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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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II - Julie, l'épouse indésirable

a. L'objet politique

Le mariage de Tibère avec Julie reposait sur des motifs politiques. Si cela était déjà le cas pour l'union avec Vipsania, cette fois, la promotion sociale profite plus au mari qu'à la femme. Si Tibère a mal vécu cette période, on ne peut nier qu'elle favorisait sa position : en devenant le mari de la fille du prince, il en devenait l'héritier à titre précaire - le temps que les petits-enfants d'Auguste prennent la toge virile et gagnent de l'expérience. Ainsi les détracteurs de Tibère refusent de plaindre celui qui profitait de la situation et servait son ambition dans ce mariage honteux. Pour Lenain de Tillemont, « jamais homme ne sceut mieux vaincre toutes les passions par la passion de son interêt740», et pour Rolland, « l'ambition néanmoins l'emporta sur tout autre sentiment. Il répudia une femme chérie, pour en prendre une, qui n'étoit digne que de son mépris et de sa haine, mais qui lui frayoit le chemin à l'Empire.741»

Mais si la position de fille d'Auguste offrait des privilèges à Julie par rapport aux femmes de moindre naissance, elle la condamnait à être un objet politique, un moyen de signer des alliances dans une monarchie héréditaire où le prince n'avait pas d'héritier mâle. Faute de fils, Auguste devait passer par le mariage de sa fille pour trouver un successeur légitime. Et à la mort d'Agrippa, quand bien même il avait deux petits-enfants de son sang, il se devait d'avoir un membre de la famille proche pour soutenir son action. Ainsi Julie fut sacrifiée à la raison d'État. Barbara Levick l'affirme au moyen d'une législation d'époque : il fallait un certain temps de veuvage avant qu'une femme puisse se marier à nouveau et, dans le cas de Julie, le mariage fut contracté au plus tôt - juste le temps d'honorer la loi et d'éviter toute confusion quand à la paternité de l'enfant posthume

740. Lenain de Tillemont 1732, p. 23

741. Rolland 2014, p. 118-119

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d'Agrippa742. Et si l'on s'intéresse souvent plus à Tibère qu'à son épouse dans cette union, il est probable que Julie n'était pas plus heureuse de ce mariage. Ainsi Maria Siliato la présente dans une grande colère, s'opposant pour la première fois à son père en criant qu'on se servait d'elle sans lui demander son accord et qu'on la liait à un odieux personnage, le fils de son haïssable belle-mère. D'ailleurs, elle pense que son père ne l'a jamais aimée, en témoignait le manque de tact dont il fit preuve à l'égard de sa mère Scribonie, ne considérant Julie que comme le fruit d'une union politique sans passion743.

Le propos est basé sur un précédent historique attesté. En effet, Auguste s'était marié à Scribonie pour le poids politique que possédait sa famille (elle était liée à Pompée). Dès lors que Sextus devint son ennemi et que sa situation personnelle était assez aisée pour se passer d'elle, il la répudia sans ménagements, attendant juste qu'elle donne naissance à Julie744. Sa fille devait alors jouer le même rôle : être une attache entre les familles, un ventre pour accueillir les héritiers, rien de plus. Quand elle fut exilée pour mauvaise conduite - conduite qui découle quelque part de son rôle - ce n'est pas tant une question morale qu'une question politique. Non seulement elle a pris pour amant le fils d'Antoine, un rival dangereux à la nouvelle génération (il fut le seul exécuté, démontrant qu'Auguste sanctionnait le danger politique et non l'inconduite morale), mais elle est devenue inutile : désormais, Lucius et Caius sont les fils adoptifs du prince, elle n'est plus qu'un objet de scandale dont l'on peut disposer745. La Julie des Dames du Palatin est consciente de son rôle ingrat et cache difficilement sa colère à la naissance de Caius :

Julie ferma les yeux, pour ne pas trahir son agacement. Ce n'était pas à son fils que s'adressaient ces effusions, mais à
l'héritier. Auguste se souciait aussi peu de l'enfant que de la mère ; il ne lui avait demandé ni comment elle se sentait ni
quels soins lui étaient donnés. Peu importait aux hommes que les femmes dussent appliquer sur leurs ulcérations de
puantes compresses de fiente de chèvre ! A eux l'agrément, à elles la peine !746

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo