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Appartenance de la république démocratique du congo à  la conférence internationale sur la région des grands lacs: atout ou obstacle pour son émergence ?


par Charles Duhanel BILOKO
Université de Kinshasa - Sociologie 2019
  

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II.3.2. Défis actuels de la CIRGL.

A la lumière des faiblesses énumérées ci-haut, la CIRGL a plusieurs défis à relever. Dans cette partie, nous essayons d'énumérer quelques grands défis de la CIRGL dans le contexte actuel.

a. L'exploitation illégale des ressources naturelles : source d'insécurité à l'Est de la RDC.

Tout expert épris des questions sécuritaires est sans ignoré qu'une rébellion n'est peut-être amorcée à l'intérieur d'une ville car elle doit, entre autres, assurer son arrière garde face à la réplique des forces gouvernementales et, l'activité rebelle étant couteuse, elle doit trouver une autre source de revenus plus stable et rentable lui permettant d'entretenir et d'équiper ses troupes. Dans la plupart des cas, l'exploitation illégale de ressources minières constitue l'une des sources par excellence de financement de la rébellion, et la principale cause à la base de la prolifération des mouvements rebelles à l'Est de la RDC.

La principale contribution de la CIRGL est d'avoir intégré dans son approche la dimension économique, à la base du conflit en RDC. Elle a spécialement lancé une initiative régionale sur les ressources naturelles pour certifier, formaliser, et suivre les minerais afin d'éliminer le rôle des groupes armés dans leur exploitation. Ces projets pilotés au Rwanda et au Sud Kivu ont montré quelques avancées dans la bonne direction76(*). Cette initiative pour s'attaquer à des véritables causes de l'insécurité s'est avérée pertinente pour tout acteur engagé à la quête de stabilité sous-régionale.

En 2010, la CIRGL a lancé l'initiative régionale de lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles, IRRN en sigle. En effet, l'IRRN est un cadre régional visant à briser le lien entre l'exploitation et le commerce illégal dans le secteur minier, et le financement des conflits, et de transformer l'exploitation et le commerce minier en un catalyseur du développement économique durable77(*).

De ce fait, cette initiative a conduit les pays des grands lacs à tenir plusieurs rencontres en la matière. En titre d'exemple, la 3e réunion des ministres en charge des mines de la CIRGL tenu le 6 Novembre 2014 à l'hôtel Memling à Kinshasa a noté que la RDC et le Rwanda ont procédé au lancement du certificat de la CIRGL (MCR), respectivement en juillet et Novembre 2013 et qu'à ce jour, la RDC a émis 1135 certificats et le Rwanda a émis 26 certificats78(*). A travers le MCR et l'IRRN, l'on peut constater une moindre avancée sur cette question mais la situation est loin d'être éradiquée. Récemment, plus de 100Kilos de Coltan prédestinés à la fraude vers le Rwanda ont été interceptés, affirme le site d'information 7sur7.cd par les services de sécurité à Masisi79(*).

De ce fait, la CIRGL doit revitaliser les dispositions relatives à l'exploitation illégale de ressources et impliquer les différents acteurs sociaux, des organisations macrosociales (les organisations internationales et Etats) jusqu'aux plus petites entités microsociétales en vue de faire obstruction, malgré les écueils, à toutes les forces négatives impliquées dans ce négoce.

b. Le (ré)établissement des relations sincères entre pays des grands lacs

Au sein de la CIRGL, des divergences, à la fois économiques et stratégiques, se font jour et empêchent toute mise en application, concertée et convergente, du pacte et des protocoles de la CIRGL et ils agissent pour la prorogation du statu quo.

A ces propos, Gérard GEROLD et Mathieu MERINO rappellent qu'au sein de la CIRGL, on constate depuis l'été 2013 une dégradation continue des relations entre la Tanzanie et le Rwanda et surtout la création d'un axe d'intégration économique fort entre l'Ouganda, le Rwanda et le Kenya qui isole Dar-es-Salam et accentue les divergences d'intérêts au sein de l'organisation. Ce faisant, les visions stratégiques des membres de la CIRGL sur l'évolution future de la région des Grands Lacs divergent80(*).

L'un des plus grands défis de la CIRGL, surtout dans le contexte actuel, c'est la restauration d'un climat de paix entre ses Etats membres engouffrés dans des conflits transfrontaliers et s'affrontant soit directement (les incursions de troupes d'un Etat sur le territoire d'un autre Etat), soit indirectement (par le truchement des groupes armés) et finissent par des récriminations.

Nous avons ainsi identifié quelques grands conflits qui opposent les pays de grands lacs parmi lesquels nous citons : la dégradation des relations entre le Rwanda et la Tanzanie ; les conflits entre l'Ouganda et le Rwanda où les deux pays s'accusent mutuellement d'espionnage, d'ingérence et de déstabilisation ; le conflit entre le Rwanda et le Burundi dont chacun accuse l'autre de soutenir des groupes rebelles, responsables de plusieurs attaques sur la sous-région ; le conflit frontalier entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda ; le récent conflit frontalier entre la RDC et la Zambie. C'est pour autant dire, ce défi est de taille pour la CIRGL.

c. La question de la balkanisation de la RDC

Dans le contexte actuel, la question de la balkanisation de la RDC ne peut, en aucun cas être considérée comme une utopie. Plusieurs études et observateurs ont fourni suffisamment d'éléments pour reconsidérer cette question longtemps méprisée et considérée par certains comme une utopie.

Au niveau de la pyramide sociale, bien que réticents, beaucoup d'acteurs ont reconnu l'existence d'un plan de balkanisation de la RDC. En 2012, quand le pays fut sauvagement agressé par la rébellion du M23, soutenue et entretenue par certains pays de la CIRGL, l'Ex président Congolais Joseph Kabila, affirmait ce qui suit : « la stratégie mise en place est simple : susciter des foyers de tension, provoquer l'insécurité à plusieurs endroits de la RDC, décourager les investissements et empêcher la mise en oeuvre du programme de reconstruction nationale. Bref, créer le chaos et justifier la balkanisation de notre pays »81(*).

Cette question n'est pas une affaire anodine. Elle doit être abordée au même titre que tous les autres maux évoqués au sein de la CIRGL, ou de manière plus particulière car étant délicate, touchant ainsi à l'intégrité d'un des Etats membres. Déjà décriée par le président Kabila à son époque, le débat sur cette question est loin d'être clos.

Dans cette même perspective, le Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire Congolais, CRIIC en sigle, à l'issue d'une série de conférence organisée dont l'une a porté sur le thème : la balkanisation de la RDC : canular, mythe ou réalité ? Les intervenants ont abordé à long et à large cette question. Tous les intervenants ont insisté à l'unanimité sur l'existence d'un plan de balkanisation de la RDC, élaboré et entretenu par les puissances occidentales, dont certains pays de la sous-région des grands lacs jouent le rôle d'agents ou d'exécutants, sans tenir compte de conséquences qu'elle peut engendre au niveau sous-régional82(*).

Il sied d'évoquer les récentes déclarations de l'archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo qui, à l'issue d'une visite pastorale dans le diocèse de Butembo-Béni du 27 au 31 décembre 2019 à l'Est de la RDC, ayant palpé du doigt l'insécurité qui ronge cette partie de la RDC, a interpellé les autorités politiques et tous les congolais amoureux de leur nation sur le danger que court le pays, tout en mettant en garde contre le risque de balkanisation de la RDC. Face à cette tentative de balkanisation déjà amorcée a-t-il insisté, il note la nécessité de reconstruire l'armée nationale congolaise pour en faire un véritable instrument de dissuasion dans la région des grands lacs c'est-à-dire le renforcement de l'armée est une urgence. Ce renforcement ne vise qu'un seul objectif : dissuader les voisins de la RDC (les pays des grands lacs, membres de la CIRGL qui ont des visées annexionnistes d'une portion importante de la RDC83(*).

De ce qui précède, ces acteurs ayant décrié cette tentative de balkanisation n'ont fait que dire haut ce que tout le monde dit tout bas. En réalité, tous ces faits évoqués sont récents, l'appel à la mobilisation pour faire échec à cette tentative de balkanisation augmente d'intensité depuis un bout de temps au regard de certaines réalités qui viennent corroborer cette thèse. En effet, aucun pays de la CIRGL n'osera déclarer ouvertement qu'il veut annexer une partie de la RDC. Il sied d'examiner les faits tels qu'ils se présentent actuellement pour appréhender les agendas cachés de ces Etats qui se cachent derrière un simulacre de compassion envers la RDC.

Loin de nous l'idée d'incriminer tel ou tel Etat membre de la CIRGL engagé dans cette pratique à la fois ignominieuse et contradictoire au pacte fondateur de la CIRGL, il s'avère pertinent et à juste titre pour la CIRGL de reconsidérer cette situation et l'inscrire désormais dans ses priorités. Ce défi est à cet effet grandiose et très délicat pour la CIRGL. Cette situation mérite d'être traitée au sein de la CIRGL, avec une autre approche outre que celle déjà utilisée face à la résolution des différends sur la sous-région des grands lacs. Certains acteurs étant connus avec des intérêts clairement affichés, la CIRGL devra relever ce défi en vue de jouer pleinement son rôle d'organe régional de résolution de tous les problèmes sous-régionaux.

d. La prévalence de certains intérêts nationaux sur la mise en oeuvre du pacte.

Tant que les intérêts divergent au sein de la CIRGL, les conflits entre ces Etats membres ne cesseront d'exister. En participant à une organisation internationale, qu'elle soit à caractère universel régional ou sous-régional, chaque Etat perd une partie de sa souveraineté au profit des intérêts collectifs. En effet, la dure réalité des intérêts économiques nationaux et les stratégies de développement divergentes qui en découlent ont continué à fissurer les initiatives de la CIRGL relatives au développement, et ont considérablement affaibli leur impact, entrainant l'absence de progrès dans les objectifs liés au développement assignés par la CIRGL. Chaque Etat agit essentiellement en fonction de ses intérêts.

En effet, quand le gouvernement de la RDC a, par le passé, suggéré que le trafic illicite de minerais soit au programme des discussions dans la CIRGL, les gouvernements rwandais et Ougandais ont décliné cette offre prétendant que ce n'était pas une question régionale84(*). On pourrait alors en déduire que ce refus s'expliquerait notamment par le fait que leurs intérêts étant menacés car ils tirent profit de ce négoce illégal, ils ne pouvaient se permettre une si grave erreur amoindrissant l'une de leurs sources des revenus.

En outre, le 20 Septembre 2020 un mini-sommet des grands lacs, sous l'initiative de la RDC, avait été projeté. Il devrait permettre aux chefs d'Etat des cinq pays de la région notamment la RDC, le Rwanda, l'Ouganda, le Burundi et l'Angola, d'étudier les voies et moyens de pacifier la région des grands lacs. A la veille de ce sommet, le Burundi déclina l'invitation de la RDC dont les vraies raisons n'ont pas été clairement élucidées. Pour justifier son absence, le Burundi, à travers son ministre des affaires étrangères, indique que compte tenu de l'agenda surchargé des hauts responsables du pays, ils ne pourraient participer aux travaux de ce sommet85(*)...

Cette situationdémontre le mépris de certains Etats vis-à-vis des initiatives collectives visant à pacifier, dans une approche collective sous-régionale, les maux qui rongent cette sous-région. Ce qui pourrait aussi expliquer les graves violations du pacte et des protocoles de la CIRGL. C'est pour autant dire que la CIRGL devra rééquilibrer les initiatives de certains Etats et ses initiatives prises pour les pays des grands lacs afin de les concilier et trouver des meilleures solutions qui soient. Les défis étant nombreux, nous ne pouvons pas les énumérer tous ici.

* 76R. MINANIBIHUZO, op. cit. p. 4.

* 77 Le Mécanisme de certification Régional de la CIRGL. Projet de MCR révisé pour consultation - révision 1.

* 78Communiqué final de la troisième réunion des ministres en charge des mines de la CIRGL, Memling Hôtel, Kinshasa, RDC, 6 Novembre 2014.

* 79 www.7sur7.cd, articlé publié le 25 septembre 2020, [en ligne], Consulté le 29 septembre 2020 à 21h30.

* 80 G. GEROLD et M. MERINO, Coup d'arrêt dans la mise en oeuvre de l'accord-cadre pour la paix en RDC et dans la région des grands lacs, Nairobi, Observatoire des grands lacs en Afrique , Note No 4-2014.

* 81Joseph Kabila, Etat de la Nation 2012.

* 82 Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire Congolais (CRIIC),La RDC face à son destin. Actes de la première matinée scientifique du CRIIC tenue à Kinshasa les 13, 20 février et le 05 Mars 2020, Kinshasa, Sciences au Pluriel, 2020.

* 83 Le Phare : face à la tentative de balkaniser la RDC : le cardinal Ambongo appelle à la conscience nationale, [en ligne], Consulté le samedi 31 Octobre 2020, à 20h50.

* 84R. MINANI BIHUZO, op. cit. p. 6.

* 85 Sommet des grands lacs à Goma : le Burundi décline l'offre de la RDC, disponible sur www.Radiookapi.com, [en ligne], Consulté le samedi 17 octobre 2020.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld