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Les personnages burlesques dans les productions Pixar

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par Laurent Baudry
Université Paris 1 - Master 1 2010
  

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INTRODUCTION

« En tant que réalisateur de films d'animation, [É] je me suis senti Ð et me sens toujours Ð proche de Chaplin, Keaton, Laurel et Hardy et du grand Harry Langdon. »1 Voilà les références de Chuck Jones2 lorsqu'il tente de décrire sa carrière. Curieusement, il ne s'agit pas de grands animateurs, mais d'acteurs et réalisateurs comiques qui s'inscrivent dans un genre bien particulier : le burlesque. Désigné par le terme slapstick dans les pays anglophones, ce genre semble concerner, à première vue, des films dont l'humour serait fondé sur la violence : la traduction littérale de slapstick étant coup de bâton. Bien que les films de Chaplin ou de Laurel et Hardy (pour ne citer qu'eux) comportent bon nombre de chutes ou de coups, l'essence-même de leur langage comique repose avant tout sur un point : l'usage du gag. Défini comme étant un moyen de « créer une surprise en trompant une attente », ou comme « le plus long chemin pour aller d'un point à un autre »3, le gag se distingue du simple effet comique en faisant appel « à l'intelligence et au raisonnement du spectateur de par son organisation délibérée, là où l'effet comique (chutes, grimaces, incidents) ne provoquerait qu'un rire instinctif. »4 Le burlesque n'est donc pas qu'une histoire de coup de bâton, mais relève plutôt d'une organisation précise dont le centre de gravité serait le personnage. C'est justement ce qui pourrait expliquer l'héritage revendiqué par Chuck Jones. Car s'il est un domaine où le personnage tient une place centrale, c'est bien celui du cinéma d'animation.

Se dissociant du cinéma en prise de vue réelle, le cinéma d'animation est souvent qualifié de genre à part entière. Pourtant, la diversité des ambiances et des personnages qui en découlent met en évidence le fait que l'animation peut traiter de plusieurs genres, du

1 Charles M. JONES, Chuck Jones, ou l'autobiographie débridée du créateur de Bip-bip, du coyote et leurs amis..., Dreamland éditeur, 1995, p.128.

2 Réalisateur, producteur, scénariste, acteur et compositeur américain, Chuck Jones (1912-2002), fut l'un des plus grands animateurs de sa génération. Après avoir fréquenté la Chouinard Art Institute (aujourd'hui California Institute of The Arts), il a notamment travaillé pour Walter Lantz (1899-1994), le créateur de Woody-Woodpecker, et pour les studios Disney. Mais l'essentiel de sa carrière fut consacré à la branche animation du studio Warner Bros., dans laquelle il collabora avec Tex Avery (1908-1980), et où il participa à la création de nombreux personnages tels que Daffy Duck, Bugs Bunny, ou encore Bip-Bip et Coyote. Auteur de plus de 300 courts-métrages, et maintes fois nominé aux Oscars, Chuck Jones a profondément marqué l'histoire du cinéma d'animation.

3 Jean-Pierre Coursodon et Francis Bordat, cités dans Emmanuel DREUX, Le cinéma burlesque ou la subversion par le geste, L'Harmattan, 2007, p.73.

4 Ibid. p.77.

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western au film policier, en passant par la comédie romantique. Il s'agit donc plutôt d'une technique ou, pour être plus précis, d'un ensemble de techniques utilisées dans le but de donner la vie (du latin animare) à un être qui n'existe pas réellement. Pour animer un personnage et le monde qui l'entoure, la principale technique a être adoptée par les grands pionniers de cet art fut celle du dessin animé. En reproduisant à la main différentes poses du personnage, l'animation consiste à faire défiler toutes ces images et à restituer le mouvement par le principe de la persistance rétinienne. Cependant, la définition qui permet de saisir au mieux les enjeux du cinéma d'animation reste celle de Norman Mc Laren : « L'animation, ce n'est pas l'art de dessins qui bougent, mais l'art du mouvement qui est dessiné. » En d'autres termes, il s'agit pour l'animateur de maîtriser tous les aspects du mouvement pour le restituer à l'image avant même que celle-ci soit articulée avec les autres dessins. Cette maîtrise du mouvement est, là aussi un point commun à l'acteur burlesque et à l'animateur, et donc au personnage animé. Cela passe notamment par un sens de l'observation aiguisé que revendiquent des réalisateurs plus récents, comme Jacques Tati et Pierre Étaix, cinéastes burlesques inspirés par les grands comiques de l'âge d'or du slapstick. Cependant les artistes évoluant dans ce registre se font de plus en plus rares et le burlesque, notamment avec l'arrivée du cinéma parlant, a de plus en plus de mal à imposer la magie de l'expression corporelle. L'évolution du burlesque passe donc par sa dissolution dans les autres genres, comme dans le film d'action, où Jackie Chan s'est fait le maître des cascades et autres exploits physiques chers à Buster Keaton. Il reste néanmoins un domaine dans lequel le slapstick a laissé des traces, c'est celui du cinéma d'animation.

Mais aujourd'hui, la technique reine du dessin animé n'est plus la seule qui attire le public. Avec l'avènement de l'ordinateur et des nouvelles technologies, l'animation par images de synthèse a progressivement gagné du terrain sur le dessin animé traditionnel. S'il est un studio qui domine cette nouvelle technique d'animation, c'est bien Pixar, car cette domination est telle que le nom du studio plane sur chaque film d'animation assisté par ordinateur, au grand dam de son principal concurrent (Dreamworks SKG). Une question se pose alors. Que reste-t-il de l'héritage laissé par les grands maîtres du burlesque dans ces production ultra-modernes ? Chercher des réponses à cette question, revient avant tout à étudier un point fondamental du comique burlesque, le personnage et sa difficile relation au monde qui l'entoure. La recherche se portera alors sur les personnages au sein des

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productions Pixar, et tentera de démontrer en quoi ces héros témoignent du lien qui unit le slapstick au cinéma d'animation.

Il s'agira de développer, dans un premier temps, les caractéristiques physiques du héros Pixar, car la première approche d'un personnage animé, comme d'un personnage burlesque relève du corps. La genèse de ces premiers corps animés par ordinateur permettra de rendre compte des méthodes de travail utilisées au sein du studio, mais aussi de décliner les différents corps burlesques qui en sont nés. Les particularités de ces personnages donneront lieu à une étude de leur rapport au délire comique, domaine étroitement lié au langage du slapstick, mais aussi de définir la situation de ces corps dans l'espace. Dans un second temps, une approche de ces personnages en tant qu'objets de divertissement permettra de cerner l'importance du merveilleux dans le domaine du concret, pour mieux appréhender les héros Pixar comme des artistes en représentation. Enfin, une troisième partie s'attachera à déterminer ce qui caractérise ces individus par-delà leur aspect physique, notamment à travers leurs rapport avec le monde mécanique, avec la communauté à laquelle ils sont censés appartenir, puis avec le pouvoir qui régit leur monde.

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