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Les personnages burlesques dans les productions Pixar

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par Laurent Baudry
Université Paris 1 - Master 1 2010
  

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II.1.2/ De l'isolement spatial à l'isolement social

Certes la différence physique est un critère de marginalité, et Nick, le héros de Knick-Knack (John Lasseter, 1988), en est une bonne illustration. Mais ce qui caractérise vraiment ce personnage, c'est son isolement spatial. En effet, le film commence par l'exposition de bibelots (knick-knack), souvenirs de vacances rapportés de Miami, d'Égypte, etc. Tous ces bibelots sont des personnages joyeux, colorés, et portent des lunettes de soleil. Un long panoramique dévoile le héros du film : un bonhomme de neige, enfermé dans sa boule de verre. Nick est seul dans sa froideur, face à la chaleur renvoyée par les autres souvenirs, et à leurs lunettes de soleil répondent son haut de forme et son écharpe. L'isolement spatial de sa ville d'origine, Nome, en Alaska, est restitué à travers la distance qui sépare le héros des autres, et par la paroi de verre qui l'enferme dans sa solitude. Cette séparation physique, ajoutée à d'aussi nettes différences entre le héros et ceux qu'il aspire à rejoindre, suffit pour le marginaliser définitivement. D'autant plus que cet isolement est aussi sonore car son environnement liquide ne lui permet pas de parler. Nick se contente alors de communiquer avec le spectateur par le biais du regard caméra. Ce procédé largement utilisé, en particulier dans le genre burlesque, consiste à prendre le spectateur à témoin. Oliver Hardy a d'ailleurs élevé ce type de regard au rang d'art, y « apportant un nombre considérable de nuances [É], le coup d'oeil pouvant être de complicité, de colère, de conspiration, d'exaspération, de résignation, d'embarras[...] ».1 Dans le cas de Nick, il s'agit surtout de souligner sa triste condition d'objet enfermé, mais en-dehors. Cette incommunicabilité le pousse donc à sortir de sa bulle par tous les moyens. Après maintes tentatives, sa boule à neige se renverse, et dans une chute vertigineuse depuis le haut de son étagère, Nick parvient à sortir par une issue de secours. Mais il tombe dans le bocal d'un poisson. Heureusement, une magnifique sirène l'attend au fond de l'eau. Nick n'a pas le temps de la rejoindre, sa boule à neige lui retombe dessus, l'enfermant doublement. Quoiqu'il arrive, Nick ne peut échapper à son statut de victime, le sort s'acharne contre lui, et son isolement (spatial et sonore) est conforté malgré tous ses efforts.

Dans Partly Cloudy (Peter Sohn, 2009), la question de l'isolement concerne Gus, un nuage qui, contrairement à ses congénères, ne crée que des animaux dangereux, au grand

1 Roland LACOURBE, Laurel et Hardy ou l'enfance de l'art, Ramsay, 1989, p.37.

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dam de son partenaire, Peck, une cigogne chargée de livrer ces bébés à leurs parents. Après avoir essuyé les charges d'un petit bélier et les morsures d'un crocodile, Peck quitte Gus pour aller voir un autre nuage, un peu plus haut. En bas, Gus est définitivement seul, et commence à gronder, il tonne, puis se met à pleuvoir, ne pouvant ni pleurer, ni parler. Encore une fois, l'eau remplace la parole. Dans les deux cas, les personnages n'acceptent pas leur isolement, car une peur persiste, celle d'être écarté à jamais du reste de la communauté, de ne pas parvenir à exister parmi les autres.

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