WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les personnages burlesques dans les productions Pixar

( Télécharger le fichier original )
par Laurent Baudry
Université Paris 1 - Master 1 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.3/ Prendre les commandes

La plupart des héros burlesques ont ce point commun de vouloir s'accaparer le monde, l'adapter pour mieux le posséder, le maîtriser. Ainsi, dans Monsters Inc., la porte de l'appartement de Mike et Sully a été adaptée à leur différence de taille. Une petite porte a été ajoutée à celle d'origine (annexe 42). Car à quoi bon ouvrir une porte si grande si le personnage qui sort est si petit ? La prise du pouvoir par les machines est donc un frein à cet apprivoisement du monde, le héros Pixar va donc tenter d'enrayer cette mécanique immuable. Mais la voiture et le tapis roulant ne sont que les symboles d'un monde moderne auquel le protagoniste semble avoir du mal à s'adapter. Partout autour de lui se manifestent des machines capricieuses et complexes dont il tente de prendre le contrôle, non sans mal.

Le cas de Rex, le tyrannosaure en plastique de Toy Story, qui n'arrive pas à jouer à la console vidéo à cause de ses bras trop courts, inaugure ce rapport délicat aux machines, à l'électronique. En dehors de ce problème purement physique, le héros Pixar semble se poser une question récurrente : sur quel bouton appuyer ? Ainsi, lorsque Wall-e est propulsé du vaisseau dans une capsule programmée pour s'auto-détruire, l'incompréhension s'ajoute à la panique. Dans cette situation, le réflexe du robot est d'actionner un énorme bouton rouge clignotant. Bien sûr, son action n'a aucun effet, et Wall-e se met à appuyer désespérément sur tous les éléments du tableau de bord. Mais la profusion d'indications n'aide pas le héros à se sortir de cette situation délicate (annexe 43). Au contraire, cela renforce sa solitude car, dans sa panique, Wall-e déclenche tout un éventail de fonctions totalement inutiles. Un plan large montre alors la capsule dans l'immensité de l'espace, et le déploiement de ses accessoires : une antenne, un radar, des fusées de détresse, un parachute, un radeau pneumatique, et enfin un klaxon. Le ridicule de cette situation révèle non seulement l'incapacité du personnage, mais aussi l'absurdité d'un appareil ultra-sophistiqué qui, malgré toutes ces options destinées à la sécurité de son passager, ne fait qu'entraver sa survie.

Mais la panique liée à l'urgence se mue parfois en simple stress, comme dans Lifted (2006), où Stu, un jeune extraterrestre, doit piloter une soucoupe volante sous le contrôle d'un inspecteur. L'immense console devant laquelle il se trouve laisse augurer une grande

51

confusion chez le héros. Soumis à un véritable examen, Stu hésite et finit inévitablement par faire le mauvais choix. Le réalisateur, Gary Rydstrom, directeur du son sur la majeure partie des films du studio, explique comment il a imaginé ce tableau de bord :

« Quand je faisais du mixage, je travaillais avec une énorme console pleine d'atténuateurs et de boutons et tout le monde se demandait comment je faisais. Mon métier se résumait à commander cette machine infernale tout en étant jugé par les gens. On a essayé de créer la pire console qui puisse exister. »1 (annexe 44).

Stu se retrouve donc face à des milliers de boutons identiques et sans aucune indication. Contrairement à la capsule de Wall-e, la soucoupe volante se caractérise par la simplicité de sa forme et l'inexistence d'informations concernant sa prise en main. En outre, le corps vert et gélatineux (donc malléable) de Stu s'oppose à la grise monotonie des rangées de boutons métalliques qui se présentent à lui, renforçant ainsi l'idée de l'incompatibilité de l'extra-terrestre et de la console.

Qu'il y ait surenchères ou absence d'informations, le résultat est le même, prendre les commandes de la machine reste, pour le héros Pixar, un véritable défi. Les différentes mises en scène de ces situations soulignent la même solitude du héros face à des circuits complexes qui le renvoient à son incompétence. Cela n'est pas sans rappeler le vieux personnage de Playtime qui, lorsqu'il annonce l'arrivée de Monsieur Hulot, doit utiliser un tableau électronique incompréhensible. Là aussi, l'hésitation et l'inaptitude sont les principaux ressorts comiques de la scène.

Finalement, chez Pixar, les rapports entre les personnages et les machines relèvent presque toujours de l'opposition radicale. La voiture, le tapis roulant ou n'importe quel autre système mécano-électrique incarnent une menace pour le vivant, mais c'est justement ce qui permet de faire ressortir la difficile relation du personnage avec le monde qui l'entoure : un univers peuplé de boutons en tous genres, de commandes aux fonctions insondables. Pour ne pas se laisser manipulé par la machine, le héros burlesque doit tenter de comprendre son fonctionnement, même si cela doit passer par des essais infructueux. L'hostilité de la technique est donc le vecteur de l'apprentissage du monde par des personnages qui lui sont initialement inadaptés.

1 Gary Rydstrom, dans les commentaires du DVD de Lifted.

52

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite