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Facteurs déterminant le stress chez les personnes en détention préventive dans le milieu carcéral de la commune d'Ibanda.


par Meschack MWIMA NYAMAZABO
Université Libre des Pays des Grands Lacs de Bukavu (ULPGL /BUKAVU) - Graduate 2019
  

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SIGLES ET ABREVIATIONS

ANR : Agence Nationale des renseignements

HTA : Hypertension artérielle

MBSR : Mindfulness-based stress reduction (réduction du stress basée sur la pleine conscience)

SPA : Substances Psychoactives

TSPT :trouble de stress post-traumatique

INTRODUCTION

1. Problématique

La vie carcérale, avec les contraintes qu'elle impose, met la personne dans une position de vulnérabilité et de dépendance qui peut réactiver les scènes traumatiques. Elle prive également des stratégies de contrôle de la mémoire intrusive (toxiques, vie sociale, travail, etc.). Dès lors, on comprend que cette exposition directe aux souvenirs traumatiques puisse bien souvent prendre la forme d'une exacerbation de la symptomatologie psychiatrique  (Arnal R. et al.2016, p .16).

Aujourd'hui, le milieu carcéral est devenu un lieu anxiogène où les détenus sont en situation d'incertitude sur leur présent et leur avenir. Ils ne maîtrisent pas leur stress. L'enfermement et la rupture avec la société entraînent des problèmes physiques, mais aussi psychiques.

Sieminska, A., Jassem, E., & Konopa, K. (2006, p.38.), font savoir « q' une fois passés le choc carcéral, correspondant grosso modo à la période des trois premières semaines de détention puis celui du procès, la plupart des prisonniers finissent en effet par s'adapter tant bien que mal à leur sort au moins jusqu'à l'approche de la sortie ».

Si la condamnation ne perd jamais son caractère afflictif et infâmant et si la stigmatisation sociale entraînée par la peine, laisse donc une marque indélébile, les comportements et les réactions, en dehors des moments forts de l'emprisonnement, mettent ainsi en évidence une sorte de mithridatisation de la sanction. De fait la détention, surtout quand elle se prolonge, entraîne la mise en place d'adaptations secondaires , soit dpratiques qui, sans provoquer directement le personnel, permettent au reclus d'obtenir des satisfactions interdites ou bien des satisfactions autorisées par des moyens défendus (Goffman, 1968,p.68),

Ainsi, le milieu carcéral fragilise le détenu si bien qu'il se sent alors dépassé par une prise de conscience ou un fait soudain, et donc inattendu et surprenant, assez grave pour bouleverser parfois son existence. Le stress devient pathogène chaque fois que s'impose la conviction de l'impossibilité de pouvoir faire face à la situation par ses propres ressources En ce sens encore, pour l'Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail « le stress survient lorsqu'il y a déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face ». Des effets négatifs multiples s'ensuivent tant au plan psychologique que psychosomatique (Laborit, 1979 ; Lazarus, Folkman, 1984).

Mais le stress peut aussi se révéler positif quand les difficultés sont perçues comme surmontables, cette perception donnant alors la confiance en soi nécessaire pour trouver l'énergie de résister et de rebondir.

S'agissant des personnes détenues, la comparaison entre récidivistes et primaires comme entre nouveaux et anciens révèle que dans la durée, la souffrance psychique déclenchée par les stresseurs tend normalement à s'atténuer sensiblement et que le stress généré par l'enfermement s'estompe progressivement. En effet, la peine éprouvée n'est pas seulement, ni même essentiellement, causée par les conditions anormales de la vie recluse. Consciemment ou non, elle est dans une large mesure une construction, son ressenti étant avant tout déterminé par des facteurs personnels.

De fait, les traits de la personnalité, l'histoire individuelle, ainsi que des vulnérabilités importées qui peuvent en résulter et l'expérience interagissent avec le carcan carcéral pour générer le niveau du stress et le rendre en tout état de cause unique. Ces divers facteurs combinés déterminent ainsi son évolution au cours de la peine, aboutissant assez souvent à une désensibilisation et à une des implications plus ou moins fortes ou, au contraire, à un état de révolte permanent. (Toch, 1992, p.11)

Les conditions particulières de la vie en détention constituent sans doute un facteur majeur, particulièrement dans les premières semaines de l'incarcération. Constater que le cadre de vie carcéral est de nature à aggraver sensiblement l'impact, souvent lourd, des facteurs individuels, pathologiques ou non, des vulnérabilités importées, c'est reconnaître que si la prison ne peut être tenue responsable de tout, les conditions de l'enfermement sont particulièrement déterminantes sur l'état psychique et, par suite, sur les comportements de ses usagers.

À cet égard et toutes choses étant égales par ailleurs, si comme l'estime l'Institut National d'Études Démographiques, les causes du mal-être dans le monde du travail sont imputables aux difficultés d'adaptation à un environnement contraignant, la prison a sans doute a fortiori vocation à générer cette souffrance psychique singulière étudiée par le rapport Archer (2008, Annexes, 79).

Dans le même sens il a par ailleurs été établi qu'un haut niveau de contrainte et une faible latitude du sujet, soit une forte pression combinée à des marges de manoeuvre restreintes, étaient précisément à la source d'un déséquilibre producteur de stress négatif tendant à favoriser une inhibition de l'action. Ainsi, le confinement imposé par un espace vital réduit en maison d'arrêt entraîne avec la promiscuité l'inconfort et l'insalubrité qui en résultent, des effets négatifs certains sur le moral des détenus.( (Karasek, Theorell, 1990)

L'entassement dans un espace cellulaire réduit constitue à lui seul un facteur notoire et durable de tensions souligné tant par la recherche que par les professionnels. Indépendamment de ces effets pernicieux d'une surpopulation endémique, la forte tension causée par une surveillance rapprochée et constante imposée concurremment par l'institution et les codétenus aboutit à produire des formes de violence bien spécifiques à ces deux sources, étant précisé que le milieu et l'Administration pénitentiaire poursuivent des objectifs le plus souvent divergents, et donc conflictuels, qui forcent les comportements( Sykes, G.M.,1958) .

En République démocratique et plus particulièrement dans la ville de Bukavu, l'environnement physique et social dans lequel vit les détenus, est un vecteur de stress au regard des conditions de détention pénible, les intimidations, le rançonnement des détenus par les policiers commis à la garde, le manque de liberté, la promiscuité , le manque des soins médicaux et la nourriture, etc.

Au regard de cette problématique, nous nous posons les questions suivantes :

- Quels sont les facteurs favorisant le stress chez les détenus dans certaines maisons carcérales à Bukavu ?

- Quels sont les effets de stress chez les détenus sur leur santé physique et mentale ?

0.2 Hypothèse du travail

Selon Grawitz M. (2001, p.398), «  l'hypothèse est une proposition de réponse à la question posée. Elle tend formuler une relation entre les faits significatifs. Même plus ou moins précis, elle aide à sélectionner les faits et permet de les interpréter de leurs donner une signification, qui vérifiée, constituera un élément de la théorie ».

Pour tenter de répondre préalablement aux questions de notre problématique, nous articulons notre étude sur les hypothèses suivantes :

- Les conditions de détention pénibles, l'inconfort, l'insalubrité, la privation de liberté, le souci, l'entassement des détenus dans un espace réduit, les intimidations des nouveaux détenus par les anciens, l'incertitude d'être libéré, etc., seraient les principaux facteurs externes de stress en milieu carcéral

- Le stress en milieu carcéral de Bukavu provoquerait les troubles du sommeil, manque d'appétit, le sentiment de détresse, la dépression, chez certains détenus.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius