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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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c. Une lecture heureuse du divorce : Der Tempel des Janus (1698)

Il est bien difficile de faire une lecture heureuse de cet événement, si ce n'est en louant le destin qui sépare la femme vertueuse de son mari, qui doit devenir un tyran. Pourtant, certains auteurs s'y sont essayé. C'est ainsi le propos de l'opéra Der Tempel des Janus734 (composition de Reinhard Keiser et livret de Christian Heinrich Postel), présenté pour la première fois en 1698. Avant d'en venir au propos, il nous faut digresser sur celui-ci, tant il livre également des informations sur l'utilisation politique de Rome à l'aube du XVIIIe siècle.

Il commémore la paix de Ryswick, qui met fin à la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), opposant la Ligue (Provinces-Unies, Angleterre, Saint-Empire, Savoie, Espagne, Portugal et Écosse - ainsi que la Suède jusqu'en 1691) à l'alliance de la France, des Ottomans et des Jacobites, se battant pour la propriété de provinces au nord-ouest de l'Europe. La maison autrichienne, sous laquelle est composé cet opéra, perd plus qu'elle ne gagne dans cette guerre (elle doit céder des provinces à la France), mais elle célèbre la paix et la reprise du commerce, désormais florissant.

733. Campan 1847, p. 15

734. Ou Der Bey dem allgemeinen Welt-Friede von dem grossen Augustus geschlossene Tempel des Janus, ou Augustus

C'est ainsi qu'est offert le parallèle à Rome, à travers l'image du temple de Janus, qui n'était ouvert qu'en temps de guerre et qui, en temps de paix, montrait porte close. Cet opéra comporte trois actes :

- Acte 1 : Auguste et Livie veulent nommer Tibère comme successeur à l'Empire. Pour ce faire, il doit épouser Julie, alors qu'il est déjà fiancé avec Agrippine (Vipsania), qu'il aime profondément. Pendant ce temps, le jeune général Valérius vient avertir le prince que les Parthes ont décidé de faire la paix avec Rome, et que le temple de Janus peut à nouveau être fermé. Bénéficiant d'une faveur pour ses efforts, Valérius veut demander la main d'Agrippine, mais Livie s'inquiète de la réaction de son fils. Elle demande alors à un affranchi, Philanax, d'enlever Agrippine afin de faire croire à sa mort et décider Tibère à épouser Julie.

- Acte 2 : Rome est mise en parallèle avec la maison autrichienne moderne, l'une comme l'autre se félicitant du retour de la paix. Livie fait croire à son fils qu'Agrippine s'est noyée dans le Tibre, tandis que celle-ci est conduite en prison - sur l'ordre de Tibère, lui fait on croire.

- Acte 3 : Tibère pleure sa fiancée et Philanax ne peut supporter de mentir : il libère Agrippine et les amants se réconcilient. Alors que le temple doit être fermé et qu'on attend de pouvoir marier Tibère et Julie, Livie fait un aveu à son fils. Sa soeur, la femme d'Agrippa, était stérile et, pour lui assurer une descendance, Livie lui avait confié un de ses enfants. En réalité, Tibère et Agrippine sont jumeaux. Leurs fiançailles n'ont donc plus de sens, et chacun peut contracter un mariage heureux : Tibère avec Julie et Agrippine avec Valérius. La scène finale est une allégorie de la maison d'Autriche.

Ici, au contraire de beaucoup de pièces et fictions sur Tibère, la fin est heureuse. Le point tragique étant l'amour de Tibère et Agrippine, rendu impossible mais acceptable pour les deux personnages lorsqu'ils apprennent qu'ils sont jumeaux. Chacun contracte un mariage heureux, Tibère devient le successeur de l'homme le plus puissant au monde, Agrippine épouse son fidèle prétendant. Rome est en paix après une longue guerre contre les Parthes. La morale est sauve et la vie est belle. Si le propos n'a aucune base historique et que la fin prête à sourire, il s'agit d'une des rares - si ce n'est la seule - occasion de présenter la séparation comme un acte heureux.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon