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Contribution à  un meilleur assainissement individuel: cas de la commune d'Athiémé


par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN
Université d'Abomey-Calavi - Licence professionnelle en Administration Générale et Territoriale à l'ENAM 2012
  

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Paragraphe 1 : Objectifs, hypothèses et revue de la littérature

de l'étude

La revue de la littérature ne sera réalisée que si les objectifs sont fixés et les hypothèses formulées.

A- Fixation des objectifs de l'étude

Les objectifs sont fixés par rapport aux problèmes identifiés.

Ainsi, au problème général dénommé faible accès des populations à l'assainissement individuel correspond l'objectif général de l'étude qui vise à contribuer à l'amélioration de l'assainissement individuel dans la commune d'Athiémé.

D'abord, s'agissant de l'insuffisance des infrastructures d'assainissement individuel, il convient en termes d'objectif d'identifier les moyens favorables à la construction des infrastructures appropriées et suffisantes relatives à l'assainissement individuel (objectif spécifique N° 1).

Ensuite, nous projetons de proposer les mesures de changements de comportements de la population face à l'assainissement individuel

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

pour palier l'insouciance de la population à l'assainissement individuel (objectif spécifique N° 2).

Enfin, en considération du problème de la faible intervention des autorités locales, l'objectif est de suggérer une stratégie de promotion de l'assainissement individuel (objectif spécifique N° 3).

En résumé, il convient de retenir ce qui suit :

Objectif général : contribuer à l'amélioration de l'assainissement individuel dans la commune d'Athiémé ;

· Objectif spécifique N°1 : identifier les moyens favorables à la construction des infrastructures appropriées et suffisantes relatives à l'assainissement individuel

· Objectif spécifique N°2 : proposer les mesures de changements de comportements de la population face à l'assainissement individuel

· Objectif spécifique N°3 : suggérer une stratégie de promotion de l'assainissement individuel

Etant donné que les objectifs de l'étude sont à présent fixés, il importe dans la suite du travail que des solutions provisoires soient apportées aux problèmes identifiés et ce, après la détermination des probables causes desdits problèmes.

B- Des hypothèses et du tableau de bord de l'étude

Les hypothèses sont formulées avant l'élaboration du tableau de bord.

1. Des hypothèses de l'étude

Les causes et hypothèses sont uniquement formulées pour les problèmes spécifiques de l'étude.

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

Contribution à un meilleur assainissement individuel au Bénin : cas de la commune d'Athiémé 32

> Cause supposée et hypothèse liées au problème spécifique N°1

Rappelons que le problème spécifique N°1 est l'insuffisance des infrastructures d'assainissement individuel :

Nous distinguons :

Cause : le manque de ressources financières des ménages

Hypothèse : le manque de ressources financières des ménages justifie l'insuffisance d'infrastructures d'assainissement individuel.

> Cause supposée et hypothèse liées au problème spécifique N°2

Le problème spécifique N°2 étant l'insouciance de la population, nous retenons à cet effet :

Cause : l'habitude des populations à utiliser les modes inadéquats d'assainissement individuel.

Hypothèse : l'habitude des populations à utiliser les modes inadéquats d'assainissement individuel explique l'insouciance de la population.

> Cause supposée et hypothèse liées au problème spécifique N°3

Le problème spécifique N°3 est la faible intervention des autorités locales en matière d'assainissement individuel. En rapport à ce dernier, nous avons retenu une cause supposée être à sa base et une réponse provisoire.

Cause : la faible capacité d'investissement de la commune.

Hypothèse : la faible capacité d'investissement de la commune est à la base de la faible intervention des autorités locales.

2. Du tableau de bord de l'étude (TBE)

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Contribution à un meilleur assainissement individuel au Bénin : cas de la commune d'Athiémé 33

Tableau N°3 : tableau de bord de l'étude « contribution à un meilleur assainissement individuel au Bénin : cas de la commune d'Athiémé »

Niveau

Problématique

Objectifs

Causes

Hypothèses

Général

Faible accès des
populations à
l'assainissement
individuel

contribuer à l'amélioration de
l'assainissement individuel dans
la commune d'Athiémé

_

_

Spécifique

1

L'insuffisance des
infrastructures
d'assainissement
individuel

identifier les moyens favorables à
la construction des
infrastructures appropriées et
suffisantes relatives à
l'assainissement individuel

le manque de ressources
financières des ménages

le manque de ressources
financières des ménages
justifie l'insuffisance des
infrastructures
d'assainissement
individuel

2

L'insouciance de la
population

Proposer les mesures de
changement des comportements
de la population face à
l'assainissement individuel

l'habitude des
populations à utiliser les
modes inadéquats
d'assainissement
individuel

l'habitude des
populations à utiliser les
modes inadéquats
d'assainissement
individuel explique
l'insouciance de la
population.

3

La faible intervention des
autorités locales en
matière d'assainissement
individuel.

suggérer une stratégie de
promotion de l'assainissement
individuel

la faible capacité
d'investissement de la
commune

la faible capacité
d'investissement de la
commune est à la base de.
La faible intervention des
autorités locales.

Source : résultat des recherche, 2012

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

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La problématique étant ciblée et le sujet de ce mémoire choisi, c'est le lieu de faire le point des connaissances acquises sur le domaine en étude.

c. De la revue de littérature

Dans le but d'apprécier le faible accès des populations à l'assainissement individuel, la réalisation de cette phase du travail de recherche fait appel à trois éléments qui en constitueront le canevas. Il s'agira successivement des infrastructures d'assainissement individuel, de la participation communautaire et des changements de comportements et de l'intervention des autorités locales.

1- Les infrastructures d'assainissement individuel

Le développement de toute collectivité locale passe non seulement par la mise en place d'infrastructures publiques de proximité mais aussi par celle des infrastructures ménagères à l'instar des efforts consentis dans ces domaines par les pouvoirs centraux. Au nombre de ces infrastructures figurent en bonne place les infrastructures destinées à la collecte et le traitement des excréta et des eaux usées que l'on peut rencontrer dans un ménage qui aspire à un cadre de vie sain. L'importance de ces infrastructures n'est plus à démontrer.

En 2008 dans « L'Assainissement, un investissement judicieux pour la santé, la dignité et le développement : messages clés de l'Année Internationale de l'Assainissement (AIA) », l'Organisation des Nations Unies (ONU) affirme « les infrastructures d'assainissement sont une condition préalable pour que les communautés et les foyers bénéficient d'un cadre de vie sain. Elles sont également essentielles à la sauvegarde de la qualité environnementale d'une manière plus générale, notamment en ce qui concerne la qualité des ressources en eau ». L'Organisation Mondiale de la Sante (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) renchérissent dans le « Rapport sur l'évaluation de la situation mondiale de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement en 2000 » lorsqu'ils affirment que « les infrastructures d'assainissement interrompent la transmission de la plupart des maladies féco-orales en empêchant la

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

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contamination de l'eau et du sol par les fèces d'origine humaine, principale origine de ces maladies ». Le gouvernement béninois en a pris conscience lorsqu'il met en projet dans le Programme d'action du gouvernement (2001-2006) sur le plan de l'assainissement « la construction de 3000 latrines à dalle San plat par an dans les ménages ».

Malgré son importance, ces infrastructures continuent d'être le luxe pour certains. Ecoutons cette émouvante phrase citée dans les messages clés de l'ONU « j'espère pouvoir être mariée dans une famille qui dispose de toilettes avec un robinet d'eau séparé. C'est l'un de mes rêves. » Barkha, 12 ans, colonie de Sanjay Amar, Delhi, Inde. Comme elle, continue l'ONU, il y a 2,6 milliards de personnes dans le monde pour qui de simples toilettes représentent le rêve d'un changement de vie, celui d'une meilleure santé, de plus hauts revenus, d'une meilleure éducation, d'un statut social plus élevé, d'une meilleure intégration sociale, d'un cadre de vie plus propre et, pour les enfants de ce groupe, une meilleure chance de fêter leur cinquième anniversaire. 14

Cette situation touche les plus pauvres. Le Conseil des Ministres Africains de l'Eau (CMAE), la Banque Africaine de Développement (BAD), la banque mondiale et le Water and Sanitation Program (WSP) compris en français comme le Programme Eau et Assainissement ne disent pas le contraire lorsqu'ils affirment qu'en Afrique, « les populations les plus pauvres et les plus vulnérables sont celles pour qui l'accès à l'assainissement est difficile, la pauvreté et l'assainissement sont souvent de pair. Les riches ont quatre fois de chance d'avoir accès à des services améliorés d'assainissement que les couches les plus démunies »15

Or, dans Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique, l'état de l'assainissement en Afrique subsaharienne, un rapport produit par la Banque mondiale, le constat est que la dépense publique moyenne en faveur de l'assainissement ne dépasse pas 0,15 % du PIB, soit environ un tiers de l'estimation des dépenses totales. Les ménages, dès lors, semblent régler la facture. Mais comment peuvent-ils régler la facture sans moyens ? La solution est toute trouvée dans L'Afrique peut-elle se permettre de

14 ONU, 2008 :« L'Assainissement, un investissement judicieux pour la santé, la dignité et le développement : messages clés de l'Année Internationale de l'Assainissement (AIA) »2 p

15CMAE, BAD, Banque mondiale, WSP : « L'Afrique peut-elle se permettre de manquer les objectifs de développement du millénaire pour l'assainissement ? »

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

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manquer les objectifs de développement du millénaire pour l'assainissement ? Lorsqu'il y est dit « si on doit assister les plus pauvres, on ne pourrait donc pas éviter d'accorder des subventions ». Le même livre propose une solution pratique lorsqu'il donne l'exemple du Burkina -Faso en le qualifiant d' « outil de financement innovant ». Dans ce pays en effet, un mécanisme de financement pérenne est établi par l'Office National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) pour subventionner l'accès à l'assainissement grâce à une redevance assainissement prélevée sur les factures d'eau. La subvention est la solution qu'un autre pays de l'Afrique de l'ouest a utilisée. La Côte d'Ivoire, puisque c'est d'elle qu'il s'agit est parvenue à répandre l'utilisation des latrines familiales traditionnelles, grâce à l'État qui a couvert une part importante des coûts.

Cependant, la subvention n'est pas une solution indispensable à un progrès significatif dans la construction de ces infrastructures. Car, à en croire le rapport produit par la Banque mondiale dans Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique, l'état de l'assainissement en Afrique subsaharienne, le Rwanda a réussi à étendre rapidement les modes d'assainissement amélioré sans presque aucun financement public. Pire, le Kenya a progressé très modérément en assainissement, malgré un niveau de financement public considérable.

Par ailleurs, l'épargne, le prêt, les subventions croisés et les dons sont d'autres modes de financement des infrastructures d'assainissement individuel.

Aussi, les latrines écologiques sont-elles proposées avec des profits sur les produits agricoles. Le bulletin d'information du programme d'assainissement écologique du Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût (CREPA) ECOSAN Info N°10 produit en septembre 2007 nous donne suffisamment les détails sur ces types de latrines. Quant à l'utilisation des excréta en agriculture, le CREPA en donne un exemple dans son dossier «Utilisation de l'urine comme fertilisant dans la production agricole en Cote d'ivoire ; faisabilité socio-économique pour la culture d'igname« contenu dans Info CREPA N°54 octobre-novembre-décembre 2006. Ce document montre que le taux de rentabilité marginal est de 184%. Ce qui signifie que pour un franc investi, un agriculteur qui décide d'utiliser l'urine comme fertilisant sur la culture d'igname d'un hectare de superficie pourra s'attendre à un gain supplémentaire de 184 FCFA. En résumé, la culture de l'igname avec l'urine fertilisant est

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

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« conseillée car très rentable ». Ici, la construction de latrine n'est plus une dépense pour les ménages mais plutôt un investissement. Ce qui a été démontré tout au long du « guide pour l'utilisation sans risques des eaux résiduaires et des excréta en agriculture et aquaculture » rédigé sous la direction de Duncan MARA et Sandy CAIRNROSS et publié par l'OMS.

Certes, certains ménages disposent des infrastructures d'assainissement individuel mais il faut penser à leurs améliorations. Ainsi, dans un environnement où les latrines traditionnelles sont déjà chose courante, l'attention doit se porter sur leur transformation en modèles améliorés. Ici, le débat est de savoir si le principal goulot d'étranglement tient à la demande ou à l'offre du marché.

La banque mondiale pense que « du côté de l'offre, le manque de latrines améliorées peut s'expliquer par le fait que le secteur de la construction n'a qu'une connaissance limitée des exigences de conception et aussi, sans doute, par le manque de matériaux de construction essentiels sur les marchés locaux ». Cette hypothèse va de pair avec la prévalence peu élevée de latrines améliorées en Afrique (même dans les pays à moyen revenu) ; les latrines traditionnelles couvrent bien 40-50 % de la population, même parmi les groupes à revenu très élevé, où les ressources pour des infrastructures plus avancées semblent disponibles. « Du côté de la demande, la faible utilisation des latrines améliorées est peut être due à une question d'accessibilité économique. Les revenus des ménages sont bas et le coût de ces latrines est relativement élevé ». Les analyses comparant les coûts des investissements d'infrastructures sanitaires et les budgets très limités des ménages indiquent que, si les différents groupes de revenus peuvent tous se permettre des latrines traditionnelles, les latrines améliorées représentent plus d'un mois de budget, même pour les ménages appartenant au groupe de revenu le plus élevé. Ce constat correspond à la faible distribution sociale des latrines améliorées pour tous les groupes de revenu. 16

A la banque mondiale de conclure que le nombre peu élevé de latrines améliorées est probablement dû à un ensemble de facteurs liés aussi bien à la demande qu'à l'offre. Néanmoins, il est impératif de remédier en premier lieu aux goulots d'étranglement de l'offre. Autrement, les subventions pourraient être accordées en pure perte à des ménages qui

16 Banque Mondiale: « Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique, l'état de l'assainissement en Afrique subsaharienne »

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

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auraient pu les acquérir eux-mêmes si les latrines améliorées avaient été disponibles. De plus, permettre aux marchés locaux de se développer encourage également l'innovation et pourrait finalement réduire le coût des latrines améliorées.

En outre, les investissements en infrastructures d'assainissement individuel ne pourront être utiles de façon optimale que si les infrastructures sont bien entretenues.

En tout cas, à la question de savoir si tous les ménages peuvent avoir des latrines, la réponse de l'ONU est sans ambiguïté. Dans ses messages clés de l'AIA de 2008, l'ONU pense que tous les ménages peuvent avoir des latrines et pour cause « étendre la couverture sanitaire ne requiert ni des sommes colossales ni de grandes découvertes scientifiques » car poursuit-elle, « en utilisant des technologies et des approches existantes déjà approuvées, et seulement avec environ dix (10) milliards de dollars par an, c'est-a-dire moins de 1% des dépenses militaires mondiales, la cible sur l'assainissement des OMD d'ici 2015 sera atteint. si les efforts continuent ainsi pendant dix ans, d'ici 2025, tout le monde pourrait disposer de toilettes ».

En réalité, le législateur n'épargne aucun ménage. Au Benin, la loi N° 87-015 du 21 septembre 1987 portant Code de l'hygiène publique dispose en son article 20 que « tout propriétaire doit pourvoir son habitation de dispositifs d'évacuation des excréta et des eaux usées ménagères à savoir, latrines, fosses septiques, puisards ».

En résumé, la plupart des études empiriques consacrées à la construction des infrastructures d'assainissement individuel rendent compte de leur importance et du rôle d'acteurs de premier plan que les ménages doivent jouer même s'ils peuvent être subventionnés par les pouvoirs publics.

Toutefois, la création d'une meilleure condition d'assainissement individuel ne s'arrête pas à la construction des infrastructures mais encore faut-il susciter un changement de comportement chez les populations.

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

2- La participation communautaire et les changements de
comportements

« Je ne veux pas de latrines, plutôt mourir que d'en utiliser ». Cette phrase prononcée par Haryana dans la ville de Hodala en Inde en 1983 et rapportée par Jake PFOHL lors de ses expériences sur le terrain dans « vers une meilleure programmation manuel de l'assainissement » produit par l'UNICEF et Environnemental Health Project (EHP) en 1997 montre que des efforts doivent être consentis au niveau des populations qui étaient habituées aux modes inadéquats d'assainissement individuel. Le ministère de la santé publique l'a compris lorsqu'il soulève certains faits dans le Programme National d'hygiène et d'assainissement de base (PNHAB) d'octobre 2003. Il constate que malgré le taux de couverture en ouvrages d'évacuation des excréta qui a évolué, le taux d'utilisation est resté très faible en milieu rural. Se plaçant dans la même logique, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque mondiale affirment dans Programme d'alimentation en Eau et Assainissement - Rapport annuel 1989-90 que « l'assainissement est au moins efficace pour la prévention des maladies feco-orales. Mais il implique souvent un changement majeur de comportements pour les ménages ».

Or les comportements des populations d'Athiémé ne sont pas de nature à favoriser une bonne gestion des excréta et des eaux usées et c'est dans ce sens que Jean YADOULETON (2008) fait remarquer que «l'organisation des populations pour maintenir les milieux de vie propres, est loin d'être un acquis». Cyprien Sègla HADEHOU (2008) renchérit en disant qu'« une bonne frange de la population ignore tout des règles élémentaires d'hygiène et d'assainissement ». Ce qui conduit, indique-t-il, à « des défécations à l'air libre, (...) au rejet d'eaux usées n'importe où et n'importe comment ».

Malheureusement, « au cours des années écoulées, on a consacré le plus gros du budget de l'assainissement à l'acquisition des moyens techniques au détriment ou à l'abandon pur et simple des aspects relatifs à l'éducation, à la participation communautaire, à la formation » à en croire l'UNICEF et l'EHP qui donnent au passage un conseil à l'allure d'une mise en garde « vous devriez éviter de reproduire les mêmes erreurs, lorsque vous entreprendrez, dans le futur, toute opération de planification ».

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

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Dans Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique, l'état de l'assainissement en Afrique subsaharienne, un rapport produit par la Banque mondiale, il ressort que les stratégies doivent s'adapter à chaque environnement puisqu'il existe des différences majeures dans le mode d'accès à l'assainissement. Là où la défécation à ciel ouvert reste prédominante, il est crucial d'encourager des comportements sanitaires appropriés pour deux raisons. La première est d'assurer l'utilisation effective des latrines lorsqu'elles sont disponibles, puisque, comme le montrent les nombreux constats internationaux en la matière, les ménages qui en bénéficient ne les utilisent pas nécessairement si aucun effort n'est fait pour modifier leurs comportements. La seconde est de garantir que les latrines fournissent les avantages qu'on en attend en termes de santé. Ce qui est moins une question de technologie que de bonnes pratiques et de comportements.

C'est ce que proposent aussi l'UNICEF et l'EHP lorsqu'ils trouvent que le travail du planificateur « doit commencer par l'identification des communautés, afin que tous les programmes démarrent avec leur participation active et associent également celles qui auront des rôles importants à y jouer »17. La connaissance des communautés passe par la maîtrise des éléments ci-après : nombre d'habitants, modèle d'habitation, condition actuelle, mode de vie, éléments se rapportant à la culture, problématique homme/femme, organisation de la société, communication, réaction face aux idées nouvelles.

De même, il est important que le planificateur ait des contacts significatifs et continus avec les communautés qu'ils auront à assister. Pour encourager, les communautés à une participation active, il faudra leur céder les pouvoirs afin qu'elles prennent elles-mêmes les décisions importantes. Il faudra également mettre en place des moyens qui permettent d'engager les communautés, aussi bien que leurs membres, dans des activités d'analyse, de planification, de mise en oeuvre des programmes et d'évaluation de leurs propres progrès. L'une des techniques utilisées pour ce faire dénommée SAAR18 (estime de soi, force d'association, esprit

17 UNICEF, EHP (1997): « Vers une meilleure programmation-manuel de l'assainissement face aux idées nouvelles »

18 Self esteem, Associate strenghts, Resourcefuness, Action planning and Responsability

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Contribution à un meilleur assainissement individuel au Bénin : cas de la commune d'Athiémé 41

d'initiative, planification et responsabilités) est mise au point au cours des années 1970 et 1980 par le docteur Lyra SRINIVASAN et ses collègues.

En outre, des études ont été réalisées dressant un tableau rétrospectif de l'évolution de la gestion communautaire afin de voir si l'on peut tirer profit des enseignements susceptibles d'être appliqués aux circonstances actuelles des pays en développement. Une de ces études examine l'application d'une formule de cadre institutionnel dans des régions rurales pauvres des Etats Unis et évalue l'aptitude des collectivités à mettre en place leurs propres services, de concret avec les programmes d'assistance financière du gouvernement, les entreprises privées de construction et avec le concours des ONG dans le cadre de leurs activités d'animation et de formation. L'étude note que « le pouvoir conféré aux collectivités à savoir le pouvoir d'entreprendre, organiser et mettre a exécution leurs propres systèmes constitue l'une des clés de la viabilité des projets » à en croire le PNUD et la banque mondiale19.

Le changement de comportements prend du temps. Il nécessite l'information, l'éducation, la communication et la sensibilisation. Mais à la fin de ce processus, il donne des résultats extraordinaires. Une illustration émouvante est donnée par l'UNICEF et l'EHP qui ont constaté que « la femme qui préférait mourir que d'utiliser les latrines est devenue la plus active des femmes agents du terrain et a encouragé des centaines de familles dans plusieurs villages à se faire construire des latrines et à les utiliser ».

En résumé, il ressort des études empiriques antérieures sur l'insouciance des populations que les ménages changent de comportements s'ils sont associés. Alors il faut qu'ils soient informés, éduqués et sensibilisés.

Même si la population change de comportements, la commune doit relever le défi d'une bonne intervention.

3. L'intervention des autorités locales

Le CREPA dans son ouvrage « 1987-2005;18 ans de travail de CREPA en appui aux collectivités locales ; un partenariat vital pour l'approvisionnement en eau potable, l'hygiène et l'assainissement à faible

19 PNUD, banque mondiale : « Programme d'alimentation en eau et assainissement », 13 p

Réalisé par Kuassi Thibault Césaire GAGLOZOUN

Contribution à un meilleur assainissement individuel au Bénin : cas de la commune d'Athiémé 42

coût » estime que d'une manière générale, l'assainissement est une opération locale et les décisions, concernant les besoins en matière de prestation de services doivent être prises au plus bas de l'échelle. Il serait nécessaire de décider de la façon dont les gouvernements devront procéder pour renoncer à leur rôle de fournisseurs de services et également pour développer la capacité permettant de catalyser les efforts des autres. Comme si cela ne suffisait pas, les gouvernements ont échoué dans leur promotion des politiques d'assainissement obligeant la modification des cadres institutionnels.

Pour remédier à cette situation, le législateur béninois a pris ses responsabilités. Ainsi, aux termes de l'article 95 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en république du Benin, « ...la commune élabore la réglementation concernant l'assainissement individuel (latrines, fosses septiques, puisards) et initie toutes mesures de nature à en favoriser la promotion ». Il revient donc aux collectivités locales de mettre en place un cadre normatif ; d'investir dans la construction des infrastructures soit sur son budget ou en faisant appel a l'aide des PTF ; de susciter des changements de comportements qui est une démarche qui nécessite l'information, l'éducation, la communication, le plaidoyer et la négociation qui sont selon le rapport annuel 1989-90 produit par le PNUD et la Banque mondiale sur le programme d'alimentation en eau et assainissement, « les pratiques essentielles pour le développement de la commune »

Malheureusement, La tendance récente à la décentralisation du secteur, qui a conféré des responsabilités à des entités qui n'ont pas nécessairement les capacités techniques requises pour s'en acquitter, n'a pas facilité l'affectation des ressources publiques nécessaires à l'assainissement. Dans certains pays, ce fonds ou cette affectation budgétaire sont financés exclusivement par les bailleurs de fonds (comme au Tchad et en Éthiopie). Dans d'autres, les fonds proviennent à la fois du Gouvernement, des prélèvements du secteur et de bailleurs de fonds.

Selon le CREPA, de nombreux problèmes se posent aux collectivités locales. En effet, elles manquent cruellement de personnel qualifié pour faire fonctionner les services techniques, mais aussi pour proposer des alternatives techniques aux élus avec des informations leur permettant d'opérer des choix pertinents et surtout pour les conseiller quant aux orientations stratégiques en matière d'assainissement individuel. De plus,

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Contribution à un meilleur assainissement individuel au Bénin : cas de la commune d'Athiémé 43

Contribution à un meilleur assainissement individuel au Bénin : cas de la commune d'Athiémé 44

les collectivités locales ne disposent pas de plans pour la mise en oeuvre, même si certaines communes au Benin ont déjà élaboré leur Plan d'Hygiène et d'Assainissement Communal (PHAC). Aussi, note-il le non transfert des ressources.

A ces nombreuses difficultés, le CREPA propose le développement et l'utilisation de la fiscalité locale pour le transfert des ressources en direction du secteur, le développement des plans stratégiques d'assainissement au niveau local en cohérence avec la politique ou la stratégie nationale, le renforcement rapide des compétences des communes, la mise en place des plates-formes de coresponsabilités, la constitution des coalitions locales autour des services d'assainissement, la réalisation et le suivi des activités de proximité en ciblant les capacités locales et en mobilisant des pouvoirs locaux traditionnels, sociaux et religieux.

Suite à l'état des lieux que nous venons de faire, il sera procédé à l'exposition de la méthodologie.

Paragraphe 2 : Méthodologie de l'étude : approche théorique et méthodes empiriques

Pour contribuer à un meilleur assainissement individuel dans la commune d'Athiémé, la méthodologie de recherche adoptée repose sur une approche théorique et une approche empirique.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld