrément décidé de ne plus réaliser ces entretiens.

11. STRUCTURE DU TRAVAIL

Cette étude comprend, en plus de l'introduction et la conclusion, quatre chapitres. Le premier chapitre comprend trois sections : la revue de la littérature, la définition des concepts et la présentation de la coordination nationale de la CIRGL/RDC.

Le deuxième chapitre porte sur les notions théoriques sur la CIRGL. Il aborde les aspects organisationnels de la CIRGL, son intervention dans les différents maux qui rongent la RDC et les défis actuels de la CIRGL.

Le troisième chapitre traite du déroulement de l'enquêté, présente les données et dégage les résultats obtenus.

Le quatrième chapitre analyse et interprète les résultats obtenus des enquêtes.

CHAPITRE I. GENERALITES

Ce chapitre comporte trois sections. La première section porte sur la revue de la littérature. La deuxième aborde la définition de quelques concepts clés utilisés dans le cadre de cette étude. La troisième présente la coordination nationale de la CIRGL/RDC.

I. 1. REVUE DE LA LITTERATURE

Nous l'avons déjà annoncé dans l'introduction lorsque nous avons décrit la lecture spécialisée que notre revue de la littérature portera sur le concept clé de notre étude : le concept d'insécurité.

I.1.1. Origine et signification du concept d'insécurité

Etymologiquement, du préfixe latin In qui veut dire privé de, et de sécurité issu du latin securitas : absence de succès, exempt de crainte, tranquille31(*)...Il (concept d'insécurité) désigne le manque ou l'absence de sécurité.

Littéralement traduit, l'insécurité désigne dans la vie quotidienne le sentiment fait d'anxiété ou de peur que peut ressentir un individu ou une collectivité devant ce qui peut advenir. Elle s'oppose ainsi au sentiment de sécurité ou de sérénité.

Ainsi présenter, le concept d'insécurité n'a cessé d'évoluer. Il est utilisé dans plusieurs domaines (sciences sociales, sciences humaines, sciences environnementales, etc.) avec une connotation particulière. Dans le contexte actuel, le concept d'insécurité n'a plus la même signification que son étymologie ; il est devenu polysémique. En effet, sa compréhension dépend du domaine dans lequel il est utilisé. Plusieurs domaines l'ont ainsi emprunté et l'utilise en lui attribuant un contenu différent de son domaine initial. C'est le cas par exemple de la psychologie. Là on parle du sentiment d'insécurité qui est lié à la perception de la gravité du danger. Il y a aussi de thèmes pouvant être perçus dans cette perspective comme facteurs d'insécurité : la délinquance, l'emploi, la retraite, l'instabilité ou l'arbitraire juridique, le terrorisme, la peur de la guerre, etc.32(*) Prit sous cet angle, il est synonyme de danger, de risque, de précarité, de vulnérabilité...

Dans certains domaines, on lui attribue d'autres qualificatifs à l'instar de la sociologie où l'on parle de l'insécurité sociale qui résulte, selon Robert Castel, des grandes modifications sociétales qui n'ont pas été anticipées, provoquant un sentiment de mal-être et dissout les liens sociaux. Etre en insécurité sociale, c'est être à la merci du moindre aléa de l'existence. Par exemple une maladie, un accident ou une interruption de travail peut rompre le cours de la vie et faire basculer un individu dans l'assistance, voir dans la déchéance33(*).

Dans cette lancée, on peut également évoquer le concept d'insécurité civile pour désigner de menaces qui portent sur l'intégrité des biens et des personnes. Ce sont les vols, les violences, la délinquance, la criminalité qui sont fréquents dans les milieux urbains. Ce type d'insécurité renvoie, affirme R. Castel, à la problématique de l'Etat de droit. En effet, dans les sociétés démocratiques, l'Etat a le monopole des moyens pour combattre cette insécurité. Pour cela, il s'est doté d'institutions spécialisées, en particulier la police et la justice34(*).

Un autre type d'insécurité courant, c'est l'insécurité alimentaire. Elle désigne un état dans lequel se trouve une personne ou un groupe de personnes lorsque la disponibilité d'aliments sains et nutritifs ou la capacité d'acquérir des aliments satisfaisants par des moyens socialement acceptables, est limité ou incertaine. Par contre, il y a, la sécurité alimentaire, lors que tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture saine dont la quantité consommée et la qualité sont suffisantes pour satisfaire les besoins énergétiques et les préférences alimentaires des personnes35(*). A l'absence de ces exigences, on parle de l'insécurité alimentaire.

Pour l'Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), une personne est en situation d'insécurité alimentaire, lorsqu'elle n'a pas un accès régulier à suffisamment d'aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie saine36(*).

I.1.2. Portée du concept d'insécurité et niveau de débat actuel

Actuellement, le concept d'insécurité a franchi les frontières des sciences sociales, des sciences humaines (science de l'homme) pour renfermer d'autres réalités. Par exemple en droit, on parle de l'insécurité juridique. Elle découle de la nécessité de la sécurité juridique qui est un principe de droit qui a pour objectif de protéger les citoyens contre les effets secondaires négatifs du droit, en particulier les incohérences ou la complexité des lois et règlements ou encore leurs changements trop fréquents qui conduisent tous à ce qu'on appelle l'insécurité juridique37(*). Il y a insécurité juridique, lors que la loi est couramment violée et interprétée différemment dans un même contexte ou devant un même fait. Dans cette même lancée, nous pouvons également parler de l'insécurité juridique lorsqu'il y a le vide juridique.

Le concept d'insécurité est aussi très évoqué en sciences du travail. En effet, on en parle pour désigner l'état de l'emploi ou d'un poste de travail qui n'est pas stable38(*). Par contre, sur le plan politique, ce concept s'apparente à celui d'insécurité et de crise politique pour désigner, selon notre compréhension, les moments de turbulences et de conflits que connait un régime politique, une société.

Dans le domaine de l'urbanisme, un milieu est dit en insécurité lors qu'il est menacé par des catastrophes naturelles notamment les érosions, les inondations, etc.

En médecine par contre, on parle d'insécurité lorsque la population est décimée par des maladies, des épidémies et des pandémies pendant une période. C'est par exemple le cas actuellement du coronavirus qui met le monde entier en émoi.

Dans cette étude, l'insécurité dont il est question n'a rien de commun avec l'insécurité alimentaire, sanitaire ou juridique. Il s'agit de l'insécurité militaro-politique. Nous y reviendrons dans la définition de concepts.

I. 2. DEFINITION DE CONCEPTS

Trois concepts méritent un éclairage. Il s'agit de :

· Sous-région des grands lacs ;

· Organisation sous-régionale ;

· Insécurité militaro-politique.

I.2.1. La sous-région des grands lacs

A l'origine, l'expression a été employée par des explorateurs Anglais comme Richard Francis BURTON (1821-1890), John ROWLANDS et Henri MORTON STANLEY (1841-1890), lancés à la recherche du Nil.

Ainsi, la sous-région des grands lacs, souvent appelée Afrique des grands lacs désigne une entité géographique caractérisée par un relief accidenté, une densité humaine élevée et une assez grande proximité culturelle, notamment linguistique. Toutes les langues parlées par les habitants de cette région appartiennent à une famille des langues bantu, entre autre le Kirundi (Burundi), le kinyarwanda (Rwanda), le Swahili. C'est donc au sein des sociétés culturelles homogènes que l'ethnie est devenue un facteur de déchirement. Autre trait politique commun aux pays membres de cette sous-région est qu'ils ontune expérience politique commune, centrée sur des petits royaumes centralisés39(*).

Pour le pacte fondateur de la CIRGL, la « région des grands lacs »est entendue comme étant celle composée essentiellement de l'ensemble des territoires de douze Etats membres du champ de la conférence40(*).

En définitive, il faut entendre par « sous-région des grands lacs » : les grands en terme géopolitique, c'est-à-dire un espace fabriqué pour le besoin de la cause, comprenant douze Etats membres signataires du pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des grands lacs à savoir : l'Angola, le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, La RCA, la République du Congo, la RDC, le Soudan, le Soudan du sud, la Tanzanie et la Zambie41(*).

I.2.2. L'organisation sous-régionale

Les organisations régionales ou sous-régionales sont avant tout des organisations internationales ne pouvant rassembler qu'un nombre limité d'Etats membres. Etant donné qu'elles sont avant tout des organisations internationales, il s'avère pertinent pour nous de consacrer quelques lignes sur ce que signifie exactement une organisation internationale. C'est à l'issue de cet exercice que nous pouvons aisément définir ce qu'est-ce une organisation sous-régionale.

En effet, selon le dictionnaire de science politique « la Toupie », une organisation internationale est une organisation établie par un traité international ou une convention multilatérale entre Etats souverains ou organisation nationales, dans le but de coordonner au niveau mondial, continental ou régional des actions sur un sujet particulier déterminé par ses statuts. Et elles (les organisations internationales) ont des statuts de personnes morales et sont des sujets du droit international42(*).

Pour, la commission du droit international de l'Organisation des Nations Unies, une organisation internationale désigne « toute organisation instituée par un traité ou un autre instrument régi par le droit international et dotée d'une personnalité juridique internationale propre. Elle peut aussi comprendre parmi ses membres des entités autres que des Etats »43(*).

Michel VIRALLY définit l'organisation internationale comme « une association d'Etats, établie par accord entre ses membres et dotée d'un appareil permanent d'organes, chargée de poursuivre la réalisation d'objectifs d'intérêts communs par une coopération entre eux »44(*).

Tout compte fait, la qualification « organisation sous-régionale » est utilisée pour marquer l'existence d'une solidarité plus restreinte à l'intérieur d'une zone géographique donnée. C'est ainsi qu'on parlera par exemple de la CEDEAO, la SADC, la CIRGL etc. Car elles ne rassemblent pas tous les Etats du continent africain.

Pour nous, une organisation sous-régionale est celle qui regroupe un certain nombre de pays d'un même continent, avec une certaine similarité des problèmes et une certaine ressemblance linguistique, ethnique, géographique...

I.2.3. L'insécurité militaro-politique

A vrai dire, l'insécurité militaro-politique est différente d'autres types d'insécurité par sa caractéristique et son mode opératoire. L'insécurité que connait l'Est de la RDC depuis plus de deux décennies, en est un exemple patent. Cette insécurité prend de formes multiples suivantles acteurs et les enjeux en présence.

En effet, l'insécurité militaro-politique se caractérise par la présence de plusieurs acteurs dissimilés sous une force rebelle autonome, utilisant des armes blanches et létales pour des intérêts politiques (conquête du pouvoir politique), des intérêts économiques (exploitation des ressources naturelles) et des intérêts diplomatiques (insécurité au profit d'une puissance ou des puissances étrangères).

Si les motivations politiques à la base de cette insécurité ne visent pas de renverser le pouvoir politique établit à Kinshasa et prendre le pouvoir comme ce fut le cas avec l'AFDL, il sied tout de même de souligner que sa persistance va au-delà de la seule volonté des acteurs apparents dans la sous-région de grands lacs.

C'est pourquoi, nous appelons insécurité militaro-politique, l'absence de quiétude sociale au sein d'une population donnée, causée par des agents, commis par des acteurs souvent invisibles dans les théâtres d'hostilité mais qui en réalité sont les vrais tireurs de ficelle en vue de la sauvegarde de leur multiple intérêt.

I. 3. Présentation de la coordination nationale de la CIRGL/RDC

I.3.1. Localisation

Lacoordination nationale de la CIRGL/RDC est située au rez-de-chaussée, dans l'immeuble Likasi, place Royal, commune de la Gombe, à l'aile droit de la DGDA, partageant le même immeuble avec le conseil supérieur de la magistrature ou encore le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication, CSAC en sigle.

I.3.2. Organisation et fonctionnement

La coordination nationale de la CIRGL est le mécanisme national de coordination établit au niveau de chaque membre de la CIRGL. Son fonctionnement est prévu dans l'article 27 du pacte.

En effet, dans le but d'assurer le suivi et la mise en oeuvre des décisions prises par le Sommet et le Comité Interministériel Régional, un mécanisme national de coordination (MNC) a été mis en place dans chaque État membre. Les mécanismes sont composés de représentants de la société civile, des femmes et des jeunes. En clair, chaque Etat membre a établi un mécanisme régional de coordination de la conférence en vue d'y faciliter la mise en oeuvre du pacte en collaboration avec l'Etat membre, les partenaires au développement, les communautés économiques régionales et les institutions régionales compétentes.

Comme le prévoit l'organigramme en annexe, la coordination nationale de la CIRGL/RDC est dirigée par un coordonnateur national, Ambassadeur KAKESE VINALU Emile et un coordonnateur national adjoint M. TSHIBANDA PUMBWA Teddy Placide.Les deux assurent la coordination de toutes les activités liées à la CIRGL en RDC.

En plus de la coordination, il y a une direction de la coordination, dirigée par M. MAKASI Jean Paulin et son adjoint Me. ABEDI Crispin.Ils s'occupent de l'administration et de la gestion du personnel (de la coordination nationale CIRGL/RDC).

Le secrétariat du mécanisme national de coordination s'occupe de la gestion de tous les courriers et correspondantes adressés à la coordination nationale par le secrétariat exécutif, les organes spécialisés de la CIRGL et l'Etat congolais.

Vient enfin le collège des conseillers composé de dix conseillers repartis sur la base de différents programmes de la CIRGL.

CHAPITRE II. NOTIONS THEORIQUES SUR LA CIRGL

Dans ce chapitre, il est question de présenter l'historique de la CIRGL, et de retracer les différentes actions menées par la CIRGL allant dans la perspective d'éradication des maux qui rongent la partie orientale de la RDC. A cet effet, nous allons nous appesantir sur les différentes situations cruciales ayant marqué la RDC depuis 2006. Nous allons enfin présenter les défis actuels de la CIRGL.

II. 1.Historique de la CIRGL

La CIRGL a été organisée suite aux nombreux conflits politiques qui ont marqué la sous-région des grands lacs. Le conflit le plus marquant fut le génocide Rwandais de 1994 qui occasionna plus de 800.000 victimes et renforça l'instabilité politique en RDC. La création de la CIRGL résulte de la reconnaissance de la dimension régionale de ces conflits et de la nécessité d'un effort concentré en vue de promouvoir la paix et le développement durable dans la région.

En 2000, le conseil de sécurité de Nations-Unies, à travers les résolutions 1291 et 1304, a appelé à la tenue d'une conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des grands lacs. Au cours de la même année, la conférence internationale sur la sous-région des grands lacs fut établie conjointement par le secrétariat des Nations-Unies et l'Union Africaine à Nairobi, au Kenya45(*).

En Novembre 2004, les onze chefs d'Etats et de gouvernement des Etats membres adoptent à l'unanimité la déclaration sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs à Dar-Es-Salam, en Tanzanie.

Cette déclaration, souvent appelée « Déclaration de Dar-Es-Salam », traduit la volonté politique de chefs d'Etats de la sous-région de s'attaquer ensemble aux causes profondes des conflits et aux obstacles qui rongent la stabilité et le développement sous-régional, dans une perspective sous-régionale et innovante.

Deux ans après l'adoption de cette déclaration, les chefs d'Etats de gouvernement se réunissent à Nairobi, le 15 Décembre 2006, pour signer le pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la sous-région des grands lacs. Ce pacte fondateur comprend ainsi la déclaration de Dar-Es-Salam ainsi que les programmes d'action et les protocoles (qui seront présentés dans les lignes qui suivent). En effet, la signature du pacte marque ainsi la fin de la phase préparatoire et ouvre la voie à la mise en oeuvre et à la création du secrétariat exécutif de la CIRGL, inauguré en 2007 à BUJUMBURA, au Burundi.

Cependant, le pacte entre effectivement en vigueur en Juin 2008, après sa signature par 2/3 des Etats membres (8 pays). Après son indépendance en 2011, la république du Sud-Soudan appose sa signature sur le pacte le 24 Février 2013 et devient donc le 12e Etat membre de la CIRGL.

II.1.1. OBJECTIFS

Les Etats membres de la sous-région des grands lacs sont marqués par une dynamique sous-régionale très complexe avec des clivages locaux et des conflits nationaux qui ont pris des dimensions transfrontalières. Chaque pays a connu une situation intérieure complexe et passée, récente et violente, au cours de laquelle les contradictions internes se sont polarisées et interconnectées avec celles des pays voisins.

C'est dans le souci d'assurer la paix, la sécurité, la stabilité politique et le développement dans les régions des grands lacs que la CIRGL avait fixé des objectifs via les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres, dans la déclaration de Dar-Es-Salam en novembre 2004. Parmi ces objectifs, quatre domaines jugés prioritaires constituant le socle de ce pacte. Il s'agit de : la paix, la sécurité, la démocratie et le développement sur les grands Lacs.

II.1.2. Cadre juridique

Le pacte sert de cadre juridique et d'agenda pour la CIRGL avec comme objectif central la création des conditions favorables à la sécurité, la stabilité et le développement au sein des Etats membres. Le pacte comprend :

- La déclaration de Dar-Es-Salam (signé en 2004) ;

- Les programmes d'action ;

- Et le pacte46(*).

Les programmes d'action de la CIRGL sont :

- Paix et sécurité ;

- Démocratie et bonne gouvernance ;

- Développement économique et intégration régionale ; questions humanitaires et sociales.

Le pacte inclut 10 protocoles qui sont juridiquement contraignants. Il s'agit du :

- Protocole sur la non-agression et la défense mutuelle dans la sous-région des grands lacs ;

- Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance ;

- Protocole sur la coopération judiciaire ;

- Protocole sur la prévention et la répression du crime de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité et de toute forme de discrimination ;

- Protocole sur la lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles ;

- Protocole sur la zone spécifique de reconstruction et de développement ;

- Protocole sur la prévention et la répression de la violence sexuelle... ;

- Protocole sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées ;

- Protocole sur les droits à la propriété des rapatriés ;

- Protocole sur la gestion de l'information et de la communication.

II.1.3. Cadre institutionnel

Le Sommet des Chefs d'Etats

Le comité interministériel régional de la CIRGL (RIMC)

Le secrétariat Exécutif de la conférence

Les mécanismes nationaux de coordination

Groupe d'experts Ad. Hoc.

Troïka

Actuellement, la présidence est assumée par JOAO Lorenzo, le président angolais. L'angolais Joao Samuel est le secrétaire exécutif depuis novembre 2020.

II. 2. LA CIRGL FACE A L'INSECURITE A L'EST DE LA RDC

Dans cette section, nous allons présenter quelques faits survenus sur le sol Congolais. La plupart de ces faits se sont déroulés à l'Est de la RDC, lesquels sont liés aux objectifs de la CIRGL sur la sous-région des grands lacs, et voir dans quelle mesure la CIRGL est intervenue.

II.2.1. La CIRGL face à la rébellion du Congrès National pour la Défense du Peuple de Laurent NKUNDA, CNDP en sigle (2007-2009).

Le CNDP est l'administration rebelle établie par Laurent NKUNDA dans la région du Kivu. Depuis 2008, le Nord et Sud Kivu, les deux provinces orientales de la RDC, vivaient au rythme des guerres à répétition et du cycle sans fin des rebellions : AFDL, ADF, RCD et le dernier en date (2008) : le CNDP47(*). En sous-main, on retrouve deux voisins turbulents de la RDC : le Rwanda et l'Ouganda accusés de soutenir les rébellions successives.

Le CNDP regroupait quelques militaires issus du RCD qui avait conclu un accord avec le gouvernement congolais. Avec des motivations un peu floues, le CNDP affirmait se battre notamment pour éradiquer la menace représentée par les rebelles Hutu Rwandais des FDLR, dont une partie ont participé au génocide de 1994 contre les Tutsis Rwandais, et installés depuis dans l'Est de la RDC48(*).

Après l'installation effective de la CIRGL, la rébellion du CDNP apparait clairement comme la première crise ouverte face à laquelle fut-elle confrontée. Face à cette situation, la CIRGL devait, sans tarder, intervenir pour monter sa vraie raison d'être. Il y a lieu de mentionner avec Adolphe Kilomba que, dans le conflit qui a coïncidé avec la date de sa création en 2007, le premier conflit dans lequel la CIRGL a été mise à contribution fut celui du CNDP dans les deux Kivu, aussitôt créée, la CIRGL avait déjà eu à gérer ce conflit entre Laurent Nkunda et le gouvernement congolais49(*).

Ainsi, la CIRGL était présente dans la quête d'une solution pacifique à la crise en y apportant son apport sur quasiment tous les fronts. Son intervention fut très pertinente face à ce conflit. Pour se faire, elle organisa le sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la CIRGL, l'organe suprême du mécanisme régional de suivi à Nairobi le 7 Novembre 2008. Ce sommet désigna les anciens présidents OLESENGUEN OBASANJO du Nigéria et Benjamin WILLIAM MKAPA de la Tanzanie pour faciliter la résolution de la crise dans cette partie de la RDC sous les auspices de la CIRGL50(*). Les efforts de ces Co-médiations ont abouti à la signature de l'accord de paix entre le gouvernement de la RDC et le CNDP, le 20 Mars 2009.

Cet accord stipulait entre autre ce qui suit :

- Le CNDP confirme le caractère irréversible de sa décision de mettre fin à son existence comme mouvement politico-militaire. Il s'engage à intégrer ses éléments de police et ses unités armées respectivement dans la Police Nationale Congolaise et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo; à se muer en parti politique et à remplir les formalités légalement requises à cette fin51(*), et legouvernement s'engage à traiter avec célérité la demande d'agrément du CNDP comme parti politique.

- Le CNDP s'engage à produire, dans les plus brefs délais, la liste réactualisée de ses membres prisonniers politiques.Conformémentaux actes d'engagement de Goma, le gouvernement s'engageà procéder à la libération de ces prisonniers. Le gouvernement s'engage également à assurer leur rapatriement dans leurs lieux d'habitation et accorder l'amnistie aux combattants du CNDP.52(*)

De ce qui précède, la contribution de la CIRGL à la résolution de ce conflit n'est pas à minimiser. A ses débuts, elle a joué son rôle d'organe régional de résolution des conflits. Elle était au front à la quête des solutions pour éradiquer ce conflit. Ce qui nous renvoi à souligner ici la pertinence de cette jeune organisation sous-régionale pouvant aider la RDC, à résoudre les différents conflits qui sévissent dans la partie orientale de la RDC.

Ces efforts de la CIRGL ont certes marqué la fin des hostilités entre le CNDP et la RDC, mais ne signifient pas forcement le retour de la paix dans l'Est de la RDC. Après quelques années, plusieurs autres rébellions ont vu le jour.

II.2.2. La CIRGL face à la rébellion du M23

a) Contexte et chronologie des événements

La rébellion du M23 est le copier-coller de l'ex-rébellion du CNDP.

- Le 29 Avril 2012, des soldats de l'ex-rébellion du CNDP, intégré dans l'armée congolaise après les accords du 20 mars 2009 évoqués précédemment, désertent et lancent une mutinerie. A la tête des mutins, on retrouve des proches du général Bosco NTANGADA, un ancien du CNDP, nommé général après les accords de paix avec le gouvernement congolais, aussi recherché par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité53(*).

- Le 6 mai 2012, un communiqué annonce la création du M23, en référence aux accords du 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et le CNDP, dont les membres demandent l'application intégrale. Certes officiellement, souligne C. Rigaud, le M23 exige du gouvernement congolais l'intégration au sein de l'armée régulière des combattants de l'Ex-CNDP, la transformation du mouvement en parti politique et le maintien des anciens rebelles dans leur fief du Kivu, mais officieusement, le M23 protège son chef Bosco NTAGANDA contre une extradition vers la CPI54(*)...

- Le 06 Juillet 2012, les rebelles du M23 s'emparent de BUNAGANA, une importante ville frontalière avec l'Ouganda et poumon économique de la région. L'armée congolaise, inefficace, peu ou pas payée, mal équipée et commandée, oppose une maigre résistance. Les rebelles avancent vers la capitale provinciale Goma, qui a déjà failli tomber entre les mains de L. Nkunda en 2008.

- Le 08 juillet 2012, le M23 continue son offensive et prend les localités de Rutshuru et Rumangabo et le 20 Novembre 2012, après plusieurs jours d'offensive, les rebelles font tomber Goma, capitale du Nord Kivu, la chute de Goma devient ainsi un symbole, mais surtout une véritable humiliation pour l'armée congolaise et les Nations-Unies censées la protéger.

- Le 24 Novembre 2012, la CIRGL intervient comme la première organisation Africaine et cadre régional de résolution de tous les problèmes sous-régionaux. Lors d'un sommet à Kampala, en Ouganda, la CIRGL demanda au M23 de se retirer de Goma en échange de l'ouverture de négociation avec le gouvernement congolais55(*). Une déclaration qui produira certes des fruits, les rebelles se replient au Nord de la ville après dix jours d'occupation.

Par cette déclaration de la CIRGL, la pression internationale s'accentue à cet effet sur le M23, et surtout le Rwanda soupçonné d'aider les rebelles, des allégations toujours niées par le Rwanda. Un rapport de l'ONU a indiqué que les rebelles avaient reçu, à plusieurs fois le soutien de ce pays alors qu'il fait partie, à la surprise générale, de la CIRGL56(*).

Du côté de la RDC, alors que le pays croupi devant une rébellion avec des visions sécessionnistes clairement affichées ; le président congolais Joseph Kabila, lors de son discours sur l'Etat de la nation souligne ce qui suit : « c'est depuis Mars 2012 que des éléments à la solde des intérêts étrangers ont entrepris de semer le trouble et la désolation dans la province du Nord Kivu. A l'origine, ce fut une mutinerie, justifiée par des allégations de non-application par le gouvernement de la RDC de l'accord de paix du 23 Mars 2009 conclu entre le gouvernement et une trentaine de groupes armés. Aujourd'hui l'accord n'est contesté que par un seul d'entre eux ; cette mutinerie s'est ensuite muée en une rébellion, aux motivations fluctuantes et élastiques, variant en fonction des alliances et des circonstances. La stratégie mise en place est simple : susciter des foyers de tension, provoquer l'insécurité à plusieurs endroits de la république, décourager les investissements et empêcher la mise en oeuvre du programme de reconstruction nationale. Bref, créer le chaos et justifier la balkanisation de notre pays. Pour mettre fin à cette nouvelle guerre que nous n'avons ni directement, ni indirectement provoquée, nous nous sommes, dès le début déployés sur trois fronts : diplomatique, politique et militaire57(*) ».

Après un premier échec de l'armée congolaise ayant cédé la ville de Goma, la voie diplomatique et politique revêtent une grande pertinence. Sur le plan diplomatique, poursuit Joseph Kabila, « la guerre au Nord Kivu et la situation humanitaire qu'elle a engendrée ont justifiée, notamment la convocation en sept mois de cinq sommets extraordinaires de la CIRGL... ».Le 09 Décembre 2012, les pourparlers de paix débutent à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 sous l'égide de la CIRGL, mais rapidement, les discussions s'enlisent et butent sur la légitimité des délégations.

Le président Kabila poursuit : « grâce à cette offensive diplomatique, les Etats de la CIRGL ont officiellement et unanimement identifié toutes les forces négatives qui y sévissent. Vu la dégradation de la situation et l'érosion conséquente de la confiance entre notre pays et le Rwanda, reconnait Joseph Kabila, l'intervention d'une force internationale neutre a été décidée par la CIRGL avec, pour mission, la surveillance de la frontière entre notre pays, le Rwanda et l'Ouganda d'une part, et d'autre part l'éradication des forces négatives. Sur le plan politique, poursuit-il, poursuivant la quête d'une solution à ce conflit armé, le gouvernement a accepté de rencontrer, sous l'égide de la CIRGL, ceux qui ont agressé la RDC afin de vider le prétexte de la déstabilisation »58(*).

Cependant, une délégation officielle représentative de toutes les institutions politiques de la RDC et de la société civile, a été dépêchée à Kampala pour des échanges amorcés sous l'égide de la CIRGL. Reconnaissant ainsi l'implication de l'Ouganda et le Rwanda dans la pérennisation de ce conflit, soutenu par plusieurs rapports de l'ONU, un accord est signé par onze Etats membres de la CIRGL le 24 février 2013 pour la pacification de l'Est de la RDC. L'accord prévoit notamment la non-ingérence des Etats voisins (Rwanda, Ouganda et le Burundi), l'envoie d'une force internationale pour neutraliser les groupes armés et la nécessité de faire des reformes pour le gouvernement congolais59(*). Cet accord constitue ainsi un tournant majeur dans la crise du Kivu.

Ainsi, le 21 Octobre 2013, les négociations de paix de Kampala sont suspendues. Le gouvernement congolais, fort de ses avancées militaires avec le soutien de la force internationale neutre issu de l'accord d'Addis-Abeba, recommandée par la CIRGL et soutenue par l'ONU, refuse d'accorder l'amnistie aux principaux chefs rebelles. L'offensive de l'armée congolaise et ses alliées s'intensifie.Le 30 Octobre 2013, victoire armée pour les forces gouvernementales. Les FARDC s'emparent de Bunagana, le quartier général du M23, à la frontière Ougandaise. Tous les fiefs de M23 ainsi récupérés, le M23 annonce le 5 Novembre 2013 la fin de son mouvement, 18 mois après avoir tenu tête face aux FARDC60(*).

b) Contribution de la CIRGL

Dans ce conflit, la CIRGL s'était mobilisée en quête d'une solution. Il y a eu la tenue de sept sommets extraordinaires des chefs d'Etat de la CIRGL à Kampala dits Kampala 1 jusqu'à Kampala 7 avec plusieurs résolutions qui ont permis à résoudre ce conflit.

C'est à l'issue de ces sommets respectifs que la CIRGL proposa l'idée du déploiement d'une force internationale neutre pour désarmer les groupes et milices armés encore actifs dans l'Est de la RDC. C'est d'ailleurs sous la pression des chefs d'Etat de la CIRGL que le M23 avait été sommé de quitter la ville de Goma qu'il avait conquise. Cette idée de la force internationale neutre émanant de la CIRGL fut récupérée plus tard par le conseil de sécurité des nations unies qui créa, à travers la résolution 2098, la brigade d'intervention de l'ONU incorporée à la Monusco avec un mandat offensif61(*). L'appui de cette brigade aux FARDC a permis à ces dernières de démanteler militairement le M23, la CIRGL a continué à piloter les négociations entre ce mouvement rebelle et le gouvernement congolais. Ces négociations furent clôturées par la déclaration de Nairobi en Décembre 2013 qui a mis définitivement fin aux pourparlers entre le gouvernement et le M23.

Pour ainsi dire que la CIRGL a été au four et moulin pour résoudre la crise sécuritaire de M23. Bien que nouvelle, Elle a le mérite d'avoir déclenché et guidé les négociations de Kampala du début jusqu'à la fin. Elle est devenue le cadre d'échange et de coopération pour la résolution pacifique des conflits régionaux. Inconnue il y a quelques années, la crise du M23 a permis à la CIRGL de devenir, comme la CEDEAO en Afrique de l'ouest, une organisation sous-régionale de référence traitant les questions de sécurité collective62(*).

En dépit d'éradication de la rébellion grâce entre autre aux efforts de la CIRGL, l'insécurité persiste toujours à l'Est de la RDC, caractérisée notamment par la prolifération des groupes et milices armés dans cette partie de la RDC.

II.2.3. La CIRGL et la problématique des groupes et milices armes étrangers sur le sol congolais 

En signant le protocole de non-agression et de défense mutuelle dans la région des grands lacs, les chefs d'Etat engageaient les Etats entre autres à l'interdiction d'employer des forces armées contre la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique d'un Etat ; l'invasion ou l'attaque du territoire d'un Etat membre par des forces armées ou toute occupation militaire, même temporaire, résultant d'une telle invasion ou d'une telle attaque, ou toute annexion par l'emploi de la force du territoire ou d'une partie du territoire d'un Etat membre et surtout le fait pour un Etat membre d'autoriser l'utilisation de son territoire par un autre Etat membre pour perpétrer un acte d'agression contre un Etat tiers63(*). Au regard des engagements, nous allons nous intéresser sur la nature des groupes armés présents sur le sol congolais et l'implication de la CIRGL dans ce conflit prohibé par ses textes.

II.2.3.1. La CIRGL face aux FDLR et les ADF-NALU.

Par leur nature, nous avons jugé utile de combiner ces deux groupes armés d'origine étrangère dans cette section pour déceler la contribution de la CIRGL.D'un côté, les FDLR sont un groupe armé rwandais présent à l'Est de la RDC depuis 2000, défendant les intérêts des Hutus Rwandais réfugiés en RDC et opposé à la présidence de Paul KAGAME. De l'autre côté, les ADF-NALU sont un groupe armé ougandais regroupant des mouvements d'opposition au président Yoweri Museveni fondé en 199564(*).

Les ADF-Nalu luttaient initialement contre ce régime, mais ils ne sont jamais parvenus à s'y implanter, il s'est plutôt enraciné dans l'Est de la RDC et, plus particulièrement dans des zones montagneuses difficiles d'accès. S'insérant dans la population locale et les circuits du commerce frontalier, il a noué des relations avec les autorités civiles et militaires ougandaises et congolaises. Cette implantation dans une zone grise a permis aux soldats perdus des ADF-NALU de survivre sans gagner une bataille depuis plus de deux décennies et d'avoir été vaincus à plusieurs reprises mais jamais neutralisés.65(*)Comme peut-on le constater, depuis plus de deux décennies, l'Est de la RDC vit au rythme d'une guerre sans précédent livrée par les groupes armés d'origine étrangère, principalement du Burundi, du Rwanda et de l'Ouganda.

En effet, les accords de paix signés depuis 2002 par onze gouvernements africains et les divers groupes armés étaient censés mettre fin à 7 ans de guerre qui ont ravagé la région des grands lacs en Afrique. Une décennie plus tard, l'instabilité, étroitement entrelacée avec la géopolitique régionale, persiste. Des conflits récurrents ont tué des dizaines de milliers de personne, en majorité des civils, et ont provoqué le déplacement de millions d'autres.

Les provinces du Nord et Sud Kivu dans la partie orientale de la RDC sont l'épicentre des combats. Elles sont le plus grand réservoir de milices prêtes à louer leurs services aux plus offrants. Les conflits au Kivu sont alimentés également par des puissants facteurs externes. Des milices opposées aux gouvernements du Burundi, du Rwanda, et de l'Ouganda notamment les FDLR et les ADF-NALU sont basées au Kivu.En représailles, ces pays financent et déploient des milices dans cette région et favorisent la prolifération des groupes armés dans la région. Presque tout le trafic illicite des minerais du Congo qui finance les groupes armés transitent par le Burundi, le Rwanda, et l'Ouganda66(*).

En effet, les principaux pays impliqués dans ce conflit ont tous soutenu des milices par procuration. Cette tactique qui vise à contrer une sérieuse menace sécuritaire pour l'Etat, finie par être un expédie contreproductif qui entraine souvent une crise plus grande. En fin de compte, la plupart des parrains perdent le contrôle de leurs marionnettes. Ces groupes se transforment, élaborent et développent souvent leurs propres agendas qui menacent parfois les intérêts mêmes qu'ils étaient supposés protéger. L'AFDL, le RCD, le CNDP, les FDLR et les ADF-Nalu en sont des exemples éloquents. Le Rwanda, en particulier, est un appui incontournable à ces types de groupes. Ses actions dans la RDC minent la stabilité régionale requise pour attirer davantage d'investissement international. Cette pratique met, par extension, aussi en péril sa notoriété face aux donateurs et aux investisseurs internationaux67(*).

Sur cette question, il est clair que les groupes armés les plus forts et les plus perturbateurs à ce jour dans l'est du Congo sont essentiellement étrangers. C'est le cas des FDLR qui sont de loin le plus grand groupe armé, à la fois en termes du nombre des éléments et de la répartition géographique. Les FDLR maintiennent ainsi un degré élevé d'influence soit seules soit avec l'armée ou d'autres milices.Bien qu'il existe des déclarations contradictoires concernant la force du groupe, beaucoup de chercheurs avancent un chiffre situé entre 1.000 et 2.500 éléments, soit plusieurs fois plus grand que tout autre groupe armé dans l'Est de la RDC. Il reste, cependant, que malgré leur importance, les FDLR ont été incapables de lancer des raids majeurs au Rwanda depuis 200168(*).

Comment peut-on expliquer cette inadéquation : Un groupe armé étranger avec des motivations clairement affichées soit plus actif dans un autre pays que sa cible initiale ? C'est autant dire que la présence de ces groupes armés étrangers sur le sol congolais mérite d'être examinée dans son vrai contexte. En effet, le constat c'est que la CIRGL s'est pas du tout impliquée à l'éradication de ces groupes armés.

En 2014, suite à la montée en puissance des massacres des civils congolais innocents par les FDLR, la CIRGL a consacré un sommet extraordinaire sur cette matière à Luanda, en Angola. A l'issue de ce sommet, un ultimatum avait été lancé aux FDLR pour leur désarmement inconditionnel jusqu'en janvier 2015, les chefs d'Etat avaient aussi soutenu l'option d'une action militaire contre les FDLR en cas de non-respect du délai leur fixé de six mois, à la date butoir du 2 janvier 201569(*).

Arrivée à la date butoir (le 2janvier 2015), les chefs d`Etat avaient fait le constat qu'aucun progrès significatif n'avait été enregistré en ce qui concerne le désarmement volontaire et la reddition des rebelles des FDLR. Un deuxième sommet des chefs d'Etat de la CIRGL (en collaboration avec la SADC) était projeté à Luanda les 12 et 13 Janvier 2015 pour adopter les sanctions. Ce sommet qui devrait notamment se pencher sur l'option militaire contre ces rebelles a été, à la surprise générale, annulée et les vraies raisons n'ont jamais été communiquées.

Ce qui démontre l'inaction de la CIRGL face à ces rébellions. Condamnée à faire face à une situation qu'elle n'a ni directement, ni indirectement créé, la RDC déployée sur tous les fronts afin d'éradiquer ce fléau. Convaincue des efforts personnels de la RDC, la CIRGL réagit timidement à travers un simple communiqué : « ...la CIRGL salue l'offensive menée par les FARDC contre les FDLR. Elle félicite et encourage le gouvernement congolais pour ces opérations militaires lancées depuis le 26 février faisant suite à la décision de la CIRGL lors de leur premier sommet tenu à Luanda en Aout 2014... »70(*).

Tout compte fait, face à la rébellion des FDLR et des ADF-Nalu,aucun progrèsn'a été réalisé. La CIRGL demeure jusqu'ici impuissante et indifférente face à ces rébellions.

II.2.3.2. La CIRGL face à l'incursion des militaires zambiens sur le sol Congolais.

Récemment, la RDC a connu une situation particulière et inadmissible dans sa partie Sud-Est. C'était l'incursion des militaires zambiens dans certains villages notamment à Moliro, situés à Moba dans la province de Tanganyika. Ces militaires Zambiens ont opéré avec des hélicoptères en faisant des patrouilles aériennes, mais également les forces terrestres faisant incursion dans plusieurs quartiers de la cité de Moliro.

En effet, la présence non-justifiée des militaires Zambiens sur le sol Congolais violait le pacte et le protocole sur la non-agression et la défense mutuelle. Face à cette situation, la RDC a privilégié la voie diplomatique c'est-à-dire le règlement pacifique de ces différends. C'est dans ce contexte que l'implication de la CIRGL revêt une grande importance.

Force est de constater que la CIRGL est restée inactive, mieux indifférente face à cette situation. Alors que deux de ses pays membres s'affrontent directement, la CIRGL s'est fait remarquer surtout par son laxisme, n'ayant pas intervenue face à cette situation alors qu'elle est mieux placée pour résoudre ce genre de litiges. C'est ainsi, à l'absence de l'implication de la CIRGL, la RDC avait saisi la SADC, partenaire majeur de la CIRGL sur ce litige frontalier l'opposant à la Zambie, tous deux membres de la CIRGL et de la SADC.

Après examen du contentieux frontalier, la SADC a décidé de dépêcher une forte délégation pour décanter la crise qui a éclaté en Mars 2020. A l'issue de ce constat, le gouvernement congolais et la SADC donnèrent un ultimatum de sept jours à l'armée Zambienne pour quitter le territoire71(*). Quelques jours après l'expiration de cet ultimatum, le ministre d'Etat, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement congolais a confirmé le 07 Aout 2020 le retrait effectif des militaires Zambiens sur le sol congolais. Il précise néanmoins que ce retrait ne met pas fin à tout litige entre la RDC et la Zambie. Des négociations entre les deux parties se poursuivront72(*).

Tout compte fait, la CIRGL est restée inactive face à ce litige entre deux de ses Etats membres.

II.2.4. Des leçons à tirer

Dans la perspective d'analyse diachronique73(*), Il existe une certaine dynamique dans ce long processus de pacification et d'éradication de groupes armés à l'Est de la RDC. Comme peut-on le constater, il y a, à l'origine une rébellion qui se créée, attrait par les multiples ressources naturelles de la RDC et soutenue par des pays frontaliers de l'Est avec des visions annexionnistes clairement affichées. Ces rébellions se heurtent cependant aux efforts, moindres qu'ils soient, du gouvernement congolais, soutenus selon les enjeux de l'heure, par la communauté nationale. Elles finissent par chercher à conclure des accords avec le gouvernement congolais, cherchant un alibi pouvant leur donner une base légale au cas où le gouvernement ne respecterait pas un engagement qu'il a pris.

Au départ, la ruse semble marchée, c'est le cas de la rébellion du RCD qui, après avoir conclu un premier accord avec le gouvernement congolais engendra, suite à la non-concrétisation effective de tous les engagements contenus dans l'accord, le CNDP de Laurent Nkunda. Après avoir longtemps tenu contre l'armée congolaise, le CNDP finit par accepter de conclure un accord avec le gouvernement Congolais grâce aux efforts de la CIRGL qui ont abouti à la signature de l'accord de paix entre le gouvernement de la RDC et le CNDP, le 23 Mars 2009.

Trois ans plus tard, la même stratégie refait surface, le CNDP engendra à son tour le M23, une rébellion issue de l'accord du M23 dont les membres réclament l'application intégrale. Ce qui renvoi à dire que la conclusion des accords de paix entre le gouvernement congolais et les groupes armés ne constitue nullement une solution durable à ce fléau. Les négociations se fondent sur les éléments conjoncturels et sur les conséquences, et non sur les principales causes de ces rébellions. C'est devenu un cercle vicieux, où la RDC ne cesse de tourner à rond pour essayer d'éradiquer ces groupes rebelles.

A ces propos, notons avec Mathieu TSHUNGU BAMESA74(*) que deux approches ont dominé jusqu'à ce jour la recherche de la paix dans les grands lacs. La première approche, rappelle-t-il, est fondée sur la conclusion des accords au sommet entre les gouvernements ou les protagonistes politiques. Ici, les promoteurs de la paix qui adoptent souvent par affiche une attitude d'autosatisfaction et finissent par des récriminations.

En effet, si le rapprochement des communautés peut avoir lieu grâce aux accords, l'histoire démontre que les décrets politiques ont peu d'effet sur les préjugés socio-culturels qui génèrent et alimentent les conflits. La deuxième approche est celle fondée pour éradiquer les forces dites négatives. Celle-ci s'est avérée aussi traumatisante que coûteuse en vie humaines pour les communautés par ses effets qualifiés des collatéraux. Déplacement massif des populations, tueries aveugles et pogroms planifiés accompagnent les aventures guerrières des « libérateurs de tout bord75(*) ». Telle ou l'autre approche s'avère pertinente. Actuellement, elles ont montré leur limite.

ii. 3. DEFIS ACTUELS DE LA CIRGL

Avant d'évoquer les défis actuels de la CIRGL, il sied d'évoquer, à la lumière de ce qui précède, les faiblesses de la CIRGL.

II.3.1. Faiblesses de la CIRGL

Parler de faiblesses de la CIRGL renvoie à aborder les différents engagements contenus dans le pacte fondateur de la CIRGL et ses différents protocoles, lesquels engagements peinent à être concrétisés. Dans le contexte actuel, la plus grande faiblesse de la CIRGL c'est l'absence de sanctions dans le pacte contre tout Etat membre qui violerait les engagements contenus dans tous ses instruments légaux.

En effet, en dehors de la domestication de certains chefs d'Etats des pays membres de l'organisation se substituant au gré des intérêts de leurs pairs du pouvoir aux enjeux économiques, l'inaction de la CIRGL s'observe également par un vide juridique au niveau de l'absence des mesures contraignantes des sanctions des Etats membres en cas de violation des accords. Ce qui fait que l'institutionnalisation de l'impunité ne fait que certifier et légaliser la succession des crises et violations du pacte qui ont élu domicile dans la sous-région des grands lacs en général, à l'Est de la RDC en particulier.

Dans ce même ordre d'idées, les limites principales de la CIRGL sont le fait qu'elle ne s'est pas préoccupée de violations massives des droits de l'homme commises par divers acteurs étatiques agissant en RDC. Ces abus sont maintenant bien décrits dans les rapports de l'ONU. D'autres parts, ces acteurs étatiques n'ont pas été contraints à mettre fin à leur pratiques qui s'appuient sur des actions militaires de court terme et des milices armés pour garantir leurs intérêts sécuritaires et économiques immédiats75(*).

En dépit du fait que plusieurs rapports de grande envergure, notamment ceux de l'ONU, GEC et autres bureaux d'études sur la RDC aient alerté sur les graves violations des droits de l'homme, des pillages systématiques et massacres des civiles innocents à l'Est de la RDC par des groupes armés, surtout étrangers (ADF-Nalu, FDLR etc.) en complicité avec certains acteurs étatiques clairement identifiés, la CIRGL n'a infligé, jusqu'ici, des sanctions exemplaires, ou moindres soient-elles, aux commanditaires et tireurs des ficelles qui sont du moins connus.

Du coup, la CIRGL, débordée par les événements, devient de plus en plus inactive. Son rôle d'organe régional de résolution des problèmes sous-régionaux est réduit à celui d'un simple observateur inactif face au jeu de certains acteurs sous-régionaux ne respectant plus les textes de l'organisation.

S'agissant du protocole de non-agression et de défense mutuelle signé entre pays des grands lacs, il traduit visiblement le rôle de la CIRGL comme mécanisme permanent de suivi des relations entre les Etats des grands lacs. En effet, en 1996, la région des grands lacs a connu une première expérience inédite dans son histoire. Elle a connu l'invasion de la RDC par certains pays des grands lacs (Rwanda et l'Ouganda) ayant accompagné la rébellion de l'AFDL, créée et entretenue par ces pays pour chasser le régime de Mobutu. Les relations s'étaient détériorées quelque temps après entre le régime de LD Kabila et ses alliées. Cette situation constitue le socle de la détérioration des relations entre pays des grands dont les stigmates sont manifestes jusqu'à ce jour.

Reconnaissant l'influence de cette dimension dans la stabilité de la sous-région des grands lacs, la CIRGL ne pouvait nullement mépriser cet aspect dans la quête de la pacification de la partie Est de la RDC. Ce qui parait évident, l'entrée en vigueur de ce protocole a ouvert la voie dans la consolidation des relations entre pays des grands lacs, afin de déminer le climat morose qui y régnait depuis presqu'une décennie.

De nos jours, au lieu de révérer ces engagements solennellement signés, ce protocole s'avère piétiné, comme tous les autres textes de la CIRGL d'ailleurs, par certains Etats membres. Et la CIRGL devrait, à défaut des remontrances, sanctionner tout Etat déviant et provocateur cherchant d'une quelconque manière à étendre son hégémonie, peu importe sa nature, sur le territoire d'un autre Etat.

De ce qui précède, il est donc difficile d'identifier de nos jours des sanctions, moindres soient-elles, infligées aux autres Etats impliqués de près ou de loin, à l'insécurité à l'Est de la RDC.

Tout compte fait, en dépit de ses efforts considérables dans la résolution de la rébellion du M23 et du CNDP, la CIRGL présente plusieurs faiblesses dont la non-concrétisation des engagements contenus dans son pacte et le non-respect, par certains Etats membres, des textes fondamentaux de la CIRGL ont atteint le paroxysme. Elle a ainsi plusieurs défis à relever pour jouer pleinement son rôle d'organe régional de résolution de des problèmes majeurs de la gestion et du développement de la sous-région par l'entremise de ses Etats membres.

II.3.2. Défis actuels de la CIRGL.

A la lumière des faiblesses énumérées ci-haut, la CIRGL a plusieurs défis à relever. Dans cette partie, nous essayons d'énumérer quelques grands défis de la CIRGL dans le contexte actuel.

a. L'exploitation illégale des ressources naturelles : source d'insécurité à l'Est de la RDC.

Tout expert épris des questions sécuritaires est sans ignoré qu'une rébellion n'est peut-être amorcée à l'intérieur d'une ville car elle doit, entre autres, assurer son arrière garde face à la réplique des forces gouvernementales et, l'activité rebelle étant couteuse, elle doit trouver une autre source de revenus plus stable et rentable lui permettant d'entretenir et d'équiper ses troupes. Dans la plupart des cas, l'exploitation illégale de ressources minières constitue l'une des sources par excellence de financement de la rébellion, et la principale cause à la base de la prolifération des mouvements rebelles à l'Est de la RDC.

La principale contribution de la CIRGL est d'avoir intégré dans son approche la dimension économique, à la base du conflit en RDC. Elle a spécialement lancé une initiative régionale sur les ressources naturelles pour certifier, formaliser, et suivre les minerais afin d'éliminer le rôle des groupes armés dans leur exploitation. Ces projets pilotés au Rwanda et au Sud Kivu ont montré quelques avancées dans la bonne direction76(*). Cette initiative pour s'attaquer à des véritables causes de l'insécurité s'est avérée pertinente pour tout acteur engagé à la quête de stabilité sous-régionale.

En 2010, la CIRGL a lancé l'initiative régionale de lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles, IRRN en sigle. En effet, l'IRRN est un cadre régional visant à briser le lien entre l'exploitation et le commerce illégal dans le secteur minier, et le financement des conflits, et de transformer l'exploitation et le commerce minier en un catalyseur du développement économique durable77(*).

De ce fait, cette initiative a conduit les pays des grands lacs à tenir plusieurs rencontres en la matière. En titre d'exemple, la 3e réunion des ministres en charge des mines de la CIRGL tenu le 6 Novembre 2014 à l'hôtel Memling à Kinshasa a noté que la RDC et le Rwanda ont procédé au lancement du certificat de la CIRGL (MCR), respectivement en juillet et Novembre 2013 et qu'à ce jour, la RDC a émis 1135 certificats et le Rwanda a émis 26 certificats78(*). A travers le MCR et l'IRRN, l'on peut constater une moindre avancée sur cette question mais la situation est loin d'être éradiquée. Récemment, plus de 100Kilos de Coltan prédestinés à la fraude vers le Rwanda ont été interceptés, affirme le site d'information 7sur7.cd par les services de sécurité à Masisi79(*).

De ce fait, la CIRGL doit revitaliser les dispositions relatives à l'exploitation illégale de ressources et impliquer les différents acteurs sociaux, des organisations macrosociales (les organisations internationales et Etats) jusqu'aux plus petites entités microsociétales en vue de faire obstruction, malgré les écueils, à toutes les forces négatives impliquées dans ce négoce.

b. Le (ré)établissement des relations sincères entre pays des grands lacs

Au sein de la CIRGL, des divergences, à la fois économiques et stratégiques, se font jour et empêchent toute mise en application, concertée et convergente, du pacte et des protocoles de la CIRGL et ils agissent pour la prorogation du statu quo.

A ces propos, Gérard GEROLD et Mathieu MERINO rappellent qu'au sein de la CIRGL, on constate depuis l'été 2013 une dégradation continue des relations entre la Tanzanie et le Rwanda et surtout la création d'un axe d'intégration économique fort entre l'Ouganda, le Rwanda et le Kenya qui isole Dar-es-Salam et accentue les divergences d'intérêts au sein de l'organisation. Ce faisant, les visions stratégiques des membres de la CIRGL sur l'évolution future de la région des Grands Lacs divergent80(*).

L'un des plus grands défis de la CIRGL, surtout dans le contexte actuel, c'est la restauration d'un climat de paix entre ses Etats membres engouffrés dans des conflits transfrontaliers et s'affrontant soit directement (les incursions de troupes d'un Etat sur le territoire d'un autre Etat), soit indirectement (par le truchement des groupes armés) et finissent par des récriminations.

Nous avons ainsi identifié quelques grands conflits qui opposent les pays de grands lacs parmi lesquels nous citons : la dégradation des relations entre le Rwanda et la Tanzanie ; les conflits entre l'Ouganda et le Rwanda où les deux pays s'accusent mutuellement d'espionnage, d'ingérence et de déstabilisation ; le conflit entre le Rwanda et le Burundi dont chacun accuse l'autre de soutenir des groupes rebelles, responsables de plusieurs attaques sur la sous-région ; le conflit frontalier entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda ; le récent conflit frontalier entre la RDC et la Zambie. C'est pour autant dire, ce défi est de taille pour la CIRGL.

c. La question de la balkanisation de la RDC

Dans le contexte actuel, la question de la balkanisation de la RDC ne peut, en aucun cas être considérée comme une utopie. Plusieurs études et observateurs ont fourni suffisamment d'éléments pour reconsidérer cette question longtemps méprisée et considérée par certains comme une utopie.

Au niveau de la pyramide sociale, bien que réticents, beaucoup d'acteurs ont reconnu l'existence d'un plan de balkanisation de la RDC. En 2012, quand le pays fut sauvagement agressé par la rébellion du M23, soutenue et entretenue par certains pays de la CIRGL, l'Ex président Congolais Joseph Kabila, affirmait ce qui suit : « la stratégie mise en place est simple : susciter des foyers de tension, provoquer l'insécurité à plusieurs endroits de la RDC, décourager les investissements et empêcher la mise en oeuvre du programme de reconstruction nationale. Bref, créer le chaos et justifier la balkanisation de notre pays »81(*).

Cette question n'est pas une affaire anodine. Elle doit être abordée au même titre que tous les autres maux évoqués au sein de la CIRGL, ou de manière plus particulière car étant délicate, touchant ainsi à l'intégrité d'un des Etats membres. Déjà décriée par le président Kabila à son époque, le débat sur cette question est loin d'être clos.

Dans cette même perspective, le Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire Congolais, CRIIC en sigle, à l'issue d'une série de conférence organisée dont l'une a porté sur le thème : la balkanisation de la RDC : canular, mythe ou réalité ? Les intervenants ont abordé à long et à large cette question. Tous les intervenants ont insisté à l'unanimité sur l'existence d'un plan de balkanisation de la RDC, élaboré et entretenu par les puissances occidentales, dont certains pays de la sous-région des grands lacs jouent le rôle d'agents ou d'exécutants, sans tenir compte de conséquences qu'elle peut engendre au niveau sous-régional82(*).

Il sied d'évoquer les récentes déclarations de l'archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo qui, à l'issue d'une visite pastorale dans le diocèse de Butembo-Béni du 27 au 31 décembre 2019 à l'Est de la RDC, ayant palpé du doigt l'insécurité qui ronge cette partie de la RDC, a interpellé les autorités politiques et tous les congolais amoureux de leur nation sur le danger que court le pays, tout en mettant en garde contre le risque de balkanisation de la RDC. Face à cette tentative de balkanisation déjà amorcée a-t-il insisté, il note la nécessité de reconstruire l'armée nationale congolaise pour en faire un véritable instrument de dissuasion dans la région des grands lacs c'est-à-dire le renforcement de l'armée est une urgence. Ce renforcement ne vise qu'un seul objectif : dissuader les voisins de la RDC (les pays des grands lacs, membres de la CIRGL qui ont des visées annexionnistes d'une portion importante de la RDC83(*).

De ce qui précède, ces acteurs ayant décrié cette tentative de balkanisation n'ont fait que dire haut ce que tout le monde dit tout bas. En réalité, tous ces faits évoqués sont récents, l'appel à la mobilisation pour faire échec à cette tentative de balkanisation augmente d'intensité depuis un bout de temps au regard de certaines réalités qui viennent corroborer cette thèse. En effet, aucun pays de la CIRGL n'osera déclarer ouvertement qu'il veut annexer une partie de la RDC. Il sied d'examiner les faits tels qu'ils se présentent actuellement pour appréhender les agendas cachés de ces Etats qui se cachent derrière un simulacre de compassion envers la RDC.

Loin de nous l'idée d'incriminer tel ou tel Etat membre de la CIRGL engagé dans cette pratique à la fois ignominieuse et contradictoire au pacte fondateur de la CIRGL, il s'avère pertinent et à juste titre pour la CIRGL de reconsidérer cette situation et l'inscrire désormais dans ses priorités. Ce défi est à cet effet grandiose et très délicat pour la CIRGL. Cette situation mérite d'être traitée au sein de la CIRGL, avec une autre approche outre que celle déjà utilisée face à la résolution des différends sur la sous-région des grands lacs. Certains acteurs étant connus avec des intérêts clairement affichés, la CIRGL devra relever ce défi en vue de jouer pleinement son rôle d'organe régional de résolution de tous les problèmes sous-régionaux.

d. La prévalence de certains intérêts nationaux sur la mise en oeuvre du pacte.

Tant que les intérêts divergent au sein de la CIRGL, les conflits entre ces Etats membres ne cesseront d'exister. En participant à une organisation internationale, qu'elle soit à caractère universel régional ou sous-régional, chaque Etat perd une partie de sa souveraineté au profit des intérêts collectifs. En effet, la dure réalité des intérêts économiques nationaux et les stratégies de développement divergentes qui en découlent ont continué à fissurer les initiatives de la CIRGL relatives au développement, et ont considérablement affaibli leur impact, entrainant l'absence de progrès dans les objectifs liés au développement assignés par la CIRGL. Chaque Etat agit essentiellement en fonction de ses intérêts.

En effet, quand le gouvernement de la RDC a, par le passé, suggéré que le trafic illicite de minerais soit au programme des discussions dans la CIRGL, les gouvernements rwandais et Ougandais ont décliné cette offre prétendant que ce n'était pas une question régionale84(*). On pourrait alors en déduire que ce refus s'expliquerait notamment par le fait que leurs intérêts étant menacés car ils tirent profit de ce négoce illégal, ils ne pouvaient se permettre une si grave erreur amoindrissant l'une de leurs sources des revenus.

En outre, le 20 Septembre 2020 un mini-sommet des grands lacs, sous l'initiative de la RDC, avait été projeté. Il devrait permettre aux chefs d'Etat des cinq pays de la région notamment la RDC, le Rwanda, l'Ouganda, le Burundi et l'Angola, d'étudier les voies et moyens de pacifier la région des grands lacs. A la veille de ce sommet, le Burundi déclina l'invitation de la RDC dont les vraies raisons n'ont pas été clairement élucidées. Pour justifier son absence, le Burundi, à travers son ministre des affaires étrangères, indique que compte tenu de l'agenda surchargé des hauts responsables du pays, ils ne pourraient participer aux travaux de ce sommet85(*)...

Cette situationdémontre le mépris de certains Etats vis-à-vis des initiatives collectives visant à pacifier, dans une approche collective sous-régionale, les maux qui rongent cette sous-région. Ce qui pourrait aussi expliquer les graves violations du pacte et des protocoles de la CIRGL. C'est pour autant dire que la CIRGL devra rééquilibrer les initiatives de certains Etats et ses initiatives prises pour les pays des grands lacs afin de les concilier et trouver des meilleures solutions qui soient. Les défis étant nombreux, nous ne pouvons pas les énumérer tous ici.

CHAPITREIII. DEROULEMENT DE L'ENQUETE

Ce chapitre est consacré aux détails sur le déroulement de l'enquête, à la présentation des données et les résultats obtenus.

iii.1. De l'univers de l'enquête

Nous appelons « univers de l'enquête », le cadre au sein duquel se sont déroulées nos investigations. Ce cadre ne relève nullement du hasard mais de la nature du sujet sous étude : appartenance de la RDC à la CIRGL : atout et obstacle pour son émergence. De par son intitulé, le champ d'étude parait trop vaste ; mais la démarche scientifique utilisée en sciences sociales permet au chercheur de délimiter son travail dans le temps et dans l'espace. Ce qui lui permet de ne pas parcourir l'ensemble de l'espace concerné pour y mener des investigations.

Dans le cadre de cette étude, nos enquêtes se sont déroulées dans la ville de Kinshasa. Ici encore, l'univers de l'enquête parait vaste. C'est dans cette optique que nous avons mené nos investigations uniquement à la coordination nationale de la CIRGL/RDC, au ministère de la Coopération internationale et intégration régionale, à la direction de l'Intégration régionale situé à l'immeuble en face de la Cour constitutionnelle, au 5e Etage ; au ministère des Affaires étrangères, dans la direction des Organisations internationales (5e étage de l'immeuble des affaires étrangères, à droit), à la direction Afrique et Moyen-Orient (3e Etage de l'immeuble des affaires étrangères, à gauche), et afin à l'Université de Kinshasa auprès de quelques spécialistes des organisations internationales.

iii.2. De l'échantillon

Nous avons opté pour l'échantillon par choix raisonné. L'option pour ce type d'échantillon est justifiée par le fait que peu de gens disposent des informations sur la CIRGL. C'est pourquoi nous nous sommes entretenus uniquement avec des personnes ressources, celles disposant suffisamment d'informations sur la CIRGL.

Au sein de la coordination nationale, nous nous sommes entretenus avec le directeur de la coordination nationale de la CIRGL. Nous avons eu le privilège d'avoir aussi les opinions du premier coordinateur national de la CIRGL/RDC ayant participé à toute la procédure de la création de la CIRGL depuis 2003, car étant dans le comité préparatoire national de la RDC. Avec ces personnes, nous avons jugé utile de nous limiter à la coordination nationale car, en optant pour une étude qualitative, ce qui importe, rappelons-le, ce n'est pas le nombre d'enquêtés comme dans l'approche quantitative, mais plutôt la qualité des opinions émises par ces enquêtés.

L'échantillon par choix raisonné combiné avec l'entretien compréhensif nous ont permis de récolter les informations auprès des personnes mieux outillées sans passer par un grand nombre d'enquêtés au sein de la coordination nationale.

Néanmoins, nous ne pouvons boucler l'enquête en nous basant seulement sur les données issues de la coordination nationale de la CIRGL/RDC. Au sein du ministère des affaires étrangères, nous sommes entretenus avec le responsable de la direction des Organisations internationales, le directeur chargé de l'Afrique et Moyen-Orient et le chef de bureau chargé de la CIRGL et la CEPGL.

En RDC, La direction de l'Intégration régionale du ministère de la Coopération internationale et intégration régionale a, dans ses attributions, la gestion de la coordination nationale de la CIRGL en tant que service dépendant du gouvernement congolais. Nous nous sommes contentés d'un seul entretien dans cette direction. Par la suite, nous avons décidé de revenir à l'Université de Kinshasa, plus précisément au sein du département des Relations Internationales, de la faculté des Sciences Sociales Administratives et Politiques auprès de quelques professeurs, chefs de travaux et Assistants ayant mené une étude sur la CIRGL.

Ce procédé nous a permis de confronter les données reçues à la coordination nationale de la CIRGL/RDC et celles issues des autres services. Après ce long exercice qui nous a pris beaucoup de temps, nous avons bouclé l'enquête après s'être entretenus avec 15 enquêtes.

iii.3. De l'entretien compréhensif

III.3.1. Méthodologie

Pris sous cet angle, la méthodologie ne renvoie pas ici à l'ensemble de théories, méthodes et techniques utilisées dans le cadre de notre étude ; elle est plutôt synonyme du mode opératoire de l'entretien compréhensif, de notre manière de procéder pour réaliser les entretiens.

Muni d'un guide d'entretien contenant trois principaux thèmes et quelques sous-thèmes, nous avons débuté le 24 novembre 2020, l'enquête a pris fin le 5 janvier 2021. Cette longue période se justifie par le fait que certains enquêtés estimaient que le sujet était sensible et par conséquent, ils ne pouvaient nullement prendre part à l'étude. C'est pourquoi nous avions compté (misé) sur la disponibilité de ceux qui acceptaient d'y participer en dépit de tout.

Avant de réaliser chaque entretien, nous commencions par nous présenter et exhiber notre attestation de recherche, notre carte d'étudiant de l'année en cours, et pour certains enquêtés notre guide d'entretien. Quelques entretiens ont été enregistrés de commun accord avec l'enquêté. Pour ceux qui avaient catégoriquement refusé d'être enregistrés, préférant garder l'anonymat, nous étions obligé de les suivre attentivement et de prendre note de leurs opinions.

III.3.2. Quelques problèmes épistémologiques de terrain

Les problèmes épistémologiques dont il est question ici ne sont pas à confondre avec les difficultés rencontrées qui sont des problèmes courants que l'on rencontre naturellement sur le terrain. Il s'agit de problèmes pouvant dénaturer la véracité des informations et des données recueillies pour cette étude. Ils peuvent influencer soit positivement, soit négativement le déroulement de l'entretien et la qualité des informations reçues.

Comment se rassurer dès lors de la pertinence et de la véracité des informations obtenues presqu'en forçant la main de l'enquêté ou des enquêtés ?

Le moins que l'on puisse dire, cette préoccupation semble pertinente. Effet, la confrontation des informations données par ces enquêtés et les réalités telles qu'elles se présentent actuellement dans la sous-région des grands lacs en général, et à l'Est de la RDC en particulier déterminera la véracité de ces informations. Elle tient compte, dans l'analyse et l'interprétation des résultats, de la réalité actuelle et des écrits existent en la matière pour appréhender la portée des informations mises en notre disposition.

Par ailleurs, on voit que l'influence des paramètres caractérisant l'équation sociale du chercheur est plus insidieuse86(*). A l'équation sociale du chercheur, il faut ajouter son équation personnelle parmi les facteurs aptes à perturber l'observation et l'analyse.Les sociologues sont ainsi soumis à l'influence d'équations personnelles et sociales. L'influence des équations socio-personnelles n'exclue ni qu'une analyse sociologique puisse être soumise à une discussion critique rationnelle, ni que cette discussion puisse aboutir à des conclusions en principe susceptibles d'être acceptées par tous87(*).

En ce qui nous concerne, nous nous sommes efforcés de surmonter cet écueil susceptible d'influencer, soit positivement soit négativement, l'issue de notre étude. Pour se faire, la démarche que nous utilisons dans cette étude a été soumise à la rigueur du modèle explicatif, de la méthode utilisée et aux différents outils méthodologiques relatifs à la production, à la présentation et l'analyse des résultats.

C'est en ce sens que nous affirmons, en dépit de ces obstacles d'ordre épistémologique, que notre étude reste scientifique et objective.

III.3.3. Présentation des données de l'enquête

Pour présenter les données avec un maximum de clarté, nous faisons recours ici à l'usage des tableaux. Il convient de souligner d'une part, que ces données relèvent uniquement des opinions des enquêtés, données produites à l'aide d'un guide d'entretien, et, d'autre part, que les tableaux qui en découlent sont tracés par nous-même.Evitant d'encombrer le texte avec les annexes à la fin, nous avons résolu carrément de reproduire les thèmes du guide d'entretien dans le corps de chaque tableau. Il s'agit des thèmes ci-après :

1. Statut et rôle de la CIRGL ;

2. Insécurité à l'Est de la RDC ;

3. Suggestions.

A. Statut et rôle de la CIRGL

Tableauno1 : Statut de la CIRGL

No

Réponses

Fréquence

Pourcentage

1

Organisation internationale

2

13,3

2

Organisation régionale

3

20

3

Organisation sous-régionale à caractère politique

10

66,7

Total

 

15

100

Source : nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05 janvier 2021.

Comme peut-on le constater, ce tableau démontre que 66,7% des enquêtés considèrent la CIRGL comme une organisation sous-régionale à caractère politique pour la différencier des autres organisations présentes dans la sous-région des grands, 20% d'enquêtés estiment qu'elle est une organisation régionale dès par sa configuration actuelle et 13,3% affirment qu'elle est une organisation internationale.

Tableau no2 : Rôle de la CIRGL

No

Réponses

Fréquence

Pourcentage

1

Cadre de discussions permanent et de résolution des tous les conflits à l'Est de la RDC

6

40

2

Restaurer la paix, la sécurité et les bonnes relations entre pays des grands lacs

9

60

Total

 

15

100

Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05 janvier 2021.

Ce tableau renseigne que 60,0% d'enquêtés affirment que la CIRGL a été créée pour restaurer ou ramener la paix, la sécurité et les bonnes relations entre pays des grands lacs et 40% de ces enquêtés estiment quant à eux que la CIRGL est un cadre permanent de discussions et de résolution des tous les conflits à l'Est de la RDC.

Tableau no3. Accomplissement des missions de la CIRGL en RDC

No

Réponses

Fréquence

Pourcentage

1

Elle ne les accomplit pas car l'insécurité est toujours présente à l'Est de la RDC

11

73,3

2

Elle les accomplit mais le retour réel de la paix est un processus

4

26,7

Total

 

15

100

Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05 janvier 2021.

Ce tableau démontre que 73,3% d'enquêtés estiment que la CIRGL n'accomplit pas ses missions car l'insécurité est toujours présente à l'Est de la RDC, 26,7% affirment qu'elle les accomplit mais le retour réel de la paix est un processus.

Tableau no4. Rôle de la coordination nationale de la CIRGL/RDC en RDC

No

Réponses

Fréquence

Pourcentage

1

Intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes spécialisés

8

53,3

2

Chargé d'élaborer l'agenda national et faire des recommandations à la CIRGL pour la RDC

7

46,7

Total

 

15

100

Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05 janvier 2021

Ce tableau renseigne que 53,3% d'enquêtés considèrent la coordination nationale de la CIRGL/RDC comme étant l'intermédiaire entre la RDC, la CIRGL et ses organes spécialisés, 46,7% estiment qu'elle est chargée d'élaborer l'agenda national et faire des recommandations à la CIRGL en faveur de la RDC.

B. Insécurité à l'Est de la RDC

Tableau no5 : L'influence des puissances occidentales sur l'insécurité à l'Est de la RDC

No

Réponses

Fréquence

%

1

Les multinationales et les groupes maffieux d'origine occidentale sont impliqués ; elles soutiennent les groupes armés à l'Est de la RDC

12

80

2

Elles n'ont aucun intérêt à déstabiliser la RDC

3

20

Tot

 

15

100

Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05 janvier 2021.

Il ressort de ce tableau que 80,0% d'enquêtés reconnaissent l'implication de certaines multinationales et groupes maffieux d'origine occidentale dans l'insécurité à l'Est de la RDC. Tandis que 20% affirment quant à eux qu'elles n'ont aucun intérêt à déstabiliser la RDC.

Tableau no 6. Relations de bon voisinage entre la RDC et la Rwanda, le Burundi, l'Ouganda

No

Réponses

Fréquence

Pourcentage

1

Tumultueuses.

8

53,3

2

Améliorées grâce à la CIRGL

7

46,7

Total

 

15

100

Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier 2021.

Ce tableau démontre que 53,3% d'enquêtés estiment que les relations entre la RDC et ces pays voisins sont tumultueuses. Par contre, 46,7% affirment qu'elles se sont améliorées grâce à la CIRGL.

Tableau no 7. Implication du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda dans l'insécurité à l'Est de la RDC

No

Réponses

Fréquence

%

1

Ils y sont impliqués à travers leurs forces de sécurité et leurs groupes rebelles

13

86,7

2

Sans opinion

2

13,3

Total

 

15

100

Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier 2021.

Ce tableau renseigne que 86,7% d'enquêtés affirme que ces pays, pourtant membres de la CIRGL, sont directement impliqués à l'insécurité sur le sol congolais à travers leurs forces de sécurité et leurs groupes rebelles. Par contre, 13,3% n'ont pas exprimé leurs opinions.

No

Réponses

Fréquence

%

1

La RDC n'a rien à espérer de la CIRGL

8

53,3

2

La résolution des rébellions du M23 et du CNDP

7

46,7

Tot

 

15

100

Tableau no 8. Profit de la RDC dans la CIRGL

Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier 2021.

Ce tableau renseigne que 53,3% d'enquêtés pensent que la RDC n'a rien à espérer de la CIRGL, tandis que 46,7% estiment que la RDC a déjà bénéficié de la CIRGL la résolution pacifique des rébellions du CNDP et du M23.

C. Suggestions des enquêtés

Tableau no 9. Recommandations à la CIRGL

No

Réponses

Fréquence

%

1

Les Etats membres doivent cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC mais les traquer ensemble comme prévu dans le pacte, dans le respect de la souveraineté de la RDC

12

80

2

Favoriser l'intégration économique et l'exploitation des ressources communes entre la RDC et ses voisins de l'Est

3

20

Tot

 

15

100

Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier 2021.

Ce tableau renseigne que 80% d'enquêtés recommandent à la CIRGL, mieux aux Etats membres de la CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC mais de les traquer ensemble comme prévu dans le pacte, dans le respect de la souveraineté de la RDC et 20% estiment qu'elle doit favoriser l'intégration économique et l'exploitation des ressources communes entre la RDC et ses voisins.

No

Réponses

Fréquence

%

1

Mettre en place un leadership fort et éclairé capable de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt national au sein de la CIRGL

11

73,3

2

Renforcer son dispositif de sécurité au niveau des frontières et à l'intérieur du pays

4

26,7

Tot

 

15

100

Tableau no 10. Recommandations à l'Etat congolais

Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier 2021.

Ce tableau renseigne que 73,3% d'enquêtés recommandent à l'Etat congolais de mettre en place un leadership fort et éclairé capable de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt national au sein de la CIRGL et 26,7% lui recommandent de renforcer sa posture de sécurité au niveau des frontières et à l'intérieur du pays.

III.4. Résultats obtenus

1. Les enquêtés sont bien conscients que la CIRGL est une organisation sous-régionale à caractère politique ;

2. Pour eux, la CIRGL a pour rôle de restaurer la paix, la sécurité et les bonnes relations entre pays des grands lacs ;

3. Cependant, ils estiment que la CIRGL n'accomplit pas ses missions car l'insécurité est toujours présente à l'Est de la RDC ;

4. S'agissant de la coordination nationale, ils pensentqu'elle est l'intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes spécialisés ;

5. Evoquant le rôle des puissances occidentales, ils affirment que les multinationales et les groupes maffieux d'origine occidentale sont impliqués à l'insécurité à l'Est de la RDC, car elles soutiennent les groupes armés ;

6. Revenant sur les relations de bon voisinage entre la RDC et le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, ils pensentqu'elles sont tumultueuses ;

7. Cela parce qu'estiment-ils, ces pays sont impliqués à l'insécurité à l'Est de la RDC à travers leurs forces de sécurité et leurs groupes rebelles ;

8. Parlant de l'intérêt de la RDC en étant membre de la CIRGL, les enquêtés estiment que la RDC n'a rien à espérer de cette organisation sous-régionale ;

9. C'est pourquoiils suggèrent aux Etats membres de la CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC et de revenir sur la lettre et l'esprit de son pacte fondateur ;

10. A l'Etat congolais, ils lui recommandent de mettre en place un leadership fort et éclairé capable de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt national au sein de la CIRGL.

CHAPITRE IV. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Ce chapitre porte sur l'analyse et interprétation des résultats obtenus de nos investigations. Elles tiennent compte principalement des tendances émergentes. Puis qu'il s'agit de l'approche qualitative, nous reviendrons également sur les tendances minoritaires pour faire comprendre certaines réalités que les enquêtés ont épinglé.

IV. 1. Statut et rôle de la CIRGL

IV.1.1. La CIRGL comme organisation sous-régionale à caractère politique

Le caractère politique attribué à la CIRGL (66,7%) est un indicateur pour la différencier avec d'autres organisations présentes dans la sous-région des grands lacs notamment la CEPGL qui s'occupe selon ces enquêtés, des questions liées à l'intégration économique.

Mais 20% ont estimé qu'elle est une organisation régionale. Ceux-ci ont une vision un peu plus large de la CIRGL ; ils la considèrent ainsi au regard de sa configuration actuelle, en dépit de quatre pays membres faisant naturellement partie de l'espace grands lacs africains. Elle a élargi au fil des années, son champ d'action en admettant en son sein certains pays africains qui, géographiquement ne font pas partie de l'espace grands lacs africains. La considération géographique étant dépassée, on retrouve actuellement d'autres pays coptés cités précédemment qui, au regard de leur position géostratégique sur le continent ont décidé de faire partie de la CIRGL. Dès lors que l'on tient compte des pays membres et coptés, l'on se heurte à un autre paysage de la CIRGL, c'est ce qui fait qu'elle soit considérée par ces enquêtés comme une organisation régionale.

Il en est de même d'une faible tendance, 13,3% pour qui la CIRGL est une organisation internationale. Ceux-ci se basent sur le pacte fondateur de la CIRGL qui, selon certains enquêtés, n'instituait pas une organisation sous-régionale. Elle a été instituée comme un cadre de discussion entre pays des grands lacs, elle est ainsi considérée comme une organisation internationale par le simple fait qu'elle est le fruit des efforts consentis par plusieurs pays.

Eu égard à toutes ces opinions parfois contradictoires, le chercheur a l'obligation de les analyser et leur donner un contenu qui soit compréhensible car, disait Gaston Bachelard, rendre géométrique la représentation c'est-à-dire dessiner les phénomènes et ordonner en série les événements d'une expérience, voilà la tâche première où s'affirme l'esprit scientifique88(*).

En effet, une organisation internationale est une association d'Etats souverains poursuivants un but d'intérêt commun au moyen d'organes propres et permanents. C'est donc une organisation créée en principe pour agir au profit de ses membres à l'échelle nationale et internationale89(*). En outre, elle est une institution créée par plusieurs Etats pour gérer de manière permanente leur coopération dans différents domaines90(*).Mais cette appréhension n'empêche pas que les organisations internationales soient classées d'abord au regard de leur composition, ensuite au regard de leur domaine d'intervention et de leur fonction, enfin au regard de l'étendue de leur pouvoir, en tenant compte du facteur géographique.

De cette classification géographique, il en découle des organisations internationales universelles pour désigner celles qui sont ouvertes à tous les Etats, tel est le cas de l'ONU, dotés des institutions spécialisées dans ses domaines d'action notamment économique (OMC, CEE), social (OIT, OMS), financier (FMI, BIRD), Humanitaire (HCR), culturel et éducatif (UNESCO).A côté d'elles, se trouvent des organisations internationales à caractère régional qu'on appelle des organisations régionales pour désigner des associations des Etats soudés par la solidarité régionale et appartenant à un même secteur géographique. On pourrait citer dans ce cas l'UA, l'UE, l'Association des Etats du Sud-Est Asiatiques (ASEAN), l'Organisation des Etats Américains (OEA)91(*)...

De bout en bout, on se heurte à une dimension relativement large fixant le cadre de compétences des organisations internationales. Ce qui nous renvoi à dire qu'une organisation qu'elle soit régionale ou sous régionale est avant tout une organisation internationale. La différence fondamentale découle du contexte géographique et du caractère de ladite organisation. A-t-elle un caractère universel, régional ou sous-régional ? Une organisation régionale est celle qui ne peut regrouper que les pays membres d'une même région. On parlera à cet effet de l'Union Africaine comme organisation régionale qui ne regroupe pas forcement tous les pays de la région Afrique mais plusieurs ou les ¾ des pays Africains.

Dans la région Afrique, on retrouve logiquement des sous-régions déterminées sur la base des facteurs géographiques, linguistiques, etc. On parlera dans ce cas de l'Afrique de l'ouest, du nord, australe, centrale, etc. avec des organisations sous-régionales propres à elles. Jusqu'ici, l'espace « grands lacs » n'apparait nullement comme une sous-région Africaine à part entière. Au-delà des facteurs géographiques et linguistiques, d'autres facteurs subsidiaires s'interposent pour imputer l'étiquette d'une sous-région à l'espace grands lacs notamment les facteurs environnementaux, géostratégiques, et géopolitiques.

Peu de travaux considèrent aujourd'hui la CIRGL comme une organisation sous-région. Cela ne nous empêche pas néanmoins de la considérer comme une organisation sous-régionale car, dans la phase de la création de la CIRGL, on a pris soin de respecter scrupuleusement toutes les étapes qui concurrent à la création d'une organisation internationale à caractère sous-régional à savoir les pourparlers, la négociation, la signature et enfin la ratification.

En outre, c'est par une charte constitutive appelée traité, charte, constitution, pacte, etc. que les Etats créent une organisation internationale, régionale ou sous-régionale, et pour qu'un traité international entre en vigueur, il doit être ratifié et respecté par les Etats membres. La CIRGL dispose d'un pacte fondateur, appelé pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement sur la région des grands lacs qui a créé, suivant la procédure de création d'une organisation sous-régionale, la CIRGL.

Tout compte fait, au regard de sa configuration actuelle, elle se rapproche de l'Union du Maghreb Arabe, UMA en sigle. Le constat découlant de l'analyse de ces deux organisations sous-régionales par exemple c'est qu'au-delà des objectifs qu'elles poursuivent, les pays qui les composent ont des similarités linguistiques et ethniques, une histoire commune ou similaire et des problèmes communs ou similaires qui, par moment, entravent les relations de bon voisinage entre ces Etats avec des conséquences sur l'ensemble de la sous-région.

IV.1.2. La restauration de la paix, de la sécurité et des bonnes relations entre pays des grands lacs comme rôle de la CIRGL

La sous-région des grands lacs était et est encore en proie à l'instabilité avec des répercussions plus ou moins manifestes sur l'ensemble de ces pays. Si la CEPGL, la plus vieille organisation de la région, a brillé par son laxisme, parce qu'elle se focalisait essentiellement sur les matières économiques sans tenir compte de questions sécuritaires et ne regroupant qu'un petit nombre de pays des grands lacs géographiques à savoir : la RDC, le Rwanda et le Burundi, les guerres et conflits qu'a connu la sous-région des grands lacs entre 1993 et 2003 ont ouvert la voie à la création d'une organisation dotée, cette fois-ci des garde-fous pouvant faire face à l'ampleur de l'insécurité dans cette sous-région. C'est pourquoi 60% des enquêtés pensent que la CIRGL a pour rôle la restauration de la paix, de la sécurité et la promotion des relations de bon voisinage entre les Etats membres.

Par contre, 40% estiment qu'elle estun cadre de discussions permanent et de résolution de tous les conflits à l'Est de la RDC. En clair, ils estiment que l'insécurité sur le sol Congolais a un caractère régional. Ils retracent son origine en s'appuyant sur les événements survenus dans la sous-région depuis le génocide Rwandais en 1994 qui a entrainé, comme conséquence, le flux massif des réfugiés Hutus à l'Est de la RDC, la guerre de l'AFDL qu'ils assimilent à une agression de la RDC par le Rwanda et l'Ouganda dissimulée sous le simulacre d'une guerre de libération dirigée en apparence par un congolais, et ensuite les rébellions du RCD en 1998 et MLC en 1999... En faisant la comptabilité des pays impliqués dans ces conflits armés, l'on se rend vite compte qu'entre onze et treize pays Africains y étaient directement impliqués.C'est ce que certains auteurs qualifient de la première guerre mondiale Africaine.

C'est à la suite de cette situation très complexe que les Nations-Unies et l'Union Africaine ont appelé à la création de la CIRGL comme cadre régional où se rencontreront tous les chefs d'Etat des pays impliqués à la guerre du Congo pour discuter de l'insécurité en RDC et trouver des solutions idoines.

On saitque la sous-région des grands lacs a survécu à plus de deux décennies de guerre et de conflits sanglant. La succession des conflits et de violences qui ont frappé cette sous-région ont entrainé d'importants dégâts humanitaires, matériels, sociaux, etc. Le nombre de victimes n'a fait que s'accroitre alors que le développement socio-économique de la sous-région restait au ralenti si pas inexistant.

Devant cette instabilité sous-régionale devenue chronique avec les effets collatéraux fortement dévastateurs sur les vies des populations et les droits de l'homme, les Etats de la sous-région ont brillé pendant les deux dernières décennies par leur incapacité à résorber les crises qui ne cessaient de les déchirer. La plupart des mécanismes mis en place par eux ont été d'une rhétorique retentissante sans cependant produire les résultats escomptés. Parmi les stratégies envisagées pour endiguer la crise dans la sous-région, les Etats ont pensé à l'utilisation des organisations sous-régionales qui les rassemblent92(*).

C'est dans ce contexte que la CIRGL apparait comme l'une des alternatives mises en place par les pays de grands lacs pour trouver des solutions idoines aux problèmes liés à la paix, à la sécurité et des relations entre ces pays membres.

En outre, la situation sécuritaire chaotique à l'Est de la RDC occupe une position prépondérante au sein de la CIRGL. Si les Etats concernés en premier lieu par la recherche des solutions à la crise des grands étaient au départ le Burundi, l'Ouganda, la RDC et le Rwanda, il est vite apparu que la paix et le développement dans la région dépendaient en grande partie de la RDC comme Etat central et moteur économique de l'intégration sous-régionale, et que par conséquent, les conditions prévalent dans tous ces pays voisins avaient tout autant de l'influence sur sa stabilité93(*). C'est ici que ressort visiblement le rôle de la CIRGL comme cadre de discussion permanent et de résolution de tous les conflits à l'Est de la RDC.

Somme toute, ces différentes opinions se rétrécissent en un seul rôle principal que l'on peut attribuer à la CIRGL qui est celui d'un organe sous-régional de résolution de tous les problèmes sous-régionaux, qu'ils soient liés à la paix ou à la sécurité, au développement, ou encore à la bonne gouvernance (démocratie).

IV.1.3. Accomplissement des missions de la CIRGL en RDC

A propos de l'accomplissement desa mission, 73,3% d'enquêtés affirment que la CIRGL ne l'accomplit pas. Ils partent d'un certain nombre de faits et événements parfois élémentaires mais déterminants pour appréhender l'inaction de la CIRGL en RDC. Selon eux, les différents sommets, conférences et rencontres interministérielles organisées par la CIRGL, consacrés à la résolution de l'insécurité à l'Est de la RDC n'ont pas donné le résultat escompté.

Pourtant, les Etats s'étaient engagés à renoncer à la menace ou à l'emploi de la force comme politique ou moyen visant à régler les différends, s'abstenir de soutenir des groupes armés et insurgés sur le territoire d'un Etat membre et de coopérer à tous les niveaux en vue du désarmement et du démantèlement des groupes armés existants. On voit que lors de la résolution de la rébellion du M23 par exemple, les accords de coopération judiciaire et d'extradition avec les pays de la CIRGL peinaient à être exécutés. A la surprise générale, le Rwanda avait refusé d'extrader Laurent Nkunda en RDC pour qu'il y soit jugé pour les crimes commis à l'Est de la RDC. S'agissant de la coopération à tous les niveaux pour démanteler ces groupes rebelles à l'Est de la RDC, les opérations mixtes que la RDC avait menées avec certains pays membres de la CIRGL avaient été un échec patent.

En outre, la CIRGL n'accomplit pas ses missions en RDC à cause d'un certain nombre d'obstacles dont le premier est d'ordre politique. Celui-ci serait lié au manque de volonté politique de la part des chefs d'Etat et des officiels chargés de la mise en oeuvre des engagements contenus dans le pacte. Le deuxième obstacle est d'ordre financier, c'est-à-dire le manque des moyens financiers pour soutenir les activités de la CIRGL. Le troisième obstacle est d'ordre économique. Il est lié à la divergence des intérêts économiques entre les Etats membres de la CIRGL. Ce qui fait que certains pays des grands lacs sont à la recherche effrénée de profit et sont impliqués dans le négoce illicite de ressources naturelles qui alimentent le conflit à l'Est de la RDC.

En dépit de ce bilan négatif de la CIRGL en RDC, une frange des enquêtés reconnaissent quand même quelques avancéesgrâce à la CIRGL.Pour eux, la CIRGL a déjà condamné la subversion, l'ingérence, l'agression et le parrainage des groupes armés en RDC par certains de ses Etats membres. Ce qui fait qu'actuellement, on ne voit plus d'agressions clairement affichées. On voit aussi un léger rapprochement entre la RDC et certains pays de la sous-région impliqués jadis dans la guerre du Congo, un semblant de coopération et plusieurs démarches communes entre la RDC et le Rwanda ont été entreprises notamment Amani 1 et 2, Kimia 1et 2.

Dans ses efforts pour restaurer la paix et la sécurité à l'Est de la RDC, la CIRGL a mis en place des organes spécialisés. Il s'agitdu Centre Conjoint de Fusion de Renseignement, CCFR en sigle, basé à Goma, réunissant les chefs de renseignement de douze pays membres de la CIRGL dont la mission est de récolter les renseignements sur le mode opératoire des groupes armés qui créent l'insécurité dans la sous-région (FDLR, ADF, LRA, FNL, Maï-Maï, etc.), les analyser et les partager avec les gouvernements des douze pays membres afin d'agir efficacement contre ces groupes armés. Il s'agit aussi du Mécanisme Conjoint de Vérification Elargie, MCVE en sigle, basé également à Goma qui a pour mission de vérifier les allégations en rapport avec le mouvement des forces négatives dans la sous-région, régler les conflits dans les zones frontalières, etc.

Ainsi pensent cette frange d'enquêtés, grâce à ses efforts, la CIRGL s'est efforcée d'identifier les poches d'insécurité partout à l'Est de la RDC et les motivations de ces groupes armés. Après analyse, il est vite apparu que l'objectif de tous les groupes armés présents à l'Est de la RDC n'est nullement celui de venir renverser l'autorité étatique établit à Kinshasa. Ils se sont érigés en rébellion pour contrôler certaines mines, c'est-à-dire, leur objectif est économique et non politique comme ce fut le cas par exemple avec l'AFDL. Partout où ils sont, le constat c'est qu'il y a soit une mine d'or, soit une mine de Coltan.

La CIRGL avait déjà élaboré le protocole sur la lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles. Pour la mise en oeuvre de ce protocole, la CIRGL a lancé l'Initiative Régionale contre l'exploitation illégale des Ressources Naturelles (IRRN).

L'IRRN comprend six outils notamment la certification. Par la certification, la CIRGL avait identifié trois minerais faisant partie des minerais des conflits constituant les visées de tous les groupes rebelles. Il s'agit de Colombo-Tantalite qui, ensemble forment le Coltan et l'Or. Ayant compris que ces minerais sont à la base des conflits et que ces groupes armés les faisaient passer par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, il s'est avéré nécessaire la certification entant qu'outil de l'IRRN. Elle consiste à retracer l'origine des minerais depuis son lieu d'extraction, son trajet jusqu'à la vente en Occident. La CIRGL délivre ainsi un certificat pour chaque minerai (Coltan-Or) qui quitte l'Est de la RDC. Le but c'est de contrôler et d'endiguer les groupes armés de tel en sorte que les minerais de l'Est de la RDC ne soient plus source d'insécurité.

Pour ces enquêtés, l'IRRN a certes contribué à atténuer l'ampleur de l'insécurité à l'Est de la RDC ; mais au niveau du pays, déplorent-ils, il y a eu beaucoup de faiblesses liées au manque de sérieux et de patriotisme de la part des autorités congolaises. Car dans la plupart de cas, la CIRGL s'est finalement rendu compte que les minerais qui quittaient frauduleusement l'Est de la RDC vers le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi étaient facilités soit, par une autorité politique congolaise, soit par une autorité militaire. Du coup, la CIRGL ne peut cependant endiguer, sans la détermination de la RDC, l'exploitation illégale qui est la vraie source de l'insécurité.

IV.1.4. La coordination nationale de la CIRGL/RDC comme intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes spécialisés

Pour une frange importante des enquêtés(53,3%), la coordination nationale de la CIRGL/RDC a pour rôle d'être l'intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes spécialisés. Dans ce sens, elle est le bureau de représentation de la CIRGL en RDC, traitant les dossiers et les correspondances avant qu'ils n'atteignent les autorités et donne un avis technique. Elle demeure un service du gouvernement congolais.

D'autres enquêtés (26,7%) pensent qu'elle est chargée d'élaborer l'agenda national et faire des recommandations à l'organisation en faveur de la RDC. Ils partent du constat selon lequel, dans le cadre des pourparlers dans le processus de la création de la CIRGL, il y a eu d'abord le Comité Préparatoire National, CPN en sigle, installé dans chaque pays afin de préparer la mise en oeuvre effective de la nouvelle organisation en perspective. Celui-ci identifiait des problèmes majeurs qui se posent au pays et faire des recommandations sur la base de ces problèmes, sous forme d'un agenda national afin que celles-ci trouvent satisfaction au sein de l'organisation. Après l'étape préparatoire, le CPN est devenu la coordination nationale fonctionnant dans la même logique.

Dans les deux cas, on doit dire qu'actuellement, elle fonctionne comme bureau de représentation de la CIRGL en RDC, mais aussi comme intermédiaire entre la RDC et la CIRGL. On déplore néanmoins le laxisme de l'Etat congolais qui n'est pas totalement engagé dans la CIRGL et ne reconnait pas, à sa juste valeur, le travail abattu par la coordination.

IV. 2. Insécurité à l'Est de la RDC

IV.2.1. De l'influence des puissances occidentales sur l'insécurité à l'Est de la RDC.

En effet, 80% d'enquêtés affirment que les multinationales occidentales et certains groupes maffieux exercent une influence négative sur l'insécurité à l'Est de la RDC. Leur implication ne signifie nullement que leurs pays respectifs y sont officiellement impliqués.

En effet, leur implication serait tout à fait naturelle car les raisons qui les ont poussé jadis à venir coloniser l'Afrique (exceptés les USA) sont les mêmes qui les poussent aujourd'hui à créer, par le truchement des groupes rebelles l'insécurité en RDC. Ils estiment que l'Occident étant industrialisé, il a besoin des matières premières sans lesquelles les usines ne sauraient tourner. L'Est de la RDC détient ces ressources.Ce qui fait que ces puissances, par leurs multinationales tirent les ficelles. C'est ainsi que certaines milices ethniques qui jadis, étaient d'autodéfense (Maï-Maï par exemple) sont aujourd'hui instrumentalisées par ces puissances et se sont transformées en groupes rebelles vendant leur service au plus offrant.

D'autres enquêtés (20%) pensent que les puissances occidentales n'ont aucun intérêt à déstabiliser la RDC. Si elles veulent avoir les minerais comme certains le pensent, elles viendront officiellement négocier les accords avec le gouvernement et occupées légalement les mines congolaises. Ils affirment que les gouvernements de ces pays occidentaux mènent au conseil de sécurité le plaidoyer en faveur de la RDC relatif à la paix et à la sécurité sur son sol. C'est ainsi que l'on constate des accords de coopération militaire signés entre la RDC et les USA, avec la France... En 2003, faut-il le rappeler, la France avait soutenu les FARDC à travers l'opération Artémis dans l'Ituri. Ces puissances ont aussi formé les commandos qui ont combattu la LRA et les M23 pour ne citer que ces faits...

Ils se dégagent de ces opinions deux courants diamétralement opposés mais avec des approches qui s'interconnectent dès lors que l'on veut les analyser : la non-ingérence et la non-indifférence de ces puissances face à l'insécurité à l'Est de la RDC. D'un côté certains enquêtés qui crient à leur ingérence, et de l'autre côté ceux qui légitiment l'essence de leur influence (la non-indifférence) face à cette situation.

Si les autorités congolaises ont toujours considéré la question sécuritaire nationale comme domaine essentiellement lié à sa souveraineté et par conséquent ne peut recevoir aucune directive des autres en la matière, cela parait vraisemblablement aléatoire. En effet, dès lors que l'insécurité engendre des questions humanitaires, les interventions des organisations internationales humanitaires ne peuvent êtres évitées. Ce qui fait que la souveraineté se heurte à un autre principe reconnu par le droit international : la non-indifférence. C'est autant dire qu'au nom de ce dernier, ces puissances exercent une certaine influence sur cette situation en y apportant leur contribution pour l'éradiquer ou la maintenir.

Bon nombre d'auteurs pensent que la logique capitaliste y joue un rôle moteur.Pour Charles ONANA par exemple, la guerre qui fait des millions de morts au Congo, n'a rien d'ethnique, ni de politique. Ce sont les minerais stratégiques ou rares qui sont au coeur du bain de sang que les puissances mondiales imposent au peuple congolais sous couvert de « rébellions » ou de lutte contre de prétendus « génocidaires Hutus ». Parmi ces minerais, il y a en tête, la colombo-tantalite94(*).

De son côté, Honoré NGBANDA écritque la quête de nouvelles ressources minières par les sociétés occidentales, l'épuisement des gisements ainsi que les coûts très élevé des systèmes d'exploitation dans les pays développés poussent les multinationales à se tourner vers les pays Africains, grands pourvoyeurs de mines d'or, de diamants et de Coltan. La finance internationale versée dans l'exploitation minière oriente désormais sa stratégie d'affaires vers l'Afrique centrale où il existe des gisements vierges et/ou mal exploités, mais susceptibles d'ouvrir des marchés aux grands capitaux95(*).

Honoré NGBANDA tirait la sonnette d'alarmeque l'Afrique constamment trahi par les anciennes puissances coloniales devient une proie facile des multinationales. La RDC occupe une position géostratégique majeure au centre de l'Afrique. Ses potentialités minières et ressources naturelles stratégiques telles que l'uranium, le cobalt, le Coltan, le diamant, l'or, le pétrole, l'eau potable font de ce pays la première cible au monde des multinationales. Il parait donc que la mainmise sur la RDC, au moyen de la guerre d'agression menée par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, peut conduire, en cas de victoire, à l'appropriation, par les multinationales, des richesses minières du Congo96(*).

IV.2.2. Relations de bon voisinage entre la RDC et le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda sont tumultueuses

Le pacte et ses dix protocoles ont été institués entre autres, pour redorer les relations et la coopération entre la RDC et les pays impliqués dans la guerre du Congo. Actuellement, le constat c'est que ces relations sont tumultueuses (53,3%), non-fructueuses et la méfiance règne encore entre gouvernements et peuples des grands lacs qui peinent à vivre ensemble. Ces pays n'ont jamais, jusqu'ici déclarés ouvertement la guerre à la RDC. Mais leur manière d'agir pose problème.

Par contre, 46,6% d'enquêtés estiment qu'au-delà de toute agitation, ces relations se sont améliorées grâce à la CIRGL et aux efforts diplomatiques amorcés par le président Joseph Kabila et pérennisés aujourd'hui par le président Felix-Antoine Tshisekedi. Mais le scepticisme habite encore certains enquêtés pour le vivre ensemble et le réchauffement des relations entre ces pays.

IV.2.3. Implication du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda dans l'insécurité à l'Est de la RDC

Nombreux enquêtés (86,7%)affirment que ces pays sont impliqués, à travers leur force de sécurité à l'insécurité en RDC. Il n'est un secret pour personne que ces pays sont agents et acteurs de la guerre et de l'insécurité à l'Est de la RDC. Si le Burundi s'engage aujourd'hui à ce conflit comme une chauve-souris, il n'en est pas le cas pour le Rwanda et l'Ouganda.

Plusieurs écrits s'accordent à attribuer la genèse de l'insécurité à l'Est au génocide rwandais. Pierre PEAN97(*) affirme que la guerre civile Rwandaise n'a pas cessé en juillet 1994. Le conflit s'est porté au-delà de la frontière Ouest du Rwanda, dans les provinces de l'Est de la RDC. C'est là que se poursuit la guerre civile Rwandaise. Les milliers des Hutus déversés en RDC après le génocide, s'étaient installés dans le camp de réfugiés à quelques kilomètres du Rwanda, avec des militaires Hutus non-désarmés. Ceux-ci représentaient un danger pour le nouveau régime de Kigali. Ce dernier dispose en fait, un alibi parfait et des prétextes pour justifier sa présence à l'Est de la RDC.

Ainsi, depuis 1996, les extrémistes Tutsis avaient toutes sortes de prétextes pour défendre le bien-fondé de leur présence au Congo : tantôt ce sont les dangereux interhamwe (Hutus) qu'il faut neutraliser ; tantôt ce sont les discriminations à l'égard des Banyamulenges (Tutsis Congolais) qu'il faut empêcher. Mais au fond, estime ONANA, tous les arguments politiques et sécuritaires évoqués à propos de la présence rwandaise au Congo sont erronés. En réalité, ces Tutsis et leurs alliés occidentaux se moquent éperdument du droit international et de la souveraineté du Congo. Leur rêve est de morceler le territoire Congolais, d'en prendre le contrôle au profit des multinationales étrangères et des Occidentaux qui les appuient98(*).

Soulignons que surle plan interne, la convoitise de ces pays a pris une forme en 1996 avec la création de l'AFDL. Si ce complot contre la RDC avait été réfuté et rejeté par MzeeLaurent-Désiré Kabila ayant compris leur visée annexionniste, ces pays n'ont pas pourtant pas lâché prise. Ils ont davantage tiré les ficelles de tous les côtés. Après l'échec de l'AFDL, le Rwanda crée en 1998, le RCD-Goma pour mieux se livrer au pillage des ressources naturelles à l'Est du Congo. Ouganda crée en son tour le MLC en 1999 pour contrôler l'autre partie de la RDC. Peu après, le Rwanda va financer une autre rébellion des Banyamulenge dirigé par Laurent Nkunda pour, à nouveau piller et déstabiliser politiquement la RDC.

Par ce fait, le Rwanda demeure un des acteurs essentiels d'agents-acteurs dans la guerre du Kivu. Non seulement parce que la déstabilisation de l'Est de la RDC est la conséquence directe de ses problèmes internes (surpeuplement et exportation de ses violences intercommunautaires), mais aussi parce que Kigali essaye d'exercer un contrôle sur l'Est du Kivu, tant pour sa sécurité que pour s'approprier des terres et des ressources minières. L'Ouganda a aussi ses intérêts économiques en RDC99(*). On se souviendra que leurs troupes, après avoir violé l'intégrité du territoire congolais, elles s'étaient livrées une guerre dans la ville de Kisangani pour contrôler le réseau de trafic du diamant.

IV.2.4. La RDC n'a rien à espérer en étant dans la CIRGL

La compréhension de cette tendance (53,3%) n'est possible qu'en la reliant à l'ensemble des résultats.

En effet, dans la CIRGL, la RDC devrait résoudre essentiellement la question de l'insécurité dans sa partie orientale. Cela n'étant pas possible, la CIRGL perd toute sa substance. L'affirmé ainsi ne doit pas être entendu comme la méconnaissance totale de l'utilité de la CIRGL. C'est dans cette optique que 46,7% d'enquêtes se rappellent la résolution des rébellions du CNDP et de M23.

I. SECTION 3. SUGGESTIONS

IV.3.1. Nécessité pour les Etats membres de la CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC, mais de les traquer ensemble, dans le respect de la souveraineté de la RDC 

A la CIRGL, 80 % d'enquêtés recommandent à ses Etats membres de mettre fin au parrainage des groupes armés à l'Est de la RDC et de les traquer ensemble comme prévu dans le pacte, dans le strict respect de la souveraineté de la RDC.

La stratégie de parrainage des groupes armés à laquelle s'adonnent certains pays des grands lacs,viole ouvertement les textes régissant la CIRGL ainsi que la souveraineté de la RDC. De ce fait, cette stratégie ne favorise pas le décollage de la RDC qui est pourtant le moteur économique de la sous-région. Ils ont cependant intérêt à travailler ensemble pour le retour réel de la paix en RDC qui conduirait à une paix généralisée dans la sous-région des grands lacs.

Une autre tendance (20%) lui recommande de favoriser l'intégration économique et l'exploitation des richesses communes entre la RDC et ses voisins de l'Est.

La divergence des intérêts économiques entre pays des grands lacs incite, à l'absence des projets communs, certains pays à déstabiliser leur voisin notamment la RDC, pour y puiser des richesses afin de faire fonctionner leur économie. Voilà pourquoi, dans le cadre de son programme lié à l'intégration régionale, la CIRGL devra insister sur une franche coopération entre ces Etats dans ce domaine. Ce qui pourrait sensiblement diminuer l'ampleur de leur nuisance en RDC.

IV.3.2. Nécessité de la RDC de mettre en place un leadership fort et éclairé, capable de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt national au sein de la CIRGL

a) Un leadership fort et éclairé

Pour s'affirmer comme Etat souverain et puissant au niveau sous-régional, 73,3% d'enquêtes recommandent à l'Etat congolais de mettre en place un leadership fort et éclairé, capable de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt national au sein de la CIRGL. Dans le contexte actuel, les ennemis du Congo ont compris qu'il faut diviser les congolais, les instrumentaliser, alimenter les querelles identitaires pour qu'ils se divisent et s'affaiblissent. Conscients de tout cela et pour y échapper, l'initiative doit venir de l'interne, d'un leadership fort et éclairé.

En effet, la faiblesse de l'Etat a fait de la RDC un État failli qui n'a plus de contrôle de facto, mais seulement de jure (c'est-à-dire un contrôle officiel et reconnu), sur un territoire dont le sous-sol regorge de richesses minières. Ces minerais précieux et autres matières premières attisent les tensions entre de nombreux acteurs (groupes armés, troupes étrangères, « entrepreneurs politico- militaires »), qui luttent tous pour s'en emparer illégalement suite à cette faiblesse de l'Etat100(*).

Par contre, 26,7% recommandent à l'Etat congolais le renforcement de son dispositif de sécurité tant au niveau des frontières qu'à l'intérieur du pays. Au niveau des frontières, il y a nécessité de disposer d'une armée forte et efficace capable de maintenir l'intangibilité et l'inviolabilité des frontières de la RDC. D'où la nécessité pour l'Etat congolais de renforcer ses services de sécurité pour contenir et mater les assauts internes. C'est de l'intérieur que l'on peut bien sécuriser ses frontières.

b). L'intérêt national de la RDC dans la CIRGL

Les opinions présentées ci-haut invoquent, d'une manière ou d'une autre, la notion de la responsabilité de l'Etat, mieux de sa souveraineté. L'on se rend compte que le profit de la RDC dans la CIRGL dépend en majeure partie de la qualité du leadership installé au sommet de l'Etat.

Un leadership fort et éclairé est celui qui fait aussi sien les réflexions scientifiques, les applique pour l'intérêt supérieur de la nation, peu importe si elles contrastent avec ses intérêts personnels.

CONCLUSION

Appartenance de la République démocratique du Congo à la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs : atout ou obstacle pour son émergence, est le sujet que nous avons formulé après l'observation de la persistance de l'insécurité à l'Est de la RDC et qui a nécessité une étude.

Pour ce faire, le travail lui-même nous a imposé un référentiel explicatif parmi les trois existant actuellement en sociologie : le constructivisme. Ce référentiel a été matérialisé dans cette étude par l'usage de la théorie de la survie politique et la méthode de dissimulation des objectifs pour finalement expliquer l'inaction de la CIRGL dans l'insécurité à l'Est de la RDC.

L'option levée sur ce référentiel nous a conduits à adopter une démarche méthodologique pour aboutir à des résultats escomptés. Dans cette lancée, la méthode de dissimulation des objectifs a servi de boussole à l'usage de techniques et a guidé la structuration de notre discours. Parmi ces outils utilisés figurent : l'observation indirecte, la technique documentaire, l'échantillonnage et l'entretien compréhensif.

Dans l'ensemble, l'étude s'inscrit dans l'approche qualitative. C'est autant dire que pour ses résultats ne sont généralisables ni sur l'ensemble des pays des grands lacs, nien RDC. Ils ne sont que des indications qui relèvent l'ampleur du problème étudié auprès des enquêtés ayant participé à l'étude.

En fait, l'étude a été menée pour comprendre et expliquer l'inaction de la CIRGL en RDC. A travers cette problématique, quelques questions de recherche ont été soulevées. Il s'agit de :

ü Pourquoi la CIRGL reste-t-elle parfois inactive face à l'insécurité à l'Est de la RDC ?

ü Dans le contexte actuel, la RDC peut-elle émerger tout en étant membre de la CIRGL?

En guises d'hypothèses aux questions de recherche soulevées par la problématique, nous avons pensé principalement que l'inefficacité de la CIRGL en RDC s'expliquerait par le fait que l'insécurité à l'Est de ce pays est complexe et présente plusieurs enjeux.

Complexe, par le fait que certains pays membres de la CIRGL soutenus par leurs alliés Occidentaux seraient directement impliqués dans cette insécurité.

Plusieurs enjeux, parce que cette insécurité serait une occasion pour certains pays de piller systématiquement les ressources naturelles de la RDC. C'est pourquoi la paix et la sécurité dont pouvait espérer la RDC en étant membre de la CIRGL ne sont pas possibles.

Quant à son émergence, il est hors de question de l'envisager si et seulement si, le même jeu d'acteurs persiste au sein de cette organisation.

A l'issue de nos investigations, les résultats obtenus sont :

1. les enquêtés sont bien conscients que la CIRGL est une organisation sous-régionale à caractère politique ;

2. Cette organisation a pour rôle de restaurer la paix, la sécurité et les bonnes relations entre pays des grands lacs ;

3. Cependant, les enquêtés estiment que la CIRGL n'accomplit pas ses missions car l'insécurité est toujours présente à l'Est de la RDC ;

4. Ils pensent que la coordination nationale est l'intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes spécialisés ;

5. Ils affirment que les multinationales et les groupes maffieux d'origine occidentale sont impliqués à l'insécurité à l'Est de la RDC, car elles soutiennent les groupes armés ;

6. Ils pensent que les relations de bon voisinage entre la RDC et le Rwanda, le Burundi, l'Ougandasont tumultueuses ;

7. Cela parce qu'estiment-ils, ces pays sont impliqués à l'insécurité à l'Est de la RDC à travers leurs forces de sécurité et leurs groupes rebelles.

8. Ils estiment que la RDC n'a rien à espérer de cette organisation sous-régionale ;

9. c'est pourquoi ils suggèrent aux Etats membres de la CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC et de revenir sur la lettre et l'esprit de son pacte fondateur ;

10. Et à l'Etat congolais, ils lui recommandent de mettre en place un leadership fort et éclairé capable de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt national de la RDC au sein de la CIRGL.

Au demeurant, il sied de dire que nos hypothèses ont été confirmées.

Ainsi, dans le souci de rendre la CIRGL plus active et redorer son image ternie, il y a urgence et nécessité d'évaluer le plus vite que possible le pacte et ses dix protocoles, faire un état de lieux sur le degré de leur applicabilité afin de déceler les failles et les avancées déjà enregistrées.

C'est pourquoi il y a urgence d'insérer dans le pacte, des sanctions économiques, politiques, sociales, etc. contre le pays ou les pays qui oserait/oseraient violer, d'une quelconque manière, les textes de la CIRGL.

A l'Etat congolais, la RDC est aujourd'hui occupée et humiliée d'une manière ou d'une autre,par ses voisins de la CIRGL : humiliation, tuerie, viol... Il lui faut des services de sécurité républicains, forts et dissuasifs, capables de garder intangible ses frontières. Il doit être capable d'appliquer le principe delégitime-défenseface aux assauts des forces extérieures. Tout ceci n'est possible qu'avec un leadership fort et éclairé, capable de hisser le pays dans les rangs des pays forts dans la sous-région des grands lacs.

C'est donc dans ces conditions que la RDC pourrait retrouver ses repères dans les organisations intergouvernementales et joué pleinement son rôle dans le concert des nations.

BIBLIOGRAPHIE

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TABLE DES MATIÈRES

IN MEMORIAM I

DEDICACE II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES IV

INTRODUCTION 1

01.CONTEXTE DE L'ETUDE 1

02.PROBLEMATIQUE 1

03.HYPOTHESES 5

04.LECTURE SPECIALISEE 6

05.REFERENTIEL EXPLICATIF 10

06.DOMAINE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE 11

06.1.Domaine de l'étude 11

06.2.Cadre méthodologique de l'étude 11

07.APPROCHE DE L'ETUDE 16

08.DELIMITATION DU SUJET 17

08.1.Délimitation temporelle 17

08.2.Délimitation spatiale 17

09.OPTION POUR LE SUJET ET INTERET DE L'ETUDE 17

09.1.Option pour le sujet 17

09.2.Intérêt du Sujet 18

10.DIFFICULTES RENCONTREES 18

11.STRUCTURE DU TRAVAIL 19

CHAPITRE I. GENERALITES 20

I. 1. REVUE DE LA LITTERATURE 20

I.1.1. Origine et signification du concept d'insécurité 20

I.1.2. Portée du concept d'insécurité et niveau de débat actuel 21

I. 2. DEFINITION DE CONCEPTS 22

I.2.1. La sous-région des grands lacs 22

I.2.2. L'organisation sous-régionale 23

I.2.3. L'insécurité militaro-politique 24

I. 3. PRÉSENTATION DE LA COORDINATION NATIONALE DE LA CIRGL/RDC 25

I.3.1. Localisation 25

I.3.2. Organisation et fonctionnement 25

CHAPITRE II. NOTIONS THEORIQUES SUR LA CIRGL 26

II. 1. HISTORIQUE DE LA CIRGL 26

II.1.1. OBJECTIFS 27

II.1.2. Cadre juridique 27

II.1.3. Cadre institutionnel 28

II. 2. LA CIRGL FACE A L'INSECURITE A L'EST DE LA RDC 29

II.2.1. La CIRGL face à la rébellion du Congrès National pour la Défense du Peuple de Laurent NKUNDA, CNDP en sigle (2007-2009). 29

II.2.2. La CIRGL face à la rébellion du M23 31

II.2.3. La CIRGL et la problématique des groupes et milices armes étrangers sur le sol congolais 34

II.2.3.1. La CIRGL face aux FDLR et les ADF-NALU. 35

II.2.3.2. La CIRGL face à l'incursion des militaires zambiens sur le sol Congolais. 37

II.2.4. Des leçons à tirer 38

II. 3. DEFIS ACTUELS DE LA CIRGL 40

II.3.1. Faiblesses de la CIRGL 40

II.3.2. Défis actuels de la CIRGL. 42

CHAPITRE III. DEROULEMENT DE L'ENQUETE 47

III.1. DE L'UNIVERS DE L'ENQUÊTE 47

III.2. DE L'ÉCHANTILLON 47

III.3. DE L'ENTRETIEN COMPRÉHENSIF 48

III.3.1. Méthodologie 48

III.3.2. Quelques problèmes épistémologiques de terrain 49

III.3.3. Présentation des données de l'enquête 50

III.4. RÉSULTATS OBTENUS 54

CHAPITRE IV. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 56

IV 1. STATUT ET RÔLE DE LA CIRGL 56

IV.1.1. La CIRGL comme organisation sous-régionale à caractère politique 56

IV.1.2. La restauration de la paix, de la sécurité et des bonnes relations entre pays des grands lacs comme rôle de la CIRGL 58

IV.1.3. Accomplissement des missions de la CIRGL en RDC 60

IV.1.4. La coordination nationale de la CIRGL/RDC comme intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes spécialisés 62

IV. 2. INSÉCURITÉ À L'EST DE LA RDC 63

IV.2.1. De l'influence des puissances occidentales sur l'insécurité à l'Est de la RDC. 63

IV.2.2. Relations de bon voisinage entre la RDC et le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda sont tumultueuses 65

IV.2.3. Implication du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda dans l'insécurité à l'Est de la RDC 65

IV.2.4. La RDC n'a rien à espérer en étant dans la CIRGL 67

SECTION 3. SUGGESTIONS 67

IV.3.1. Nécessité pour les Etats membres de la CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC, mais de les traquer ensemble, dans le respect de la souveraineté de la RDC 67

IV.3.2. Nécessité de la RDC de mettre en place un leadership fort et éclairé, capable de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt national au sein de la CIRGL 68

CONCLUSION 69

BIBLIOGRAPHIE 72

TABLE DES MATIÈRES 76

ANNEXES 78

ANNEXES

GUIDE D'ENTRETIEN

Thème 1. Statut et rôle de la CIRGL

Sous-thème 1. Statut de la CIRGL ;

Sous-thème 2. Rôle de la CIRGL ;

Sous-thème 3. Accomplissement des missions de la CIRGL en RDC ;

Sous-thème 4. Rôle de la coordination nationale de la CIRGL/RDC.

Thème 2. Insécurité à l'Est de la RDC

Sous-thème 1. Influence des puissances occidentales sur l'insécurité à l'Est de la RDC ;

Sous-thème 2. Relations de bon voisinage entre la RDC et le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda ;

Sous-thème3. Implication du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda dans l'insécurité à l'Est de la RDC ;

Sous-thème 4. Profit de la RDC dans la CIRGL.

Thème 3. Suggestions

Sous-thème 1. Recommandations à la CIRGL ;

Sous-thème 2. Recommandations à l'Etat congolais.

* 1 J. EBWEME YONZABA, Non-ingérence contre non-indifférence. Les dynamiques actuelles au sein de la sociologie des relations internationales, Saint-Denis, Connaissance et Savoirs, 2020, p. 23.

* 2A. KILOMBA, « La CIRGL face à la résolution des différends dans la sous-région des grands lacs : cas de la rébellion du M23 en RDC », in Revue québécoise de droit international, 2015, pp. 203-218.

* 3 CIRGL, Agenda National pour la paix dans la région des grands lacs, Kinshasa CNP, , 2004. p. 10.

* 4 N. MWILANYA WILONDJA. « Introduction », in Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la sous-région des grands lacs, CPN/RDC, Kinshasa, 2007, p. 3.

* 5 CIRGL, « Déclaration de Dar-es-Salam sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la sous-région des grands lacs », 2004. p. 6. 

* 6 T.JIMENEZ LUQUE, « La République démocratique du Congo et la région des grands lacs d'Afrique : entre instabilité politique et espoir », in JIMENEZ LUQUE, MBUYI KABUNDA (sous dir.),  La RDC : les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l'Etat, Barcelone, Ed. Fundacio solidaritat UB, 2009, pp. 74-89.

* 7 J-M. BALENCIE et A. DE LA GRANGE (sous dir.), Les nouveaux mondes rebelles : conflits, terrorismes et consternations, Paris, Ed. Michalon, 2005, p. 237.

* 8 J-L. LOUBET DEL BAYLE, Initiation aux méthodes des sciences sociales, Paris, Harmattan, 2000, p.177.

* 9 J. EBWEME YONZABA, Construction de l'objectivité en sciences sociales, Saint-Denis, Connaissances et Savoirs, 2017, p. 20.

* 10 Idem, p. 21.

* 11 A. KILOMBA., art. cit. pp. 203-218.

* 12 M-A LAGRANGE,  « Les mécanismes de paix régionaux dans les grands lacs : des outils incapables de promouvoir la démocratie », in Revue tiers Monde, 2016/4 (No228), p. 143-161.

* 13 Y. NKODIA, La CIRGL et la résolution de la crise Burundaise. Portée et Limites, Mémoire de licence en sciences des Relations Internationales, Université de Lubumbashi, (inédit), 2015.

* 14 S. T. KUHN, Structures des révolutions scientifiques, Flammarion, 1973, p. 11.

* 15 A. C. SAVY, « Schéma sur les liens entre les courants sociologiques », [en ligne], in www.google.com. Consulté le 10 aout 2020.

* 16 H. MOVA SAKANYI, La science des relations internationales. Essai sur l'autonomie épistémologique d'un domaine de recherche, Paris, L'Harmattan, 2015, p. 359.

* 17 L. TSAMBU, Notes de cours d'épistémologie sociologique destinées aux étudiants de première licence sociologie, Faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques, Université de Kinshasa, (Inédit), 2018-2019, p. 48.

* 18 J. EBWEME YONZABA, « Contradiction et réalisme dans la politique africaine de la France vis-à-vis des Etats membres de la sous-région des grands lacs africains », in Regard lucide, No1, Janvier-Février-Mars 2021. pp. 157-179.

* 19 L. TSAMBU. op.cit. p. 45.

* 20 J. EBWEME YONZABA, art. cit. pp. 157-179.

* 21 S. SHOMBA KINIAMBA, Méthodologie et épistémologie de recherche scientifique, Kinshasa, PUK 2016, p. 56.

* 22L. V. CAMPENHOUDT et R. QUIVY, Manuel de Recherche en Sciences Sociales., 4e Edition, Paris, DUNOD, 2011, p. 151.

* 23 Idem. p. 151.

* 24 J-L LOUBET DEL BAYLE, op. cit. p. 93.

* 25 Idem. p. 80

* 26 L. V. CAMPENHOUDT et R. QUIVY. op. cit. p. 170

* 27J-L. Loubet DEL BAYLE, op. cit. p. 80.

* 28 J-C. KAUFMAN. L'entretien compréhensif, 3e Edition, Paris, Armand Colin, 2011.

* 29 J. EBWEME YONZABA, gentrification politique... p. 223.

* 30R. REZSOHAZY, Théorie et critiques des faits sociaux, Bruxelles, la Renaissance du livre, 1971, p. 68.

* 31 www.latoupie.fr.  Dictionnaire de science politique [en ligne], Consulté le vendredi 19 février 2021 à 14h.

* 32 www.Wikipédiacom. Le sentiment d'insécurité [en ligne], Consulté vendredi 19 février 2021, à 15h30.

* 33 R. CASTEL, Insécurité Sociale : Qu'est-ce qu'être protégé ? Paris, Ed. Du Seuil, 2003, p. 3.

* 34 Idem. p. 2.

* 35 J-L. RESTOIN, « Insécurité alimentaire : état des lieux et stratégies d'éviction ». in Sens-dessous,2013/2 (No12) pp. 3-18.

* 36 www.FAO.fr la faim et l'insécurité alimentaire [en ligne], Consulté le lundi 08 février 2021, à 08h.

* 37 F. TULKENS, « La sécurité juridique : un idéal à reconsidérer ». in la revue interdisciplinaire d'études juridiques, 1990/1 (Volume2), pp. 25-42.

* 38 www.latoupie.fr Dictionnaire de science politique, [en ligne], Consulté le vendredi 19 février 2021.

* 39 C. MUSILA, « Entre Grands lacs et Afrique australe : quel positionnement régional pour la RDC ? », IFRI-Bruxelles, 2015.

* 40 Article 1 du pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement sur la région des Grands Lacs.

* 41 J. EBWEME. art cit. pp. 157-179.

* 42 www.latoupie.fr Dictionnaire de science politique [en ligne], consulté le vendredi 19 février 2021, à 15h.

* 43Article 2 du Projet d'articles sur la responsabilité des organisations internationales, 2011.

* 44 M. VIRALLY., l'organisation mondiale, Paris, Ed. Armand Colin, 1995, p.12.

* 45Réunion technique des experts ICGLR Exécutive Secrétariat - Gouvernement du Kenya UNHCR, « Le rôle de la CIRGL dans la lutte contre l'apatridie »Nairobi, Conférence Interministérielle, 17 Avril 2011.

* 46 www.CIRGL.org: organisation de la CIRGL [en ligne] consulté le 24 novembre 2020.

* 47 www.AFP.fr. « Les rebelles du CNDP intègrent officiellement l'armée » [en ligne], Consulté le 29 septembre 2020, à 14h35.

* 48 J. K. STEARNS. DU CNDP AU M23. Evolution d'un mouvement armé dans l'Est du Congo, Nairobi, Institut de la vallée du Rift, Nairobi, 2012, p. 26.

* 49 A. KILOMBA SUMAILI. art. cit. pp. 204-218.

* 50 A. KILOMBA. pp. 204-218.

* 51 Article 1 de l'accord de paix entre le gouvernement congolais et le CNDP, Goma, 20 Mars 2009.

* 52 Articles 2 et 3 de l'accord de paix entre le gouvernement congolais et le CNDP, Goma, 20 Mars 2009.

* 53 Christophe Rigaud, M23 : Chronologie d'une rébellion, in www.Afrikarabia.com, [en ligne], consulté le 08 octobre 2020, 21h20.

* 54 Christophe Rigaud. art. cit. in www.Afrikarabia.com[en ligne], consulté le 08 octobre 2020, 21h20.

* 55 Communiqué conjoint des présidents Museveni, Kagame et Kabila à l'issue du sommet de Kampala, du 20 au 21 Novembre 2012.

* 56 BBC News, Rwanda supporting DRC mutineers, [en ligne], consulté le 29 Septembre 2020.

* 57 Joseph Kabila, Discours sur l'Etat de la nation, le 15 Décembre 2012.pp. 4-8.

* 58Joseph Kabila, Discours sur l'Etat de la nation. p. 9.

* 59 Accord d'Addis-Abeba entre les onze Etats de la CIRGL sous l'égide de la CIRGL et la SADC, Addis-Abeba, le 24 Février 2013.

* 60 Christophe RIGAUD., « RDC : un nouveau scénario s'écrit au Kivu », sur www.Afrikarabia.com[en ligne], 6 Novembre 2013, consulté le 20 Octobre 2020.

* 61 Monusco, résolution 2098, Res CSNU, Doc.Off. CSNU, 4104e session, Doc.NU/RES/1291/2012.

* 62 A. KILOMBA, art. cit. pp. 204-218.

* 63 Article 1, al.3 du Protocole de non-agression et de défense mutuelle dans la région des grands lacs, Nairobi, 14-15 Décembre 2006.

* 64 RDC : Qui sont et que veulent les ADF ?, www.RFI.fr[en ligne], 20 Avril 2019, consulté le 10 octobre 2020, à 13h00.

* 65CRISIS GROUP, « L'Est du Congo : la rébellion perdue des ADF-Nalu », Nairobi/Bruxelles No93,19 Décembre 2012.

* 66R. MINANI BIHUZO, « Un chantier inachevé : Balise pour la paix dans les grands lacs», inBulletin de la sécurité Africaine, Centre d'études stratégiques de l'Afrique, No21/ Juillet 2012. p. 1.

* 67Idem. p. 6.

* 68J. K. Stearns et C. Vogel, Cartographie des groupes armés dans l'Est de la RDC, Groupe d'étude sur le Congo, 2015. p. 4.

* 69Communiqué officiel de la CIRGL, Aout 2014, Luanda, Angola.

* 70 Rapport de la CIRGL, Bujumbura, 04 Mars 2015.

* 71 Compte rendu du conseil des ministres de vendredi 24 Juillet 2020.

* 72 Compte rendu du conseil des ministres de vendredi 07 Aout 2020.

* 73 Selon J-L LOUBET DEL BAYLE, l'approche diachronique est une approche qui s'inscrit dans le temps, dans la durée. Elle cherche à reconstituer la genèse des situations étudiées, en découvrant les antécédentsde ces situations qui permettent de les comprendre et de les expliquer. C'est un type d'approche, plus ou moins inspiré de l'histoire, qui fait appel à la succession temporelle des faits et à leur enchaînement dans le temps pour comprendre et expliquer les phénomènes sur lesquels porte la théorie. p. 348.

* 74M. TSHUNGU BAMESA, « Préface », in J. WINGENGA WI EPENDO, Parenté, Idéologie Identitaire et Paix dans la sous-région des grands lacs. Kinshasa, 2004. p. 9.

* 75R. MINANI BIHUZO, op.cit. 2012, p.3.

* 76R. MINANIBIHUZO, op. cit. p. 4.

* 77 Le Mécanisme de certification Régional de la CIRGL. Projet de MCR révisé pour consultation - révision 1.

* 78Communiqué final de la troisième réunion des ministres en charge des mines de la CIRGL, Memling Hôtel, Kinshasa, RDC, 6 Novembre 2014.

* 79 www.7sur7.cd, articlé publié le 25 septembre 2020, [en ligne], Consulté le 29 septembre 2020 à 21h30.

* 80 G. GEROLD et M. MERINO, Coup d'arrêt dans la mise en oeuvre de l'accord-cadre pour la paix en RDC et dans la région des grands lacs, Nairobi, Observatoire des grands lacs en Afrique , Note No 4-2014.

* 81Joseph Kabila, Etat de la Nation 2012.

* 82 Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire Congolais (CRIIC),La RDC face à son destin. Actes de la première matinée scientifique du CRIIC tenue à Kinshasa les 13, 20 février et le 05 Mars 2020, Kinshasa, Sciences au Pluriel, 2020.

* 83 Le Phare : face à la tentative de balkaniser la RDC : le cardinal Ambongo appelle à la conscience nationale, [en ligne], Consulté le samedi 31 Octobre 2020, à 20h50.

* 84R. MINANI BIHUZO, op. cit. p. 6.

* 85 Sommet des grands lacs à Goma : le Burundi décline l'offre de la RDC, disponible sur www.Radiookapi.com, [en ligne], Consulté le samedi 17 octobre 2020.

* 86R. BOUDON et F. BOURRICAUD, Dictionnaire critique de la sociologie, Paris, PUF, 4eEd. 1994, p. 427.

* 87 Idem, p. 429.

* 88 G. BACHELARD, Formation de l'esprit scientifique. Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective. Paris, Librairie Philosophique J.VRIN, 5e Ed. 1957, p. 7.

* 89 Greg. BASUE BABU KAZADI, Vie internationale. Kinshasa, PUIC, 2004, p. 53.

* 90 L. ABDEL FETTAY, Cours d'Organisations Internationales, UniversitéMohamed 1er, FSDES-Oujda, 2015, p. 9.

* 91Greg BASUE BABU KAZADI, op. cit. pp. 64-67.

* 92 A. KILOMBA SUMAILI, « le potentiel de la CEPGL et la CIRGL pour l'instauration d'une paix durable en RDC », in Libraire Africaine d'Etudes Juridiques, 2014, pp. 648-670.

* 93 N. MWILANYA, op. cit. p.3.

* 94 C. ONANA, Ces tueurs Tutsis au coeur de la tragédie Congolaise. Paris, Ed. Duboiris, 2009, p. 121.

* 95 H. NGBANDA NZAMBO. Crimes organisés en Afrique Centrale. Révélation sur les réseaux Rwandais et Occidentaux, Paris, Ed. Duboiris, 2004., pp. 227-228.

* 96 H. NGBANDA NZAMBO. op. cit. p. 128.

* 97 P. PEAN, Noirs fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994, Paris, Ed. Fayard, 2005, p. 489.

* 98 C. ONANA, op.cit. pp. 20-21.

* 99 R. POURTIER, Le Kivu dans la guerre : Acteurs et enjeux, EchoGéo [en ligne] sur le vif, 2009. p. 6.

* 100 M. BOSSE. Afrique. Minerais de sang et néocolonialisme en RDC. in Revue géopolitique.2020, p. 2.






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand