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Impact de de la certification Rainforest Alliance sur les petits producteurs de cacao a la périphérie de la réserve de biosphere du Dja au Cameroun


par Romeo FOPA
Université de Yaoundé II Soa - Master II Recherche en économie de l'environnement, développement rural et alimentaire 2014
  

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ABSTRACT

The main objective of this research is to evaluate the benefits of Rainforest certification for cocoa farmers around the Dja Reserve in the eastern region of Cameroon. More specifically, it is firstly to assess the socioeconomic impact of certification on Rainforest cocoa farmers around the Dja Reserve; and secondly, to identify the factors that encourage the adoption of Rainforest certification by farmers around the reserve. Data were collected from 100 cocoa farmers around the Dja Reserve, 44 of them are certified for over a year. According to the estimation of Logit model on the adoption of the certification factors as ageand sex seem to have a negative effect on the adoption of certification.

Keywords: Impacts; Sustainability Standards; Certification; Small producers

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Contexte de l'étude

Le cacao constitue, selon l'Agence Belge de Développement 1(*)« Trade for Développement Centre », le troisième marché alimentaire mondial, avec un montant annuel des échanges estimé à environ10 milliards de dollars (CTB, 2011). Selon les statistiques de l'Organisation Internationale du Cacao (ICCO, 2014/15), la demande totale de cacao, approximée par les quantités broyées, est passée de 3,2 millions de tonnes en 2004 à plus de 4,0 millions de tonnes en2015.Pour répondre à cette demande mondiale sans cesse croissante, le développement de la culture du cacao a pris de l'ampleur en Afrique où elle est passée de 2836 millions de tonnes en 2013 à plus de 3051millions de tonnes en 2015 (ICCO, 2014/15).

Les perspectives de la filière cacao demeurent d'autant plus favorables que la demande effective et la demande potentielle sont appelées à croître, eu égard aux profondes mutations en cours, notamment la montée en puissance de la classe moyenne partout dans les pays en développement, y compris ceux d'Afrique. Les broyages de cacao au niveau mondial augmentent. Cette augmentation est liée en partie à une demande en hausse en Asie et dans d'autres pays en développement affichant une croissance rapide. Or dans ces pays, cette demande sans cesse croissante est associée à la qualité des produits mis sur le marché.

La globalisation de l'économie mondiale durant ces dernières décennies a eu pour conséquences une standardisation accrue des caractéristiques de production, de commercialisation et de consommation dans le but de renforcer la confiance des marchés GBCC, (2012).

Désormais, Les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par le respect des normes de production ainsi que du mode de commercialisation des produits qu'ils consomment. La normalisation de la qualité des produits est devenue une exigence des exportateurs, des ONG, et des Consommateurs. La production de cacao n'est pas reste de processus car elle fait désormais l'objet d'une grande attention et se retrouve ainsi impliquée dans les grandes questions d'actualité internationale telles que le travail des enfants, la préservation de l'environnement et la pauvreté en milieu rural. Ce processus correspond à ce que bon nombre de spécialistes appellent aujourd'hui, la certification.

La certification de produits tropicaux comme le café et le cacao a longtemps relevé d'un marché de niche, de type « commerce équitable » ou « agriculture biologique». A la fin des années 2000, le secteur cacao connaît un virage vers la « certification de masse » basée sur un concept de « développement durable » combinant des normes environnementales, éthiques et des « bonnes pratiques agricoles 2(*)» supposées augmenter les rendementsYOUSSOUPHA N'DAO, (2012) .

Au cours des 20 dernières années, le nombre de normes et de programmes de certification pour la production agricole a rapidement augmenté. Les producteurs souhaitant exporter sont confrontés non seulement à une pléthore de réglementations sur l'importation, mais également, dans ces pays d'importation, à différents marchés de niche pour lesquels des conditions supplémentaires doivent être remplies.

De la même manière, les problèmes liés à la durabilité suscitent de plus en plus de craintes au sein de l'industrie du cacao. Les entreprises privées déploient un nombre croissant de programmes pour promouvoir des formes durables de production du cacao. Ceci est en partie lié aux inquiétudes concernant la nécessité de garantir un approvisionnement de fèves de cacao pour répondre à la demande mondiale en hausse de produits à base de cacao. Tandis que les normes de durabilité sociale et environnementale dans le secteur du cacao s'y développent rapidement la production reste caractérisée par des petites exploitations agricoles. Par exemple, environ 90% de la production mondiale est cultivée dans 5,5 millions d'exploitations qui sont généralement des exploitations familialesPALAZZO et al, (2011)cité par YOUSSOUPHA N'DAO, (2012). Cette tendance conduit les producteurs certifiés à des changements dans leurs manières de produire et de commercialiser leur production.

Mais derrière les critères avancés par les « certificateurs », quels sont les avantages réels de ces programmes ?

Des multinationales du chocolat (Cadbury / Kraft, Nestlé et Mars) ont également réagi à ces nouvelles préoccupations en élaborant des stratégies commerciales et d'approvisionnement de cacao diverses, y compris par le développement des standards de certification (Agriculture biologique, commerce équitable, Utz, Rainforest Alliance, etc.).

L'organisation internationale du café et d'autres organisations soutiennent la Fondation mondiale du cacao (WCF), créée en 2000 par un groupe d'entreprises telles que ADM, Arma- jaro, Barry Callebaut, Nestlé et Cargill, présidée actuellement par Kraft Foods, ces entreprises représentant plus de 80 % du marché mondial du cacao. L'objectif principal de la WCF est de promouvoir et de coordonner la production et la consommation durables de cacao. En 2011, la Fondation a accueilli cinq nouveaux membres originaires du Nigeria, des États-Unis et d'Indonésie. Lors du Symposium sur l'agriculture et la sécurité alimentaire mondiales, qui s'est tenu parallèlement au Sommet du G8 à Washington en mai 2012, la WCF a lancé une initiative de 4 millions de dollars pour former près de 35 000 petits exploitants en Côte d'Ivoire, au Nigeria et au Cameroun et améliorer leurs techniques agricoles. Celle-ci sera menée sous les auspices du Cocoa Livelihoods Program d'un montant de 40 millions de dollars financé par la GIZ.

Outre les initiatives collectives, des entreprises ont également lancé leurs propres initiatives pour soutenir les producteurs de cacao en fournissant des informations capitales sur l'application d'engrais, la culture des plantes, les techniques de récolte et d'autres pratiques agricoles, ainsi que des messages sociaux. Mars et d'autres fabricants de confiseries se sont engagés à utiliser d'ici 2020 un cacao certifié comme étant produit de manière durable. Barry Callebaut (représentant 12 à 15 % des broyages mondiaux) met pour sa part l'accent sur de nouvelles régions adaptées à la production durable de cacao, et développe également ses opérations de transformation existant en Côte d'Ivoire, en concluant de nouveaux accords de sous-traitance et en développant ses activités gastronomiques.

L'Afrique, l'Amérique Latine et l'Asie sont les principaux fournisseurs de cacao. L'Afrique de l'Ouest est le principal fournisseur de cacao, elle assure 70% de la production mondiale ICCO, (2014/15). La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les locomotives de la zone. La Côte d'ivoire est le principal pays producteur et exportateur de cacao. Elle produit environ 1794 millions tonnes par ans ICCO, (2014/15). C'est les raisons pour lesquelles les grandes entreprises dominant le secteur du broyage du cacao (Cargill, ADM, Barry-callebaut) ont commencé à investir dans les pays producteurs où se développe donc l'activité de transformation.

Les grands industriels du cacao déclarent viser des centaines de milliers de tonnes, voire la totalité de leurs approvisionnements en cacao certifié, vers 2020. Cette certification de masse a été promue par l'agro-industrie et les ONG internationales comme Rainforest Alliance (RA) ou UTz. Face aux critiques récurrentes de lobbies environnementaux et médias envers les plantations de cacao accusées de détruire la forêt tropicale et d'utiliser la main d'oeuvre enfantine, l'Industrie du chocolat a désormais besoin de standards montrant sa prise en considération d'un développement dit durable. Ainsi les grands principes qui régissent le standardRainforest Alliance tournent autour de normes environnementales (conservation des écosystèmes) et éthiques (traitement équitable des travailleurs, santé) tout en intégrant des « bonnes pratiques agricoles » telles que la taille des cacaoyers, une utilisation raisonnée des pesticides, la mise en place de fosses de compostage de déchets agricoles. Mais derrière ces standards, quels sont les avantages réels pour les petits producteurs de cacao ? En d'autres termes, La certification a-t-elle un impact sur les petits producteurs? Quels sont les facteurs qui encouragent l'adoption de la certification par les producteurs de cacao ?

2. Problématique

Le cacao est l'une des cultures de rente au Cameroun, troisième producteur après la cote d'ivoire et le GhanaICCO, (2014/15), Ce cacao est principalement produit dans quatre régions du Cameroun et est exporté principalement à partir du port de Douala vers le marché européen.

La libéralisation du marché du cacao au Cameroun en 1994 (abolition du monopole d'État, suppression de la fixation des prix, suppression d'intrant subventionnés) a eu pour conséquence une baisse de la qualité et des rendements de la production. Le recours aux pratiques d'achat et de commerce durable tel que la certification est de plus en plus exigé chez les principaux acheteurs de produit de base tels que le cacao.

Si le cacao camerounais a l'avantage de bien se prêter à la fabrication de poudre de cacao très demandée au niveau mondial, il souffre toutefois d'une décote sur le marché en raison d'une qualité jugée parfois insuffisante.

Les Pays Bas qui importent environs 70% du cacao du Cameroun ont fixé en 2025 la date à laquelle ils n'admettront plus d'importation de cacao non certifié sur leur territoire. Également la date fixée par les chocolatiers Nidar AlbertHeijn et MARS sont respectivement 2015 et 2020. Face à cela, plusieurs initiatives de certification de la durabilité se développent rapidement dans le secteur cacao au Cameroun.

Selon les statistiques de l'office national du café et du cacao L'ONCC, (2015), les producteurs camerounais ont mis sur le marché au cours de la campagne2014-2015 plus de 10 000 tonnes de cacao certifié. Cette production double pratiquement celle de la campagne précédente, qui avait culminé à 5446 tonnes, contre environ 2000 tonnes seulement lors de la campagne 2012-2013. Ce qui signifie que sur les trois dernières campagnes cacaoyère, les producteurs camerounais ont quintuplé la production du cacao certifié dans le pays. A l'origine de cette augmentation de la production du cacao certifié, les programmes de certification mis en place par des négociants. Parmi ceux-ci, l'on retrouve Telcar Cocoa, représentant local du négociant Cargill, qui demeure leader sur le marché du cacao certifié au Cameroun. Sic Cacaos, filiale de Barry Callebaut, et Agro-produce Management Services Limited(AMS), filiale de la société néerlandaise Théobroma. Tous ont pour objectif répondre à la demande des consommateurs de plus en plus exigeante sur la qualité, et l'accompagnement des producteurs et groupes de producteurs dans la production d'un cacao respectant les normes environnementales. Ainsi, la certification se présente comme un moyen de répondre à une demande mondiale de consommation qui tienne compte de la protection du consommateur et de l'environnement et d'une certaine éthique sociale. Mais quels sont les avantages réels de ces programmes sur les petits producteurs de cacao ?

Cette problématique suscite un certain nombre de questions à savoir : La certification a-t-elle un impact sur les petits producteurs? Quels sont les facteurs qui encouragent l'adoption de la certification par les exploitants agricoles de cacao ? Telles sont les questions que nous nous proposons de répondre tout au long de ce travail.

3. Objectifs de recherche

L'objectif principal de cette recherche est d'analyser les avantages liés à la certification Rainforest pour les producteurs de cacao autour de la réserve du Dja.

Plus spécifiquement, il s'agit de:

Ø Évaluer l'impact Socio-économique de la certification Rainforest Alliance sur les producteurs de cacao autour de la réserve du Dja.

Ø Identifier les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest par les cacaoculteurs autour de la Réserve de Biosphère du Dja.

4. Hypothèses de recherche

Les deux hypothèses qui correspondent respectivement à nos objectifs spécifiques sont:

Hypothèse 1 : La certification Rainforest Alliance permet d'améliorer les conditions socio-économiques des producteurs de cacao autour de la réserve du Dja (augmentation des quantités produites ; amélioration des revenus des producteurs ; amélioration du niveau de scolarisation).

Hypothèse 2 : L'appartenance à une organisation, les possibilités d'accès au marché ainsi que la sensibilisation sont les principaux facteurs qui encouragent l'adoption de la certification Rainforest Alliance par les petits producteurs de cacao autour de la Reserve du Dja.

5. Importance de l'étude

Ce sujet suscite un véritable intérêt théorique. En effet, très peu d'études ont été menées sur la production durable de cacao au Cameroun ainsi que les normes et critères de Rainforest Alliance. Une meilleure connaissance dans ce domaine pratiquement nouveau contribuerait à élargir d'avantage la littérature sur ce champ d'activité.

L'intérêt de cette étude réside également au fait qu'elle permettra d'une part, d'amener les producteurs à exploiter de manière durable leur exploitation de cacao tout en préservant l'équilibre socio-économique et environnemental et d'autre part, elle permettra d'orienter le gouvernement camerounais à créer les conditions favorables à l'essor de la certification tout en améliorant la perception des producteurs vis-à-vis de la certification.

6. Organisation du travail

Compte tenu du contexte d'étude, de notre problématique et des contraintes méthodologiques, notre étude sera organisée en deux grandes parties.

Dans la première partie, il est mis en exergue l'impact Socioéconomique de la certification Rainforest Alliance à travers d'une part l'analyse théorique de l'impact de la certification (chapitre I), et d'autre par l'analyse empirique de l'impact de la certification (chapitre II).

La deuxième partie prend en compte les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest Alliance des exploitations agricoles autour du Dja par les producteurs : elle présente en (chapitre III), l'analyse théorique des déterminants de l'adoption des innovations agricoles, ainsi que les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest Alliance autour de la réserve de biosphère du Dja (chapitre IV).

* 1 L'Agence belge de développement est l'Agence d'exécution de coopération au développement bilatérale belge. C'est une société anonyme de droit public à finalité sociale dont les relations avec l'Etat fédéral sont définies dans un contrat de gestion. La CTB met en oeuvre et fait le suivi des programmes conçus par la DGD ; mais aussi des programmes appartenant à d'autres institutions (par exemple : UE).

* 2La FAO définit les bonnes pratiques agricoles (BPA) comme des pratiques qui «abordent la durabilité environnementale, économique et sociale des processus au niveau des exploitations agricoles et qui se traduisent par des produits agricoles alimentaires et non alimentaires sains et de qualité ". Exemple : l'utilisation raisonnée des produits phytosanitaires, la récolte sanitaire etc.....

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry