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Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à  2014.


par Moussa KONE
Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019
  

Disponible en mode multipage

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ANNÉE ACADÉMIQUE 2018-2019

Ecole Normale Supérieure d'Abidjan

DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION

Université Alassane Ouattara

UFR : COMMUNICATION, MILIEU ET SOCIÉTÉ

THÈSE DE DOCTORAT

EN SCIENCES DE L'ÉDUCATION

SPÉCIALITÉ : ÉVALUATION
SUJET

DISPOSITIF DE RENFORCEMENT DU SYSTEME SCOLAIRE
CONVENTIONNEL EN CÔTE D'IVOIRE : INFLUENCE DES CLASSES
PASSERELLES EN ZONE CENTRE NORD ET OUEST (C.N.O.)
DE 2006 A 2014

Présentée par : KONÉ Moussa

Sous la direction de : FADIGA Kanvaly, Professeur titulaire des universités

Soutenue publiquement le 26 septembre 2019 devant le jury composé de :

Université Alassane Ouattara

Ecole Normale Supérieure Abidjan

Université Félix Houphouët-Boigny

Université de Lomé

Président

Directeur de Thèse

Examinateur

Rapporteur

M. KOMENAN Aka Landry Professeur Titulaire de philosophie

politique et sociale

M. FADIGA Kanvaly Professeur Titulaire de sociologie et

politique de l'éducation

M. AKA Adou Professeur Titulaire des sciences de

l'éducation, psychopédagogue

M. PARI Paboussoum Maître de conférences en psycholo-

gie du travail et des organisations

i

DISPOSITIF DE RENFORCEMENT DU SYSTEME
SCOLAIRE CONVENTIONNEL EN CÔTE D'IVOIRE :
INFLUENCE DES CLASSES PASSERELLES EN ZONE
CENTRE NORD ET OUEST (C.N.O.) DE 2006 A 2014

ii

A mon défunt père Koné Bakary qui m'a enseigné les vertus de l'éducation

iii

SOMMAIRE

SOMMAIRE iii

RÉSUMÉ iv

ABSTRACT v

REMERCIEMENTS vi

SIGLES ET ABRÉVIATIONS vii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

I.CADRE THÉORIQUE 9

II. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 52

PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION DU SYSTÈME SCOLAIRE

PRIMAIRE CONVENTIONNEL ET DES CLASSES PASSERELLES 91
CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DU SYSTEME SCOLAIRE PRIMAIRE

CONVENTIONNEL 93

CHAPITRE 2 : PRÉSENTATION DES CLASSES PASSERELLES 128

DEUXIÈME PARTIE : RAISONS DE LA MISE EN OEUVRE DES CLASSES

PASSERELLES 169
CHAPITRE 3 : LIMITES DU SYSTÈME SCOLAIRE PRIMAIRE

CONVENTIONNEL 171

CHAPITRE 4 : MISE EN OEUVRE DES CLASSES PASSERELLES 204

TROISIÈME PARTIE : DIFFICULTÉS DE LA MISE EN OEUVRE DES CLASSES PASSERELLES ET STRATÉGIES DE RENFORCEMENT DU

SYSTÈME SCOLAIRE 239
CHAPITRE 5 : DIFFICULTÉS DE LA MISE EN OEUVRE DES CLASSES

PASSERELLES 241
CHAPITRE 6 : STRATÉGIES DE RENFORCEMENT DU SYSTÈME

SCOLAIRE A TRAVERS LES CLASSES PASSERELLES 279

DISCUSSION 315

CONCLUSION GÉNÉRALE 352

BIBLIOGRAPHIE 363

ANNEXES i

TABLE D'ILLUSTRATION xxxi

INDEX DES MOTS CLÉS xxxv

TABLE DES MATIÈRES xxxvii

iv

RÉSUMÉ

Les classes passerelles initiées par les ONG Conseil Norvégien pour les Réfugiés (CNR) et Ecole Pour Tous (EPT) avec leurs partenaires en 2006-2007 sont une stratégie de scolarisation accélérée pour les enfants de 9 à 14 ans. Elles s'inscrivent dans le cadre des alternatives éducatives pour scolariser ou rescolari-ser les enfants hors du système éducatif ivoirien.

Considérant leurs différences, cette étude présente d'abord le système scolaire primaire et les classes passerelles en Côte d'Ivoire à travers leurs structures et fonctions. Ensuite, l'étude montre les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles à travers les limites du système scolaire conventionnel. Enfin, face aux difficultés de mise en oeuvre des classes passerelles, l'étude propose des stratégies de renforcement du système scolaire à travers une série de mesures. Conformément aux axes d'orientation du système scolaire national, lesdites mesures sont relatives au pilotage de l'éducation, l'accès à l'éducation, la qualité de l'enseignement, la rétention scolaire, l'équité en éducation et le contexte de mise en oeuvre.

Mots clés : Côte d'Ivoire - système éducatif - gouvernance scolaire - classe passerelle - performance - réussite scolaire.

v

ABSTRACT

Bridging classes in Côte d'Ivoire were initiated by NGO Norwegian Refugee Council (NRC) and Ecole Pour Tous (EPT) with their partners in 2006-2007. They are an Accelerated Education Programme for 9 to 14 years old children. They are also educational alternative opportunities for out of school children in Côte d'Ivoire.

Regarding their differences, this study first presents both the primary school system and bridging classes through their structures and their functions. Then, based on the limits of the conventional school system, the study shows the reasons for the implementation of bridging classes. Finally, regarding the difficulties of the implementation, the study suggests some measures to reinforce the national school system of Côte d'Ivoire through bridging classes. Those measures are based on the orientations of the national school system policy that are relative to school management, access to education, education quality, school retention, equity in education and the context of implementation.

Keywords: Côte d'Ivoire - school system - school governance - bridging class - performance - school achievement

vi

REMERCIEMENTS

Nous adressons d'abord, nos sincères remerciements à notre directeur scientifique, Professeur FADIGA Kanvaly, pour sa disponibilité, son soutien et l'attention particulière qu'il a accordée à notre travail.

Ensuite, nous remercions Professeur KONE Issiaka, Directeur du Laboratoire des Sciences Sociales et des Organisations (LASSO) pour avoir accepté de s'associer à la réalisation de cette étude à travers ses conseils avisés et sa disponibilité hautement appréciée.

Enfin, nos remerciements vont à l'endroit de tous ceux qui, de près ou de loin, ont apporté leur concours à la réalisation de ce travail de recherche notamment aux promoteurs des classes passerelles et les personnes ressources suivantes :

- Dr. SOGODOGO Allassane, sociologue, chercheur associé au LASSO ; - M. Sékou TOURE, président de l'ONG EPT ;

- M. Tidiane BAH, chef de projet des classes passerelles à EPT ;

- Mme TRAORE Karidia, chargée de la pédagogie dans le projet passerelle de l'ONG EPT ;

- M. OUATTARA Seydou, Coordonnateur des classes passerelles de l'ONG EPT à Odienné 2 ;

- Mme FEBRO Juliette, chef de projet des classes passerelles à NRC antenne de Bouaké ;

- M. KEITA Adama, conseiller pédagogique, consultant formateur dans le projet des classes passerelles NRC et Save the Children ;

- Dr. Brahima KONE, enseignant chercheur à l'Université Félix Houphouët-Boigny ;

- Dr. KOUAKOU Koffi Innocent, Enseignant chercheur à l'Ecole Normale Supérieure d'Abidjan ;

- NIAVA Dominique, personne ressource à NRC.

A tous, merci pour votre contribution à quel que niveau que ce soit dans ce travail de recherche.

vii

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AFD Agence Française de Développement

ANOVA Analysis Of Variance

CAEJE Centre d'Animation pour l'Education du Jeune Enfant

CAFOP Centres d'Animation et de Formation Pédagogique

CENF Centre d'Education Non Formel

CEU Cours Elémentaires Uniques

CMU Cours Moyens Uniques

CNPRA Comité National pour le Redéploiement de

l'Administration

CNR Conseil Norvégien de Refugiés

COGES Comité de Gestion des Etablissements Scolaires

COGESS Comité de Gestion et de Surveillance

COM Children On Move

CONFEMEN Conférence des Ministres de l'Education des pays ayant

le Français en partage

CPI Conseiller Principal d'inspection

CPPP Conseillers Pédagogiques du Préscolaire et du Primaire

CPU Cours Préparatoires Uniques

CSE Comité de Sauvetage de L'école

CV Coefficient de Variation

DELC Direction des Ecoles, Lycées et Collèges

DIPES Direction de la Planification de l'Evaluation et des Statis-

tiques

DPES Direction de la Planification, de l'Evaluation et des Sta-
tistiques

DIS Diplôme d'Instituteur Stagiaire

DPFC Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue

DREN Direction Régionale de l'Education Nationale

DRENET Direction Régionale de l'Education Nationale et de

viii

l'Enseignement Technique

ECRI European Commission against Racism and Intolerance

ENSETE Enquête nationale sur la situation de l'emploi et du tra-

vail des enfants

EFA Education For All

ENV Enquête sur le Niveau de Vie

EPT Education Pour Tous

EPT (ONG) Ecole Pour Tous

FASAF Réseau Famille et Scolarisation en Afrique.

FPC Formation Par Compétence

GMR Global Monitoring Report

IBS Taux Brut de scolarisation

IEP Inspection de l'Enseignement Primaire

IIPE Institut International de Planification de l'éducation

IMOA-EPT Initiative de mise en oeuvre accélérée de l'éducation pour

tous (fasttrack initiative)

INEE Réseau Inter-agence d'Education d'Urgence

INS Institut National de la Statistique

LASCOLAF Langues de Scolarisation dans l'Enseignement Fonda-

mental en Afrique Subsaharienne Francophone

MICS Multiple Indicators Clusters Survey

MLA Monitoring Learning Achievement

MSEE Minimal Standards for Education in Emergencies

NRC Norwegian Refugee Council

OCDE Organisation de Coopération et de Développement

Economique

OCHA Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires

OOSC Out Of School Children

ORSEC Organisation du plan de Sécours

PASEC Programme d'Analyse des Systèmes Educatifs des Pays

de la CONFEMEN

ix

PEI Projet Ecole Intégrée

PISA Programme pour le Suivi International des Acquis des

Elèves

Pr Probabilité

PRSP Poverty Reduction Strategy Papers

PUAEB Projet d'Urgence d'Appui à l'Education de Base

REM Ratio Elève Maître

RESEN Rapport d'Etat sur les Systèmes Educatifs Nationaux

ROCARE Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Educa-

tion

SAA Service Autonome d'Alphabétisation

SAA-ENF Service Autonome de l'Alphabétisation et de l'Education

Non Formelle

SAARA Service d'Aide et d'Assistance aux réfugiés et Apatrides

SACMEQ Consortium de l'Afrique Australe pour le Pilotage de la

Qualité

SAS Statistical Analysis System

SNAPS-COGES Service National d'Animation, de Promotion et de Suivi

des COGES

SPU Scolarisation Primaire Universelle

SSA/P Stratégie de Scolarisation Accélérée Passerelle

TA Tranche d'âge

TBS Taux Brut de Scolarisation

TNS Taux net de scolarisation

UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la

science et la culture

UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'enfance

UNFPA Fonds des Nations Unies pour la population

UNHCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés

1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

La question de l'éducation a toujours été au centre des projets de société. Selon la période et le type de société, elle présente des spécificités tout en ayant pour point d'ancrage l'être humain. En effet, avec la question de l'éducation, c'est la problématique du devenir de l'être humain et de son environnement qui se pose. HUGO (1881) l'exprime si bien en ces termes :

chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne. Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne ne sont jamais allés à l'école une fois, et ne savent pas lire, et signent d'une croix. C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime. L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme. Où rampe la raison, l'honnêteté périt.1

Cette citation fait apparaître le rôle capital de l'éducation dans l'édification d'une société avec des hommes valeureux ; à l'inverse, l'absence d'éducation conduirait l'individu au crime. Un autre aspect non moins important de l'éducation est mis en exergue par l'AFD quand elle énonce que « l'éducation est à la fois un droit fondamental et l'une des clés du progrès social et du développement économique, essentiel à la lutte contre les inégalités.2 » C'est ainsi que l'éducation a des effets déterminants sur la démographie, la santé, la compétitivité économique, l'environnement, la paix, la cohésion sociale, la bonne gouvernance et le développement. Le rôle charnière de l'éducation est sans équivoque lors-qu'on considère ses effets bénéfiques pour la société dans divers domaines.

Au niveau de l'impact de l'éducation sur la démographique et le développement, PILON affirme : « les relations entre démographie, éducation et développement sont fortes, mais aussi très complexes. Elles méritent d'être abordées et traitées hors de toute approche idéologique, mais de manière réaliste, contextuali-sée et critique. 3»

1 V. HUGO, 1881, « Les Quatre vents de l'esprit. Livre I (le siècle), p. 24 » in

http://avecgildef.forumpro.fr/t1242-les-quatre-vents-de-l-esprit-victor-hugo, consulté le 10 août 2012.

2 AFD, 2012, « projets éducation » in http://www.afd.fr/home/projets_afd/education#.UNMFF1 Ga73Y, consulté le 20 décembre 2012

3 M. PILON, 2018, « Démographie, éducation et développement en Afrique », Marché et organisations, 2018/2, n° 32), pp. 63 - 85.

2

L'influence de l'éducation sur la santé est mise en évidence par SABATES et FEINSTEIN (2006). Pour eux, cette situation s'explique par le fait que les individus instruits peuvent mieux comprendre les bilans de santé réguliers, et « interagir correctement avec les professionnels de la santé en vue d'une bonne prise de décision. 4» Dans la même veine BRADLEY et CORWYN (2002) soutiennent que « les compétences et connaissances acquises par un individu grâce à l'éducation peuvent l'aider à obtenir ou interpréter toute information relative à sa santé ou à celle de son entourage et de faire face à toute situation potentielle de maladie. 5»

Au niveau politique et social, l'éducation permet une meilleure participation du citoyen. Il en est ainsi car un citoyen bien instruit est conscient de ses droits et devoirs et veille à leur conformité. De même, il développe un regard critique de contrôle sur les politiques et le fonctionnement des institutions nationales et locales. « L'éducation est un levier fondamental pour l'épanouissement des valeurs de la démocratie, de liberté et d'égalité. 6»

Le lien entre éducation et croissance économique d'une part et entre l'éducation et le développement d'autre part, est établi par le fait que « l'éducation est créatrice de richesse au même titre que la stabilité politique, et un contexte macroéconomique favorable. 7» Pour l'OCDE cette vision se justifie, vu que :

l'aptitude à créer, à adopter et à faire bon usage des progrès technologique et technique, est intimement liée à l'évolution des capacités du capital humain et de l'efficacité du système éducatif. Ce dernier est censé être un in-vestissement productif et un moteur pour la croissance, l'emploi et l'augmentation des revenus. Son rôle est d'assurer entre [autre], la formation de la main d'oeuvre et des compétences nécessaires pour l'attractivité, la compétitivité et la réussite économique d'un pays (...) l'investissement en l'éducation permet l'amélioration de la compétitivité des entreprises établies, en raison

4 R. SABATES et L. FEINSTEIN, 2006, "The role of education in the uptake of preventative health care: The case of cervical screening in Britain", Social Science & Medicine, Volume 62, Issue 12, pp. 2998-3010.

5 R. H. BRADLEY and R.F. CORNWYN, 2002, "Socioeconomic status and child development", Annual Review of Psychology, 53, pp. 371-399.

6 R. HAJI, 2011, Education, croissance économique et développement humain : le cas du Maroc, mémoire, Montréal, Université du Québec, p. 46

7 OCDE, 1993, Défis à l'horizon 1995, Paris, Centre de développement de l'OCDE, p. 13

3

de ses avantages liés au développement technique et technologique et à la recherche et développement. 8

Eu égard aux enjeux économiques de l'éducation, les niveaux de scolarisation ne cessent d'augmenter partout dans le monde depuis plusieurs décennies. Cet accroissement de la scolarisation s'opère aussi bien dans les pays développés que dans les pays les moins nantis. La situation se présente différemment pour les deux parties. Ainsi, pour les premiers, le défi n'est plus de généraliser et démocratiser l'accès au système éducatif, mais plutôt d'en tirer le meilleur pour leur croissance économique. Pour les seconds, le défi demeure « la généralisation de la scolarisation 9», puisqu'une partie importante de la population scolarisable reste hors du système scolaire. De ce fait, l'absence de scolarisation et l'inachèvement de la scolarité dans les systèmes scolaires inefficaces riment avec « l'illettrisme et la pauvreté.10 »

La cohésion sociale a aussi un lien avec l'éducation. C'est ce que révèle le RESEN 2006 en ces termes :

(...) la relation entre les risques et l'éducation est multiforme et complexe. En tant que vecteur de transmission de connaissances, de valeurs et de pratiques, l'éducation a le potentiel de contribuer à renforcer la cohésion sociale, ou au contraire d'exacerber les tensions potentielles ou existantes, non seulement en milieu scolaire mais au sein de la société au sens large. En effet, les systèmes éducatifs peuvent revêtir un visage négatif, reproduisant ou accentuant les iniquités, l'exclusion et les tensions identitaires ou politiques, polarisant la société, manipulant les contenus des programmes scolaires, ou politisant l'éducation, par exemple. Mais l'éducation peut aussi jouer un rôle fort positif, en fournissant aux élèves des compétences de communication, de réflexion critique, de créativité et de résolution des conflits, ou contribuant activement à l'insertion professionnelle, à la citoyenneté, à la consolidation de la paix et à la cohésion sociale, entre autres.11

La pertinence de cette corrélation éducation-cohésion sociale est mise en exergue par la façon dont la notion de « l'Etat-nation en Europe au XVIIIe et au

8 OCDE, 1993, op. cit., pp. 13 et 46

9 R. HAJI, 2011, op. cit., p. 1

10 ibidem

11 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, Rapport d'état du système éducatif national de Côte d'Ivoire, Pour une politique éducative plus inclusive et plus efficace. Dakar, IIPE-Pôle de Dakar. p. 213

4

XIXe siècle 12» a été renforcée. Ce processus s'est appuyé sur « un système d'éducation publique en vue d'unifier et construire une identité nationale. 13» Bon nombre d'Etats naissants ou en construction notamment en Afrique, se sont inspirés de cet exemple européen.

Nonobstant le rôle prépondérant de l'éducation dans la société, et face aux vicissitudes des temps modernes, cette éducation prend des formes multiples et elle est confrontée à de nouveaux défis au plan international et national. Dans un contexte de mondialisation au troisième millénaire, l'une des priorités de l'éducation demeure « l'accès équitable de tous les enfants à une éducation de base de qualité à l'horizon 2030 » conformément à la déclaration d'Inchéon, adopté en 2015. En d'autres termes, l'objectif des gouvernants est de permettre à tous, l'accès à une éducation de qualité acceptable selon les besoins. Pour l'OECD (2012), l'équité en matière d'éducation consiste à faire en sorte que les « circonstances personnelles ou sociales à savoir le genre, l'origine ethnique ou le milieu familial ne soient pas des obstacles à la réalisation du potentiel éducatif. 14» Une deuxième dimension de l'équité consiste en l'inclusion de l'individu en faisant en sorte qu'il atteigne un niveau de « compétences minimales de base. 15» L'équité est une garantie de la performance du système éducatif car elle offre la possibilité à la majorité des élèves d'avoir des compétences élevées; son absence conduirait inéluctablement à l'échec scolaire.

FIELD et al (2012), quant à eux, présentent deux dimensions de l'équité en matière d'éducation. La première dimension porte sur « l'égalité des Chances. 16» Cela implique que ni la situation personnelle, ni la situation sociale (telle que le genre, le statut socioéconomique ou l'origine ethnique) ne devrait constituer un

12 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 42

13 ibidem

14 OECD, 2012, «Equity and Quality in Education. Supporting Disadvantaged Students and Schools, OECD Publishing, p.3" in http://dx.doi.org/10.1787/9789264130852-en, consulté le 15 avril 2013.

15 ibidem

16 S. FIELD et al, 2012, « En finir avec l'échec scolaire : Dix mesures pour une éducation équitable, synthèse et recommandations aux pouvoir publics, OCDE, pp.3 et 4 » in http://www. oecd.org/fr/education/scolaire/45179203.pdf, consulté le 10 septembre 2016.

5

« obstacle à la réalisation du potentiel Educatif. 17» La seconde dimension est « l'inclusion, qui implique un niveau minimal d'instruction pour tous. 18» Ces deux dimensions sont étroitement imbriquées. Si cet exerce réussit pour les pays développés grâce à un environnement serein, il est assez difficile pour les pays moins nantis qui sont confrontés à des risques susceptibles de freiner la bonne marche de l'école.

C'est le cas en Afrique où il existe une multitude de crises socioécono-miques et politiques. S'ajoutent à cette première catégorie, les catastrophes naturelles. Ces crises induisent un déficit de compétence qui limite les capacités d'adaptation des systèmes éducatifs, privant ainsi des générations entières des opportunités de scolarisation que peut offrir l'école. Les situations de conflit étant inhérentes à l'existence humaine, le système éducation doit prévoir des mécanismes et stratégies d'adaptation pour assurer son rôle en pourvoyant des opportunités d'apprentissage et permettre l'épanouissement social, affectif, cognitif et physique des populations victimes des situations de crise.

En effet, les crises et les conflits ne devraient pas entraver la poursuite de l'éducation malgré les conditions inhabituelles. Cela est un impératif non seulement par le rôle capital de l'éducation, mais aussi par son statut de droit inaliénable inscrit dans un grand nombre de textes internationaux sur le droit humanitaire et les droits humains. Parmi ces dispositions juridiques, on distingue les Conventions de Genève qui s'appliquent en temps de guerre, la Convention sur les droits de l'enfant, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, ainsi que de nombreux autres instruments juridiques régionaux relatifs aux droits fondamentaux. Dans un tel contexte, comme le dit STORTI (2006), « l'éducation doit assurer le bien-être, créer des opportunités d'apprentissage et permettre l'épanouissement général des victimes en situation de crise. 19»

17 S. FIELD et al, 2012, op. cit., pp. 3 et 4

18 ibidem

19 M. STORTI, 2006, « éducation en urgence, urgence de l'éducation » in http://www. martine-storti.fr/education_en_situations_durgence/, consulté le 10 janvier 2010

6

L'éducation en situation d'urgence est donc une nécessité qui peut à la fois permettre de survivre et de ramener la paix, en apportant aux individus les moyens d'une protection physique, psychosociale et cognitive. En tant que vecteur de paix, elle contribue à la mise place d'une structure sociale, au retour de la stabilité et de l'espoir en l'avenir, surtout pour les enfants et les adolescents. Elle permet également de se remettre d'expériences douloureuses grâce à l'acquisition de compétences. C'est aussi un moyen de soutenir la résolution des conflits et le rétablissement de la paix. En tant que moyen de la survie, elle permet de protéger directement ses bénéficiaires, de l'exploitation ou de la maltraitance en diffusant des messages de survie importants comme le danger que représentent les mines anti-personnelles ou la prévention du VIH/SIDA et bien d'autres sujets d'intérêt pour la population.

Conscientes de cette nécessité, il est fréquent que les populations en zone de crise armée prennent l'initiative, en l'absence des structures académiques ordinaires, d'assumer et continuer l'éducation des plus jeunes. Mais, l'absence de moyens financiers, matériels et humains constitue un handicap à une telle mission. En effet, il est nécessaire de mobiliser des fonds pour le matériel didactique et la formation des ressources humaines destinés à l'enseignement des déplacés de guerre. Un autre défi de ce contexte est la stratégie de motivation des apprenants et la validation des enseignements conformément aux standards nationaux et internationaux.

Durant les crises socio-politico-militaires en Côte d'Ivoire (2002 et 2010/ 2011), aucune exception n'a été faite dans ce tableau. En effet, lorsque le conflit armé s'est déclenché le 19 septembre 2002, l'école s'est arrêtée en zone occupée (nommée plus tard Zone Centre Nord et Ouest (CNO)) tenue par les forces armées dites rebelles. En conséquence, la Banque Mondiale (2011) estime le nombre d'enfants non scolarisés au niveau du cycle primaire en Côte d'Ivoire en 2007 à «

7

1,2 million, soit 42% des enfants scolarisables. Au sein de cette population scola-risable, 800.000 n'ont pas du tout accès à l'école 20».

C'est dans ce contexte que des Organisations Non Gouvernementales telles qu'EPT et NRC vont entreprendre des actions de scolarisation accélérée en situation d'urgence à travers les classes passerelles à partir de 2006. Ce sont des classes destinées à scolariser ou réscolariser des enfants de neuf à quatorze ans. Ce type de classe à profil spécifique mérite d'être étudié dans le cadre du renforcement du système scolaire conventionnel ivoirien. C'est ce qui justifie notre sujet de recherche : Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire : Influence des classes passerelles en zone Centre Nord et Ouest (C.N.O.) de 2006 à 2014.

La présente étude vise à montrer qu'en tant qu'offre alternative éducative, les classes passerelles constituent une seconde chance de scolarisation qui propose des stratégies organisationnelles et des pratiques pédagogiques susceptibles de renforcer le rendement interne d'un système scolaire. En outre, une analyse de l'expérience des classes passerelles pourrait donner des éléments d'élaboration des stratégies éducatives en situation de conflit et cela en rapport avec les défis de l'Education Pour Tous (EPT). Cet intérêt pour les classes passerelles se justifie au regard de la perception du MENET et NRC (2015) qui indiquent que :

la question des offres alternatives d'éducation/formation reste entière en Côte d'Ivoire en raison des nouveaux et nombreux défis à relever : la scolarisation de la jeune fille, les infrastructures scolaires à réhabiliter ou à construire, le personnel enseignant à recruter et à former eu égard à la popula-

tion croissante des enfants menacés par la limite d'âge d'accès à l'enseignement primaire, etc. 21

Notre intérêt pour l'éducation de base réside dans le fait que celle-ci figure en bonne place dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et

20 Banque mondiale, 2011, Le système scolaire éducatif de la Côte d'Ivoire : Comprendre les forces et les faiblesses du système pour identifier les bases d'une politique nouvelle et ambitieuse. Washington, D.C. p. xxxiii

21MENET et NRC, 2015, Guide pratique de mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire, Abidjan, p. 8

8

les Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces déclarations d'engagement posent ainsi les bases de la scolarisation de base universelle. L'étude des classes passerelles s'inscrit dans ledit contexte. Elle devra permettre une meilleure compréhension de leur structuration, de leur organisation et de leur apport particulier dans le renforcement du système scolaire national de Côte d'Ivoire.

9

I.CADRE THÉORIQUE

1. Justification du choix du sujet

Le sujet que nous traitons présente un intérêt à quatre dimensions ; il s'agit de : la motivation personnelle, la pertinence institutionnelle, la pertinence scientifique et la pertinence sociale.

1.1. Motivation personnelle

La recherche sur les classes passerelles a un lien avec notre expérience du vécu en zone CNO et notre profession d'enseignant. L'idée de cette recherche a mûri à la suite d'une étude sur l'éducation de manière globale en « zone de guerre 22 » en 2007. A cette époque, nous étions non seulement témoins de la dégradation des infrastructures et du fonctionnement du système scolaire dans lesdites zones, mais aussi acteurs de la reconstruction du système en tant que professionnel de l'éducation. L'idée de faire connaître le mauvais état de l'éducation dans lesdites « zones de guerre » en vue d'un changement a été la réelle motivation pour entreprendre la première démarche de recherche. La présente étude fait suite aux deux premières en maîtrise et en DEA. L'une sur les enseignants volontaires et l'autre sur les établissements privés en zone de guerre.

C'est au cours de la recherche globale sur l'état du système scolaire en situation d'urgence en « zone de guerre » qu'a germé le cas spécifique des classes passerelles. Elles ont particulièrement retenu notre attention après avoir constaté les efforts consentis par leurs acteurs et la pertinence de leur existence dans les zones en souffrance d'offre éducative. Ce sujet a pour but d'apporter une contribution à l'approfondissement des connaissances personnelles en éducation plus spécifiquement sur la problématique des alternatives éducatives en situation d'urgence. Pour nous, ce travail révère également, le caractère d'un exercice intellectuel et pratique qui permettra d'évaluer les écarts entre nos connaissances théoriques sur la méthodologie de la recherche et la réalité de recherche sur le terrain.

22 Zone de guerre : terme qui désigne les zones occupées par les forces rebelles en début de guerre de 2002.

10

1.2. Pertinence institutionnelle

Un certain nombre de dispositions juridiques prévoient la mise en oeuvre des classes passerelles en tant qu'offre alternative d'éducation. Ces textes sont élaborés au niveau international et national.

Au niveau international, il y a le cadre global de l'Education Pour Tous (EPT) de 2000 qui garantit un accès équitable de tous les enfants à une éducation de base. Ces mêmes principes sont réaffirmés par la Déclaration d'Incheon ou éducation-2030 adoptée en 2015.

Au niveau national, le premier texte est la loi n° 95-696 du 7 septembre 1995 relative à l'enseignement qui énonce en son article premier que « le droit à l'éducation est garanti à chaque citoyen (...) ». Le second texte est le Plan National de Développement du Secteur Education/Formation (PNDEF) 1998-2010 qui prévoit également dans ses principes fondamentaux, le renforcement des actions pour réduire «les inégalités dans l'accès à l'éducation/formation (...) ». Au titre des reformes, il est prévu d'élargir « l'offre d'éducation/formation aux zones défavorisées. » Le troisième texte est le plan d'action du programme de coopération Côte d'Ivoire-UNICEF 2009/2013 qui prévoit dans son volet éducation de base non Formelle/Education Alternative, la promotion « des modèles alternatifs d'éducation afin d'offrir la possibilité à 250.000 enfants âgés de 6-15 ans, filles et garçons, en dehors du système formel, de recevoir une éducation de base (...) 23» Le même programme local de l'UNICEF prévoit l'élaboration et la mise en oeuvre d'un « document de politique nationale de prise en compte et d'intégration des classes passerelles et des écoles communautaires dans le système éducatif. 24»

Toutes ces dispositions facilitent la mise en oeuvre de la loi sur la scolarisation obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 16 ans votée le 20 septembre 2015. Selon le Gouvernement de côte d'Ivoire et al (2016) : « la mesure d'instaurer ur-gemment la scolarité obligatoire en Côte d'Ivoire intervient dans un contexte

23 UNICEF, 2008, Programme de coopération Côte d'Ivoire-UNICEF 2009/2013 : plan d'action du programme pays, Abidjan, UNICEF, p.16

24 ibidem

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marqué par de fortes inégalités dans l'accès à l'école (...). L'instauration de la scolarité obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans dès la rentrée scolaire 2015/16 constitue une réponse. 25 »

Le quatrième texte est le Plan d'Action à Moyen Terme du secteur Educa-tion/Formation (PAMT) de 2012/2014 qui inscrit la question des classes passerelles au coeur de sa politique d'extension de l'offre éducative en ces termes :

de nombreux enfants ivoiriens en âge d'être scolarisés ne le sont pas. Pour ceux d'entre eux qui ont quitté précocement le cycle primaire, ou qui n'y ont pas encore eu accès malgré plusieurs années de retard sur l'âge théorique d'entrée en CP1, il existe des expériences de « classes passerelles » leur permettant de suivre le cursus qui leur a fait défaut de façon accélérée, puis de rejoindre les classes ordinaires. Ces classes passerelles sont aujourd'hui mises en oeuvre à petite échelle par des ONG selon des modalités qui leur sont propres et qui sont difficilement transposables dans le secteur public. Ces expériences montrent toutefois l'étendue des possibilités pédagogiques. La stratégie du MEN à cet égard consiste à étendre la couverture des classes passerelles, en s'appuyant encore sur le concours des ONG dans une première phase, tout en demandant à ces dernières de développer des formules susceptibles d'être, à terme, employées dans le cadre des écoles publiques.26

Les différents textes évoqués fixent le cadre normatif des offres alternatives d'éducation et plus spécifiquement celui des classes passerelles.

1.3. Pertinence scientifique

Les raisons scientifiques de notre étude se situent à différents niveaux. Dans un premier temps, dans sa tentative de compréhension du fonctionnement des classes passerelles, cette étude voudrait contribuer à mettre à la disposition de la communauté scientifique, des informations qui permettent de mieux cerner la question des alternatives éducatives dont les classes passerelles constituent une catégorie. Dans cette optique, cette étude pourrait servir de documentation à d'autres chercheurs qui voudraient bien s'intéresser aux études dans le domaine spécifique des alternatives éducatives.

25 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 51

26 MEN, 2011, PAMT du secteur éducation formation 2012/2014, Abidjan, MEN, p. 38

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Dans un second temps, l'explication des bonnes performances des élèves des classes passerelles met en évidence les facteurs susceptibles d'influencer leurs résultats scolaires avec des proportions par catégories. Cela présente un intérêt dans le vaste champ de la recherche sur la réussite scolaire. En effet, face aux différentes théories de la réussite portant sur les aspects sociaux, pédagogiques, individuels et organisationnels, l'étude voudrait relever les aspects spécifiques aux classes passerelles ainsi que la nature des liens entre eux. Cela pourrait contribuer à une meilleure compréhension de l'échec scolaire dans les milieux spécifiques de l'étude.

Enfin, l'étude tente d'expliquer comment les classes passerelles constituent des dispositifs performants et efficaces qui peuvent être des palliatifs ou des instruments de renforcement de la scolarisation et de l'alphabétisation en Côte d'Ivoire. Cet objectif pourrait être réalisé à travers les atouts que ces dispositifs présentent en terme curriculaire, pédagogique et organisationnel.

1.4. Pertinence sociale

L'intérêt social de cette étude procède du double statut des classes passerelles, à savoir qu'elles constituent des dispositifs d'éducation d'urgence et des alternatives éducatives.

En tant que dispositif d'éducation d'urgence, les classes passerelles permettent de promouvoir le droit à l'éducation en situation de crise et offrent aux populations déplacées une prise en charge scolaire gratuite. Elles permettent de rétablir, par ce fait, un ordre social troublé par la crise. Cet acte de rescolarisation revalorise les populations bénéficiaires du projet.

En tant qu'alternatives éducatives, les classes passerelles contribuent à réduire les phénomènes de déscolarisation, d'analphabétisme et les difficultés d'accès à l'école. Ainsi, pour les bénéficiaires, ce type de dispositif constitue une

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seconde chance de scolarisation et une opportunité d'insertion socioprofessionnelle. Dans la même veine, cette étude apporte aux décideurs, à l'administration scolaire et aux partenaires de l'éducation en Côte d'Ivoire, une réponse à la problématique de la scolarisation universelle. En somme, les résultats de cette étude seront bénéfiques pour toutes les populations en Côte d'Ivoire car ils apportent des réponses à l'épineuse question de la scolarisation de masse dans un contexte socioéconomique difficile.

2. Constats

2.1. Constat 1 : la classe passerelle et l'école primaire conventionnelle : deux systèmes scolaires différents

Le système scolaire conventionnel et les classes passerelles en Côte d'Ivoire présentent des différences au niveau structurel et fonctionnel. Au niveau structurel, par rapport aux écoles conventionnelles, les classes passerelles présentent des caractéristiques particulières au niveau de leurs statuts, de leurs acteurs et de leurs organisations.

En effet, au niveau de leurs statuts, le fait qu'elles soient suscitées par le contexte de guerre leur confère un caractère de dispositif éducatif d'urgence, c'est-à-dire qu'elles permettent de faire face aux besoins éducatifs ponctuels d'une population victime de désastres naturels ou de conflits armés. A ce titre, leur nature est éphémère. A ce caractère d'urgence s'ajoute celui d'alternative éducative dans la mesure où les classes passerelles se substituent aux écoles conventionnelles dans les zones en situation de lacune d'offre éducative.

Au niveau des acteurs, on distingue une collaboration entre acteurs étatiques et acteurs non étatiques. Pour les premiers, il s'agit de l'administration scolaire publique incarnée par les inspecteurs ou conseillers d'inspection. On distingue au nombre de cette catégorie, les autorités administratives et politiques qui interviennent dans la mise en place du projet école. Les seconds (les acteurs non étatiques) sont essentiellement constitués d'ONG chargées du financement et de la mise en

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oeuvre du projet école. Il y a également les acteurs pédagogiques comme les superviseurs et les animateurs qui interviennent sur le terrain.

Au niveau organisationnel, les classes passerelles reposent sur deux organigrammes à savoir celui de l'ONG promotrice et celui du projet école qui est circonscrit dans un espace en souffrance d'offre éducative dans une période de neuf mois. Quant à l'école conventionnelle, elle dispose plutôt d'un organigramme de fonctionnement formel qui est directement rattaché au MENET.

Au niveau fonctionnel, la finalité de l'enseignement primaire en Côte d'Ivoire a pour mission la « formation intégrale de la personnalité de l'enfant27 » en vue de le préparer à aborder l'enseignement secondaire. Les classes passerelles visent plutôt l'intégration des déscolarisés et des non scolarisés aux écoles conventionnelles. De cette différence de mission, découlent les modes de fonctionnement de ces deux systèmes éducatifs. Le fonctionnement des classes passerelles dépend de la capacité financière des promoteurs non étatiques à soutenir le projet école alors que l'école conventionnelle dispose des moyens étatiques. Au nombre des particularités fonctionnelles des classes passerelles, on note également la pratique d'une politique éducative de maintien, alors que celle qui prévaut au sein des classes conventionnelles est la promotion-abandon. C'est un facteur qui expliquerait les excellent taux de réussite scolaire (environ 99%) enregistrés chez les premiers.

2.2. Constat 2 : la classe passerelle : une alternative aux limites du système scolaire conventionnel

Les limites du système scolaire conventionnel ivoirien subsistent à deux niveaux, à savoir des difficultés internes au système éducatif et des difficultés relatives aux contextes de conflits armés de 2002 et 2011.

Les difficultés internes au système scolaire conventionnel se manifestent par l'explosion de la démographie scolaire, l'amenuisement des ressources éduca-

27 MENET, 2014, Programmes éducatifs et guides d'exécution CE2, Abidjan, MENET, pp. 5-7

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tives, la dégradation des infrastructures scolaires existantes, des taux de déperditions élevés et des résultats scolaires insuffisants. Le contexte de conflit armé, quant à lui, se caractérise par la destruction des infrastructures éducatives, un climat scolaire instrumentalisé par les belligérants, un déplacement massif des populations scolaires, la réouverture des écoles, le retour des acteurs de l'école, la réhabilitation ou reconstruction d'écoles et des taux de scolarisation faibles. Le projet des classes passerelles intervient pour soutenir les zones en situation de lacune d'offre éducative.

Malgré leur statut non conventionnel et les conditions difficiles de fonctionnement, les classes passerelles présentent des atouts dans leur mise en oeuvre. Ce sont :

- des taux de réussite élevés : environ 99% de taux de réussite aux évaluations finales. Ces différences de taux de réussite selon les niveaux d'étude peuvent être appréciées aussi bien au niveau régional qu'au niveau national. Cette bonne performance apparaît comme un atout pour les classes passerelles face aux résultats insuffisants du système scolaire conventionnel.

- les effectifs des classes passerelles : de 2007 à 2014, ce sont 19.474 élèves qui ont bénéficié des classes passerelles. Le Ratio Elève/Maître (REM) varie entre 19:1 et 35:1. Ce qui est nettement mieux que le REM des classes conventionnelles fixé à 42:1 ou 45:1.

- les sites d'implantation des classes passerelles : la majorité des sites sont situés dans les zones CNO ou des zone en souffrance d'offre éducative. Mieux, les procédures d'implantation tiennent compte des distances entre le site et l'école la plus proche. Cette distance minimale pour l'ONG EPT est fixée à 7 km.

- la mobilisation communautaire : en vue d'une implication institutionnelle des communautés, une feuille de route communautaire est élaborée et des normes de gestion communautaires sont fixées dans le guide de mise en

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oeuvre des classes passerelles qui est un document élaboré par les acteurs-clés des classes passerelles.

- l'organisation pédagogique : elle prend en compte des méthodes et techniques d'enseignement alliant la formation par compétence, les méthodes d'alphabétisation, les cours de soutien pédagogique, les programmes compressés, l'optimisation du temps scolaire et la durée de la scolarité.

2.3. Constat 3 : la classe passerelle : un dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel.

En dépit du bon rendement interne des classes passerelles, différents dysfonctionnements sont observés au niveau de l'organisation, des curricula et de l'environnement de la mise en oeuvre du projet classe passerelle.

Au plan de l'organisation, des insuffisances se caractérisent soit par l'inexistence de certains volets importants de la mise en oeuvre, soit par le retard dans l'exécution de certains aspects du projet. Ce sont : le retard de paiement des primes et de livraison de matériels, l'absence de financement de l'Etat, de cantines scolaires et de perspective pour les ex-animateurs ; on note également l'insuffisance d'archivage et des primes des animateurs.

Au plan curriculaire, les difficultés rencontrées concernent entre autre, la divergence du concept « classe passerelle », la présence des élèves de 7 et 8 ans, l'absence d'animateur suppléant, la disparité d'effectifs entre filles et garçons, l'absence d'étude fiable sur l'utilisation des langues maternelles comme outil d'enseignement, l'absence d'un syllabaire de langue maternelle, les salles de classes inadaptées, l'insuffisance du temps de formation initiale et l'insuffisance du temps scolaire.

Au plan environnemental, des dysfonctionnements sont observés dans les conditions d'intervention des acteurs du projet, les conditions d'accès à l'éducation en situation d'urgence, l'environnement d'apprentissage, la qualification des personnels enseignants et la politique éducative en vigueur. Face à ces insuffi-

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sances, les acteurs proposent des actions susceptibles de capitaliser les acquis et d'améliorer la situation de départ.

Par ailleurs, à travers le RESEN 2016, le Gouvernement de Côte d'Ivoire et al indiquent que, pour une résilience face aux risques multiples, il a été élaboré par le MENET, « des mécanismes de mitigation selon les besoins spécifiques. 28 » C'est ainsi qu'il est prévu dans ce cadre institutionnel, des zones d'accueil, des établissements relais, des classes passerelles, des partenariats avec les écoles communautaires privées et confessionnelles. Il est également prévu le recrutement d'enseignants volontaires pour faire face au déplacement des élèves et des enseignants ainsi qu'au phénomène de déscolarisation. Les classes passerelles trouvent ainsi une place de choix dans cette stratégie globale de mitigation.

3. Problématique

3.1. Problème de recherche

Selon le RESEN 2016, la guerre survenue en 2002 et le conflit post-électoral de 2010/2011 ont rendu davantage vulnérable le système éducatif ivoirien en dehors des facteurs de risque classiques (catastrophes naturelles et les arrêts de cours etc.). Cette vulnérabilité se traduit par la destruction des infrastructures éducatives, la fermeture d'écoles, l'amenuisement des ressources éducatives et un grand nombre d'enfants hors du système scolaire. Face à cette situation, les populations se sont organisées dès les premières heures pour faire fonctionner les écoles des zones dites CNO. C'est dans ce contexte de besoin criard d'éducation que deux ONG nommées EPT et NRC vont lancer le projet des classes passerelles en zone CNO. EPT appuyé par UNICEF ouvre ses premières classes en 2006 et NRC lui emboîte le pas en 2007. L'objectif principal de ces classes passerelles est d'encadrer les enfants déscolarisés ou non scolarisés de 9 à 14 ans pendant 9 mois pour leur permettre d'intégrer l'école primaire conventionnelle.

28 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit. pp. 3-4

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Le dispositif des classes passerelles, s'il n'est pas nouveau dans le monde, reste, dans le contexte de la crise ivoirienne, une innovation en tant que dispositif d'éducation d'urgence et alternative éducative. A ce titre, il mérite d'être analysé pour une meilleure lisibilité de sa structuration, de son fonctionnement, de ses acquis et de ses limites dans le but de renforcer le système scolaire ivoirien.

3.2. Questions de recherche

En lien avec l'objectif général de cette étude, la question de recherche est libellée comme suit : comment les classes passerelles renforcent-elles le système scolaire conventionnel ? Cette question principale se décline en trois axes :

Premièrement, la double caractéristique des classes passerelles, à savoir qu'elles sont des dispositifs d'éducation d'urgence et des alternatives éducatives suscite la question suivante : quelles sont les traits caractéristiques du système scolaire conventionnel et des classes passerelles ?

Deuxièmement, le constat relatif aux limites des écoles conventionnelles et le contexte d'intervention des classes passerelles suscite l'interrogation suivante : quelles sont les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles ?

Troisièmement, relativement à la vocation des classes passerelles à renforcer le système scolaire conventionnel, l'on est en droit de poser la question suivante : quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre des classes passerelles et les stratégies proposées par les acteurs pour améliorer leur fonctionnement dans une démarche de renforcement du système scolaire ivoirien ?

4. Objectifs de l'étude

4.1. Objectif général

De manière générale, cette étude se propose de comprendre l'influence des classes passerelles sur le système scolaire national de Côte d'Ivoire.

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4.2. Objectifs spécifiques

De manière spécifique, cette étude se propose d'atteindre les objectifs suivants :

- montrer les traits caractéristiques particuliers des classes passerelles par rapport aux écoles conventionnelles ;

- découvrir et analyser les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles à travers leurs atouts et leurs limites;

- montrer les difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles tout en proposant des stratégies pour consolider leurs acquis et améliorer leur fonctionnement dans une démarche de renforcement du système scolaire ivoirien.

5. Thèse

Les classes passerelles en tant que dispositifs d'éducation d'urgence et alternatives éducatives, présentent dans leur mise en oeuvre, des acquis à consolider et des insuffisances à réajuster pour mieux intégrer une stratégie de renforcement du système scolaire national de Côte d'Ivoire.

6. Hypothèses spécifiques

Hypothèse 1 : Au regard de leurs contextes de mise en oeuvre, de leurs acteurs et de leurs curricula, les écoles conventionnelles et les classes passerelles présentent des différences structurelles et fonctionnelles.

Hypothèse 2 : Les limites du système scolaire conventionnel, face à la demande croissante d'éducation, justifient l'ouverture des classes passerelles qui constituent des alternatives efficaces dont les facteurs pédagogiques sont plus déterminants pour la réussite scolaire que les facteurs organisationnels et individuels.

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Hypothèse 3 : Les difficultés rencontrées par les classes passerelles au niveau de leur gouvernance, de leur pédagogie et de leur contexte de mise en oeuvre, exigent des réajustements d'ordre contextuel, organisationnel et pédagogique pour renforcer le système scolaire ivoirien.

7. Revue critique de la littérature

7.1. Classes passerelles et éducation alternative

La littérature selon le MENET et NRC (2015), montre que les classes passerelles sont inspirées des « écoles en boîte 29» initiées par l'UNESCO pour la première fois en Somalie en 1993 dans le cadre de son Programme d'Education d'Urgence et de Reconstruction (PEER). Ce programme a permis en situation d'urgence, d'offrir une opportunité de scolarisation aux enfants issus des écoles laïques et coraniques. Depuis cette expérience, le PEER a permis de remédier aux problèmes d'éducation en urgence dans différentes crises dans le monde. Ce fut le cas lors de la guerre civile au Rwanda en 1994. Ce programme a contribué à la reconstruction du système scolaire rwandais après la guerre.

C'est fort des leçons tirées des expériences de la Somalie et du Rwanda qu'un nouveau programme nommé classe passerelle a été développé par le NRC. Ce programme est conçu pour les enfants hors du système scolaire et ayant dépassé l'âge de la scolarisation pour diverses raisons. L'objectif, selon le MENET et NRC (2015), est de « ramener ces enfants dans le système scolaire conventionnel public. 30»

Les classes passerelles en Afrique de l'ouest sont différentes par leurs mises en oeuvre selon les pays. Ainsi, selon OUSSEINI (2009), au Niger, « la classe passerelle va prendre en charge les enfants de 9 à 12 ans non scolarisés ou désco-

29 MENET et NRC, 2015, Guide pratique de mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire, Abidjan. p. 8

30 MENET et NRC, 2015, op. cit., p. 8

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larisés de manière précoce 31», pour les conduire en classe de CE2 ou CE1, au bout de huit mois de scolarisation. Elle utilise la langue maternelle et le français comme medium d'enseignement.

En 2010, s'est tenue au Mali, la rencontre des comités d'orientations inter-pays de la Stratégie de Scolarisation Accélérée Passerelle (SSA/P). C'est un projet financé par la fondation Stromme et l'ONG CARE en partenariat avec des ONG locales et les Etats concernés. Il vise la scolarisation des enfants hors du système scolaire dans trois pays, à savoir le Niger, le Burkina et le Mali. Selon la fondation Stromme (2009), « les résultats du projet donnent des taux de réussite élevés variant entre 81 et 95%. 32» Ces taux sont des indicateurs de la bonne performance des élèves et du bon rendement des classes passerelles.

En Côte d'Ivoire, les classes passerelles interviennent dans un contexte de crise sociopolitique. Il s'agit de la guerre de septembre 2002 et du conflit post-électoral de 2010. Comme tout conflit armé, ceux-ci ont contribué à dégrader et détruire les infrastructures scolaires. Ils ont également provoqué le déplacement de populations. Selon le MENET et NRC (2015), « c'est dans ce contexte que les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du secteur éducation/formation interviennent à travers les classes passerelles 33» pour faire prévaloir le droit à l'éducation. Pour KOFFI et al (2008), l'initiative voit le jour en « 2006 avec l'ONG EPT, puis en 2007 avec le NRC.34» Bien que les promoteurs soient des acteurs non étatiques, le MEN confia la supervision des classes passerelles au Service Autonome d'Alphabétisation.

Les classes passerelles se présentent donc comme un programme d'éducation d'urgence basé sur l'apprentissage accéléré avec des classes à profil

31 I. OUSSEINI, 2009, « Des enfant de 12 ans brûlent des étapes scolaires grâce à la passerelle » IPS Afrique (Newsletter Hebdomadaire) in http// ipsinternationa.org/fr/copyright.asp, consulté le 15 Juillet 2012

32 Fondation Stromme , 2009, Rencontre du comité technique sous-régional de SSA/passerelle, Bamako, du 13 au 17 Juillet 2009, rapport général. p. 4

33 MENET et NRC, 2015, op. cit., p. 8

34 I. K. KOFFI et al, 2008, Incidence des curricula des classes passerelles sur le rendement des élèves, Abidjan, ROCARE. p. 15

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spécifique. Cette initiative entre dans le cadre des offres alternatives d'éducation. Sous la supervision du MEN et du NRC, les ateliers tenus avec les acteurs du projet de 2008 à 2015 aboutissent à l'élaboration d'un document de formalisation de la mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire.

En 2013, l'implication du MENET dans le projet des classes passerelles, qui était jusque-là pris en charge par les ONG, va se faire dans le cadre formel du Programme d'Urgence d'Appui à l'Education de Base (PUAEB). Cette intervention s'appuie néanmoins sur l'expertise des ONG déjà opérationnelles en la matière. Il s'agit de NRC, EPT et Soleil Levant. Dans le cadre du PUAEB pour l'année scolaire 2013/2014, le MENET (2014) estime le nombre de bénéficiaires à « 1512 élèves dont 710 filles 35».

Les classes passerelles interviennent dans un cadre légal établi par le Plan National de Développement du secteur Education/Formation (PNDEF). A travers cette disposition légale le MEN (1997) recommande « le renforcement des actions pour réduire les inégalités dans l'accès à l'éducation/formation et l'élargissement de l'offre d'éducation/formation aux zones défavorisées.36 » A partir de 2009, le MEN prévoit, à travers son Plan d'Action à Moyen Terme (PAMT) 2012/2014, le développement de l'offre des classes passerelles, la standardisation de leurs curricula, la mise à disposition des écoles et enseignants publics et la formation des enseignants afin de définir les conditions de leur prise en compte sur la carte scolaire. En 2011, le MEN et ses partenaires envisagent une extension du dispositif des classes passerelles pour prendre en compte les enfants déscolarisés et non scolarisés.

Ces dispositions s'inscrivent dans le cadre de la loi n°95-696 du 7 septembre 1995 relative à l'enseignement en Côte d'Ivoire qui énonce en son article premier, que le droit à l'éducation est garanti à chaque citoyen. Elles sont aussi en

35 MENET, 2014, « Les classes passerelles financées par le PUAEB », in www.Education-ci.org., consulté le 10 janvier 2016

36 MEN, 1997, Plan National de Développement du secteur Education/Formation (PNDEF), Table ronde des bailleurs de fonds : Yamoussoukro, Abidjan, MEN, p. 5

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phase avec l'esprit de l'Education Pour Tous (EPT) de 2000 et la déclaration d'Incheon de 2015 qui garantissent un accès équitable de tous les enfants à une éducation de base. Cet aspect sera développé plus loin dans le chapitre de présentation des classes passerelles.

7.2. Classes passerelles et éducation d'urgence

Il est important de savoir que le dispositif des classes passerelles, objet de notre étude, intervient dans le cadre de « l'éducation d'urgence », suite à des conflits armés en Côte d'Ivoire. Pour mieux comprendre ladite notion, nous nous referons à la littérature disponible. Celle-ci explique les fondements de l'éducation d'urgence, en fixe les étapes et le cadre légal, puis, présente les théories qui en découlent.

7.2.1. Genèse et fondement de l'éducation d'urgence

Depuis le Forum Mondial sur l'Education Pour Tous à Dakar en avril 2000, l'éducation d'urgence est devenue un sujet d'attention particulière car elle a été recommandée aux pays subissant le contrecoup des conflits et des catastrophes naturelles à la prendre en compte dans leurs politiques d'éducation. Si le Forum de Dakar fait de l'éducation d'urgence une priorité dans son agenda de 2000, il est important de savoir que le terme est apparu une décennie auparavant, c'est-à-dire dans les années 1990.

En effet, selon LANOUE (2006), « l'éducation en situation d'urgence a pris forme en tant qu'action humanitaire de réponse immédiate aux conflits, au début des années 1990. 37» Elle correspond à des programmes éducatifs spécifiques initiés en Bosnie, au Rwanda, en Somalie et au Soudan. Ces programmes d'assistance aux enfants dans les camps de réfugiés, à Dadaab (Nord Kenya) par exemple, ou aux enfants soldats au Congo, en Sierra Léone et au Liberia visent à

37 E. LANOUE, 2006, Éducation, violences et conflits armés en Afrique subsaharienne

Bilan critique de nos connaissances et perspectives de recherches, Communication du colloque de Yaoundé du 06 au 10 Mars 2006, p. 8

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la « rescolarisation 38» des victimes de guerre, tantôt avec les moyens du bord, tantôt avec l'aide des pays hôtes.

Par la suite, les principaux initiateurs de l'éducation en situation d'urgence que sont le HCR, l'UNESCO, l'UNICEF et les organisations non gouvernementales ont vite constaté l'ampleur des désastres causés par les effets de ces guerres sur les systèmes éducatifs des pays concernés, principalement pour les personnes déplacées internes ou pour les réfugiés. Dès lors, la notion « d'urgence éducative » a été étendue à la prise en charge des conséquences des conflits, sur un terme relativement long (plusieurs années, voire plusieurs décennies). Pour les acteurs de ce secteur, l'urgence dure à la mesure des enjeux et de la complexité des situations.

C'est un domaine qui engage des acteurs divers, chacun avec ses enjeux, ses objectifs, ses moyens, ses intérêts. Cela rend la nécessaire action de coordination quasi impossible. Au-delà des particularités, et avec la conscience qu'aucune situation n'est semblable à une autre, bon nombre de mesures sont nécessaires dans le cadre de l'éducation d'urgence ; ce sont :

- le choix des sites permettant la reprise d'activités d'enseignement ;

- la réhabilitation et la reconstruction d'établissements scolaires ;

- les fournitures scolaires et les équipements pédagogiques ;

- la reconstitution des équipes pédagogiques et administratives ;

- l'appui financier aux enseignants et parfois aux familles ;

- la formation des enseignants et la formation des formateurs ;

- la reprise et le développement de l'enseignement technique et de la formation professionnelle en particulier pour répondre aux nécessités de la reconstruction ;

- et l'assistance au traitement des traumatismes liés à la guerre, à la perte des proches, à l'exil et aux violences subies, etc.

38 E. LANOUE, 2006, op. cit., p. 8

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7.2.2. Phases de l'intervention d'urgence

Selon l'INEE (2006) « La réponse apportée par l'éducation en situation d'urgence est axée sur la satisfaction des besoins réels des populations affectées, ainsi que sur l'enseignement formel. 39» Ces besoins changent en fonction des phases et des situations. On distingue ainsi, trois phases qui sont :

- la phase aigüe ;

- la phase chronique ou d'adaptation ;

- et la phase de retour, de réintégration et de réhabilitation.

La phase aigüe est marquée par la fuite ou le déplacement des populations. Les actions menées à ce niveau sont : la diffusion d'informations et de messages cruciaux relatifs aux risques que représentent les mines, aux risques sur la santé et l'environnement et l'insistance sur les actions psychosociales et récréatives.

La phase chronique ou d'adaptation est marquée par la mise en place d'un apprentissage organisé, formel et non-formel. Cet apprentissage porte sur des thèmes axés sur la préparation des populations déplacées au retour, la gestion des éléments de risque ainsi que l'éducation basée sur le rétablissement de la paix et des droits de l'homme.

La phase de retour, de réintégration et de réhabilitation prépare les déplacés au retour et à la réinsertion dans leur milieu d'origine. Cette étape est marquée par des actions qui donnent foi en l'avenir, favorisent la reconstruction et l'amélioration de l'ensemble du système éducatif. Sans minimiser l'importance des dégâts qu'a pu subir le système éducatif, cette phase doit exploiter les opportunités positives qui se présentent au lendemain d'une situation d'urgence. Ces opportunités impliquent, entre autres, le développement de stratégies et de pratiques plus équitables en matière de genre ainsi que la révision de programmes d'études et de méthodes pédagogiques. Il est alors nécessaire de disposer d'un délai suffisamment long pour concevoir les programmes d'enseignement, assurer

39 INEE, 2006, comprendre et utiliser les normes minimales pour l'éducation en situation d'urgence, Paris, INEE, pp.7-8

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la formation des enseignants et atteindre progressivement les nouveaux objectifs qui ont été définis.

7.2.3. Cadre règlementaire de l'intervention d'urgence

Le cadre règlementaire est fixé par le projet sphère qui a été lancé en 1997 par un groupe d'agences humanitaires, ainsi que le mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge. Ce cadre règlementaire sera repris et renforcés par le Réseau Inter-agence de l'Education d'Urgence (INEE) dans les années 2000. En effet, c'est au bout de deux ans de collaboration inter-agences que le projet sphère a développé un manuel contenant une charte humanitaire et a identifié des normes minimales dans cinq domaines essentiels de l'assistance humanitaire, à savoir : l'approvisionnement en eau, l'assainissement, la nutrition et l'aide alimentaire, l'aménagement des abris et des sites ainsi que les services médicaux.

Sphère se fonde sur deux principes fondamentaux. Premièrement, il énonce que toutes les mesures possibles doivent être prises pour alléger la souffrance humaine résultant des conflits et des catastrophes. Deuxièmement, il soutient que les personnes touchées par les catastrophes ont le droit de vivre dans la dignité, et donc le droit à l'assistance. Le Projet Sphère s'appuie sur :

- le droit international humanitaire, les droits de l'homme et le droit des réfugiés ;

- le code de conduite qui est un ensemble de principes de comportement pour le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et pour les ONG, dans l'exécution des programmes de secours, en cas de catastrophe.

En adhérant à la Charte humanitaire et aux normes minimales, les agences humanitaires s'engagent, dans leurs actions, en faveur des personnes affectées par une calamité ou par un conflit armé, à offrir des services correspondant à certains niveaux de qualité définis et à promouvoir le respect des principes humanitaires fondamentaux. A travers la charte humanitaire, les agences expriment aussi, leur engagement vis-à-vis de ces principes et marquent leur détermination à mettre en

27

oeuvre, les normes minimales d'intervention. Cet engagement repose sur la manière dont chaque agence comprend ses propres obligations éthiques. Il reflète, par ailleurs, les droits et les devoirs, consacrés par le droit international, envers lesquels les Etats et les autres parties ont des obligations établies.

Les normes minimales visent, quant à elles, à quantifier ces exigences en termes de besoins qui sont ceux des personnes affectées dans les domaines suivants: eau, assainissement, nutrition, nourriture, abris et soins médicaux. Ainsi, la charte humanitaire et les normes minimales contribuent à la mise en place d'un cadre opérationnel au sein duquel peuvent exercer les agences humanitaires en cas d'urgence.

7.2.4. Approches du secours éducatif

Selon LANOUE (2006), la recherche en éducation d'urgence dégage deux approches du secours éducatif, à savoir « l'approche urgentiste et l'approche ana-lytique.40 » La première se consacre uniquement, à la promotion de l'aide humanitaire alors que la seconde fait de la prévention en s'interrogeant en amont, sur le rôle potentiel ou avéré du système éducatif dans la genèse des conflits. Ces deux courants s'inscrivent dans le cadre du « triptyque éducation, violence et conflit 41»

En effet, LANOUE considère que l'école peut être à la fois « source de violence, victime de conflits et vecteur de paix. 42» En tant que source de violence, l'école exerce une série de violences symboliques sur les apprenants à travers les châtiments corporels, les paroles violentes et les frustrations de tout genre.

En tant que victime, l'établissement scolaire est en temps de guerre, une cible des belligérants à l'instar des ressources économiques comme les mines d'exploitation d'or et de diamant. En tant que vecteur de paix, l'école participe à la construction après la guerre, à travers des programmes pédagogiques d'aide à la résolution des

40 E. LANOUE, 2006, op.cit.,, pp. 9-12

41 idem, pp. 9-12

42 ibidem

28

conflits et d'éducation à la paix. Les classes passerelles interviennent dans la période post-crise et participent à la reconstruction et au rétablissement de la paix.

7.3. Classes passerelles et réussite scolaire

Cette section présente des théories relatives à la réussite scolaire qui permettent d'expliquer l'efficacité interne des classes passerelles.

7. 3.1. Facteurs déterminants de la réussite scolaire selon WANG Margaret et al

Le sujet de la réussite scolaire a toujours suscité de l'intérêt pour les acteurs du système éducatif car il permet d'aborder aussi la problématique de l'échec scolaire et les questions fondamentales de l'éducation. A ce propos, la nomenclature des facteurs d'influence sur l'apprentissage et la réussite scolaire selon WANG et al permet d'identifier le facteur « gestion de la classe » comme le plus important et les « traits démographiques du district » comme la moins importante. Par ailleurs, WANG et al regroupent ces 28 facteurs 6 catégories comme le présente le tableau suivant :

29

Tableau I : catégories de facteurs d'influence de l'apprentissage selon M. WANG et al.

Catégories

Facteurs d'influences

01

L'aptitude de l'élève

processus métacognitif ;

processus cognitif ; attributions sociaux et comportementaux ;

motivation et attributions affectifs ; habiletés psychomotrices ; démographie de la population scolaire

02

La façon d'enseigner et le climat scolaire

Gestion de classe ; interactions sociales entre élèves et enseignants ; nombre d'heure d'enseignement ; climat en classe ; façon d'enseigner en classe ; interactions pédagogiques ; contrôle de connaissances ; conduite de la classe et soutien pédagogique

03

Le contexte

Milieu familial et soutien parental ; autres élèves ; influences du milieu ; activités extras-colaires.

04

La planification du programme

Conception du programme scolaire; contenu du programme scolaire et façon de l'enseigner ; traits démographiques du programme.

05

L'organisation de l'école

Culture de l'école ; prise de décisions des enseignants et des administrateurs; participation parentale.

06

Les caractéristiques de l'Etat et du district

Politique éducative de l'Etat ; traits démogra-phiques du district.

Source : M. WANG et al, 1993, Rewiew of educational research, n°63, 1993

Les facteurs d'influence sur la réussite scolaire se regroupent en six catégories qui prennent en compte l'aptitude de l'élève, la façon d'enseigner et le climat scolaire, le contexte, la planification du programme, l'organisation de l'école et les caractéristiques de l'Etat et du district. Ces six catégories prennent en compte la personnalité de l'élève, l'environnement interne et externe de l'école.

Dans le cadre de notre étude, en rapport avec cette conclusion, nous examinerons deux catégories de variables, à savoir celle relative à l'organisation du dispositif des classes passerelles et celle relative à son aspect pédagogique afin de les hiérarchiser. Dans cette hiérarchisation, la langue maternelle en tant que composante du facteur pédagogique fait l'objet d'analyse.

30

7.3.2. Facteurs déterminants de la réussite scolaire selon le PASEC

A partir d'enquêtes réalisées sur les systèmes scolaires africains, le PASEC donne la liste des facteurs affectant les acquis scolaires en Côte d'Ivoire. Cette liste se présente comme suit :

Tableau II : Récapitulatif des effets des facteurs influençant le niveau des acquis

Catégories de facteurs

Variables

Effets

Caractéristiques de l'élèves et parcours scolaires

Fréquentation du préscolaire

+2

++

Redoublement

-3

---

Caractéristiques de l'école et du directeur

Ecole publique (vs. privée)

-3

---

Equipements de base (eau, électricité, latrines)

+3

+++

Campagne de vaccination

+2

++

Caractéristiques de l'enseignant et de la classe

Femme

+1

+

Niveau BAC

-1ou+1

- / +

Formation continue

+2

++

Organisation pédagogique

Ratio élèves-maitre

-1

-

Matériels didactiques

+2

++

Manuel de lecture

+2

++

Rentrée scolaire à l'heure

+2

++

Présence des enseignants

+2

++

Source : résultats extraits de différents modèles de régression des résultats des élèves (CE1, CEPE, PASEC). Cité dans le RESEN 2016, pp.120, 270, 271.

Faisant le commentaire de ces résultats, le RESEN 2016 note qu'à l'enseignement primaire :

les écoles privées ont de meilleurs résultats [par rapport aux écoles publiques], (...). La présence d'équipements de base dans l'école tels que l'électricité, l'eau et les latrines, est également associée à de meilleurs résultats. Le ratio élèves-maitres ainsi que les redoublements influencent négativement la performance des élèves. Bien que l'effet des manuels scolaires et des matériels didactiques ne soit pas stable (...) ils constituent un intrant essentiel de base. (...). L'absentéisme des élèves pénalise leurs acquisitions, de même que celui des enseignants. (...). La formation continue des enseignants ainsi que le fait d'avoir une enseignante en classe favorisent le niveau des acquis. 43

43 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 120 -121

31

On note que les équipements de base ont l'influence la plus importante dans la consolidation des acquis scolaires. Toutefois, le cumule des scores par catégorie de facteur place en tête de classement, l'organisation pédagogique. Le PASEC relève pour le cas de la Côte d'Ivoire que :

les facteurs d'organisation scolaire contribuent à expliquer la variabilité des acquis des élèves, mais seulement en partie. (...) L'effet classe (l'appartenance à une classe particulière, et donc la manière dont elle est gérée) apparait prépondérant, et révèle l'importance de la gestion pédagogique. Les différences régionales ne compteraient que pour 10%.44

7.3.3. Réussite scolaire et facteurs organisationnels

L'organisation en tant que processus est, selon ANY-GBAYARE (1998), « la meilleure combinaison des étapes nécessaires à la réalisation d'une tâche. 45» Dans cette optique, l'auteur privilégie le « modèle participatif » de la gestion d'une organisation au détriment des modèles classiques que sont la centralisation, la déconcentration et la décentralisation. Le modèle participatif propose un organigramme où la hiérarchie est atténuée au profit des objectifs ; ce faisant, le gestionnaire fait participer tous les acteurs à la définition des objectifs et à l'évaluation des actions. Un tel modèle est supposé intégrer la participation de la communauté éducative entière dans la gestion.

Selon le MEN du Sénégal et AFD (2012), à l'issue de la Conférence des Ministres de l'Education des Etats Africains ayant en partage le Français (MINEDAF VI), les Etats ont convenu de mettre l'accent sur « l'amélioration de la gestion scolaire 46» vu que les échecs des systèmes éducatifs sont principalement imputables à la gestion du projet d'école. Pour ce faire, l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) propose une nouvelle organisation scolaire basée sur des unités de gestion issues des communautés locales.

44 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 120 -121

45 S. ANY-GBAYERE, 1998, Management de l'éducation : Aspects techniques, Abidjan, pp. 6970

46 MEN Sénégal et AFD, 2012, Guide des bonnes pratiques en matière de projet d'école et projet d'établissement, Sénégal, MEN, p.10

32

Le MEN du Sénégal et l'AFD (2012) présentent le référentiel régional des

projets d'école élaboré en 2011 par des experts du Sénégal, de la Guinée, du Niger

et du Mali en vue de « capitaliser les bonnes pratiques.47» Ce référentiel recom-

mande de :

- mettre en place un cadre juridique et institutionnel des projets d'école ;

- prendre des mesures visant à faciliter la participation communautaire et

l'amélioration des apprentissages ;

- renforcer le curriculum scolaire tout en l'adaptant à la culture locale des

apprenants ;

- élaborer des supports d'animation convenables aux comités de gestion de

l'école ;

- renforcer les capacités des acteurs de l'école par des formations ;

- accompagner les comités de gestion de l'école ;

- initier des activités de mobilisation des ressources financières;

- proposer des plans d'actions conformes aux capacités internes de la com-

munauté ;

- garantir la mise en oeuvre effective du projet école ;

- inciter les communautés à proposer des actions qui n'exigent pas nécessai-

rement la mobilisation de ressources financières ;

- développer des modes de financement alternatifs de l'école.

En définitive, ces mesures visent principalement, la participation communautaire comme point clé d'intervention en vue d'améliorer la gestion du projet d'école. La question organisationnelle renvoie aussi à la problématique de l'effet établissement. Pour mettre ce facteur en évidence, LEGER (2002)48 relève les différences de réussite qui peuvent exister entre des élèves « strictement identiques » et appartenant à des établissements de même statut (ZEP). Il précise que ces différences sont le fait de « l'effet établissement » qui est « l'effet propre de l'organisation interne de l'école sur la performance ou la réussite de l'élève. Cet

47 MEN Sénégal et AFD, 2012, op. cit., pp. 11-12

48 A. LEGER, 2002, Construire l'école de la réussite pour les élèves des milieux populaires notamment ceux inscrits en ZEP, intervention au congrès du syndicat des enseignants SE-UNSA de Martinique, 14, 15 et 6 octobre , Fort de France, pp. 9-10

33

auteur soutient également qu'il existe des différences de réussite entre des élèves « strictement identiques » selon le secteur d'éducation (secteur public ou privé) ; il nomme ce phénomène « l'effet secteur ».

Pour GAUTHIER (2006)49, les travaux pertinents considérant le milieu so-cio-familial comme déterminant de la réussite ne doivent pas occulter le rôle important des enseignants et des écoles dont la dynamique reste encore à déterminer. Cet « effet établissement » nous semble important dans le cas des classes passerelles au regard des différences de performance observées. Il prend en compte trois aspects de la gouvernance du projet école à savoir la mise en place, la gestion du projet et la participation communautaire.

La question organisationnelle a également été abordée par la théorie des parties prenantes (stakeholders). Selon CAZAL (2011), FREEMAN, le précurseur de ladite théorie, la définie comme « tout groupe ou individu qui peut affecter l'atteinte des objectifs de l'entreprise ou être affectée par celle-ci. 50 » Une telle approche invite à intégrer dans la gestion stratégique de l'entreprise les variables sociopolitiques au lieu de se limiter aux seuls actionnaires dans une approche classique. Elle s'inscrit dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises alliant éthique et gestion dans une dynamique de négociation dans un environnement d'ouverture. La question centrale de cette théorie est selon EVAN et FREEMAN (1983) « au profit de qui et aux dépends de qui doit-elle être gérée ? 51» Dans la vision de la théorie des parties prenantes, l'école doit être perçue comme une organisation qui doit satisfaire les besoins des usagers qui sont les différents acteurs de l'éducation (élèves, parents, enseignants, administration et financiers). Toute cette littérature pourrait permettre de comprendre les scores réalisés par les facteurs liés à l'organisation des classes passerelles.

49 C. GAUTHIER, 2006, « Réussite scolaire et réformes éducatives. Pourquoi est-il si difficile de rendre nos systèmes éducatifs plus performants pp. 10-11 ? » in http://www.ccl-cca.ca/pdfs/ Mi-nerva/MinervaGauthierFrancaisFINAL.pdf, consulté le 01 juin 2015.

50 D. CAZAL, 2011, « RSE et théorie des parties prenantes : les impasses du contrat », Revue de la régulation, in : http://regulation .revues.org/9173., consulté le 31 janvier 2016

51 W. EVAN et E. FREEMAN, 1983, «Stakeholder theory of the modern corporation : Kantian capitalism», Ethical theory and business, Englewood Cliffs, NJ: Prentice Hall, p. 75-84

34

7.3.4. Réussite scolaire et facteurs pédagogiques

7.3.4.1. Réussite scolaire et programme scolaire

GIMENO (1984) relève que les programmes scolaires font l'objet de vives critiques à travers leurs contenus pour les raisons suivantes : « ils n'intéressent pas les élèves, d'où l'indifférence de ceux-ci ou leurs réactions hostiles ; ils ont un caractère encyclopédique ; enfin certaines connaissances exigées manquent de pertinence, d'utilité de valeur formative. 52» En sus, GIMENO constate que les critiques formulées à l'encontre des contenus montrent leur rigidité qui ne laisse aucune possibilité à l'enseignant de les adapter aux « aptitudes, centres d'intérêt et rythmes d'apprentissage des élèves ainsi qu'aux caractéristiques des milieux local et régional. 53» Ce faisant, cet auteur pose le problème de l'inadaptabilité des programmes scolaires en Afrique. Il abonde dans le même sens que KI-ZERBO (1972)54 et M'BOW (1974)55 qui relevaient déjà cet aspect au cours des années 1970.

D'HAINAUT (1979) montre que les contenus n'ont de sens que par rapport aux objectifs du programme. Aussi suggère-t-il que les curricula soient plutôt élaborés « en fonction des niveaux des apprenants 56» qu'en fonction des disciplines enseignées. Selon PERRENOUD (1989), « le choix des contenus inappropriés et les programmes surchargés contribuent à l'échec scolaire.57» Cela suppose que la réussite scolaire exige des contenus et des programmes convenables au statut des apprenants en termes de niveau et d'âge. Ainsi, voulant relever l'effet des normes de l'évaluation sur la réussite scolaire, PERRENOUD affirme que celle-ci parti-

52 J. B. GIMENO, 1984, L'échec scolaire dans l'enseignement primaire : moyens de le combattre, Paris, UNESCO, p. 54

53 ibidem

54 J. KI-ZERBO, 1972, « Education et Développement », Perspectives. Paris, Unesco, volume II, 4, p. 461, 466. Cité par J. B. GIMENO, 1984, pp. 54-55.

55 A-M. M'BOW, 1974, Discours de M. Amadou -MahtarM'bow , Directeur Général de l'Unesco à la deuxième réunion des ministres des Caraîbes chargés des questions relevant des domaines de compétence de l'Unesco. Paris, UNESCO, pp. 2-3. Cité par José Blat Gimeno, 1984, p. 54

56 L. D'HAINAUT, 1979, Programmes d'études d'éducation permanente. Paris, UNESCO, p. 95, cité par J. B. GIMENO, 1984, p.55

57 Ph. PERRENOUD, 1989, « La triple fabrication de l'échec scolaire », Psychologie française, n° 34/4, 1989, pp. 237-245.

35

cipe à « la fabrication de l'échec scolaire selon son contenu, sa structuration et son découpage 58»

Dans la même veine, GRISEY (1987) montre la pertinence d'un contenu d'évaluation standardisé. Selon cet auteur, une telle démarche permettrait aux instituteurs de « modifier positivement la carrière scolaire de bon nombre d'élèves. 59» La variable « programme scolaire » des classes passerelles reste un facteur d'influence qui mérite d'être analysé au regard de sa spécificité.

7.3.4.2. Réussite scolaire et méthode d'enseignement

Le terme « méthodes d'enseignement » équivaut aux « pratiques d'enseignement » ou « méthodes pédagogiques » selon les auteurs. Toutes ces expressions désignent ce que l'enseignant fait en classe pendant le processus d'enseignement-apprentissage. TALBOT (2012) explique que bon nombre d'auteurs ont relevé « les pratiques d'enseignement comme responsables des difficultés d'apprentissage 60», montrant ainsi les limites des théories fondées sur l'apprenant et son milieu social. Désormais, c'est la consécration de « l'effet-maître ». Il s'agit, pour les chercheurs, d'élaborer des pratiques d'enseignement susceptibles de faire face aux difficultés d'apprentissage tout en mettant l'accent sur la relation maître-élève. En définitive, TALBOT soutient qu'aucune méthode ne s'est avérée convenable à toutes les situations puisqu'elles sont diverses et variées. Il préconise donc des pratiques d'enseignement selon les situations d'enseignement-apprentissage. Il résume son propos termes : « les pratiques enseignantes sont ajustées, transformées, transformatrices en fonction des contraintes situationnelles rencontrées durant les différentes phases de l'enseignement proprement dit (...) 61»

58 P. PERRENOUD, 1989, op. cit., pp. 237-245.

59A. GRISAY, 1987, « La pédagogie de maîtrise face aux rationalités inégalitaires des systèmes d'enseignement », Maîtriser les processus d'apprentissage. Fondements et perspectives de la pédagogie de maîtrise, Paris, Delachaux et Niestlé, 1987, pp. 235-265.

60 L. TALBOT, 2012, Pratiques d'enseignement et difficultés d'apprentissage, Toulouse, Edition Erès, pp. 9-11

61 idem, p. 15

36

Relativement à la méthode d'enseignement, GAUTHIER et DEMBELE (2004) ont présenté la conclusion des décennies de recherche en ces termes : « ce que les enseignants font en classe est sans conteste le premier des déterminants scolaires de l'apprentissage et de la réussite des élèves. 62» Ces derniers confirment donc la prééminence du facteur « gestion de la classe » tout en mettant l'accent sur les conditions optimales d'apprentissage qui incluent :

des enseignants compétents, un curriculum pertinent, un environnement scolaire sûr et ayant des ressources pédagogiques suffisantes, l'utilisation optimale du temps imparti, un dispositif d'évaluation, des apprentissages bien conçus et bien gérés, des ratios élèves/maître et élèves/classe raisonnables et des apprenants bien nourris, en bonne santé et n'ayant pas à

parcourir de trop longues distances à pied pour se rendre à l'école et en retourner.63

Dans leur célèbre rapport de 1966, après avoir démontré le niveau de corrélation élevé entre les milieux défavorisés et les difficultés scolaires, COLEMAN et al (1966) ont également noté que, « peu importe le groupe ethnique de l'élève, les bons enseignants ont une influence plus grande sur la réussite d'élèves issus de milieux socio-économiquement faibles. 64» Ces chercheurs montrent encore une fois le rôle important de l'enseignant dans la réussite scolaire avec un accent particulier sur le cas des élèves issus des milieux défavorisés.

Sur la base de bon nombre de recherches qui convergent sur le rôle capital de l'enseignant dans la réussite scolaire, GAUTHIER et al (2004) concluent « qu'en améliorant les pratiques pédagogiques, on peut améliorer le rendement scolaire des élèves plus spécifiquement celui des élèves issus des milieux socioé-conomiques faibles.65» Cette conclusion débouche sur la problématique des approches pédagogiques efficaces ayant le plus d'impact significatif sur la performance scolaire. En d'autres termes, l'intervention efficace de l'enseignant est aussi tributaire de l'approche pédagogique que celui-ci utilise.

62 C. GAUTHIER et M. DEMBELE, 2004, Qualité de l'enseignant et qualité de l'éducation : revue des résultats de recherche. UNESCO, p. 1

63 ibidem

64 J. S. COLEMAN et al, 1966, Equality of educational opportunity, Washington D.C., U.S. Government Printing Office, cité par C. GAUTHIER et M. DEMBELE, 2004, op. cit., p. 2

65 idem, p. 9

37

Sur cette question, il n'existe pas une solution unique pour tous car dans sa mise en oeuvre, la réussite d'une approche pédagogique dépend d'une multitude de facteurs qui incluent le contexte de sa mise en oeuvre et la formation des enseignants eux-mêmes. C'est dans cette logique que BRESSOUX (1994) tout en reconnaissant la prédominance de l'effet-maître, recommande « une prise en compte des contraintes de toute sorte 66» à savoir celles provenant:

- de l'école ;

- des collègues de l'école ;

- des parents d'élèves ;

- des élèves.

C'est en tenant compte de toutes ces contraintes que l'enseignant doit tenir la classe ; en d'autres termes, la performance de l'enseignant est le résultat des contraintes environnementales et institutionnelles. CRAHAY (1989) l'exprime si bien en ces termes à travers le postulat de DOYLE et PONDER (1977) : « En classe, ce n'est pas le maître qui contrôle la situation, mais c'est la situation qui contrôle le maître. 67» Cette citation illustre bien l'impact du contexte d'apprentissage sur les enseignements. C'est pour cette raison que BRESSOUX (1994) affirme, contrairement aux courant sociologique de COLEMAN et al (1966) que : « (...) tout ne se joue pas dans le milieu familial (...) l'école joue un rôle autonome sur les acquis des élèves. 68»

Au regard de cette littérature, la méthode d'enseignement est retenue comme un facteur susceptible d'être déterminant dans l'efficacité des classes passerelles.

66 P. BRESSOUX, 1994, « Recherches sur les effets-écoles et les effets-maîtres » Révue française de pédagogie. n°108 ? Juillet-août-septembre 1994, p. 96.

67 W. DOYLE et G. A. PONDER, 1977, «The praticality ethic in teacher decision making» interchange, cité par P. BRESSOUX, 1994, op. cit., p. 96

68 idem, p. 127

38

7.3.4.3. Réussite scolaire et qualification des enseignants

La qualification des enseignants contribue sans doute à la réussite scolaire comme l'ont indiqué COLEMAN et al (1966)69. Cette qualification s'acquiert à travers une formation initiale et une formation continue. Cela implique une adéquation entre celles-ci et le projet établissement. Pour atteindre cet objectif, selon PERRENOUD (1996), il convient de prendre en compte un certain nombre de questions relatives à la structure de la formation initiale, l'articulation entre celle-ci et la formation continue et la nature des compétences à acquérir en tant que professionnel. Pour lui, une réforme de la formation des enseignants passe par un changement de paradigme à savoir :

ne plus former les maîtres à appliquer une méthode orthodoxe, mais à construire leur enseignement en s'appuyant certes sur une connaissance des méthodes et dispositifs de formation reconnus, mais surtout sur une analyse des besoins, des envies, des attitudes, du niveau de leurs élèves aussi bien que des conditions de travail, des contraintes et des ressources qu'offre un établissement particulier dans un environnement particulier. 70

Ce changement de paradigme renvoie au « savoir-analyser » d'ALTET (1994)71 et à la « pratique réflexive » de SCHÖN (1983)72. Dans ce schéma, l'enseignant n'a plus la possibilité de justifier ses insuffisances en se retranchant derrière des pratiques reçues de l'institution et il assume pleinement la responsabilité des choix opérés.

SANDERS et RIVERS (1996) relèvent la « valeur ajoutée » de l'enseignant dans l'enseignement en ces termes : «the most important factor affecting student learning is the teacher (...) If the teacher is ineffective, students under that teach-

69 J. S. COLEMAN et al, 1966, cité par C. GAUTIER et M. DEMBELE, 2004, op.cit., p. 2

70 P. PERRENOUD, 1996, « Le rôle de la formation des enseignants dans la construction d'une discipline scolaire : transposition et alternance », Éducation physique et sportive. La formation au métier d'enseignant, Paris, Editions de la Revue Education physique et sport, Dossiers EPS n° 27, pp. 49-60.

71 M. ALTET, 1994, La formation professionnelle des enseignants, Paris, PUF, pp. 145-146.

72 D. SCHÖN, 1983, The Reflective Practitioner, New York, Basic Books, traduction française du Laboratoire de recherché Innovation-formation-Education, 1993, « Le praticien réflexif. À la recherche du savoir caché dans l'agir professionnel, Montréal, Les Editions Logiques, » in http://www.unige.ch/fapse/life, consulté le 15 mai 2014.

39

er's tutelage will achieve inadequate progress academically. 73» Les recherches de ces auteurs démontrent que «l'effet enseignant» est le facteur d'influence le plus important sur la performance des apprenants. Ces auteurs montrent, par ailleurs, que les élèves en difficultés sont les plus grands bénéficiaires de cet «effet enseignant» lorsque l'enseignant est performant. C'est à juste titre que les élèves subissent également l'effet négatif d'un enseignant moins performant. C'est l'avis de RIVKIN et al (2003) qui l'expriment en ces termes :

our estimates (...) reveal the effects of teacher quality to be substantial even ignoring any variations across schools. They indicate that having a high quality teacher throughout elementary school can substantially offset or even eliminate the disadvantage of low socio-economic background. 74

RIVKIN et al montrent bien dans leur étude, l'apport substantiel de la qualité pédagogique de l'enseignant dans la réussite scolaire des élèves d'origine so-cioéconomique défavorisée. Ils considèrent ainsi le facteur qualité de l'enseignant comme capable d'éliminer les inégalités d'apprentissage liées à l'origine socioé-conomique des élèves de l'école primaire.

7.3.5. Réussite scolaire et facteurs sociaux et individuels (aptitudes) 7.3.5.1. Théories classiques des facteurs sociaux

Les théories classiques de la sociologie de l'éducation établissent un lien entre l'origine socioéconomique et la réussite scolaire. On distingue parmi ces théories :

- le fonctionnalisme et le structuro-fonctionnalisme qui attribuent à l'école une fonction sociale. Ces courants de pensées sont fondés sur la conception de l'éducation selon DURKHEIM. En effet, DURKHEIM, le but de l'éducation est de répondre aux attentes du milieu de vie de l'enfant. Ce courant prôné par PARSONS, BELLA et VAN ZANTEN. FADIGA (2002) résume le concept du fonctionnalisme en ces termes : « l'éducation

73 W. L. SANDERS et J. C. RIVERS, 1996, Cumulative and residual effects of teachers on future student academic achievement, Knoxville, Tennessee, University of Tennessee Value Added research and assessment Center, Cités par C. GAUTHIER et M. DEMBELE, 2004, op. cit., p. 6

74 S. G. RIVKIN et al, 2003, «Teachers, schools and academic achievement» in http://www. smen-tic scholar.org, cités par C. Gauthier et M. Dembélé, 2004, op. cit, P. 8

40

est un instrument de reproduction des structures et des hiérarchies sociales. 75» ;

- le conflictualisme impute à l'école, la responsabilité de reproduire et de perpétuer le rapport conflictuel de la classe dominante et la classe dominée dans la société. La première exerce ainsi, une violence symbolique sur la seconde en lui imposant son idéologie à travers l'école. Ce courant est défendu par WEBER, BAUDELOT, ESTABLET, BOURDIER et PASSERON ;

- et la théorie des acteurs voit en l'école un espace pour les stratégies d'acteur, c'est-à-dire que les individus décident, en fonction de leurs intérêts et des enjeux. Dans ce paradigme, l'acteur est situé dans un milieu social qui est un point de référence à partir duquel l'agent s'efforce de faire ses calculs. En d'autres termes, les inégalités sociales ont, une fois encore, une influence sur les motivations et les choix des individus. Ce courant est valorisé par BOUDON, TOURAINE et DUBET.

Dans un article relatif à la question de l'échec scolaire, TOURE (2017) résume ses théories sociologiques en ces termes :

L'échec scolaire ou la réussite scolaire sont appréhendés par les sociologues de l'éducation à travers la thématique des inégalités face à l'école. Ces inégalités ne sont pas forcément créées par l'institution scolaire. Elles sont parfois inhérentes au milieu social d'où proviennent les élèves. Leurs manifestations sur la scène scolaire sont, toutefois, identifiables dans les accès, les parcours et les sorties du système. Certains sociologues ont, ainsi, montré que les inégalités de réussite scolaire sont liées à l'origine sociale ou familiale (Bourdieu et Passeron, 1964, 1970). (...) Selon cette théorie de la reproduction sociale par l'école, les faibles chances de réussite scolaire des enfants issus de milieux défavorisés se justifient par le manque ou la faiblesse du capital culturel et du capital économique de leurs familles. D'autres ont expliqué ces inégalités par le fonctionnement du système scolaire lui-même (Baudelot et Establet, 1971). Pour eux, c'est l'école elle-même qui crée les inégalités de réussite à travers la mise en place de deux réseaux dans les parcours scolaires. Il s'agit des réseaux P-P (Primaire-professionnel) et S-S (Secondaire-Superieur). (...) les enfants issus des milieux populaires sont plus nombreux à emprunter le réseau P-P qui correspond, en fait, à des cycles courts de formations professionnelles, aboutis-

75 K. FADIGA, 2002, De la sociologie de l'éducation aux politiques nationales d'éducation. Dakar, ENS, p. 21

41

sant, pour la plupart, à des emplois d'ouvriers. Le S-S est, quant à lui, emprunté très largement par les enfants des familles favorisées.76

Pour cet auteur, ce cas l'échec scolaire en France peut aider à une meilleure compréhension du cas de la Côte d'Ivoire.

7.3.5.2. Modèle de l'empathie et l'avantage stratégique

Au-delà des théories classiques, les études de MEURET et MORLAIX (2006) ont permis de dégager trois catégories de variables relatives aux facteurs externes d'influence sur la performance scolaire. Ils concluent ainsi :

on peut considérer que trois grands types de variables externes sont mobilisées par les théories explicatives des inégalités sociales devant l'école : - l'ambition, la volonté, l'habitus (« C'est pour moi » ou « Ce n'est pas pour moi »)

- la proximité de la culture de la maison et de celle de l'école (capacité d'aide, communication culturelle, etc.)

- les ressources financières, à travers les conditions matérielles de travail à la maison (Goux et Maurin, 2005) ou (...) à travers la dis-

position à supporter le risque et le coût d'opportunité d'une scolarité longue. 77

Dans ce passage, à l'instar des théories classiques, la catégorie socioprofessionnelle, l'héritage culturel et les caractéristiques individuelles sont pris en compte ainsi que d'autres éléments additionnels comme «la communication culturelle» et «le sentiment d'appartenance». MEURET et MORLAIX présentent deux modèles des inégalités de réussite scolaire selon les pays, à savoir : le modèle de l'empathie et l'avantage stratégique

Dans le premier modèle où les classes élevées ou dominantes parviennent à imposer leur culture à l'école, les ressources culturelles, la communication culturelle et le sentiment d'appartenance varient en fonction de la position sociale et lesdits variables ont une forte influence sur la performance scolaire. Le second cas s'inspire de la pensée de PARSONS qui définit l'éducation à partir des besoins de

76 K. TOURE, 2017, « Lutte contre la déscolarisation dans l'enseignement primaire : les cantines scolaires en Côte d'Ivoire » European Scientific Journal, Vol. 13, N°35, p. 235, in URL : http://dx.doi.org/10.19044/esj.2017.v13n35p234, consulté le 17 juillet 2019.

77 D. MEURLET et S. MORLAIX, 2006, « L'influence de l'origine sociale sur les performances scolaires : par où passe-t-elle ? », Revue française de sociologie, 2006/n°1, vol. 47, pp. 49-79

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l'économie et du fonctionnement social. Ainsi, selon ce modèle, « dans ces pays, l'avantage donné aux classes favorisées par la congruence entre leur culture et l'école aurait diminué d'importance, mais de façon non prévue par PARSONS, pour conserver leur avantage dans la compétition scolaires.78 »

7.3.5.3. Théorie de la résilience scolaire

LAROSE et al (2001) expliquent que la résilience scolaire est le fait que « face au risque d'inadaptation scolaire, certains élèves exposés d'emblée à l'échec scolaire s'en sortent finalement contre toute attente. 79» S'appuyant sur une publication d'ANTHONY (1974), ils montrent que la résilience a d'abord été « assimilée à l'invulnérabilité vis-à-vis des stresseurs engendrés par l'environnement ; c'est la résilience état. 80» Puis le concept a connu une dynamique avec d'autres auteurs comme MASTEN et al (1990) qui la conçoivent comme « la capacité d'atteindre une adaptation fonctionnelle malgré des circonstances adverses ou menaçantes. 81» GARMERY et al (1984) distinguent trois modèles théoriques de la résilience à savoir « les modèles compensatoires, les modèles de protection et les modèles de défi. 82». Selon lui, ces modèles sont tous basés sur les interactions entre l'enfant et son environnement,

A travers le modèle compensatoire, les caractéristiques personnelles ou familiales de l'enfant lui permettent de « compenser les situations adverses de son environnement.83» En d'autres termes, le facteur de risque est annihilé par le facteur de protection. Dans le modèle de protection, c'est l'interaction entre « les

78 D. MEURLET et S. MORLAIX, 2006, op. cit., pp. 49-79

79 F. LAROSE et al, 2001, « La résilience scolaire comme indice d'acculturation chez les autochtones : bilan de recherche en milieu innus » Revue des sciences de l'éducation, Volume 27, Numéro 1. pp. 151-180

80 E. J. ANTHONY, 1974, « The syndrome of the psychologically invulnerable child » The child in his family. Volume III, p. 3-10

81 A. S. MASTEN et al, 1990, «Resilience and development. Contribution from the study of children who overcome adversity» Development and Psychopathology, pp. 425-444. Traduit par F. LAROSE et al, 2001.

82 N. GARMEZY et al, 1984, «The study in children: A building block for development psychology», Child développent. p. 55, 97-111, traduit par F. LAROSE et al, 2001.

83ibidem

43

facteurs de risque et de protection84 » qui a un effet sur l'adaptation. Enfin, dans le modèle défi « le facteur de risque engendre le stress dont les effets sont positifs sur l'adaptation scolaire en ce sens que l'enfant utilise les compétences acquises pour réagir positivement dans des situations ultérieures. 85»

Ces différentes théories pourraient aider à mieux comprendre le score enregistré par la variable origine socio-économique dans la hiérarchisation des facteurs d'influence de la performance des classes passerelles.

7.3.5.4. Réussite scolaire et âge des apprenants

En prélude à la problématique de l'âge et la performance scolaire de l'apprenant, se pose la question du développement cognitif de l'enfant, un sujet développé par PIAGET (1969) qui est cité par GBATI (2007). Celui-ci exprime sa pensée comme suite : « On ne peut apprendre n'importe quoi à n'importe quel âge et on doit tenir compte des aptitudes réels des enfants à chaque période. 86» Il traduit en substance la pensée de PIAGET par le fait que l'intelligence est en construction et doit traverser des stades dont les contenus ne sont pas définitivement acquis ou déterminés. L'âge constitue un facteur déterminant de ces stades.

GBATI relève que la corrélation entre l'âge et la réussite scolaire de l'apprenant se résume à la question de savoir si les apprenants les plus âgés d'une classe ont les meilleurs acquis scolaires ou les meilleurs résultats. De manière générale, deux thèses se dégagent à savoir :

- la différence d'âge comme facteur favorisant la réussite scolaire ;

- l'âge comme facteur secondaire dans la réussite scolaire.

Ces deux thèses permettent de cerner la relation entre la performance scolaire et l'âge de l'apprenant.

84 N. GARMEZY et al, 1984, op. cit., p. 111

85 ibidem

86 K. Y. GBATI, 2007, « Scolarisation au CP1 et performances scolaires des élèves au cours primaire à Lomé au Togo » Revue du CAMES. Nouvelle série B, Vol. 008 N°1, p.338

44

8. La valeur ajoutée

Du point de vue scientifique, cette étude contribue d'abord, à mettre à disposition des chercheurs des informations sur les alternatives éducatives et les dispositifs d'éducation d'urgence que constituent les classes passerelles. Ensuite, l'identification des facteurs d'influence de la réussite scolaire et leur mise en relation contribuent à une meilleure compréhension du phénomène de l'échec scolaire dans les milieux de l'étude. Enfin, l'étude explique dans quelle mesure les classes passerelles constituent des palliatifs aux insuffisances du système scolaire ou des instruments de renforcement de la scolarisation et de l'alphabétisation en Côte d'Ivoire. Cet objectif pourrait être réalisé à travers les atouts que ces dispositifs présentent en terme curriculaire pédagogique et organisationnel tout en remédiant aux dysfonctionnements relevés.

Du point de vue social, l'étude confirme que les classes passerelles, en tant que dispositif d'éducation d'urgence, permettent de promouvoir le droit à l'éducation en situation de crise et offrent aux populations déplacées une prise en charge scolaire gratuite. L'étude démontre également que les classes passerelles contribuent à réduire les phénomènes de déscolarisation, d'analphabétisme et les difficultés d'accès à l'école. Cela en droite ligne de l'éducation pour tous.

9. Approche conceptuelle

Cette section définit les termes clés de l'étude. Ce sont : l'éducation d'urgence, l'alternative éducative, les classes passerelles, les stratégies de scolarisation accélérées, la gouvernance scolaire, les résultats scolaires et la réussite scolaire.

9.1. Education d'urgence

Pour Inter-agency Network for Education in Emergency (INEE) (2004), le terme « situation d'urgence » est un générique utilisé pour couvrir deux grandes catégories de situation, à savoir « les catastrophes naturelles et les cas d'urgence

45

complexes.87» Les catastrophes naturelles sont causées par la nature elle-même. Ce sont entre autre, les ouragans, les typhons, les séismes, les sécheresses et les inondations. Les cas d'urgence complexes sont des situations créées par l'homme et résultant souvent de conflits et de troubles civils qui peuvent être aggravées par une catastrophe naturelle.

Selon STORTI (2004) « les situations d'urgence, de crise ou de post-crise échappent au fonctionnement ordinaire, qu'il s'agisse de catastrophes naturelles ou de conflits. 88» Si les situations peuvent être variables et si chacune a ses spécificités, quelques caractéristiques, cependant, sont récurrentes ; il s'agit de la cessation de fonctionnement des services publics de base comme les hôpitaux et les écoles, des difficultés d'approvisionnement, des déplacements des populations, des destructions des biens privés et des infrastructures, etc. Les actions d'assistance s'effectuent alors avec beaucoup de difficulté.

9.2. Classes passerelles

Selon un article publié par l'ONG EPT (2008), la classe passerelle est « une classe unique récupérant des déperditions scolaires pour formation spéciale et réinsertion dans le système formel ; les enseignants, appelés animateurs sont à la charge de la communauté appuyée par l'ONG et le bailleur de fonds. 89» Il est à noter qu'en plus des élèves issus des déperditions scolaires, la classe passerelle a également des enfants non scolarisés.

Pour les promoteurs de la classe passerelle (l'ONG EPT et UNICEF), c'est un dispositif qui s'inscrit dans un processus de scolarisation accélérée. C'est une école créée généralement par des communautés ou des organisations non gouvernementales pour faire face au besoin éducative des enfants non scolarisés ou dé-

87 INEE, 2004, Normes minimales d'éducation en situation d'urgence, de crises et de reconstruction, Londres, DS Print/Redesign, pp.7-8

88 M. STORTI, 2004, « Education en urgence, Urgence de l'éducation », Droits Fondamentaux, N° 4, janvier-décembre.

89 EPT, 2008, Projet de création de 50 classes passerelles dans la DREN d'Odienné, Bouaké, EPT, p. 19

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scolarisés. Le dispositif est conçu à l'origine pour les enfants âgés de neuf à quatorze ans. Ce type d'école ne figure pas sur la carte scolaire officielle du pays. La classe passerelle a pour objectif, l'intégration des enfants déscolarisés et non scolarisés dans le système scolaire officiel.

Les classes passerelles se présentent donc comme un programme d'éducation d'urgence basé sur l'apprentissage accéléré. En Côte d'Ivoire, la classe passerelle offre aux enfants âgés entre neuf et quatorze ans qui n'ont pas eu accès à l'éducation ou les enfants descolarisés, la possibilité de faire les deux classes d'un cycle (Cours Préparatoire, Cours Elémentaire ou Cours Moyen) en une année scolaire afin de combler un retard scolaire et poursuivre leur scolarité dans le secteur public. Cette initiative entre dans le cadre des offres alternatives d'éducative et ces écoles sont considérées comme des classes à « profil spéci-fique.90 »

9.3. Stratégies de scolarisation accélérée (SSA)

Pour l'ONG nigérienne VIE KANDE NI BAYRA (2009) « la Stratégie de Scolarisation Accélérée (SSA) est un programme alternatif éducatif 91». Il a pour objectif de faciliter aux enfants de neuf à douze ans l'accès à une éducation de qualité. La force et la dynamique du programme dans sa mise en oeuvre résident dans le fait que les acteurs mettent en synergie leurs actions qui concourent à la réalisation des objectifs du projet. Ce type de programme a été exécuté pour la première fois en 2006 au Niger, au Mali et au Burkina Faso grâce au financement d'une ONG norvégienne dénommée la fondation STRÖMME. KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2016) notent que :

la Stratégie de Scolarisation Accélérée/Passerelles (SSA/P, promue par la

Fondation Str?mme) de deux niveaux a été mise en oeuvre pour SSA/P1 d'un an au Mali et au Burkina Faso alors que le SSA/P2 de deux ans a été mis en

90 Profil spécifique : selon le MENET et NRC, 2015, le terme renvoie à toutes les formes d'écoles ayant une cible spécifique ou utilisant des méthodes alternatives pour enseigner.

91 VIE KANDE NI BAYRA, 2009, « les classes passerelles » in http://www.viebayra.org, consulté le 29 Novembre 2012.

47

oeuvre au Niger. A l'issue du cursus, l'élève passe le Certificat de Fin d'Etudes du Premier Cycle (CFEPD). 92

9.4. Réussite scolaire

Le concept de résultat scolaire ramène à la notion d'évaluation et de performance scolaire. Ainsi considéré, le résultat scolaire est le résultat de l'évaluation des apprenants à l'école sur les acquis d'un programme scolaire ou de formation. La variable résultat s'exprime généralement en deux modalités qui sont la réussite et l'échec. Cette évaluation peut être formative ou sommative. On distingue également les évaluations nationales et les évaluations non nationales.

Selon ROBERT NE, cité par COUTURIER (2014), la performance est « le résultat de l'action93 » qui est généralement quantifiable. Il souligne la variabilité de la performance et de la signification du résultat pour aboutir à la conclusion que la performance devrait inclure d'autres variables que « le résultat mesuré ou quantifié 94».

« Le résultat scolaire est l'expression de la performance scolaire.95 » C'est l'avis des Partenaires pour la Réussite Educative en Estrie (PRÉE) et celui des Partenaires pour la Réussite Educative dans les Laurentides (PREL). Ceux-ci affirment, au bout de leurs recherches, que le résultat représente un indicateur de la réussite scolaire. C'est ainsi que DE LANDSHEERE (1992) définit la réussite scolaires comme : « une situation où un objectif éducatif a été atteint 96». Pour BOUCHARD et ST AMAN, (1996), la réussite scolaire est « l'atteinte d'objectifs

92 A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, « Offre d'alternatives éducatives en Afrique de l'ouest : Enjeux et pertinence pour les non scolarisés », l'éducation en débat : analyse comparée. N°7, pp. 78-79

93 C. COUTURIER, 2014, « Qu'est-ce que la performance scolaire ? » in http:/epset socié-té.fr/qu'est-ce-qu-une-performance, consulté le 30 août 2017.

94 ibidem.

95 PREE et PREL, « réussite scolaire » in http://reussitemonteregie.ca/problematique-societale/ consulté le 21 juin 2014.

96 G. DE LANDSHEERE, 1992, « Milieu familial et réussite scolaire p. 91 » in

http://www.memoireonline.com/02/09/1981/m_Milieu-familial-et-reussite-scolaire5.html, consulté le 21 juin 2014.

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de scolarisation, liés à la maîtrise de savoirs déterminés. C'est à dire au cheminement parcouru par l'élève à l'intérieur du réseau scolaire. 97»

Quant à PERRENOUD (2002), tout en admettant que la performance scolaire est un indice de la réussite scolaire, il propose deux définitions complémentaires ; l'une au niveau individuel et l'autre au niveau collectif. Au niveau individuel, « réussissent ceux qui satisfont aux normes d'excellence scolaire et progressent dans le cursus. 98,» Au niveau collectif « réussiraient les établissements ou les systèmes qui atteignent leurs objectifs ou les atteignent mieux que les autres. 99»

PERRENOUD précise que la complémentarité des deux définitions tient au fait que la réussite d'un établissement ou d'un système scolaire est la somme des réussites des individus qui composent celui-ci. La réussite scolaire est déterminée par les notes obtenues par les élèves du dispositif des classes passerelles lors de l'évaluation de fin d'année. Ces résultats d'évaluations font l'objet d'analyse eu égard aux taux de réussite particulièrement élevés dudit dispositif.

9.5. Education alternative ou alternative éducative

Selon KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2016), la notion d'éducation alternative désigne « toutes les approches pédagogiques qui diffèrent de la pédagogie traditionnelle. 100» Evoquant les caractéristiques de ce type d'éducation, KOFFI et RAKOTONDRAZAFY notent qu'il est « centré sur l'apprenant 101» qui participe à la construction des apprentissages, favorise son autonomie, développe la créativité et la personnalité, s'adapte au rythme de chaque apprenant tout en renonçant à l'esprit de compétition. Ces auteurs soulignent, également, que l'alternative éducative, par l'intégration de l'école à son milieu, constitue une ré-

97 P. BOUCHARD et J. C. ST-AMANT, 1996, p 4 » in http://www.memoireonline. com/02/09/1981/m_Milieu-familial-et-reussite-scolaire5.html, consulté le 21 juin 2014.

98 Ph. PERRENOUD, 2002, « Réussir à l'école, tout le curriculum, rien que le curriculum université de Genève, p.1, » Texte d'intervention dans le débat d'ouverture du 10ème colloque de l'association des cadres scolaires du Québec (ACSQ), Québec 27-29 Novembre 2002

99 idem, p.1

100 A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, op. cit., pp. 75-77

101 ibidem

49

ponse aux problèmes sociaux comme le chômage, la déscolarisation et les autres besoins immédiats des apprenants. Dans cette démarche d'adaptation de l'éducation au milieu socio-culturel et économique, « l'usage des langues maternelles des apprenants dans le processus d'apprentissage 102» constitue, selon AHÏDARA (2007), un moyen approprié. MBAYE (2010) quant à lui, qualifie l'éducation alternative « d'inclusive et évolutive 103» dans la mesure où elle « satisfait des besoins sociaux et se fonde sur la réappropriation de la fonction éducative par l'ensemble des acteurs concernés et impliqués 104»

KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2006) distinguent deux types d'alternatives éducatives à savoir celles qui ont une « visée d'intégration professionnelle 105» et celles qui ont pour objectif « l'intégration dans le système éducatif formel106». Appartiennent au premier type, les centres préprofessionnels, l'alphabétisation des adolescents, les écoles communautaires qui sont constituées de centres d'éducation au développement du Mali, d'écoles d'initiatives locales du Togo et des écoles communautaires de base du Sénégal.

Appartiennent au second type, les écoles satellites du Burkina Faso, les écoles de la seconde chance du Niger et de la Guinée, les écoles mobiles du Niger et du Mali et les écoles passerelles du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Bénin et de la Côte d'Ivoire. Les points communs à toutes ces alternatives éducatives sont la spécificité de leurs cibles, l'ancrage des apprentissages dans le milieu de vie et le développement du savoir-faire et du savoir-être, tout en mettant l'apprenant au centre du processus d'apprentissage.

102 Y. HAÏDARA, 2007, Education et langue nationales au Mali. Bamako, Centre de Ressources de l'Education Non formelle, cité par Adjimon KOFFI et Jocelyne RAKOTONDRAZAFY, 2016,

p. 77

103 M. MBAYE, 2010, Revue documentaire : vers un cadre conceptuel harmonisé ?, Dakar, Collectif National de l'Education Alternative Populaire. p. 9.

104 ibidem

105 A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, op.cit., pp. 78-80

106 ibidem

50

9.6. Gouvernance scolaire

La gouvernance, selon LALANCETTE (2014), se caractérise par son dynamisme social multidimensionnel. Elle renvoie ainsi, à des notions comme : « l'accès à l'information, lutte contre la corruption, ouverture et responsabilité, gestion efficace des ressources, culture professionnelle, reconnaissance des générations futures, protection de l'environnement et développement durable. 107»

Dans le prolongement de ce concept, selon LALANCETTE (2014), « la bonne gouvernance vise à rendre l'action publique plus efficace et proche du bien public et de l'intérêt général. 108» On distingue également la gouvernance scolaire qui est, selon LALANCETTE (2014),

une gouvernance de proximité qui se réalise à travers un système de gestion décentralisé où la régulation conjointe prend place entre les structures de différents paliers, incluant le niveau local. Elle permet ainsi un équilibre entre les mouvements ascendants et descendants du système de gestion. Elle mise sur la professionnalisation, l'autonomie et la responsabilisation des acteurs locaux de l'éducation. Elle oriente la mission de l'établissement autour de l'éthique, de la participation de la communauté, de l'équité et de la transparence, de l'innovation ainsi que du développement durable. Elle permet à l'établissement de se donner sa propre couleur, partant d'une mission commune (celle du système d'éducation) et d'une vision génératrice d'action (celle de l'équipe école), afin de répondre aux besoins des élèves, et ce, en fonction des spécificités de chaque milieu.109

La gouvernance met la direction d'établissement au coeur de la mission éducative. De ce fait, elle crée les conditions optimales et indispensables à la réalisation de cette mission. On distingue ainsi, deux types de gouvernances intégrées, à savoir la gouvernance stratégique et la gouvernance opérationnelle.

Selon LALANCETTE (2014), « La gouvernance stratégique est l'expression de décisions collectives. Elle se préoccupe de l'état de réalisation de sa mission, puis des enjeux et défis du milieu spécifique dans lequel elle se situe. 110» Elle prend en compte les axes comme la planification et

107 L. LALANCETTE, 2014, Gouvernance scolaire au Québec : Représentations chez les directions d'établissement d'enseignement et modélisation, Québec, Bibliothèque et archives nationales du Québec, p. 15

108 idem, p. 15

109 ibidem

110 idem, p. 17

51

suivi de la performance, la gestion axée sur les résultats, la reddition des comptes, la gestion des relations externes et communication, la gestion des partenaires internes et externes et le développement d'une organisation apprenante.

Toujours selon LALANCETTE, « La gouvernance opérationnelle concerne le processus d'opération avec comme résultat visé la réussite de son projet éducatif et comme finalité la réussite des élèves. Elle est prise en charge par l'équipe de direction de l'organisation, c'est-à-dire l'école.111 » Les axes d'intervention de la gouvernance opérationnelle sont : la gestion des ressources humaines, la gestion de l'environnement physique, la gestion des ressources financières, matérielles et informationnelles, la gestion de la vie étudiante, la gestion des technologies de l'information et des communications et la gestion des innovations pédagogiques. Selon le CONFEMEN (2007) :

la bonne gouvernance de l'école passe nécessairement par l'application des

principes d'éthique dans l'éducation, l'autonomisation et la responsabilisation des principaux acteurs, en particulier des chefs d'établissement sco-

laire, la culture de la concertation et du dialogue ainsi que la mise en valeur d'outils de pilotage. 112

La question de la gouvernance scolaire apparaît ainsi comme un élément-clé du bon fonctionnement du système éducatif. En conséquence, l'étude sur les classes passerelles devrait en tenir compte.

111 L. LALANCETTE, 2014, op. cit., p. 17

112 CONFEMEN, 2007, « Pour une nouvelle dynamique de la gestion scolaire » in http://www. confemen.org, consulté le 01 décembre 2017

52

II. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

1. Délimitation du champ de l'étude

1.1. Champ géographique

Les enquêtes ont porté sur un échantillon de six zones d'intervention des classes passerelles qui constituent des Directions Régionales de l'Education Nationale (DREN) en Côte d'Ivoire. Ces DREN sont Bouaké, Duékoué, Ferkessé-dougou, Man, Odienné et Séguéla. Leurs situations géographiques se présentent comme suit :

- DREN de Bouaké au centre dans la région de Gbêkê, une partie de l'ex-région de la vallée du Bandama, avec pour chef-lieu de la région de Bouaké ;

- DREN Duékoué à l'ouest dans la région du Guemon, une partie de l'ex-région des Montagnes ;

- DREN de Ferkessédougou au nord dans la région du Tchologo, une partie de l'ex-région des savanes, avec pour chef-lieu de région de Ferkessédou-gou ;

- DREN de Man à l'ouest dans la région du Tonkpi, ex-région des Montagnes, avec pour chef-lieu de la région de Man ;

- DREN d'Odienné au nord-ouest, chef-lieu de la région du Kabadougou, ex-région du Denguélé ;

- DREN de Séguéla au nord-ouest dans la région du Woroba, ex-Worodougou, avec pour le chef-lieu de Séguéla.

Le choix de ces DREN se justifie par le fait qu'elles ont abrité des classes passerelles gérées par les deux promoteurs EPT et NRC dans les zones CNO. Ces zones se composaient, jusqu'en 2011, de sept régions administratives sur les 19 que comptait la Côte d'ivoire. Il s'agit de la région des Savanes, du Denguélé, du Bafing, du Worodougou, du Zanzan, des Montagnes et de la Vallée du Bandama. La carte ci-dessous donne un aperçu de la zone géographique décrite.

53

Figure 1: la carte de la délimitation des zones Centre, Nord et Ouest en 2003

Source : Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest, 2003

La zone CNO, appelée « zone de guerre » en 2002/2003 ou plus tard, « zone ex-assiégée » (ZEA), compte sept régions administratives (les Savanes, la Vallée du Bandama, les Montagnes, le Zanzan, le Worodougou, le Denguelé et le Woro-dougou). En 2002, la zone CNO couvre une superficie de 174.673 km2 soit un peu plus de la moitié du territoire de la Côte d'Ivoire estimé à 322.463 km2. Elle compte 5.370.000 habitants soit moins d'un tiers de la population totale estimée à 18 millions en 2002. Les cartes suivantes nous donnent un aperçu zonal des six DREN.

54

Figure 2 : la carte de la région du Gbêkê

Source : Bureau National d'Etudes et de Développement (BNETD)/ Centre de Cartographie et de Télédétection (CCT), 2012.

La région de Gbêkê est au centre de la Côte d'Ivoire. Son chef-lieu de région est Bouaké. Elle comprend trois chefs-lieux de département et quinze chefs-lieux de préfecture. Cette région abrite la DREN de Bouaké.

55

Figure 3 : la carte de la région du Guemon

Source : Bureau National d'Etudes et de Développement (BNETD)/ Centre de Cartographie et de Télédétection (CCT), 2012.

La région du Guemon à l'ouest de la Côte d'Ivoire. Son chef-lieu de région est Duekoué. Elle comprend trois chefs-lieux de département et dix-huit chefs-lieux de préfecture ; c'est elle qui abrite la DREN de Duekoué.

56

Figure 4 : la carte de la région du Kabadougou

Source : Bureau National d'Etudes et de Développement (BNETD)/ Centre de Cartographie et de Télédétection (CCT), 2012.

La région du Kabadougou est au Nord-ouest de la Côte d'Ivoire. Son chef-lieu de région est Odienné. Elle comprend quatre chefs-lieux de département et huit chefs-lieux de préfecture. Cette région abrite la DREN d'Odienné.

57

Figure 5 : la carte de la région du Tchologo

Source : Bureau National d'Etudes et de Développement (BNETD)/ Centre de Cartographie et de Télédétection (CCT), 2012.

La région du Tchologo est au Nord de la Côte d'ivoire. Son chef-lieu de région est Ferkessédougou. Elle comprend deux chefs-lieux de département et huit chefs-lieux de préfecture ; c'est elle qui abrite la DREN de Ferkessédougou.

58

Figure 6 : la carte de la région du Tonkpi

Source : Bureau National d'Etudes et de Développement (BNETD)/ Centre de Cartographie et de Télédétection (CCT), 2012.

La région du Tonkpi est à l'ouest de la Côte d'Ivoire. Son chef-lieu de région est Man. Elle comprend quatre chefs-lieux de département et vingt-huit chefs-lieux de préfecture. Cette région abrite la DREN d'Odienné.

59

Figure 7 : la carte de la région du Woroba (ex-worodougou)

Source : Bureau National d'Etudes et de Développement (BNETD)/ Centre de Cartographie et de Télédétection (CCT), 2012.

La région du Woroba est au Nord-ouest de la Côte d'Ivoire. Son chef-lieu de région est Séguéla. Elle comprend quatre chefs-lieux de département et dix chefs-lieux de préfecture. La région du Woroba abrite la DREN Séguéla.

60

1.2. Champ sociologique

Les six DREN ont la particularité d'être des zones occupées par les forces rebelles lors du conflit armé de 2002. Elles ont donc subi les effets néfastes des conflits que sont la fermeture d'écoles, le déplacement de population, la paupérisation, la destruction d'infrastructure sociaux-économiques de base (écoles, centres de santé, administrations...). Elles pourraient être qualifiées de zones en « situation difficile ».

Le milieu de l'étude est particulièrement marqué par une hausse du taux de pauvreté consécutive aux crises. Le rapport DSRP fait par FMI (2009) en témoigne en ces termes : « Comparativement à 2002, la pauvreté s'est accrue au niveau des pôles de développement, particulièrement dans les pôles de développement occupés. 113» Ledit rapport nomme ces régions et précise leurs taux de pauvreté comme suit :

Tableau III: taux de pauvreté des différentes régions des années 2002 et 2008

Pôle de développement

Chef-lieu

2002

2008

Ville d'Abidjan

Abidjan

14,90

12

Centre-Nord

Bouaké

32

57

Centre-Ouest

Daloa

50,30

62,90

Nord-Est

Bondoukou

56,5

54,70

Nord

Korhogo

40,30

77,30

Ouest

Man

64,40

63,20

Sud

Abidjan

30,30

44,60

Sud-Ouest

Sans Pedro

41,30

45,50

Centre

Yamoussoukro

41,40

56

Centre-Est

Abengourou

44,90

53,70

Nord-ouest

Odienné

51,90

57,90

Ensemble Côte d'Ivoire

 

38,40

48,9

Source : FMI, 2009, Côte d'Ivoire : Stratégie de Réduction de la Pauvreté. Rapport d'Etape au titre de l'année 2009, Washington, FMI services de publication. p. 7

113 FMI, 2009, Côte d'Ivoire : Stratégie de Réduction de la Pauvreté. Rapport d'Etape au titre de l'année 2009, Washington, FMI services de publication. p. 7

61

Commentant les chiffres susmentionnés, le FMI relève ceci:

en 2008, huit pôles de développement sur dix ont un taux supérieur à 50% contre quatre en 2002. Parmi ces pôles, celui du nord est le plus touché par le phénomène de pauvreté avec près de 4 pauvres sur 5 personnes en 2008. Ce pôle est suivi par ceux de l'ouest (63,20%) ; du Centre-Ouest (62,90%) ; du Nord-Ouest (57,90%) ; du Centre- Nord (57%) et du Nord-Est (54,70%).114

Le milieu de l'étude est économiquement faible. Cette situation a une incidence sur la capacité des populations à assumer la scolarisation des enfants en l'absence de structures éducatives publiques. Cet effet néfaste sur l'éducation se manifeste en termes de souffrance d'offre éducative. Pour la zone CNO, cette insuffisance infrastructurelle se traduit, selon BI et al (2003), par le fonctionnement de « 32,60% d'établissements scolaires primaires.115 » Le rapport de l'UNICEF sur l'état des lieux de l'éducation de base en 2007 confirme cette situation en ces termes : « L'insuffisance de l'offre est plus prononcée dans la zone CNO en raison de la dégradation des infrastructures scolaires et du départ massif des enseignants qualifiés.116 »

De même, le RESEN 2016 décrit la situation des écoles dans les zones CNO comme suit après les conflits de 2002 et 2010 :

en termes d'impact sur le système éducatif, si une baisse nette des effectifs scolaires après la crise de 2002 a été constatée, les niveaux de scolarisation ont été très peu affectés par la crise de 2010. En effet, durant la crise de 2002, outre les déplacements massifs des populations, pour qui l'éducation des enfants devenait secondaire, les fermetures des directions régionales de l'éducation de Bouake, de Korhogo, d'Odienné, et Man et des directions départementales de Bouna, Katiola et Séguéla, ont entrainé dans leur sillage celles de 40 inspections primaires, 3 CAFOP (Centre d'Animation et de Formation Pédagogique), 2.768 écoles primaires publiques, et 80 lycées et collèges.117

114 FMI, 2009, op.cit., p. 7

115 E. BIH et al, 2003, Etude sur l'égalité des sexes dans le domaine de l'éducation en Côte d'Ivoire, Abidjan, ROCARE, pp.39-40

116 UNICEF, 2008, op. cit., p.5

117 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p.3

62

Les illustrations qui suivent nous donnent un aperçu de l'état de dégradation des infrastructures éducatives en 2009.

Figure 8 : baraque aménagée pour servir de salle de classe à l'EPP Kamonoukro de Bouaké en 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

63

L'existence de cette baraque traduit l'impuissance de l'administration scolaire à faire face à l'accroissement des effectifs des élèves et le manque d'infrastructures. A Bamoro, la situation n'est guère reluisante.

Figure 9 : un bâtiment entier dégradé à l'EPP Bamoro, DREN de Bouaké en 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

64

Cette image montre l'état de dégradation avancée des infrastructures dans les zones CNO en 2009. L'effet néfaste des conflits s'exprime également en termes de retard de scolarisation comme le révèle le rapport d'analyse 2008/2009 sur l'état de l'école en Côte d'Ivoire : « le phénomène de scolarisation tardive pourrait s'expliquer d'une part, par la crise sociopolitique qu'a connue la Côte d'Ivoire depuis 2002, et d'autre part, par la création d'écoles communautaires répondant au besoin de scolarisation des enfants en zones défavorisées ...118»

On note que ces retards de scolarisation ont laissé hors du système scolaire conventionnel un grand nombre d'enfant dans les zones CNO. Depuis 2002, à ce phénomène est associée la déscolarisation estimée, selon COEN (2005) à « plus de 700.000 enfants. 119» Le RESEN 2016 montre qu'en 2014, « environ 1,45 million de jeunes de 6 à 15 ans ne sont pas scolarisés. (...) Ce sont des jeunes [garçons] et filles issues de familles pauvres, vivant dans les régions rurales du Nord 120» pour la majorité. Un autre phénomène accentué en zone CNO, est le déficit des enseignants du primaire comme relevé par le MEN (2009) en ces termes : « Le déficit d'enseignants au primaire public est estimé à près de 33,8%. Celui des zones CNO représente 48,4% du défit total. 121»

Toutes ces spécificités font de la CNO un milieu d'attention pour la recherche dans le domaine de l'éducation. Par ailleurs, Nous présentons les indicateurs de performance de l'éducation de ces six DREN pour plus de précision.

DREN de Bouaké : selon la DREN, au moment du lancement des classes passerelles en 2006, la DREN de Bouaké se compose de 11 Inspections d'Ecole Primaire (IEP), 611 écoles primaires publiques, 2.934 salles de classe, 101.953 élèves dont 42.376 filles, 1.466 instituteurs titulaires et 1.211 instituteurs bénévoles. Le taux de réussite au CEPE en 2006 est estimé à 43,33%. En outre, la

118 MEN, 2009, L'état de l'école en Côte d'Ivoire : Rapport d'analyse 2008/2009, Abidjan, MEN. p. 23

119 B. COEN, 2005, « Après trois ans de conflit, les enfants de Côte d'Ivoire retournent à l'école » in http://www.unicef.org/french/infobycountry/cote divoire_30572, consulté le 10 février 2012.

120 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 51

121 MEN et DIPES, 2009, op. cit., p. 31

65

DREN enregistre la présence de Partenaires Techniques et Financiers (PTF) comme Save The Children Suède, la Force Licorne, UK, PAM, GEED, CARITAS, UE, UNICEF, PNUD-ACM, la Coopération Française, Suède-NRC, EPT et OCHA pour relancer l'éducation. Selon le MENET (2013), en 2012/2013, le district de la vallée du Bandama qui couvre la DREN de Bouaké compte « 944 écoles primaires, 5.011 classes, 196.217 écoliers dont 48.844 sans extrait de naissance, 80.000 filles et 5.575 instituteurs. 122»

DREN de Duékoué : elle forme avec la DREN de Man, le district des Montagnes. Selon le MENET (2013)123, en 2012/2013, ce district compte 1.272 écoles primaires, 7.238 salles de classe, 26.7549 écoliers dont 144.330 sans extrait de naissance, 120.000 filles et 7.213 instituteurs. La zone enregistre la présence de Partenaires Financiers et Techniques comme NRC, GFM3, ADPF, SPPD, GTZ, PAM, UE etc. pour relancer l'éducation et soutenir les classes passerelles.

DREN de Ferkessédougou : selon le MENET (2013), en 2012/2013, cette DREN compte, en association avec celle de Korhogo qui composent le district des Savanes, « 786 écoles primaires, 3.526 salles de classes, 153.489 écoliers dont 41.951 sans extrait de naissance, 70.000 filles et 3.599 instituteurs. 124»

DREN de Man : en 2006, selon le Directeur Régional de l'Education de Man, cette DREN se compose de 7 Inspections d'Ecole Primaire, 370 écoles primaires publiques, 1.850 salles de classe, 79.429 élèves dont 31.539 filles, 617 instituteurs titulaires et 1.179 instituteurs bénévoles. Le taux de réussite au CEPE pour 2008 est de 72%. Par ailleurs, les partenaires techniques et financiers comme Save The Children, PAM, UNICEF et OCHA interviennent dans les efforts de reprise de l'éducation. Cette DREN appartient au district des Montagnes. Selon le MENET (2013), en 2012/2013, ce district compte « 1.272 écoles primaires, 7.238

122 MENET, 2013, « Statistiques de poche, pp. 70-75. » in http://www.men-depes.org, consulté le 01 octobre 2016

123 ibidem

124 ibidem

66

salles de classe, 26.7549 écoliers dont 144.330 sans extrait de naissance, 120.000 filles et 7.213 instituteurs. 125»

DREN d'Odienné : En 2006, selon le Directeur Régional de l'Education d'Odienné, cette DREN se compose de : 2 Inspections d'école primaire, 210 écoles primaires publiques, 780 salles de classe, 22.703 élèves, 709 instituteurs titulaires. La DREN réalise en 2006, 68,19% de taux de réussite au CEPE. En outre, la DREN enregistre la présence de Partenaires Techniques et Financiers comme Save The Children, UK, PAM, GEED, CARITAS, UE, UNICEF, Texaco, JRS et OCHA pour soutenir les efforts de reprise de l'éducation. Selon le MENET (2013) en 2012/2013, le Denguélé compte « 262 écoles primaires, 1.165 classes, 37.735 écoliers dont 17.535 sans extrait de naissance, 20.000 filles et 1.113 instituteurs. 126»

DREN de Séguéla : selon le MENET (2013)127, en 2012/2013, le Woroba compte 616 écoles primaires, 2.544 classes, 88.689 écoliers dont 37.846 sans extrait de naissance, 47.000 filles et 2.564 instituteurs. C'est une zone qui a des indicateurs performants en termes d'infrastructures et des ressources humaines puisque le Ratio Elève/Maître (REM) et le Ratio Elève/Classe (REC) sont de 35 : 1, un chiffre qui est nettement mieux que la moyenne du REM nationale estimée à 42 :1. Ce qui retient également l'attention est la proportion importante d'enfants sans extrait de naissance soit 42,67%.

En somme, pour les six DREN, on constate une nette augmentation des infrastructures scolaires et des effectifs des enseignants qui accompagne l'accroissement des effectifs d'élèves. Toutefois, la demande massive d'éducation entraine une insuffisance d'offre éducative que le système scolaire tente de remédier en vain.

125 MENET, 2013, op. cit., pp. 70-75

126 ibidem

127 ibidem

67

2. Ancrage théorique

En lien avec l'objectif général de l'étude, il a été fait recours à une analyse fonctionnelle et une analyse stratégique. La première a consisté à comprendre la fonction des classes passerelles en tant qu'alternative éducative et dispositif d'éducation d'urgence. Cette analyse s'est effectuée par la définition des rôles des acteurs, l'identification des interactions entre ces acteurs et la clarification des missions assignées au dispositif des classes passerelles. Ladite analyse permet de mieux appréhender les motivations des acteurs, leurs relations réciproques pour atteindre la mission d'intégration des apprenants dans le système scolaire conventionnel.

La seconde a consisté à proposer des stratégies en vue du renforcement du système scolaire par le biais des classes passerelles. Elle est fondée sur l'analyse des difficultés de mise en oeuvre des classes passerelles et les propositions des acteurs qui en découlent. Ces propositions sont relatives à des considérations cur-riculaires et environnementales. Cela permet non seulement d'impliquer les acteurs à la consolidation des dispositifs des classes passerelles, mais aussi d'élaborer des stratégies pour intégrer les classes passerelles dans le système scolaire conventionnel en vue de son renforcement.

3. Méthodes et instruments de collecte de données

La méthode retenue, dans le cadre de cette étude, est l'échantillonnage aléatoire simple. C'est un type d'échantillonnage probabiliste qui nous a permis de sélectionner les classes passerelles de manière indiscriminée, offrant ainsi à chaque classe de faire partie de la population cible. Pour mener à bien cette étude, nous avons eu recours à des techniques et des outils comme le montre le tableau suivant :

68

Tableau IV : techniques et outils de collectes de données

Techniques

Outils

Observation

Grille d'observation

Etude documentaire

Grille d'examen documentaire

Entretien

Guide d'entretien

Enquête par questionnaire

Questionnaire

Mesure des attitudes

Echelle d'attitudes

Source : données de terrain, 2008-2014

Pour collecter les données de cette étude, les techniques suivantes ont été utilisées : l'entretien, l'observation, l'analyse documentaire, l'enquête par questionnaire et la mesure des attitudes. Pour chacune des techniques, un outil a été utilisé. Il s'agit de : la grille d'observation, la grille d'examen documentaire, le guide d'entretien, le questionnaire et l'échelle d'attitudes.

3.1. Observation et grille d'observation

Bien qu'il ait une multitude de définitions, nous retenons celle de MARTINEAU (2004) qui qualifie l'observation d'un « outil de cueillette de données où le chercheur devient le témoin des comportements des individus et des pratiques au sein des groupes en séjournant sur les lieux mêmes où ils se déroulent. 128»

On distingue l'observation directe non participante où le chercheur ne participe pas à la vie du groupe observé et l'observation participante où le chercheur participe à la vie du groupe observé. L'observation directe des classes passerelles nous a permis de constater leur fonctionnement au plan pédagogique. C'est une activité qui a porté sur plusieurs classes passerelles et dans différentes zones.

128 S. MARTINEAU, 2004, « L'observation en situation : enjeux, possibilités et limites.», Actes du colloque l'instrumentation dans la collecte des données, UQTR, Recherches qualitatives, hors série/2, p. 6

69

La grille d'observation est utilisée pour l'observation directe. MARTINEAU (2004) distingue la grille d'approche et la grille systématique. Selon lui, la grille d'approche sert à « baliser l'espace physique [en indiquant] les caractéristiques d'un lieu d'observation ou les moment clés dans une communauté. 129» La grille systématique est « un programme d'observation à savoir qu'elle identifie les dimensions ou les éléments du phénomène à observer. 130»

Dans le cas des classes passerelles, nous avons eu recours à la grille systématique pour recueillir les données relatives au fonctionnement des classes passerelles. Il s'agit notamment, de la gestion de la classe, la disponibilité des intrants et l'attitude des élèves. Cela a servi les axes thématiques que sont la présentation du système scolaire conventionnel et celle des classes passerelles, les raisons de la mise en oeuvre de celles-ci, ainsi que les difficultés de mise en oeuvre et les stratégies des acteurs (cf. annexe 7).

3.2. Etude documentaire et grille d'examen documentaire

Selon N'DA (2002), l'étude documentaire porte sur « toute source de renseignement déjà existante à laquelle le chercheur peut avoir accès. Ces documents peuvent donc être sonores, visuels, audio-visuels, écrits ou des objets. 131»

Elle a consisté à sélectionner et exploiter les documents qui présentent le fonctionnement interne des ONG promotrices et le projet des classes passerelles ainsi que les travaux précédents relatifs au thème de l'étude afin de constituer une banque de données fiables. Pour ce faire, nous avons eu recours à une grille d'examen documentaire. Par ailleurs, les sources multimédia ont permis de diversifier les sources et d'enrichir la base de données. Elles nous ont ainsi permis d'avoir accès aux données statiques relatives au corpus.

129 S. MARTINEAU, 2004, op. cit., p. 8

130 ibidem

131 P. N'DA, 2002, Méthode de la recherche : de la problématique à la discussion des résultats. Abidjan, EDUCI, p. 75

70

La grille d'examen documentaire qui servi d'outil, permet au documentaliste de recenser tous les documents parcourus, de les classer selon les types d'information et de mettre la synthèse de ces informations à la disposition de l'étude. Sur cette grille, apparaissent les thèmes, les sources, les idées essentielles et les commentaires.

La grille d'examen documentaire a permis de recenser la documentation relative au thème de recherche. Elle a aussi permis de les classer selon les sous-thèmes de la revue de littérature. Cette grille a, enfin, servi dans les axes thématiques tels que : la présentation des classes passerelles et du système scolaire conventionnel, les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles, les difficultés de mise en oeuvre et les stratégies des acteurs. (cf. annexe 6)

3.3. Entretien et guide d'entretien

L'entretien semi-directif qui a été utilisé dans cette étude est, selon N'DA (2002), une technique d'entretien par laquelle « le chercheur dispose, habituellement, d'un guide d'entretien (questions-guides) relativement ouvert qui permet de recueillir les informations nécessaires. Mais il ne posera pas forcement toutes les questions dans la formulation et l'ordre prévus (...) 132». En outre, N'DA souligne la souplesse de cette technique qui consiste, d'une part, à permettre à l'interviewé de s'exprimer librement dans le cadre du sujet et d'autre part, à donner la possibilité au chercheur de poser des questions additionnelles à partir des réponses de l'interviewé.

Différents entretiens semi-directifs ont été réalisés avec trois cibles, à savoir les promoteurs EPT/NRC, les élèves des classes passerelles et les responsables de COGES. Ces entretiens se présentent comme suit :

- les promoteurs des classes passerelles : une série de questions a été administrée aux deux promoteurs des classes passerelles qui sont NRC et EPT. Ces entretiens ont permis de collecter des données sur l'organisation des

132 P. N'DA, 2002, op. cit., pp. 87-88

71

classes passerelles, ainsi que leurs objectifs. Il s'agit d'entretiens libres ou non directifs ;

- les élèves des classes passerelles : soixante-douze focus groups ou entretiens dirigés de groupes ont été réalisés avec les élèves pour recueillir leurs impressions sur leurs conditions d'étude et leur passé scolaire. Les focus groups sont constitués de six à huit élèves afin de maximiser l'interaction entre les participants.

- les responsables de COGES : des entretiens ont été réalisés avec cinquante-huit comités de gestion des classes passerelles. Cela a permis de recueillir des données sur leur rôle dans le dispositif organisationnel des classes passerelles.

Le guide d'entretien est l'outil utilisé pour l'entretien afin de recueillir les données. Selon N'DA (2002), il est conçu de manière « relativement ouvert. 133» Il permet au chercheur d'orienter son interview. Différents guides d'entretien semi-directifs ont été adressés aux promoteurs des classes passerelles, aux inspecteurs d'école primaire, aux élèves et aux responsables de COGES, en vue de re-

cueillir des données qualitatives ; lesquelles données sont relatives à
l'organisation et le fonctionnement des classes passerelles ainsi qu'au contexte de leur mise en oeuvre. Le guide d'entretien a servi dans les axes thématiques que sont la présentation du système scolaire conventionnel et celle des classes passerelles, les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles, ainsi que les difficultés de mise en oeuvre et les stratégies des acteurs. (cf. annexes 2, 3, 4 et 5)

3.4. Enquête par questionnaire et questionnaire

L'enquête, selon N'DA (2002), est « une quête d'informations réalisée par interrogation systématique de sujets d'une population déterminée. [Elle] favorise l'utilisation du questionnaire, du sondage et de l'entretien.134» Dans le cadre de notre étude, l'enquête par questionnaire a été réalisée au niveau des animateurs

133 P. N'DA, 2002, op. cit., p. 87

134 idem, p. 62

72

des classes passerelles. Un questionnaire a, ainsi, été adressé à soixante-huit animateurs pour s'imprégner de leurs conditions de travail et du fonctionnement des classes passerelles.

MUCCHIELLI (1979) définit le questionnaire comme « une suite de propositions, ayant une certaine forme et un certain ordre, sur lesquelles on sollicite l'avis, le jugement ou l'évaluation d'un sujet interrogé. 135» On distingue le questionnaire à réponses fermées qui donne le choix entre deux ou plusieurs modalités et le questionnaire à réponses ouvertes qui laisse le libre choix au répondant de formuler sa réponse. Nous avons eu recours au questionnaire à réponses fermées qui a permis la collecte de données de type quantitatif. Il a été adressé aux animateurs des classes passerelles. Le questionnaire a fourni des données dans les axes thématiques relatifs aux raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles ainsi qu'aux difficultés de mise en oeuvre et aux stratégies des acteurs. (cf. annexe 1)

3.5. Mesure des attitudes et échelle d'attitudes

Selon YAPO (2003), « La mesure des attitudes a trait à quelques principes et à toute une série de techniques qui permettent de mettre en rapport des réponses à un questionnaire et de classer les sujets qui y répondent. 136» Dans le cadre de notre étude, elle a consisté à soumettre, à l'appréciation des encadreurs pédagogiques des classes passerelles, neuf variables identifiées comme des facteurs susceptibles d'influencer les performances des élèves. Une échelle d'attitudes a été administrée aux encadreurs pédagogiques en vue d'obtenir des données de type qualitatif. C'est la méthode des classements additionnés ou échelle de LIKERT. N'DA (2002) la définit comme suit :

les propositions sont soumises à l'approbation du sujet. Celui-ci exprime son opinion par rapport à chaque proposition grâce à l'une des cinq catégories suivantes : approuve fortement, approuve, indécis, désapprouve, désapprouve fortement. (...) Les propositions ne sont pas ordonnées en fonction de leur charge d'attitude. Elles sont censées toutes explorer les attitudes au

135 R. MUCCHIELLI, 1979, Le questionnaire dans l'enquête psychosociale, Paris, Librairie Techniques et Editions EST. p. 84

136 Y. YAPO, 2003, Manuel pratique pour l'étude des repréentations sociales à l'usage des étudiants de psychologie sociale des 2ème et 3ème cycles, Abidjan, ENS, p. 324

73

même titre. On obtient le score de chaque sujet en additionnant ses notes partielles, c'est-à-dire dans les différentes propositions. 137

Dans cette étude, les propositions sont constituées par des facteurs d'influence de la performance scolaire, à savoir : l'aptitude, l'organisation et la pédagogie. Ceux-ci se déclinent en neuf variables. Les catégories sont construites sur une échelle variant d'un à cinq points pour exprimer leur degré d'influence (cf. annexes). L'échelle d'attitudes a fourni des données dans l'axe thématique relatif aux raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles. Les résultats de cette appréciation des attitudes des acteurs par rapport au rendement interne a débouché sur des propositions qui s'inscrivent dans l'axe thématique des difficultés de mise en oeuvre et celui des stratégies des acteurs. (cf. annexe 8)

4. Etapes de l'étude

4.1. Pré-enquête

L'enquête exploratoire a commencé le 06 février 2008 dans la zone de Bouaké. Elles ont pris fin le 30 février 2009. Le tableau suivant nous donne un aperçu du chronogramme.

Tableau V : Chronogramme de l'enquête exploratoire

Localité

Activités

Périodes

Bouaké

Entretiens avec l'ONG EPT

06/02/2008 et 13/02/2008

Entretiens avec NRC

01/03/2008 et 20/03/2008

Entretiens avec UNICEF

03/04/2008

Questionnaires et entretiens dans
les sites passerelles EPT

Du 08/04/2008 au 29/07/2008

Questionnaires et entretiens dans
les sites passerelles NRC

Du 08/04/2008 au 29/07/2008

Ajustement des outils

Du 10 au 25/01/2009

Elaboration du budget de recherche

Du 05 au 30/02/2009

Source : données de terrain, 2008-2009

137 P. N'DA, 2002, op. cit. p. 97.

74

L'enquête exploratoire a consisté à recueillir le maximum d'information au-

près des promoteurs des classes passerelles (NRC, EPT et UNICEF) ainsi que des

acteurs sur les sites passerelles. Cette enquête exploratoire a permis:

- l'utilisation les outils de collecte de données ;

- la vérification du niveau de maîtrise de ces outils ;

- le réajustement et l'amélioration des questions ;

- et l'élaboration du budget de recherche.

En prélude aux enquêtes, nous avions déjà demandé et obtenu du MEN, de notre directeur scientifique, de la direction des promoteurs EPT et NRC, les autorisations d'enquête. (cf. annexes 9, 10, 11 et 12)

4.2. Enquête

C'est le 14/03/ 2008 que les enquêtes ont été lancées. Les différentes zones d'implantation des classes passerelles ont été visitées selon le calendrier ci-dessous :

75

Tableau VI : chronogramme des enquêtes dans les zones d'implantation des classes passerelles

Localités

Activités

2008

2009

2012

2013

2014

Bouaké

Entretiens et questionnaires

X

X

X

X

X

Collecte des résultats scolaires

 

X

 
 
 

Séguéla

Entretiens et questionnaires

 

X

 
 
 

Collecte des résultats scolaires

 

X

 
 
 

Odienné

Entretiens et questionnaires

 

X

 
 
 

Collecte des résultats scolaires

 

X

 
 
 

Duékoué

Entretiens et questionnaires

 

X

 
 

X

Collecte des résultats scolaires

 

X

 
 

X

Ferkessédougou

Entretiens et questionnaires

 
 
 
 

X

Collecte des résultats scolaires

 
 
 
 

X

Man

Entretiens et questionnaires

 
 
 

X

 

Collecte des résultats scolaires

 
 
 

X

 

Source : données de terrain, 2008-2014

Les enquête ont démarré en 2008 et ont continué jusqu'en 2014 dans les 6 localités cibles des classes passerelles à savoir Bouaké, Séguéla, Odienné, Dué-koué, Ferkessédougou et Man. Elles ont permis de collecter des données sur les promoteurs des classes passerelles, leurs résultats scolaires et leur fonctionnement.

Tableau VII : chronogramme des enquêtes dans les organisations non gouvernementales

ONG

ACTIVITES

2008

2009

2012

2013

2014

EPT

Entretiens

X

X

X

X

X

NRC

Entretiens

X

X

X

X

X

UNICEF

Entretiens

 

X

 
 
 

Source : données de terrain, 2008-2014

76

Les enquêtes auprès des ONG ont ciblé les organisations promotrices des classes passerelles à savoir l'ONG Ecole Pour Tous (EPT), le Conseil Norvégien des Refugiés (CNR) et l'UNICEF. Ces entretiens ont été réalisés de 2008 à 2014 afin de suivre l'évolution des classes passerelles et comprendre les motivations des acteurs.

5. Echantillonnage

5.1. Choix des techniques d'échantillonnage

La technique d'échantillonnage retenue dans le cadre de cette étude est l'échantillonnage aléatoire simple. Cette technique nous a permis de sélectionner les classes passerelles de manière indiscriminée, offrant à chacune d'elles de faire partie du corpus.

5.2. Critères de choix et construction de l'échantillon

L'échantillon a été constitué en tenant compte des cibles principales et des cibles secondaires. Le choix des cibles principales se traduit en termes d'acteurs internes au fonctionnement des classes passerelles. Sont considérés comme cibles secondaires, les acteurs externes qui contribuent à la compréhension de l'environnement de la mise en oeuvre des classes passerelles. Le tableau suivant présente les deux catégories de cibles constitutives de l'échantillon.

77

Tableau VIII : récapitulatif de la taille des échantillons

 

Cibles
Principales

Cibles
secondaires

Classes

Passerelles

Promoteurs
classes

passerelles

Animateurs

Elèves

Encadreurs
pédagogiques

Responsables
COGES

Population
mère

551

02

551

19 474

50

551

Echantillon
initial

75

02

75

2250

35

60

Echantillon
effectif

72

02

68

2113

30

58

Ecarts

3

0

7

137

5

2

Source : données de terrain 2008-2014

Le tableau fait apparaître cinq cibles principales et une cible secondaire avec des écarts d'échantillonnage obtenus à partir des différences entre les effectifs prévus et les effectifs réels. Ces deux catégories sont présentées par les sections suivantes.

5.2.1. Populations cibles principales

Cinq cibles principales sont retenues. Ce sont : les classes passerelles EPT/NRC, les promoteurs EPT/NRC, les encadreurs pédagogiques, les animateurs et les élèves des classes passerelles. Les six zones d'intervention des classes passerelles sont : Bouaké, Duékoué, Ferkessédougou, Man, Odienné et Séguéla. Le tableau suivant nous donne un aperçu desdites zones d'intervention.

78

Tableau IX : liste des classes passerelles échantillons selon la zone d'intervention

DREN

Noms des classes passerelles

Effectifs
classes

Effectifs
élèves

BOUAKE

Tabako, Allakro, Dar-Es-Salam 3, Aboliba, Minankro,
Koko 1, Mamiénou, Kamonoukro, Tollakouadiokro,
Liberté, N'gattaSakassou, Dar-Es-Salam 2, Dougouba

13

388

ODIENNE

Gbelela, Samesso, Jérusalème, Kadiola, Baradian,
Bassekodougou, Yagbédougou, Bromakoté, Mamoya,
Gbaga, Iradougou

11

335

FERKESSEDOUGOU

SUCAF 1, SUCAF 2, Ferké gare, Torlanoumousso,
Djedougou 1, Djedougou 2, Bakaryvogo 1, Bakaryvo-
go 2, Bramavogo, Ouangolosso

10

287

DUEKOUE

Duekoue 2, Résidentiel marché, Guemon, municipali-
té, carrefour, Toguei, Perethete, YahFany, Petit Due-
koue, Baoubli, Dahoua, Guitronzon, Blodi,Pinhou,
Niambli.

15

455

SEGUELA

Drissasso, Mamouroula, Linguékro, Battesti, Kavena,
Téguela, Messoromasso, Soba-Banandjé, Gbaingoro,
Diarabana, CPT Sirili

11

291

MAN

Petit Bapleu 1, Kpangoui 1, Bigouin, Fagnampleu,
Glayogouin, Glongouin, Kogouin, Blocosso, Koko 3,
Gouétimba, Zagoué

12

357

TOTAL

72

2113

Source : données de terrain, 2008-2014

On note au total que 72 classes et 2113 élèves constituent l'échantillon avec une répartition sur 6 zones. L'analyse des populations cibles principales se présente comme suit :

l'échantillon des classes passerelles : ce sont 72 sites qui constituent l'échantillon effectif sur 551 initialement prévus. L'écart de 3 points s'explique par les difficultés d'accès à certains sites. En effet, certaines classes passerelles sont situées dans des villages difficiles d'accès du fait de la rareté des véhicules ou du mauvais état des routes ;

l'échantillon des promoteurs des classes passerelles : ce sont 2 promoteurs qui constituent l'échantillon effectif sur 2. Aucun écart n'est constaté du fait des faci-

79

lités d'accès aux promoteurs. Les promoteurs EPT et NRC nous ont effectivement accordé des entretiens et ont permis la visite des sites passerelles sous leur responsabilité ;

l'échantillon des animateurs des classes passerelles : ce sont 68 animateurs qui constituent l'échantillon effectif sur 551. L'écart de 7 points se justifie par une absence de 7 animateurs au moment des enquêtes ;

l'échantillon des élèves : l'effectif élève des 72 classes de l'échantillon est estimé à 2113. L'écart est estimé à 137 élèves du fait de l'inaccessibilité de certaines classes passerelles ciblées au départ. Des focus groups ont été réalisés avec ces élèves pour comprendre leurs motivations et leur condition d'étude ;

l'échantillon des encadreurs pédagogiques : il s'agit des coordonnateurs, des superviseurs et des formateurs des classes passerelles. 35 encadreurs ont constitué l'échantillon initial et 30 ont effectivement participé à l'enquête à travers une échelle d'attitudes. L'écart de 5 points s'explique par l'indisponibilité des encadreurs concernés au moment des enquêtes.

5.2.2. Population cible secondaire

L'échantillon des COGES des classes passerelles : Ce sont 58 COGES qui constituent l'échantillon effectif. L'écart de 2 points se justifie par une indisponibilité des responsables des COGES concernés au moment des enquêtes.

80

6. Traitement des données

L'étude a été menée dans une démarche hypothético-déductive qui comporte, selon DEPELTEAU (2000), « la question de départ, la formulation des déductions ou des inductions, la formulation des théories ou des hypothèses, la vérification des hypothèses et la confirmation ou l'infirmation des théories ou des hypothèses. 138»

C'est dans cette démarche que les données ont été recueillies aux moyens d'outils déjà cités. Le traitement de ces données s'est fait en cinq étapes à savoir :

- la saisie des données : elle s'est faite au moyen des outils informatiques à

savoir les logiciels Word et Excel qui ont facilité ce travail ;

- le codage : il a servi dans l'analyse qualitative. Il s'est fait en fonction des thèmes et des activités. Les termes ont joué le rôle de catégories et les activités ont servi de sous-catégories. Les codes ont été formés par les deux premières lettres de chaque catégorie ou sous-catégorie. Le codage a permis d'organiser et de classer nos données afin de les interpréter.

- la classification : les données ont été classifiées soit selon la région, soit selon le promoteur de classe passerelle, soit selon les objectifs spécifiques de l'étude ;

- la recherche de correspondances entre les variables : elle s'est opérée à travers des tableaux croisés. Il s'est agi de faire correspondre aux élèves et animateurs des variables comme l'âge, le sexe, le résultat scolaire et le niveau d'étude ;

- la mise en relation des données : cette étape a consisté à créer des liens entre les différents axes définis par nos objectifs spécifiques à savoir: la comparaison des deux types d'école, les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles, les difficultés de leur mise en oeuvre et les stratégies de renforcement.

138 F. DEPELTEAU, 2010, « La démarche d'une recherche en sciences sociales. Collection De Boeck (nouvelle édition) » in http://www.alphasociologie.blogspot.com/2011/01/3-grandes-demarches-scientifiques-la.html, consulté le 16 mars 2014.

81

Outre l'analyse de contenus qui a été utilisé comme technique de traitement des données, nous avons eu recours à des tests paramétriques à travers l'analyse de variance (ANOVA), spécifiquement le test de comparaison de Student-Newman-Keuls. L'analyse de variance (ANOVA) permet de comparer toutes les valeurs moyennes des traitements dans un classement unique. Ces différents tests ont été réalisés avec un seuil de risque d'erreur á = 0,05 soit 5% d'erreur acceptable du résultat. Soit CV le coefficient de variation ; CV doit être inférieur à 30% pour une expérimentation fiable. A, B et C indiquent les valeurs moyennes différentes de façon significative au seuil de á = 0,05. Soit Pr la probabilité d'erreur sur le résultat observé. Selon KONE (2012)139, le résultat n'est pas significatif pour Pr > 0,05 ; il est significatif pour Pr ° [0,01 - 0,05] ; il est hautement significatif pour Pr ° [0,001- 0,01] et très hautement significatif pour Pr < 0,001.

GENDRON (2004)140, interprète le coefficient de variation (CV) comme

suit :

CV = 16% : la variation est faible dans l'échantillon et l'estimé de la moyenne est fiable ;

CV ° [16% - 33%] : la variation est importante et la moyenne risque de comporter beaucoup d'erreurs ;

CV > 33% : la variation est très élevée et la moyenne n'est plus fiable.

Ce sont les logiciels Excel et SAS (Statistical Analysis System) qui ont facilité ces tests. Cela a permis :

- d'apprécier les différences de performance des élèves des classes passerelles ;

- d'apprécier les différences de performance entre les classes passerelles et les classes conventionnelles ;

- de comparer et de hiérarchiser les facteurs explicatifs de l'efficacité des classes passerelles selon leur degré d'influence sur les résultats scolaires.

139 B. KONE, 2012, Initiation à la recherche, première version, Abidjan, Université Félix Houphouët-Boigny, Laboratoire de pédologie et de géologie appliquée, p. 29

140 M. GENDRON, 2004, « Interprétation du coefficient de variation » in www.uqtr.ca/cours/ srp-6018/s3/dispersion.htm. Consulté le 15 mars 2015.

82

7. Analyse des données

Pour mener à bien cette étude, nous avons eu recours à la méthode compréhensive, l'analyse systémique, la théorie des parties prenantes, la théorie de la résilience et le management participatif.

7.1. Méthode compréhensive

La sociologie compréhensive de WEBER est une démarche scientifique permettant la compréhension d'un fait social. « Elle peut être comprise comme une démarche en trois étapes : la compréhension, l'interprétation et l'explication du fait social.141 »

Selon WEBER, le monde social est une agrégation d'actions sociales, qui représentent des comportements humains auxquels l'acteur attribue un sens subjectif. Ces actions sont guidées par les intentions et attentes de l'acteur. La dimension sociale d'une action implique qu'un comportement doit être orienté vers un ou plusieurs autres individus. Par exemple, une discussion entre amis est une action sociale, en revanche, une collision entre deux cyclistes ne l'est pas car les individus ne se sont pas dirigés volontairement l'un vers l'autre.

7.1.1. Phase compréhensive

La première phase de la démarche compréhensive sert à comprendre le sens visé par l'acteur lors de ses actions sociales. Il s'agit alors d'adopter une vision empathique afin de trouver ce sens subjectif immédiat : un motif accordé par l'individu à son action. Lors de cette étape, on accorde à l'individu une grande autonomie et on ne cherche pas encore à interpréter ou déchiffrer son action. Ce travail est effectué lors de la seconde phase, celle de la phase interprétative.

7.1.2. Phase interprétative

Une fois le sens identifié, le chercheur passe à la phase dite interprétative : il s'agit d'objectiver le sens identifié dans la première phase. On adopte alors une

141 J-P DELAS et B. MILLY, 2005, Histoire des pensées sociologiques, Paris, Armand colin, p. 169

83

posture extérieure dans le but de pouvoir créer des concepts ou modèles utiles à l'analyse. Il s'agit là d'une tâche difficile, à cause de l'implication du chercheur dans le monde qu'il étudie. WEBER a donc élaboré des outils théoriques permettant au chercheur de se distancier de son objet d'étude et d'avoir un regard plus extérieur.

Le premier de ces outils est le rapport aux valeurs : il consiste à faire prendre conscience au chercheur qu'il est lui-même inséré dans le monde social. Après cette prise de conscience, il s'agit pour lui d'analyser la subjectivité de ses propres choix, de ses partis pris ainsi que de ses valeurs, pour tendre vers plus d'objectivité. Une fois conscient de ses propres valeurs, le chercheur fait appel à la « neutralité axiologique » (second outil de distanciation), qui consiste à ne pas émettre de jugement ni de hiérarchisation des valeurs.

Dès que l'extériorisation est effectuée grâce à ces deux outils de distanciation, le chercheur va pouvoir élaborer des concepts tirés de ses observations. Néanmoins, ces observations étant issues du monde social, lui-même composé d'une infinité de faits, elles sont par conséquent, d'une complexité difficilement déchiffrable. Aussi, WEBER recourt-il à un autre principe méthodologique, « l'idéal-type », pour faciliter la lecture du réel. Il s'agit de concevoir des catégories d'analyse isolant les traits les plus fondamentaux, distinctifs et significatifs d'un phénomène social. Cela aide le chercheur à démêler le monde social. Cette phase a permis l'utilisation d'outils de recherches adaptés à la question des classes passerelles. Cela a permis d'observer et d'interroger des échantillons d'acteurs des classes passerelles tels que les animateurs, les élèves, les COGES et les équipes projets.

7.1.3. Phase explicative

La troisième et dernière étape de la démarche compréhensive est la phase explicative, qui vise à « établir une compréhension causale de la réalité so-

84

ciale 142», c'est-à-dire à détecter les causalités entre les phénomènes. Cette étape nécessite de l'imagination : il faut configurer diverses causes et conséquences imaginaires entre elles pour déterminer la réelle causalité entre deux phénomènes. WEBER s'intéresse dans cette étape aux conséquences voulues et non-voulues. Cette méthode nous permet de comprendre dans quelle mesure les classes passerelles renforcent le système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire.

7.2. Analyse systémique

Pour l'analyse systémique, N'DA (2002) propose la définition suivante :

l'analyse systémique élabore une représentation (ou un modèle) logique d'un objet concret total en tant qu'il est organisé, qu'il est un tout, une entité avec des composantes. Le fonctionnement de cette réalité repose pour beaucoup sur les liaisons ou les relations entre les composantes ou les éléments

qui la constituent, lui donnent son entité et lui maintiennent son identité en dépit des changements qui peuvent survenir.143

L'approche systémique est une démarche basée sur trois principes fondamentaux : l'interaction, la totalité et la rétroaction. L'idée prépondérante de cette approche est l'interdépendance qui existe entre les éléments du milieu d'étude considéré comme un système de valeurs. Aussi le dysfonctionnement de l'un des éléments modifie-t-il, considérablement, l'attitude des autres éléments du système. Notre choix a porté sur la méthode systémique dans la mesure où l'analyse systémique reconnaît la prédominance d'un objet concret, total et organisé et qu'il est un tout pour les parties.

Le fonctionnement de cette réalité repose essentiellement sur les relations entre les composantes ou les éléments qui la constituent et ce processus ne peut être compris que comme élément ou partie d'un système plus large. De ce fait, l'approche systémique tend généralement à rendre compte des réalités sociales étudiées pour privilégier les aspects structurels. L'ensemble des relations entre les choses passées, présentes et futures permettent de prévoir les évènements futurs.

142 UNIL, 2018, « Max Weber et la sociologie compréhensive » in https// wp.inil.ch, consulté le 02 janvier 2018.

143 P. N'DA, 2002, op. cit., p. 59

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Or, le but du système est de parvenir à un équilibre sans exclure les changements qui peuvent intervenir au niveau de son mécanisme de rétroaction.

Dans le cadre de notre étude, elle a permis d'analyser le dispositif des classes passerelles comme un fait social total. Cette démarche a ainsi contribué à cerner les interactions entre les différents acteurs sociaux impliqués dans la mise en oeuvre des classes passerelles. De même, elle a permis de comprendre les rapports d'interdépendance des sous-systèmes, à savoir les différents acteurs et les ressources mises à dispositions.

7.3. Théorie des parties prenantes

La théorie des parties prenantes est une démarche qui permet d'examiner les principaux groupes participant au fonctionnement d'une entreprise. Elle analyse leur intérêt et l'enjeu de leur coopération. Le terme « partie prenante », en anglais « stakeholder » est, selon FREEMAN (1984), employé pour la première fois en 1963 lors d'une communication au sein du Stanford Research Institute. Ce concept est alors défini par cette institution comme « les groupes indispensables à la survie de l'entreprise 144». Cette acception est très voisine de celle de RHENMAN et STYMNE (1965), selon laquelle, une partie prenante est : « un groupe qui dépend de l'entreprise pour réaliser ses buts propres et dont cette dernière [l'entreprise] dépend pour assurer son existence. 145»

Selon ASTRID (2007), la définition la plus large, certainement la plus connue et la plus utilisée également, est celle de FREEMAN (1984) selon laquelle « une partie prenante dans l'organisation est tout groupe d'individus ou tout individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs organisa-

144 E. R. FREEMAN, 1984, «Strategic Management : a stakeholder approach» in https://www.cambridge.org, consulté le 02 janvier 2018

145 E. RHENMAN and B. STYMNE, 1965, « Management in a changing world. Cité par Samuel MERCIER, 2001, La théorie des parties prenantes : une synthèse de la littérature, pp.157-172. » in http://www.cairn.info. Consulté le 02 janvier 2018

86

tionnels. 146» Dans ce contexte, les parties prenantes sont des personnes ou des groupes qui ont des revendications, des droits ou des intérêts dans une société. Cette théorie est en réalité une approche stratégique des organisations qui donne lieu au management des parties prenantes et est basée, selon FREEMAN (1984) sur trois points qui sont : « (i) l'identification des parties prenantes ; (ii) la mise en place des processus organisationnels pour gérer les parties prenantes et (iii) la négociation entre les différentes parties prenantes pour réconcilier les intérêts divergents. 147 »

Dans le cadre de notre étude, la théorie des parties prenantes nous a aidés à identifier les acteurs-clés, qui ont directement ou indirectement, de par leur position dans le groupe social, participé à la conception et la mise en oeuvre des classes passerelles. D'une part, cette théorie nous a permis de cerner les stratégies des organisations et des acteurs impliqués dans la réussite scolaire des apprenants des classes passerelles. D'autre part, elle a permis de comprendre les stratégies de renforcement du système scolaire conventionnel à travers le dispositif des classes passerelles. Ce faisant, les techniques adoptées par les organisations et les acteurs aux intérêts divergents ont été examinées.

7.4. Théorie de la résilience

Selon CYRULNIK et SERON (2004) « la théorie de la résilience est une démarche psychologique qui consiste à comprendre chez un individu ou un groupe d'individus affectés par un traumatisme, sa capacité à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression et se recons-truire.148 »

À l'origine, le concept de la résilience est utilisé en physique pour désigner la résistance aux chocs d'un métal ; il est particulièrement utile pour évaluer les

146 A. MULLENBACH-SEVAYRE, 2007, « L'apport de la théorie des parties prenantes à la modernisation de la responsabilité sociale des entreprises » in http:/www.cain.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-1-page-109.htm. Consulté le 12 janvier 2018

147 E. R. FREEMAN, 1984, op. cit.

148 B. CYRULNIK et C. SERON, 2003, « Résilience ou comment renaître de sa souffrance ? » in http://www.fabert.com.edition-fabert, consulté le 15 février 2018

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ressorts. Par extension, ce terme a été adopté pour désigner, dans divers domaines, l'aptitude à rebondir ou à subir des chocs sans être détruit. En psychologie, ce concept sert à désigner la capacité de se refaire une vie et de s'épanouir en surmontant un choc traumatique grave. Selon ERMENAULT et POULIQUEN (2010) « Il s'agit d'une qualité personnelle permettant de survivre aux épreuves majeures et d'en sortir grandi malgré l'importante destruction intérieure, en partie irréversible, subie lors d'une crise.149 » Pour CHAPITAL (2011) :

la résilience est la capacité qu'un individu a de générer des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux pour résister, s'adapter et se fortifier, face à une situation de risque, générant une réussite individuelle, sociale et morale. Huit processus majeurs contribuent à la résilience : (i) la défense-protection ; (ii) l'équilibre face aux tensions ; (iii) l'engagement-défi ; (iv) la

relance ; (v) l'évaluation ; (vi) la signification-évaluation ; (vii) la positivité de soi et (viii) la création.150

C'est une démarche qui nous a permis de montrer la capacité du système scolaire à faire face aux crises qui surviennent. Cette résilience est le but ultime de l'éducation d'urgence. Elle a également montré que l'éducation alternative que constitue la classe passerelle, est une forme de résilience, c'est-à-dire un palliatif face aux crises structurelles et fonctionnelles du système scolaire, même en période normale.

7.5. Management participatif

A travers des études dans le cadre de la gestion des ressources humaines, LIKERT (1974) va mettre en évidence l'importance de la « satisfaction du besoin d'accomplissement et d'estime 151». En ce sens, le style de management est essentiel. Il distinguera :

le style autoritaire (forte centralisation et mode de fonctionnement par les

règles et le contrôle), « le style consultatif » (qui facilite le travail en équipe, les relations interpersonnelles, mais la participation à la prise de décision

149 Ph. ERMENAULT et B. POULIQUEN, 2010, « Construire l'excellence scolaire, l'exemple de la Bretagne » in http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb1, consulté le 21 février 2018

150 O. C. COLCHADO, 2011, « Résilience » in http://WWW.psychaanalyse.com, consulté le 03 février 2018

151 R. LIKERT, 1974, « L'influence du climat organisationnel sur l'anxiété des enseignants » in http://www.erudit.org, consulté le 03 février 2018

88

est limitée) et « le style participatif » (où l'individu et le groupe participent à la prise de décision, à la définition des objectifs).152

Le management participatif est donc un mode de gestion qui consiste à susciter l'engagement et la prise d'initiative des équipes de travail, en les responsabilisant et en les intégrant dans la vie quotidienne de l'entreprise, et surtout lors des prises de décisions. Ce mode de management est essentiellement fondé sur une culture qui prône la délégation du pouvoir, la communauté et le respect mutuel. En effet, toutes les décisions sont le fruit d'un consensus entre les différentes parties prenantes. Cette approche est très bénéfique dans la mesure où elle fait naître une ambiance agréable de travail et évite les conflits liés à la ségrégation hiérarchique. En outre, elle rend à l'organisation un aspect humain et social, qui rapproche l'entreprise de ses salariés. De plus, l'employé, quel que soit son grade, se sent important, influent et acquiert l'autonomie et la liberté d'action. La participation est aussi nécessaire d'un point de vue normatif afin de rendre le processus décisionnel plus démocratique car l'approche participative est un pilier tout aussi essentiel de la vie démocratique.

Dans le cadre de notre étude, le management participatif nous a permis d'associer les équipes pédagogiques et les équipes des projets écoles à la collecte des données. Cela s'est avéré nécessaire pour mettre en confiance nos interlocuteurs. La gestion participative s'est observée également dans la gouvernance scolaire des classes passerelles à travers une démarche de consultation et d'association des acteurs du projet. C'est ainsi que sont présents dans l'implantation et la mise en oeuvre du projet, les acteurs étatiques et non étatiques. Le sommet de cette gouvernance participative est la présence de la communauté locale dans la mise en oeuvre du projet. D'un point de vue pragmatique, elle permet d'accroître la confiance de tous les acteurs impliqués dans la gestion de l'école. Cette démarche a ainsi abouti à l'élaboration d'un guide de mise en oeuvre des classes passerelles.

152 R. LIKERT, 1974, op. cit.

89

8. Limites des options méthodologiques

Les limites méthodologiques sont relatives à la réalisation des entretiens et la collecte des questionnaires.

Réalisation des entretiens : la contrainte de temps a constitué l'obstacle majeur. Les rendez-vous pris avec les sujets à interroger ont quelques fois été reportés. Collecte des questionnaires : compte tenu de la distance entre les différents lieux d'enquête, nous avons dû responsabiliser des personnes ressources en vue de recueillir les questionnaires après qu'elles ont été remises aux enquêtés. Il fallait aussi réaliser les enquêtes seulement pendant l'année scolaire. En outre, certains sujets n'ont pas retourné leurs questionnaires. C'est l'une des raisons qui expliquent l'écart entre les échantillons initiaux et les échantillons effectifs au niveau des animateurs.

9. Difficultés de l'étude

Des difficultés ont été rencontrées à différents niveaux :

Au niveau de l'accès aux sites passerelles, certains sites passerelles étaient situés dans des villages difficiles d'accès à cause de l'état de dégradation avancée des routes. Les moyens de locomotion n'ont pas toujours été disponibles pour nous faciliter le déplacement sur lesdits sites.

Au niveau de l'étendu spatio-temporel des enquêtes, les enquêtes ont nécessité des déplacements à plusieurs reprises sur les six DREN recouvrant les échantillons des classes passerelles. Le temps a également constitué une difficulté dans la mesure où il fallait suivre pendant plusieurs années, l'évolution des classes passerelles pour actualiser les données.

Au niveau de l'archivage, les documents sources des classes passerelles ne sont pas tous parvenus à l'ONG EPT. Cela a obligé les promoteurs à faire recours, soit aux coordonnateurs, soit aux superviseurs en cas de besoin pour satisfaire une demande de document faite par un chercheur ou une personne en quête d'information sur le projet. La seconde question relative à la documentation est le

90

droit de propriété des ONG promotrices sur leurs données. En effet certaines de ces ONG ne peuvent publier leurs données que quelques années après l'exécution du projet. Cette attitude découle des termes des conventions signées avec le PTF. La mise à disponibilité des données est de ce fait, un processus très sélectif.

10. Plan de restitution des résultats

Les résultats de l'étude sont présentés à travers trois parties comme suit :

- Première partie : Présentation du système scolaire primaire conventionnel

et des classes passerelles ;

- Deuxième partie : Raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles ;

- Troisième partie : Difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles

et les stratégies de renforcement du système scolaire.

La première partie se compose des chapitres 1 et 2 dont l'un présente le système scolaire primaire conventionnel et l'autre les classes passerelles. Cette caractérisation des deux systèmes porte sur les contextes, les acteurs et les curricula.

La deuxième partie se compose des chapitres 3 et 4 qui montrent les limites du système scolaire primaire conventionnel et les réponses apportées par les classes passerelles dans leur mise en oeuvre en tant que palliatif.

La troisième partie se compose des chapitres 5 et 6 qui montrent les difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles et proposent des stratégies pour améliorer leur fonctionnement et renforcer le système scolaire conventionnel.

Enfin, les résultats de l'étude sont discutés au regard de leur pertinence au regard du cadre de référence et des limites de l'étude.

91

PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION DU

SYSTÈME SCOLAIRE PRIMAIRE

CONVENTIONNEL ET DES CLASSES

PASSERELLES

92

La première partie aborde la question spécifique de recherche relative aux traits caractéristiques du système scolaire conventionnel et aux classes passerelles. Elle est constituée de deux chapitres ; l'une présente l'école conventionnelle et l'autre montre les traits caractéristiques des classes passerelles. Cette démarche a pour but, de ressortir les différences structurelles et fonctionnelles des deux types d'école. Pour ce faire, dix indicateurs sont pris en compte ; ce sont : le cadre institutionnel, les missions et les objectifs, la méthode et la langue d'enseignement,

le programme scolaire, l'organisation des cours, la méthode d'intervention, la formation pédagogique, la masse horaire, les indicateurs des flux internes et les intrants.

Le cadre institutionnel permet de prouver un fondement légal à l'existence des deux types d'école ; en d'autres termes quels sont les textes nationaux et internationaux qui justifient leur existence ? Les missions et les objectifs situent les raisons de la création desdites écoles. La méthode et la langue d'enseignement posent la question des méthodes et des techniques d'enseignement propres à chaque type d'école. Le programme scolaire passe en revue les disciplines en vigueur et leur agencement au cours de l'année scolaire. L'organisation des cours montre de manière pratique, les stratégies des acteurs pédagogiques pour atteindre leurs objectifs. La formation pédagogique concerne la formation de base et la formation continue. La masse horaire exprime le volume d'heures alloué aux activités pédagogiques au cours de l'année scolaire. Les intrants sont les moyens mis à disposition pour atteindre les objectifs pédagogiques ; ils se déclinent en ressources humaines, financières et matérielles. Enfin, les indicateurs des flux internes mettent en exergue les performances ou les rendements internes de chaque type d'école. Cette première partie va répondre à la question spécifique : quelles sont les caractéristiques des écoles conventionnelles et des classes passerelles ?

93

CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DU

SYSTEME SCOLAIRE PRIMAIRE

CONVENTIONNEL

Le chapitre 1 est consacré aux traits caractéristiques des écoles conventionnelles. Ce sont des écoles dites « formelles » ou « classiques » qui sont reconnues comme le système scolaire officiel en vigueur en Côte d'Ivoire. Il s'agit d'abord, de comprendre, sur le plan institutionnel, quelles sont les dispositions légales qui fondent ces écoles. Pour comprendre le fonctionnement de ce type d'école, il est important de connaître ses missions et ses objectifs. Au plan pédagogique, quelles sont les méthodes et les langues d'apprentissage qui permettent le bon déroulement du processus enseignement-apprentissage ? Il s'agira de montrer les concepts et les techniques qui sous-tendent la démarche pédagogique en vigueur.

Ensuite, le programme scolaire est décrit avec ses spécificités. Il s'agit, notamment, d'identifier les disciplines qu'il comprend et de montrer leur agencement. L'organisation des cours fait l'objet d'attention pour cerner la durée de scolarisation. Le type de formation pédagogique des enseignants qui prévaut sera analysé sous deux angles, à savoir la formation de base et la formation continue. En termes de temps d'exécution du programme scolaire, quelle est la masse horaire normative et effective ? Cela permettra une comparaison avec le standard international. Quant aux flux internes du système scolaire, ils concernent les indicateurs tels que les taux de réussite, les taux de redoublement et les taux d'abandon.

Enfin, La dernière section présente les intrants mis à disposition pour réaliser les objectifs pédagogiques. Cela prend en compte les ressources humaines, matérielles et financières. Cette section se décline en sous-sections qui présentent les élèves, le mode de financement, les parents d'élève, les enseignants, l'administration scolaire, les infrastructures et les équipements, le matériel didactique et les manuels scolaires, les méthodes et les instruments d'évaluation.

94

1. Cadre institutionnel de la scolarisation en Côte d'Ivoire

Le cadre institutionnel de la scolarisation est établi par deux types de dispositions :

- Les dispositions internationales à savoir, la Déclaration de Jomtien, le Cadre d'Action de Dakar, les Objectifs du Millénaire pour le Développement et l'Objectif de Développement Durable 4, etc.

- Les dispositions nationales au nombre desquelles, la loi n° 95-696 du 7 décembre 1995, le PNDEF 1998-2010 et le PAMT du secteur de l'éducation formation 2012-2014, etc.

Au plan international, le Forum de Jomtien de 1990 proclame le droit à l'éducation pour toute personne à l'instar de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il prévoit également un accès universel à l'éducation avec plus d'équité et plus de qualité des enseignements tout en améliorant les moyens de mise en oeuvre et en étendant les partenariats. Le Cadre d'Action de Dakar de 2000 engage les états à faire en sorte que jusqu'en 2015, tous les enfants sans exception aient la possibilité d'accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit et de qualité et de la suivre jusqu'à son terme. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement 2000 (OMD) à travers une déclaration, engagent les Etats, en son deuxième axe, à assurer l'éducation pour tous à l'horizon 2015. Par la suite l'objectif de Développement Durable 4 prend le relais en prévoyant un accès pour tous à l'éducation de base en 2030.

Au plan national, la loi n° 95-696 du 7 décembre 1995 est l'aboutissement d'une concertation nationale sur l'école. Elle permet une réforme globale et sectorielle de l'enseignement. Ses 74 articles énoncent les principes généraux, les droits et obligations de la communauté éducative, les missions de l'enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur. Elle réaffirme ainsi le droit à l'éducation et l'égalité de traitement de tous les citoyens, notamment dans l'enseignement public. Elle fait de l'éducation une priorité de l'Etat. Son adoption

95

permet, en 1997, l'élaboration du Plan National de Développement du secteur Education/ Formation (PNDEF) 1998-2010.

Le PNDEF 1998-2010 traduit en objectifs opérationnels, avec des plans d'activités annuelles et pluriannuelles, les grandes orientations de la loi de 1995. Il a pour objectif l'adoption d'une approche sectorielle du système, l'élargissement de l'éducation de base, le renforcement de l'éducation des adultes, la réduction des inégalités d'accès à l'éducation et le renforcement de la recherche développement dans l'enseignement technique. Le PNDEF a pour finalité d'offrir à chaque citoyen, la possibilité de s'éduquer et de se former tout au long de sa vie. Le MEN et al (2011) définissent, pour l'enseignement primaire, les priorités du PAMT éducation/formation 2012-2014 comme suit :

le PAMT cherche, pour les trois prochaines années à : (a) restaurer le système éducatif qui a souffert de la crise en accordant une priorité à l'enseignement primaire et au premier cycle du secondaire essentiellement dans les zones qui ont été les plus affectées ; (b) assurer un progrès substantiel vers l'universalisation d'un enseignement primaire de qualité ; (c) corriger le déséquilibre constaté depuis longtemps entre la partie basse et la partie haute de la pyramide du système d'éducation ivoirien par : (i) l'expansion de la couverture du premier cycle secondaire dans la perspective de progresser vers un système offrant au plus grand nombre de jeunes, particulièrement en milieu rural, dix années de scolarisation de qualité. 153

Le PAMT secteur éducation/formation 2012-2014 prévoit aussi de concrétiser l'universalisation de l'enseignement primaire à travers le recrutement d'instituteurs adjoints pour mieux maitriser la croissance de la masse salariale, « la construction de 6260 salles de classe (...) la réhabilitation de 4000 salles de classe (...) la diversification des maitres d'oeuvres 154» pour réduire les coûts de construction et stimuler la demande d'éducation. Cela inclut la scolarisation des plus vulnérables notamment les filles. La réalisation de cette dernière priorité passe par les mesures qui compensent les charges familiales. Ce sont :

le renforcement des cantines scolaires, (ii) la distribution gratuite de kits scolaires aux enfants orphelins du SIDA, (iii) la distribution de rations alimentaires sèches aux jeunes filles, (iv) la provision de micronutriments et de

153 Le MEN et al, 2011, op. cit., pp. 4-5

154 idem, pp. 4-5

96

médicaments essentiels; (v) la suppression des obstacles liés à l'inscription à l'enseignement primaire. 155

Ces mesures devraient, à termes relever les défis identifiés par le RESEN et les différents documents faisant l'état des lieux de l'enseignement primaire en Côte d'Ivoire.

2. Mission et objectifs

On observe une évolution des missions assignées à l'école primaire selon les contextes socio-économiques et politiques de la Côte d'Ivoire. Ainsi, en 2001 le MEN les décline comme suit :

- assurer l'intégration de l'enfant dans son environnement social, culturel et économique en vue de le préparer à se prendre en charge et à être utile à sa société ;

- assurer la formation morale, civique et culturelle du jeune enfant et la formation pratique en vue de l'intéresser aux métiers divers et au travail manuel ;

- assurer la préparation de l'enfant en vue d'aborder le cycle de l'enseignement secondaire. 156

Dans un contexte différent de celui de 2001, le MENET (2014) assigne à l'école primaire la mission de la « formation intégrale de la personnalité de l'enfant. 157» Cette mission se décline en objectifs spécifiques relatifs à cinq domaines disciplinaires. Il s'agit notamment de développer des compétences :

- de lecture, d'écriture et d'expression en langue française ;

- en mathématiques à travers des situations relatives à la numérisation, aux opérations, à la géométrie et aux mesures de grandeur ;

- relatives à la connaissance de l'univers social de l'enfant par l'histoire et la géographie et l'Education aux Droits de l'Homme et à la citoyenneté (EDHC) ;

- dans les Activités d'Expression et de Création (AEC) ;

- en Education Physique et Sportive (EPS).

155 MEN et al, 2011, op. cit., pp. 4-5

156 MEN, 2001, Document cadre de la refondation du système éducatif : Bilan du système éducatif et orientations stratégiques à moyen terme 2001-2005, Abidjan, MEN, p. 10

157 MENET, 2014, Programmes éducatifs et guides d'exécution CE2, Abidjan, MENET, pp. 5-7

97

Ces différents objectifs ne sont pas cloisonnés ; ils concourent tous au développement de la personnalité de l'enfant qui est prêt à commencer le cycle secondaire du système scolaire.

3. Méthodes et langues d'enseignement

La méthode d'enseignement qui prévaut dans le système scolaire ivoirien depuis le début des années 2000 est la Formation Par Compétence (FPC), remplacée plus tard par l'Approche Par Compétence (APC) qui en est une version reca-drée. Selon le MENET et KEHAUT (2014), l'APC est inspirée du « constructivisme et du socio constructivisme. 158» Elle se fonde sur l'idée que : « tout apprentissage est un processus de construction de connaissances. Dans cette pédagogie, les objectifs ne sont plus de l'ordre des contenus à transférer (enseignement), mais une capacité d'action à atteindre par l'apprenant (apprentissage). C'est une approche pédagogique de la réussite. 159»

Avec l'APC, la question fondamentale est « comment amener l'enfant à apprendre ». Pour ce faire, on lui donnera des outils et des mécanismes nécessaires à mettre en oeuvre dans des familles de situations. Lorsque l'élève peut mobiliser des ressources susceptibles de traiter des situations d'apprentissage, la compétence est dite acquise. L'acquisition d'une compétence passe par trois phases, à savoir : l'apprentissage, l'application et la remédiation ou le renforcement. La seule langue d'enseignement à l'école primaire est le français en tant que langue officielle de la Côte d'Ivoire. Le français est non seulement une discipline enseignée mais il sert aussi à véhiculer le savoir dans les autres disciplines enseignées. En tant que tel, il a un rôle instrumental et disciplinaire.

158 MENET et IEP KEHAUT, 2014, Animation pédagogique 5. Thème : Planification des enseignements, Apprentissages, Evaluations à l'école élémentaire, Abidjan, MENET, p.2

159 ibidem

98

4. Programme

Les disciplines du programme portent sur cinq domaines spécifiques, à sa-

voir :

- les langues ;

- les sciences qui regroupent les mathématiques et la technologie ;

- l'univers social qui concerne l'histoire et la géographie ;

- l'Education aux Droits de l'Homme et à la Citoyenneté et les activités

coopératives ;

- les arts qui comportent les arts plastiques et l'éducation musicale ;

- et le développement physique qui prend en compte l'éducation physique et

sportive.

Tous ces domaines de connaissance concourent au développement physique

et cognitif de l'apprenant conformément à la mission du système éducatif.

5. Organisation des cours

Selon le RESEN 2016, « le cycle primaire conventionnel en Côte d'Ivoire dure six ans. Il est organisé en trois sous-cycles de deux ans chacun 160» : il s'agit des cours préparatoires (CP1 et CP2), des cours élémentaires (CE1 et CE2) et des cours moyens (CM1 et CM2). Ce cycle est sanctionné par le Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires (CEPE), donnant accès au premier cycle du secondaire général ou professionnel.

Selon le MENET (2014), la situation de déficit de l'offre d'éducation conduit les communautés à trouver des alternatives par la création de structures informelles d'éducation dites "Ecoles Communautaires". L'organisation pédagogique de ces écoles, tenues par des bénévoles non qualifiés, devient un défi à relever et un enjeu pour obtenir des écoles susceptibles de combler les attentes du Ministère de l'Education Nationale et de l'Enseignement Technique (MENET).

160 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p.48

99

Par ailleurs, de nombreuses écoles conventionnelles fonctionnent avec des classes à profil spécifique. La mise en oeuvre de ces classes présente deux aspects, à savoir l'aspect sous-effectif et l'aspect sureffectif. Chacun d'eux ayant ses formes, ses intérêts et ses limites. En effet, selon le MENET et Save the Children, « l'existence de plus de vingt mille classes de ce type pour (...) l'année scolaire (2014-2015), renforce la nécessité de la formation des enseignants à la prise en charge des classes à profil spécifique. 161» Dans cette perspective, le Ministère de l'Education Nationale et de l'Enseignement Technique organise des formations en vue d'améliorer la performance des Enseignants dans la gestion des classes à profil spécifique. Le tableau suivant nous récapitule les différents types de classes à profil spécifique expérimentés par les écoles conventionnelles.

Tableau X : tableau descriptif du fonctionnement des classes à sous-effectif

Aspect

Type de
classe

Formes

Temps de
travail

Emploi du
temps

Encadrement

Salle de classe

Sous-
effectif

Classe jumelée

Groupe pédagogique 1

Le maître travaille

toute la journée avec les groupes pédagogiques

Par groupe pédagogique (instructions officielles)

Un maître

Une salle à deux niveaux de cours identiques

Groupe pédago-gique 2

Classe
multi-
Grade

Type 1 : groupe pédagogique 1

Par groupe pédagogique (instructions officielles)

Un maître

Une salle à deux niveaux de cours différents

Groupe pédago- gique 2

Type 2 : groupe pédagogique 1

Une salle à trois niveaux de cours différents

Groupe pédago- gique 2

Type 3 : cours unique

Par groupe pédagogique (instructions officielles)

Tous les niveaux dans une seule salle

Source : MENET et Save the Children, 2014, La gestion pédagogique des classes à profil spécifique, Abidjan, Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue, p. 28

Le MENET et Save the Children présentent la classe jumelée comme « une classe qui comporte deux groupes pédagogiques d'un cours dans une même

161 MENET et Save the Children, 2014, La gestion pédagogique des classes à profil spécifique, Abidjan, Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue, p. 2

100

classe avec un seul maître. 162» exemple : le CP1 et le CP2 dans la même salle avec le même maître. L'organisation de la classe jumelée permet aux structures décentralisées du MENET :

d'entreprendre une gestion judicieuse du personnel enseignant en fournissant à toutes les écoles des maîtres qualifiés. Ainsi certaines écoles à classes en sous-effectif se verront retirer un ou plusieurs maître (s) au profit d'autres. La pratique de la classe jumelée permet donc une utilisation rationnelle du personnel enseignant ; ce qui pourrait éviter à l'Etat les recrutements abusifs. La stratégie de gestion du personnel ainsi menée fait gagner à l'Etat des ressources financières additionnelles supplémentaires pour améliorer la qualité de l'éducation en dotant les écoles en matériels pédagogiques et en infrastructures. La politique de l'école universelle devient enfin une réalité.163

Quant à la classe multigrade, elle se définit comme :

(...) 164

une classe dans laquelle un enseignant dispense le cours à des élèves d'âges et de niveaux différents en même temps. Dans les différentes littératures, elle est désignée sous les vocables de «multi niveaux», «classes multiples», «classes composites», «classe multi-âges», «classe multi-programmes», «classe à degrés multiples

La classe multigrade peut contenir deux groupes pédagogiques de cours différents dans une même salle comme le CE2 et le CM1. Elle peut être constituée aussi de trois groupes pédagogiques de cours différents dans une même salle Comme le CP1, le CE2 et le CM1. Elle peut contenir tous les groupes pédagogiques de cours différents dans une même salle comme le CP1, le CP2, le CE1, le CE2, le CM1 et le CM2. Selon Le MEN et Save the Children, l'intérêt de la classe multigrade s'observe dans :

- l'accroissement du taux de scolarisation au plan national ;

- la bonne gestion des ressources humaines ;

- la rentabilité des ressources humaines : les résultats scolaires s'améliorent parce que toutes les classes bénéficient d'enseignants qualifiés ;

- l'équité de la part de l'Etat, au niveau de la scolarisation dans les différentes régions du pays : présence d'école dans toutes les régions ;

162 MENET et Save the Children, 2014, p. 2

163 idem, p. 4

164 idem, p. 2

101

- l'utilisation efficace des ressources financières et matérielles.

Pour les cas de sureffectif le système éducatif à recours à d'autres types de classes à profil spécifique comme le présente le tableau suivant.

Tableau XI: tableau descriptif du fonctionnement des classes à sureffectif

Aspect

Type de classe

Formes

Temps de
travail

Emploi du
temps

Encadrement

Salle de classe

Sureffectif

Double flux

Groupe pédagogique 1

Une demi- journée pour chaque groupe pédagogique (matin/soir ou vice versa)

Un emploi du temps unique aménagé (ins- tructions offi- cielles)

Un maître pour les deux groupes péda- gogiques

Deux groupes pédagogiques de même niveau de cours de la même école dans une même salle de classe

Groupe péda- gogique 2

Double vacation

Type 1 : groupe péda- gogique 1

Une demi- journée pour chaque groupe pédagogique (matin/soir ou vice versa)

Un emploi du temps unique aménagé (ins- tructions offi- cielles)

Un maître pour le groupe pédagogique 1

Deux groupes pédagogiques de même niveau de cours de deux écoles dans une même salle de classe

Groupe péda- gogique 2

Un maître pour le groupe pédagogique 2

Type 2 : groupe péda- gogique 1

Une demi- journée pour chaque groupe pédagogique (matin/soir ou vice versa)

Un emploi du temps pour chaque groupe pédagogique (instructions officielles)

Maître 1

Deux groupes pédagogiques de différent niveaux ou de différents cours de la même école dans la même salle de classe

Groupe péda- gogique 2

Maître 2

NB : ce type de classe est envisageable lorsque survient une intempérie qui endommage des bâtiments.

Source : MENET et Save the Children, 2014, La gestion pédagogique des classes à profil spécifique, Abidjan, Direction de la pédagogie et de la formation continue p. 32

Selon le MEN et Save the Children, « La double vacation est une organisation pédagogique où dans le même local, deux groupes pédagogiques reçoivent des enseignements, alternativement, le matin et le soir. Cette organisation change tous les deux jours ou chaque semaine.165 » Sous une première forme, il s'agit de faire alterner dans la même classe, un niveau de cours de deux écoles différents. C'est l'exemple de CP1 A et CP1 B. Sous une autre forme, des niveaux différents

165 MENET et Save the Children, 2014, op. cit., p. 7

102

d'une même école se partagent la même salle alternativement de manière temporaire suite à une intempérie. Exemple : CE1 et CE2.

L'intérêt de la classe à double vacation réside dans le fait qu'elle pallie l'insuffisance des infrastructures d'une part et elle résout la question des effectifs pléthoriques d'autre part. Elle favorise ainsi la scolarisation des enfants dans les agglomérations à forte densité humaine. L'enseignement à double vacation permet une utilisation double des bâtiments, des équipements et du matériel didactique. Cela réduit pour un moment, les dépenses publiques. Elle est aussi une voie d'accès à l'extension de la scolarisation.

Concernant la classe à double flux, c'est « une classe où l'on fait travailler successivement dans un même local, deux groupes pédagogiques avec le même instituteur, le premier groupe recevant son enseignement le matin et le second l'après-midi, avec une alternance hebdomadaire (sorte de double vacation avec un seul maître).166 » Pour le MENET et Save the children, elle permet aux structures décentralisées du MENET, d'entreprendre une gestion judicieuse du personnel enseignant en fournissant à toutes les écoles, des maîtres par le respect du principe du ratio élèves/maître. Ainsi, certaines écoles pourront bénéficier du surplus de maître obtenu grâce à l'application du double flux. Cette pratique permet donc un contrôle efficient des effectifs qui pourrait éviter à l'Etat les recrutements abusifs.

La pratique du double flux octroie à l'Etat des moyens financiers supplémentaires pour améliorer la qualité de l'éducation par la dotation des écoles en matériels pédagogiques et en infrastructures. En outre,

la politique de l'école universelle deviendrait ainsi une réalité. L'Etat renforce sa collaboration avec ses partenaires et gestionnaires de l'école. Ce partenariat permet le règlement plus aisé des problèmes inhérents aux variations d'effectifs. Chaque école aurait une augmentation de combinaisons

de classes possible. Elle ferait une économie budgétaire du point de vue de l'achat de matériels scolaires.167

166 MENET et Save the Children, 2014, op. cit., p. 7

167 idem, p. 9

103

Le système scolaire conventionnel a recours aux différents types de classes à profil spécifique selon les besoins des écoles. Cela s'avère salutaire pour les situations de sous-effectif et de sureffectif.

6. Méthode d'intervention

Le MENET est l'organe de pilotage du système scolaire. Ce travail se fait à travers ses services déconcentrés que sont les directions régionales et départementales. D'emblée, la construction, la fourniture de l'équipement et du personnel des écoles conventionnelles incombent au MENET. Cette mise en place de l'école doit obéir à des exigences au niveau des dimensions de salle, des équipements, des personnels d'éducation et de l'administration. Concernant les normes des écoles maternelles et primaires, un arrêté publié par le MENET le 29 janvier 2014, énonce que :

la dimension d'une salle de classe, de la grande section de maternelle jusqu'au 1er cycle du secondaire général, sera désormais de 61,16 m2. (...) les écoles primaires publiques seront construites sur une base de modules, lesquels seront déterminés en fonction des effectifs à y accueillir. Une école type sera constituée d'un module de trois classes, ainsi que d'un bureau de directeur, d'un magasin, et d'un bloc de latrines de trois cabines, avec un système de lave-mains et un urinoir. Ces installations comporteront une ga-

lerie couverte (terrasse) et des coins de lecture. Une grande section de maternelle pourra venir s'y ajouter.168

Malheureusement, les moyens limités de l'état conduisent à construire certaines classes en matériaux provisoires. Cela s'illustre essentiellement dans le cas des écoles communautaires. Le RESEN 2016 en dénombre « 13,2 % en 2013 »169 et précise que ce type d'infrastructure est beaucoup plus répandu en milieu rural. Pour le personnel éducatif, le ratio maître/élève est estimé à 1 : 44. Ce personnel est formé et affecté dans les écoles par la fonction publique.

168 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 242-243

169 idem, p. 237

7. Formation pédagogique des enseignants

Le RESEN 2016 explique que « la formation initiale des enseignants du primaire en Côte d'Ivoire est assurée par les Centres d'Animation et de Formation Pédagogique (CAFOP).170» L'admission à ces centres se fait par voie de concours pour les titulaires du baccalauréat. La formation dure deux ans dont une année théorique et une année de stage pratique dans les écoles primaires. La formation est sanctionnée par le Diplôme d'Instituteur Stagiaire (DIS). Une formation continue, à travers l'encadrement, est ensuite assurée par les conseillers pédagogiques dans les écoles.

8. Masses horaires

Théoriquement, le programme du cycle primaire s'étend sur 32 semaines. Cependant, des nuances apparaissent au niveau du poids des domaines et des disciplines. Le tableau suivant nous en donne un aperçu en cours préparatoire.

104

170 MENET et Save the Children, 2014, op. cit., p. 50

105

Tableau XII : masse horaire en cours préparatoire

Domaines

Disciplines

Volume horaire/semaine
et par discipline

Volume horaire/semaine et domaine

Temps

Proportion

Temps

Proportion

Langues

Français

780 mn

50 %

780 mn

50%

Univers social

EDHC/AEC

30 mn

02 %

115 mn

7,5 %

Salut aux couleurs

30 mn

02 %

Histoire-
Géographie

30 mn

02 %

Activités coopéra-
tives

25 mn

1,5 %

Sciences

Mathématiques

505 mn

32 %

225 mn

40 %

Sciences et tech-
nologie

120 mn

08 %

Développement
physique

EPS

40 mn

2,5 %

40 mn

2,5 %

Arts

AEC/EDHC

30 mn

02 %

30 mn

02 %

 

1560 mn

100 %

1560 mn

100%

Source : MENET, 2014, Programmes éducatifs et guides d'exécution CE2, Abidjan, MENET, p. 8

Les 1.560 mn correspondent à 26 semaines de cours effectifs. En fonction du poids des domaines et des disciplines, l'exécution du programme part de 19 à 32 semaines. Cette variation apparaît aussi dans les progressions des différentes disciplines. Les disciplines relatives aux langues et sciences sont fortement cotées (ayant un coefficient élevé) alors que celles relatives à l'univers social, au développement physique et aux arts le sont moins.

9. Indicateurs des flux internes

Les indicateurs des flux internes permettent d'apprécier les performances du système scolaire en termes de scolarisation, d'admission, d'achèvement, de promotion, de redoublement et d'abandon. Ces performances couvrent la période 2006-2014. Le tableau suivant nous en donne un aperçu.

106

Tableau XIII : flux interne du système scolaire primaire de Côte d'Ivoire de 2006 à 2014

Années

Taux %

Scolarisa- tion

admission

achèvement

transition

promotion

redouble- ment

abandon

2006-2007

74,30

70

46

 

82,10

19

 

2007-2008

77,90

79

51,10

68,45

 

19,05

39,40

2008-2009

76,20

75

48,50

 
 

20,30

 

2009-2010

80%

 

51

 

86,80

21,70

 

2010-2011

83,80

80

54,2

72,85

82,50

21,20

18,15

2011-2012

89,30

90

59,10

 

85,20

20,90

27,07

2012-2013

91,20

90

58,20

87,60

75,80

19,90

25,20

2013-2014

94,70

98

60,40

 

80,10

16,10

 

Source : MENET, 2014, Rapport bilan de mise en oeuvre de l'EPT en Côte

d'Ivoire 2000/2014. Abidjan, MENET, pp. 13, 14, 18, 25, 28.

Les chiffres observés au niveau de la scolarisation sont des taux bruts (TBS). Les chiffres relatifs au redoublement incluent ceux du CM2. Dans l'ensemble, il y a une amélioration substantielle des indicateurs de performance du système scolaire primaire à l'exception des taux de déperdition. Ces progrès pourraient s'expliquer par les mesures sociales et celles relatives à l'assouplissement de l'inscription au CP1 (non obligation de l'extrait de naissance) ainsi que le renforcement de la distribution gratuite des manuels et fournitures scolaires. Malgré ces efforts, près de 40% d'enfants n'arrivent pas à achever leur cycle en 2014.

10. Intrants mis à disposition

Les intrants sont d'ordre budgétaire, matériel et humain.

10.1. Financement

Selon le RESEN 2016, jusqu'en 2012, « le financement de l'enseignement primaire relevait du Ministère de l'Education Nationale (MEN). 171» Depuis 2012, l'enseignement technique a rejoint le MEN, pour former le Ministère de l'Education Nationale et de l'Enseignement Technique (MENET). Depuis 2011,

171 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 77-78

l'éducation bénéficie également du Programme présidentiel d'urgence (PPU) mis en place par le gouvernement après la crise pour répondre aux besoins urgents des populations et stabiliser les institutions scolaires. Des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) contribuent également au financement de l'éducation primaire en Côte s'Ivoire.

Le PAMT du secteur éducation formation 2012/2014172 illustre bien la multiplicité des sources de financement de l'éducation. Ainsi, la contribution de la Côte d'Ivoire dans les dépenses d'investissement est estimée à 11,4 milliards FCFA (22,8 millions de dollars US) soit 9,2% du montant total du PAMT et se fait à travers le Programme d'Urgence Gouvernemental. Celle des PTF (IDA, BID, BADEA, Japon, etc.) qui se fait à travers des projets en cours d'exécution est estimée à 10,5 milliards FCFA (21 millions US$) soit 8,4% du PAMT. Il est attendu un apport financier d'environ 17% (21,4 milliards FCFA ou 42,9 millions de dollars US) du Fonds Catalytique de l'Initiative de Mise en oeuvre Accélérée de l'Education Pour Tous (IMOA-EPT). Ainsi, le financement complémentaire à rechercher auprès d'autres institutions bilatérales et multilatérales de développement et de coopération technique et financière serait de 82,3 milliards FCFA correspondant à 164 millions de dollars US soit 65,5% du montant total du PAMT. On peut lire sur la pancarte suivante les noms de partenaires Financiers et techniques contribuant à la relance de l'école en 2009

107

172 MEN, 2011, op. cit., p. 13

108

Figure 10 : pancartes illustratives de partenaires financiers et techniques construisant ou réhabilitant les écoles primaires en 2009 à Bouaké

Source : données de terrain, 2008-2014

109

Save The Children, Merlin et l'Union Européenne font partie de ces partenaires actifs dans le domaine de la reconstruction post-crise des écoles en Côte d'Ivoire. Ces organisations ont à leur actif, une diversité de réalisations dans les zones CNO. Leurs actions s'étendent de la protection de l'enfant à la construction des infrastructures scolaires.

A travers une convention de financement signée en 2013 entre l'Etat de Côte d'Ivoire et l'Association Internationale de Développement (AID) soutenue par le Partenariat Mondial Pour l'Education, « le PUAEB devrait procéder, sur une période de trois ans, à la construction et à la réhabilitation des écoles primaires pour offrir des places à environ 60.000 enfants 173» en Côte d'Ivoire. Dans ce processus, les zones affectées par les conflits sont prioritaires. Le projet est sensé financer « la construction et l'équipement de 1.000 salles de classes. Il est également prévu la construction de 200 latrines, l'achat de 25.000 tables-bancs pour les écoles existantes et la réhabilitation de 500 salles de classes.174 » Toutes ces actions visent le renforcement du système scolaire conventionnel de base.

10.2. Enseignants

Les enseignants du primaire sont recrutés par voie de concours avec le niveau baccalauréat pour les instituteurs ordinaires et avec le BEPC pour les Instituteurs adjoints. Leur formation pédagogique initiale est ensuite assurée par les Centres d'Animation et de Formation Pédagogique (CAFOP). Selon le MEN et la DIPES (2009), « Estimé à 49.935 en 2008, l'effectif des enseignants du primaire public atteint 61.955 en 2013. 175 » Cet effectif inclut les instituteurs ordinaires, les instituteurs adjoints, les bénévoles et les stagiaires. Le ratio enseignant/élève est alors estimé à 40 : 1. Pour les perspectives, Le PAMT 2012-2014 prévoit :

i) que tous les recrutements se feraient au niveau d'instituteur adjoint, ii)

que 20 % d'entre eux pourraient être promus dans le corps des [instituteurs

173 EPT, 2013, « Réalisation de 20 classes passerelles au bénéfice de 600 enfants dans la région du centre (Bouaké, Mankono, Séguéla), du nord (Korhogo) et du nord-ouest (Odienné) : Formation des animateurs et superviseurs du projet de 20 classes passerelles dans les IEP de Tiéningboué, Ferkessédougou et Ouangolodougou du 26 août au 04 septembre 2013 », Termes de référence, p. 1

174 ibidem

175 MEN et DIPES, 2009, op. cit., p. 31

110

ordinaires] I.O. après cinq années d'expérience et iii) qu'un tiers du stock des instituteurs ordinaires pourraient, par des formations adaptées, être promus dans le corps des professeurs de collège et être transférés à ce niveau d'études. Ceci aurait pour conséquence de réduire significativement les

coûts salariaux sans effets néfastes sur la qualité des services éducatifs of-ferts.176

L'objectif est, à terme, de combler le déficit d'enseignants en 2020 en atteignant un effectif de « 94.000 enseignants du primaire public pour des REM de 40 : 1. 177»

10.3. Elèves

L'âge officiel de fréquentation du primaire en Côte d'Ivoire est de 6 à 11 ans. Cependant, on dénombre dans les effectifs, les scolarisés précoces et les cas de retard de scolarisation. Ces effectifs sont repartis entre le secteur public, le secteur privé et l'offre communautaire qui s'est beaucoup développée depuis 2008 du fait « d'une offre publique insuffisante dans les zones enclavées 178» comme indiqué par le RESEN 2016 qui précise également que dans l'ensemble, les effectifs du primaire sont passés de « 1 661 901 élèves scolarisés en 2005 à 3 176 874 en 2014 .179» Cela représente un accroissement annuel moyen de près de 7,5 % sur la période de 2005 à 2014. Cette dynamique est d'abord, le fait du secteur public qui affiche un accroissement annuel moyen de 10,1% de 2005 à 2009. Ensuite, de 2010 à 2014, elle est le fait du secteur privé qui a de manière soutenue, un accroissement annuel moyen de près de 12%. L'examen national 2015 de l'Education Pour Tous nous donne une synthèse de l'évolution des effectifs élèves comme suit :

176 MEN et DIPES, 2009, op. cit., p. 14

177 ibidem

178 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p.71

179 ibidem

111

Tableau XIV : évolution des effectifs élèves de 2006 à 2014

Années scolaires

Effectifs élèves

2006/2007

Ensemble

2.179.801

Garçons

1.217.616

Filles

962.185

2007/2008

Ensemble

2.356.240

Garçons

1.317.104

Filles

1.039.136

2008/2009

Ensemble

2.383.359

Garçons

1.317.988

Filles

1.065.371

2010/2011

Ensemble

2.704.458

Garçons

1.478.174

Filles

1.226.284

2011/2012

Ensemble

2.953.461

Garçons

1.619.026

Filles

1.334.435

2012/2013

Ensemble

3.021.417

Garçons

1.627.519

Filles

1.393.898

2013/2014

Ensemble

3.176.799

Garçons

1.703.784

Filles

1.473.015

Source : MENET, 2014, Rapport Bilan de mise en oeuvre de l'EPT, Abidjan, MENET, p. 24

Cette évolution des effectifs élèves montre un fort accroissement de la population scolaire primaire dans l'ensemble avec une forte disparité en faveur des garçons. En conjonction avec le manque d'infrastructure et celui des ressources humaines, cela donne lieu à des effectifs pléthoriques dans les classes comme le montre l'image suivante :

112

Figure 11: effectif pléthorique à l'EPP Aboliba, DREN de Bouaké 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

113

A l'image de l'EPP Aboliba, les écoles du primaire font face à un accroissement soutenu des effectifs élèves. L'EPP Aboliba est située dans une zone urbaine (Bouaké) à forte densité de population. Le manque d'infrastructure scolaire publique constitue un facteur aggravant de la surpopulation dans cette école.

Tableau XV: évolution des effectifs classes/élèves des écoles conventionnelles

Années

Effectifs toutes catégories

Classes

Enseignants

Elèves

REM

2006-2007

 

53.161

2.179.801

41 : 1

2007-2008

 

56.248

2.356.240

42 : 1

2008-2009

53.745

56.575

2.383.359

42 : 1

2009-2010

57.077

 
 
 

2010-2011

58.526

56.455

2.704.458

49 : 1

2011-2012

59.989

70.016

2.953.461

42 : 1

2012-2013

61.468

73.691

3.021.417

41 : 1

2013-2014

62.962

74.703

3.176.799

43 : 1

Source : MENET, 2014, Rapport bilan de mise en oeuvre de l'EPT en Côte d'Ivoire 2000/2014, pp. 13, 14, 18, 25, 28.

De manière générale, il y a une augmentation des effectifs. Les estimations ci-haut restent en deçà de la norme nationale de REM estimée 40 : 1 en 2014. C'est une situation consécutive à la forte demande d'éducation.

10.4. Administration

Le Ministère de l'Education Nationale a en charge l'éducation de base qui comprend les cycles primaire et secondaire du système scolaire en Côte d'Ivoire. Ce ministère se voit attribuer l'enseignement technique en 2012 et se nomme désormais Ministère de l'Education Nationale et de l'enseignement technique (MENET). Cette administration se décline en structures décentralisées que sont la Direction des Ecoles, Lycées et Collèges (DELC), les Directions de l'Education

114

nationale et de l'enseignement technique (DRENET), les Inspections de l'Enseignement Primaire (IEP) et la direction de l'école.

Jusqu'en 2007/2008, le système éducatif de base de Côte d'Ivoire se compose de 14 Directions Régionales de l'Education Nationale (DREN). A partir de 2008/2009, ce chiffre atteint 22 avec l'érection des Directions Départementales en Directions Régionales. Dans la même dynamique, l'enseignement primaire en 2014/2015 compte, selon la Direction des Ecoles, Lycées et Collèges (DELC)180, 35 Directions Régionales de l'Education Nationale et de l'Enseignement Technique (DRENET) et 167 Inspections de l'Enseignement Primaire (IEP). Cette administration décentralisée permet d'avoir une gestion de proximité des écoles. L'organigramme de fonctionnement administratif scolaire se présente comme suit :

180 DELC, 2015, « Le nombre actualisé de DRENET et IEP en Côte d'Ivoire au titre de l'année scolaire 2014-2015 » in http://www.élèvesmaîtres-ci.com/archives/2014/09/27/30661092.html., consulté le 10 juillet 2017

115

Figure 12 : organigramme de fonctionnement de l'administration scolaire primaire

Source : données de terrain, 2008-2014

Dans le processus de décentralisation, le Ministère de l'éducation Nationale et de l'enseignement technique (MENET) mandate les Directeurs régionaux (DRENET) qui ont un rôle de coordination au niveau régional. Ils ont à leur charge plusieurs inspections de l'enseignement primaire (IEP) qui à leur tour supervisent les activités des écoles à travers les conseillers pédagogiques d'inspection et de secteur. Ceux-ci ont à leur charge, les directeurs d'école qui dirigent les écoles au quotidien avec les maîtres. Le rôle du Directeur est capital dans la gestion de l'école. Son rôle mérite d'être expliqué.

116

Selon ANY-GBAYERE (1990), le directeur d'école primaire a « un rôle pédagogique et administratif dans l'établissement. 181» En ce qui concerne ce rôle administratif, ANY-GBAYERE le décrit comme suit :

(i) le directeur informe le personnel et commente les instructions et circulaires reçus en conseil des maîtres. (ii) Il affiche chaque document afin que chacun en prenne personnellement connaissance, de préférence, il fait émerger chacun après lui en avoir fait prendre connaissance. (iii) Il classe les documents. (iv) Il contrôle également tous les documents produits par les adjoints et veille à l'exactitude des contenus. (v) Il a obligation de transmettre toute correspondance adressée par ses collaborateurs, sous son couvert aux instances hiérarchiques, en y joignant une note d'accompagnement. (vi) Il doit procéder à l'inscription des nouveaux élèves sur le registre des matricules.(vii) Il fait la mise à jour des fiches scolaires en fin d'année. (viii) Il établit les certificats de scolarité. (ix) Il classe et met à jour les fiches scolaires. (x) Il tient la comptabilité de la coopérative. (xi) Il tient les livres des inventaires. 182

L'administration scolaire est hiérarchisée avec des responsabilisés confiées à chaque palier de l'organisation. Cela permet plus de célérité dans l'exécution des tâches.

10.5. Parents d'élèves

Les parents d'élèves sont organisés en comité nommé Comité de Gestion des Etablissements Scolaires (COGES). Ils sont créés par le décret n° 95-26 du 20 janvier 1995 portant création des comités de gestion des établissements scolaires publics. Ces comités sont régis par l'arrêté n° 0164 MEN/CAB du 22 novembre 2012 portant fonctionnement des Comités de Gestion des Etablissement Scolaires publics. Cet arrêté se base sur le décret présidentiel n° 2012-488 du 07 juin 2012 portant attributions, organisation et fonctionnement des Comités de Gestion des Etablissements Scolaires publics. Selon l'arrêté de 2012, le COGES a pour mission « de contribuer à la promotion de l'établissement où il siège et d'y créer les conditions d'un meilleur fonctionnement. 183 » Cette mission se décline en plusieurs objectifs spécifiques à savoirs :

181 S. ANY-GBAYERE, 1990, Gestion des écoles publiques, aspects réglementaires, Abidjan, Edition Confors. p. 399

182 idem, p. 402

183 MEN, 2012, Arrêté n° 0164 MEN/CAB du 22 novembre 2012 portant fonctionnement des Comités de Gestion des Etablissements Scolaires publics, chapitre II.

117

- aider à l'entretien courant des bâtiments et des équipements ;

- sauvegarder le patrimoine et l'environnement ;

- contribuer à l'encadrement civique et moral des élèves ;

- favoriser l'intégration de l'établissement scolaire dans son milieu ;

- apporter un appui aux activités socioculturelles de l'établissement ;

- suivre l'évolution des effectifs des élèves et du personnel au sein de

l'établissement ;

- apporter un appui aux activités pédagogiques ;

- contribuer à la résolution du déficit en enseignants ;

- contribuer à la scolarisation des enfants notamment des filles, tant en mi-

lieu urbain qu'en milieu rural ;

- aider à la promotion de l'installation des cantines scolaires et contribuer à

leur fonctionnement ;

- oeuvrer pour l'hygiène et la santé en milieu scolaire ;

- assurer le suivi de la gestion des manuels scolaires ;

- recouvrer et gérer toutes les ressources financières de l'établissement

autres que le budget de l'Etat ;

- gérer, pour le compte de l'établissement, les fonds générés par les Activités

Génératrices de Revenus qu'il initie ;

- et aider à lutter contre la violence et la tricherie à l'école, assister les

autorités de l'établissement dans la gestion des crises. 184

Les COGES formalisent ainsi la volonté de l'Etat, d'impliquer de manière systématique les associations de parents d'élèves dans la gestion de l'école. Cependant, le RESEN 2016 estime qu'en 2014, « le fonctionnement réel des comités de gestion des établissements n'est pas bien évalué et suivi 185» car les questionnaires statistiques prévus à cet effet ne sont pas systématiquement renseignés et les données ne sont pas exploitées. Un meilleur suivi des COGES permettrait d'affiner leurs missions futures. Le même rapport constate par ailleurs, un bon déploiement des COGES estimé à 88% de couverture des établissements primaires publics. Environ 42% seulement de ces COGES bénéficient d'une subvention ; laquelle situation limite leur autonomie financière.

10.6. Infrastructures et équipements

En 2008, la plupart des infrastructures scolaires sont en état de dégradation par manque d'entretien dû à une insuffisance d'investissement ou aux crises mili-

184 MEN, 2012, op. cit., chapitre 2

185 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit. p. 132

118

taro-politiques successives ayant affecté l'école. L'image suivante nous donne un aperçu de l'état des écoles avant leur réhabilitation.

Figure 13 : bâtiment en état de dégradation avancée à l'EPP Bamoro en 2009, DREN de Bouaké

Source : données de terrain, 2008-2014

188»

119

Après cette période trouble, le retour des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) permet une amélioration des infrastructures et équipements. Ainsi, au niveau de l'équipement, on observe une amélioration dans la fourniture d'électricité, à savoir que « 37 % d'écoles sont électrifiées en 2014, contre 23 % en 2007 ; [par contre] le pourcentage d'écoles équipées de points d'eau ou de cantines est en baisse 186», faute de programmes d'investissements spécifiques. L'accès à une éducation de qualité pour tous ne peut être réalisé sans que « des infrastructures adéquates soient construites pour accueillir les élèves et les activités éducatives. 187» Le rapport note également que : « le rythme de construction au primaire a permis de maintenir la stabilité du ratio élèves-classe, même si un cinquième des salles sont en matériaux provisoires.

Concernant l'évolution du réseau d'infrastructure scolaire primaire en terme quantitatif, elle peut être fondée sur les écoles ou les salles de classe. Pour les écoles, le nombre en 2014 est estimé à : « 13. 785 écoles primaires, 81 % sont publiques, les écoles communautaires représentant 5 %. Le nombre d'écoles primaires a substantiellement augmenté sur la période 2009-14. Leur nombre a cru à un taux moyen annuel de 7,2 % sur la période, de 9 758 en 2009 à 13 785 en 2014. 189» Pour les salles de classe, ledit rapport note que : « en 2014, l'enseignement primaire comptabilise 74 671 salles de classe, dont 85 % sont publiques. Entre 2009 et 2014, 20 926 nouvelles salles de classe ont été construites, ce qui correspond à une hausse de 39 % et un accroissement moyen annuel de 6,8 % sur la période.190 »

186 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit. p. 119

187 idem, p. 235

188 ibidem

189 idem, pp. 235-236

190 idem, p. 236

120

Figure 14 : un bâtiment entièrement réhabilité à l'EPP Bamoro, DREN de Bouaké 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

Cette réhabilitation est l'oeuvre des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) qui accompagnent le gouvernement dans la période de reconstruction. Ces efforts sont fort appréciables, mais face à l'explosion de la démographie scolaire, les résultats restent en deçà des attentes du PAMT secteur éducation formation 2012/2014 qui prévoyait « la construction de 6.260 salles de classes [supplémentaires] et la réhabilitation et la reconstruction de 4.000 salles de classe avec un investissement en eau et assainissement dans les écoles. 191» On peut apprécier ces réhabilitations de point d'eau et de toilette faites à Bouaké dans les images suivantes :

121

191 MEN, 2011, op. cit., p. 9

122

Figure 15 : construction d'un point d'eau et de toilettes à l'EPP Paris Bouaké, DREN Bouaké 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

123

Ce point d'eau et les toilettes sont réhabilités pour un groupe scolaire dont les besoins restent au-delà des infrastructures disponibles. On dénombre bien établissements qui expriment le même besoin mais leurs appels restent sans suite.

10.7. Matériel didactique et manuels scolaires

Le matériel didactique se compose de guides d'exécutions, de fiches pédagogiques et de petits matériels comme les craies et les matériels géométriques. Les manuels scolaires sont constitués de livres de la collection « Ecole et Nation » dans les disciplines enseignées. Le guide d'exécution se présente comme suit :

Tableau XVI : exemple de Guide d'exécution du programme de l'enseignement primaire

Semaines

Mois

Compétences

Leçons

Nombre de séances

1

 

Compétence 1

 
 
 
 
 
 

2

 

Compétence 2

 
 
 
 
 
 

3

 

Compétence 3

 
 
 
 
 
 

4

 

Compétence 4

 
 
 
 
 
 

Source : MENET, 2014, Programmes éducatifs et guides d'exécution CE2, Abidjan, MENET, p. 25

Ce guide constitue la progression que doit suivre l'enseignant pour développer les compétences de base de l'enfant pendant les 32 semaines de cours. Ce guide est détaillé par la fiche pédagogique qui se présente comme suit :

124

Tableau XVII: exemple de fiche pédagogique

Discipline : Niveau :

Thème : Date :

Leçon : Durée :

Matériel : Semaine :
Documentation :

Tableau des habiletés et contenus

Habiletés

contenus

Déroulement

Plan du cours

Activités-maitre

Stratégies péda- gogiques

Activités élèves

Présentation

 
 
 

développement

 
 
 

Evaluation

 
 
 

Source : MENET, 2014, Programmes éducatifs et guides d'exécution CE2. Abidjan, MENET, pp. 34-35

Cette fiche permet à l'instituteur de se fixer un objectif et de définir les voies pour y parvenir. Elle permet également de faire le suivi des cours.

10.8. Méthodes et instruments d'évaluation

En général, il y a deux types d'évaluation, à savoir l'évaluation formative et l'évaluation sommative. Le premier type d'évaluation appelée application, intervient communément en fin de séance. Il consiste à faire des exercices contextuali-sés qui prennent en compte toutes les habiletés de la leçon.

Le second type d'évaluation intervient en fin de leçon. Il permet de fournir un bilan du niveau des acquisitions de l'élève. Le cycle d'une leçon s'achève tou-

125

jours par une évaluation et une séance de renforcement appelées remédiation. Celle-ci a pour but de procéder à la correction des erreurs ou des insuffisances relevées lors de l'évaluation sommative. Elle se traduit par des exercices de renforcement ou de prise en compte de certains aspects de la leçon qui n'ont pas été compris.

126

Conclusion du chapitre 1

Au terme du chapitre 1, on note que deux types de disposition fondent le cadre institutionnel des écoles conventionnelles, à savoir :

- les textes internationaux, tels que la Déclaration de Jomtien, le Cadre d'Action de Dakar, les Objectifs du Millénaire pour le Développement et l'Objectif de Développement Durable (ODD 4) ;

- les dispositions nationales telles que la loi n° 95-696 du 7 décembre 1995, le PNDEF 1998-2010 et le PAMT du secteur de l'éducation/formation 2012-2014.

Les écoles conventionnelles ont pour mission, le développement de la personnalité de l'enfant pour aborder le cycle secondaire du système scolaire tout en l'imprégnant de son milieu social. La réalisation de cette mission passe par sa formation psychologique, morale et physique. La méthode d'enseignement qui est de rigueur dans les écoles conventionnelles, est l'Approche Par Compétence (APC) qui est une version recadrée de la Formation Par Compétence (FPC). La seule langue d'enseignement est le français qui est la langue officielle de la Côte d'Ivoire. Le programme scolaire est axé sur les langues, les sciences, l'univers social, les arts, le développement physique, les droits de l'homme et la citoyenneté.

En ce qui concerne l'organisation des cours, le cycle primaire de l'école conventionnelle dure six ans et il se compose de trois sous-cycles de deux ans chacun : il s'agit des cours préparatoires (CP1 et CP2), des cours élémentaires (CE1 et CE2) et des cours moyens (CM1 et CM2). Ce cycle est sanctionné par le Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires (CEPE), donnant accès au premier cycle du secondaire général ou professionnel. En outre, l'on note l'existence des classes à profil spécifique et les écoles communautaires sur la carte scolaire pour faire face au déficit d'infrastructure et de personnel. La formation initiale des enseignants du primaire est assurée par les Centres d'Animation et de Formation Pédagogique (CAFOP). Cette formation est sanctionnée par le Diplôme

127

d'Instituteur Stagiaire (DIS). Une formation continue est ensuite assurée par les conseillers pédagogiques dans les écoles à travers l'encadrement pédagogique.

On note que la masse horaire varie de 19 à 32 semaines de cours selon les domaines et les disciplines, avec une forte cotation des sciences et des langues en termes de coefficient. Pour le flux interne du système scolaire, l'étude a montré une amélioration substantielle des indicateurs de performance à l'exception des taux de déperdition qui montrent que près de 40% d'élèves n'achèvent pas leur cycle primaire en 2014. Enfin, l'étude a permis de distinguer trois types d'intrants à savoir les ressources humaines, les ressources financières et les ressources matérielles. A ce niveau, l'on constate une forte croissance de la population scolaire disproportionnelle à la croissance des effectifs des enseignants, à celle des infrastructures scolaires et aux budgets de fonctionnement. Cela débouche sur des dysfonctionnements du système scolaire.

128

CHAPITRE 2 : PRÉSENTATION DES

CLASSES PASSERELLES

Le chapitre 2 est consacré aux traits caractéristiques des classes passerelles. Ce sont des écoles conçues dans un contexte de conflits armés pour scolariser ou rescolariser les enfants restés hors du système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire. Cela leur confère le double statut d'alternative éducative et de dispositif d'éducation d'urgence. De prime à bord, pour comprendre leur fondement juridique, la première section s'intéresse aux dispositions qui encadrent leur création et leur gestion. Une autre identifie leurs missions et leurs objectifs. Le processus enseignement-apprentissage est analysé à travers les méthodes et les langues d'apprentissage. A ce niveau, plusieurs techniques d'apprentissage utilisées par les équipes pédagogiques sont décrites.

Ensuite, la spécificité du programme scolaire des classes passerelles est mise en exergue. Cette section identifie les disciplines enseignées et montre leur programmation en fonction des objectifs d'apprentissage et du type d'apprenant. La description de la méthode d'intervention permet de cerner les conditions et les critères d'exécution des projets-écoles des classes passerelles. Concernant les enseignants, quels sont les types de formation pédagogique prévus ? En termes de temps d'exécution du programme scolaire, quelle est la masse horaire journalière, hebdomadaire et annuelle?

Par ailleurs, une section est consacrée aux flux internes des classes passerelles. Elle présente les taux de réussite selon les années. La dernière section présente les intrants mis à disposition pour réaliser les objectifs pédagogiques. Cela prend en compte les ressources humaines, matérielles et financières. Cette section se décline en sous-sections qui présentent les sources de financement, les enseignants, les élèves, l'administration, les parents d'élève, les infrastructures et les équipements, le matériel didactique et les manuels scolaires, les méthodes et les

129

instruments d'évaluation. Comment tous ces intrants concourent-ils à l'exécution du projet-école des classes passerelles ?

1. Cadre institutionnel des classes passerelles

Le MEN (2009) prévoit dans son plan d'action à moyen terme : « le développement de l'offre des classes passerelles, la standardisation de leurs curricula, la mise à disposition des écoles d'enseignants publics et la formation des enseignants 192» afin de définir les conditions de leur prise en compte dans la carte scolaire. Le plan d'action à moyen terme 2012/2014 du MEN prévoit en son point 25 une « extension du dispositif des classes passerelles 193» pour prendre en compte les enfants déscolarisés et non scolarisés. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre de la loi n° 95-696 du 7 septembre 1995 relative à l'enseignement qui énonce en son article premier que « le droit à l'éducation est garanti à chaque citoyen (...) ».

Le PNDEF (Plan National de Développement du Secteur Education Formation) 1998-2010 prévoit également dans ses principes fondamentaux le renforcement des actions pour réduire « les inégalités dans l'accès à l'éducation/formation (...) » Au titre des réformes, il est prévu d'élargir « l'offre d'éducation/formation aux zones défavorisées. »

Toutes ces dispositions s'inscrivent dans le cadre global de l'EPT (Education Pour Tous) de 2000 qui garantit un accès équitable de tous les enfants à une éducation de base. Ces mêmes principes sont réaffirmés par la Déclaration d'Incheon ou Education 2030 adopté en 2015.

En 2015, conformément au principe de mise en oeuvre d'un dispositif d'éducation d'urgence, des normes minimales ont été élaborées par les promoteurs des classes passerelles en partenariat avec l'administration scolaire nationale

192 MEN et al, 2011, op. cit., p. 17

193 idem, p. 9

130

en Côte d'Ivoire. Selon MENET et NRC (2015)194 Elles sont élaborées selon six axes à savoir :

- norme 1 : critères de choix des zones d'implantation

Désormais, le choix des localités ou sites d'implantation des classes passerelles en Côte d'Ivoire est fonction de :

- l'existence de besoin en matière d'éducation/formation;

- l'engagement des communautés et des autorités éducatives pour la mise en oeuvre des classes passerelles dans la zone pré-identifiée ;

- l'existence potentielle d'écoles formelles dans la zone d'implantation ; - l'existence d'infrastructures d'accueil.

Pour la mise en oeuvre des classes passerelles, une prospection des besoins d'offres réels en éducation est effectuée dans la localité pour s'assurer de l'existence de bénéficiaires potentiels. Elle consiste à déterminer le nombre d'enfants hors du système scolaire et susceptibles d'être atteints par la limite d'âge. Si les écoles conventionnelles sont destinées à recevoir les élèves issus des classes passerelles, l'ouverture de celles-ci n'est pas conditionnée par l'existence des premières. Dans le processus, une classe passerelle pourrait servir « d'embryon 195» à l'ouverture d'une école conventionnelle reconnue par les autorités et inscrite sur la carte scolaire. S'il n'existe pas d'école conventionnelle, le projet prévoit une phase de sensibilisation des communautés, des autorités administratives et éducatives à la création de celle-ci en fonction des niveaux CP, CE et CM.

Pour une plus grande implication des parties prenantes dans la mise en oeuvre des classes passerelles, l'organisation doit suffisamment informer, communiquer et sensibiliser les communautés et les partenaires du système éducatif sur les thématiques comme :

- le droit à l'éducation pour tous les enfants ;

- la protection contre les pires formes de travail des enfants ;

- l'importance de l'éducation comme moyen de protection des enfants.

194 MENET et NRC, 2015, op.cit., pp. 9-24

195 idem., p. 9

131

La réussite de ce processus exige des rencontres avec les communautés, les autorités administratives et éducatives locales pour identifier les besoins liés à l'opérationnalisation du projet et les impliquer à sa réalisation.

- norme 2 : processus d'identification et de sélection des enfants.

Ce processus se déroule en six étapes qui sont :

- l'évaluation des besoins en éducation ;

- l'élaboration des critères (effectif, âge et niveau) ;

- le pré-enregistrement des bénéficiaires ;

- la récupération des fiches de pré-enregistrement ;

- la validation des fiches au vu des critères susmentionnés ;

- la remise des convocations aux enfants et aux parents pour l'inscription à la rentrée.

L'évaluation des besoins en éducation porte d'abord sur l'identification des sources d'information comme les IEP et les communautés. Ensuite, les acteurs du projet vérifient l'existence des bénéficiaires au sein des localités. Puis des rencontres d'information et de sensibilisation sont organisées avec les parties prenantes. Enfin, les infrastructures éducatives de la localité sont évaluées. Concernant les effectifs des élèves, le nombre requis est de trente à trente-cinq personnes par classe. Ces effectifs tiennent compte de l'âge des enfants, de leur passé scolaire et leur niveau d'étude. Ainsi, trois niveaux sont prévus comme suit :

- le Cours Préparatoire Unique (CPU) reçoit les enfants âgés de neuf à dix ans révolus jamais scolarisés ou déscolarisés précocement ;

- le Cours Elémentaire Unique (CEU) accueille les enfants âgés de onze à douze ans révolus ayant déjà eu une première expérience scolaire de l'école primaire ;

- le Cours Moyen Unique (CMU) dispose d'enfants âgés de treize à quatorze ans révolus ayant une première expérience scolaire de niveau du cours élémentaire (C.E) ;

En outre, il est prévu le recrutement d'enfants menacés par la limite d'âge d'accès à l'école primaire. Le pré-enregistrement des bénéficiaires se fait à partir

132

d'une fiche d'identification à renseigner par le personnel de l'organisation ou par les points focaux que sont les présidents de COGES, les directeurs d'école et les chefs de village. Ensuite, la fiche est retournée au promoteur pour la suite du processus. Elle aboutit à la validation des données collectées qui tient compte des critères de sélection des bénéficiaires, c'est-à-dire l'effectif, l'âge et le niveau.

Le processus se termine par la remise des convocations aux enfants et aux parents pour l'inscription à la rentrée scolaire. C'est une inscription gratuite qui se fait sous la supervision d'un comité composé du directeur de l'école, du COGES et du promoteur des classes passerelles.

- norme 3 : recrutement et prise en charge des enseignants volontaires. Elle porte sur :

- le recrutement des enseignants ;

- les conditions de prise en charge des enseignants volontaires.

Les enseignants volontaires des classes passerelles sont recrutés au sein des communautés locales. Cela permet de faciliter la collaboration avec les parents et la prise en charge de ces enseignants volontaires. Ce recrutement est fait de manière gratuite. La norme comprend un critère d'âge compris entre dix-huit et quarante ans pour les enseignants en plus du niveau d'étude qui est le Brevet d'Etude du Premier Cycle (BEPC). Le recrutement des enseignants devra se faire en quatre étapes, à savoir :

- l'appel à candidature : il est lancé par le promoteur en collaboration avec l'Inspection d'Ecole Primaire (IEP) de la zone d'intervention. Cette étape dure deux semaines ;

- la réception des dossiers : les dossiers sont reçus directement par l'IEP ou par le responsable de la communauté ou par le promoteur pour être transmis à l'IEP. Les dossiers sont constitués d'une photocopie de la carte nationale d'identité, de la photocopie du diplôme sur présentation de l'original et d'une demande manuscrite adressée à l'IEP de la circonscription ;

133

- la validation des dossiers : un comité de validation composé d'au moins trois membres issus de l'IEP et de l'organisation promotrice, statuent sur les dossiers ;

- le test de présélection : un test de présélection est proposé par les conseillers pédagogiques formateurs. Il est organisé par l'IEP en collaboration avec l'organisation promotrice. Il porte sur des épreuves telles que la dictée, la rédaction et les mathématiques. A l'issue de cette première étape, les candidats admissibles auront un entretien avec une commission mise en place par l'IEP et le promoteur. La liste des admis sera publiée au plus tard deux semaines après le test. Cette liste est affichée dans l'IEP et communiquée aux communautés par l'organisation promotrice. Le processus est entièrement gratuit et il encourage les candidatures féminines.

Concernant les conditions de prise en charge des enseignants volontaires, la communauté locale devra offrir une maison pour l'hébergement et la nourriture. Le promoteur leur accorde une prime minimum mensuelle de quarante mille francs et leur assure des frais de déplacement dans le cadre de toute formation. Les autorités administratives et éducatives leur apportent une protection et un appui technique en termes de suivi-évaluation.

- norme 4 : formation de l'enseignant(e) et d'autres acteurs.

Pour les enseignants, les quatre types de formation retenus sont les suivants : la formation initiale, la formation continue, le suivi pédagogique et le suivi administratif. La formation initiale devra se faire par l'encadreur de l'antenne pédagogique ou le formateur de l'organisation promotrice entre douze et trente jours. Elle porte sur la pédagogie, la didactique et la déontologie de l'enseignement. On procèdera aussi par regroupement des enseignants par zone d'intervention.

La formation continue devra se faire par l'encadreur de l'antenne pédagogique ou le chargé de l'éducation de l'organisation promotrice. Elle se fera en

134

cinq jours chaque deux mois à partir de la rentrée scolaire. Soit dix jours au total durant l'année scolaire. Elle porte sur le renforcement des capacités en didactique. On procèdera par regroupement des enseignants par zone d'intervention.

Le suivi pédagogique devra se faire par une équipe pédagogique composée du personnel de l'antenne pédagogique, du chargé de l'éducation de l'organisation promotrice et du directeur de l'école. Elle a lieu une fois avant chaque regroupement. Soit deux regroupement au total sur l'année scolaire. On procèdera par des visites de classe d'une part et les mercredis seront mis à profit d'autre part, lorsque la classe passerelle est logée au sein d'une école conventionnelle. Le suivi administratif (respect des textes et des instructions officielles) sera assuré par le personnel d'éducation de l'organisation et par le directeur de l'école. Elle a lieu à tout moment de l'année scolaire. On procèdera par des visites de classe et des échanges avec les enseignants.

Pour les autres acteurs (le directeur d'école, ses adjoints, le COGES, les représentants des jeunes, les responsables des femmes, les responsables des associations, le chef du village, l'IEP, le CPI, les conseillers en éducation de l'organisation), la formation se passe en un ou deux jours et porte sur les thématiques relatives à la gouvernance au sein de l'école et le rôle des COGES. En outre, le projet favorise l'intégration des enseignants volontaires des classes passerelles à la vie scolaire de l'école et à celle de la circonscription de l'enseignement préscolaire et primaire de la zone d'intervention. Cela passe aussi par les journées pédagogiques et les activités socioculturelles. Le projet fait de la formation des acteurs, une obligation. Ce faisant, il vise une meilleure coordination de l'action pédagogique et une meilleure compréhension du concept « classe passerelle ».

- norme 5 : organisation des enseignements et apprentissages. Elle porte sur :

135

- le principe des programmes éducatifs d'enseignement/apprentissage accé-

lérés ;

- les stratégies pédagogiques d'enseignement/ apprentissage accéléré ;

- l'aménagement de l'espace-classe ;

- l'évaluation des enfants des classes passerelles.

Les enseignants volontaires des classes passerelles devront dispenser des contenus identiques à ceux des écoles conventionnelles. Les programmes éducatifs révisés devront tenir compte de ceux du système conventionnel, de la didactique des disciplines des classes passerelles, de la psychopédagogie et de l'administration scolaire, telles qu'en vigueur dans l'enseignement primaire conventionnelle. Les contenus d'enseignement/apprentissage des deux années d'un cycle sont condensés pour être étudiés en une année scolaire. Par la suite, les élèves intègrent ou réintègrent le système scolaire conventionnel selon leurs niveaux et leurs résultats du test d'intégration.

Les stratégies d'enseignement/apprentissage des classes passerelles mettent l'apprenant au centre de l'apprentissage. Les besoins et les motivations de l'apprenant sont pris en compte. Il est actif et « apprend à apprendre. 196» L'apprentissage est interactif, participatif et focalisant, davantage, l'intérêt sur les stratégies d'apprentissage que sur les contenus. Les classes passerelles ont un effectif réduit. Le ratio enseignant par élève est de 1 : 30, le maximum étant de 1 : 35. Ce ratio favorise l'application des stratégies pédagogiques dynamiques. Vu l'effectif réduit des classes passerelles, l'enseignant volontaire est invité à mettre en oeuvre les méthodes actives. Il doit aménager l'espace-classe afin de rendre la classe la plus fonctionnelle possible. L'aménagement de l'espace-classe la plus recommandée est la disposition des tables-bancs en forme de « U », face à un tableau mobile fixe. Pour chaque niveau, un emploi du temps a été conçu lors des séminaires nationaux d'Abidjan et de Guiglo et validé par la DPFC. Il fixe le

196 MENET et NRC, 2015, op.cit., p. 18

136

temps de travail hebdomadaire à cinq ou six jours selon le promoteur des classes passerelles.

Une classe des classes passerelles comprend deux niveaux. L'enseignant volontaire dispense d'abord les contenus de niveau 1. Puis, il procède à une évaluation avant de poursuivre avec le niveau 2. En fin d'année, une évaluation de fin de cycle est effectuée afin de juger du niveau global des enfants et de procéder à leur intégration dans les niveaux du système scolaire conventionnel en fonction de leurs résultats individuels.

- norme 6 : rôles et responsabilités des parties prenantes.

Elle définit le niveau d'implication des acteurs des classes passerelles qui sont :

- les partenaires techniques et financiers ;

- les responsables de communautés ou COGES ;

- les enseignants volontaires des classes passerelles ;

- les enfants des classes passerelles ;

- l'administration scolaire ;

- le groupe sectoriel éducation/ formation ;

- le service de veille et de suivi des programmes ;

- le SNAPS-COGES ;

- les élus locaux et collectivités locales ;

- l'INS (Institut National de Statistique)

Les Partenaires Techniques et Financiers veillent au respect du droit à l'éducation des enfants en apportant l'expertise adéquate et en mobilisant les ressources humaines, matérielles et financières. Les responsables des communautés ou les COGES servent d'interface entre les PTF et les communautés. Ils veillent à l'inscription des enfants dans les classes passerelles, à leur maintien et au suivi des enfants intégrés dans les écoles conventionnelles. Pour ce faire, ils participent à toutes les étapes du processus à savoir de l'identification des enfants à la sécurisation de la classe en passant par la mobilisation des ressources humaines et matérielles. Ces actions sont renforcées par le SNAP-COGES qui veille à la prise en

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compte par les COGES des classes passerelles dans leurs plans d'action. Cela est effectif en informant et en mobilisant les COGES sur l'intérêt des classes passerelles.

Les enseignants volontaires veillent à l'application des approches pédagogiques et des programmes éducatifs en vigueur, au respect du code de conduite et à la protection des enfants. Pour assurer ces responsabilités, ils dispensent les enseignements, promeuvent l'éducation dans la communauté et assurent le suivi des enfants. Les enfants des classes passerelles veillent à achever le cursus scolaire en participant aux apprentissages avec assiduité. Les élus locaux et les collectivités locales veillent à la participation des communautés et à la mise à disponibilité des moyens matériels et financiers pour la création des classes passerelles. Pour ce faire, ils informent, mobilisent les acteurs et initient des actions de plaidoyer en faveur des classes passerelles.

Le groupe sectoriel éducation/formation est responsable de la vulgarisation et du partage des informations relatives aux classes passerelles. Ainsi, il initie des actions de plaidoyer pour l'accès des enfants à une éducation de qualité et mobilise des ressources à cet effet. Le service de veille et de suivi des programmes agit au niveau national. Il se préoccupe de la qualité de l'enseignement/apprentissage des classes passerelles en évaluant les acquis scolaires des élèves. L'INS devra actualiser les données statistiques relatives aux enfants hors du système scolaire et les mettre à la disposition des acteurs. Le Service Autonome de l'Alphabétisation et de l'Education Non Formelle (SAA-ENF) a une couverture nationale. Il devra faire respecter les textes relatifs aux classes passerelles à travers le suivi-évaluation du processus de la mise en oeuvre des classes passerelles.

L'administration scolaire comprend une diversité d'acteurs qui participent au bon fonctionnement des classes passerelles notamment à différents niveaux. Il s'agit de la Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue (DPFC), de la Direction des Ecoles Lycées et Collèges (DELC), de la Direction de la Planification, de l'Evaluation et des Statistiques (DPES), de la Direction Régionale de

138

l'Education Nationale et de l'Enseignement Technique (DRENET), de l'Inspection de l'Enseignement Primaire (IEP), des Conseillers Pédagogiques du Préscolaire et du Primaire (CPPP) et du directeur d'école. Ainsi, au niveau national, la DPFC s'assure de la qualité des programmes éducatifs et des plans de formation du personnel des classes passerelles. La DELC est soucieuse du respect du droit à l'éducation des enfants par l'effectivité de leur intégration dans le système scolaire conventionnel. La DPES devra mettre à disposition les données statistiques relatives aux capacités des écoles d'accueil des enfants à intégrer dans le système scolaire conventionnel.

Au niveau régional, la DRENET devra s'assurer du bon fonctionnement des classes passerelles et de la prise en compte de leurs besoins. Pour atteindre ces objectifs, Elle évalue les besoins des classes passerelles et coordonne la mise en place des organes de pilotage. Elle assure la supervision pédagogique des enseignants volontaires, valide les évaluations des élèves et assure la supervision de la mise en oeuvre des classes passerelles. L'IEP veille au bon fonctionnement des classes passerelles au niveau local en évaluant leurs besoins et en conduisant le processus de recrutement des enseignants volontaires. Elle assure également la supervision pédagogique des enseignants volontaires et valide les évaluations des élèves.

Le CPPP devra faire respecter les volumes horaires d'enseignement/ apprentissage dans les classes au niveau local. Il assure alors la formation et l'encadrement pédagogique des enseignants volontaires. Quant au directeur d'école, il veille à la tenue correcte des outils pédagogiques par les enseignants dans les classes. Cet objectif se réalise à travers le suivi pédagogique des enseignants, la vérification de l'assiduité des élèves au cours et la participation du CPPP aux visites dans la communauté.

139

Les six normes devraient permettre aux acteurs des classes passerelles d'opérer selon un standard qui intègre tous les aspects du fonctionnement du dispositif.

2. Mission et objectifs

Selon les promoteurs, la mission des classes passerelles est de dispenser des connaissances aux élèves déscolarisés et non scolarisés afin de permettre leur intégration dans l'école conventionnelle. A cette fin, trois objectifs spécifiques se déclinent comme suit :

- développer chez les apprenants la compétence de lecture par la reconnais-
sance des lettres, des mots, des expressions, des phrases et des textes ;

- développer chez les apprenants la compétence d'écriture par la reconnaissance et la rédaction des lettres et des textes à partir de leur vécu et le discours oral comme le conte ou le récit ;

- développer chez les apprenants la compétence de calcul par les opérations mathématiques à partir du vécu.

Ces objectifs prennent en compte les trois compétences de base nécessaires à l'alphabétisation tout en mettant l'accent sur le savoir-être.

3. Méthodes et langues d'enseignement

NRC (2015) décrit les méthodes d'enseignement des classes passerelles

comme « des méthodes d'apprentissage accélérées qui mettent l'accent
sur l'apprenant, ses besoins et ses motivations. 197» Ces méthodes s'appuient sur des stratégies d'apprentissage plutôt que sur des contenus. Les enseignements dispensés en langue française uniquement pour le modèle NRC alors que les classes EPT utilise la langue maternelle avant d'y associer le français.

197 Centre Béthanie de Man, 2015, Présentation de l'approche des classes passerelles NRC, Abidjan, NRC. p. 36

140

4. Programme

Le programme de l'apprentissage est élaboré par l'équipe pédagogique de l'ONG EPT et NRC puis validé par les conseillers pédagogiques qui représentent l'inspection de l'enseignement primaire. Ce sont les programmes accélérés de deux années, à savoir :

- pour les CPU, les contenus du CP1 et CP2 sont condensés pour les élèves âgés de 9 ans au moins ;

- et pour les CEU, ce sont les contenus de CE1 et CE2 qui sont condensés pour les élèves âgés de 11 ans au moins.

Les disciplines enseignées sont : l'expression écrite, l'expression orale, l'exploitation de texte 1 et 2, la lecture, l'ECM (Education Civique et Morale), les mathématiques, l'histoire, la géographie, les AEC (Activités d'Eveil Corporel), les Sciences et Technologie et l'EPS (Education Physique et Sportive). En plus de ces disciplines classiques, des activités coopératives sont également organisées.

5. Organisation des cours

L'enseignement est organisé en un cycle unique dénommé CPU (Cours Préparatoires Uniques). Dans cette organisation, les élèves sont tous regroupés dans la même salle et reçoivent les mêmes enseignements. L'enseignement en CPU, pour les classe passerelles EPT se décline en deux cycles à savoir, les CP (Cours Préparatoires) et les CE (Cours Elémentaires). Ce sont les programmes compressés (une réduction des contenus basée sur l'essentiel des deux cycles) qui constituent les CPU pour les classes EPT. Un promoteur qualifie cela de « classe multi-âge.198» Cela permet aux apprenants d'effectuer, en neuf mois de cours, quatre années scolaires des écoles conventionnelles. Dans ce schéma, les enseignements en CP sont dispensés en deux mois. Ils se résument en préapprentissage (la prélecture, la préécriture et le précalcul), qui a pour vecteur, la langue maternelle et la langue française. En générale, la langue maternelle retenue est

198 Classe multi-âge : S. CONNAC, 2006, la définit comme « une hétérogénéité de l'âge des apprenants d'une classe »

141

celle qui est dominante (langue véhiculaire) dans une zone donnée, car les apprenants sont supposés en avoir une maîtrise même si cela n'est pas vérifié. La phase de préapprentissage qui est destinée aux non scolarisés constitue un renforcement pour les déscolarisés.

Ensuite, les enseignements en CE se dispensent en sept mois à travers la langue française. Pour les CE1, les apprenants sont à une étape d'initiation au français et leur niveau est renforcé au niveau des CE2. Il est prévu pour les élèves en situation de difficulté d'apprentissage, des cours en dehors du temps scolaire normal. Cela constitue un soutien pédagogique pour les bénéficiaires.

Pour les classes NRC, une méthode différente est utilisée. Les enseignements sont organisés en cours uniques CPU, CEU et CMU. A la différence du modèle EPT, une salle de classe est mise à la disposition de chaque niveau. Le français seul est la langue d'enseignement. A la fin d'un cycle, l'élève est intégré à l'école conventionnelle ou dans le cycle suivant du dispositif passerelle selon son profil, notamment l'âge. C'est ainsi qu'un élève qui termine le CEU à 11 ans sera intégré à l'école conventionnelle au CM1 alors que celui qui a 14 ans dans les mêmes conditions sera promu au CMU de la passerelle car celui-ci ne dispose pas d'une marge de temps suffisante avant la limite d'âge du cycle primaire fixée à 15 ans jusqu'en 2015. Ce tri permet d'ajuster l'âge et le niveau d'étude, tout en étant conforme aux exigences du système scolaire primaire conventionnel.

6. Méthodes d'intervention

L'implantation des classes passerelles se fait selon quatre critères retenus par les promoteurs. Ce sont :

- la situation géographique : de manière générale, ce sont les zones rurales et les quartiers défavorisés (n'ayant pas d'école) de la ville qui sont ciblés par le projet des classes passerelles. Dans le cas échéant, les classes sont situées uniquement dans les zones CNO de Côte d'Ivoire. Pour le modèle NRC, la classe est logée dans une école conventionnelle et bénéficie de

142

l'encadrement du directeur de celle-ci. Le seul critère de l'existence de la classe passerelle, selon NRC, est l'existence d'enfants hors du système scolaire dans une localité ;

- la distance du site par rapport à l'école la plus proche : le site bénéficiaire doit être situé à une distance de plus de sept km de l'école la plus proche, pour les classes EPT;

- la population scolarisable : le site bénéficiaire doit enregistrer la présence d'au moins trente enfants hors du système scolaire dans la localité;

- le critère genre : il s'agit de prendre en compte la présence des filles au sein de la population scolarisable. C'est un critère additionnel qui privilégie le site ayant le plus grand de filles scolarisables.

Par ailleurs, la procédure d'implantation se déroule en quatre étapes qui sont :

- l'information : les autorités administratives, scolaires et coutumières sont informées du projet des classes passerelles. Il leur est demandé de proposer des noms de villages ayant un besoin d'école ;

- la prospection : deux séances de travail sont réalisées avec l'administration préfectorale et scolaire afin de les impliquer au projet école ;

- les recensements : les villages proposés par les autorités recensent leurs enfants restés en marge du système scolaire ;

- choix définitif des sites : au regard des données disponibles sur chaque village et des critères préétablis, la direction d'EPT fait le choix définitif des sites.

Ces différentes étapes de la procédure permettent d'impliquer, à la réalisation du projet, aussi bien les bénéficiaires que les acteurs étatiques.

7. Formation pédagogique des enseignants

L'ONG EPT dispense la formation initiale aux animateurs pendant deux semaines avec l'appui financier d'UNICEF. Le suivi est fait par zone chaque deux mois à raison de deux jours par séance de formation. C'est l'occasion de regrouper les animateurs d'une même zone. Au total ce sont six regroupements qui sont

143

effectués pour le suivi. La sixième se passe à l'occasion du test de transfert.

L'équipe de suivi pédagogique est composée des entités suivantes :

- le COGES (Comité de Gestion des Etablissements Scolaires) ;

- le coordinateur d'EPT (conseiller pédagogique ou conseiller

d'inspection) ;

- l'inspecteur ;

- le directeur régional ;

- l'UNICEF ;

- la cellule pédagogique d'EPT.

Le modèle NRC propose une formation initiale de dix jours et une formation continue de deux jours par mois dispensées par des conseillers pédagogiques. La mise en oeuvre des classes passerelles dans le cadre du PUAEB (avec les partenaires EPT et « soleil levant ») a mobilisé des ressources humaines qui ont été recrutés à travers des tests. Il s'agit de quarante animateurs ou enseignants volontaires et quatre superviseurs. Ces acteurs clés des quarante classes passerelles sont supposés former, « insérer ou réinsérer 600 enfants 199» dans le système scolaire conventionnel. Le processus devrait être encadré par les équipes pédagogiques des promoteurs et des structures étatiques spécialisées comme : l'Antenne Pédagogique de la Formation Continue nommée APFC et le Service Autonome d'Alphabétisation (SAA).

Le projet a suscité un atelier de formation à Bouaké du 26 août au 04 septembre 2013. Cet atelier visait principalement, la formation de quarante animateurs et quatre superviseurs aux compétences pédagogiques. Les objectifs spécifiques de la formation sont :

- apprendre aux animateurs et aux superviseurs à tenir les documents pédagogiques et administratifs ;

- apprendre aux participants, les méthodologies des disciplines enseignées dans les classes passerelles en français et en langue ;

199 EPT, 2013, op. cit., pp. 1-2

144

- apprendre aux participants à rédiger des fiches pédagogiques et à les mettre en oeuvre à travers les classes ouvertes ;

- amener les participants à utiliser de manière efficiente les graphismes dont les symboles dans la phase d'alphabétisation ;

- former les participants aux droits des enfants et aux alternatives aux punitions physiques et humiliantes ;

- et former les superviseurs au suivi-évaluation des classes passerelles.

Pour atteindre ces objectifs, les modules suivants sont développés par les formateurs : la psychopédagogie, les droits de l'enfant, l'alphabétisation, le préapprentissage en langue, la préparation de leçon, les classes à profil spécifique et le suivi-évaluation.

Conformément aux recommandations de l'atelier de Dahoua et en collaboration avec le Ministère de l'Education Nationale et ses partenaires du système Educatif, une formation initiale de vingt jours a été organisée en 2014 pour deux cent treize enseignants bénévoles des Inspections de l'Enseignement Primaire (IEP) de Bangolo, Biankouma, Bin-Houyé, Bloléquin, Danané, Duékoué, Fa-cobly, Guezon, Guiglo, Sangouiné, Taï, Toulepleu et Zouan-Hounien. Cette formation des enseignants visait les objectifs suivants :

- initier les enseignants bénévoles à la nouvelle méthode pédagogique « Approche Par les Compétences » (APC);

- les rendre plus efficaces dans l'exercice de leur fonction ;

- adapter les curricula à cette nouvelle approche.

- amener les formateurs à concevoir et soumettre leur projet de formation au plus tard le 12 Septembre 2014 ;

- adapter les curricula et les mettre à la disposition de NRC ;

- permettre aux enseignants de disposer de compétences et de connaissances pour l'encadrement et la transmission du savoir aux enfants ;

- renforcer les acquis des bénévoles en pré apprentissage ;

- former les enseignants sur l'utilisation du guide « bon enseignant » ;

145

- donner les aptitudes aux enseignants bénévoles pour remplir correctement les différents registres ;

Pour atteindre ces objectifs, les formateurs ont utilisé une méthodologie dynamique et participative mettant l'accent sur l'enseignant bénévole en identifiant ses limites afin de les corriger. Des activités ont été utilisées comme des exercices individuels, des travaux de groupe, des micro-enseignements et l'identification des activités pratiques à mener le premier mois de cours dans les différents niveaux.

8. Masses horaires

Les classes passerelles fonctionnent sur 34 à 36 semaines de cours annuels. Ces cours sont dispensés de manière accélérée cinq jours par semaine (lundi, mardi, mercredi matin, jeudi, vendredi et samedi matin). Pour la masse horaire journalière, les classes sont ouvertes de 8 heures à 12 heures le matin et de 14 heures 30 à 17 heures 30 minutes l'après-midi.

Pour optimiser le temps scolaire, les congés sont raccourcis et réaménagés selon les réalités de chaque zone. Seuls les jours fériés sont maintenus. En conséquence, chaque village à sa période de congé excepté pour les vacances de fin d'année. Toutefois la masse horaire annuelle est pareille pour toutes les classes passerelles c'est-à-dire 36 semaines de cours. Cela est largement au-dessus de la norme de l'UNESCO (25 semaines) pour valider une année scolaire. Le tableau suivant nous donne un aperçu de la masse horaire chez le promoteur EPT.

146

Tableau XVIII : répartition de la masse horaire chez le promoteur EPT

Domaines

Durées

Périodes de
visites de
classes

Périodes de Re-
groupement

Evaluation

Pré alpha et apprentissages en langue

6 semaines

Semaine 3

 

Interne

Semaine 6

Semaine 6

Collective

Apprentissages en Français

28 semaines

Semaine 10

 

Interne

Semaine 14

Semaine 14

Collective

Semaine 18

 

Interne

Semaine 22

Semaine 22

Collective

Semaine 26

 

Interne

Semaine 30

semaine 30

Collective

 

Semaine 34

Test de transfert

Séminaire

3 jours

bilan, amende-
ment et produc-
tion de docu-
ments

Source : documents administratifs de l'ONG EPT

Le tableau présente la masse horaire globale (34 semaines/année) et selon la langue d'enseignement, soit six semaines pour la langue maternelle et vingt-huit semaines pour le français. Ces périodes d'apprentissage sont ponctuées de visites de classe et d'évaluations.

9. Indicateurs des flux internes

Les taux de réussite des classes passerelles dans les différentes localités bénéficiaires s'étendent sur la période 2007-2014. Ces chiffres sont présentés par le tableau suivant.

147

Tableau XIX: taux de réussite des classes passerelles EPT et NRC par localité et par année

Localités

années

Niveaux

Taux de réussite

Bouaké

2007

CPU

73,87

CEU

73,87

2008

CPU

88,33

CEU

87,33

CMU

90,04

Odienne

2009

CPU

99,61

CEU

99,61

Séguéla

2009

CPU

99,82

CEU

99,82

Duékoué

2009

CPU

98,74

CEU

97,60

CMU

90,20

Man

2013

CPU

98,40

CEU

96,00

CMU

92,66

Ferkessedougou

2014

CPU

99,00

CEU

99,00

Duekoué

2014

CPU

97,03

CEU

96,00

CMU

92,01

Source : données de terrain, 2008-2014

On note que les taux de réussite de 2007 à 2014 oscillent entre 73,94% et 99,82%. Les taux de déperdition, en termes de redoublement et d'abandon varient entre 0,18% et 26,06%.

10. Intrants mis à disposition

10.1. Financement

Jusqu'en 2012, les classes passerelles n'ont bénéficié que de financements provenant des ONG et des partenaires techniques et financiers comme l'UNICEF, l'Union Européenne, Norad, EAC, Artistgalla et Dubai Cares. C'est alors que

148

l'Etat est intervenu à travers le Programme d'Urgence d'Appui à l'Education de Base (PUAEB), soutenu par la Banque Mondiale.

En effet, la Côte d'Ivoire a signé un accord de financement en 2013, avec l'Association Internationale de Développement (AID) dans le cadre du Projet d'Urgence d'Appui à l'Education de base (PUAEB). Ce financement est soutenu par le fonds du Partenariat Mondial Pour l'Education. L'objectif principal du projet est de restaurer et d'accroître l'éducation de base en Côte d'Ivoire, avec un accent particulier sur les zones affectées par les conflits de 2002 et de 2010/2011. Cet objectif principal se décline en trois objectifs spécifiques, à savoir :

- restaurer et accroître l'accès aux services d'éducation de base ;

- réhabiliter et améliorer les conditions d'enseignement et d'apprentissage ;

- et restaurer et renforcer les capacités du système éducatif en matière de suivi administratif, technique et pédagogique.

Conformément au dernier objectif, le PUAEB s'engage dans le développement des alternatives éducatives à travers les classes passerelles. La convention N°02/PAS/PUAEB/2013 sert de cadre juridique à cet engagement. Ce volet du programme est sensé « favoriser le retour ou la scolarisation de 3000 enfants.200 » Pour atteindre cet objectif, le PUAEB s'appuie sur les organisations locales comme EPT et « Soleil Levant » qui ont une expertise dans ce domaine. Ainsi, EPT a assuré l'aménagement et le fonctionnement de vingt classes passerelles dans les IEP de Ferkessédougou, Ouangolodougou et Tiéningboué. Quant à l'ONG « Soleil Levant », elle a piloté la mise en oeuvre de vingt classes passerelles dans les IEP de Bondoukou et d'Aboisso à travers le financement du PUAEB.

200 EPT, 2013, op. cit., p. 1

149

10.2. Enseignants ou animateurs

Les animateurs ou les enseignants volontaires sont recrutés selon le profil sui-

vant :

- être titulaire du diplôme du BEPC ;

- avoir la maîtrise de la langue locale ;

- et être intégré au milieu socioculturel local.

Ces animateurs ont un statut de bénévole bénéficiant d'une prime qui dé-

pend de l'effectif de la classe. Chaque animateur est responsable d'une classe.

Conformément au « manuel du formateur », les enseignants EPT reçoivent la

feuille de route suivante au titre des mesures générales :

- préparer par écrite les fiches et le cahier journal ;

- remplir le registre matricule et fiches scolaires ;

- tenir le cahier de visites pédagogiques ;

- tenir le cahier de visiteurs ;

- tenir le registre d'appel ;

- préparer le tableau noir compartimenté avec tableau de présence en en-

cart ;

- préparer le tableau d'affichages;

- décorer la salle de classe ;

- embellir l'environnement ;

- créer et entretenir un Jardin scolaire.

Pour la semaine 1 de pré-alphabétisation, les animateurs doivent :

- respecter le temps imparti au pré alpha ;

- respecter l'emploi du temps ;

- respecter la progression ;

- respecter les méthodologies ;

- confectionner et utiliser des outils de référence (Etiquettes-prénom, jours,

mois, quantième, année, calendrier, symboles) ;

- et faire découvrir et écrire des lettres et chiffres à partir des symboles (au

sol, au tableau, sur les ardoises).

150

Concernant l'apprentissage en langue maternelle de la semaine 2 à la semaine 9

les animateurs doivent :

- respecter le temps imparti aux apprentissages en langue ;

- respecter l'emploi du temps ;

- respecter la progression ;

- ajouter d'autres outils de référence (Alphabet, tableau de numération et af-

fichages pédagogiques) ;

- respecter les méthodologies des différentes disciplines (voir manuel et syl-

labaires en langue) ;

- organiser une évaluation à la fin des apprentissages en langue.

Pour l'apprentissage en français de la semaine 10 à la semaine 34 les animateurs

doivent :

- respecter le temps imparti aux apprentissages en français

- respecter l'emploi du temps

- respecter les méthodologies des différentes disciplines

- respecter les progressions

- faire utiliser les cahiers d'intégrations

- évaluer à la fin des apprentissages en français

- organiser le test de transfert.

10.3. Elèves

De manière générale, les classes passerelles recrutent les élèves restés hors du système scolaire pour des raisons diverses. Plusieurs types d'enfants en constituent la population scolaire. Ce sont :

- les non scolarisés qui sont des enfants n'ayant jamais eu accès à l'école ; - les déscolarisés qui ont abandonné l'école pour une insuffisance de per-

formance, pour des difficultés socio-économiques ou pour raison de conflit

armé ;

- les enfants en migration comme les « talibés » ;

- les enfants exploités qui sont utilisés par les adultes pour des activités lucratives ;

151

- les enfants des personnes déplacées lors du conflit post-électoral de 20102011 ;

- et les enfants non accompagnés qui ont perdu leurs parents pendant le déplacement survenu lors de la crise post-électorale.

Les stratégies de recrutement diffèrent d'un promoteur à l'autre et d'une région à l'autre. C'est ainsi que l'ONG NRC a recruté au niveau du centre du pays (Bouaké), les enfants exploités et ceux qui sont en migration, alors qu'à l'ouest du pays (Duékoué, Danané, Guiglo, et Man), elle a privilégié les enfants des personnes déplacées et les enfants non accompagnés.

Les élèves des classes passerelles sont âgés de neuf ans au moins et les effectifs sont de 30 élèves/classe. Selon l'ONG EPT, en 2005-2006, plus de 200.000 enfants qui ne sont pas retournés à l'école dans les zones CNO. C'est ce qui a justifié la mise en place des classes passerelles. Pour l'année scolaire 2006/2007, ce sont 111 élèves qui ont été encadrés dans ses quatre sites pilotes que sont Tabako, Minankro, Tollakouadiokro et Allakro (departement de Bouaké). Au titre de l'année scolaire 2008/2009, ce sont 1500 élèves des zones Odienné, Tieningboué, Séguéla et Touba qui ont bénéficié de l'éducation à travers les 50 classes passerelles d'EPT financés par l'UNICEF.

Déjà en 2008, l'UNICEF affirme qu'en Côte d'Ivoire le nombre d'enfants pouvant bénéficier de ce type de dispositif est estimé à 296.792. 201 Aussi, le projet des 50 classes passerelles s'inscrit-il dans le programme (2009-2013) de l'UNICEF visant à scolariser, à terme, plus de « 250.000 enfants de 6 à 15 ans 202» qui sont hors du système scolaire conventionnel de Côte d'Ivoire. Selon MENET et NRC (2015), « jusqu'en 2014, environ vingt mille (20.000) enfants non scolarisés ou déscolarisés ont été intégrés à l'école classique primaire grâce

201 UNICEF, 2008, Côte d'Ivoire : Funding requirements 2009-2013, Abidjan, UNICEF, p. 8

202 ibidem

152

aux Classes Passerelles. 203» Le tableau suivant nous donne l'évolution des effectifs selon les années :

Tableau XX : évolution des effectifs classes/élèves des classes passerelles de NRC/EPT selon l'année

Années

Effectifs passerelles NRC

Effectifs passerelles EPT

Classes

Elèves

Classes

Elèves

2006-2007

0

0

04

111

2007-2008

61

4.250

02

47

2008-2009

69

2.457

50

1.500

2009-2010

90

2.984

0

0

2010-2011

0

0

0

0

2011-2012

0

0

0

0

2012-2013

125

2.870

0

0

2013-2014

133

4.655

17

600

Total

478

17.216

73

2.258

effectif global classe

551

effectif global élève

19.474

Source : M. H. CHELPI-DEN, 2015, NRC Evaluation Report : Accelerated Education Programme in Western Cote d'Ivoire (2012-2015). Abidjan, NRC, pp. 10-11.

En 2014, les classes passerelles initiées par le MENET dans le cadre du PUEAB (Projet d'Urgence d'Appui à l'éducation de base) visent à l'intégration « d'au moins 3000 (trois mille) élèves 204» dans le système conventionnel. Selon le rapport du Ministère du plan et du développement (2014) citant Save the Children, « 971.000 enfants en âge d'aller à l'école primaire en 2013 n'y sont pas soit une proportion de 03 enfants sur 10 ; et 600.000 parmi eux sont en situation de

203 MENET et NRC, 2015, op. cit., p. 7

204 MENET, 2014, op. cit., p.2

153

risque d'abandon. 205» Ces chiffres indiquent l'ampleur du phénomène de la déscolarisation et la pertinence du dispositif passerelle.

10.4. Administration

L'administration scolaire locale intervient dans le projet école en collaboration avec l'équipe d'EPT. L'organigramme administratif au niveau du projet école se présente comme suit :

- les promoteurs ;

- les coordonnateurs ;

- les superviseurs ;

- et les animateurs.

Chacune des entités a un rôle spécifique dans la hiérarchisation des tâches. Les rôles des acteurs précités se définissent comme suit :

- Promoteurs : il s'agit de la cellule pédagogique d'EPT qui intervient à un niveau stratégique à travers la définition de la politique globale, la prise de décisions stratégiques, le contrôle, la mobilisation des moyens humains, matériels et financiers.

- Coordonnateurs : ils sont au nombre de cinq soit un par zone. Ils coordonnent l'exécution du projet dans leurs zones respectives. Ils sont l'émanation de la structure déconcentrée en ce sens qu'ils représentent l'ONG EPT dans chaque zone. Chaque coordonnateur dirige une équipe selon le projet. Ils sont soit des conseillers pédagogiques régionaux soit des conseillers pédagogiques d'inspection.

- Superviseurs : Ils sont au nombre de cinq soit un par zone. Ils sont en contact permanent avec les animateurs des classes et encadrent ceux-ci dans la mise en oeuvre du programme scolaire. Ils dépendent de la cellule pédagogique de l'organisation EPT. Ils sont recrutés avec le niveau baccalauréat.

205 Ministère d'Etat, du plan et du développement, 2014, « Analyse de la situation de l'enfant en
Côte d'ivoire 2014 » in http://www.cotedivoire.savethechildren.net, consulté le 13 novembre 2015

154

10.5. Parents d'élèves

Les parents d'élèves constituent la communauté qui est représentée dans le COGESS (Comité de gestion scolaire et de surveillance). La participation communautaire se situe à trois niveaux : avant le projet, pendant le projet et après le projet.

- Avant le projet : dans la procédure d'implantation des classes passerelles, les communautés villageoises et les chefs de communauté sont informés du projet des classes passerelles. Il leur est demandé de proposer des noms de villages ayant un besoin d'école. Ce sont eux qui, en partenariat avec les autorités administratives, font des propositions de sites au promoteur ;

- Pendant le projet : les coopératives des villages apportent également leur contribution au projet. Cet apport est plutôt en nature. Ainsi, il s'agira d'apporter du matériau local de construction, de trouver un maçon qui sera rémunéré par l'ONG EPT, de fournir à l'animateur de la classe passerelle un logement et de la nourriture pendant l'année scolaire. La sécurité du bâtiment et du mobilier leur incombe ainsi que la mobilisation des enfants pour la fréquentation scolaire.

Par ailleurs, le COGES qui est le comité mis en place pour le suivi du projet fait aussi partie de l'équipe en charge du suivi pédagogique ; c'est une équipe qui prend en compte toutes les parties prenantes du projet.

- Après le projet : dans le même temps, la communauté villageoise, sous l'impulsion du Comité de Gestion et de Surveillance crée un champ de vivrier d'au moins deux hectares. Les revenus de ce champ devront permettre la pérennisation du projet en prenant la relève d'EPT et transformer la classe passerelle en école communautaire à la prochaine rentrée scolaire. Pour la faisabilité du champ, un site est choisi par le COGES et toute la communauté travaille pour sa mise en valeur.

A la suite du projet des 50 classes passerelles de 2009, un plan d'action communautaire a été mis en place par le promoteur EPT afin de rendre plus effi-

155

caces les actions de la communauté. Ce plan prend en compte quatre axes qui sont :

- la mise en place des écoles : la communauté fait le choix du site de la classe passerelle et la nettoie ; elle livre et gère les matériaux de construction. Enfin, elle participe à la construction de la classe et en assure le suivi ;

- la sécurité : la communauté assure l'entretien du site de la classe ainsi que la surveillance et l'entretien du mobilier.

- le fonctionnement : la communauté veille au bon fonctionnement de la classe passerelle ; elle contrôle l'assiduité et la ponctualité des apprenants et des animateurs ; elle contrôle le fonctionnement de la bibliothèque ; elle veille à l'assistance sanitaire des apprenants ainsi qu'à l'établissement des extraits de naissance des enfants non déclarés à l'état civil ; elle fait la promotion du maintien des enfants à l'école, surtout de la jeune fille ; elle initie des activités de valorisation de la jeune fille ; elle fait le recensement des postulants en vue du recrutement des animateurs ; enfin, elle assure la prise en charge de l'animateur en termes d'alimentation, d'hébergement et autres besoins.

et la pérennisation des écoles : elle assure l'extension de l'école, collecte les matériaux de construction et recense les enfants hors du système scolaire.

10.6. Infrastructures et équipements

Selon l'ONG EPT, en 2005/2006, environ 319.592 écoliers ont été recensés dans les zones CNO avec au moins 800 écoles primaires fermées ; ce qui justifia la création du projet pilote des classes passerelles de 2006/2007. Le rapport UNICEF 2008 suggère l'extension des classes passerelles en ces termes : « (...) environ 100 écoles ou salles de classes provisoires seront construites pour servir de classes passerelles. 206» C'est dans ce cadre qu'interviennent les 50 classes passerelles des zones CNO. Cet aspect prend en compte l'abri servant de salle de

206 UNICEF, 2008, op. cit.

156

classe et le mobilier qui se compose de tables et bancs aussi bien pour les élèves que pour les animateurs.

La salle de classe est construite en banco et sa toiture est recouverte de paille. Avec une superficie de 56 m2, soit 7 mètres de largeur et 8 mètres de longueur, elle est destinée à accueillir 15 tables bancs pour 30 apprenants. Elle est construite par le village bénéficiaire du projet de la classe passerelle, avec l'appui financier l'UNICEF. Sa construction fait l'objet d'une mobilisation communautaire ; chaque membre de la communauté villageoise met ainsi à contribution son savoir-faire pour la réalisation de l'abri. Pour NRC, les abris sont plutôt logés dans des écoles formelles et ce patrimoine des classes passerelle est cédé à celle-ci avec l'intégration de ses élèves dans le système scolaire conventionnel.

157

Figure 16 : modèles de classes passerelles NRC et EPT

Modèle de classe passerelle NRC à l'EPP Kamonoukro, DREN Bouaké 2009

Modèle de classe passerelle EPT à Tabako, DREN Bouaké 2008

Source : données de terrain, 2008-2014

158

En ce qui concerne le mobilier, chaque salle de classe reçoit 15 tables et bancs pour un effectif de 30 élèves. Il est mis à la disposition de l'animateur une table et une chaise.

10.7. Matériel didactique et manuels scolaires

Le matériel didactique se compose du manuel du formateur, des manuels de

l'école conventionnelle de niveau CP et CE, des sept volumes de la collection

profession instituteur, à savoir :

- enseigner dans une classe multigrade ;

- enseigner à partir des enfants ;

- quelques méthodes d'enseignement pour l'éducation de base ;

- apprendre et enseigner en éducation de base ;

- enseigner dans une classe à large effectif ;

- développer la créativité chez les enfants ;

- et intégrer des activités pratiques à son enseignement.

Le matériel didactique se compose également d'un tableau et des documents ac-

quis lors des formations et le petit matériel de bureau. Le sac pédagogique con-

tient le petit matériel fait de craies et de matériels géométrique etc.

Les manuels et les fiches pédagogiques sont conçus par EPT. A la suite de la formation initiale, l'UNICEF fournit le matériel didactique et les manuels scolaires. Les élèves reçoivent quatre cahiers de l'apprenant en mathématique, français, graphisme et écriture, éducation civique et morale. Ils reçoivent également les livres d'histoires-géographie et sciences pour l'étude du milieu ainsi que des cahiers, des stylos, des règles, des gommes, des cartables, etc. Le tableau suivant nous donne un aperçu de la fiche de contrôle du matériel didactique chez le promoteur EPT.

159

Tableau XXI : fiche de contrôle du matériel didactique EPT

Tenue des documents et affichages de classe

Zone : . Centre : Animateur :

Date

 
 
 
 
 
 

Observations trimestrielles

Registre Matricule

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Fiches scolaires

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Registre d'appel

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Cahier journal

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Cahiers de visites
pédagogiques

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Cahiers de visi-
teurs

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Tableau
d'affichages

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Affichages péda-
gogiques

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Outils de référence

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

Décoration

B

 
 
 
 
 
 
 

P

 
 
 
 
 
 

M

 
 
 
 
 
 

B : Bien P : Passable M : Mal

Observations générales / Trimestre

Le superviseur

Source : documents administratifs ONG EPT

160

10.8. Méthodes et instruments d'évaluation

Les élèves des classes passerelles modèle EPT sont soumis à trois types d'évaluation à savoir:

- l'évaluation en langue maternelle : elle est proposée par les animateurs de chaque zone sous la supervision des conseillers pédagogiques d'EPT. Elle varie selon les langues. Pour la même période, il y a une évaluation langue maternelle par zone d'intervention.

- l'évaluation continue : elle est faite une fois chaque deux mois sur la base de la progression effective. Elle est élaborée par chaque animateur et proposée à EPT qui retient une version unique pour tous les centres. Pour les classes NRC, une évaluation est faite en fin de programme de la première classe d'un cycle (CP1, CE1 et CM1).

- et le test de transfert qui est l'évaluation finale: elle est conçue par la direction pédagogique d'EPT. Il s'agit d'un test unique pour toutes les classes passerelles. L'objectif, selon EPT, est de voir le niveau « d'absorption du programme » par les élèves. C'est ce test qui détermine le taux de transfert des élèves de la passerelle vers l'école conventionnelle.

Chacune de ces trois évaluations vise un objectif précis. Celle portant sur la langue maternelle permet de mesurer le niveau des acquis à la fin du préapprentissage. L'évaluation continue permet de faire un contrôle du processus d`apprentissage chaque deux mois. Le test de transfert quant à lui, constitue une évaluation finale de tout le processus d`apprentissage et sert de moyen d`accès à l`école conventionnelle. Le tableau suivant récapitule les traits distinctifs des classes passerelles EPT et NRC.

Tableau XXII : caractéristiques des classes passerelles EPT/NRC

Rubrique

Classe passerelle EPT

Classe passerelle NRC

Partenaires financiers

Unicef, Banque mondiale

Banque mondiale, U.E, Norad, EAC, Artistgalla et Dubai

Cares.

Mission

l'intégration des élèves
dans le système scolaire
conventionnel

l'intégration des élèves dans le système scolaire convention-

nel

Objectif

Acquisition des compé-
tences d'écriture, de lec-
ture et de calcul

Acquisition des compétences
d'écriture, de lecture et de

calcul

Profil élève

Agés de 9 à 13 ans

Agés de 9 à 14 ans

Profil enseignant

niveau du BEPC moins

niveau du BEPC au moins

Méthode d'évaluation

-Test de fin de cycle

-Test de transfert

-Test en langue maternelle.

-Test de fin de cycle -Test de transfert

Durée de la formation initiale

10 jours

2 semaines

Durée en formation continue

2 jours chaque 2 mois

2 jours par mois

Matériel didactique

-Manuel du formateur

-7 livres collections instituteur,

le livre « le bon enseignant »

Manuels des élèves

-4 cahiers de l'apprenant -livres du programme officiel

-livres du programme officiel

Organisation Communautaire

COGES

COGES

Langues d'enseignement

Langue maternelle et fran- çais

Français

Organisation des cours

CPU et CEU

CPU, CEU et CMU

Effectif classe 2006-2014

73

2258

Effectif élève 2006-2014

478

17216

Perspectives

Erection de la classe en école communautaire

Cession de la classe à l'école hôte

161

Source : données de terrain, 2008-2014

162

Il ressort des caractéristiques, des similitudes et des différences. Ainsi, classes passerelles NRC et EPT, qui ont pour objectif la scolarisation ou la resco-larisation des élèves hors du système scolaire, présentent des différences remarquables dans leurs approches de mise ne oeuvre. Celles-ci obéissent à des choix opérés par les promoteurs et fondées sur leurs expériences capitalisées ou les ressources mises à leur disposition.

163

Conclusion du chapitre 2

Au terme du chapitre 2, l'étude montre qu'au niveau du fondement institutionnel des classes passerelles, les dispositions suivantes sont à retenir ; il s'agit de la loi n° 95-696 du 7 septembre 1995 relative à l'enseignement, le PNDEF 1998/2010, le cadre global de l'EPT, le PAMT 2012/2014 et la déclaration d'Incheon 2030. Ces textes posent les bases de l'éducation pour tous en garantissant le droit à l'éducation à chaque citoyen et en encourageant l'extension de la scolarisation à travers l'alternative éducative. Le PAMT 2014 est plus précis car il prévoit la standardisation de leurs curricula, la mise à disposition d'enseignants publics, la formation des enseignants des classes passerelles et l'inscription des classes passerelles sur la carte scolaire.

Les classes passerelles se sont assignées la mission de dispenser des connaissances aux enfants restés hors du système scolaire afin de permettre leur intégration dans l'école conventionnelle. Cette mission se décline en trois compétences de base nécessaires à l'alphabétisation, à savoir la compétence en lecture, en écriture et en calcul, tout en mettant l'accent sur le savoir-être. La méthode d'enseignement que les classes passerelles utilisent est «l'apprentissage accéléré» qui met l'accent sur l'apprenant, ses besoins et ses motivations. Cette méthode s'appuie beaucoup plus sur des stratégies d'apprentissage. L'enseignement est organisé en un cycle unique et dure neuf mois. L'Approche Par Compétence (APC) est aussi associée à la méthode précitée. La langue d'enseignement est le français chez le promoteur NRC alors que la langue maternelle lui est adjointe chez le promoteur EPT.

Les cours sont organisés en cours uniques de deux ou trois cycles à savoir, les CPU (Cours Préparatoires Uniques), les CEU (Cours Elémentaires Uniques) et les CMU (Cours moyens Uniques). Le programme scolaire qui se déroule sur neuf mois est axé sur les langues, les sciences, le développement physique et l'univers social. La procédure d'implantation des classes passerelles se fait en quatre étapes, à savoir l'information, la prospection, le recensement et le choix des sites. Quatre

164

critères fondent le choix des sites, à savoir : la situation géographique, la distance du site par rapport à l'école la plus proche, l'effectif de la population scolarisable et le critère genre.

L'ONG EPT dispense la formation initiale aux animateurs pendant deux semaines avec l'appui financier d'UNICEF. Le suivi est fait par zone chaque deux mois à raison de deux jours par séance de formation. L'ONG NRC propose une formation initiale de dix jours et une formation continue de deux jours par mois dispensées par des conseillers pédagogiques. Dans le cadre du PUAEB la formation et l'encadrement ont été assurés par les équipes pédagogiques des promoteurs et des structures étatiques spécialisées comme l'Antenne Pédagogique de la Formation Continue (APFC) et le Service Autonome d'Alphabétisation (SAA). Au cours de ces séances, les formateurs ont utilisé une méthodologie dynamique et participative mettant l'accent sur l'enseignant bénévole et identifiant ses limites afin de les corriger.

L'étude a montré que les classes passerelles fonctionnent sur 34 à 36 semaines de cours par année scolaire. Ces cours sont dispensés de manière accélérée cinq jours par semaine. Pour la masse horaire journalière, les classes sont ouvertes de 8 heures à 12 heures le matin et de 14 heures 30 à 17 heures 30 minutes l'après-midi. Chez le promoteur EPT, l'enseignement par la langue maternelle dure six semaines alors que l'enseignement par le français s'étend sur vingt-huit semaines. L'analyse des flux internes sur la période 2007/2014 montre que la tendance des taux de réussite des classes passerelles est à la hausse, oscillant entre 73,94% et 99,82%. Les taux de déperdition, en termes de redoublement et d'abandon varient entre 0,18% et 26,06%. Ces résultats sont des indicateurs de la bonne performance des classes passerelles.

Enfin, en termes d'intrants, des ressources humaines, matérielles et financières sont disponibles. Le financement des classes passerelles est assuré en général par les ONG promotrices, exception faite au PUAEB. Pour les intrants humains, les enseignants sont des volontaires qui perçoivent une indemnité. Les

165

élèves sont des enfants hors du système scolaire et âgés de 9 à 14 ans. L'encadrement pédagogique est assuré par le personnel de l'administration scolaire conventionnelle et de l'équipe pédagogique de l'ONG promotrice. Les infrastructures et les matériels sont fournis par l'ONG EPT en collaboration avec la communauté bénéficiaire. Quant au modèle NRC, les promoteurs ont parfois recours aux salles des écoles conventionnelles même si des salles sont généralement construites. Les matériels didactiques restent à la charge des promoteurs. La méthode d'évaluation retenue est l'évaluation continue qui est finalisée par un test d'intégration donnant accès à l'école conventionnelle.

166

Conclusion de la première partie

En somme, la première partie de cette étude montre que le système scolaire conventionnel et les classes passerelles en Côte d'Ivoire présentent des différences structurelles et fonctionnelles. Au niveau structurel, ces différences s'expriment par la particularité de leurs statuts, de leurs acteurs et de leurs organisations.

En effet, au niveau de leurs statuts, le fait qu'elles soient suscitées par le contexte de guerre leur confère un caractère de dispositif éducatif d'urgence, c'est-à-dire qu'elles permettent de faire face aux besoins éducatifs ponctuels d'une population victime de conflits armés. A ce titre, leur nature est éphémère. A ce caractère d'urgence s'ajoute celui d'alternative éducative dans la mesure où les classes passerelles se substituent aux écoles conventionnelles dans les zones en situation de lacune d'offre éducative.

Au niveau des acteurs, si le fonctionnement de l'école conventionnelle repose entièrement sur des fonctionnaires et agent de l'Etat, on distingue pour les classes passerelles, une collaboration entre acteurs étatiques et acteurs non étatiques. Pour les premiers, il s'agit de l'administration scolaire publique incarnée par les inspecteurs ou conseillers d'inspection. On distingue au nombre de cette catégorie, les autorités administratives et politiques qui interviennent dans la mise en place du projet école. Les seconds (les acteurs non étatiques) sont essentiellement constitués d'ONG chargées du financement et de la mise en oeuvre du projet école. Il y a également les acteurs pédagogiques comme les superviseurs et les animateurs qui interviennent à un niveau opérationnel.

Au niveau organisationnel, les classes passerelles reposent sur deux organigrammes à savoir celui de l'ONG promotrice et celui du projet école. Ainsi, l'ONG apparaît comme l'organe stratégique qui fixe les orientations du projet école, met le financement à disposition, recrute le personnel et autorise l'équipe pédagogique à intervenir. Celle-ci agit à un niveau opérationnel par la mise oeuvre du projet école. L'équipe pédagogique assure la formation des enseignants, leur encadrement, les évaluations, l'organisation des cours et le choix des contenus. Le

167

projet est exécuté dans un espace en souffrance d'offre éducative dans une période de neuf mois.

Quant à l'école conventionnelle, elle dispose plutôt d'un organigramme de fonctionnement formel qui est directement rattaché au MENET. Celui-ci reste l'organe stratégique qui pilote le système éducatif à travers ses structures déconcentrées que sont les Directions Régionales et les Directions Départementales. Par le principe de la hiérarchisation dans l'administration, les inspections de l'enseignement primaire transmettent les instructions aux directeurs d'école qui sont chargés de leur exécution dans les écoles, à travers les enseignants et les autres personnels d'éducation.

Nonobstant ces différences organisationnelles, les classes passerelles restent tributaires des exigences du MENET exprimés dans le PAMT 2012/2014. Il s'agit des normes de scolarisation qui répondent aux standards internationaux tout en alliant les exigences d'éducation quantitative et qualitative. C'est pour cette raison que les acteurs étatiques ont toujours un droit de regard sur les projets-écoles des classes passerelles en termes de supervision, de formation et d'encadrement pédagogique. Les deux organigrammes de fonctionnement se rejoignent à ce niveau pour répondre aux exigences normatives pédagogiques.

Au niveau fonctionnel, la finalité de l'enseignement primaire en Côte d'Ivoire a pour mission la « formation intégrale de la personnalité de l'enfant207 » en vue de le préparer à aborder l'enseignement secondaire. Les classes passerelles visent plutôt l'intégration des déscolarisés et des non-scolarisés aux écoles conventionnelles. De cette différence de mission, découlent les modes de fonctionnement de ces deux systèmes éducatifs. Le fonctionnement des classes passerelles dépend de la capacité financière des promoteurs non étatiques à soutenir le projet école alors que l'école conventionnelle dispose des moyens étatiques plus importants.

207 MENET, 2014, Programmes éducatifs et guides d'exécution CE2, Abidjan, MENET, pp. 5-7

168

Au nombre des particularités fonctionnelles des classes passerelles, on note également la pratique d'une politique éducative de maintien alors que celle qui prévaut au sein des écoles conventionnelles est la promotion-abandon. Cette dernière, par son processus sélectif très concurrentiel, constitue un goulot d'étranglement pour les apprenants, empêchant ainsi près de 40% d'élève en 2014, d'achever le cycle primaire, selon les statistiques du MENET. Dans le même temps, la politique de maintien des classes passerelles priorise le maintien des apprenants dans le système scolaire. Toutes les stratégies sont donc élaborées pour atteindre cet objectif. Cette démarche, dans le cas de classes passerelle, s'illustre par les cours de mise à niveau, la pédagogie différentiée et les taux de réussite excellent enregistrés.

169

DEUXIÈME PARTIE : RAISONS DE LA

MISE EN OEUVRE DES CLASSES

PASSERELLES

170

La deuxième partie permet de découvrir et d'analyser les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles. Elle se compose des chapitres 3 et 4. L'une présente les limites du système scolaire conventionnel et l'autre aborde les questions liées à la mise en oeuvre des classes passerelles. Le chapitre 3 analyse les raisons endogènes et exogènes au système scolaire conventionnel. Cette analyse met en relief douze indicateurs pour les raisons endogènes et quatorze autres pour les raisons exogènes. Le chapitre 4 présente le contexte de la mise en oeuvre des classes passerelles, leurs acquis, les raisons de leur efficacité et les acquis après 2014.

Il convient de d'analyser le contexte de double crise qui est à la base de la création des classes passerelles. La première crise, interne au système scolaire et ayant préexisté à l'avènement du conflit armé de 2002 est avant tout structurelle. Elle se caractérise par une population scolaire en pleine croissance et des ressources budgétaires qui s'amenuisent à l'instar de la plupart des pays sous-développés. De manière générale, en Afrique, la crise de l'éducation est une conséquence de la crise économique. Celle de la Côte d'Ivoire remonte aux années 1980, mais elle est exacerbée par la massification de l'éducation des années 1990 et 2000. Cette crise éducative intervient dans un contexte international qui prône l'éducation pour tous et qui requiert encore plus de ressources financières aux Etat pour la prise en compte des populations scolarisables.

La seconde crise est le contexte de conflit armé et son corolaire de vulnérabilité accentuée des populations. Cela s'exprime, en substance, par moins d'accès aux infrastructures de base et un taux de pauvreté élevé. En guise d'illustration, le RESEN 2016 estime que le taux de pauvreté qui était de « 10% en 1985 est passé à 48,9% en 2008 208», une hausse qui va perdurer jusqu'en 2012. Dans le cas échéant, deux types de conflits armés ont préexisté à la mise en oeuvre des classes passerelles. Il s'agit de la guerre de 2002 et le conflit post-électoral de 2010/2011. Face à ces deux types de crise, dans quelle mesure, les classes passerelles apportent-elles des réponses à la problématique de l'éducation en Côte d'Ivoire ?

208 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 33

171

CHAPITRE 3 : LIMITES DU SYSTÈME

SCOLAIRE PRIMAIRE CONVENTIONNEL

Le chapitre 3 analyse les limites du système éducatif primaire de Côte d'Ivoire. Cette étude est fondée sur le principe que l'existence des classes passerelles suggère un manque ou un dysfonctionnement dans le système scolaire existant. Il est, alors, nécessaire d'analyse ledit système pour comprendre les difficultés qui pourraient justifier la mise en oeuvre d'un dispositif aussi particulier que sont les classes passerelles. Ces limites s'analysent à un niveau interne au système et à un niveau environnemental. Le premier niveau est relatif aux difficultés de fonctionnement du système scolaire alors que le second concerne l'effet des crises sociopolitiques et économiques sur l'école.

Concernant les difficultés de fonctionnement, douze indicateurs seront analysés ; il s'agit, notamment, des ressources éducatives et du taux d'investissement, du taux de couverture scolaire, des infrastructures, de l'accès à l'école et de la fréquentation, de la répartition scolarisation, de la gestion des risques, des ressources humaines, des effectifs d'élèves, des taux de déperdition, des taux de réussite et des acquis scolaires, du temps scolaire et des dotations éducatives. Comment ses dysfonctionnements ont-ils suscité la mise en oeuvre des classes passerelles ?

Le contexte de conflit armé qui a impacté l'environnement scolaire est caractérisé par quatorze indicateurs, à savoir : le discours politisé, la présence de la violence, la manipulation des populations, la fermeture et la destruction des écoles, la baisse de la scolarisation, le déplacement des acteurs d'éducation, la réticence des communautés, la démotivation des élèves, la réouverture des écoles, le déficit des personnels d'éducation, la réhabilitation des écoles et l'insuffisance des mesures de mitigation. Comment ces facteurs ont-ils contribué à la mise en oeuvre des classes passerelles ?

172

1. Un système éducatif en crise

Selon les diagnostics du système éducatif ivoirien faits par le RESEN (2011),

le RESEN (2016) et les différents rapports du MEN faisant l'état des lieux, les

difficultés du système scolaire pour les dernières décennies se résument comme

suit :

- une diminution sensible des ressources allouées au secteur éducation et un

faible niveau d'investissement ;

- un faible taux de couverture scolaire ;

- une dégradation de la qualité des services éducatifs offerts ;

- un accès limité et discontinuité éducative ;

- des disparités de scolarisation selon le sexe, la région et la zone ;

- un temps scolaire non optimisé ;

- et un ratio élève/maître (REM) élevé.

1.1. Diminution sensible des ressources allouées et un faible niveau d'investissement

Selon les données de la Banque Mondiale sur l'éducation en 2011, « (...) la part de l'éducation dans les dépenses courantes de l'Etat a baissé de façon substantielle passant à 25 % en 2007 alors qu'elle était de 36 % en 1990.209 » Toutefois, de manière générale, les dépenses totales d'éducation ont augmenté entre 2006 et 2013 passant de 502 milliards de FCFA à 733 milliards de FCFA. Cela contraste avec les résultats de l'analyse sectorielle qui relève « une sous-dotation des sous-secteurs de l'enseignement primaire et de l'EFTP, notamment au regard des nombreux défis auxquels ils doivent faire face. 210»

En 2013, l'enseignement primaire ne bénéficie que de 37% de l'ensemble des dépenses (cela inclut le fonctionnement et les investissements). Cette baisse du budget de l'éducation est confirmée par le RESEN 2016 qui montre qu'entre 2007 et 2013, l'enseignement primaire connaît une diminution des ressources publiques allouées à l'éducation qui passent de « 42,7% à 39,1% du budget de l'Etat.

209 Banque mondiale, 2011, op. cit., p. xxix

210 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp.105-106

173

Dans le même temps, on observe une diminution des dépenses courantes du primaire de -9 %. En 2013, la masse salariale représente 89 % du budget alloué à l'enseignement primaire. 211» Cela montre un faible niveau d'investissement.

1.2. Faible taux de couverture scolaire

Le système scolaire primaire est marqué par des taux de scolarisation fluctuant comme indiqué par les chiffres de la Banque mondiale (2011) :

Tableau XXIII : taux brut de scolarisation primaire en Côte d'Ivoire par année scolaire de 2002 à 2007

ANNEES SCOLAIRES

TBS en %

2000

- 2001

74,20%

2001

- 2002

76%

2002

- 2003

47,30%

2003

- 2004

59,50%

2004

- 2005

59,60%

2005

- 2006

74%

2006

- 2007

74,30%

Source : Banque mondiale, 2011, RESEN, p. 24

Selon le rapport 2011 de la Banque mondiale, on constate une augmentation du taux brut de scolarisation (TBS) qui passe de 74,20% en 2001 à 76% en 2002. Puis la période de crise est marquée par une baisse de ce taux qui oscille entre 47,3% et 74,3% ; bien qu'en augmentation, ce taux reste en dessous des attentes du système éducatifs (90%). Cela est imputable en partie à « une demande scolaire lacunaire.212» Un autre facteur influençant le taux d'accès est l'effet distance qui est la distance entre le domicile et l'école. Selon le RESEN 2011, cet effet est significatif lorsque l'enfant doit « marcher entre 30 et 60 mn [minutes] pour accéder à l'école primaire et l'effet distance s'intensifie davantage au-delà d'une heure de marche du domicile familial.213»

211 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 17 et 18

212 Banque mondiale, 2011, op. cit., p. xxxiv

213 idem, p. xxxiii

174

Le RESEN 2016 montre une amélioration du taux brut de scolarisation pour l'enseignement primaire de 2005 à 2014. Ainsi, estimé à 54,8% en 2005, ce taux atteint 91% en 2014. Le rapport précise cependant que « malgré ce progrès, beaucoup d'enfants âgés de 6 à 11 ans restent en 2014 hors du système scolaire. 214» En outre ce rapport relève que pour l'enseignement primaire, « l'offre communautaire se développe rapidement, à raison de 49 % par an depuis 2010.215» Ce développement rapide de l'offre communautaire semble avoir contribué à l'amélioration du faible taux de couverture constaté en 2005 et 2007 juste avant la mise en oeuvre des classes passerelle.

1.3. Insuffisances des infrastructures et des services éducatifs offerts

La demande éducative grandissant, la diminution des ressources allouées à l'enseignement primaire ne permet pas de faire des investissements importants pour accroître le nombre d'écoles et améliorer la qualité des services éducatifs. Cela entraîne un déficit d'infrastructures et une dégradation des services offerts. Ainsi, le RESEN 2016 indique que : « la majorité des écoles primaires publiques sont dépourvues d'infrastructures d'accompagnement de base telles que l'électricité, les points d'eau, les latrines et les cantines, avec une situation qui se dégrade dans le temps.216 »

En ce qui concerne l'état des infrastructures d'accompagnement en 2013, la situation n'est pas reluisante. Ce sont, seulement, « 45 % des écoles (qui sont) dotées de points d'eau, 46 % de latrines (qui sont) fonctionnelles et 55 % d'écoles qui bénéficient d'une cantine. 217»

214 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 58

215 idem, p. 6

216 idem, p. 12

217 Banque mondiale, 2011, op. cit., p. 12

175

Figure 17 : baraque servant de salle de classe à l'EPP Kamonoukro, DREN Bouaké 2009.

Source : données de terrain 2008-2014

176

Cette baraque se situe en milieu urbain où la démographie galopante a son effet sur les infrastructures scolaires. Cette situation est à l'image de bon nombre d'écoles en période de crise.

1.4. Accès limité et discontinuité éducative

Le document cadrage du MEN 2001 montre que jusqu'en 2001 le système éducatif ivoirien, au niveau de l'enseignement primaire, est caractérisé par un accès limité. Ainsi, en 2007, « 30 % des enfants218 » de la classe d'âge de six ans n'ont pas accès à l'école. Autrement dit, 70% des enfants de la même classe d'âge sont inscrits au CP1. Dans la même veine, le RESEN 2016 reprend les chiffres l'ENSETE 2013-2014 en ces termes :

environ un quart des enfants âgés de 6 à 15 ans sont hors du système scolaire, et même si cette proportion est en baisse (de 39 % en 2011, contre 43 % en 2006), elle est encore élevée. Cette diminution étant essentiellement due à [la prise en compte] du nombre d'enfants n'ayant jamais été scolarisés (...) A 6 ans (âge officiel d'entrée au primaire), seuls 71 % des enfants sont scolarisés et le pourcentage maximum d'enfants ayant fréquenté l'école concerne les enfants âgés de 9 ans (...) 219

Même si les chiffres indiquent un progrès incontestable, une frange non négligeable d'enfants n'ont toujours pas accès à l'école en 2014. La situation n'est guère reluisante en ce qui concerne la rétention. Le RESEN 2016 la chiffre à « 75 % en 2014 contre près de 80 % en 2007. Les abandons en cours de cycle représentent alors une proportion d'un enfant sur quatre, contre un enfant sur cinq en 2007. 220 » Le même rapport indique que :

seulement 58 % d'une classe d'âge achève le primaire en 2014, contre 45 % en 2007. Ce sont plus de 40 % des enfants qui n'atteignent donc pas la fin du cycle, et ont donc très peu de chances d'acquérir les compétences nécessaires à une alphabétisation durable au cours de leur vie adulte. 221

218 Banque Mondial et al, 2011, op. cit., p. xxx

219 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p.7

220 idem, p. 61

221 idem, p.7

177

Comme causes de la non-inscription des enfants à l'école ou de l'abandon précoce de la scolarité en 2013, le RESEN 2016 222, à partir des résultats de l'ENSETE 2013-2014, évoque :

- les problèmes financiers (première cause) ;

- les problèmes d'échec scolaire (deuxième cause) ;

- le redoublement qui augmente le risque d'abandon ;

- la distance de l'école ou son absence (dans 2% des cas d'enfants hors du système scolaire d'âge primaire).

C'est ainsi qu'en 2013 « 4 enfants sur 10 ne terminent pas le cycle. 223» Par ailleurs, le même rapport montre une évolution du taux d'enfants (âgés de 6 à 15 ans) en dehors de l'école de 2006 à 2014. Ainsi, de 42% en 2006, il passe ensuite à 3% en 2012 et enfin à 26% en 2014. Cela montre bien qu'au moment du lancement des classes passerelles (2006), la situation était critique.

1.5. Disparités de scolarisation selon le sexe, la région, le milieu d'habitation et le statut socio-économique

C'est ainsi qu'en 2007, au niveau du genre, il est estimé que « le genre et la zone d'habitat constituent des facteurs discriminants, 224» et les 30% d'une classe d'âge n'ayant pas accès au CP1 sont constitués « plutôt des ruraux, des pauvres et plus souvent des filles.225 » En ce qui concerne le rapport des filles aux garçons, le RESEN 2011 relève que ce sont :

76,6% de garçons contre 67,1% de filles d'une classe d'âge qui ont accès à

l'école primaire. [Au niveau des régions], en 2007, il est estimé que : « le taux d'accès à l'école est supérieur à 80 % à Abidjan et dans la région

Centre Ouest, alors qu'il n'est que de 35 % dans la région Nord et 41 % dans la région Nord-Ouest. 226

Au niveau de la zone, en 2007, il est estimé que seulement « 66 % de la classe d'âge de 6 ans en milieu rural ont accès à l'école » contre « 83 % en milieu

222 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 11-12

223 idem, p.18

224 Banque Mondiale et al, 2011, op. cit., p. xxxii

225 idem, p. xxxi

226 idem, p. 40

178

urbain.227 » Le RESEN 2016 confirme l'existence des disparités diverses en 2012 comme suit : « au niveau du primaire, en considérant le milieu de résidence et le niveau de vie des ménages, les analyses montrent que les disparités dans les scolarisations sont générées dès l'accès, et se creusent au cours de la scolarité.228 » Pour le RESEN 2016 les disparités se présentent à différents niveaux :

- au niveau des ressources allouées à l'éducation du fait de leur parcours scolaire plus long, certains groupes de la population s'approprient plus de ressources publiques ;

- au niveau du genre, les garçons consomment 20 % de ressources de plus que les filles ;

- au niveau du milieu géographique, les enfants issus de milieux urbains consomment près de 2 fois plus de ressources que les ruraux, et un jeune scolarise à Abidjan, 3,5 fois plus qu'un jeune vivant dans la région Nord-Ouest ;

- au niveau du milieu socioéconomique, les enfants issues de milieu familial favorisé consomment 3,7 fois plus de ressources que les enfants issus de milieux défavorisés ;

- et au niveau de la répartition des infrastructures scolaires une différence

fondamentale existe entre le Nord et l'ouest et les autres régions du pays. C'est ainsi « qu'au niveau national, il existe une école primaire tous les 2,8 km en moyenne, [alors que dans] les régions du Nord et de l'Ouest du pays, près de la frontière avec le Liberia, les écoles primaires sont séparées par une distance moyenne de 4 km. 229 »

Dans une esquisse d'explication de ces inégalités, le RESEN 2016 précise que « La situation défavorable des filles résulte de la combinaison de deux phénomènes : d'un accès au cycle primaire moindre, et d'une plus forte déperdition, notée pour l'ensemble des cycles. Il serait intéressant de mieux comprendre ce qui bloque ainsi l'accès des filles au primaire et leur progression au sein des

227 Banque Mondiale et al, 2011, op. cit., p. xxxiii

228 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit. p. 9

229 idem, pp.10-11

179

cycles. 230» Dans la même démarche d'explication, se fondant sur des données de l'ENSETE de 2013, le RESEN 2016 affirme que :

(...) outre les problèmes financiers, qui entravent de manière similaire la scolarisation des filles que celle des garçons (42 % des cas), les tâches ménagères sont particulièrement pénalisantes pour les filles, étant mises en avant dans 6 % des cas (...). De manière surprenante, le jeune âge des enfants est un problème plus couramment invoqué pour les garçons (21 % des cas) que pour les filles (18 % des cas)231

En ce qui concerne les disparités de lieu de résidence en matière de scolarisation, le RESEN 2016 les justifie comme suit :

Les centres urbains, mieux pourvus en infrastructure de base, offrent en général davantage d'opportunités de scolarisation (forte concentration de la population, moindre distance pour se rendre à l'école [réduite]), contrairement aux zones rurales qui sont moins bien dotées en infrastructure scolaire et ont une population dispersée, ce qui induit de grandes distances à parcourir pour les enfants. Cependant, en milieu urbain, la forte densité de population peut contraindre les possibilités de construction d'écoles, conduisant à de grandes tailles de classe et/ou à exclure des élèves des opportunités édu-catives.232

L'inégale répartition des infrastructures d'accompagnement est également évoquée par le RESEN 2016. Ainsi, en 2013, 35 % d'écoles sont dotées de points d'eau en milieu rural, contre 68 % en milieu urbain ; 36 % d'écoles sont dotées de latrines fonctionnelles en milieu rural contre 69 % en milieu urbain et 56 % d'écoles sont dotées de cantines en milieu rural, contre 52 % en milieu urbain.

Au niveau des manuels scolaires, les écoles sont peu dotées et leur distribution entre écoles est inéquitable. « Les manuels scolaires, en plus d'être insuffisants, sont également mal repartis entre établissements. 233» Cette absence d'équité se manifeste également entre les différentes régions. Au niveau de la scolarisation, de manière générale, « le phénomène de non-scolarisation et d'abandons précoces affectent le plus les couches les plus pauvres de la popula-

230 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit, p. 164

231 ibidem

232 idem, p.167

233 idem, p. 17

180

tion, les jeunes en milieu rural et de façon prépondérante les jeunes des régions du Nord et du Sud-Ouest. 234»

Au regard de ce qui précède le défi pour l'enseignement primaire consiste à « toucher davantage les enfants des milieux ruraux, de certaines zones administratives comme le Nord, le Nord-Ouest et le Centre-Ouest, et les familles pauvres. 235» l'Etat de Côte d'Ivoire inscrit la question des inégalités de scolarisation dans le cadre de l'équité en éducation. C'est une problématique qui, au-delà de l'enjeu éducatif, a des enjeux économiques et de développement. Relativement à la question de l'accès, les classes passerelles proposent une approche de proximité en s'implantant dans des zones rurales réduisant ainsi les distances à parcourir par les élèves pour être à l'école. L'implantation de ces classes permet également de former et d'employer davantage d'enseignants eu égard à leur procédé de recrutement qui s'adresse au diplômés sans emploi et titulaire du Brevet d'Etude du Premier cycle (BEPC). Cela est d'autant plus pertinent que le système éducatif ivoirien manque d'enseignants.

La question de la disparité selon le sexe est prise en compte par le projet passerelle par « le volet genre » qui donne la priorité aux jeunes filles dans les critères de recrutement. Quant à la disparité selon la région et la zone, ces classes s'implantent dans les zones C.N.O qui ont subi les effets néfastes de la guerre sur les infrastructures éducatives. Ce sont des zones qui ont connu très peu d'investissement dans le domaine éducatif depuis la guerre de 2002 du fait de l'absence de l'Etat. Le projet des passerelles de 2007 et 2009 viennent en appui à la dotation des zones rurales et urbaines souffrant d'une lacune d'offre éducative.

234 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p.7

235 idem, pp. 10-11

181

1.6. Gestion des risques

Il s'agit de la résilience du système scolaire face aux facteurs susceptibles

d'entraver la bonne marche de l'éducation. Le RESEN 2016 identifie au nombre

de ces facteurs risques :

- les grèves des enseignants ;

- les inondations ;

- les conflits pré et post-électoraux ;

- les tensions intercommunautaires ;

- les attaques transfrontalières ;

- les déplacements de populations ;

- et la sévérité de la malnutrition.

Les grèves des enseignants sont considérées par le rapport comme le seul risque structurel qui semble affecter le fonctionnement normal des établissements scolaires. Le rapport montre également que sur la période 2011- 2015 :

moins de 5 % des secteurs pédagogiques des DRENET enquêtées peuvent être considérées très vulnérables, en moyenne. (Cependant), à l'échelle nationale, la proportion des écoles ayant été gravement affectées par au moins un des risques cités entre 2011 et 2015, est estimée à 14,1 % en moyenne. Cette proportion est cependant variable selon les régions. 236

Pour une résilience face aux risques multiples, il a été élaboré par le MENET, des mécanismes de mitigation selon les besoins spécifiques même si ce sont des mécanismes ponctuels qui restent limités par le fait que : « la thématique de la réduction des risques n'a pas été intégrée dans les curricula de formation des enseignants, et des procédures de réponse aux catastrophes n'ont pas été diffu-sées.237 » C'est ainsi qu'il est prévu des zones d'accueil, des établissements relais, des classes passerelles, des partenariats avec les écoles communautaires, privées et confessionnelles et le recrutement d'enseignants volontaires pour faire face au

déplacement ou la déscolarisation des élèves ainsi qu'au déplacement
d'enseignants. Les classes passerelles trouvent ainsi une place dans cette stratégie globale de mitigation.

236 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 2

237 idem, pp. 3 - 4

182

1.7. Ressources humaines limitées ou sous-utilisées

En 2008, selon le MEN et DIPES (2009), les effectifs d'enseignants du primaire public sont estimés à : « 49.935 dont 64,7% d'instituteurs ordinaires (IO). Le déficit d'enseignants au primaire public est estimé à près de 33,8%. Celui des zones CNO représente 48,4% du déficit total. 238»

En 2013, les effectifs d'enseignants du primaire public pour l'ensemble des écoles sont estimés par le RESEN 2016 239 à 61 955. C'est un chiffre qui inclut les instituteurs ordinaires, les instituteurs adjoints, les bénévoles et les stagiaires. La variable « encadrement des élèves » est centrale pour la politique éducative car elle a un impact sur le volume des ressources à mobiliser et les conditions d'enseignement comme l'indique le RESEN 2016240. Le système éducatif s'attelle donc à obtenir des ratios d'encadrement qui soient pas trop élevés pour assurer la qualité des apprentissages. On constate que le Ration Elève Maître (REM) a connu une augmentation de 2007 à 2013 passant ainsi de 39 : 1 à 42 : 1 avec des variabilités selon le niveau et les régions ; il est de 53 : 1 au CP1 et 36 : 1 au CM2 ; 34 : 1 pour Touba et 56 : 1 pour Abidjan (RESEN 2016). La légère augmentation du REM ne signifie pas que les conditions d'encadrement se sont améliorées puisque les chiffres restent au-delà de la norme nationale fixée à 40 : 1. Le REM serait de 45 : 1 sans l'apport des enseignants bénévoles. Par ailleurs, le recrutement des bénévoles pris en charge par les communautés villageoise montre non seulement, l'insuffisance des ressources humaines et financières de l'Etat, mais permet aussi d'accélérer l'extension de la scolarisation dans les zones défavorisées.

Le RESEN 2016 évoque la sous-utilisation des enseignants des CAFOP dans l'encadrement des élèves. Le rapport estime qu'une bonne utilisation de ces enseignants pourrait contribuer autrement à améliorer le REM. En 2014, même si

238 MEN et DIPES, 2009, op. cit., p. 31

239 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op.cit., p. 266

240 idem, pp. 97-98

183

l'allocation des enseignants publics aux écoles s'améliore, d'autres critères non réglementaires prévalent sur les besoins réels des établissements notamment les effectifs d'élèves. 43% des affectations en 2014 sont concernés par cette situation.

1.8. Effectifs d'élèves pléthoriques

Le RESEN 2016 estime l'accroissement annuel moyen des effectifs du primaire dans la période 2005 à 2014 à près de 7,5%. Les effectifs sont ainsi passés de « 1 661 901 élèves scolarisés en 2005 à 3176 874 en 2014. 241» Cette situation s'explique par l'explosion de la démographie scolaire consécutive à l'accroissement de la demande d'éducation, au développement de l'offre éducative privée et communautaire, en plus de l'existant du public. Cette explosion de la démographie scolaire primaire, à l'image des autres cycles du système éducatif n'est pas sans inconvénient. Il s'agit de la dégradation du REM qui se traduit en effectif pléthorique, c'est-à-dire supérieur à la norme fixée 40 : 1.

Tableau XXIV : évolution des ratios au primaire de 2008/2009 à 2012/2013

 

2008-2009

2009-2010

2010-2011

2011-2012

2012-2013

Ratio élèves/maitre

42

-

41

42

41

Ratio élèves/groupes pédagogique

44

-

41

42

42

Ratio élèves/salle de classe

44

-

42

43

43

Source : DRENET, 2013, « Statistiques de poche. p. 62 » in http://www.men-depes.org consulté le 01 octobre 2016

Faisant le commentaire de ce tableau, le MENET écrit:

la moyenne nationale de 43 élèves/salle de classe cache d'énormes disparités à l'intérieur des régions. En effet, plus de la moitié des DREN-ET (21 sur 36) ont un ratio au-dessus de la norme (40 élèves/salle de classe) ; parmi elles, 15 DREN-ET présentent un ratio largement au-dessus de la moyenne nationale atteignant la moyenne de 52 élèves/salle de classe (ex : DREN-ET Daloa). Malgré l'augmentation du nombre de salle de classe entre 2009 et 2013 (soit 6,8%), celles-ci restent insuffisantes.242

241 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 66

242 DRENET, 2013, « Statistiques de poche, p. 62. » in http://www.men-depes.org, consulté le 01 octobre 2016

184

Comme le montrent les rapports des chiffres, le système scolaire primaire peine à faire face à la forte croissance de la démographie scolaire en termes d'infrastructures et de ressources humaines. Cette insuffisance se traduit alors en effectifs pléthoriques dans les classes.

1.9. Taux de déperdition élevés

A partir du constat établi par le diagnostic du système éducatif relevant un taux de redoublement élevé (22%) pour l'ensemble du primaire en 2007, le PAMT du secteur Education/formation 2012-2014 s'engage à « réduire de façon significative la fréquence des redoublements, notamment dans le sous-secteur du primaire. 243» Cependant, les actions menées n'ont permis de réduire le redoublement que de manière insuffisante. Il est passé de « 22 % en 2007 à 19 % en 2014 au primaire.244» Il s'agit de la moyenne de tous les trois sous cycles du primaire. Toutefois, la fréquence de redoublement reste variable selon les niveaux (CP, CE ou CM) comme le tableau suivant le montre.

Tableau XXV : évolution du taux de redoublement au primaire selon les niveaux de 2006-2009

Niveaux

Redoublement par année %

2006/2007

2007/2008

2008/2009

CP1

19,40%

15,50%

14,50%

CP2

17,40%

14,50%

15,40%

CE1

20,80%

17,20%

16,30%

CE2

19,90%

17,10%

17,80%

CM1

22,50%

18,30%

20,40%

CM2

31,80%

28,40

31,70%

Source : MEN et DIPES, 2009, L'état de l'école en Côte d'Ivoire. Rapport d'analyse 2008-2009, p.18

Le progrès de 22% à 19% entre 2007 et 2014 reste largement en deçà du seuil fixé (moins de 10% de redoublement) par la politique éducative de 2009.

243 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op.cit., p. 66

244 ibidem

185

1.10. Taux de réussite en hausse mais des acquis scolaires faibles

Malgré les crises des dernières années, « les taux de réussite aux examens du Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires (CEPE) ont progressé passant de 70,4% en 2005 à 79,1 % en 2014.245 » Ce niveau reste tout de même en deçà des attentes. La décision ministérielle de 2013 modifiant la note d'admission en 6ème de 125 à 85 points semble avoir contribué pour une part à cette amélioration. Toutefois, des variations subsistent selon les niveaux, les cycles et le type d'école. Ainsi : « En 2014 par exemple, le taux de réussite au CEPE est en moyenne de 85 % dans les écoles privées confessionnelles, contre 67 % en moyenne dans les écoles publiques. 246»

En contraste avec les taux de réussite en progrès, il y a la question des acquis scolaires qui restent faibles. En effet, le RESEN 2016 montre que :

les acquis scolaires au primaire restent globalement faibles, avec une forte majorité d'élèves dont le niveau de maîtrise est faible (...) les évaluations standardisées nationales et internationales du niveau des acquis au primaire indiquent que la majorité des élèves n'acquiert pas les connaissances fondamentales : 87 % et 73 % des élèves de CE1 maitrisent moins de la moitié

de ce qu'ils devraient avoir acquis en français et en mathématiques, respec-tivement.247

1.11. Temps scolaire non optimisé

Le temps scolaire qui est si important pour l'exécution du programme scolaire n'est pas suffisamment exploité. On constate que le volume d'enseignement effectif des élèves du primaire varie fortement selon les écoles. Le RESEN 2016 note que : « environ deux mois de cours sont perdus en moyenne par année scolaire du fait de l'absentéisme (des enseignants et des élèves) et du fait de retards de la rentrée scolaire par rapport à la date officielle. 248»

245 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 13, 112 et 229

246 idem, p. 112

247 idem, p.13

248 idem, p.17

186

1.12. Dotations inéquitables des manuels scolaires

Vu l'importance des manuels scolaires pour l'apprentissage, leur présence en nombre suffisant s'impose pour l'activité pédagogique. Dans ce domaine, la situation des écoles primaire est peu reluisante. En effet, le ratio moyen de la dotation de manuels scolaires en 2014 est estimé à « 6 livres pour 10 élèves 249 » malgré la politique de gratuité. Le niveau de couverture reste donc partiel. Ce ratio moyen « n'a pas évolué favorablement depuis 2007. 250» Des disparités subsistent également selon les disciplines et les types d'écoles. Ainsi, on enregistre pour les livres de mathématiques, un ratio moyen de 0,65 et 0,60 pour le français. Pour les écoles, « des écoles publiques, 13 % n'ont aucun manuel scolaire. Seules 15 % des écoles publiques ont un manuel par élève. 251» On note que seulement 17,9% des établissements primaires répondent au ratio moyen d'un livre par élève en mathématiques et 13,9% en Français. Ces résultats restent, tout de même, insuffisants face aux efforts entrepris par l'Etat depuis 2002, dans le cadre de la politique de distribution gratuite des manuels scolaires.

Paradoxalement à cette situation d'insuffisance, on observe que : « 12 % des écoles publiques ont plus de manuels de français que d'élèves, et 16 % qui ont plus de manuels de mathématiques que d'élèves.252 » Cela traduit l'absence d'équité dans la distribution des manuels scolaires. Les surplus pourraient occasionner également des reventes de livres. Les insuffisances de manuels de mathématiques et de français (langue officielle d'enseignement) qui sont des disciplines centrales pourraient impacter négativement le niveau des acquis.

2. Un contexte de conflit armé

Les classes passerelles interviennent à la suite de deux conflits armés. Celui de 2002 et la crise post-électorale de 2010/2011. Ces contextes de conflit armé se caractérisent par des effets néfastes sur le système scolaire, notamment sur ses

249 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit, p. 119

250 ibidem

251 ibidem

252 idem, p. 132

187

infrastructures, ses acteurs et le climat scolaire. Cette section montre les différentes étapes de l'évolution du système scolaire ivoirien face aux deux crises, en l'absence de « mécanisme formel de mitigation. »

2.1. Un environnement scolaire politisé par les belligérants

Evaluant les effets néfastes des conflits successifs sur le système scolaire, le gouvernement de Côte d'Ivoire et al (2016) affirment que :

suite à la crise de 2002, le système éducatif ivoirien a été la scène de confrontations étendues, impliquant les forces belligérantes, les enseignants et les élèves, (...). Les résultats des élections présidentielles de 2000, tenues sur une toile de fonds de coup d'état, ont été fortement contestés par une frange de la population, donnant lieu en 2002 à un conflit militarisé qui a coupé de fait le pays en deux. L'ensemble du tissu social a été affecté par cette crise, et les écoles sont alors devenues un forum d'expression des tensions politiques qui pouvaient s'observer au niveau local (Chelpi den Hamer, 2013). Les problématiques concernées incluent la politique éducative, le statut et la coordination des enseignants, l'accès à l'école, l'organisation et l'administration du secteur. En effet, l'éducation est devenue un symbole clé de l'identité ivoirienne et de statut, que les principaux protagonistes du

conflit ont cherché à manipuler pour l'atteinte de leurs objectifs politiques (Sany, 2010).253

Ces auteurs constatent que les protagonistes de la guerre de 2002 se sont servis de l'école pour se rapprocher de leurs objectifs politiques. Dans cette démarche, l'école a fait l'objet de convoitise par les belligérants non pas pour éduquer les enfants, mais plutôt pour obtenir d'éventuels adhérents à leurs combats politiques. L'école a assumé pleinement ce rôle de distillateur d'idées politiques, de par la diversité de ses acteurs et de par sa vocation de transmetteur de savoir. En ciblant l'école, les acteurs du conflit étaient conscients de cette fonction charnière.

Une manifestation de l'emprise des protagonistes sur l'école est le refus de l'Etat de Côte d'Ivoire d'organiser les examens nationaux dans les zones dites « occupées » en 2003. Ce sujet a fait l'objet d'âpres négociations arbitrées par la communauté internationale avant de trouver une solution. Pour convaincre les partenaires engagés dans les financements de ce projet, la partie adverse (les

253 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 226

188

forces occupantes) a dû faire usage de la pression populaire des zones sous son contrôle. Ces populations, à travers des marches de protestation et avec la bénédiction des forces nouvelles, ont clamé haut que l'Etat de côte d'Ivoire, par son refus d'organiser les examens, violait le droit à l'éducation de leurs enfants. Cette pression populaire a aussi bien servi la cause des populations et que celle des forces nouvelles.

2.2. Un environnement scolaire sous l'emprise de la violence

Dans la perspective de faire triompher les idées politiques des protagonistes, la violence observée dans la société s'est déportée à l'école comme en témoigne ce passage :

en 2002 l'école aurait davantage joué un rôle dans la diffusion de la violence que dans la consolidation de la paix, à divers niveaux. Les élèves, répliquant des schémas de méfiance accrue entre adultes, se sont même engagés dans des formes violentes de syndicalisme étudiant. Au niveau des collèges, lycées et universités, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) a joué un rôle direct dans la propagation de la violence, de la haine, de la moquerie et des stigmatisations en milieu scolaire (Chelpi den Hamer, 2013). Au vu de ce contexte, il n'est finalement pas étonnant que les universités publiques d'Abidjan aient été fermées pendant 18 mois. La crise de 2002 a donc été plus violente et plus longue que celle de 2010, et

son impact général sur le système éducatif en a été d'autant plus impor-tant.254

Parmi les moyens utilisés par les protagonistes pour répliquer la violence sociétale à l'école, il y a la manipulation des acteurs syndicaux des collèges, des lycées et des universités. La violence perpétrée sous diverses formes a pu exacerber les tensions en créant un sentiment de haine, de suspicion et de stigmatisation de l'autre qui est d'un bord politique différent.

2.3. Un environnement social manipulé par les belligérants

Lorsqu'un conflit armé éclate, la population civile est la première victime des souffrances engendrées à travers le dysfonctionnement des services sociaux de base. Sous l'emprise des armes, les personnes vivant dans ces zones occupées sont

254 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 227

189

obligées de faire allégeance aux forces dominatrices. Dans le cas de la guerre de 2002 en Côte d'Ivoire on constate que :

les services publics ont été les plus affectés au Nord, ce qui a conduit la communauté internationale et les ONG à focaliser leurs interventions dans cette zone. Les forces occupantes ont, par la suite, cherché à s'attribuer les résultats positifs des programmes déployés pour consolider leurs appuis parmi la population, tandis que le gouvernement a exploité les défis rencontrés par celles-ci dans la provision d'éducation pour les discréditer et légitimer leurs positions officielles.

Face à la population en situation de détresse, un troisième groupe d'acteurs, à savoir la communauté internationale et les ONG, s'interpose pour l'assistance sociale. Cette assistance concerne, essentiellement, le domaine de la nutrition, la santé, l'assainissement et l'éducation. Les efforts de ces acteurs sont exploités encore une fois par les protagonistes à des buts politiques.

2.4. Fermeture des écoles

En 2002, l'on a constaté l'arrêt total du fonctionnement de l'école dans les zones dites « occupées » dès le déclenchement des hostilités. Les raisons sont liées à l'insécurité physique, matérielle, alimentaire et sanitaire. Cette fermeture va être formalisée par l'appel du ministère de l'éducation nationale aux personnels de l'éducation à rejoindre les zones sous le contrôle de l'Etat. Au niveau de l'enseignement primaire, on estime à :

2.768 le nombre d'établissements scolaires situés en zones assiégées, soit 32,6% des effectifs des établissements primaires nationaux. La capacité d'accueil de ces établissements en terme d'effectif des élèves est 588.936 ; ce qui représente une proportion de 28% des effectifs nationaux des élèves du

primaire. Le personnel enseignant en service dans les zones assiégées est estimé à 11.333, soit 27,6% des effectifs nationaux des enseignants. 255

ODOUNFA (2003), tout en décrivant le contexte de 2002 comme une situation de « déplacements massifs des populations pour qui l'éducation des enfants

255 E. BIH et al, 2003, Etude sur l'égalité des sexes dans le domaine de l'éducation en Côte d'Ivoire, Abidjan, ROCARE, p. 29.

190

devenait secondaire 256» constate effectivement : la fermeture des Directions Régionales de l'Éducation Nationale de Bouaké, de Korhogo, d'Odienné et de Man. Les Directions Départementales de l'Éducation Nationale de Bouna, Katiola et Séguéla sont aussi concernées. Ce sont au total, 40 inspections de l'enseignement primaire, 2 768 écoles primaires publiques, 3 CAFOP, et 80 lycées et collèges qui ont arrêté de fonctionner. Cette fermeture d'écoles a créé un véritable déséquilibre dans le fonctionnement du système scolaire national. Cela s'est traduit en de multiples mutations des personnels et en l'accentuation des effectifs pléthoriques dans les écoles sous le contrôle gouvernemental.

En 2010/2011, le système éducatif a une fois encore subi des fermetures d'établissement du fait de la crise post-électorale. Cela s'explique par le faite que beaucoup de personnes ont été contraintes de quitter leur lieu de résidence face à la violence et en présence de « la volatilité de la situation sécuritaire. 257» Selon la zone ou la région du pays, la situation s'apprécie différemment. Ainsi, l'on constate que :

dans le Sud du pays, les écoles ont ouvert de nouveau le 3 janvier 2011, après les vacances de Noël. Dans la zone Centre-Nord-Ouest (CNO) par contre, elles sont restées fermées pendant plusieurs mois, suite à l'appel à la désobéissance civile lancée par la coalition pro-Ouattara. En mars et avril 2011, les écoles de la zone CNO ont commencé à ouvrir, mais en parallèle la crise militaire s'est intensifiée dans le Sud et certaines écoles, notamment à Abidjan, ont dû refermer dans cette partie du pays. La reprise des cours à

l'échelle nationale a été annoncée pour le 26 avril 2011 par un communiqué du Ministère de l'Éducation Nationale.258

Les deux crises de la Côte d'ivoire ont toutes entraîné une fermeture des infrastructures éducatives et ont privé les enfants des bénéfices de l'éducation de manière temporaire ou permanente.

256 A. K. ODOUNFA, 2003. « Évaluation de la scolarisation universelle en Côte d'Ivoire », Contribution au rapport de suivi 2003/2004 sur l'EPT. UNESCO., 2003, Cité par Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 226

257 ibidem

258 idem, p. 227

191

2.5. Destruction physique des infrastructures éducatives

Aux premières heures de la guerre de 2002, la majorité des écoles ont été occupées et utilisées par les soldats comme des camps militaires empêchant, du coup, toute activité éducative. Sous la pression de leur hiérarchie, quand les soldats devaient quitter ces écoles à l'occasion de la réouverture de celles-ci, les meubles, les documents, les plafonds, les toitures, les portes, les fenêtres, (etc.) ont été apportés. Ils ont ainsi pillé la majorité des écoles occupées tandis qu'une deuxième catégorie d'écoles (non occupées) restaient intactes pour la plupart.

Quant à la crise de 2010/2011, relativement à la destruction des infrastructures éducatives, les rapports des directions régionales à travers le Cluster Education, mentionnent que :

224 écoles de 15 DRENET ont rapporté des incidents. Ceux-ci sont très localisés, 50 % ayant eu lieu à Abidjan et les autres ayant eu lieu majoritaire-ment à Daloa et à Guiglo. Au rang des incidents rapportés, 38 % sont relatifs au pillage d'écoles, 36 % relatifs aux endommagements d'écoles et 5 % relatifs à l'occupation d'écoles par des populations déplacées. Les pillages, destructions et occupations des écoles ont prolongé la fermeture de celles-ci. Par ailleurs, 6 % des incidents rapportés sont relatifs au pillage des établissements administratifs, affaiblissant ainsi les autorités administratives dans ces zones, dans la mesure où ces incidents ont conduit certains fonctionnaires à ne pas retourner sur leur lieu de travail, soit par crainte de l'insécurité, soit du fait de manquer de moyens de travail.259

La destruction physique des infrastructures scolaires a participé aux dysfonctionnements observés dans le système scolaire national suite aux deux crises survenues en Côte d'Ivoire.

2.6. Baisse de la scolarisation

En termes de scolarisation, « une baisse importante des effectifs est constatée suite à la crise de 2002. [Elle] a conduit à un fléchissement général de la progression des scolarisations. Au niveau de l'enseignement primaire en particulier, un véritable effondrement des effectifs est constaté. 260» Au total, le nombre d'enfants scolarisés a « chuté de 2,1 à 1,5 millions, représentant une baisse de 30

259 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 228

260 idem, p. 227

192

% d'une année sur l'autre.261 » Ces statistiques montrent l'effet durable de la crise en question sur le système scolaire. Le constat sur le moyen terme révèle que le nombre d'élèves scolarisés a « stagné jusqu'en 2004/05, et ce n'est qu'en 2005/06, soit quatre années plus tard, que les effectifs ont retrouvé leur niveau de 2001/02.262 »

Toutefois, la situation est différente lors de la crise de 2010/2011. Les déplacements de populations ont certes provoqué des ruptures de scolarités mais ils n'ont pas affecté durablement le système scolaire en termes de taux de scolarisation. Selon nos observations, cela se justifie par le fait que la situation a bénéficié d'une meilleure prise en charge par rapport à celle de 2002. Cela s'entend par la promptitude des interventions des acteurs d'urgence comme les ONG qui étaient déjà présents et les structures étatiques qui avaient déjà bénéficié de l'expérience de 2002.

2.7. Déplacement des acteurs de l'éducation

Relativement à la crise post-électorale de 2010/2011, les déplacés internes recensés par le HCR sont estimés à « 126.000 personnes.263 » En prenant en compte les déplacés externes, le HCR estime le total à environ « un million 264» de personne. Dans le même temps, la Côte d'Ivoire accueillait « 24.000 réfugiés,265 » essentiellement, en provenance du Libéria. Selon Dieket Minata SANGANOKO, coordinatrice adjointe du SAARA « Aucun pays n'est à l'abri d'un tel phénomène. A l'issue des crises de 2002 et 2011, la Côte d'Ivoire comptait 700.000 déplacés internes.266» Aussi, invite-t-elle tous les acteurs à l'adoption d'une loi

261 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 227

262 ibidem

263 HCR, 2011, « Rapport global 2011 HCR » in https://www.unhcr.org/fr/500e9f85b.pdf., consulté le 15 novembre 2014.

264 ibidem

265 ibidem

266 J. K. KOUASSI, 2017, « Atelier de formation organisé par le Haut-commissariat des réfu-giés(HCR), en collaboration avec le Service d'aide et d'assistance aux réfugiés et apa-tride(Saara), le jeudi 28 décembre 2017 » in http://www.linfodrome.com/societe-culture/35659-situation-des-deplaces-internes-les-journalistes-et-les-membres-de-la-societe-civile-invites-a-oeuvrer-pour-l-application-de-la-convention-de-kampala-en-cote-d-ivoire, consulté le 18 février 2018

193

conformément aux recommandations de la Convention de l'Union Africaine sur la protection aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala).

Vu l'ampleur du phénomène de déplacés de guerre, et son impact sur le système scolaire, il a fait l'objet d'analyse par le RESEN 2016 qui donne la conclusion suivante :

les problématiques éducatives liées aux personnes déplacées et réfugiés sont plus aigües, et s'inscrivent davantage sur la durée. Il est important de noter qu'il transparait une concentration des problématiques liées aux personnes déplacées internes (PDI) et réfugiés dans les DRENET présentant la plus forte vulnérabilité aux conflits pré et postélectoraux. Ceci permet de supposer qu'une forte matérialisation du risque de conflit engendre des situations de faiblesse qui rendent le système éducatif vulnérable à plusieurs autres niveaux. La prise en charge éducative des personnes déplacées internes et des réfugiés peut soulever plusieurs problématiques, dont la capacité d'accueil, aussi bien en matière d'infrastructure que de personnel, la prise en compte de besoins spécifiques, les effets de la précarité sociale sur l'assiduité et les résultats scolaires, ou encore des considérations linguistiques et cultu-relles.267

268»

Le fait que le déplacement des populations en période de crise engendre des besoins connexes, rend complexe cette problématique. Son impact au niveau de l'école reste incalculable dans la mesure où, il faut créer des infrastructures et des programmes adaptés à la situation de ces personnes. Selon le document de cadrage (2003) de la direction des enseignements et la direction des ressources humaines du MEN, en Octobre 2003, le nombre d'enseignants du primaire déplacés de guerre est estimé à « 10.880 sur 11.083 attendus soit 98,97% et le nombre des élèves du primaire déplacés de guerre est 74.470 élèves sur 584.058 attendus soit 12,75%.

Cette situation est consécutive à l'appel du MEN faisant injonction aux enseignants des zones occupées à rejoindre la zone gouvernementale, injonction ayant contribué d'une façon indirecte à entraver la reprise des actions éducatives en zones occupées. Comment l'école pouvait-elle fonctionner normalement avec 98,97% d'enseignants absents ? 1,03% d'enseignants restés pouvaient-ils prendre

267 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 224

268 MEN, 2003, Séminaire de reconstruction post-conflit du système éducatif de la Côte d'Ivoire du 27 au 31 octobre 2003, Abidjan, MEN, p. 2.

194

en charge 87% d'élèves restés ? En conséquence, des enseignants volontaires se sont organisés en zones occupées pour dispenser des enseignements aux 87% d'élèves restés sur place.

Le départ des enseignants titulaires déplacés des « zones de conflit » vers les « zones gouvernementales» en 2002/2003, a entraîné dans la DREN de Daloa « un sureffectif de personnel de telle sorte qu'au sein des écoles, on compte plus d'enseignants que de classes disponibles. 269» Ce déplacement de la population scolaire a occasionné la mise en place des écoles relais et le redéploiement des enseignants déplacés de guerre. Selon le DREN de Daloa en 2004, « certains enseignants victimes de guerre n'ont pas accepté d'être redéployés, cela fait qu'il y'a un chômage qui ne dit pas son nom. On compte un effectif de 42 enseignants inactifs dans la DREN. 270»

2.8. Réticence des communautés locales

Les classes passerelles sont mises en oeuvre dans un contexte où les communautés locales « ont développé des sentiments de réticence vis-à-vis de l'école ». Pour AZOH et al (2009), les raisons de cette méfiance ou cette réticence sont les suivantes :

- la baisse de confiance en l'institution scolaire en raison du retrait de l'Etat, de la non reconnaissance par le MEN des examens réalisés dans les zones CNO au début du conflit et de l'insuffisance de qualification des enseignants bénévoles ; « le manque de confiance des parents en l'école du fait que l'Etat n'avait pas un droit de regard sur l'école et à cause des enseignants bénévoles sans niveau pendant la guerre. Ils (les parents) empêchaient leurs enfants de venir à l'école. Certains venaient retirer les enfants des classes pour les accompagner au champ ou suivre le bétail ». (Directeur à Odienné) ;

- l'insécurité des élèves : la situation sécuritaire en zone rurale comme urbaine, demeure précaire. Psychologiquement, cela ne motive pas les parents à envoyer leurs enfants à l'école, surtout que certains doivent parcourir 3 à 5 km : « on assiste à des enlèvements d'enfants entre deux villages sur le chemin de l'école » (Communauté de Guiglo) ;

269 F-J. AZOH et al, 2009, Impact du conflit armé sur l'éducation primaire: le cas ivoirien. Quels financement pour les écoles? Quels freins à la scolarisation? Quelles réponses locales? Amsterdam, Universiteit van Amsterdam - AMIDSt., pp. 30-34

270 idem, pp. 30-34

195

- la pauvreté des parents d'élèves qui a augmenté avec la crise de telle sorte qu'ils ne parviennent plus à assurer la prise en charge des frais liés à la scolarisation de leurs enfants. D'après le maire d'Odienné, « l'anacarde constituait un espoir mais il n'est pas bien acheté. Cela entraîne la pauvreté des parents, qui ne peuvent pas assurer la scolarité de leurs enfants ». Dans ces conditions, les dépenses relatives à l'école sont perçues comme une charge supplémentaire et les parents préfèrent que leurs enfants les aident dans les tâches agricoles et ménagères.271

Ainsi, bien que les parents soient conscients de l'importance de l'éducation, ils sont obligés de retirer leurs enfants de l'école du fait d'un manque de confiance en l'institution scolaire, de l'insécurité et de la pauvreté.

2.9. Démotivation des élèves

La fuite des enseignants, le pillage et la fermeture des écoles, sont des fa-teurs associés qui ont progressivement contribué à émousser l'ardeur des apprenants des zones dites occupées. Certains apprenants ont ainsi été démotivés face aux obstacles à leur scolarisation. Cette démotivation elle-même est devenue un obstacle supplémentaire. Cette situation est décrite par AZOH et al (2009) en ces termes :

l'obstacle principal rencontré chez les élèves se traduit par la démotivation du fait de la rupture momentanée dans la scolarisation, de la mauvaise planification des examens dans les zones CNO et de la non reconnaissance des résultats (des examen) par le MEN. Cette démotivation se constate par les comportements suivants :

- engagement (des enfants) dès un très jeune âge dans des activités génératrices de revenus (petits métiers, etc.) ;

- enrôlement volontaire de certains élèves dans les factions armées.272

La démotivation des apprenants est consécutive à celle des parents. Cela est d'autant plus logique que ceux-ci sont les responsables des premiers. Le contexte d'une éducation d'urgence à dévalorisé l'acte de scolarisation pour ces acteurs principaux que sont les élèves et leurs parents.

2.10. Réouverture de l'école en situation d'urgence

Environ quatre mois après le début du conflit armé de 2002, les premières écoles ont ouvert leurs portes avec pour objectifs de maintenir le niveau des

271 F-J AZOH et al, 2009, op. cit., pp. 30-34

272 ibidem

196

élèves restés en zones occupées d'une part, et récupérer les enfants soldats ou empêcher d'autres enfants de prendre les armes d'autre part.

Selon l'ONG EPT, à la rentrée de septembre 2002, étaient attendus dans la zone CNO, 533.339 écoliers. La plupart des écoliers (87% de cet effectif) sont restés sans école du fait de la guerre. En l'absence de l'Etat, l'objectif initial de l'école a changé allant du simple maintien de niveau à une école normale préparant les élèves aux examens nationaux. Pour atteindre cet objectif, tous les acteurs de l'éducation se sont donnés la main. Il s'agit notamment, des autorités des Forces Nouvelles, des parents d'élèves, des ONG et des enseignants titulaires et volontaires. C'est une école qui a fonctionné avec le soutien moral et financier des parents d'élève à travers les COGES. Elle a aussi bénéficié du dévouement des enseignants titulaires et volontaires, de la bonne volonté des autorités des Forces Nouvelles et les dons des ONG constitués de vivres, de kits et de mobiliers. A cela, s'ajoute la réhabilitation des bâtiments pillés. Au nombre des ONG actrices du secteur éducatif, on distingue EPT qui a relancé l'école, plaidé et obtenu auprès du MEN, l'organisation des examens 2003 en « zones occupées ».

A partir de 2004, avec l'accalmie, le MEN installe une administration minimale scolaire dans la plupart des DREN pour marquer le retour de l'Etat dans les zones CNO. Dès lors, l'école a évolué en dents de scie. Les cours sont dispensés en 2004, mais les examens ne seront organisés qu'en 2005, conséquence des jeux politiques entre les belligérants. C'est la preuve que l'éducation est quelques fois utilisée dans les conflits comme un moyen de pression ou, pire, comme une arme de guerre. Selon l'ONG EPT, en 2005-2006, 319.592 écoliers ont été recensés en zone CNO, avec au moins 800 écoles primaires fermées et plus de 200.000 enfants qui ne sont pas retournés à l'école. C'est ce constat qui justifie la mise en oeuvre des classes passerelles en 2006.

Lors de la crise post-électorale de 2010/1011, certaines écoles dans le sud, notamment à Abidjan et dans le centre et le nord du pays ont dû refermer. La reprise des cours à l'échelle nationale a été annoncée pour le 26 avril 2011 par un

197

communiqué du MEN. Une évaluation de la réouverture des écoles réalisée par le Cluster Education en juin 2011, a, en effet, montré que « trois mois après l'annonce officielle de la reprise des cours en avril 2011, 97 % des écoles primaires publiques avaient effectivement rouvert leurs portes, 90 % d'entre elles y avaient rétabli les enseignements, et 86,3 % des élèves inscrits à la rentrée de 2010/11 étaient de retour à l'école. 273» Cette reprise a redonné de l'espoir aux acteurs de l'école, notamment les élèves et leurs parents dans un contexte où l'école constitue un rempart contre les vices auxquels les enfants sont exposés.

2.11. Déficit des personnels éducatifs

La réouverture des écoles en situation d'urgence a rencontré des difficultés au nombre desquelles, la sous qualification des enseignants bénévoles et celle des personnels d'encadrement. Cette situation est ainsi décrite par AZOH et al (2009) en ces termes:

avec la crise, le recours aux enseignants non professionnels s'est amplifié pour pallier (...) l'insuffisance d'enseignants titulaires partis précipitamment des zones de conflit. Cela a conduit au recrutement d'enseignants bénévoles faiblement qualifiés, majoritairement des hommes. L'insuffisance d'enseignants qualifiés a eu certaines conséquences sur le fonctionnement des établissements scolaires : « en 2006 dans ma circonscription, nous avions un besoin de 200 instituteurs « craie en main » car 25 écoles étaient sans enseignants titulaires. A l'EPP Ziévasso par exemple, on comptait deux

enseignants pour trois niveaux, ce qui contraignait à un jumelage des classes » (IEP Odienné)274

Ce manque de qualification de certains enseignants volontaires est confirmé par des enseignants titulaires restés sur place à Odienné en ces termes : « Nous avons recruté des bénévoles qui nous ont aidé à tenir l'école. Ces enseignants étaient pour la plupart des volontaires qui n'avaient pas toujours un bon niveau académique (CM, 6ème et 5ème). 275» Cette situation est amplifiée par un absentéisme manifeste, un manque de matériels didactiques criard et une démotivation des enseignants. Ces facteurs combinés n'ont pas toujours permis de couvrir les

273 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 227

274 F-J. AZOH et al, 2009, op. cit., pp. 30-34

275 ibidem

198

programmes et d'obtenir des acquis scolaires conformes aux exigences du système scolaire ivoirien.

2.12. Retour des acteurs de l'éducation en zones CNO

Avec le retour de l'administration scolaire en 2004 et l'opération de redéploiement de l'administration par le Comité National de Pilotage du Redéploiement de l'Administration (CNPRA), on a assisté à la mise en place progressive du personnel du secteur de l'éducation depuis 2005. Cela a donné lieu à d'autres types de difficultés. En effet, comme le montre AZOH et al (2009) :

malgré l'existence d'un Comité National de Pilotage du Redéploiement de l'Administration (CNPRA), le retour des enseignants dans les zones CNO rencontre des obstacles psychologiques. Bien que formellement réalisé sur les plans administratifs et financiers, il demeure non effectif en pratique,

puisque de nombreux enseignants "traumatisés" refusent de rejoindre leur poste par crainte d'une reprise de la belligérance. 276

Une seconde difficulté est survenue au niveau du traitement pécuniaire. En effet, le personnel redéployé devrait bénéficier d'une prime d'installation et d'une prime d'incitation à l'initiative du gouvernement ivoirien. Celui-ci ayant éprouvé des difficultés de trésorerie, les promesses ne se sont pas tenues dans le temps prévu à cet effet. Cela a donné lieu à des revendications des enseignants à travers des grèves répétées. Ces grèves ont constitué un facteur de risque pour le système éducatif de sorte à rendre celui-ci plus vulnérable. L'école a repris donc avec beaucoup de perturbations au niveau du climat scolaire.

Peuvent être cités au nombre des difficultés, l'insuffisance du personnel et le traitement du cas des enseignants volontaires. Ce sont des questions qui seront résolues avec l'évolution du contexte sociopolitique. C'est ainsi que les classes passerelles se sont inscrites dans la logique de la recherche d'une solution viable à la question de l'insuffisance des ressources éducatives.

276 F-J. AZOH et al, 2009, op. cit., pp. 30-34

199

2.13. Réhabilitation des écoles ou période de reconstruction

La réhabilitation concerne aussi bien les écoles pillées que les écoles dégradées avant la guerre. Elle part de la simple réfection d'une partie du bâtiment à la construction totale d'école. Ainsi, on distingue différents types d'opérations :

- la réfection de la toiture ;

- la peinture du bâtiment ;

- la construction des toilettes ;

- la construction de réfectoire et de cuisine ;

- et la construction de clôture.

Ces opérations sont négociées avec les ONG de manière diverse selon les régions. Si certaines écoles font directement la demande d'appui à ces organisations, d'autres assistances sont proposées par l'IEP. Dans certaines régions, c'est la zone rurale qui est prioritaire. Il est difficile d'avancer un chiffre concernant la réhabilitation des écoles car c'est un processus en pleine évolution. Les ONG comme UNICEF, Save the children et Merlin sont les plus actives dans ce secteur. Les classes passerelles, en tant que dispositifs d'éducation d'urgence, viennent en appoint à ces actions de soutien au secteur de l'éducation.

2.14. Insuffisance des mécanismes de mitigation du système scolaire

Le terme « mitigation » désigne « la mise en oeuvre de mesures destinées à réduire les dommages associés à des risques naturels ou générés par des activités humaines.277 » Dans le cadre de notre étude le risque identifié est le conflit armé. Le RESEN 2016 ressort que « la résilience du système (scolaire ivoirien) repose davantage sur des mécanismes de mitigation ponctuels que sur le cadre stratégique et institutionnel de gestion des risques, qui est incomplet et peu opérationnel. 278» En effet, lors des deux crises, ce sont des actions ponctuelles qui ont été initiées par différents acteurs en réponse à des situations concrètes. On peut citer les campagnes «Back to School», le PPU/PUAEB, les établissements relais, les sessions extraordinaires d'examen, l'introduction de la matière éducation au droit

277 GEORISQUES, 2014, « Comment réduire les risques : le concept de mitigation » in http://www.georisque.gouv.fr, consulté le 20 juin 2018.

278 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 230

200

de l'homme et du citoyen, ou encore la création de clubs Messagers de la paix. Les classes passerelles s'inscrivent dans ce registre.

L'absence d'un plan de contingence ou de réduction des risques du MEN se manifestait au niveau central, local ou au niveau de l'école. Pour le RESEN 2016, « la thématique de la réduction des risques n'a pas été intégrée dans les curricula de formation des enseignants, et des procédures de réponse aux catastrophes n'ont pas été diffusées. 279» Depuis lors, ayant pris conscience de cette insuffisance, « l'État de Côte d'Ivoire a adopté les textes fondamentaux internationaux qui font obligation aux nations d'assister et de protéger leurs populations en situation de vulnérabilité, du fait des conflits et (des) catastrophes. 280» Ce sont :

- la Convention relative aux droits des enfants, dont le deuxième objectif consiste à assurer l'éducation primaire pour tous ;

- le Cadre d'action de Hyogo 2005-15, pour renforcer la résilience des nations et des collectivités face aux catastrophes ;

- le Cadre de Sendai 2015-30, pour la réduction des risques de catastrophes, en harmonie avec les systèmes mondiaux d'adaptation au changement climatique ;

- et le document de politique et mécanismes sur la réduction des risques de catastrophe de la CEDEAO.

Au niveau national également, des dispositions légales ont été adoptées, à savoir : - l'organisation du plan de secours (ORSEC) en cas de catastrophe à l'échelle nationale, selon le décret n°79-643 du 8 août 1979 ;

- la définition de plans sectoriels d'urgence en cas d'accidents, de sinistres

ou de catastrophes, selon le décret n°98-505 du 6 septembre 1998 ; - l'installation en 2007, d'un comité interministériel sur la réduction des

risques de catastrophe (RRC), composé de 50 points focaux ;

- l'élaboration d'une stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe, assortie d'un plan d'action en 2011 ;

279 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 230

280 ibidem

201

- la création de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) par l'ordonnance n°2011-167 du 13 juillet 2011 ;

- la mise en place en 2012, d'une plateforme nationale pour la réduction des risques de conflit, rattachée à la primature ;

- la mise en place, du Programme national de cohésion sociale en février 2012 ;

- la promotion de la cohésion sociale à travers l'inclusion dans le curriculum scolaire d'une matière sur l'éducation aux droits de l'homme et à la citoyenneté, selon le décret n°2012-884 du 12 septembre 2012 ;

- l'institution d'un Groupe de travail sur la protection de l'enfant et d'un code de conduite du personnel en milieu scolaire en 2014 ;

- la création d'un cadre de coordination de gestion intégrée des crises, par décret n°2015-102 du 10 février 2015 ;

- l'élaboration d'un plan d'intervention d'urgence au niveau de chaque ministère.

- et l'instauration des clubs Messagers de la paix, et la réactivation du conseil consultatif de l'éducation nationale.

Ces dispositions récentes ont, certes, doté le pays de cadres et mécanismes nationaux pour faire face aux situations humanitaires, mais elles ne sont pas encore très opérationnelles car elles manquent d'outils et de ressources pour leur mise en oeuvre, selon le RESEN 2016. En outre, ces dispositions n'intègrent pas un plan de contingence ou de réduction des risques propre au MENET.

202

Conclusion du chapitre 3

En guise de conclusion, le chapitre 3 a permis d'analyser les limites du système éducatif primaire de Côte d'Ivoire. Ces limites sont traduites en dysfonctionnements à un niveau interne au système et à un niveau environnemental. Au niveau interne, le système scolaire subit une diminution drastique du budget de fonctionnement et d'investissement qui résulte en un faible taux de couverture scolaire. De même, l'état des infrastructures et les services éducatifs sont affectés. Par un effet de domino, l'accès à l'école est réduit et ceux qui y ont accès ont peu de chance d'achever le cycle primaire. C'est un système caractérisé par des disparités de scolarité selon le milieu de vie le sexe des apprenants et le statut socio-économique des parents des apprenants. Il est aussi affecté par sept types de facteur de risque dont le plus important est la grève des enseignants, comme indiqué par le RESEN 2016.

La réduction du budget limite la taille du personnel de l'éducation et celui-ci est sous-utilisé dans certaines écoles. Face à L'insuffisance d'infrastructures, la massification de l'éducation a entraîné des effectifs pléthoriques dans les salles de classe. C'est un système qui est confronté à un taux de déperdition estimé à 19% pour tout le cycle primaire 2014. Les acquis scolaires sont faibles, contrastant ainsi avec les taux net de promotion en hausse, passant de « 75,80% en 2013 à 80,10% en 2014 281», selon les statistiques du MENETFT 2017-2018. Cela est la conséquence d'un temps scolaire insuffisamment exploité du fait des facteurs de risque. Une autre question relative aux ressources allouées est la répartition inéquitable des manuels scolaires. Ce phénomène se manifeste par une disparité entre les écoles, d'une part et entre les disciplines, d'autre part. En effet pendant que certaines écoles ont un excédent de livres, d'autres sont en situation de déficit. L'indisponibilité des manuels essentiels affecte, ainsi, le niveau des acquis scolaires.

281 MENETFT/DSP/SDSP, « Statistiques scolaires de poche 2017-2018, p.39 », in https// men-dpes.org.poche, consulté le 05 Mai 2019

203

Le contexte de conflit se décline essentiellement en trois temps qui sont : la phase de belligérance, la phase de post-crise et celle de la reconstruction. La première phase est marquée par un système scolaire au discours violent et politisé, des acteurs d'éducation manipulés, la fermeture ou la destruction des infrastructures scolaires et le déplacement massif des acteurs de l'éducation. A ce stade, les mécanismes de mitigation ont montrés leurs insuffisances. La deuxième phase est caractérisée par la réouverture des écoles qui s'accompagnes de difficultés de reprise telles que la baisse de la scolarisation, la démotivation des apprenants, la réticence des communautés et le déficit des personnels d'éducation. La dernière phase est faite de réhabilitation et de reconstruction des écoles. Les classes passerelles qui sont mises en oeuvre depuis 2006, ont coexisté avec les écoles conventionnelles pendant les trois phases précitées dans une perspective d'alternative éducative pour des milliers d'enfants restés en marge du système scolaire national.

204

CHAPITRE 4 : MISE EN OEUVRE DES

CLASSES PASSERELLES

Le chapitre 4 analyse les facteurs de la mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire. Il comporte quatre sections, à savoir : le contexte et les acquis de la mise en oeuvre, les facteurs explicatifs de l'efficacité des classes passerelles et leur renforcement après 2014. Ces différentes sections visent à présenter et à analyser les résultats obtenus par les classes passerelles tout en tenant compte de leur contexte de mise en oeuvre.

La première section relative au contexte relève trois aspects environnementaux indissociables ; il s'agit du conflit armé de 2002, de la crise post-électorale de 2010/2011 et du contexte socioéconomique défavorable. L'analyse de ces trois éléments devra permettre une compréhension des facteurs exogènes de la mise en oeuvre. La seconde section présente neuf sous-sections relatives aux acquis des classes passerelles, à savoir : l'accès et la réouverture de l'école, l'accroissement de l'offre éducative, la gratuité de l'école, l'intégration des élèves à l'école conventionnelles, l'implication de l'Etat au projet des classes passerelles, l'inscription des classes passerelles sur la carte scolaire, les performances post-passerelles satisfaisantes et l'adéquation du profil des enseignants des classes passerelles.

La troisième section analyse les facteurs susceptibles d'expliquer la bonne performance des classes passerelles. Il s'agit, notamment, des facteurs organisationnels, des facteurs pédagogiques, des facteurs individuels. Une analyse de variance permet de dégager les facteurs les plus influentes et de les hiérarchiser. Dans cette veine, les variables les plus influentes sont mises en exergue. Ce sont les variables «participation communautaire», «gestion du projet» et «mise en place du projet». Enfin, la dernière section présente des actions de renforcement des classes passerelles après 2014, à travers des actions diverses de formation. Dans

205

quelle mesure ces différentes sections participent-elles à une meilleure compréhension de la mise en oeuvre des classes passerelles ?

1. Contexte de la mise en oeuvre

Le projet pilote des classes passerelles est initié et conduit par l'organisation non gouvernementale Ecole Pour Tous (EPT), avec son partenaire technique et financier UNICEF. Créée en 2003, c'est-à-dire en pleine crise militaro-politique en Côte d'Ivoire, l'ONG EPT oeuvre exclusivement dans le domaine de l'éducation. Elle a été suscitée par l'état de détresse des écoles dans les zones dites « zones de guerre » (appelées plus tard zones Centre Nord et Ouest).

Au plan stratégique, l'ONG EPT dispose d'un bureau exécutif en charge des questions administratives. Au plan opérationnel, elle a mis en place une équipe en charge de la gestion des projets écoles. Pour réussir sa mission, EPT collabore avec les partenaires de l'éducation. Dans le cadre des classes passerelles, il s'est agi pour elle, de prendre le relais de l'école officielle qui était absente, du fait de la crise. Le contexte de la mise en oeuvre des classes passerelles se caractérise par une phase de reconstruction post-crise et un environnement de scolarisation difficile. Cet environnement est celui des zones CNO, lieu d'implantation des classes passerelles. C'est un environnement où les infrastructures scolaires sont encore dans un état de dégradation avancée et il est caractérisé par une faible couverture de scolarisation à l'image de la situation nationale. Le contexte socioéconomique est décrit comme suit :

la pauvreté s'est fortement accrue en Côte d'Ivoire entre 1985 et 2012, sous l'effet des différentes crises qui ont secoué le pays sur la période. Avec le retour à la normalité, qui a favorisé la reprise économique et la mise en place de certaines politiques de soutien aux ménages (hausse des prix des produits agricoles, gratuité de certains services sociaux), la pauvreté a connu un recul en 2015 (ENV, 2015). En effet, de 10,0 % en 1985, le taux de pauvreté a atteint 48,9 % en 2008, avant de diminuer à 46,3 % en 2015 (...). Comme pour les années antérieures, la pauvreté est plus accentuée en milieu rural (56,8 %) qu'en milieu urbain (35,9 %). Par ailleurs, de fortes disparités se-

206

lon les régions sont observées, le niveau de pauvreté variant de 22,7 % dans la ville d'Abidjan à 71,7 % dans la région du Kabadougou.282

Ces taux de pauvreté, à savoir 48,9% en 2008 et 46,3 en 2015 émanent de l'enquête sur le niveau de vie (ENV 2015). Le rapport du PNUD 2014 estime que « d'autres mesures de la pauvreté laissent présager une dégradation de la situation entre 2008 et 2012. La population en situation de pauvreté multidimensionnelle est estimée être passée de 50 % en 2005 à 59 % en 2012 283». Ces taux sont plus élevés dans les zones CNO du fait des conflits. Les classes passerelles interviennent ainsi dans une situation de vulnérabilité des populations des zones CNO.

2. Acquis de la mise en oeuvre

Le projet des classes passerelles suscité par un double contexte de crise connaît des réussites lors de son exécution en phase pilote. Ces acquis sont des réponses aux dysfonctionnements constatés au niveau du système scolaire conventionnel. Ainsi, les acquis se présentent comme suit :

2.1. L'accès à l'école et la couverture scolaire

Les classes passerelles de 2007 réalisées dans la région de la vallée du Ban-dama ont permis d'ouvrir une école dans les localités d'Allakro, de Tabako et de Minankro pour les zones rurales. C'est Tollakouadiokro, un quartier périphérique de la ville de Bouaké, qui a été doté d'une classe. Au total, ce sont 4 localités qui ont bénéficié d'une ouverture de classe avec un effectif de 120 élèves. Il convient de relever que pour les zones rurales, ce sont 10 villages qui ont eu accès à l'école grâce à l'ouverture de trois classes soit une moyenne d'une classe pour 3 villages. Au titre de l'année scolaire 2007/2008 l'UNICEF, partenaire financier du projet annonce la scolarisation de « 500 enfants.284 »

282 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 33

283 PNUD, 2014, Rapport sur le développement humain 2014. Pérenniser le progrès humain : Réduire les vulnérabilités et renforcer la résilience, cité par le gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 33

284 UNICEF, 2008, « WCARO Côte d'Ivoire : résumé de la situation d'urgence » in http:// www.unicef.org., consulté le 09 décembre 2009.

207

2.2. Accroissement de l'offre éducative

Les classes passerelles de 2007, dans la région de la vallée du Bandama, ont permis aux localités et aux enfants concernés de disposer d'une classe dans un premier temps. Puis, celle-ci s'est reconvertie en école communautaire les années qui ont suivi. Avec la mobilisation communautaire, cette école fonctionne et figure sur la carte scolaire nationale. Vu le succès du projet, l'UNICEF qui est le partenaire financier du projet annonce pour l'année scolaire 2007/2008 la construction « d'environ 100 salles de classes passerelles.285 »

2.3. Gratuité de l'école

L'expérience des classes passerelles offre un cadre propice à la mise en oeuvre de la gratuité de l'école tant prônée par les politiques nationales et internationales d'éducation dans le cadre de la scolarisation primaire universelle. Le projet a recruté les enfants gratuitement et il a également fourni les manuels scolaires et didactiques nécessaires à un bon apprentissage.

2.4. Intégration des élèves à l'école conventionnelle

Le véritable défi à relever, pour le projet des classes passerelles consiste à permettre aux élèves, de bénéficier d'une scolarisation conventionnelle. Pour ce faire, il intègre un ensemble de stratégies impliquant la participation des acteurs étatiques du système éducatif. Cela permet de mener le projet selon les normes nationales et internationales de scolarisation. Cette démarche a permis d'obtenir la reconnaissance du Ministère de l'éducation par la signature de la décision n°758 du 13 septembre 2007 portant intégration des élèves en classe de CE2. Cela a permis de scolariser une centaine d'élèves dans l'école primaire conventionnelle.

2.5. Inscription des classes passerelles sur la carte scolaire et accroissement des effectifs des classes

En 2006/2007, avec le financement d'UNICEF, l'ONG EPT a implanté quatre sites de classes passerelles à Bouaké ville et sous-préfecture. Ce sont : Mi-

285 UNICEF, 2008, op. cit.

208

nankro, Tabako, Tollakouadiokro et Allakro. Les classes passerelles concernées sont devenues des écoles communautaires et figurent sur la carte scolaire nationale après l'intégration des élèves à l'école conventionnelle.

Après 2009, les classes passerelles ouvertes par NRC dans les écoles conventionnelles sont mises à la disposition de celles-ci, alors qu'EPT poursuit son expérience des classes passerelles, soit en assurant le suivi de celles-ci en tant qu'école communautaire, soit en ouvrant d'autres classes passerelles dans des nouvelles localités.

2.6. Implication de l'Etat au projet classe passerelle

En 2013, l'implication du MENET dans le projet des classes passerelles, qui était jusque-là une affaire des ONG, va se faire dans le cadre formel du PUAEB (Programme d'Urgence d'Appui à l'Education de base). Cette intervention s'appuie néanmoins sur l'expertise des ONG déjà opérationnelles en la matière. Il s'agit de NRC, EPT et Soleil Levant. Le projet couvre les zones suivantes de la Côte d'Ivoire :

- l'Est (Bondoukou et Bouna) ;

- l'Ouest (Danané) ;

- le Sud-Est (Aboisso) ;

- le Nord (Mankono, Ferkessédougou).

Ce projet du PUAEB pour l'année scolaire 2013/2014 prend en compte « 1512 élèves dont 710 filles. 286». NRC intervient à l'ouest et au sud-est quand EPT le fait au nord. L'ONG « Soleil Levant » est plutôt basée à l'est.

2.7. Des performances post passerelles satisfaisantes

Une étude menée par l'ONG EPT en 2007/2008 a révélé que les élèves des classes passerelles intégrés dans les écoles primaires publiques Walèbo, Gonfre-ville 1, Dar-es-salam 2, Minankro, Tabako, Allakro, Gbagbakro, Touro et Assèkro

286 MENET, 2014, « Les classes passerelles financées par le PUAEB » in http://WWW.education-ci.org., consulté le 10 janvier 2016.

209

ont obtenu, dans l'ensemble, un taux de réussite satisfaisant de 72,72% en classe de CM1 en 2009. Dans la même année, les travaux de KOFFI (2009) relatives à la performance des ex-élèves des classes passerelles en CE2, confirmaient cette conclusion.

Ces cinq aspects positifs des classes passerelles permettent de montrer leur pertinence dans un environnement d'éducation en crise. Cependant, des insuffisances du projet de 2006/2007 méritent d'être relevées car celles-ci font partie du diagnostic situationnel préalable à toute étude.

2.8. Profil adéquat des enseignants

Le premier aspect du profil est relatif au sexe des animateurs, comme le montre le tableau suivant :

Tableau XXVI : proportion d'animateurs selon la zone

Zones

Sexes des animateurs

M

F

Nbr

%

Nbr

%

Odienné

6

8,82

5

7,35

Bouaké

8

11,76

4

5,88

Séguéla

6

8,82

4

5,88

Ferkessédougou

6

8,82

3

4,43

Duékoué

8

11,76

6

8,82

Man

7

10,31

5

7,35

Total

41

60,29%

27

39,71%

Source : données de terrain, 2008-2014

Dans l'ensemble, on note qu'il y a plus d'hommes (60,29%) que de femmes (39,71%). Cette logique est également respectée dans chaque zone d'intervention. Cela pose la question de la parité entre femme et homme au niveau des effectifs enseignants. Relativement à la qualification des animateurs, le tableau suivant nous présente leurs niveaux d'étude.

Tableau XXVII : niveau d'étude des animateurs selon la zone

Zones

Niveaux d'étude

3ème

2nde

1ère

Tle

BT

Odienné

7

1

 

2

1

Bouaké

10

1

 

2

 

Séguéla

8

 

2

 
 

Ferkessédougou

8

1

1

 
 

Duékoué

11

 
 

1

 

Man

8

 

2

2

 

Total

52

3

5

7

1

Source : données de terrain, 2008-2014

Les niveaux des animateurs varient de la 3ème au BT. Ces données confirment le souci des promoteurs des classes passerelles de respecter la norme minimale de recrutement d'enseignants du primaire qui est le niveau de la 3ème sanctionné par le BEPC ; cela correspond au profil de l'instituteur adjoint en Côte d'Ivoire. Le niveau d'étude des animateurs est satisfaisant au regard de ce qui précède. Leur âge a également fait l'objet d'analyse comme suit :

Tableau XXVIIII : âge des animateurs selon la zone

Zones

Tranche d'âge (ans)

20-35

+35

Nombre

Pourcentage %

Nombre

Pourcentage %

Odienné 1

10

14,70

1

1,47

Bouaké

11

16,17

2

2,95

Séguéla

9

13,25

1

1,47

Ferkessédougou

10

14,70

0

0

Duékoué

13

19,12

0

0

Man

11

16,17

0

0

Total

64

94,11

4

5,89

210

Source : données de terrain, 2008-2014

211

On note que l'âge des animateurs varie entre 20 et 43 ans avec une prédominance pour la tranche d'âge de 20 à 35 ans qui compose les effectifs à 94,11%. Cela signifie que les animateurs sont majoritairement jeunes et sont pour la plupart à leur premier emploi. Cet aspect semble être une des raisons de la motivation et du dynamisme qu'ils manifestent.

2.9. Efficacité interne des classes passerelles EPT et NRC

L'efficacité interne des classes passerelles s'exprime à travers la distribution des notes et la comparaison de leurs taux de réussite et ceux des classes conventionnelles selon le type des classes passerelles, la zone, l'âge, le sexe et le niveau d'étude.

2.9.1. Distribution des notes et des taux de réussite

Le tableau suivant compare les performances par niveau des classes passerelles.

Tableau XXIX : distribution des notes des classes passerelles EPT selon la zone

Zones

Niveaux

Moyennes Générales/10

Ferkessédougou

CPU

7,50

CEU

7,50

Séguéla

CPU

7,47

CEU

7,47

Odienné

CPU

7,35

CEU

7,35

Bouaké

CPU

5,59

CEU

5,59

Total

 

6,97

Source : données de terrain, 2008-2014

On note dans l'ensemble que toutes les zones ont une moyenne supérieure à 5/10 qui constitue la barre d'admission. Mieux encore, elles affichent une moyenne générale pondérée de 6,97/10. Avec une valeur de probabilité Pr > 0,05, les différences observées sont jugées non significatives selon le test de variance Student-Newman-Keuls. Le coefficient de variation CV = 16% montre une quasi homogénéité des notes au niveau des zones d'intervention EPT.

Tableau XXX : distribution des notes des classes passerelles NRC selon la zone

Zones

Niveaux

Moyennes Générales

Bouaké

CPU

7,52

CEU

7,50

CMU

5,62

Duekoue

CPU

6,50

CEU

6,35

CMU

5,60

Man

CPU

6,55

CEU

6,45

CMU

5,63

Total

 

6,41

Source : données de terrain, 2008-2014

On note que toutes les zones ont une moyenne supérieure à 5/10. La moyenne la plus forte (7,52) est observée à Bouaké au niveau du CPU alors que Duekoué affiche la moyenne la plus faible (5,60) au niveau du CMU. Avec une valeur de probabilité Pr > 0,05, les différences observées sont jugées non significatives selon le test de variance Student-Newman-Keuls. Le coefficient de variation CV = 16% montre une quasi homogénéité des notes au niveau des zones d'intervention NRC.

Tableau XXXI : distribution des notes des classes passerelles selon le sexe et le niveau

Classes passerelles

Niveaux

Moyennes générales selon le sexe
(note/10)

F

M

EPT

CPU

6,59

6,40

CEU

6,59

6,40

NRC

CPU

6,80

6,85

CEU

6,66

6,75

CMU

5,45

5,42

Total

 

6,41

6,36

212

Source : données de terrain, 2008-2014

213

On note dans l'ensemble, une moyenne générale de 6,41/10 pour les filles et 6,36/10 pour les garçons. Même si ces notes montrent une légère avance pour les filles par rapport aux garçons, elles ne présentent pas une différence significative selon le test de variance Student-Newman-Keuls avec une valeur de probabilité Pr > 0,05. La comparaison par niveau ne dégage aucune tendance, c'est à dire que les garçons et les filles à chaque niveau ont des notes très proches. Cela est confirmé par le coefficient de variation CV = 16% à l'issu du test de variance Student-Newman-Keuls.

Tableau XXXII : distribution des notes des classes passerelles selon le type de classe passerelles, le niveau et la tranche d'âge

Classes passerelles

Niveaux

Moyenne générale selon la tranche d'âge (note/10)

TA1

TA2

TA3

EPT

CPU

7,10

7,25

7,72

CEU

5,29

5,64

6,09

NRC

CPU

7,17

7,72

-

CEU

7,12

7,51

8,05

CMU

-

5,16

5,91

Total

 

6,17

6,89

6,94

Source : données de terrain, 2008-2014

- TA1 : Tranche d'âge 1 désigne par les élèves âgés de 7 à 8 ans ; - TA2 : Tranche d'âge 2 désigne les élèves âgés de 9 à 11 ans ; - TA3 : Tranche d'âge 3 désigne les élèves âgés de 12 à 13 ans.

On note, pour les deux promoteurs, que les trois tranches d'âge enregistrent des notes supérieures à la moyenne 5/10. Bien que les notes augmentent proportionnellement à l'âge, le test de variance Student-Newman-Keuls montre que ces différences ne sont pas significatives car la valeur de probabilité Pr > 0,05. Cette quasi homogénéité est confirmée par le coefficient de variation CV = 16%. La comparaison par niveau montre également une augmentation de la note avec l'âge pour tous les niveaux.

214

Tableau XXXIII : distribution des notes des classes passerelles selon l'âge et le niveau.

Ages (année)

Moyenne générale selon le sexe (note/10)

CPU

CEU

CMU

TOTAL

7

6,28

5,71

-

5,99

8

6,77

5,90

-

6,33

9

6,87

6,39

-

6,63

10

7,19

7,17

-

7,18

11

6,45

7,08

5,50

6,34

12

6,67

7,13

5,75

6,51

13

7,12

6,74

6,10

6,65

Source : données de terrain, 2008-2014

Dans l'ensemble, on note une augmentation de la note avec l'âge de 7 à 10 ans. La même logique est respectée pour les élèves de 11 à 13 ans. On observe la même tendance pour tous les niveaux, à l'exception des CEU qui montrent une tendance à la baisse pour les élèves de 13 ans.

2.9.2. Comparaison des taux de réussite des classes passerelles et des classes conventionnelles au niveau national

Le graphique suivant nous donne un aperçu des taux de réussite nationaux des classes passerelles et des classes conventionnelles de même niveau.

215

Figure 18 : évolution des taux de réussite des classes passerelles EPT/ écoles conventionnelles au niveau national selon l'année

Source : données de terrain, 2008-2014

On note que, dans l'ensemble, les taux de réussite des classes passerelles augmentent alors que ceux des écoles conventionnelles baissent.

216

Figure 19 : évolution des taux de réussite des classes passerelles NRC et des écoles conventionnelles au niveau national selon l'année

Source : données de terrain, 2008-2014

Dans l'ensemble, on observe que de 2007 à 2014, la courbe de tendance affiche une constante de taux de réussite des classes passerelles qui est nettement supérieure à celle des écoles conventionnelles. Cette constante est d'environ 95% alors qu'elle est d'environ 80% pour les écoles conventionnelles.

2.9.3. Comparaison des taux de réussite scolaires au niveau régional

Le graphique suivant présente l'évolution des taux de réussite des classes passerelles et des écoles conventionnelles au niveau régional. Le graphique suivant permet de mieux apprécier les tendances.

217

Figure 20 : évolution des taux de réussite des classes passerelles EPT/ écoles conventionnelles selon la zone et l'année

Source : données de terrain, 2008-2014

Deux temps sont observés dans l'évolution de la courbe des classes passerelles. De 2006 à 2008, les résultats ne dépassent pas les 80% ; puis de 2008 à 2014, ils oscillent constamment autour de 98%. Pour les écoles conventionnelles, les résultats oscillent constamment autour de 80%. La tendance générale qui se dégage est une hausse des taux de réussite pour les classes passerelles et une quasi constante dans les écoles conventionnelles. Le graphique suivant présente l'évolution des taux de réussite des classes passerelles NRC/ écoles conventionnelles selon la zone et l'année.

218

Figure 20 : évolution des taux de réussite des classes passerelles NRC/ écoles conventionnelles selon la zone et l'année

Source : données de terrain, 2008-2014

Dans l'ensemble, on observe que de 2007 à 2014, la courbe de tendance affiche une supériorité constante des taux de réussite des classes passerelles. Cette constante est d'environ 95% alors qu'elle est d'environ 80% pour les écoles conventionnelles. Le graphique suivant présente les tendances basées sur la comparaison des taux de réussite des classes passerelles EPT et NRC avec ceux des écoles conventionnelles.

219

Figure 21 : évolution des taux de réussite des classes passerelles EPT/NRC et des écoles conventionnelles selon la zone et l'année

Source : données de terrain, 2008-2014

Dans l'ensemble, la tendance des taux de réussite des classes passerelles est

à la hausse de 75% à 99%, alors que celle des écoles conventionnelles est quasi-

ment constante et oscille autour de 80%.

-Niveau général

Seuil critique Alpha = 0,05

Coefficient de variation = 7,56

Probabilité Pr > F = < .0001

Tableau XXXIV : comparaison des moyennes générales des taux de réussite selon le type d'école

comparaison SNK Moyennes Générales des taux de réussite Ecoles

A 92,93 Classes passerelles

B 82,34 Ecoles conventionnelles

Source : données de terrain, 2008-2014

220

Le test de variance montre un niveau de probabilité très hautement significatif Pr <.0001. Le coefficient de variation (7,56) montre une faible variabilité des taux de réussite et une fiabilité de l'estimé de la moyenne. La comparaison des deux types d'écoles montre une supériorité des classes passerelles (92,93) sur les écoles conventionnelles (82,34) avec un écart significatif de 10,59 points. Une analyse de variance détaillée selon le niveau se présente comme suit :

-Niveau CP

Seuil critique alpha = 0,05 Coefficient de variation = 7,86 Probabilité Pr > F = 0,0100

Tableau XXXV : comparaison des moyennes de taux de réussite des CP selon le type d'école

Comparaison SNK Moyennes des taux de réus-

site en CP

Ecoles

A 93,68 Classes passerelles

B 84,05 Ecoles conventionnelles
Source : données de terrain, 2008-2014

Le test de variance au niveau des CP montre un niveau de probabilité très hautement significatif Pr = 0,0100. Le coefficient de variation (7,86) montre une faible variabilité des taux de réussite et une fiabilité de l'estimé de la moyenne. La comparaison des deux types d'écoles montre une supériorité des classes passerelles (93,68) sur les écoles conventionnelles (84,05) avec un écart significatif de 9,63 points.

-Niveau CE

Seuil critique alpha = 0,05 Coefficient de variation = 7,87 Probabilité Pr > F = 0,0096

221

Tableau XXXVI : comparaison des moyennes de taux de réussite des CE selon le type d'école

Comparaison SNK Moyennes des taux de réussite en CE Ecoles

A 92,95 Classes passerelles

B 83,32 Ecoles conventionnelles

Source : données de terrain, 2008-2014

Le test de variance au niveau des CE montre un niveau de probabilité très hautement significatif Pr = 0,0096. Le coefficient de variation (7,87) montre une faible variabilité des taux de réussite et une fiabilité de l'estimé de la moyenne. La comparaison des deux types d'écoles montre une supériorité des classes passerelles (92,95) sur les écoles conventionnelles (83,32) avec un écart significatif de 9,63 points.

-Niveau CM

Seuil critique alpha = 0,05 Coefficient de variation = 4,73 Probabilité Pr > F = 0,0018

Tableau XXXVII : comparaison des moyennes de taux de réussite des CM selon le type d'école

Comparaison SNK Moyennes des taux de réussite en CM Ecoles

A 91,22 Classes passerelles

B 76,29 Ecoles conventionnelles
Source : données de terrain, 2008-2014

Le test de variance au niveau des CM montre un niveau de probabilité très hautement significatif Pr = 0,0018. Le coefficient de variation (4,73) montre une faible variabilité des taux de réussite et une fiabilité de l'estimé de la moyenne. La comparaison des deux types d'écoles montre une supériorité des classes passe-

222

relles (91,22) sur les écoles conventionnelles (76,29) avec un écart significatif de 9,63 points.

3. Facteurs explicatifs de l'efficacité des classes passerelles

Les acteurs pédagogiques des classes passerelles ont été soumis à une échelle d'attitudes afin de recueillir leurs appréciations des variables susceptibles d'influencer leurs résultats scolaires. Cela permet de déterminer les facteurs à prendre en compte dans les stratégies de renforcement. Les résultats se présentent dans le tableau suivant :

Tableau XXXVIII : hiérarchisation des déterminants de la réussite scolaire des élèves des classes passerelles

Facteurs

Variables

Scores

Proportions %

Rangs

Organisationnels

Participation communautaire

189

14,02

1er

Organisationnels

Gestion du projet

174

12,89

2ème

Organisationnels

Mise en place du projet

159

11,78

3ème

Pédagogiques

Méthode d'enseignement

155

11,41

4ème

Individuels

Motivation des élèves

140

10,38

5ème

Individuels

Age des élèves

135

10,02

6ème

Pédagogiques

Programme scolaire

134

9,93

7ème

Pédagogiques

Qualification des enseignants

109

8,09

8ème

Individuels

Passé scolaire des élèves

85

6,3

9ème

Autres

Contexte de scolarisation

29

2,15

10ème

Politique éducative

27

2

11ème

Origine socio-économique des élèves

14

1,03

12ème

Source : données de terrain, 2008-2014

223

Il se dégage ainsi, trois catégories de facteurs déterminants présentées comme suit :

- les facteurs individuels (aptitudes) : l'âge des élèves, la motivation des élèves et le passé scolaire des élèves ;

- les facteurs organisationnels : la mise en place du projet, la gestion du projet et la participation communautaire ;

- les facteurs pédagogiques : le programme scolaire, la qualification des enseignants et la méthode d'enseignement.

La tendance montre que les facteurs organisationnels sont les plus dominantes avec 522/1350 points soit 38,66% de l'ensemble des scores. Ensuite, les facteurs pédagogiques viennent en seconde position avec un score de 398/1350 soit 29,50%. Les facteurs individuels occupent le troisième rang avec un score de 360/1350 26,66%. Enfin, les autres facteurs (l'origine socio-économique, le contexte et la politique éducative) enregistrent 70/1350 points comme score soit 05,18%.

Au niveau des variables on note en tête du classement, avec un score de 189/1350, la variable « participation communautaire ». Le score le plus bas de 70/1350 est enregistré par « autres variables » (contexte, origine socio-économique et politique éducative). Les trois premières variables (participation communautaire, gestion du projet et mise en place du projet) appartiennent au facteur organisationnel. Un écart significatif de 114 points sépare le score le plus important du score le plus bas. Ce résultat est confirmé par une analyse de variance par le test de Student-Newman-Keuls comme suit :

224

Tableau XXXIX : comparaison des moyennes de score selon le facteur

comparaison SNK Moyennes Facteurs

A 4,33 Organisationnels

B 3,94 Pédagogiques

B

B 3,83 Individuels

C 1 Autres facteurs

Source : données de terrain, 2008-2014

La probabilité Pr <.0001 montre qu'il y a des différences très significatives entre les facteurs. Le coefficient de variation 27,98 indique une forte variabilité des scores obtenus par les facteurs. Dans la comparaison des moyennes des scores, ce sont les facteurs organisationnels qui occupent le premier rang et leur moyenne (4,33/5) diffère de celles des facteurs pédagogiques et individuels qui sont très proches (3,94/5 et 3,83/5). Il existe également une différence significative entre les premières citées et les autres facteurs (1,00/5).

Tableau XL : comparaison des moyennes de score selon la variable

Comparaison SNK

Moyennes

Variables

B
B
B

A

4,83

Participation communautaire

A

 
 

A

4,66

Gestion du projet

A

 
 

A

4,66

Mise en place du projet

B

 
 
 

B

C

4,50

Méthode d'enseignement

C

 
 
 

C

 

4,33

Motivation des élèves

 
 
 
 
 

D

4

Age des élèves

D

 
 

D

3,83

Programme scolaire

 
 
 
 
 

E

3,16

Qualification des enseignants

 
 
 
 
 

F

2,33

Passé scolaire des élèves

 
 
 
 
 

G

1

Autres Variables

Source : données de terrain, 2008-2014

225

La probabilité Pr <.0001 montre qu'il y a des différences très significatives entre les variables. Le coefficient de variation 18,59 indique une forte variabilité des scores obtenus par les variables. Ces tests confirment la prééminence des facteurs organisationnels avec pour variable dominante la participation communautaire.

Au regard de ce qui précède, l'efficacité des classes passerelles s'explique par une conjonction de bonnes pratiques organisationnelles et pédagogiques associées aux variables environnementales et personnelles des apprenants. En outre, l'obtention des taux de réussite élevés est favorisée par une politique éducative de maintien adoptée par les promoteurs des classes passerelles. Dès lors, tout est mis en oeuvre pour atteindre les meilleurs taux de réussite.

4. Renforcement des classes passerelles après 2014

4.1. Extension des classes passerelles Save The Children

Selon l'ONG Save The Children (2016), « dans les régions du centre, du nord et du sud-Ouest de la Côte d'Ivoire, 1.171 enfants dont 625 filles, précédemment en rupture scolaire, ont intégré le système scolaire formel et bénéficient de leur droit à l'éducation grâce à l'approche des classes passerelles mise en oeuvre.287 » Quand les familles ne pouvaient pas satisfaire à la scolarisation de leurs enfants, Save the Children leur est venu en appui à travers 33 projets écoles. Cela a permis le maintien dans le système scolaire, de 1.000 Orphelins et autres enfants vulnérables du fait du VIH (OAEV) venant des régions d'Agboville, Tias-salé, Bouaké 1 et 2, Dimbokro, M'bahikro, Daoukro, Bongouanou, Bocanda, Abengourou, Abidjan 1,2 et 4, Yamoussoukro, Adzopé -Akoupé.

De 2013 à 2016, l'innovante approche Literacy Boost, expérimentée dans l'IEP d'Akoupé, a permis de booster les performances des groupes scolaires Ahéoua et Yadio. Les filles et les garçons à Ahéoua et Yadio ont un accès égal à l'école primaire. Plus de la moitié des enfants sont en moyenne inscrits au CP1

287 Save The Children, 2016, Rapport annuel 2016, p. 16

226

dans chacune des 2 écoles de Yadio. La parité filles /garçons est de 0,98 à Ahéoua et 1,19 à Yadio. Ces chiffres sont au-dessus de la moyenne nationale de cette période (0,9) et montrent une bonne proportion de la scolarisation des enfants et surtout des filles dans les écoles primaires soutenues par le projet. En ce qui concerne le niveau de lecture, les évaluations montrent une progression nette des enfants dans l'école expérimentale.

En effet, dans chacune des 5 compétences (la connaissance des lettres, la conscience phonologique, la fluidité de la langue, le vocabulaire et la compréhension), on constate que les enfants des écoles cibles connaissent une amélioration des acquis. Le taux de réussite en lecture au CE1 et au CE2 connait un accroissement remarquable dans les deux groupes scolaires Yadio et Ahéoua. Il est passé de 6% à 86% pour la lecture des lettres, de 0% à 79% pour la lecture des mots et de 13 % à 52% pour la lecture des phrases. On constate que les classes passerelles contribuent à établir la parité entre fille et garçons à l'école, à améliorer les taux de réussite tout en donnant de l'espoir aux couches sociales les plus vulnérables.

4.2. Atelier de revue et d'harmonisation de l'approche « classes passerelles » en Côte d'Ivoire en 2017

Selon le rapport de la Direction de l'Alphabétisation et de l'Éducation Non Formelle (2017),288 un atelier de revue et d'harmonisation de l'approche « classes passerelles » en Côte d'Ivoire a été organisé du 8 au 9 juin 2017 à Abidjan. Cet atelier a bénéficié de l'appui financier du programme Transformer l'Education dans les communautés de cacao (TRECC) de la Fondation Jacobs. Cette approche constitue un programme d'éducation basé sur l'apprentissage accéléré, permettant aux enfants hors du système scolaire de s'insérer dans l'école formelle. Cet atelier a réuni des participants issus de divers horizons, à savoir :

- les directions du MEN ayant un rôle dans le pilotage et la supervision des classes passerelles sur les plans pédagogique et organisationnel ;

288 DAENF, 2017, Atelier de revue et d'harmonisation de l'approche classes passerelles, Rapport final, Abidjan, DAENF, pp. 1-7

227

- les ONG nationales et internationales impliquées dans la mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire ;

- les partenaires techniques et financiers qui soutiennent la politique du gouvernement dans le développement d'offres éducatives alternatives ;

- la Fondation Stromme, une organisation qui met en oeuvre la stratégie de scolarisation accélérée au Niger, au Mali et au Burkina Faso ;

- et River Tide, une organisation qui a développé dans les zones rurales et défavorisées d'Inde, un programme unique pour l'enseignement élémentaire composé d'un programme à base communautaire.

Cette panoplie de participants a permis d'enrichir le débat sur la base des expériences vécues. Faisant un diagnostic de la situation, le MENET affirme qu'en 2016, 432.268 enfants sur 3.569.000 enfants âgés de six à onze ans n'étaient pas inscrits à l'école primaire. Pour la même année, seuls 811.844 enfants étaient effectivement inscrits au collège, tandis que 1.186.838 enfants âgés de douze à quinze ans n'y étaient pas. Pour relever le défi de la scolarisation de ces enfants hors du système scolaire, le Plan Sectoriel Education/Formation pour la période 2016-2025 préconise le recours aux classes passerelles. Ledit plan vise l'intégration à l'école primaire, des enfants âgés de dix à treize ans déscolarisés ou n'ayant jamais été scolarisés.

Faisant le bilan de la mise en oeuvre des classes passerelles, la DAENF affirme que celles-ci ont permis la réinsertion dans l'enseignement formel de plus de vingt mille enfants non scolarisés ou déscolarisés. Puis, la DAENF indique que depuis leur introduction en Côte d'Ivoire, plusieurs ateliers de réflexion se sont tenus avec l'ensemble des parties prenantes afin de formaliser cette offre d'éducation alternative, et d'harmoniser les pratiques. Ledit atelier s'inscrit dans le contexte de la scolarisation obligatoire tout en visant le renforcement des mécanismes existants des classes passerelles, afin de garantir le respect des normes de qualité requises et d'assurer une transition réussie vers l'enseignement formel. Il s'agit notamment :

228

- de passer en revue les différentes approches de classes passerelles mises en oeuvre en Côte d'Ivoire ;

- d'informer et former les participants sur la Stratégie de Scolarisation Accé-lérée/Passerelle (SSA/P) initiée par la Fondation Stromme au Mali, Burkina Faso et Niger;

- de définir les rôles et les responsabilités des acteurs et partenaires intervenant dans la mise en oeuvre des classes passerelles ;

- et d'adopter un dispositif pertinent de suivi et d'évaluation de la mise en oeuvre des classes passerelles.

La Fondation Jacobs a réaffirmé son engagement ainsi que celui de ses partenaires de l'industrie du cacao et du chocolat en faveur du financement des projets de classes passerelles à travers le programme TRECC. Cela devrait permettre, à terme, de renforcer ce dispositif en vue d'atteindre les objectifs du plan sectoriel. Pour contribuer à la réflexion, la Fondation Stromme a été invitée pour illustrer la Stratégie de Scolarisation Accélérée/Passerelle (SSA/P), dont le dispositif se caractérise par une forte implication des gouvernements concernés (Mali, Burkina Faso, Niger) dans le pilotage et la supervision de la mise en oeuvre. La Fondation Stromme a donné un aperçu des termes du partenariat autour de la SSA/P, de l'implication des gouvernements des pays précurseurs dans sa mise en oeuvre, et des accords qui balisent ce partenariat au niveau sous régional, national et local. Dans ce contexte, la création du Secrétariat sous-régional de la SSA/P est un instrument de concrétisation du partenariat avec, notamment, son Conseil d'Orientation regroupant les Ministres en charge de l'Éducation des pays, le Secrétaire Général de la Fondation Stromme et les O.N.G. partenaires des trois pays.

Procédant à la présentation de son programme, la Fondation Stromme a indiqué que la SSA/P est une formule accélérée d'éducation bilingue visant à offrir une seconde chance à des enfants qui n'ont jamais été à l'école, ou à des déscolarisés précoces dont l'âge ne permet plus une scolarisation dans le système classique. Ces derniers peuvent intégrer ou réintégrer le système scolaire classique à

229

partir de la quatrième année (CE2) du primaire. La stratégie ne prévoyant pas de redoublement, tous les enfants, selon leur niveau, sont insérés dans les classes du formel (CP, CE1 ou CE2). Pour le respect du continuum « élémentaire-moyen », même les enfants âgés peuvent être orientés en classe de sixième. En principe, l'année scolaire dans les centres SSA/P dure 8 mois (Novembre - Juillet). La taille des classes ne doit pas excéder trente élèves.

Les acteurs de la société civile impliqués dans la mise en oeuvre de classes passerelles en Côte d'Ivoire que sont les ONG Ecole pour Tous (EPT), la Mission Evangélique Luthérienne de Côte d'Ivoire (MELCI) et le Bureau National de la Fondation International Cocoa Initiative (ICI) ont mis en exergue les points forts et les points faibles du dispositif actuel des classes passerelles. Concernant les points forts, elles indiquent que :

- les classes passerelles ont répondu à une demande d'éducation durant la crise et jusqu'à présent, en offrant des opportunités de réussite a des enfants qui, pour des raisons diverses étaient en dehors du système éducatif ;

- le pilotage par les ONG internationales et nationales a permis la mise en place d'un dispositif opérationnel efficace et plus proche des bénéficiaires ;

- les contenus des formations et les formations ont été élaborés en partenariat avec les services techniques du MEN ;

- les évaluations des enfants et leurs orientations dans les écoles formelles ont été réalisées par les inspecteurs d'école primaire.

En outre, l'atelier a permis de montrer que les points faibles concernent :

- le « Guide de mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire », fruit de la collaboration entre les services du MEN et les partenaires techniques et financiers, est très peu utilisé par les promoteurs des classes passerelles et peu connu des services déconcentrés du MEN ;

- la transition des enfants issus des classes passerelles vers les écoles formelles présente souvent des difficultés liées, notamment à la mauvaise perception des classes passerelles par les enseignants, à l'insertion tardive

230

des élèves des classes passerelles ou encore au manque d'extraits de naissances ;

- l'inexistence de données statistiques sur les classes passerelles en termes d'offre, d'infrastructure, d'effectifs et de performance empêche un pilotage effectif de cette offre d'éducation alternative par le MEN ;

- la faible implication des collectivités locales et l'insuffisance de l'internalisation des expériences par le MEN n'oeuvrent pas en faveur de la pérennisation de la stratégie et de l'appropriation du modèle par l'État ;

- l'on constate l'absence de ressources gouvernementales dans le financement des classes passerelles ;

- la modicité des indemnités, le retard dans leur paiement et l'absence de plan de carrière incitent à la mobilité des animateurs des classes passerelles ;

- le taux d'abandon est élevé pour les enfants de niveau CMU car ils sont plutôt intéressés par la formation professionnelle ;

- le taux de fréquentation baisse là où il n'y a pas de cantine scolaire ou d'appui alimentaire.

- les classes passerelles ne sont pas inscrites dans un cadre institutionnel et réglementaire suffisamment structuré.

- le Guide énumère toutes les parties prenantes en attribuant à chacune des rôles et responsabilités, mais ne désigne pas clairement quelle structure est la principale responsable. Ce flou engendre des dysfonctionnements, notamment au plan de la supervision pédagogique avec un chevauchement des fonctions entre conseiller à l'alphabétisation et conseiller pédagogique secteur.

- l'inexistence de données statistiques sur la situation de référence des enfants déscolarisés et l'absence d'une cartographie des initiatives locales rendent difficile toute planification et programmation d'actions ciblées par les acteurs non étatiques.

- et au niveau du suivi et l'évaluation, il y a un vide juridique dans le Guide.

231

Au regard des acquis et des faiblesses, l'atelier a fait des propositions en vue d'améliorer le dispositif des classes passerelles. Au titre des animateurs, Il s'agit de :

- renforcer le dispositif de formation initiale et continue des animateurs, notamment en impliquant le MEN et en consacrant trente jours à la formation initiale, pour qu'ils puissent maîtriser les contenus et la méthodologie d'enseignement ;

- renforcer le suivi pédagogique par les services compétents du MEN, ainsi que la collaboration entre les animateurs des classes passerelles et les enseignants des écoles conventionnelles ;

- développer des outils pédagogiques harmonisés pour les classes passerelles, tels qu'un guide des animateurs, un manuel des élèves, etc ;

- motiver les animateurs en offrant des perspectives d'engagement au-delà des huit mois d'exercice, notamment en mettant à contribution les animateurs pour des cours de remédiation ou pour d'autres projets. A cet effet, une base de données a été constituée, de concert avec tous les animateurs formés depuis 2007.

Au titre des sites d'implantation des classes passerelles, il s'agit de :

- s'assurer que le choix du site devant abriter la classe passerelle, est principalement basé sur l'existence de besoin en matière d'éducation et la planification de la carte scolaire;

- s'assurer que le choix du site découle d'un processus inclusif et participatif qui implique la communauté et les autorités éducatives.

Concernant les rôles, les responsabilités des parties prenantes et les indicateurs de performance, il faut :

- pour toutes les parties prenantes, se doter d'indicateurs de performance pour assurer le contrôle de qualité des classes passerelles ;

- mettre en place un comité de pilotage de l'initiative classe passerelle sous la présidence du MEN comme cadre de concertation et organe officiel d'orientation, de supervision et de décision concernant la mise en oeuvre des classes passerelles ;

232

- designer au sein du MEN la structure de coordination opérationnelle de la mise en oeuvre des classes passerelles ;

- élaborer, valider et vulgariser auprès des promoteurs des classes passerelles et des autorités éducatives décentralisées, un cahier de charges (signature du Ministre/officialisation par un arrêté ministériel) pour la création, la mise en oeuvre, le suivi et évaluation des classes passerelles en précisant toutes les modalités. Ce cahier de charges s'imposerait à tous les promoteurs de la classe passerelle et aux autorités éducatives au plan local ;

- créer au sein du ministère, des compétences sur le curriculum des classes passerelles qui puissent constituer une référence pour le suivi et l'assurance qualité des initiatives ;

- investir des ressources gouvernementales dans le financement des classes passerelles pour marquer l'intérêt du gouvernement pour l'initiative et encourager les partenaires qui y interviennent déjà ainsi que ceux qui pourraient y être intéressés.

Au titre de la rétention des apprenants dans les classes passerelles, il a été proposé de :

- renforcer la sensibilisation des communautés à travers l'implication du gouvernement, des élus et des autorités éducatives, pour que les parents adhèrent à la politique d'école obligatoire et à la stratégie des classes passerelles ;

- prendre en compte des élèves des classes passerelles dans la dotation des cantines scolaires ou solliciter la contribution de la communauté pour un appui alimentaire ;

- renforcer la formation des animateurs pour qu'ils puissent assurer le suivi des élèves ;

- prévoir le transfert vers des structures de formation professionnelle, pour les enfants les plus âgés.

En somme, pour la DENF, l'atelier de revue et d'harmonisation de l'approche des classes passerelles en Côte d'Ivoire a permis aux participants de

faire un bilan du dispositif actuel, à la lumière des directives du Guide et de la pratique. Des lacunes et des dysfonctionnements ont été identifiés tant au niveau stratégique qu'opérationnel, et les participants ont fait des propositions pour y remédier. Au-delà des recommandations spécifiques, les participants étaient unanimes pour souligner la nécessité de voir l'Etat, à travers le MEN, assumer un rôle plus actif, que ce soit au niveau des orientations, de la supervision, de la coordination ou au niveau du financement des classes passerelles. Dans le présent contexte de la scolarisation obligatoire en Côte d'Ivoire, les classes passerelles se présentent comme un atout dont la consolidation exige davantage d'engagement de la part de l'Etat.

4.3. Classes passerelles EPT en zone cacaoyère

L'Agence Ivoirienne de Presse (AIP) rapporte que l'ONG Ecole Pour Tous (EPT) a procédé, à Agboville, au lancement de son projet «Classes passerelles», en vue d'intégrer les enfants déscolarisés et non scolarisés ou menacés par la limite d'âge au système éducatif formel. 289» L'objectif du projet lancé en présence des partenaires de l'éducation est d'intégrer dans l'école conventionnelle, 120 enfants hors du système scolaire et âgés de neuf à quatorze ans dans les localités concernées d'Agboville. Il s'agit principalement des zones de production de cacao d'Anno, d'Awahin, Batra, Ouéllezué, Oress-krobou, Grand Morié, Laoguié.

233

289AIP, 2018, « Côte d'Ivoire : des classes passerelles pour ramener les enfants déscolarisés d'Agboville à l'école » in https://aip.ci/cote-divoire-des-classes-passerelles-pour-ramener-les-enfants-descolarises-dagboville-a-lecole/, consulté le 12 novembre 2018

234

Figure 22: projet de classes passerelles EPT en 2018 F

Source : AIP, 2018, « Côte d'Ivoire : des classes passerelles pour ramener les enfants déscolarisés d'Agboville à l'école » in https://aip.ci/cote-divoire-des-classes-passerelles-pour-ramener-les-enfants-descolarises-dagboville -a-lecole/, consulté le 12 novembre 2018.

Ce projet est spécifiquement adressé aux enfants des zones cacaoyères d'Agboville qui présente une réalité différente des zones CNO. La méthode spécifique de literacy boost est utilisée pour atteindre les objectifs. C'est un programme novateur initié par Word Vision en partenariat avec Save the Children :

pour développer un apprentissage de la lecture mettant à contribution tous les membres de la communauté. Son objectif est que la lecture soit une activité sociale et culturelle non seulement pratiquée à l'école avec les enseignants, mais également en famille et au sein du village avec des bénévoles. Il

235

a été mis en oeuvre en Afrique subsaharienne et en Asie où les taux d'alphabétisation sont les plus faibles. Cette approche comprend la formation des instituteurs à de nouvelles méthodes d'enseignement de la lecture, l'évaluation du niveau des enfants et la mise en place d'activités extra-scolaires (clubs de lecture, bibliothèques itinérantes, ateliers de sensibilisation des familles) animées par des membres de la communauté.290

C'est une méthode pragmatique d'éducation qui doit permettre l'amélioration des performances scolaires par la maîtrise de la lecture. Elle sert de passerelle entre l'école et les communautés et elle a été mise à profit dans le cadre des classes passerelles qui s'appuient sur la participation communautaire pour atteindre leurs objectifs de scolarisation.

290 World Vision International, 2016, « Literacy Boost : une méthode innovante d'apprentissage de la lecture » in https://www.wvi.org/fr/senegal/article/literacy-boost-une-m%C3%A9thode - innovante-d% E2%80%99apprentissage-de-la-lecture, consulté le 05 juin 2017.

236

Conclusion du chapitre 4

En guise de conclusion, le chapitre 4 a analysé les facteurs de la mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire à travers le contexte de mise en oeuvre, les acquis de la mise en oeuvre, les facteurs explicatifs de l'efficacité des classes passerelles et leur renforcement après 2014.

Premièrement, l'étude a présenté trois aspects constitutifs du contexte que sont le conflit armé de 2002, la crise post-électorale de 2010/2011 et le contexte socioéconomique défavorable. L'analyse de ces trois paramètres a permis de cerner les facteurs exogènes de la mise en oeuvre. Deuxièmement, l'étude a examiné neuf indicateurs relatifs aux acquis des classes passerelles, à savoir : l'accès et la réouverture de l'école, l'accroissement de l'offre éducative, la gratuité de l'école, l'intégration des élèves à l'école conventionnelles, l'implication de l'Etat au projet de classes passerelles, l'inscription des classes passerelles sur la carte scolaire, les performances post-passerelles satisfaisantes et l'adéquation du profil des enseignants des classes passerelles. Ces acquis pallient en partie les dysfonctionnements constatés dans les écoles conventionnelles.

Troisièmement, l'étude a analysé les facteurs susceptibles d'expliquer la bonne performance des classes passerelles. Il s'agit, notamment, des facteurs organisationnels, des facteurs pédagogiques et des facteurs individuels. Une analyse de variance a permis de dégager les facteurs et les variables les plus influentes tout en les hiérarchisant. Pour les facteurs d'influence, le facteur organisationnel est le plus significatif ; ensuite viennent respectivement, les facteurs pédagogiques et individuels. En outre, la variable «participation communautaire» est la plus significative ; ensuite, viennent respectivement les variables «gestions du projet» et «mise en place du projet». Enfin, des actions de renforcement des classes passerelles après 2014 ont été analysées. Il s'agit des ateliers de formation et des séminaires visant à renforcer les capacités des acteurs du secteur et à harmoniser les procédures de mise en oeuvre des classes passerelles.

237

Conclusion de la deuxième partie

En somme, la troisième partie de l'étude montre que les limites du système scolaire conventionnel ivoirien subsistent à deux niveaux, à savoir : d'une part, des difficultés internes au système éducatif qui sont essentiellement structurelles et fonctionnelles et d'autre part, des difficultés liées aux contextes des conflits armés de 2002 et 2010/2011 et celles relatives au contexte socioéconomique.

Les difficultés internes au système scolaire conventionnel se manifestent par l'explosion de la démographie scolaire, l'amenuisement des ressources éducatives, la dégradation des infrastructures scolaires existantes, des taux de déperditions élevés et des résultats scolaires insuffisants. Le contexte de conflit armé, quant à lui, se caractérise par la destruction des infrastructures éducatives, un climat scolaire instrumentalisé par les belligérants, un déplacement massif des populations scolaires, la réouverture des écoles, le retour des acteurs de l'école, la réhabilitation ou la reconstruction d'écoles et des taux de scolarisation faibles. Tout cela s'accompagne d'un taux de pauvreté estimé à 48,9% en 2008 et 46,3% en 2015. Le projet des classes passerelles intervient ainsi pour soutenir les zones en situation de lacune d'offre éducative.

Dans un tel contexte, les classes passerelles ont apporté des réponses concrètes à certains dysfonctionnements observés. Ce sont : l'amélioration des taux de réussite améliorés qui oscillent entre 73% et 99% et la baisse des taux de déperdition à travers une politique éducative de maintien; l'effectivité de la mesure de l'école gratuite ; la mise à disposition des enseignants volontaires qualifiés ; l'amélioration du Ratio Elève/Maître qui varie entre 19:1 et 35:1 alors que la moyenne nationale est estimée à 42:1 en 2014 ; la rescolarisation de 19.474 enfants de 2007 à 2014 ; l'extension de la couverture scolaire dans les zone défavorisées notamment les zones rurales ; la réduction de la distance parcourue par les élèves pour atteindre l'école ; la mobilisation communautaire accentuée ; l'organisation pédagogique efficace qui est basée sur une politique éducative de maintien ; l'approche par compétence ; l'enseignement des compétences de vie ;

238

les bonnes pratiques en matière d'alphabétisation ; la pédagogie différenciée à travers les cours de soutien pédagogique ; la mise en route des programmes accélérés ; l'optimisation du temps scolaire et les mesures de mitigation en vue de la résilience post-crises. Nonobstant ces acquis qui démontrent la pertinence des classes passerelles, Il n'en demeure pas moins que des difficultés existent dans leur mise en oeuvre.

239

TROISIÈME PARTIE : DIFFICULTÉS DE

LA MISE EN OEUVRE DES CLASSES

PASSERELLES ET STRATÉGIES DE

RENFORCEMENT DU SYSTÈME

SCOLAIRE

240

La troisième partie se compose du chapitre 5 qui présente les difficultés de la mise en oeuvre et du chapitre 6 qui propose des stratégies de renforcement du système scolaire conventionnel à travers les classes passerelles.

Les difficultés de mise en oeuvre seront exprimées à trois niveaux, à savoir le niveau de la gouvernance, le niveau pédagogique et le niveau contextuel. Ces différentes sections permettront de mettre en évidence les dysfonctionnements essentiels. Le premier niveau abordera les insuffisances du pilotage des classes passerelles de 2006 à 2014. C'est un processus qui part de la conception du projet à sa finalisation. Le second niveau concernera les questions liées à l'organisation des cours. Cela part de la conception des curricula aux évaluations finales. Le troisième niveau analysera les conditions environnementales de la mise en oeuvre des classes passerelles. Cette sous-section évoquera aussi bien l'environnement socioéconomique que les conditions de fréquentation des classes passerelles.

Le chapitre 6 relatif aux stratégies de renforcement du système scolaire conventionnel se déclinera en quatre sous-sections suivant les axes d'orientation du PAMT 2012/2014, à savoir : la gestion administrative ou le pilotage du système, l'accès, la rétention et l'équité, la qualité de l'éducation et les conditions d'exercice. Le pilotage du système concerne les aspects organisationnels de la mise en place et le processus de la mise en route du projet école. L'accès concerne la possibilité pour la population scolarisable de fréquenter une école. La rétention est la durée de fréquentation des apprenants. L'équité et la qualité en éducation exigent que toutes les populations aient accès à l'éducation de bon niveau selon leurs besoins. Ce sont des exigences de l'Education 2030 ou déclaration d'Incheon. Enfin, Les conditions d'exercice s'étendent sur les moments de mise en place du projet, de sa mise en route et de sa finalisation.

Les stratégies des acteurs sont proposées selon ces axes d'orientation afin d'établir le lien entre les classes passerelles et le système scolaire conventionnel dans la perspective de renforcement de celui-ci.

241

CHAPITRE 5 : DIFFICULTÉS DE LA MISE

EN OEUVRE DES CLASSES PASSERELLES

Le chapitre 5 analyse les dysfonctionnements des classes passerelles. Ce chapitre comporte trois sections, à savoir les difficultés de gouvernance, les difficultés pédagogiques et les difficultés contextuelles. La première section analyse onze dysfonctionnements de la gouvernance, à savoir : le retard observé au niveau de la livraison des matériels et du paiement des indemnité des volontaires ; l'absence de perspective pour les enseignants volontaires et celle du financement de l'Etat ; les limites du processus d'intégration ; le manque de suivi des apprenants ; la gestion des effectifs croissants ; les insuffisances observées au niveau des indemnités des volontaires, du financement, du guide de mise en oeuvre et de la stratégie de pérennisation des classes passerelles. Cette section devra cerner les éléments clés relatifs au pilotage des classes passerelles.

La deuxième section aborde quatorze aspects des difficultés pédagogiques ; il s'agit des dysfonctionnements relatifs à la conception des curricula, la perception du «concept classe passerelle», l'âge des apprenants, la présence des enseignants, l'approche genre, l'usage de la langue maternelle, la formation des enseignants, le temps scolaire, la pratique pédagogique, la performance scolaire, la déperdition scolaire et l'hétérogénéité des apprenants. Cette section vise à montrer comment les dysfonctionnements au niveau pédagogique, affectent les classes passerelles.

La troisième section analyse les difficultés liées à l'environnement scolaire et social du projet école. Elles se déclinent en onze sous-sections qui sont: l'environnement de post-crise ; l'environnement socioéconomique défavorable ; la mise en place difficile ; les ressources limitées, les salles de classes inadaptées, l'absence d'extrait de naissance ; l'insuffisance de cantine scolaire ; insuffisance de communication et l'absence de document d'archive. Cette section devra contri-

242

buer à montrer l'impact des conditions d'exercice scolaire et de l'environnement socioéconomique sur le fonctionnement de l'école.

1. Difficultés de gouvernance

La présente section relève les insuffisances dans la gestion des classes passerelles. Ces insuffisances se caractérisent soit par l'inexistence, soit par la mauvaise exécution de certains aspects des projets écoles.

1.1. Retard de livraison du matériel

Le retard accusé dans la livraison des mobiliers destinés aux classes passerelles EPT a constitué une entrave à l'activité pédagogique. Ce retard est lié aux lenteurs des procédures de décaissement du partenaire financier et aux difficultés d'acheminement des matériels en provenance d'Abidjan. C'est ainsi que les animateurs et leurs élèves ont dû travailler avec des moyens rudimentaires ; les visites des classes ont permis de voir des élèves transportant des tabourets de la maison à la classe pour être utilisés comme tables et bancs.

243

Figure 24 : classe passerelle EPT à Lenguédougou 2009, DREN de Séguéla

Source : données de terrain, 2008-2014

On peut constater la détermination des enfants à assumer leur droit à l'éducation en transportant des tabourets de leurs domiciles à la classe pour pallier le manque d'équipements.

1.2. Retard de paiement des primes

Les animateurs, les superviseurs et les coordonnateurs du projet ont traversé des moments difficiles du fait du retard de trésorerie. Les moyens utilisés pour payer lesdits acteurs ne permettaient pas toujours d'être dans les délais indiqués. Les visites des sites ont permis de constater des conditions difficiles de travail pour les superviseurs ; ce fait est consécutif au retard accusé dans la livraison des motos prévues pour la supervision des sites passerelles sous leur responsabilité. C'est donc avec les moyens du bord que les supervisions ont été effectuées. Cela ne garantit pas la fiabilité des résultats des supervisions et rend difficile la fréquence des supervisions prévues.

1.3. Insuffisance des primes des animateurs

Les animateurs des classes ne reçoivent pas un salaire mais plutôt une prime alimentaire mensuelle de 40.000 F CFA. Les animateurs ont souhait son augmentation car son niveau actuel pourrait créer de la démotivation à leur niveau.

1.4. Absence de perspective pour les ex-animateurs

Les promoteurs des classes passerelles ont tous reconnu qu'après une année d'exercice, les animateurs sont pour la plupart sans emploi à l'exception de ceux que la communauté accepte de garder pour l'école communautaire dans le cas des classes EPT. Pour les classes NRC, cette option est exclue car les classes sont mises à la disposition de l'école hôte ; l'animateur se retrouve par conséquent, en situation de sans emploi.

244

1.5. Insuffisance des financements

245

Les enquêtes ont relevé une insuffisance de fonds pour exécuter certains volets du projet. C'est cette insuffisance que vient pallier la participation communautaire. Celle-ci s'exprime en termes de construction d'abris servant de classes et de projet communautaire qui accompagne la mise en oeuvre des classes passerelles. Lequel projet vise le financement futur de l'école communautaire. Ainsi, les critères austères appliqués aux nombreuses zones demandeuses de classes passerelles obéissent plus à un objectif éliminatoire qu'à un souci de rigueur.

L'insuffisance de fonds alloués au projet de 2008/2009 a contraint les promoteurs d'EPT à réduire le nombre de sites passerelles à 50 alors que les bénéficiaires en demandaient davantage. C'est ce qui justifie le fait que la distance moyenne entre un site passerelle et l'école primaire la plus proche est estimée à 22 km. Cela signifie que tous les villages dans un rayon de 21 km ne bénéficient d'aucune école ou site passerelle.

246

Figure 23 : classe passerelle sous-équipée à Lenguédougou, DREN de Séguéla 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

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En 2009, la classe passerelle EPT de Lenguédougou, DREN de Séguéla a subi l'insuffisance d'équipement dû à l'insuffisance de financement.

1.6. Absence de financement de l'Etat

Le projet des classes passerelles est, avant tout, une initiative des organisations de la société civile, c'est-à-dire NRC, UNICEF et EPT. A ce titre, sa mise en oeuvre est entièrement financée et conduite par celles-ci, les acteurs étatiques n'intervenant que dans l'aspect pédagogique et administratif. Une telle démarche présente des risques d'interruption du projet en l'absence de financement du partenaire financier. L'Etat a certes, affirmé sa volonté politique pour l'existence des offres alternatives d'éducation à travers le Plan à Moyen Terme 2012/2014, mais il n'a pas encore investi directement dans le projet des classes passerelles. Sa seule initiative à travers le PUAEB a plutôt été financée par la Banque mondiale ; celle-ci a mis fin à son financement pour cause de mauvaise gouvernance de la part des acteurs du projet.

1.7. Insuffisance des mesures de pérennisation

Le fait que les classes passerelles soient financées par les ONG ne garantit pas leur pérennité car ces organisations pourraient se retirer du projet de manière inattendue. Dans ce processus de retrait, le transfert des responsabilités aux structures nationales exige la prise en compte de l'aspect financier, autrement, les efforts de promotion de l'éducation accélérée peuvent être de courte durée. En effet, la prise en charge des enseignants et les frais de scolarité des enfants recrutés dans les classes passerelles après le retrait des ONG promotrices demeurent des questions irrésolues. La problématique de la pérennisation des classes passerelles nous ramène à la question des sources de financement, d'où l'intérêt de l'adresser au MENET.

Au niveau du promoteur EPT, des activités génératrices de revenus communautaires ont été initiées pour faire face à cette préoccupation. Elles ont permis de soutenir le projet à court terme dans la majorité des cas. Un exemple de réussite

248

est celui de Tabako, localité située dans le département de Bouaké ou le soutien communautaire en 2008/2009 a permis l'érection de la classe passerelles en école communautaire. Le village est ainsi passé d'une classe à deux classes. Toutefois, ce soutien communautaire ne couvre pas totalement les besoins des classes passerelles. Des ressources additionnelles devront être mobilisées par d'autres canaux.

1.8. Insuffisance du guide de mise en oeuvre

Le guide de mise en oeuvre des classes passerelles a été élaboré par les acteurs en 2015. Ce guide constitue une avancée dans l'harmonisation des normes des classes passerelles. Toutefois, il présente des insuffisances. En effet, il n'aborde pas l'aspect pédagogique qui est capital pour le succès du processus. Celui-ci doit faire l'objet d'ateliers pour une vision commune des pratiques pédagogiques à défaut d'une harmonisation.

1.9. Limites du processus d'intégration

L'étude montre une méfiance de certains acteurs face aux classes passerelles. Cela se manifeste aussi bien au niveau des parents qu'au niveau des personnels de l'école conventionnelle, à savoir les enseignants et les directeurs des écoles hôtes. En effet, au départ du projet, certains parents n'y croyaient pas. C'est avec l'implication des autorités administratives et éducatives ainsi qu'une opération de sensibilisation qu'ils ont inscrit les enfants.

Quant aux personnels des écoles hôtes, leur méfiance vient du fait qu'ils restent sceptiques sur le fait que ces enfants puissent intégrer les connaissances de deux cycles en une année scolaire. C'est la qualité des enseignements des classes passerelles qui est remise en cause. Cette attitude résulte du fait que ses acteurs n'ont pas été associés aux enseignements et évaluations des classes passerelles. En somme, ils ne sont pas formés sur la conduite des classes passerelles. En 2009, un enseignant de l'EPP Aboliba de Bouake exprimait ainsi sa désaffectation vis-à-vis du projet en ses termes : « comment peut-on prétendre bien enseigner ses enfants en neuf mois pour un programme de 18 mois ? Cela me paraît difficile »

249

En outre, certains directeurs d'école exigent un nouveau test d'entrée à l'école conventionnelle à la suite du test de transfert des classes passerelles. Cette difficulté semble être liée à la méthode spécifique d'évaluation des classes passerelles. En effet, les directeurs d'école émettent des réserves quant à la fiabilité des méthodes pédagogiques des classes passerelles qui leur sont méconnues. A l'origine, il y a une divergence de curricula entre les classes passerelles et les écoles conventionnelles.

Enfin, une imperfection des classes passerelles NRC est le fait que le directeur de l'école hôte est le seul à décider de l'intégration des élèves ayant réussi au test final. Il a ainsi été observé dans certaines écoles hôtes que lesdits élèves n'étaient intégrés qu'après l'inscription des élèves des écoles conventionnelles.

1.10. Manque de suivi des élèves

Au niveau des structures déconcentrées de l'éducation, une mauvaise perception des classes passerelles subsiste ; laquelle perception se justifie par le fait que les classes passerelles sont exclusivement mises en oeuvre par des ONG. Cela affaiblit leur niveau d'engagement dans le processus. Le suivi des élèves est par conséquent, affecté par ce désengagement. Le manque de suivi pour la traçabilité a des inconvénients pour l'évaluation des acquis scolaire et l'intégration des élèves dans le système scolaire conventionnel. Cette situation est aggravée par le fait que le point focal du promoteur NRC n'est pas suffisamment outillé en termes d'information, d'engagement et de pouvoir de décision pour faire face aux questions relevées.

1.11. Accroissement des effectifs

Face à l'accroissement inattendu de l'effectif des élèves des classes passerelles NRC logées dans les écoles conventionnelles, les écoles d'accueil se retrouvent surpeuplées. Ces écoles font également face à des difficultés en termes d'équipements puisque l'investissement dans ce domaine reste insuffisant par rapport aux effectifs. Cela crée un besoin de salles de classe et d'équipements. Un

250

directeur d'école à EPP liberté affirmait en 2009 à cet effet : « lorsque nous avons accepté la classe passerelle, nous pensions avoir l'occasion de décongestionner nos classes. Malheureusement, nous sommes encore à la recherche de deux salles pour faire face à la situation. »

Conscients de cette situation, les promoteurs NRC apportent aux écoles hôtes, leur assistance en termes de fournitures scolaires et de mobiliers. Cependant, ces efforts restent limités face au manque d'espace pour la construction de salles. Cette situation est due au fait que les promoteurs NRC n'ont pas fait de la construction de salles une priorité du projet classe passerelle. C'est donc un passif dont hérite l'administration scolaire après le retrait des ONG.

2. Difficultés pédagogiques

Le volet pédagogique ressort les difficultés liées à l'organisation des enseignements des classes passerelles. Ces difficultés sont relatives aux acteurs et au contexte d'apprentissage.

2.1. Conception difficile des curricula

La conception de curriculum par les promoteurs a d'abord constitué un défi vu la particularité du dispositif. Si les promoteurs ont pu bénéficier des expériences des pays sahéliens (Mali, Burkina et Niger) en la matière, l'adaptation au milieu ivoirien a exigé beaucoup d'esprit critique et un diagnostic environnemental plus profond. En outre, le curriculum a subi des ajustements entre le projet pilote de 2006/2007 et les projets qui ont suivi plus tard. Ce changement s'est opéré au niveau des disciplines enseignées, de la méthode d'évaluation et de l'encadrement des animateurs.

2.2. Divergence de perception du concept « classe passerelle »

L'étude a permis de comprendre qu'il existe des divergences de perception du concept « classe passerelle » à plusieurs niveaux. Ces différences de compréhension du concept « classe passerelle » se manifestent au niveau des acteurs

251

comme les ONG EPT et NRC, les parents, les directeurs d'école les enseignants, les structures déconcentrées du MENET et le MENET.

Au niveau des ONG promotrices (EPT et NRC), la distinction ne semble pas suffisamment établie entre la classe multigrade et la classe passerelle. Cela a juste titre, car une classe multigrade regorge aussi des apprenants hétérogènes en termes de niveau d'apprentissage tout comme la classe passerelle. C'est le critère de l'âge avancé des apprenants et le statut non-formel de la classe passerelle qui semble être la particularité de celle-ci.

Au niveau des promoteurs, certains acteurs qualifient le modèle EPT de classe multi-âge, car les enfants de neuf à treize ans sont dans la même salle et reçoivent les mêmes enseignements. Selon ces acteurs, ledit modèle ne rentre pas dans le cadre des classes passerelles. Cependant, les promoteurs EPT soutiennent qu'il s'agit là de « la classe passerelle authentique. » Le guide de la mise en oeuvre des classes passerelles devrait aider à résorber cette incompréhension.

Au niveau des parents d'élève, la classe passerelle est perçue comme une seconde chance de scolariser leurs enfants. Ils espèrent au bout du processus, des retombées économiques dans le long terme comme pour la plupart des parents en Afrique. Cette idée transparaît dans les propos de ce parent d'élève rencontré en 2008 à Tabako dans le département de Bouaké : « Nos enfants vont enfin à l'école. Nous avions perdu tout espoir de scolariser nos enfants. EPT nous a sortis du désespoir à travers les classes passerelles. J'espère que nos enfants seront de grands types dans ce pays, un jour. Merci à EPT et ses partenaires. »

Au niveau des directeurs d'école et des enseignants, la classe passerelle est d'abord perçue par certains comme une opportunité de décongestionner les classes conventionnelles ayant des effectifs pléthoriques. Ensuite, elle est considérée comme un réceptacle des élèves en situation de décrochage. Enfin une troisième catégorie qui en a une bonne perception utilise la classe passerelle pour recruter les enfants ayant l'âge avancé ou ayant décroché ou n'ayant jamais fréquenté.

252

Le MENET perçoit la classe passerelle comme un levier de la mise en oeuvre de la politique d'Education Pour Tous (EPT). Dans cette perspective, la classe passerelle intègre une stratégie globale d'extension de l'accès à l'éducation. Le MENET la traduit dans le PAMT 2012/2014 en ces termes :

de nombreux enfants ivoiriens en âge d'être scolarisés ne le sont pas. Pour ceux d'entre eux qui ont quitté précocement le cycle primaire, ou qui n'y ont pas encore eu accès malgré plusieurs années de retard sur l'âge théorique d'entrée en CP1, il existe des expériences de « classes passerelles » leur permettant de suivre le cursus qui leur a fait défaut de façon accélérée, puis de rejoindre les classes ordinaires. Ces classes passerelles sont aujourd'hui mises en oeuvre à petite échelle par des ONG selon des modalités qui leur sont propres et qui sont difficilement transposables dans le secteur public. Ces expériences montrent toutefois l'étendue des possibilités pédagogiques. La stratégie du MEN à cet égard consiste à étendre la couverture des classes passerelles, en s'appuyant encore sur le concours des ONG dans une première phase, tout en demandant à ces dernières de développer des formules

susceptibles d'être, à terme, employées dans le cadre des écoles pu-bliques.291

Certaines structures déconcentrées du MENET considèrent les classes passerelles comme un domaine réservé aux ONG. Par conséquence, elles ne s'approprient pas le sujet à 100%. Cela entraîne un manque de suivi des classes passerelles, un manque de traçabilité après l'intégration des élèves dans l'école conventionnelle et une indisponibilité de données sur les projets classes passerelles.

2.3. Difficultés liées à l'âge des élèves

Les classes passerelles sont initialement destinées aux enfants âgés de neuf à treize ans ou quatorze ans et le curriculum est conçu à cet effet. Nous avons toutefois, constaté sur les listes des classes passerelles EPT, la présence d'un nombre important d'élèves âgés de sept à huit ans (environ 28% des effectifs). Relativement à cette question, les promoteurs expliquent que lorsqu'il y a de la place en classe après le recrutement des enfants ayant le profil requis, les plus jeunes enfants bénéficient alors d'un recrutement selon la disponibilité.

291 MEN, 2011, op. cit., p. 38

253

La présence de ces jeunes élèves se justifie aussi par les fausses déclarations faites par certaines communautés dans le souci de bénéficier du projet classe passerelle. En d'autres termes, les communautés présentent des listes d'élèves répondant au profil requis en phase préparatoire alors qu'en réalité, ce sont les plus jeunes élèves qui suivront les enseignements. Cette manoeuvre a eu un effet négatif sur les résultats des évaluations faites en phase d'enseignement en langue maternelle. On a pu constater que ces jeunes élèves enregistraient les pires des résultats. Cette contre-performance a dû être corrigée par un encadrement de proximité des élèves concernés.

Pour le promoteur NRC, l'application du critère âge a aussi renconté des difficultés. L'étude a montré une insuffisance de la méthode d'estimation de l'âge. En effet, face à l'absence d'extrait de naissance des apprenants, les promoteurs ont fait des estimations à partir d'une méthode pratique classique. Elle consiste à faire passer le bras de l'enfant par-dessus la tête pour toucher l'oreille opposée. Cette pratique s'est avérée imprécise en l'absence de renseignements sur la taille et le poids des parents. Son inexactitude s'est aussi confirmée au moment de l'apprentissage. En effet, pour bon nombre de ces apprenants, le niveau d'étude auquel ils étaient affectés, était inférieur à leurs aptitudes réelles.

Au regard de cette insuffisance, des critères additionnelles et des méthodes de détermination du niveau d'étude méritent d'être élaborés. Interrogé au sujet de l'âge de ses apprenants, l'animateur d'une classe passerelle à Kadiola (département d'Odienné) en 2009, répondait : « la majorité de ces enfants n'ont pas d'extrait de naissance. Nous nous débrouillons avec des estimations sur la base de leur apparence physique et les renseignements obtenus auprès de la communauté. Mais, les choses ne sont pas faciles car on n'a pas la réponse à toutes les questions les concernant. » La question des déclarations des naissances est au centre de cette question de l'âge des apprenants. En résolvant la première, la seconde trouvera une solution durable.

254

2.4. Absence d'animateur suppléant

L'étude révèle l'inexistence d'enseignants suppléants qui sont sensés remplacer les animateurs en cas d'absence. Cela crée un dysfonctionnement lorsque ceux-ci sont absents. La responsabilité revient aux superviseurs de jouer ce rôle, alors qu'ils ne sont pas formés à cet effet, même s'ils sont supposés avoir des acquis pédagogiques.

2.5. Disparité d'effectifs entre filles et garçons

L'étude montre que les filles ne représentent que 40% des effectifs totaux des élèves pour les classes EPT et 46% pour les classes NRC. Bien que le critère genre soit pris en compte dans la procédure de recrutement, la présence des filles reste nettement inférieure à celle des garçons. Cette infériorité numérique est liée à la spécificité du milieu rural où la scolarisation de la jeune fille rencontre encore des obstacles socioculturels. Cette préoccupation transparaît dans le rapport d'évaluation de NRC comme suit :

15,581 children got a second-chance education opportunity through NRC AEP over the three-year period under study (of which 46% were girls) (...) in line with what is observed in the formal classes, the ratio of enrolled girls tends to decrease at the higher levels. In terms of numbers though, more and more girls reach these levels.292

A l'image des écoles conventionnelles, les classes passerelles doivent faire face au défi de parité entre filles et garçons en éducation. Les inégalités de genre qui se situent au niveau des effectifs, s'accroissent avec le niveau d'étude. Cependant, un espoir d'amélioration de la situation est envisageable dans la mesure où, on constate que, dans certaines classes passerelles, les effectifs des filles sont supérieurs à ceux des garçons.

2.6. Difficultés liées à la langue maternelle

Partant des expériences vécues dans certains pays africains comme la Tanzanie et la Guinée, FADIGA (1988)293 ainsi que MAURER et al (2010)294 relè-

292 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 47

293 K. FADIGA, 1988, op. cit., pp. 285-289

255

vent les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de l'enseignement en

langues africaines, à savoir :

- la standardisation des transcriptions et des orthographes ;

- la production des équipements pédagogiques ;

- l'élaboration de pédagogie appropriée ;

- l'édition des manuels ;

- le financement ;

- l'étude technique plus systématique des langues retenues ;

- le manque de pratique pédagogique adéquate ;

- et le manque d'optimisation des bénéfices de l'enseignement bilingue.

Ainsi, pour FADIGA (1988), la non résolution de ces questions techniques et financières a une incidence certaine sur la qualité de l'enseignement en langues africaines. Pour résorber ces difficultés, le rapport LASCOLAF (2010) préconise une formation adéquate des enseignants en didactique de l'enseignement bilingue. Les classes passerelles EPT font effectivement face à des difficultés similaires. Deux d'entre elles retiennent notre attention.

2.7. Absence d'étude fiable sur l'utilisation des langues maternelles comme outil d'enseignement

Les langues maternelles à savoir le malinké, le baoulé, le koyaka et le koro n'ont fait l'objet d'aucune étude en tant que langue d'enseignement. La plupart de ces langues sont à leur première expérience dans le domaine de l'enseignement. Les animateurs qui les utilisent dans le contexte de la classe en sont des utilisateurs ordinaires et ne dispose d'aucun savoir-faire pédagogique formalisé en la matière. Ils ont juste bénéficié de conseils avisés des équipes d'encadrement pédagogique. Cette insuffisance est matérialisée par l'inexistence d'un syllabaire de langue maternelle approprié.

294 B. MAURER et al, 2010, Les langues de scolarisation en Afrique francophone : enjeux et repères pour l'action, Paris, AUF, pp. 54-66

256

2.8. Absence d'un syllabaire de langue maternelle

Le contexte d'enseignement, vu sa spécificité, requiert un langage approprié qui permet au maître de transmettre le savoir à l'élève. Ce langage doit être bien élaboré et être commune à tous les utilisateurs de la langue dans le contexte pédagogique. Dans le cas des classes passerelles, il y a eu un début de réalisation de syllabaires qui n'a pu être achevé avant la fin du projet. Toutefois, les animateurs ont eu le mérite de travailler ensemble lors des regroupements périodiques pour proposer des activités pédagogiques (leçons et exercices) aux encadreurs pour validation. Cela a sans doute contribué à réduire les écarts dans la méthode de transmission du savoir.

2.9. Insuffisance du temps de formation initiale

Dans le cadre de la formation pédagogique des animateurs, il est prévu dix jours ou deux semaines de formation initiale ; une formation continue de deux jours chaque deux mois vient en appoint. Ce temps nous semble insuffisant pour consolider les aptitudes pédagogiques. Le type d'élève et l'environnement imposent à l'enseignant un effort d'adaptation parce que la formation initiale accélérée dont il a bénéficié n'est pas toujours suffisante pour bien gérer les spécificités des apprenants.

2.10. Insuffisance du temps scolaire

Pour les classes EPT, les contenus de deux cycles (CP et CE) sont dispensés en neuf mois. De l'avis de certains pédagogues, cette pratique est techniquement intenable même si les promoteurs EPT sont rassurants sur sa faisabilité. Les résultats scolaires satisfaisants semblent conforter ceux-ci dans leur démarche.

2.11. Disparités de performance

Dans l'ensemble, l'analyse comparative des taux de réussite des classes passerelles et selon les niveaux (CP, CE et CM) permet de faire les observations suivantes :

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- les classes passerelles autant que les écoles conventionnelles enregistrent des cas de déperditions ;

- il existe des disparités de performance entre classes passerelles EPT et NRC selon l'année et la zone d'implantation ;

- il existe des disparités de performance entre les classes selon le niveau d'étude des classes passerelles ;

A l'inverse des écoles conventionnelles qui fonctionnent selon une politique éducative de promotion/abandon, les classes passerelles privilégient le maintien. Elles enregistrent néanmoins un taux de déperdition moyen (abandon et redoublement) de 07,07% pour les classes NRC et 08,10% pour les classes EPT, quand les écoles conventionnelles sont à 17,66% en 2014. Les classes passerelles affichent ainsi une supériorité de performance avérée.

A la différence de l'abandon, la question du redoublement revêt un aspect particulier qui se traduit par une admission à la dernière classe du cycle unique. C'est pour cette raison que notre intérêt porte plutôt sur les cas d'abandon. Bien que dans l'ensemble des résultats, le taux de déperdition soit insignifiant par rapport au taux de réussite, les abandons demeurent une réalité dans le dispositif des classes passerelles (03% pour les classes NRC). Il convient d'en évoquer les raisons.

Notre étude montre que les enfants abandonnent les classes passerelles pour des raisons aussi bien classiques (raisons similaires aux écoles conventionnelles) que spécifiques auxdites classes. Les raisons classiques sont d'ordre socioculturel, économique et sanitaire (le besoin de travailler pour les parents, la longue maladie, les cérémonies d'initiation, le mariage précoce). Quant aux raisons spécifiques, elles sont endogènes à la classe passerelle. Le statut de déplacé rend les élèves instables. Ils pourraient, en fonction de la situation des parents, se rendre dans une autre contrée. En outre, le fonctionnement en classe unique fait que les élèves les plus âgés sont sujets à moquerie de la part de leurs pairs.

258

Ces facteurs de la déperdition sont également confirmés par une évaluation faite par CHELPI-DEN (2015)295. Autant de raisons qui méritent d'être analysées davantage pour estimer leur niveau d'impact sur la scolarité. Cela permettra de mieux cerner la question de la déperdition des classes passerelles. Pour ce faire, un monitoring des abandons est nécessaire. Une autre question connexe à la déperdition est le devenir des enfants qui abandonnent les classes passerelles supposées être leur seconde chance de scolarisation.

Les résultats montrent une amélioration de la réussite chez les élèves des classes passerelles EPT au fil des années. Des taux variant de 73,87% à 99,82%. C'est l'expression d'une forte disparité entre élèves de différentes zones au fil des années. L'on note que les plus bas chiffres sont enregistrés pour les deux premières années de la mise en oeuvre des classes passerelles dans la zone de Bouaké. Cette situation traduit les difficultés liées au lancement du projet. Il est important de dire qu'à cette période, les classes passerelles sont mal connues et ne disposent pas d'un curriculum validé par les acteurs. C'est l'atelier de Grand Bassam tenu en 2007 qui lança les bases de la réflexion sur le concept « classe passerelle ». L'atelier réunit tous les acteurs concernés, notamment les ONG et le MEN. Il déboucha en mai 2008 sur la validation des curricula CPU et CEU à Abidjan. C'est à la suite de l'atelier de Grand Bassam que NRC a ouvert ses classes.

La faible disparité des taux de réussite (de 90 à 98%) observée dans les résultats des élèves des classes passerelles NRC par la suite pourrait s'expliquer par le fait que cette organisation disposait déjà d'un curriculum validé dès le départ. Les classes passerelles NRC ont enregistré les plus faibles taux de réussite pour les CMU qui se situent entre 92,04% et 92,66%. Cela s'explique par l'inexistence d'un curriculum CMU validé jusqu'en 2011 à Guiglo. Toutefois, l'adoption d'un guide de la mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire en 2013 par les acteurs dudit projet, devrait en principe aider à mieux maîtriser les curricula et

295 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 28

259

améliorer les résultats. Il est vivement souhaitable que le MEN, auprès duquel ledit guide attend d'être certifié, fasse preuve de diligence.

En ce qui concerne les taux de réussite dans les niveaux d'étude, on note que la tendance de réussite pour les CPU et les CEU est à la hausse alors que celle des CMU est à la baisse. Cela montre que le taux de réussite au niveau des CMU est plus faible qu'au niveau des CPU et CEU d'une part, et que ce taux s'améliore pour les CPU et CEU au fil des ans alors qu'il baisse pour les CMU d'autre part. Cependant, cette disparité doit être minimisée quand on considère les moyenne de taux de réussite par niveau (CPU= 93,68 ; CEU=92,95 ; CMU= 91,23). Même si l'on note de meilleurs taux de réussite dans les CPU et CEU, les écarts sont insignifiants. On pourrait dire que les classes passerelles tout comme les écoles conventionnelles présentent des taux de réussites qui vont decrescendo au fur et à mesure que le niveau d'étude augmente.

Le faible taux de réussite au niveau des CMU pourrait être lié à l'âge déjà avancé des élèves qui abandonnent souvent la classe à cause des moqueries de leurs condisciples. En outre, on observe que ce niveau d'étude reçoit moins d'effectifs que les deux premiers (CPU et CEU). Nous en avons tout de même recensé au compte d'EPT lors de nos enquêtes même si le cas est presqu'inexistant. La rareté des élèves de ce niveau pourrait s'expliquer, d'après nos enquêtes, par le fait que la plupart des élèves des classes passerelles sont des déscolarisés précoces (n'ayant pas dépassé les CE) ou des non scolarisés. Enfin, les parents préfèrent occuper leurs enfants ayant l'âge avancé à des travaux lucratifs puisqu'ils sont généralement issus de milieux défavorisés.

2.12. Déperdition liée à l'hétérogénéité des niveaux d'étude

L'hétérogénéité des apprenants des classes passerelles constituent une source de difficulté pour certains apprenants. C'est un facteur qui a été identifié par les acteurs comme une raison de l'échec scolaire des classes passerelles. Le fait que les élèves d'une même classe aient des passés scolaires divers leur confère des niveaux d'étude différents et des habiletés cognitives multiples. Cette hétéro-

260

généité de niveau ne facilite pas une pédagogie d'ensemble. En conséquence, certains apprenants font face, à nouveau, à l'échec scolaire. Cela se manifeste concrètement par des redoublements, des relocalisations et des abandons. Un animateur du site de petit Bapleu 1 faisait cette observation en 2013: « On a l'impression que certains élèves ne suivent pas l'évolution du cours. Ils sont peut-être distraits par la présence des élèves les plus âgés. Je pense qu'ils suivraient mieux s'il y avait un seul niveau et des élèves de même âge. »

Selon les estimations du promoteur NRC, sur la base d'un échantillon de 547 élèves de huit localités, cinq élèves sur dix sont concernés par la situation d'abandon, de relocalisation ou de redoublement. L'existence des déperditions montre l'inadaptation de certains apprenants au programme scolaire accéléré. Le délai d'exécution de huit ou neuf mois pour deux cycles de l'école primaire semble intenable pour une catégorie d'apprenants. NRC estime que, pour 53% des élèves, le programme accéléré ne peut être effectif en une année pour des raisons cognitives, ou pour des raisons liées aux charges familiales ou au stress, etc.

261

Figure 24 : hétérogénéité des effectifs des élèves de la classe passerelle EPT de Mondougou, DREN de Séguéla 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

On peut apprécier la différence de corpulence entre les élèves d'une même classe. Cela traduit l'hétérogénéité de l'âge dans les classes passerelles.

262

2.13. Divergence des pratiques pédagogiques

L'étude montre que les promoteurs EPT ont des pratiques pédagogiques différentes de celles des promoteurs NRC. Ces différences fondamentales se fondent sur les manuels scolaires, les langues d'enseignement, les évaluations et la composition de la classe.

En ce qui concerne les manuels scolaires, les promoteurs EPT utilisent un livre confectionné par leur équipe pédagogique, alors que NRC base ses enseignements sur les manuels des écoles conventionnelles. Ensuite, les langues d'enseignement chez les promoteurs EPT sont la langue maternelle véhiculaire de la localité et le français. Les promoteurs NRC font plutôt usage du français seul comme vecteur d'enseignement. Au niveau des évaluations, en plus de celles organisées en fin de cycle et le test de transfert que fait NRC, les promoteurs EPT font un test de fin de préapprentissage en langue maternelle. Enfin, pour ce qui est de la composition de la classe, pendant que les promoteurs EPT regroupent les apprenants de deux cycles dans la même salle, les promoteurs NRC se contentent d'un seul cycle. Ces différences traduisent des divergences du concept de classe passerelle que le guide de mise en oeuvre pourrait contribuer à harmoniser.

2.14. Mauvaise pratique pédagogique

Au chapitre des mauvaises pratiques pédagogiques, il a été relevé le fait que, dans certaines classes passerelles, les animateurs faisaient moins attention aux élèves les moins réceptifs alors qu'ils avançaient avec les meilleures élèves. CHELPI-DEN (2015) évoque cette situation comme suit : « in the majority of the observed classrooms, AE teachers usually made efforts to explain to the most receptive children but were generally less open with the children experiencing comprehension difficulties. 296»

Cette attitude tient du jugement scolaire que l'enseignement porte sur son élève à partir des premières performances. Ce faisant, ceux-ci sont catégorisés en

296 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 29

263

bon élèves et en moins bons élèves. La plupart des apprenants font l'expérience du jugement scolaire. Cela se traduit quelques fois, par des propos vexants comme : « toi, tu ne feras jamais rien de bon ! Tu n'es qu'un bon à rien » ou des propos encourageants comme « champion, très bien, continue comme ça ! Je savais que tu allais y arriver. » La vie scolaire d'un élève est ainsi ponctuée d'une série de jugements dont on calcule mal, et souvent après coup, l'impact. C'est un jugement qui pourrait impacter les performances futures de l'apprenant et au-delà définir sa personnalité s'il est admis que le jugement scolaire est aussi un jugement social.

3. Difficultés contextuelles ou conditions d'exercice

Cette section prend en compte l'environnement interne et externe de l'école dans un contexte de reconstruction de post-crise comme celui des classes passerelles.

3.1. Environnement de post-crise

Le conflit armé de 2002 et la crise post-électorale de 2010-2011 ont fragilisé davantage le système scolaire ivoirien. Ces crises ont donné lieu à des destructions ou des dégradations d'infrastructures scolaires et d'énormes déplacements de populations. Les retards de scolarisation qui ont résulté de ces crises répétées ont laissé hors du système scolaire conventionnel un grand nombre d'enfants dans les zones CNO. COEN (2005) estime le nombre des enfants hors du système scolaires à « plus de 700.000 depuis 2002 297». En 2008, UNICEF (2008) les évalue « 296.792. 298» Global Education Cluster (2011) estime ainsi, au plus fort de la crise de 2010/2011, dans les régions les plus affectées, à « plus d'un million, le nombre d'enfants déplacés et hors de l'école pendant au moins un

297 B. COEN, 2005, op.cit.

298 UNICEF, 2008, «Côte d'Ivoire: Funding requirements 2009-2013» in http://www.unicef.org/ cotedivoire/support_4163.html, page consultée le 12/10/2015.

264

an. 299» Ce grand nombre d'enfants hérités des crises successives doit être géré par les acteurs dans la mise en oeuvre des classes passerelles aussi bien quantitativement que qualitativement. La résolution de cette question reste intimement liée à la question des ressources financières pour la prise en charge des enfants. La classe passerelle EPT illustrée ci-dessous montre l'ampleur difficultés en termes de matériels et d'équipements.

299 Global Education Cluster, 2011, Côte d'Ivoire 2011, Final report for school reopening assessment in the CNO area, cité par NRC, 2015, Evaluation of NRC Côte d'Ivoire Education Programme: «Bridging Classes» 2012-2015, p. 1.

265

Figure 25 : classe passerelle EPT à Bêrêko, DREN de Séguéla 2009

Source : données de terrain, 2008-2014

On peut apprécier le dénuement total dans lequel ces élèves et leur maître assurent le droit à l'éducation bien loin des réalités plus ou moins confortables des agglomérations.

266

3.2. Environnement de crise économique

Concernant l'environnement socio-économique, CHELPI-DEN (2015) explique que : «The successive crises which have afflicted Côte d'Ivoire since 2002 have exacerbated the already deplorable education situation and markedly increased poverty and high unemployment rates among the youth population.300» Elle relève ainsi une situation déplorable de l'école qui est exacerbée par les crises sociopolitiques qui ont pour répercussion la hausse de la pauvreté et un taux de chômage élevé pour les jeunes. Cette situation est également décrite par le rapport DSRP fait par FMI (2009) en ces termes : « Comparativement à 2002, la pauvreté s'est accrue au niveau des pôles de développement, particulièrement dans les pôles de développement occupés. 301» Commentant les chiffres susmentionnés, le FMI relève ceci :

en 2008, huit pôles de développement sur dix ont un taux supérieur à 50% contre quatre en 2002. Parmi ces pôles, celui du nord est le plus touché par le phénomène de pauvreté avec près de 4 pauvres sur 5 personnes en 2008. Ce pôle est suivi par ceux de l'ouest (63,20%) ; du Centre-Ouest (62,90%) ;

du Nord-Ouest (57,90%) ; du Centre- Nord (57%) et du Nord-Est (54,70%).302

Le milieu de l'étude est économiquement faible. Cette donne a une incidence sur la capacité des populations à assumer la scolarisation des enfants en l'absence de structures éducatives publiques. Cet effet néfaste sur l'éducation se manifeste en termes de souffrance d'offre éducative. Pour la zone CNO, cette insuffisance infrastructurelle se traduit, selon BIH et al (2003), par « le fonctionnement de 32,60% d'établissements scolaires primaires. 303» Le rapport de l'UNICEF sur l'état des lieux de l'éducation de base en 2007 confirme cette situation en ces termes : « L'insuffisance de l'offre est plus prononcée dans la zone CNO en raison de la dégradation des infrastructures scolaires et du départ massif des enseignants qualifiés.304 » Ainsi se présente l'environnement dans lequel les classes passerelles ont été mises en oeuvre.

300 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 9

301 FMI, 2009, op. cit., p. 7

302 ibidem

303 E. BIH et al, 2003, op. cit., pp. 39-40

304 UNICEF, 2008, op. cit., p. 5

267

3.3. Mise en place difficile

La mise en place de l'équipe du projet s'est faite progressivement, mais difficilement. Le choix des sites d'implantation s'est fait avec moins de critère objectif car le promoteur EPT était à son premier essai lors du projet pilote 2006. L'ONG NRC a aussi fait face à ces difficultés au sein des écoles conventionnelles. L'implication des acteurs étatiques s'est faite avec beaucoup de réticence au regard de la nouveauté du projet. La mobilisation des communautés-cibles s'est faite timidement car celles-ci n'attachaient pas du crédit à ce dispositif nouveau.

La méconnaissance du projet des classes passerelles a exigé un volet de sensibilisation auprès des populations cibles et des autorités administratives. Dans le milieu rural, un tel message de scolarisation n'est pas toujours bien compris face aux réalités existentielles, à savoir les travaux champêtres et domestiques dont les enfants ont la charge. Dans la procédure de recrutement des élèves, les critères préétablis n'ont pas souvent été respectés de manière systématique. En effet, l'étude montre un non-respect des critères de recrutement concernant l'âge des enfants déscolarisés et non scolarisés. Ce promoteur de classe passerelle EPT à Bouaké nous confiait ceci en 2012 : « les parents, quelques fois, ne jouent pas franc jeu avec nous. Ils nous présentent de grands enfants venant d'une autre localité en lieu et place de leurs enfants plus petits qui sont les réels futurs bénéficiaires de la classe passerelle. Cela est fait pour que le village puisse bénéficier du projet classe passerelle. »

Par ailleurs, dans la phase de prospection, l'implication d'acteurs intermédiaires ne permet pas de dire que tous les ménages ont été visités. Cette pratique montre les limites des promoteurs à mobiliser les ressources humaines nécessaires à la mise en oeuvre du projet pilote des classes passerelles.

3.4. Ressources limitées des écoles hôtes

Au plan financier, il a été constaté un déséquilibre entre la charge des écoles hôtes et les budgets des COGES. En effet, pendant que les charges des écoles hôtes augmentaient en termes de salles, d'équipements et de service, aucune aug-

268

mentation n'était constatée au niveau du budget de leurs COGES. La capacité financière des COGES ne s'est pas améliorée ; pour certains d'entre eux, elle s'est même détériorée en raison de la faiblesse ou de l'absence des subventions de l'Etat.

Cela engendre des dysfonctionnements qui donnent l'impression que les COGES ne travaillent pas. Cette réflexion est partagée en 2009, par un parent d'élève de l'EPP Kamonoukro de Bouaké qui s'exprimait ainsi : « le COGES nous fait cotiser chaque année alors qu'on ne sait même pas ce qu'il fait avec cet argent. Il n'y a pas assez de table-bancs dans nos classes et les enfants sont assis à trois par table-bancs. Il faut que l'Etat améliore cette situation. » Le manque de ressource se manifeste à différents niveaux, à savoir :

- le manque de salles de classes ;

- l'absence de toilettes ;

- le manque des points d'eau ;

- le manque d'électricité ;

- et le manque de la cantine scolaire.

A la question de savoir où les élèves font leurs besoins, un élève de l'EPP Aboliba de Bouake, inscrit en 2009 répondait : « nous allons en brousse pour satisfaire nos besoins. Les toilettes sont tellement sales. » Cette affirmation relève le manque d'entretien des toilettes même si elles existent.

3.5. Salles de classe inadaptées

Les abris conçus pour servir de salles de classe ont l'avantage d'être moins coûteux et rapides à mettre en place. Toutefois, ils présentent la faiblesse d'être perméables ou exposés aux intempéries. Aussi, avons-nous pu constater l'interruption des cours pour raison de pluie. Les images suivantes nous donnent un aperçu de l'état des salles de classes passerelles.

269

Figure 26 : abris servant de salles de classes passerelles EPT à Allakro et Tabako, 2008

Classe passerelle à Allakro 2008, DREN Bouaké

Classe passerelle Tabako 2008, DREN Bouaké

Source : données de terrain, 2008-2014

270

Tabako et Allakro présentent le véritable profil des abris-classes EPT des années 2006 à 2009. Les apprenants et les enseignants travaillaient dans le dénuement total. La détermination et l'engagement seuls de ces acteurs permettaient de faire de l'école une réalité dans leurs zones. Ironie du sort, ces écoles de fortunes étaient aussi convoitées par d'autres villages des environs dont les enfants étaient obligés de parcourir deux à cinq kilomètres pour s'y rendre.

3.6. Absence d'extraits de naissance des enfants

Bon nombre d'élèves des classes passerelles ne disposent pas d'extrait de naissance. L'étude révèle que seulement 17% des enfants recrutés en zone rurale par le promoteur EPT disposent d'un extrait de naissance ; 83% des enfants sont ainsi recrutés en absence d'extrait de naissance. Leur âge est estimé de manière approximative par des méthodes classiques comme le passage du bras par-dessus la tête. Cela biaise les résultats au niveau pédagogique puisque certains enfants pourraient subir une surestimation ou une sous-estimation de leur âge et se voir affectés à un niveau d'étude inadéquat.

L'étude montre que la majorité des élèves des classes passerelles ne possèdent pas d'extrait de naissance parce que les parents ne les déclarent pas à la naissance pour quatre principales raisons :

- l'ignorance : les parents ne savent pas qu'ils peuvent déclarer la naissance de leurs enfant ;

- la négligence : les parents ne perçoivent pas l'utilité de la déclaration des naissances;

- le manque de ressources financières : ils sont extrêmement pauvres de sorte qu'ils ne sont pas disposés à consacrer des ressources à la déclaration des naissances ;

- l'éloignement de l'Etat civil : ils doivent payer le transport pour se rendre dans une sous-préfecture où se fait la déclaration.

Des mesures incitatives devraient être prises par les décideurs pour que la déclaration des naissances se fasse de manière systématique. Cela pourrait améliorer la gouvernance scolaire.

3.7. Insuffisance de cantines scolaires

Le RESEN 2016 montre qu'en 2007, « 68,4 % des écoles primaires étaient équipées d'une cantine scolaire contre 45,5 % en 2014. 305» On constate donc une régression. Ainsi, dans le cadre du projet des cinquante classes passerelles de 2008/2009, bien que les promoteurs d'EPT aient sollicité la participation du PAM au projet, ils n'ont pu l'obtenir pour une raison restée inconnue. Toutefois, une enquête avancée auprès du PAM nous permet de déduire que cette absence est liée au non-respect de certaines conditions d'intervention de cette organisation, notamment la politique de ciblage des écoles qui prend en compte l'effectif global de l'école qui doit atteindre la centaine au moins. Il y a aussi le fait que l'école doit disposer d'un réfectoire, d'une cuisine et d'un magasin de stockage. En effet, le faible effectif des classes passerelles (trente élèves par classe) constitue un handicap à leur admission au nombre des écoles bénéficiaires des cantines scolaires. Toutefois, les classes passerelles de NRC logées au sein des écoles formelles ont pu en bénéficier de même que ceux d'EPT dans le cadre du PUEB en 2013/2014.

271

305 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit. p. 268

272

Figure 27 : cantine ouverte à l'EPP Bamoro en 2009, DREN Bouaké

Source : données de terrain, 2008-2014

273

L'on peut saluer l'existence de cette cantine en considérant la grande majorité des écoles qui n'en bénéficient pas. Cependant, l'état dégradé de la cantine est assez illustratif des difficultés qui accompagnent son ouverture et sa pérennisation.

3.8. Insuffisance de communication

L'insuffisance de communication a été constatée entre les ONG et le MENET d'une part et entre les ONG et les structures déconcentrées (les IEP notamment) d'autre part. De même, les COGES ont moins de contact avec les ONG locales. Cela rompt la chaîne de communication. Ce déficit de communication pourrait s'expliquer par l'autonomie financière des ONG locales qui peuvent entreprendre des actions dès que les ressources sont disponibles. Cette question a surtout été rencontrée avec le promoteur NRC. CHELPI-DEN le souligne dans son rapport d'évaluation de 2015 en ces termes : « All three NGOs still lacked an in-depth understanding of how the chain of communication worked between the school and the IEPs. They have no direct contact with the ministry at the central level and tended to lack information on COGES and on financial functioning of a school. 306»

Ce déficit, selon CHELPI-DEN, se manifeste ainsi par une méconnaissance par les ONG, du fonctionnement des écoles hôtes au plan financier. Cette rupture influence la qualité des rapports rédigés sur les classes passerelles ainsi que celles des évaluations des acquis scolaires. L'une des conséquences est l'inaptitude des acteurs à prendre les bonnes décisions sur le déroulement du processus.

3.9. Discrimination contre les élèves à intégrer

La discrimination contre les apprenants des classes passerelles est une réalité. Le constat malheureux est que les élèves des classes passerelles qui doivent intégrer l'école conventionnelle sont victimes d'une négligence. En effet, certains directeurs d'école qui ont en charge l'inscription des élèves à intégrer à l'école

306 Magali Hamer CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 48

274

conventionnelle, donnent la priorité aux élèves de l'école conventionnelle au détriment de ceux issus des classes passerelles. Cela entraîne parfois chez ceux-ci, un retard sur le début des cours.

Cette attitude se justifierait par le fait que les écoles hôtes sont surpeuplées. Les directeurs perçoivent donc l'intégration des nouveaux élèves comme une tâche supplémentaire. C'est cette situation de pression que tente d'expliquer ce directeur de l'EPP Kamonoukro de Bouaké en 2009 : « nous sommes débordés, les classes sont pleines à craquer. Les enfants sont assis par trois sur les mêmes table-bancs. On espère voir la situation s'améliorer. »

3.10. Insuffisance de coordination

Malgré l'existence du groupe cluster sur l'éducation, chaque ONG mène son projet classe passerelle de manière indépendante, car chaque promoteur a un PTF spécifique qui dicte ses exigences propres. CHELPI-DEN exprime cette préoccupation dans son évaluation de 2015 comme suit : «No joint inter-programme monitoring database exists where NRC staff can easily view and share informa-tion.307»

La coordination des projets est un élément clé de la mise en oeuvre des classes passerelles. L'élaboration des principes de cette coordination exige une démarche inclusive. Tous les acteurs du secteur de l'éducation, notamment les PTF, devraient y prendre une part active. La synergie d'action pourrait harmoniser les pratiques des promoteurs.

3.11. Absence de documentation

Le manque d'archive physique et électronique sur les classes passerelles ne permet pas de constituer une base de données fiables qui puisse orienter les acteurs dans ce domaine. Nous en avons pris conscience lors de nos recherches documentaires. Les documents, s'ils existent, ne sont pas toujours centralisés ; ils

307 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 49

275

restent plutôt au niveau des acteurs locaux. Un fait qui ne garantit pas leur conservation et leur intégrité.

Une autre question connexe à la documentation est le droit de propriété des ONG promotrices sur leurs données. En effet, certaines de ces ONG ne peuvent publier leurs données que quelques années après l'exécution du projet. Cette attitude découle des termes des conventions signées avec le PTF. Face à nos sollicitations en 2012, une personne ressource à NRC nous rappela ce principe en ces termes : « Les données dont je dispose ne m'appartiennent pas. Elles sont au compte de NRC qui ne m'autorise pas à les publier. NRC se réserve le droit de leur publication trois ou cinq ans après l'exécution du projet. » Ce sont des propos qui illustrent bien les difficultés de collecte d'information au niveau des promoteurs des classes passerelles.

276

Conclusion du chapitre 5

Le chapitre 5 a analysé les dysfonctionnements observés lors de la mise en oeuvre des classes passerelles. L'étude en a abordé trois aspects, à savoir les difficultés de gouvernance, les difficultés pédagogiques et les difficultés contextuelles.

Au niveau des dysfonctionnements de la gouvernance, il ressort que les promoteurs accusent un retard dans la fourniture et l'acheminement des intrants nécessaires à la mise en oeuvre du projet école. Ce retard est également observé au niveau du payement des indemnités des personnels volontaires. Quand ces indemnités sont perçues, elles sont jugées insuffisantes. Cet aspect financier est lié au volume de financement global du projet des classes passerelles qui reste assez limité par rapport aux besoins d'éducation. Cette situation financière difficile s'explique, non seulement, par une absence de l'engagement total des moyens de l'Etat, mais, également, par l'accroissement, sans cesse, des populations scolari-sables. La gestion de ces effectifs constituant une tâche supplémentaire pour les écoles hôtes des classes passerelles.

Au niveau des enseignants volontaires, l'on observe une absence de perspective car il n'y a pas de plan de carrière prévu pour eux après les classes passerelles. La plupart est jetée en pâture au monde infernal de la recherche d'emplois. En ce qui concerne la mise en oeuvre, le guide ne couvre pas tous les aspects du processus, d'une part et les aspects qui y figurent rencontrent des obstacles dans la mise en route, d'autre part. C'est ainsi que l'intégration des apprenants fait face à la résistance de certains acteurs des écoles conventionnelles. De même, ces apprenants ne bénéficient pas de suivi régulier de la part de l'administration scolaire étatique, contrairement à ce qui est prévu dans le guide. La stratégie de pérennisation des classes passerelles, après le retrait des ONG internationales demeure une question irrésolue.

La section relative aux difficultés pédagogiques a permis de montrer que les pratiques pédagogiques des classes passerelles ne sont pas harmonisées. Cela est dû au fait que les promoteurs ont des perceptions différentes dudit-concept ; un

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fait qui entraîne parfois, des pratiques pédagogiques non conformes aux standards de l'enseignement. Dans la même veine, la conception des curricula s'est heurtée à la dynamique observée au niveau des disciplines enseignées, de la méthode d'évaluation et de l'encadrement des animateurs. Sont également mises en évidence, les difficultés relatives à l'utilisation de la langue maternelle comme langue d'enseignement, la formation des enseignants et leur présence en classe ainsi que la gestion du temps scolaire. La question clé des curricula est relative à la manière dont le dispositif organise les éléments précités pour assurer des enseignements de qualité.

En outre, sur l'axe pédagogique, malgré les taux de réussite excellents affichés, des déperditions, en termes de redoublement et d'abandon, existent, soit 07,07% pour les classes NRC et 08,10% pour les classes EPT. Une contre-performance attribuée au non-respect de l'âge de recrutement des apprenants, d'une part et à l'hétérogénéité de niveau des apprenants d'une même classe, d'autre part. Toutefois, le lien entre performance scolaire et hétérogénéité des apprenants est apprécié diversement par les acteurs. Pour certains, l'hétérogénéité est bénéfique pour les apprenants, alors que les autres la considèrent comme un facteur de contre-performance. Enfin, des disparités d'effectifs entre filles et garçons subsistent dans les classes, la proportion des filles étant estimée à 40% pour les classes EPT et 46% pour les classes NRC. Une situation que les promoteurs expliquent par l'existence de pesanteurs socio-culturelles dans les localités bénéficiaires des classes passerelles qui sont majoritairement rurales.

Quant à l'analyse des difficultés liées au contexte, elle a permis de comprendre comment l'environnement scolaire et social affecte la mise en route du projet école. C'est un contexte marqué essentiellement de post-crise accompagné d'un environnement socioéconomique défavorable. Cette conjoncture est exprimée par la mise en place difficile du projet, des ressources matérielles et financières limitées et des salles de classes inadaptées. Une mise en place qui a rencontré des obstacles tels que la méfiance des populations et les critères de choix des sites, en partie, subjectifs. Quant aux salles de classes, leur construction en maté-

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riaux provisoires, justifiée par les ressources limitées, ne permet pas les meilleures conditions d'apprentissage. Au nombre des dysfonctionnements relatifs à l'environnement interne des classes passerelles, il y a l'insuffisance de cantine scolaire et de communication ainsi que l'absence de document d'archive. L'absence de l'Etat dans ces zones a entraîné beaucoup de cas de naissance non déclarée à l'Etat civil, d'où l'absence d'extrait de naissance lors de l'inscription dans les classes passerelles. En somme, le chapitre 5 a permis de relever les dysfonctionnements susceptibles d'être corrigés dans une perspective de renforcement du système scolaire conventionnel.

279

CHAPITRE 6 : STRATÉGIES DE

RENFORCEMENT DU SYSTÈME

SCOLAIRE A TRAVERS LES CLASSES

PASSERELLES

Le chapitre 6 fait des propositions pour faciliter la mise en oeuvre des classes passerelles et pour renforcer le système scolaire. Au regard des faiblesses observées dans le dispositif des classes passerelles et considérant les axes d'orientation sectorielle du PAMT secteur éducation formation 2012/2014 et ceux du RESEN 2016, il se dégage quatre sections de proposition relatives au renforcement du système éducatif à travers les classes passerelles, à savoir :

- la gestion administrative du système éducatif ;

- l'accès, rétention et équité en éducation ;

- la qualité de l'éducation ;

- et le contexte et les conditions de l'enseignement.

Selon le premier axe relatif à la gestion administrative du système scolaire, neuf aspects du pilotage devront faire l'objet d'intervention ; ce sont : la procédure de mise en place des classes passerelles ; le guide de mise en oeuvre ; l'organigramme de fonctionnement du projet ; la prise en compte des facteurs organisationnels ; la variable «participation communautaire» ; la mobilisation des ressources matérielles et financières ; la rémunération des personnels volontaires ; le plan de carrière pour les enseignants et la stratégie de pérennisation des classes passerelles. Cette section devra faire des propositions pour renforcer le pilotage du système scolaire à travers les classes passerelles.

Concernant le second axe relatif à l'accès, la rétention et l'équité en éducation, l'étude fait six propositions qui concernent: la politique éducative ; les conditions d'accès à l'école ; le profil des apprenants ; la cantine scolaire ; la déperdi-

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tion scolaire et des procédures d'évaluation. Ces propositions visant à rendre le système scolaire plus accessible et équitable à la fois.

Au niveau du troisième axe qui traite de la qualité de l'éducation, l'étude propose une stratégie en neuf points, à savoir : l'encadrement pédagogique ; les techniques d'encadrement ; l'hétérogénéité de l'âge des apprenants ; le programme scolaire accéléré ; l'usage de la langue maternelle ; la motivation des apprenants ; l'optimisation du temps scolaire ; le profil des enseignants et les curricula. Ces propositions devront contribuer à renforcer la qualité des enseignements du système scolaire.

Le dernier axe relatif au contexte et aux conditions d'exercice, devra permettre de proposer une stratégie basée sur huit aspects de l'éducation en situation d'urgence ; ce sont : les conditions d'intervention des acteurs ; les conditions d'accès à l'éducation d'urgence ; l'environnement d'apprentissage ; le profil ou la qualification des enseignants ; la politique éducative ; la construction des salles de classe ; l'équipement des écoles hôtes et le processus enseignement apprentissage. Ces propositions visent à renforcer le système scolaire conventionnel dans un contexte d'éducation d'urgence tout mettant l'accent sur les mécanismes de mitigations prévus par les acteurs de ce domaine.

1. De la gestion administrative

Cette section est relative aux dispositions règlementaires et aux aspects de la gestion des classes passerelles en tant que projets.

1.1. De la procédure de mise en place

Les procédures de sélection des sites d'accueil des classes passerelles doivent être révisées et simplifiées de sorte à prendre en compte les contraintes structurelles du système éducatif national et s'assurer que les directions décentralisées de l'éducation ont la capacité de la mise en oeuvre et du suivi du programme accéléré des classes passerelles. Cela aura pour effet d'éviter les biais relatifs à la per-

281

ception diversifiée du concept et l'insuffisance d'équipement, de matériel et de ressources humaines. Une piste de résolution est déjà proposée par le guide de mise en oeuvre qui prévoit des critères de choix des zones d'implantation (norme 1) et un processus d'identification et de sélection des enfants (norme 2). Ces normes établissent des critères pour l'environnement, les acteurs du projet et les actions chronologiques à mener.

1.2. De l'application du guide de mise en oeuvre des classes passerelles en Côte d'Ivoire

Le guide de la mise en oeuvre des classes passerelles a été adopté en 2015 par les acteurs du secteur (NRC, EPT et autres) sous l'égide du MENET. Il a mis en place des normes relatives au bon fonctionnement de ces dispositifs. Ces normes prennent en compte les aspects relatifs aux responsabilités des acteurs, aux curricula, à l'environnement et aux procédures de mise en oeuvre des classes passerelles.

1.3. De l'organigramme de fonctionnement du projet

L'organigramme de fonctionnement du projet a permis de hiérarchiser les tâches. Cela a permis aux acteurs de disposer d'une description desdites tâches. Malgré cette bonne organisation, l'étendu de la zone sous leur responsabilité, a engendré beaucoup de difficultés en l'absence de moyens de déplacement. Pour prévenir une telle situation, il faudrait éviter de disperser les sites passerelles sur des distances supérieures à 5 km. Cela faciliterait le travail des superviseurs en l'absence de moyen de déplacement.

1.4. De la prééminence des facteurs organisationnels

L'étude montre que les facteurs relevant de la gouvernance (mise en place du projet, participation communautaire et gestion du projet) sont les plus déterminants dans l'efficacité interne du dispositif des classes passerelles pour des raisons diverses. Ce résultat montre que ces trois facteurs méritent une attention particulière dans la réussite scolaire des élèves.

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En effet, la mise en place du projet obéit à une procédure qui allie la participation communautaire, celle des acteurs étatiques et celle des ONG. C'est ainsi une démarche participative qui met à contribution toutes les expertises locales disponibles et suscite le consensus autour du projet école. Une telle démarche s'avère être une nécessité absolue dans le cas du dispositif des classes passerelles quand on considère les conditions de sa mise en oeuvre. Ce dispositif est effectivement issu d'une situation difficile de scolarisation et d'une crise socio-économique héritée de la guerre de 2002 en Côte d'Ivoire.

Dans un tel contexte, les promoteurs devaient d'abord convaincre les communautés de la nécessité de scolariser leurs enfants. Dans cette lancée, ils devaient aussi avoir l'appui des autorités étatiques pour crédibiliser leur action vis-à-vis des communautés villageoises et de quartiers bénéficiaires du projet. Dans la mise en place par l'ONG EPT, on constate que la communauté est au début, au milieu et en fin du processus. La gestion du projet école par les promoteurs obéit à un organigramme de fonctionnement. Cela dénote d'une rigueur de gestion qui permet à chaque acteur de savoir la tâche à lui dévolue. On constate dans le cycle d'exécution du projet, un volet de supervision qui permet de corriger les imperfections. Cette supervision est assurée par l'équipe pédagogique mise en place par les promoteurs.

1.5. De la participation communautaire

L'étude révèle que 92 % des répondants à l'échelle d'attitudes estiment que la variable « participation communautaire » est la plus influente. Elle se situe à trois niveaux : avant le projet, pendant le projet et après le projet. A tous les niveaux, une touche particulière est exécutée par la communauté. Au début, elle participe à la mise en place. En cours de projet, elle assure la gestion du cadre scolaire et après le projet elle crée les conditions de la pérennisation de l'école. Cette démarche permet aux parents d'élèves d'être des acteurs du projet école à tous les niveaux. Pour formaliser la participation communautaire, un plan d'action communautaire a été adopté par les promoteurs après les projets pilotes. Ce plan

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permet aux communautés d'avoir un cahier de charge précis qui oriente leurs différentes actions dans le cadre scolaire.

1.6. Des ressources matérielles et financières

La conception et la mise en oeuvre des classes passerelle ont requis des moyens matériels et financiers. C'est ainsi que des abris de paille ont été construits avec l'apport financier du partenaire (UNICEF). Cela s'est accompagné par l'expertise de l'ONG EPT d'une part et de la mobilisation communautaire d'autre part. Cette dernière contribution s'est traduite par l'octroi du site et de main d'oeuvre. L'état de ces abris mériterait d'être amélioré dans les projets futurs dans la perspective de leur érection en école communautaire. Cette exigence demande un accroissement du financement accordé à cette ligne budgétaire. L'Etat pourrait apporter ces ressources additionnelles en sollicitant le concours des partenaires financiers intervenant dans ce domaine.

1.7. De la rémunération des animateurs

Dans leur statut d'enseignants volontaires, les animateurs des classes passerelles ne perçoivent qu'une prime alimentaire de 40.000 F CFA. Une source de motivation pour ceux-ci pourrait être la révision de leur traitement pécuniaire. On pourrait même envisager qu'ils perçoivent un salaire en changeant leur statut de volontaire à travailleur permanent. Il appartient aux promoteurs d'affecter davantage de fonds à la ligne budgétaire des salaires.

1.8. Des perspectives pour les animateurs

Un autre aspect est le devenir des ex-animateurs. Si certains sont recrutés pour l'école communautaire à la suite de la passerelle EPT, la grande majorité des animateurs restent sans emploi alors qu'ils ont une expertise en matière de gestion d'une classe unique. Les promoteurs des classes passerelles préconisent que cette expérience soit capitalisée et mise au profit du système scolaire national. Ils proposent que le MEN puisse utiliser ces ex-animateurs dans les écoles formelles. Pendant la classe passerelle, il serait judicieux que l'Etat prenne en compte les

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primes versées aux animateurs car le projet passerelle l'appuie dans ses efforts d'amélioration de la scolarisation. Ce plaidoyer a fait l'objet d'un atelier à Bouaké au cours de l'année scolaire 2015/2016. Les acteurs étatiques et non étatiques ont réfléchi sur la question sans toutefois obtenir des garantis pour la validation de cette mesure par l'Etat.

Par ailleurs, face à la question du devenir des ex-animateurs, d'autres promoteurs préconisent une solution plus tranchée et calquée sur l'expérience malienne. Il s'agira pour l'Etat, d'affecter les instituteurs des écoles conventionnelles dans les classes passerelles, avec ou sans prime, selon la formule retenue. Si l'enseignant utilise des jours fériés pour la passerelle en plus de sa classe formelle, il percevra une prime. S'il n'a que la classe passerelle à plein temps, il devra se contenter de son salaire d'instituteur.

1.9. De la pérennisation des classes passerelles

L'absence de financement de l'Etat fragilise le processus de pérennisation. Chez le promoteur EPT, la pertinence du projet et une bonne approche de communication ont facilité la mobilisation des communautés villageoises, de sorte que celles-ci se sont volontairement engagées dans la mise en oeuvre du projet et la mobilisation de ressources nécessaires à sa pérennisation. Cela s'est traduit par la conception et la réalisation d'une activité génératrice de revenus au profit de la communauté. Elle se présente dans la majorité des cas sous forme de projet agro pastoral. La réussite d'une telle activité accompagnant le projet des classes passerelles, exige un suivi et une évaluation rigoureuse. Il est donc impérieux que cette activité de suivi et d'évaluation se poursuivent même après le projet. Cela demande des ressources additionnelles imprévues dans le financement. Il revient, donc, aux communautés, de s'organiser pour proposer des solutions appropriées à ce souci commun.

Cette démarche constitue une piste de résolution, mais elle présente également des limites. En effet, considérant la situation socio-économique défavorable des parents, un financement communautaire s'avère difficile. Les enquêtes nous

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ont, tout de même, permis de recueillir des suggestions des acteurs qui se résument en trois points à savoir : mettre à contribution les enseignants retraités, régionaliser le recrutement des enseignants afin de réduire leur prise en charge et demander une participation financière aux parents.

2. De l'accès, de la rétention et de l'équité en éducation

2.1. De la politique éducative de maintien des classes passerelles

Selon l'étude, la variable « politique éducative » représente 2% des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. La politique éducative qui prévaut dans la mise en oeuvre des classes passerelles est celle du maintien. Peu de place est faite à la déperdition scolaire (redoublement et à l'abandon). Cependant, sont promus seulement les élèves qui se présentent à l'évaluation finale. Les absents sont considérés comme des cas d'abandon. La mise en oeuvre de cette politique éducative de maintien implique des stratégies comme la participation des cantines scolaires, les cours de soutiens pédagogiques pour la mise à niveau des élèves et une prise en compte des habitudes socioculturelles des zones d'intervention.

Malgré ces efforts, certains apprenants abandonnent pour des raisons liées à leurs réalités socio-culturelles (déplacement de famille, charge familiale, mariage précoce, etc.). Pour faire face à cette déperdition, le dispositif a prévu de recruter à nouveau ces enfants pour une nouvelle classe passerelle. C'est ainsi que le profil des élèves des classes NRC présenté par l'évaluation de MAGALI (2015)308 montre que 11% des enfants inscrits ont déjà effectué une classe passerelle. Cependant, ceux-ci ne peuvent être récupérés que s'ils n'ont pas atteint la limite d'âge de fréquentation de l'école primaire estimée à 15 ans jusqu'en 2015 puis prolongée à 16 ans.

308 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op.cit., p. 30

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2.2. De la pertinence des conditions d'accès

La procédure d'accès aux classes passerelles est libre et gratuite. Les exigences classiques, qui constituent des obstacles à la scolarisation, telles que les frais d'inscription, les extraits de naissance ou les manuels sont inexistants. Les listes des élèves des classes passerelles nous permettent de constater qu'environ 45% des enfants n'ont pas d'extrait de naissance. Ce chiffre augmente davantage dans le milieu rural à environ 60%. Le processus d'identification et de sélection en ce qui concerne les enfants est fondé sur des critères d'effectif, d'âge et de niveau. Pour montrer la contribution importante des classes passerelles dans l'extension de l'accès, les promoteurs NRC affirment ceci :

durant ces trois dernières années, 15581 enfants dont 46% de fille ont eu une seconde chance de scolarisation à travers le programme éducatif accéléré de NRC. Après une année scolaire dans le programme éducatif accéléré, 6550 enfants ont été intégrés à l'école formelle en octobre 2013 et 2014. Ce programme s'avère donc pertinent en termes d'accès à l'éducation.309

Pour l'ensemble des classes passerelles NRC et EPT, cette démarche souple a facilité l'accès à l'école d'environ 20.000 enfants entre 2006 et 2014.

2.3. De l'influence du passé scolaire des élèves

Notre étude montre que la variable « passé scolaire » représente 6,30% des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. Ce passé scolaire s'exprime en terme d'enfants déscolarisés (ceux qui ont une interruption précoce de la scolarité) ou non scolarisés (ceux qui ne sont jamais allés à l'école). En effet, l'étude montre que la proportion d'enfants déscolarisés au sein des classes passerelles s'élève à environ 30%. Une déscolarisation liée, en partie, à la fermeture des écoles dans les zones de conflit ou à un déplacement des populations lors de la crise post-électorale de 2010-2011. L'influence de la variable « passé scolaire » se manifeste dans les classes passerelles, à travers la constitution des classes multigrades. Les déscolarisés et les non scolarisés se retrouvant dans la même salle, selon le promoteur EPT, « cela a pour effet d'améliorer les résultats

309 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op.cit.,, p. 47

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scolaires.» Sa stratégie de classe unique se fonde sur la conviction que « l'hétérogénéité de la classe permet d'effacer le complexe entre les élèves de différents niveaux »

Quant au promoteur NRC, il considère que le passé scolaire est plutôt un critère déterminant du niveau de l'élève lors du recrutement. Ainsi, les non scolarisés sont admis en CPU alors que les déscolarisés sont plutôt affectés en CEU et CMU. Pour ce promoteur, cette séparation selon le passé scolaire, milite en faveur d'une facilitation de l'apprentissage des élèves en générale et de la promotion des plus grands en particulier.

2.4. Du renforcement des cantines scolaires

L'étude révèle que 60% des classes passerelles ont bénéficié d'une cantine scolaire. Faisant l'état des lieux des cantines scolaires en Côte d'Ivoire, TOURE (2017) mentionne que :

c'est en 1989 que le gouvernement de Côte d'Ivoire s'est engagé, avec l'assistance du Programme Alimentaire Mondial (PAM), dans un programme de développement des cantines scolaires avec pour objectif, à terme : «une école, une cantine, un groupement.» Jusqu'en 1999, le PAM a assuré l'essentiel de l'approvisionnement du programme en denrées et équipements. Le gouvernement ivoirien s'est chargé du volet logistique et gestion. Mais le PAM décide un retrait progressif dès 1996. Conscient qu'un tel retrait, sans dispositif de substitution, ferait courir le risque de fermeture d'un grand nombre de cantines, avec pour conséquence, une baisse de la fréquentation scolaire, le gouvernement a adopté dès 1998, la politique dite de «Programme Intégré de Pérennisation des Cantines Scolaires» (PIP/CS). L'objectif de cette politique est d'inscrire, de manière durable, la pérennisation des cantines scolaires comme maillon essentiel du droit à l'éducation pour tous. En 2000, appuyé par le PAM et le PNUD, le gouvernement lance la phase pilote du projet PIP/CS.310

310 K. TOURE, 2017, « Lutte contre la déscolarisation dans l'enseignement primaire : les cantines scolaires en Côte d'Ivoire », European Scientific Journal, Vol. 13, N°35, p. 234, in URL : http://dx.doi.org/10.19044/esj.2017.v13n35p234, consulté le 17 juillet 2019.

288

Quand on admet que l'objectif des cantines scolaires est de maintenir les enfants à l'école et favoriser la réussite scolaire, leur contribution dans la motivation des apprenants demeure une réalité selon le témoignage des acteurs du terrain.

2.5. De la question des déperditions

Considérant les cas d'abandon à 3 % pour EPT, et les cas de discontinuité (migration scolaire, redoublement et abandon) chez NRC à 53% dans les effectifs des classes passerelles, il serait judicieux de prévoir des orientations en dehors des classes conventionnelles. Relativement à cette perspective, l'enseignement technique et l'enseignement professionnel semblent être des options appropriées. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d'associer au suivi des classes passerelles, les structures spécialisées de l'enseignement technique et professionnel. La meilleure formule serait de prévoir l'orientation des élèves les plus âgés des classes passerelles dans l'enseignement technique et professionnel pour apprendre un métier, comme le suggère l'étude de KOFFI (2009). Cela aurait pour effet de diminuer les déperditions et de créer plus de motivation cher les acteurs. On pourrait aussi introduire dans les curricula des classes passerelles, un programme d'apprentissage de métier au choix.

2.6. De la nécessité de la synergie en évaluation

Face aux difficultés liées à l'intégration des élèves des classes passerelles dans les écoles conventionnelles, il conviendrait d'établir une passerelle entre les deux types d'école afin de faciliter ladite phase d'intégration. Cette synergie d'action peut être réalisée à travers les évaluations inclusives. Concrètement, il s'agira de permettre la participation des élèves des classes passerelles aux évaluations finales des écoles conventionnelles. Les niveaux susvisés sont le CP2, le CE2 et le CM2. Cela aura pour effet d'instaurer un climat de confiance entre les différents acteurs d'autant plus qu'à l'origine des difficultés d'intégration, il y a le manque de crédit des directeurs d'école envers les élèves en provenance des classes passerelles. Dans une telle situation, le test d'intégration sera réalisé de

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préférence, au sein de l'école conventionnelle et celui réalisé au sein des classes passerelle sera considéré comme une évaluation formative.

3. De la qualité de l'éducation

Sous cet axe sont faites des recommandations sur les aspects affectant le bon fonctionnement de la situation d'enseignement-apprentissage. Il s'agit de celles relatives aux composantes du curriculum et à la salle de classe.

3.1. De l'encadrement pédagogique

Assuré par des animateurs ayant le niveau du Brevet d'étude du premier cycle (BEPC), l'enseignement dispensé aux élèves des classes passerelles est certes, d'un bon niveau. Les résultats des évaluations et les rapports de supervision l'attestent. Cependant, le manque d'enseignant suppléant fragilise la bonne marche du processus d'apprentissage. Il convient donc de prévoir dans un tel projet deux enseignants par poste en vue de prévenir l'interruption intempestive des cours pour absence de l'animateur.

Les animateurs eux-mêmes ayant été affectés par l'indisponibilité des motos prévues pour la supervision, il serait salutaire de lancer la phase de supervision seulement, après que les moyens de locomotion soient disponibles. Il est aussi possible de concentrer les sites passerelles sur une zone de 5 km à la ronde pour faciliter la tâche du superviseur en termes de déplacement. Cette dernière proposition demande l'augmentation du nombre de superviseurs et par ricochet, une mobilisation de ressources additionnelles.

Un autre aspect digne d'intérêt, est le temps de formation des animateurs. La période de formation initiale qui dure dix à quinze jours mérite d'être revue à la hausse. Si la mise en oeuvre du projet prend en compte la phase avant-projet, il serait souhaitable de prévoir une période de formation de deux à trois mois pour permettre aux futurs animateurs d'intégrer les notions apprises. Les écoles conventionnelles pourraient contribuer à la formation des animateurs à travers un

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programme de volontariat qui leur permet d'intervenir comme des stagiaires dans ces écoles. La formation continue pourrait venir en appoint ; pour ce faire, on pourrait initier des stages de perfectionnement ou des séminaires de renforcement de capacité à travers un plan de formation qui intègre la formation initiale, les rencontres bimensuelles existantes et d'autres formations au plan national et international.

3.2. Des techniques d'encadrement

Les techniques d'encadrement des élèves utilisées par les animateurs méritent d'être capitalisées et renforcées davantage dans les projets futurs. Il s'agit notamment des cours de mise à niveau ou « soutien pédagogique » pour les élèves accusant un retard, les jeux pédagogiques, « le tutorat 311» et l'utilisation de « la langue maternelle ». Pour cette dernière, une étude approfondie mérite d'être faite sur les langues concernées afin d'élaborer un syllabaire propre à l'enseignement primaire et réduire ainsi ? Les risques de déviation des animateurs.

L'étude montre que la variable « méthode d'enseignement » représente 11,41% des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. Les techniques et les approches mises à profit sont la formation par compétence, l'usage de la langue maternelle, les cours préparatoires uniques, le réaménagement du temps scolaire et l'encadrement de proximité.

L'approche pédagogique appliquée dans les classes passerelles est la l'approche par compétence (APC), conformément à la norme en vigueur dans l'éducation nationale en Côte d'Ivoire. Selon le MENET/DPFC (2014),

l'approche par compétence ou APC est une conception des pratiques

d'enseignement/apprentissage/évaluation fondée sur le développement de

311 Le tutorat ou l'enseignement par les pairs consiste à choisir des élèves qui pourraient aider d'autres qui éprouvent des difficultés à comprendre ou à réaliser une tâche donnée. Il est utilisé comme complément à l'enseignement régulier et non comme substitut. Il permet aux apprenants de recevoir une aide individuelle et particulière pour plus de possibilité d'atteindre les objectifs visés. Selon C. PAMPHILE, 2005, « le tutorat est une fonction d'enseignement plus personnalisée, c'est-à-dire en face-à-face ou en petits groupes. » pp. 5-6. Pour D. GUICHARD, 2009, le tutorat « présente une alternative pédagogique dans le souci d'apporter des remédiations plus personnalisées en direction de certains élèves. » pp. 19-35

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connaissances, d'aptitudes et d'attitudes opérationnelles en situation. Cette mise en relation de plusieurs ressources pour trouver des solutions ou réus-

sir en situation est appelée intégration, d'où l'expression consacrée de pédagogie de l'intégration.312

Pour BAH et al (2008), l'approche par compétence est « une approche pédagogique qui vise à développer chez l'apprenant, des savoirs-agir appelés com-pétences.313» Elle est centrée sur l'apprenant et privilégie la réussite du plus grand nombre d'élèves. L'usage de cette approche met ainsi, les classes passerelles en phase avec les classes conventionnelles sensées recevoir leurs élèves.

3.3. De la pertinence de l'hétérogénéité de l'âge des apprenants en

classe unique

L'étude révèle que l'âge des élèves des classes passerelles varie entre 7 et 14 ans. Tous ces enfants issus de différents stades de développement psychologique partagent la même classe et reçoivent les mêmes enseignements. De l'avis des promoteurs de l'ONG EPT, une telle pratique favoriserait la réussite des élèves les plus jeunes dans la mesure où ils sont décomplexés face aux plus âgés, en l'absence de toute discrimination dans la situation d'apprentissage. Si le promoteur EPT a réussi à gérer ces différences d'âge en une classe unique, le promoteur NRC les a plutôt constituées en trois niveau (CPU, CEU et CMU). Notre étude montre que la classe multi-âge des classes passerelles répond plus à un besoin d'infrastructure qu'à une exigence pédagogique dans la mesure où les communautés ne disposent pas de ressources suffisantes pour construire des classes.

Les élèves ont obtenus des moyennes de notes selon leur tranche d'âge comme suit : 7-8 ans : 6,17/10 ; 9-11 : 6,89/10 ; 12-14 ans : 6,94/10. Une analyse comparative, au moyen du test de variance, de ses moyennes selon l'âge n'a pas permis d'établir une différence significative entre les plus jeunes apprenants et les plus âgés.

312 MENET/DPFC, 2014, Manuel de référence relatif à la mise en oeuvre des pratiques de vie saine (life skills) par les programmes scolaires en Côte d'Ivoire. Abidjan, DPFC, p. 24

313 T. BAH et al, 2008, Le Manuel du formateur des classes passerelles, Bouaké, EPT, p. 2

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3.4. De la pertinence du programme accéléré

Notre étude montre que la variable programme scolaire représente 9,93% des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. Deux types de programme scolaire sont proposés par les promoteurs des classes passerelles :

- le model NRC qui s'appuie intégralement sur les contenus des manuels utilisés dans le système scolaire conventionnel ;

- le modèle EPT qui combine un enseignement en langue maternel avec le programme national.

Selon les promoteurs des classe passerelles EPT et NRC : « les équipes pédagogiques ont la charge de sélectionner les chapitres indispensables à chaque cycle du primaire en évitant les répétitions de thèmes étudiés. Le temps scolaire optimisé permet de couvrir complètement le programme. »

3.5. De la pertinence de la langue maternelle

L'analyse des performances en « langue 1 » (langue maternelle) et en «langue 2 » (français) a permis de mettre en évidence que dans l'ensemble, 40% des élèves des classes passerelles ont les mêmes performances en L1 en L2. Cela montre le degré de corrélation entre L1 et L2. La prise en compte de facteurs additionnels (le milieu, le sexe et l'âge) permet de nuancer ces résultats. C'est ainsi que le facteur « milieu » influence la corrélation entre L1 et L2 pour 40% des apprenants. Ensuite, le facteur « sexe » montre une accommodation plus grande des garçons aux programmes en L1 et L2 par rapport aux filles avec un écart de 19 points. Enfin, le facteur « âge » montre l'existence d'une forte influence de L1 sur L2 pour 70% des élèves de 12 à 13 ans uniquement.

3.6. De la contribution de la motivation des élèves

Selon notre étude, la variable motivation des élèves représente 10,38% des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. 75% des répondants à notre échelle d'attitude admettent que les élèves des classes passerelles sont motivés. Cette motivation se manifeste par leur présence et leur assiduité en

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classe. Pour la majorité (78% des acteurs), elle s'explique aussi par la volonté des parents d'envoyer les enfants à l'école.

3.7. De l'optimisation du temps scolaire

Avec un volume horaire hebdomadaire de 36 heures, les cours sont dispensés de manière accélérée 4 jours et demi sur sept (lundi, mardi, jeudi, vendredi et samedi matin) et les congés sont raccourcis et aménagés selon les réalités de chaque zone. En conséquence, chaque village a sa période de congé excepté pour les vacances de fin d'année. En dépit de ces différences, le volume horaire annuel est pareil pour tous.

En ce qui concerne le volume horaire journalier, les classes sont ouvertes de 8 heures à 12 heures, puis de 14 heures 30 à 17 heures 30 minutes. Toutefois, ces horaires sont adaptés aux réalités de chaque localité. C'est ainsi que dans le village de Mamoya (Odienné), les enfants rentraient en classe à 9 heures pour ressortir à 13 heures. Cela était dû au fait que les enfants de ce village devaient faire paître le bétail tôt le matin avant d'aller à l'école. Mais, par le biais de la sensibilisation, les parents se sont accommodés aux horaires normaux des classes quelques semaines plus tard.

Le fait que la matinée du samedi soit utilisée, en plus des 4 jours conventionnels ouvrables, permet un gain de 4 heures/semaine. En outre, l'utilisation du temps des congés optimise davantage le temps scolaire, mais il est pratiquement impossible d'en estimer le gain puisque son utilisation diffère selon les sites. Le volume horaire journalier qui est estimé à six heures et demie correspond au volume horaire conventionnel dans l'école formelle.

En somme, le réaménagement vise à répondre aux besoins spécifiques des bénéficiaires et à optimiser l'utilisation effective du temps scolaire, une condition essentielle pour un programme accéléré.

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3.8. De l'adéquation du profil du personnel

Le niveau de qualification des hommes et des femmes qui ont exécuté le projet des classes passerelles reste théoriquement bon. Ce sont des professionnels de l'éducation qui sont chargés de l'encadrement pédagogique. En effet, l'étude montre que la variable « qualification des enseignants » représente 8,09% des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. La question de l'influence de la formation pédagogique sur la performance scolaire fait appel aux théories sur le rôle ou la compétence de l'enseignant en classe. Toute la problématique se résume à la question de savoir si les enseignants ont intégré, dans leur savoir-faire, les connaissances et pratiques nécessaires à la bonne conduite d'une situation d'enseignement/apprentissage.

3.9. De la réforme des curricula

Les classes passerelles ont pour mission l'intégration des enfants dans le système scolaire conventionnel. Cette mission leur impose de prendre en compte les programmes et pratiques pédagogiques conventionnelles. Il y a la nécessité d'une mise à jour des curricula pour être en phase avec les écoles conventionnelles qui reçoivent les élèves par la suite. Cette action requiert chez les acteurs, des séquences de rencontre permanentes afin de créer une synergie entre acteurs des classes passerelles et ceux des écoles conventionnelles. Cette initiative devrait être pilotée par le MENET à travers la Direction de la Pédagogie et de la Formation continue. Cela aura pour effet d'éviter les difficultés liées à l'intégration des élèves de la passerelle et à la reconnaissance de leurs programmes.

4. Du contexte et des conditions d'exercice

Depuis le Forum mondial sur l'éducation pour tous, organisé à Dakar en Avril 2000, l'éducation d'urgence est devenue un sujet d'attention particulière car une recommandation a été faite aux pays pour répondre aux besoins des systèmes éducatifs subissant le contrecoup des conflits, des catastrophes naturelles ou des situations d'instabilité.

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Ainsi ce qui était, depuis les années quatre-vingt-dix, un simple programme d'action humanitaire pour répondre aux besoins spécifiques des populations en situation de crise, va être formalisé en 2003 par l'INEE à travers l'élaboration de normes d'intervention qui prennent en compte :

- les conditions d'intervention des équipes humanitaires dans les situations d'éducation d'urgence ;

- les conditions d'accès à l'éducation en situation d'urgence ;

- l'environnement d'apprentissage ;

- la qualification des personnels enseignants ;

- la politique éducative.

Les promoteurs des classes passerelles ont admis connaître l'existence de ces normes. Toutefois, le respect de celles-ci n'est pas un acquis. Nos stratégies de renforcement prennent en compte les exigences de ces normes dans la mise en oeuvre du dispositif des classes passerelles.

4.1. Des conditions d'intervention

Dans le cas des classes passerelles, l'intervention se passe dans la troisième phase qualifiée par l'INEE de « phase de retour, de réintégration et de réhabilitation.» Selon l'INEE (2006), cette phase doit « exploiter les opportunités positives qui se présentent au lendemain d'une situation d'urgence. 314 » Ces opportunités impliquent, entre autres, le développement de stratégies et de pratiques plus équitables en matière de genre ainsi que la révision de programmes d'étude et de méthodes pédagogiques. C'est une intervention qui tient compte des besoins spécifiques des populations et des apprenants victimes d'une situation de crise.

A l'évidence, le projet des classes passerelles répond à un besoin spécifique de scolarisation puisqu'elle part du constat que les enfants n'ont pas accès à l'école dans les zones concernées. Une mission de prospection est même réalisée à cet effet. Toutefois, l'aspect nutritionnel des apprenants n'est pas toujours pris en

314 INEE, 2006, op. cit, pp.7-8

296

compte dans ce type de projet alors qu'en situation d'urgence, comme le constate l'INEE (2006): « l'accent est mis sur les partenaires susceptibles de faciliter l'accès aux opportunités offertes en matière d'apprentissage et le rapprochement avec des secteurs tels que la santé, l'eau et l'assainissement, l'aide alimentaire et l'hébergement (...)315 » Si l'on tient compte du rôle important que joue la cantine scolaire dans le maintien et la fréquentation scolaire des enfants, il est impératif d'intégrer ce volet au projet classes passerelles surtout que ces classes constituent le noyau de la future école communautaire.

4.2. Des conditions d'accès à l'éducation en situation d'urgence

L'accès à l'éducation, bien que vital en tant que droit humain, reste limité en situation d'urgence. Le cas des classes passerelles en est une belle illustration. En effet, la moyenne d'effectif de 30 élèves par classe qui a été fixée obéit plus à des contraintes budgétaires qu'à un souci de qualité. Cela est dû au fait que les moyens sont définis avant d'avoir fait un inventaire des besoins réels. Ce fait nous ramène encore une fois aux conditions d'intervention qui doivent se faire sur la base d'un diagnostic clair de la situation réelle. L'idéal serait de partir d'une estimation des besoins réels pour définir les moyens ; dans une telle approche, l'apport étatique est indispensable aux côtés des ONG.

4.3. De l'environnement d'apprentissage

Cet environnement garantit, avant tout, la sécurité des apprenants, des personnels du projet et des populations. Un accent particulier est mis sur le cas des groupes vulnérables parmi lesquels on peut citer les jeunes filles. En effet, en implantant les classes passerelles sur la base de critères intégrant l'aspect distance, cette démarche permet de résoudre la question sécuritaire notamment pour les jeunes filles. Mais la distance moyenne de l'école la plus proche qui est estimée à 22 km montre la nécessité d'expansion du projet dans les mêmes zones d'intervention. Les futurs projets devront, en principe, prendre cette orientation.

315 INEE, 2006, op. cit, pp.7-8

297

4.4. De la qualification des enseignants

La question de la qualification du personnel en situation d'urgence suscite

les axes de réflexions suivantes :

- sur quels points axer le contenu de l'enseignement ?

- quel type de service éducatif offrir (formel/non formel) ?

- quels curricula choisir ?

- et quelles priorités d'apprentissage fixer ?

A ces questions les « urgentistes » de l'INEE (2006) répondent que : « l'accent est mis sur les éléments susceptibles de contribuer à un enseignement et un apprentissage efficaces. 316 » Pour atteindre ce niveau d'efficacité, les curricula devront porter sur des éléments en accord avec les besoins des apprenants. Si les curricula des classes passerelles répondent effectivement à un besoin de scolarisation en urgence, la formation accélérée des animateurs en 10 ou15 jours ne permet pas de consolider les aptitudes pédagogiques. Il serait donc opportun de mettre l'accent sur la durée de la formation des animateurs. Un autre aspect à prendre en compte est le nombre d'enseignants qui doit être proportionnel à la demande éducative. Dans le cas des classes passerelles, les animateurs n'ont pas de suppléants et sont plutôt aidés par les superviseurs en cas d'empêchement. En principe, le projet devrait intégrer la question d'animateurs suppléants pour éviter l'arrêt intempestif des cours.

4.5. De la politique éducative

Dans le cadre d'une intervention d'urgence, les autorités éducatives et les parties prenantes élaborent et mettent en oeuvre un plan d'éducation en phase avec des politiques éducatives nationales et internationales, assurent le respect du droit à l'éducation et répondent aux besoins d'apprentissage des populations sinistrées. L'objectif d'une telle politique est, selon l'INEE (2006) : « d'améliorer la qualité

316 INEE, 2006, op cit., pp. 7-8

298

de l'éducation, de faciliter l'accès à l'école et de matérialiser la transition entre l'intervention d'urgence et le développement. 317 »

Même en situation d'urgence, la qualité de l'enseignement semble être un objectif primordial. Ce qui au départ, constitue une action de sauvetage de l'école pour permettre aux enfants sinistrés d'avoir accès à l'éducation, intègre progressivement la question de la qualité. Cela est fait à juste titre si l'on admet que la qualité, dans la relation entreprise-client est la satisfaction des besoins du client. Cette notion fait ici référence à l'adéquation entre les curricula et les besoins spécifiques des apprenants sinistrés. Quant à la notion de développement évoquée par l'INEE, il s'agit du progrès ou de l'impact sociétal de l'éducation d'urgence. De ce point de vue, peut-on dire que les classes passerelles intègrent les notions de qualités et développement ?

Pour donner une réponse adéquate à cette question, il y a lieu de mettre en relation, les curricula et les réalités socioculturelles de chaque zone d'intervention. Même si les promoteurs affirment avoir pris en compte cet aspect, nos enquêtes n'ont pas permis de le vérifier. Toutefois, l'intégration du programme scolaire officiel et le critère genre laissent croire à une convergence au niveau national et international. C'est un impératif pour la transformation des classes passerelles en école communautaire standard.

4.6. De la construction des salles de classe

Les abris couverts de pailles chez l'ONG EPT ont suffisamment montré leurs limites face aux intempéries. Il serait louable de construire des abris en brique couverts de tôles pour permettre le déroulement normal des cours en période pluvieuse.

Quant au promoteur NRC, il ne fait pas de l'investissement dans le bâtiment une priorité en ce sens que, dans certaines situations, il obtient une salle de l'école hôte. Toutefois, cette méthode s'est avérée néfaste pour les écoles hôtes qui ont

317 INEE, 2006, op cit., pp. 7-8

299

vu leurs charges augmentées en termes d'élèves à accueillir. Les infrastructures s'en trouvent affectées également. Le promoteur NRC devrait inscrire dans ces priorités, la construction de salles de classes. Cette initiative aurait pour avantage d'accroître la capacité d'accueil des écoles hôtes.

4.7. De la nécessité d'équiper les écoles hôtes

Face à l'insuffisance d'équipements des écoles hôtes des classes passerelles consécutive à l'accroissement des effectifs des élèves, le promoteur NRC doit inscrire au nombre des mesures d'accompagnement du programme, un plan d'équipements. Cela pourrait se faire à travers des investissements directs en bâtiments et équipements ou des investissements indirects sous forme de legs des équipements issus des projets passerelles. Cette deuxième option, qui est déjà mise en oeuvre, présente des limites, en ce sens que l'investissement en bâtiments et équipements ne constitue pas une priorité pour le programme éducation accélérée. La solution durable serait de formaliser un seuil d'investissement proportionnel au nombre d'élèves engagés dans le programme et aux besoins exprimés par les écoles hôtes.

4.8. Du processus enseignement/apprentissage

L'enseignement en situation d'urgence ou de crise présente des spécificités, en ce sens que les acteurs eux-mêmes sont dans une situation inhabituelle. Ces spécificités exigent des réajustements au niveau des objectifs d'apprentissage, des programmes d'enseignement, des contenus, des matériels didactiques, des langues d'enseignement, des méthodes d'enseignement, l'évaluation des acquis et de la qualification des enseignants.

300

4.8.1. Des objectifs d'apprentissage

Dans un contexte d'urgence, l'objectif d'apprentissage est de « fournir une éducation de bonne qualité, pertinente et appropriée 318». Pour l'INEE les objectifs d'apprentissage sont « les connaissances, les compétences, les valeurs et les attitudes qui seront développées par le biais des activités éducatives. 319» Sur la base de ces objectifs d'apprentissage, les connaissances, les aptitudes et les compétences sont identifiées. Ces aspects sont renforcés par les activités éducatives pour promouvoir le développement cognitif, social, émotionnel et physique des apprenants.

4.8.2. Des programmes scolaires

Selon l'INEE (2004), dans une situation d'urgence, « un programme scolaire est un plan d'action destiné à aider les apprenants à améliorer leurs connaissances et leurs compétences. Il s'applique à la fois aux programmes d'éducation formelle et à l'éducation non formelle et doit être pertinent et adaptable à tous les apprenants. 320» Il comprend des objectifs et des contenus d'apprentissage, des évaluations, des méthodes pédagogiques et des matériels didactiques.

Les programmes scolaires doivent être appropriés à l'âge et compatibles avec le niveau de développement des apprenants, comme leur développement sensoriel, mental, psychosocial et physique. L'âge et le niveau de développement peuvent varier énormément dans les programmes formels et non formels d'éducation en situation d'urgence jusqu'à la phase de relèvement. Il faut donc adapter les programmes scolaires et les méthodes. Les enseignants doivent être aidés à adapter leurs enseignements aux besoins et aux niveaux des apprenants avec lesquels ils travaillent

318 L. HENINGER, 2013, « New York : un réseau pour l'éducation dans les situations d'urgence » in https://fr.euronews.com/2013/02/01/l-education-en-situation-d-urgence, consulté le 10 juin 2014.

319 INEE, 2004, op. cit., p. 60

320 ibidem

301

La revue et l'élaboration de programmes scolaires est un processus complexe et long qui doit être conduit et sécurisé par des autorités compétentes chargées de l'éducation. Si l'on rétablit des programmes d'éducation formelle durant ou après les situations d'urgence, on devra utiliser des programmes scolaires nationaux reconnus pour l'enseignement primaire et secondaire. Dans des situations où il n'existe pas de programme scolaire, il faudra rapidement élaborer ou adapter des programmes scolaires. Cette adaptation pourrait se faire à partir des programmes scolaires adaptés d'autres situations d'urgence similaires. Cela exige une bonne coordination des programme avec en soutien, la prise en compte des compétences linguistiques des apprenants et la reconnaissance des résultats d'examen. Ces aspects pratiques doivent bénéficier d'un appui institutionnel, à savoir les lois internationales qui servent d'orientation aux décisions. Dans les situations d'urgence, jusqu'à la phase de relèvement, des programmes d'éducation formelle et non formelle doivent être enrichis de connaissances et de compétences spécifiques au contexte d'urgence. Selon l'INEE pour plus d'inclusion, on adressera des programmes scolaires spéciaux à certains groupes, comme :

- les enfants et les jeunes travailleurs subvenant à leurs propres besoins ; - ceux qui ont été associés aux forces armées et aux groupes armés ;

- les apprenants trop âgés pour leur classe ou qui retournent à l'école après de longues périodes d'interruption de scolarité ;

- les apprenants adultes.

La conception des programmes et celle des contenus de la formation formelle sont du ressort des autorités chargées de l'éducation. Leur application en classe relève des animateurs ou des enseignants volontaires. Ceux-ci bénéficient de l'accompagnement de la communauté locale qui est un maillon essentiel du projet école.

302

4.8.3. Des matériels didactiques et des matériels d'apprentissage

Le matériel didactique comprend les livres, les cartes, le matériel d'étude supplémentaire, les guides de l'enseignant, etc. Les enseignants doivent recevoir une formation afin d'identifier les supports pédagogiques adéquats au programme scolaire. Ils doivent apprendre à créer des supports pédagogiques efficaces et appropriés en utilisant des matériels locaux disponibles.

L'élaboration des programmes scolaires, la conception des manuels scolaires et la revue périodique des programmes d'éducation doivent être dirigées par les autorités compétentes de l'éducation. Les apprenants, les enseignants, les syndicats d'enseignants et les communautés affectées doivent être des acteurs engagés dans ce processus. Ainsi, « des commissions de revue de manuels scolaires, comprenant des représentants des différents groupes ethniques et d'autres groupes vulnérables, peuvent aider à éviter de perpétuer les préjugés. 321 » L'implication de tous permet également de développer la cohésion entre les communautés. Celles-ci doivent faire attention à ne pas créer de tensions lors du processus d'élimination des messages qui créent la discorde dans les manuels scolaires.

4.8.4. Des contenus de l'apprentissage

Le contenu de l'apprentissage fait référence aux matières d'enseignement, comme la lecture, le calcul et les compétences de la vie courante. « Les compétences fondamentales doivent être identifiées avant de commencer à élaborer ou à adapter le contenu de l'apprentissage et les matériels de formation des ensei-gnants.322 » Les compétences fondamentales de l'éducation de base sont :

- l'alphabétisation fonctionnelle et le calcul ;

- et les connaissances et compétences de la vie courante.

Il faut également aux apprenants, des attitudes et les pratiques essentielles pour vivre dans la dignité et participer activement à la vie de leurs communautés. Les compétences fondamentales doivent être renforcées par une application pratique.

321 INEE, 2004, op. cit., p. 62

322 ibidem

303

Il doit y avoir des interventions de développement de la petite enfance pour les enfants très jeunes. Les bonnes pratiques acquises lors de l'enfance sont la base de l'acquisition et de la maîtrise des compétences fondamentales. « Le contenu et les concepts clés de l'apprentissage des compétences de la vie courante doivent être appropriés à l'âge, aux différents styles d'apprentissage et à l'environnement des apprenants.323 »

Les contenus et les concepts doivent être spécifiques au contexte et peuvent permettre :

- la promotion de l'hygiène et de la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive, le VIH/Sida ;

- la protection de l'enfant et appui psychosocial ;

- l'éducation aux droits de l'homme, à la citoyenneté, à l'édification de la paix et au droit humanitaire ;

- la réduction des risques de catastrophes et compétences de survie, comme des cours sur les mines et les munitions non explosées ;

- la culture, la récréation, le sport et les arts, comme la musique, la danse, le théâtre et les arts plastiques ;

- les compétences de subsistance, et la formation professionnelle et technique;

- les connaissances de l'environnement local et indigène ;

- les compétences de protection en lien avec les risques et menaces particuliers auxquels sont confrontés les filles et les garçons.

En outre, soulignant le rôle transversal des contenus du contenu de l'apprentissage, l'INEE estime que :

le contenu de l'apprentissage est la base des moyens d'existence des apprenants. (...). Dans les communautés affectées par un conflit, les contenus et les méthodologies pour la résolution des conflits et l'éducation à la paix peuvent améliorer la compréhension entre les groupes. Ils peuvent donner des compétences en communication qui faciliteront la réconciliation et l'édification de la paix. Il faut être prudent lors de la mise en oeuvre

323 INEE, 2004, op. cit., p. 60

304

d'initiatives d'éducation à la paix et s'assurer que les communautés sont prêtes à aborder des questions conflictuelles ou douloureuses. 324

L'importance du contenu de l'apprentissage exige qu'il soit élaboré en tenant compte des acteurs et du contexte avec une réelle implication à chaque niveau.

4.8.5. Des besoins psychosociaux

Les apprenants et les personnels de l'éducation en situation d'urgence ont droit à des enseignements et des formations qui garantissent leurs droits. Ce processus a lieu jusqu'à la phase de relèvement. Ainsi, à travers ce processus :

le personnel de l'éducation est invité à être formé pour pouvoir reconnaître les signes de détresse chez les apprenants. Il doit être capable de prendre des mesures pour répondre à la détresse, comme des mécanismes d'orientation vers des services spécialisés pour que les apprenants puissent recevoir plus d'appui. Il doit y avoir des directives claires pour les enseignants, le personnel administratif de l'éducation et les membres de la communauté sur la manière de fournir un appui psychosocial aux enfants en classe et à l'extérieur. (...). Les enseignants et autres personnels de l'éducation, souvent recrutés à l'intérieur de la population affectée, peuvent être confrontés à la même détresse que les apprenants. Il faudra y répondre par l'intermédiaire de formation, de surveillance et de soutien. Il ne faut pas attendre des enseignants qu'ils prennent des responsabilités qui seraient néfastes pour leur propre état psychosocial ou pour celui des apprenants.325

En ce qui concerne les apprenants qui ont souffert de détresse, dans l'esprit de la prise en charge psycho-sociale, ils ont besoin d'un « enseignement qui ait une structure prévisible, de méthodes de discipline positives et de périodes d'apprentissage plus courtes pour développer leur attention. Tous les apprenants peuvent être impliqués dans des activités coopératives de récréation et d'apprentissage. 326»

4.8.6. Des méthodes d'enseignement

Les méthodes d'apprentissage sont « l'approche choisie et utilisée pour la présentation du contenu de l'apprentissage afin d'encourager chez tous les appre-

324 INEE, 2004, op. cit., p. 62

325 idem, p. 61

326 ibidem

305

nants l'acquisition de connaissances et de compétences. En association avec les contenus, les méthodes d'enseignement développent la confiance en soi des apprenants et leur espoir pour l'avenir. (...).327 » Dans une situation d'urgence éducative, les méthodes doivent être appropriées au programme scolaire et apporter les compétences fondamentales de l'éducation de base, comme l'alphabétisation, le calcul et les compétences de la vie courante correspondant au contexte d'urgence.

La pédagogie et la méthode d'enseignement doivent être enseignées au personnel comme des disciplines. Cela permet une gestion positive de classe, facilite l'effectivité des approches participatives et une éducation inclusive. En outre, L'engagement actif des apprenants est important à tous les niveaux de développement et à tous les âges. INEE précise que :

l'enseignement doit être interactif et participatif et garantir que tous les apprenants sont impliqués dans le cours. Il fait usage de méthodes d'enseignement et d'apprentissage adaptées au niveau de développement. Il peut s'agir de travail en groupes, de projets, d'éducation par les pairs, de jeux de rôles, de raconter des histoires ou de décrire des évènements, de jeux vidéo ou d'histoires. Ces méthodes devront être incorporées dans la formation des enseignants, les manuels scolaires et les programmes de formation. Les programmes scolaires existants devront peut-être être adaptés à un apprentissage actif. Cependant, l'introduction de ces méthodes d'enseignement

plus participatives et adaptées aux apprenants devra se faire avec tact et dé-licatesse.328

Vu que la mise en oeuvre de nouvelles méthodologies peut être stressante même pour certains enseignants et la majorité des apprenants, les changements doivent être introduits avec l'accord, la coordination et l'appui des autorités chargées de l'éducation et avec délicatesse. La communauté et l'école auront besoin d'un temps d'adaptation pour comprendre et accepter ces changements. Les acteurs doivent s'assurer que les préoccupations des communautés sont prises en compte.

327 INEE, 2004, op. cit., p. 61

328 ibidem

306

4.8.7. De la langue d'enseignement

La langue d'enseignement peut être une question qui divise dans les pays ou les communautés sont multilingues. Pour limiter la marginalisation :

il faudra impliquer la communauté, les autorités chargées de l'éducation et d'autres parties prenantes concernées pour prendre les décisions sur la ou les langue(s) d'enseignement de manière consensuelle. Les enseignants doivent pouvoir enseigner dans la ou les langue(s) comprise(s) par les apprenants et communiquer avec les parents et la communauté dans son ensemble. On enseignera aux enfants sourds ou aveugles en utilisant les langages et méthodes les plus appropriées pour permettre leur inclusion totale. Les cours et activités supplémentaires, en particulier l'apprentissage de la

petite enfance, doivent être disponibles dans la ou les langue(s) des appre-nants.329

Il est important de connaître les droits des apprenants déplacés. Cela implique la prise en compte des perspectives d'insertion dans la communauté hôte ou la localité d'accueil. La langue qui est un outil de communication est centrale dans ce processus d'insertion sociale et professionnelle. Elle leur offre des opportunités de se refaire une vie normale après l'urgence. Dans cette optique, lorsque le déplacement est prolongé, les apprenants doivent apprendre la langue de la communauté hôte. Cela leur permet de continuer à avoir accès à l'éducation et à des possibilités d'apprentissage sur place.

4.8.8. De la diversité des apprenants

La diversité est matérialisée par les apprenants venant d'horizons culturels différents et avec des spécificités qui vont jusqu'au handicap. Elle s'exprime aussi par la multiplicité d'acteurs dans l'encadrement. Elle doit être prise en compte dans la conception et la mise en oeuvre d'activités éducatives à toutes les étapes d'une situation d'urgence jusqu'à la phase de relèvement. Cela signifie l'inclusion d'apprenants, d'enseignants et d'autres personnels de l'éducation d'origine différentes et de groupes vulnérables. Cela induit aussi la promotion de la tolérance et du respect. Les aspects particuliers de la diversité sont par exemple :

- le genre ;

- le handicap mental ou physique ;

329 INEE, 2004, op. cit., p. 62

307

- les capacités d'apprentissage ;

- les apprenants venant de différentes tranches de revenu ;

- les classes comprenant des enfants d'âge différent ;

- la culture et la nationalité ;

- et l'origine ethnique et la religion.

La prise en compte des paramètres cités ci-haut exige des acteurs engagés que les programmes scolaires, les matériels et les méthodes d'enseignement contribuent à éliminer les préjugés et renforcer l'équité. De même :

il faut appuyer l'éducation aux droits humains dans l'éducation formelle et non formelle pour promouvoir la diversité de manière appropriée à l'âge et à la culture. Le contenu des cours peut être en lien avec les droits de l'homme et le droit humanitaire international et avec les compétences de la vie courante. Les enseignants pourraient avoir besoin d'aide pour modifier les matériels didactiques et les méthodes d'enseignement existantes si les manuels scolaires et d'autres matériels doivent être révisés (...). Les matériels d'apprentissage disponibles localement pour les apprenants devront être évalués au début d'une situation d'urgence. Ils devront comprendre des formats utilisables par des apprenants handicapés. Les autorités responsables de l'éducation devront être appuyées pour pouvoir surveiller le stockage, la distribution et l'utilisation des matériels.330

La diversité va de pair avec la culture de la tolérance et de l'acceptation de l'autre qui est différent de soi. Dans la situation d'urgence elle aide à assoir les bases d'une collaboration et d'un vivre ensemble nécessaire à la cohésion de la communauté locale à court terme ou celles de la cohésion sociale à long terme.

4.8.9. De l'aptitude des enseignants et personnels de l'éducation

L'enseignant est un « instructeur, un facilitateur ou un animateur dans un programme d'éducation d'urgence. Les enseignants peuvent avoir des expériences ou des formations différentes. Ils peuvent être des apprenants plus âgés ou des membres de la communauté (...).331 » Les programmes scolaires et les contenus doivent correspondre aux besoins des personnels de l'éducation et à ceux des apprenants. Ce processus est cependant, limité par les contraintes temporaires et

330 INEE, 2004, op. cit., p. 62

331 idem, pp. 63-67

308

budgétaires. Pour atteindre ses objectifs les enseignants et les personnels de l'éducation obéissent à un code de conduite qui est axé sur :

- la condamnation de la violence liée au genre contre les apprenants ;

- des mécanismes appropriés pour les signalements et l'orientation vers des services spécialisés ;

- les principes de réduction des risques de catastrophes et de prévention des conflits ;

- le développement psychosocial et l'appui psychosocial, abordant les besoins des apprenants comme ceux des enseignants et l'existence de services locaux et de systèmes d'orientation vers des services spécialisés ;

- et les principes et perspectives des droits de l'homme et le droit humanitaire afin de comprendre leur signification et leur objectif et comment ils sont connectés, directement et indirectement, aux besoins des apprenants et aux responsabilités des apprenants, des enseignants, des communautés et des autorités chargées de l'éducation.

Dans les actions de formation, l'INEE suggère que soient abordées :

les questions de diversité et de discrimination. Cela inclut des stratégies d'enseignement sensibles à la question de genre qui consiste à encourager les enseignants des deux sexes à comprendre l'équité des genres et à s'engager pour cette cause en classe. La formation des personnels féminins de l'éducation et des femmes de la communauté peut renforcer les changements positifs dans la classe et dans la communauté dans son ensemble. (...). Les plans de formation doivent comprendre une formation continue, puis en cas de nécessité, la revitalisation des institutions de formation des enseignants et des programmes d'éducation.332

Dans le cadre de cette revitalisation des institutions de formation pour les enseignants, Il est prévu :

- la revue des programmes et manuels de formation des enseignants ;

- la mise à jour des contenus par rapport à la situation d'urgence ;

- et des stages pratiques d'enseignement ou d'encadrement en tant qu'aide éducateur.

332 INEE, 2004, op. cit., p. 62,

309

Concernant les obstacles à l'éducation, les enseignants devront développer des stratégies de communication avec les apprenants, les parents, les membres de la communauté et les autorités. Cette démarche permettra d'identifier les difficultés rencontrées par les apprenants au cours de leur scolarité.

4.8.10. Des méthodes d'évaluation

L'évaluation est « la mesure de ce qui a été appris sous forme de connaissances, attitudes et compétences pour le contenu d'apprentissage couvert. 333» En situation d'urgence, selon l'INEE, des méthodes et des mesures efficaces d'évaluation doivent être élaborées, en prenant en compte les critères suivants :

- la pertinence : les tests et examens sont appropriés au contexte d'apprentissage et à l'âge des apprenants;

- la cohérence : les méthodes d'évaluation sont connues et appliquées de la même façon partout et par tous les enseignants ;

- les chances : les apprenants absents ont une autre chance de passer l'évaluation ; - le calendrier : il y a des évaluations pendant et à la fin de l'enseignement ; - la fréquence : celle-ci peut être affectée par la situation d'urgence ;

- un cadre sûr et approprié : les évaluations formelles sont faites par du personnel d'éducation dans un lieu sûr;

- la transparence : les résultats d'évaluation sont transmis aux apprenants et discutés avec eux et, quand il s'agit d'enfants, avec leurs parents. 334

Dans ce processus d'évaluation, chaque acteur joue un rôle spécifique. Pour mener à bien leur tâche, les enseignants et les autres personnels de l'éducation doivent apprendre à évaluer avec des outils et des méthodes adéquats et faciles à utiliser. Ils reçoivent des formations à cet effet. Les membres de la communauté contribuent aussi à leur niveau, à l'évaluation des processus d'apprentissage et de l'efficacité de l'enseignement. Cette contribution s'avère capitale en situation d'effectifs pléthoriques ou de classes multigrades comme celle des classes passerelles où les apprenants ont besoin d'une attention plus importante. Il y va de l'efficacité de l'évaluation.

L'évaluation doit être inclusive en ce sens qu'elle doit tenir compte des personnes souffrant d'un handicap. Pour ce faire, des outils spécifiques d'évaluation

333 INEE, 2004, op. cit., p. 63

334 idem, pp. 62-63.

doivent être élaborés et des ressources humaines adéquates doivent être mobilisées. Ainsi, ces apprenants vivant avec un handicap :

devront bénéficier de plus de temps pour montrer leurs compétences et leur compréhension par d'autres moyens appropriés. Les acteurs veilleront à la validation des acquis scolaires et des résultats d'évaluation par les autorités chargées de l'éducation. Cette certification passe par le respect des critères d'évaluation et d'enseignement internationaux et nationaux. 335

Cela signifie que les évaluations, dans une situation d'urgence, en plus

des critères classiques, doivent tenir compte du contexte et des besoins spécifiques des apprenants. Cette approche rentre dans le cadre de l'équité en éducation, un principe clé de l'éducation pour tous.

310

335 INEE, 2004, op. cit., pp. 62-63

311

Conclusion du chapitre 6

En guise de conclusion, le chapitre 6 a permis de faire des propositions pour renforcer le système scolaire national à travers l'amélioration du dispositif des classes passerelles. Ces propositions ont été fondées sur les faiblesses observées dans le dispositif des classes passerelles d'une part, et en tenant compte des axes d'orientation sectorielle du PAMT secteur éducation/formation 2012/2014 et ceux du RESEN 2016.

Ainsi, au niveau de l'axe relatif à la gestion administrative du système éducatif, l'étude a proposé une harmonisation des procédures de mise oeuvre des classes passerelles ; cela pourrait se réaliser à travers la révision du guide de mise en oeuvre qui est une nécessité pour couvrir tous les aspects du dispositif des classes passerelles. Pour mieux organiser le processus de mise en oeuvre, il convient de mettre l'accent sur les facteurs organisationnels tels que la participation communautaire, la gestion du projet et la mise en place. Cette approche devrait servir d'exemple aux écoles conventionnelles dans leur quête d'une gestion efficiente. Des efforts doivent être faits au plan financier pour améliorer la qualité du matériel d'enseignement et la rémunération des personnels volontaires. Dans une perspective de pérennisation des classes passerelles après le retrait des ONG internationales, l'étude a proposé l'élaboration d'un plan de carrière pour les enseignants et d'une stratégie de financement à long terme.

Concernant le second axe relatif à l'accès, la rétention et l'équité en éducation, l'étude a proposé que la politique éducative de maintien des classes passerelles soit étendue au système scolaire conventionnel. Les conditions d'accès à l'école des classes passerelles, alliant gratuité et motivation, pourraient aider à l'extension rapide de la couverture scolaire nationale. Cet objectif reste un voeu pieux de l'administration scolaire. Le profil des apprenants âgés de 9 à 14 ans permettant de meilleurs résultats avec un programme accéléré, l'étude estime que cela pourrait raccourcir la durée de scolarité du système scolaire conventionnel, le rendant ainsi plus efficace. Au plan des performances des apprenants, les mé-

312

thodes organisationnelles et le temps scolaire maximisé davantage, associés aux évaluations continues, permettent d'amoindrir la déperdition scolaire et de renforcer les acquis scolaires. Toutes ces mesures pourraient rendre le système scolaire plus accessible et plus équitable.

Au niveau du troisième axe qui traite de la qualité de l'éducation, l'étude a proposé la vulgarisation, au niveau des écoles conventionnelles, des techniques d'encadrement de proximité des classes passerelles, à savoir « le soutien pédagogique » pour les élèves accusant un retard, les jeux pédagogiques, « le tutorat » et l'utilisation de « la langue maternelle » . Cela, dans le but de faciliter l'apprentissage. Les programmes accélérés sont également pris en compte dans cette optique. En définitive, l'amélioration de la qualité des enseignements s'obtient par « des enseignants compétents, des outils de qualité et un environnement d'apprentissage de qualité 336». En d'autres termes, Il faut améliorer la formation des enseignants, utiliser le matériel d'enseignement adéquat et apaiser le climat interne et externe de l'école. Tout cela devra contribuer à renforcer la qualité des enseignements du système scolaire.

Le dernier axe relatif au contexte et aux conditions d'exercice, a permis de développer une stratégie basée sur l'éducation en situation d'urgence. Cette approche est fondée sur le fait que les mécanismes de mitigation enclenchés jusqu'à la dernière crise de 2010/2011 en Côte d'Ivoire, ont suffisamment montré leurs limites. De prime à bord, ce sont les conditions d'intervention des acteurs qui sont décrites conformément aux normes de l'INEE. Ensuite viennent les conditions d'accès à l'éducation d'urgence, puis, l'environnement d'apprentissage et enfin, le processus enseignement/apprentissage. Ainsi, considérant que les acteurs interviennent dans un contexte de crise, ils reçoivent une formation psycho-sociale en rapport avec l'éducation et les besoins spécifiques des apprenants en situation d'urgence. De même, les processus d'apprentissage et les dispositifs éducatifs sont conçus dans ce registre, pour garantir une meilleure prise en charge.

336 D. WOLOSCHUK, 2014, « qu'est-ce qu'une éducation de qualité ?», Perspectives, n° 13, 2014, in https// perspectives.ctf-fce.ca, consulté les 20 juin 2018

313

Conclusion de la troisième partie

En somme, en dépit du bon rendement interne des classes passerelles, différents dysfonctionnements ont été constatés au niveau de la gouvernance, de la pédagogie et de l'environnement de la mise en oeuvre du projet école.

Les insuffisances de gouvernance se manifestent soit par l'inexistence de certains volets importants de la mise en oeuvre, soit par le retard dans l'exécution d'autres aspects du projet. Ainsi, l'étude a constaté : le retard de paiement des primes et de livraison du matériel, l'absence de financement de l'Etat, de cantines scolaires et de perspective pour les ex-animateurs. On note, également, l'insuffisance d'archivage et des primes des animateurs. Ces insuffisances ont démontré les limites organisationnelles du dispositif des classes passerelles.

Au plan pédagogique, les difficultés rencontrées concernent, entre autre, la divergence du concept « classe passerelle » qui a impacté l'organisation des enseignements. La présence des élèves de 7 et 8 ans parmi leurs semblables de 9 à 14 ans a perturbé le processus d'apprentissage accéléré. L'absence d'animateur suppléant a réduit le temps scolaire. Des disparités d'effectifs entre filles et garçons en faveurs des garçons ont été constatées. L'utilisation de la langue maternelle comme outil d'enseignement, s'est heurtée à l'absence d'étude fiable dans ce domaine ainsi qu'à l'absence d'un syllabaire de langue maternelle. La présence de salles de classes inadaptées ont pu affecter le processus d'apprentissage dans la mesure où elles sont inutilisables en période d'intempérie. Enfin, l'étude a relevé, l'insuffisance du temps de formation initiale des enseignants.

Au plan environnemental, des dysfonctionnements ont été constatés au niveau des conditions d'intervention des acteurs du projet, des conditions d'accès à l'éducation en situation d'urgence, du processus d'apprentissage, de la qualification des personnels enseignants et la politique éducative en vigueur. Face à ces insuffisances, les acteurs ont proposé des mesures palliatives, d'une part, et des actions susceptibles de capitaliser les acquis, d'autre part, en vue de renforcer le

314

système scolaire conventionnel national, tout en prenant en compte des axes d'orientation sectorielle du PAMT secteur éducation/formation 2012/2014.

Ainsi, au niveau de l'axe de la gestion administrative du système éducatif, l'étude a proposé une harmonisation des procédures de mise oeuvre des classes passerelles, davantage de moyens financiers pour les acteurs, un plan de carrière pour les enseignants et le relèvement du niveau de leurs primes. Concernant l'axe relatif à l'accès, la rétention et l'équité en éducation, l'étude a proposé la généralisation de la politique éducative de maintien des classes passerelles au système scolaire national. Elle a ensuite proposé un raccourcissement de la durée du cycle primaire qui de six à trois ans avec des programmes accélérés à l'instar des classes passerelles ; toute chose qui nécessite la révision de l'âge d'accès en cours préparatoires. Sur le plan administratif, l'étude a, également, proposé que tout le processus de mise en oeuvre du système éducatif soit conforme à la politique éducative de maintien. Cela suppose une révision des méthodes d'enseignement et d'évaluation.

Au niveau de l'axe de la qualité de l'éducation, l'étude a proposé la vulgarisation des techniques d'encadrement de proximité des classes passerelles, pour la mise à niveau des élèves en retard d'apprentissage, dans un souci d'équité et de relèvement du niveau des acquis scolaires. Les programmes accélérés sont également pris en compte dans cette optique. Conformément aux indicateurs de la qualité, l'étude propose de mettre l'accent sur la compétence des enseignants, la qualité des outils d'enseignement et l'environnement scolaire.

Enfin, l'axe relatif au contexte et aux conditions d'exercice, a permis de développer une stratégie basée sur l'éducation en situation d'urgence. Cette stratégie s'appuie sur les normes de l'INEE concernant les personnels d'éducation en situation d'urgence, le processus d'enseignement, l'environnement d'apprentissage et les conditions d'interventions. Ces propositions devront permettre le renforcement de la résilience du système scolaire conventionnel dans un contexte d'éducation d'urgence.

315

DISCUSSION

316

La section de la discussion fait d'abord le rappel et la synthèse des résultats. Ensuite, elle montre leur pertinence tout en les comparant au cadre de référence. Ensuite, elle apprécie les écarts de cette comparaison ainsi que les limites de l'étude. Relativement au cadre théorique, la discussion sera orientée selon quatre axes qui sont :

- la question de l'éducation alternative ;

- la question de l'éducation d'urgence ;

- la question de la réussite scolaire ;

- et la question du renforcement du système scolaire.

1. Rappel et synthèse des résultats

Les résultats de cette étude sont des réponses aux trois principales questions de recherche formulées au départ de nos investigations. Ils correspondent également aux trois objectifs spécifiques à savoir :

- présenter les différences structurelles et fonctionnelles entre les classes passerelles et les écoles conventionnelles ;

- découvrir et analyser les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles ;

- et montrer les difficultés de fonctionnement des classes passerelles et proposer des stratégies de renforcement du système scolaire conventionnel. Le rappel des résultats se fera selon cet ordre des objectifs spécifiques.

1.1. A propos des différences structurelles et fonctionnelles des classes passerelles et des écoles conventionnelles.

La première partie relative aux différences structurelles et fonctionnelles des classes passerelles et des écoles conventionnelles a permis d'obtenir les résultats suivants :

- des différences au niveau du contexte de mise en oeuvre ;

- des différences au niveau les acteurs ;

- et des différences au niveau des curricula.

317

Ces résultats révèlent des similitudes et des différences entre écoles conventionnelles et les classes passerelles. Cependant, les différences sont plus prononcées et résident au niveau des contextes de mise en oeuvre, des acteurs et les curricula. Cela induit des différences structurelles et fonctionnelles, c'est-à-dire que chaque système est conçu selon une structure ou une forme qui fonctionne selon un mode défini pour remplir une mission spécifique.

1.2. A propos des raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles

Les résultats de la deuxième partie relative aux raisons de la mise en oeuvre

des classes passerelles se présentent en deux sections, à savoir les limites du sys-

tème scolaire conventionnel et les difficultés contextuelles ou environnementales.

Les limites du système scolaire conventionnel sont :

- une diminution des budgets de fonctionnement ;

- un faible taux de couverture scolaire national;

- une dégradation de la qualité des services éducatifs offerts ;

- des disparités de scolarisation ;

- des ressources humaines limitées ou sous-utilisées ;

- des taux de déperdition élevés ;

- et des acquis scolaires faibles.

Les raisons contextuelles que constituent les deux conflits de 2002 et

2010/2011, se caractérisent par :

- la destruction et la fermeture des infrastructures scolaires ;

- le déplacement des acteurs de l'éducation ;

- le grand nombre d'enfants hors du système scolaire ;

- et l'insuffisance des mécanismes de mitigation.

Nonobstant ce contexte difficile, les classes passerelles ont enregistré des acquis

qui sont :

- la facilitation de l'accès à l'école ;

- l'extension de la couverture scolaire ;

- l'intégration des élèves à l'école conventionnelle ;

- la participation communautaire dans le projet école ;

318

- l'enseignement en langue maternelle ; - et des taux de réussite satisfaisants.

L'étude montre que d'une part, les limites du système scolaire conventionnel, en conjonction avec des facteurs contextuels, ont suscité la mise en place des classes passerelles ; puis, elle présente d'autre part, les résultats obtenus par ces dernières dans leur mise en oeuvre, comme des solutions aux limites du système scolaire conventionnel. Ces résultats sont, cependant, nuancés par le fait que les classes passerelles n'apportent pas de solution à toutes les difficultés du système conventionnel.

1.3. A propos des stratégies de renforcement du système scolaire con-

ventionnel à travers les classes passerelles

Les résultats de la troisième partie relative aux stratégies de renforcement du

système scolaire ivoirien à travers les classes passerelles se présentent en deux

volets, à savoir : les difficultés de mise en oeuvre des classes passerelles et les stra-

tégies les propositions des acteurs.

La mise en oeuvre des classes passerelles a rencontré trois types de difficul-

tés qui sont:

- les difficultés de gouvernance ;

- les difficultés d'ordre pédagogique ;

- et les difficultés contextuelles.

Ces difficultés constituent les limites des classes passerelles et amènent les

acteurs du secteur du projet classe passerelle à faire des propositions de stratégies

de renforcement du système scolaire ivoirien. Ces stratégies sont reparties en

quatre catégories qui sont :

- le renforcement de la gestion administrative ;

- le renforcement de l'accès, la rétention et l'équité en éducation ;

- le renforcement de la qualité de l'éducation ;

- et le renforcement contextuel et les conditions d'exercice.

319

Ces résultats constituent des stratégies susceptibles d'améliorer le fonctionnement des classes passerelles et celui du système scolaire primaire conventionnel en période d'accalmie ou d'urgence éducative.

2. Les classes passerelles en tant qu'alternative éducative et dispositif d'éducation d'urgence en Côte d'Ivoire

2.1. Les classes passerelles en tant qu'alternatives éducatives

C'est dans un double contexte de crise caractérisé par un besoin accru d'éducation, que deux ONG nommées EPT et NRC, ont lancé le projet des classes passerelles en zone CNO à partir de 2006. L'objectif principal de ces classes passerelles est d'encadrer les enfants de 9 à 14 ans, restés hors du système scolaire afin de les intégrer à l'école primaire conventionnelle. Ainsi, les classes passerelles se présentent, dans le cas de la Côte d'Ivoire, comme une alternative éducative et un dispositif d'éducation d'urgence par leur fonction palliative des déficits du système scolaire conventionnel et par les contextes de conflit qui les ont suscitées. Les différences structurelles et fonctionnelles entre les classes passerelles et les écoles conventionnelles découlent de ce fait. Ces différences se traduisent à trois niveaux, à savoir : le contexte de mise en oeuvre, les acteurs et les curricula.

Cette différence est confirmée par KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2016) qui définissent la notion d'éducation alternative comme « toutes les approches pédagogiques qui diffèrent de la pédagogie traditionnelle. 337» Selon ces auteurs, ce type d'approche est centré sur l'apprenant afin de favoriser son autonomie au cours de l'apprentissage. Les classes passerelles appliquent ce principe à travers l'approche par compétence ou encore l'hétérogénéité des classes uniques. Elles tiennent compte, également, de l'intégration de l'apprenant à son milieu à travers l'enseignement des compétences de vie ou «life skills»338. Cela inclut l'usage de la

337 A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, op. cit., pp. 75-77

338 Life skills : selon le MENET/DPFC, 2014, l'expression se traduit en français par compétences de vie ou compétences pour la vie enseigne les techniques de développement personnel comme la prise de décision ou l'affirmation de soi. Son ancrage sur des connaissances fiables ainsi que le développement d'aptitudes spécifiques pour traiter les situations de menaces en vue de mener une vie saine, s'appuie sur des attitudes responsables. p. 24

320

langue maternelle dans le processus d'apprentissage comme l'étude le montre pour les classes passerelles EPT. Une approche pédagogique qu'AHÏDARA (2007) juge « appropriée 339» pour l'éducation alternative. Cette démarche est aussi qualifiée « d'inclusive et évolutive 340» par MBAYE (2010) car elle intègre tous les besoins des apprenants et de manière dynamique. Elle a pour avantage, de constituer, selon KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2016) une réponse aux problèmes sociaux comme le chômage, la déscolarisation et les autres besoins immédiats des apprenants.

Relativement à spécificité des acteurs de l'alternative éducative, les classes passerelles proposent une combinaison d'acteurs étatiques et non-étatiques travaillant de concert et permettant « une réappropriation de la fonction éducative par l'ensemble des acteurs concernés et impliqués 341», comme le suggère MBAYE (2010). Cet engagement facilite la prise en compte de besoins socioéconomiques des apprenants. La spécificité des apprenants constituent aussi un point d'intérêt pour notre étude. Leur âge avancé (9 à 14 ans) crée une hétérogénéité dans la classe unique qui devient un avantage pour ce type de dispositif comme l'indique STIPEK (2002)342, les élèves les plus âgés réussissent mieux par rapport aux plus jeunes même si ces conclusions méritent d'être nuancées. Selon lui, ces différences de performances disparaissent progressivement durant le cursus scolaire. CONNAC (2006) confirme cette thèse en ces termes : « l'hétérogénéité est un atout pour la classe et pour les apprentissages de chacun.343 » Ainsi, au regard des bonnes performances des classes passerelles, l'âge avancé des apprenants demeure un avantage même si les plus jeunes élèves (7 ans) sont majoritairement victimes de l'hétérogénéité des classes comme le montre notre étude ainsi que les travaux de KOFFI (2009).

339 Y. HAÏDARA, 2007, Education et langue nationales au Mali. Bamako, Centre de Ressources de l'Education Non formelle, cité par A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, op. cit., p. 77

340 M. MBAYE, 2010, op. cit., p. 9.

341 ibidem

342 NIH Public Access, 2007, op. cit., pp. 337-368.

343 ibidem

321

La particularité des curricula des classes passerelles en tant qu'alternative éducative tient compte de leur finalité qui est : l'intégration de l'apprenant dans le système éducatif conventionnel. Ainsi, dans le projet école, l'ONG recrute le personnel et autorise l'équipe pédagogique à intervenir. Celle-ci agit à un niveau opérationnel, par la mise oeuvre du projet école. L'équipe pédagogique assure la formation des enseignants, leur encadrement, les évaluations, l'organisation des cours et le choix des contenus. Le projet est exécuté dans un espace en souffrance d'offre éducative dans une période de neuf mois. Comparativement au deuxième type d'alternative éducative à « visée d'intégration professionnelle 344» évoquée par KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2006), les classes passerelles présentent des différences que notre étude n'a pas permis de mettre en évidence. Toutefois, vu l'âge avancé (14 ans) de certains apprenants, notre étude suggère, à l'instar des des travaux de KOFFI (2009), la prise en compte de ce volet professionnel dans la finalité des classes passerelles en ayant recours aux « centres de formation professionnelle et de métier 345». Pour ce faire, une étude impliquant tous les acteurs du secteur est nécessaire. L'on pourrait déjà s'inspirer des exemples comme « l'alphabétisation des adolescents, les écoles communautaires qui sont constituées de centres d'éducation au développement du Mali, d'écoles d'initiatives locales du Togo et des écoles communautaires de base du Sénégal », des modèles cités par KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2006) dans leurs travaux.

Les points communs à toutes ces alternatives éducatives sont la spécificité de leurs cibles, l'ancrage des apprentissages dans le milieu de vie, le développement du savoir-faire et du savoir-être en mettant l'apprenant au centre du processus d'apprentissage.

2.2. Les classes passerelles en tant que dispositifs d'éducation d'urgence

344 A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, op.cit., pp. 78-80

345 K. I. KOFFI, 2009, « Analyse du résultat scolaire des élèves de CE2 du primaire public : cas des classes passerelles de la zone centre de la Côte d'Ivoire », EDUCI/ROCARE, Afr educ dev issues, n°2, 2010, Special JRECI 2006 and 2009, pp.279-294

322

Les situations de conflits qui ont suscité la mise en oeuvre des classes passerelles, en l'occurrence la guerre de 2002 et la crise post-électorale de 2010/2011, font d'elles un dispositif d'éducation d'urgence. Cela est conforme à la perception de INEE (2004) selon laquelle, les cas d'urgence complexes sont des situations créées par l'homme et résultant souvent « de conflits et de troubles civils 346» qui peuvent être aggravées par une catastrophe naturelle. Selon STORTI (2004), la particularité de ces situations est due au fait qu'elles « échappent au fonctionnement ordinaire, qu'il s'agisse de catastrophes naturelles ou de conflits. 347» Ce sont des situations variables qui ont, néanmoins, pour point commun, la destruction ou la fermeture des infrastructures éducatives ainsi que le déplacement des acteurs de l'école.

La variabilité de ces situations constitue un obstacle à l'intervention des acteurs de l'éducation dans la mesure où chaque situation représente un cas particulier, comme l'indique STORTI (2004). En outre, ces difficultés interrogent sur la résilience du système éducatif national. Cette résilience s'apprécie, à travers les mécanismes de mitigation, qui régissent le système scolaire. Dans le cas échéant, Le RESEN 2016 ressort que « la résilience du système scolaire ivoirien repose davantage sur des mécanismes de mitigation ponctuels que sur le cadre stratégique et institutionnel de gestion des risques, qui est incomplet et peu opérationnel. 348» En effet, lors des deux crises, ce sont des actions ponctuelles qui ont été initiées par différents acteurs en réponse au déplacement de la population scolaire et à la fermeture des écoles. Le dispositif des classes passerelles s'inscrit dans le cadre de ces initiatives ponctuelles. Les difficultés rencontrées par ce dispositif découlent, ainsi, des circonstances de sa mise en oeuvre.

Relativement à la mitigation, on note qu'une série de mesures ont été prises de 1979 à 2011. Il s'agit notamment de :

346INEE, 2004, op. cit., pp.7-8

347 M. STORTI, 2004, op. cit. p. 10

348 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 230

323

- l'organisation du plan de secours (ORSEC) en cas de catastrophe à l'échelle nationale, selon le décret n°79-643 du 8 août 1979 ;

- la définition de plans sectoriels d'urgence en cas d'accidents, de sinistres ou de catastrophes, selon le décret n°98-505 du 6 septembre 1998 ;

- l'installation en 2007 d'un Comité interministériel sur la réduction des risques de catastrophe (RRC), composé de 50 points focaux ;

- l'élaboration d'une stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe, assortie d'un plan d'action en 2011 ;

- la création de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) par l'ordonnance n°2011-167 du 13 juillet 2011.

Toutefois, lesdites mesures sont globales et focalisées sur la gestion des catastrophes naturelles. En outre, leur application rencontre des difficultés. A cet égard, le RESEN 2016 les jugent insuffisantes. Ce n'est qu'en 2012, c'est-à-dire après les conflits, qu'une plateforme nationale pour la réduction des risques de conflit, a été mise en place. Elle est directement rattachée à la primature pour plus d'efficacité. Malgré ces efforts, ces dispositions n'intègrent pas un plan de contingence ou de réduction des risques propre au MENET. Des efforts restent à faire pour l'adoption d'une véritable stratégie d'éducation d'urgence. Dans cette démarche, l'on pourrait s'inspirer des approches suggérées par LANOUE (2006) à savoir « l'approche urgentiste et l'approche analytique.349 » Le cadre règlemen-taire du projet sphère peut également servir de modèle, en association avec les normes d'intervention de l'INEE.

En effet l'approche analytique de LANOUE, dans sa logique de prévention pourrait aider à empêcher la survenue des conflits. Si elle ne parvenait pas à éviter les conflits en amont, son approche urgentiste, qui se consacre uniquement, à la promotion de l'aide humanitaire, pourrait prendre le relais. L'apport du projet sphère peut, également, être appréciable dans cette approche dans la mesure où celui-ci fixe les normes d'intervention selon les besoins des personnes affectées

349 E. LANOUE, 2006, op. cit., pp. 9-12

324

en eau, assainissement, nutrition, nourriture, abris et soins médicaux. Ces cinq domaines constituent les besoins primaires et pourrait être renforcés par les normes d'éducation d'urgence élaborées par l'INEE. En effet, c'est à partir de 2003 l'INEE formalise l'éducation d'urgence, jadis considérée comme une simple action humanitaire, en fixant les normes relatives aux domaines suivants :

- les conditions d'intervention des équipes humanitaires ;

- les conditions d'accès à l'éducation en situation d'urgence ;

- l'environnement d'apprentissage ;

- la qualification des personnels enseignants ;

- la politique éducative ;

- et le processus d'apprentissage.

La prise en compte de ces normes dans l'élaboration d'une stratégie globale de résilience scolaire devrait assurer un meilleur fonctionnement du système scolaire en situation d'urgence.

3. Les classes passerelles en tant que catalyseurs de la réussite scolaire

L'analyse des raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles a permis de comprendre que celles-ci apportent des réponses aux dysfonctionnements du système scolaire conventionnel. Parmi ces réponses, on note la question de la réussite scolaire qui dépend de facteurs multiples. Partant de l'hypothèse de départ selon laquelle les facteurs pédagogiques seraient les plus déterminants dans l'efficacité des classes passerelles. L'analyse des facteurs explicatifs de cette réussite a, plutôt, permis de retenir les facteurs organisationnels comme les plus influents. Ils sont associés aux facteurs pédagogiques et individuels ainsi qu'à une catégorie de facteurs secondaires comme le contexte de scolarisation, la politique éducative et l'origine socioéconomique des apprenants. Cette section discute de la pertinence de ces facteurs pour les classes passerelles et le système éducatif convention.

325

3.1. De l'influence des facteurs organisationnels

Les facteurs organisationnels sont constitués des variables : «participation communautaire», « gestion du projet» et « mise en oeuvre du projet». En effet, la mise en place du projet obéit à une procédure qui allie la participation communautaire, celle des acteurs étatiques et celle des ONG. C'est une démarche participative qui met à contribution toutes les expertises locales disponibles et suscite le consensus autour du projet école. Une telle démarche, selon les promoteurs, « s'avère être une nécessité absolue pour la réussite du projet quand on considère le contexte de sa mise en oeuvre ».

Le dispositif des classes passerelles est issu d'une situation difficile de scolarisation et d'une crise socioéconomique héritée de la guerre de 2002 et de la crise post-électorale de 2010/2011 en Côte d'Ivoire. Dans un tel contexte, les promoteurs devaient d'abord convaincre les communautés de la nécessité de scolariser leurs enfants. Dans cette lancée, ils devaient aussi avoir l'appui des autorités étatiques pour crédibiliser leur action vis-à-vis des communautés villageoises et celles des quartiers bénéficiaires du projet. Dans l'organisation mise en place par l'ONG EPT, on constate que la communauté est au début, au milieu et à la fin du processus. C'est la mobilisation totale des communautés bénéficiaires.

La gestion du projet école par les promoteurs obéit à un organigramme de fonctionnement. Cela dénote d'une rigueur de gestion qui permet à chaque acteur de savoir la tâche qui lui est dévolue. On constate dans le cycle d'exécution du projet, un volet de supervision qui permet de corriger les imperfections. Cette supervision est assurée par l'équipe pédagogique mise en place par les promoteurs. Les promoteurs EPT expliquent que « les supervisions sont assurées par le superviseur de zone et de manière périodique avec l'appui d'une équipe pédagogique pilotée par un coordinateur de zone. »

Par ailleurs, comparativement aux travaux antérieurs, la prééminence des facteurs organisationnels se justifie au regard de la thèse d'ANY-GBAYERE

326

(1998) qui privilégie le « modèle participatif 350» dans la gestion d'une organisation. En plaçant la communauté au centre de la gestion, le projet des classes passerelles s'inscrit dans la logique de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) et de la Banque Mondiale qui recommandent « la participation communautaire locale comme solution à la mauvaise gestion d'une organisation. 351»

La prééminence des facteurs organisationnels montre également qu'il existe un « effet établissement qui relève de l'organisation interne des établissements scolaires 352» et susceptible d'influencer la réussite des apprenants. Dans le cas échéant, cet « effet établissement » s'avère être bénéfique pour la majorité des élèves des classes passerelles. Toutefois, l'existence de déperdition (1% à 27%) signifie que cet « effet établissement » impacte négativement une proportion minoritaire des apprenants. Cela représente un atout pour les classes passerelles et le système scolaire conventionnel pourrait s'en inspirer.

3.1.1. De l'influence de la participation communautaire

La variable «participation communautaire», selon la mesure des attitudes effectué dans le cadre de notre étude, représente 14,02 % des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles Elle se situe à trois niveaux : avant le projet, pendant le projet et après le projet. A tous les niveaux, une tâche particulière est exécutée par la communauté. Au début, elle participe à la mise en place. Au cours du projet, elle assure la gestion du cadre scolaire et après le projet, elle crée les conditions de la pérennisation de l'école. Cette démarche permet aux parents d'élèves d'être des acteurs du projet école à tous les niveaux.

Pour formaliser la participation communautaire, un plan d'action communautaire a été adopté par les promoteurs à la suite des projets pilotes. Ce plan responsabilise la communauté dans les questions de sécurité et de pérennisation des

350 S. ANY-GBAYARE, 1998, op. cit., pp. 69 -70

351 MEN Sénégal et AFD, 2012, op. cit., p. 10

352 A. LEGER, 2002, op. cit. pp., 9 -10

327

classes passerelles et la mobilisation des ressources. Il permet, également, aux communautés d'avoir un cahier de charge précis qui les rend plus efficaces. Cette approche de gouvernance est conforme au référentiel régional des projets d'école élaboré en 2011 par l'AFD et les experts africains. Ce référentiel recommande « la prise de mesures visant à faciliter la participation communautaire, l'élaboration de plans d'actions conformes aux capacités internes de la communauté et l'incitation des communautés à proposer des actions qui n'exigent pas nécessairement, la mobilisation de ressources financières.353»

En somme, à travers la mobilisation communautaire, les enfants trouvent des raisons d'être à l'école et les enseignants sont dans des conditions acceptables d'exercice qui leur facilitent la pratique pédagogique. Toutefois, la limite de cette démarche communautaire est l'inorganisation, le manque de ressource et les conflits au saint de la communauté. Notre étude ne nous a pas permis de déceler ces cas particuliers.

3.1.2. De l'influence de la gestion du projet école

La variable «gestion du projet», selon notre étude, représente 12,89 % des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. Ce dispositif repose sur le mode de gestion participative. Cette approche implique aussi bien des acteurs étatiques que les acteurs non étatiques.

Pour les acteurs non étatiques, les classes passerelles sont conçues et mises en oeuvre par les organisations non gouvernementales EPT et NRC avec l'appui financier d'autres partenaires internationaux. Ces organisations proposent une offre alternative d'éducation face aux limites de l'Etat à faire face à la forte demande de scolarisation. La gestion du projet se fait par une équipe de pilotage du projet qui est autonome vis-à-vis du fonctionnement de l'ONG promotrice. Les actions des différents gestionnaires du projet sont coordonnées au sein du bureau du projet.

353 MEN du Sénégal et AFD, 2002, op. cit., pp. 11-12

328

L'étude révèle l'existence de plusieurs postes de responsabilité dans la chaîne de commandement aussi bien au niveau de l'organisation promotrice des classes passerelles qu'au niveau du projet lui-même. C'est ainsi que dans l'exécution du projet des classes passerelles, interviennent les promoteurs, les coordonnateurs, les superviseurs, les animateurs, la communauté villageoise ou celles issues des quartiers bénéficiaires. Chacune des entités a un rôle spécifique dans la hiérarchisation des tâches. Les animateurs sont un élément-clé du fonctionnement car ils interviennent à un niveau opérationnel en exécutant le programme scolaire.

Par ailleurs, notre étude documentaire et des entretiens révèlent l'existence d'un plan d'action avec un chronogramme précis. Il permet aux promoteurs de prévoir les activités et de mobiliser les ressources selon un calendrier préétabli. Cette démarche contribue ainsi, à l'efficacité des classes passerelles. Les acteurs étatiques sont associés à la mise en oeuvre du projet à travers les directions régionales du MEN, plus précisément les IEP. En somme, le mode de gestion participative a permis de mobiliser les compétences nécessaires à la réalisation du projet école.

La prééminence de la variable «gestion du projet» conforte la théorie des parties prenantes d'EVAN et FREEMAN (1983). Dans leur vision, l'école doit être perçue comme « une organisation qui doit satisfaire les besoins des usagers 354» à savoir : les élèves, les parents, les enseignants, l'administration et les partenaires techniques et financiers. La théorie des parties prenantes s'inscrit dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises alliant l'éthique et la gestion dans une dynamique de négociation dans un esprit d'ouverture. La gestion et « l'atteinte des objectifs 355» de l'école se trouvent, ainsi « affectés 356» par ses acteurs, conformément à la perception des parties prenantes selon FREEMAN.

354 W. EVAN et E. FREEMAN, 1983, op. cit., p. 75-84

355 D. CAZAL, 2011, op. cit.

356 ibidem

329

Cet effet est qualifié « d'effet établissement » par LEGER (2002). Il s'agit de « l'effet propre de l'organisation interne de l'école sur la performance ou la réussite de l'élève (...) 357». Cet avis est partagé par GAUTHIER (2006)358. Cet « effet établissement » nous est apparu significatif dans le cas des classes passerelles au regard de leur performances supérieures à celles de écoles conventionnelles.

3.1.3. De l'influence de la mise en place du projet

Selon notre étude, la variable «mise en place du projet» représente 11,78 % des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles. La procédure de mise en place obéit à des normes relatives à la situation géographique, la distance, le nombre de population scolarisable et le critère genre.

En effet, au niveau de la situation géographique, le ciblage des localités en manque d'infrastructures éducatives et celles regorgeant une grande quantité d'enfants en marge du système scolaire permet aux classes passerelles, de rendre l'éducation accessible au maximum d'enfants. Par ce fait, elles contribuent à l'extension de la couverture scolaire nationale.

Le critère distance s'applique dans le cas des classes passerelles EPT. Ainsi, peuvent bénéficier de la classe passerelle, les localités distantes d'une école conventionnelle de plus de 7 km. L'étude montre que ce critère a été respecté dans 70% des cas. La distance moyenne entre les sites passerelles et l'école conventionnelle la plus proche est estimée à 22,22 km. Les promoteurs expliquent que : « l'objectif du critère distance, en général, est de prioriser une localité par rapport à l'autre, étant donnée l'insuffisance des ressources pour faire face à toutes les demandes. »

Les effectifs des classes sont modulés par le nombre de population scolari-sable. Le projet prend en compte au moins 30 hors du système scolaire dans la

357 A. LEGER, 2002, op. cit., pp. 9-10

358 C. GAUTHIER, 2006, op. cit., pp. 10-11

330

localité. L'âge de ces enfants doit être compris entre 9 et 13 ans ; cela, pour permettre aux enfants d'avoir accès au CM2, au plus tard, à 15 ans. Le respect des critères de recrutement des élèves est capital pour le bon fonctionnement des classes. Cela s'est avéré juste dans le cas du village de Mamoya (Oddienne) qui a proposé des élèves plus jeunes que l'âge requis. Les résultats scolaires ont été les plus bas dans cette localité. Le respect des critères a pour avantage de mobiliser tous les acteurs autour du projet école pour sa réussite.

Mis en rapport avec le fonctionnement du système scolaire conventionnel, le sujet des critères de mise en place rappelle certains dysfonctionnements relevés par le RESEN 2016. Il s'agit notamment, des disparités de scolarisation régionales et de sexe, ainsi que l'éloignement des écoles des lieux de résidence des apprenants. En effet, selon le RESEN (2016), au niveau de la répartition des infrastructures scolaires une différence fondamentale existe entre le Nord et l'ouest et les autres régions du pays. C'est ainsi « qu'au niveau national, il existe une école primaire tous les 2,8 km en moyenne, [alors que dans] les régions du Nord et de l'Ouest du pays, près de la frontière avec le Liberia, les écoles primaires sont séparées par une distance moyenne de 4 km. 359 » Les 22 km de moyenne de distance inter-école des classes passerelles confirment, d'une part, l'existence des disparités de scolarisation entre les zones rurales et urbaines, d'autre part, Cela montre que la situation s'est améliorée entre 2009 et 2014. Le critère genre trouve sa pertinence dans le constat fait par l'ENSETE de 2013, selon lequel : « outre les problèmes financiers, qui entravent de manière similaire la scolarisation des filles que celle des garçons (42 % des cas), les tâches ménagères sont particulièrement pénalisantes pour les filles, étant mises en avant dans 6 % des cas (...)360. » Dès lors, il devient impératif pour le système éducatif de faire une discrimination de scolarisation positive en faveur des filles. Malgré cette approche genre de recrutement, notre étude révèle que les filles représentent 42% des effectifs des classes passerelles. Cela signifie que des obstacles existent toujours dans l'application de

359 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp.10-11

360 ibidem

331

cette disposition. En conséquence, Il est souhaitable d'approfondir les recherches sur les raisons de cette disparité comme suggéré par le RESEN 2016.

3.2. De l'influence des facteurs pédagogiques et individuels

Les facteurs pédagogiques (méthode d'enseignement, programme scolaire et qualification des enseignants) ont le même niveau d'influence que les facteurs individuels (passé scolaire des élèves, âge des élèves et motivation). Cela signifie qu'il existe un lien étroit entre la réussite des activités pédagogiques de l'enseignant et la personnalité des apprenants.

Le lien étroit entre les facteurs pédagogiques et individuels suggère la nécessité de l'adaptation des programmes scolaires et des pratiques pédagogiques à la personnalité et l'environnement des apprenants comme indiqué par Ki-ZERBO en 1972 et réaffirmé par GIMENO dans ces travaux de 1984. Selon les promoteurs, « cette nécessité d'adaptation est une réalité dans la mise en oeuvre des classes passerelles ». Cette logique sous-tend la prise en compte dans le programme scolaire, des mesures adoptées par les classes passerelles comme : les activités socioculturelles, l'enseignement des compétences de vie (life skills), le réajustement des contenus au niveau de la classe, l'affectation des enfants dans des niveaux de classe selon leur passé scolaire et leur âge, ainsi que la tenue des cours de soutien pédagogique pour les élèves en difficulté d'apprentissage.

3.2.1. De l'influence de l'hétérogénéité de l'âge des apprenants

Une analyse comparative des moyennes selon l'âge, au moyen du test de variance n'a pas permis d'établir une différence significative entre les plus jeunes élèves et les plus âgés. Ce résultat signifie que tous les élèves, indépendamment de leur âge, ont des niveaux de réussite assez proches. Cette bonne performance de l'ensemble des élèves pourrait s'expliquer par la thèse de CONNAC (2006) qui affirme que l'autonomie que développe chaque apprenant en situation de « classe unique multi-âge est un facteur d'amélioration des résultats scolaires. 361» Selon

361 S. CONNAC, 2006, op. cit.

332

cet auteur, c'est une autonomie générée par le refus de catégoriser les apprenants selon leur âge. Selon lui, l'amélioration des performances scolaire est liée à « l'hétérogénéité et l'amplitude élevé 362» de l'âge des apprenants. En d'autres termes, plus la différence inter-âge est grande, plus les performances sont s'améliorent.

Il convient de relever qu'effectivement, les élèves des classes passerelles ont l'âge qui varie de 7 à 14 ans, soit une amplitude d'âge de 1 à 7 ans qui varie de 1 à 7 points. Si nos résultats confirment que nous sommes effectivement dans une situation « d'hétérogénéité d'âge » comme suggéré par CONNAC (2006), toutefois, ils ne permettent, cependant pas, de confirmer que les performances des élèves sont liées à ce seul facteur. La vérification d'une telle thèse nécessiterait l'analyse comparée des classes passerelles à effectifs hétérogènes et des classes ayant des effectifs plus homogènes. Au regard de l'approche de la pédagogie différenciée qui admet qu'une classe n'est jamais totalement homogène du fait que les apprenants ont des personnalités différentes, on peut admettre que l'hétérogénéité est inhérente à la structure de la classe. Son effet positif ou négatif sur les performances dépend des facteurs comme la gestion de la classe, la qualification de l'enseignant, la méthode d'enseignement et des facteurs multiples, de manière hiérarchisée, comme relevé par le cadre théorique.

Une analyse approfondie de nos résultats permet de s'interroger sur le seuil de différenciation significative dans la corrélation entre l'âge et la performance scolaire des élèves des classes passerelles. Plusieurs chercheurs ont fixé ce seuil à 2 ans de différence inter-âge (entre les élèves de 5 et 7 ans) lorsque les enfants sont issus des milieux favorisés uniquement. A la différence de cette thèse, nos résultats portent sur des élèves issus exclusivement des milieux défavorisés dont l'âge est compris entre 7 et 14 ans. Cela nous permet d'affirmer que l'hétérogénéité de l'âge dans classes passerelles, avec des élèves scolarisés tardivement et issus de milieu socioéconomique défavorisé, permet d'obtenir aussi des

362 S. CONNAC, 2006, op. cit.

333

performances améliorées, à l'instar du cas des apprenants issus de milieu favorisé. Ce constat, s'il ne s'oppose pas à la thèse sociologique classique selon laquelle l'origine socioéconomique serait le facteur déterminant de la réussite scolaire, il permet, néanmoins, de minimiser l'influence dudit facteur, conformément au modèle de « l'avantage stratégique 363» suggéré par MEURET et MORLAIX (2006).

Par ailleurs, comparativement à la thèse de GBATI (2007) selon laquelle les scolarisés tardifs et précoces réalisaient les plus faibles performances face à leurs compères en âge normal officiel, nos résultats prouvent plutôt une quasi homogénéité de performance pour tous les élèves, indépendamment de leur âge. En effet, le programme des classes passerelles est fait exclusivement pour les scolarisés tardifs. Il serait inadapté à des élèves scolarisés selon l'âge officiel de 6 ans. Les performances les plus faibles enregistrés en évaluation en langue maternelle par les élèves de 7 ans en est une parfaite illustration. Toutefois, le fait que certains élèves plus âgés enregistrent aussi, des performances faibles, à l'instar des plus jeunes, permet de conclure que le facteur âge, bien que contribuant à la réussite scolaire, ne suffit pas à justifier l'échec des apprenants. D'autres facteurs pourraient intervenir comme déjà mentionné ci-haut.

3.2.2. De l'influence du programme scolaire accéléré des classes passerelles

La mise en oeuvre efficace des programmes scolaires des classes passerelles montre leur capacité d'adaptation aux apprenants et au contexte d'apprentissage, conformément à la thèse de PERRENOUD (1989), selon laquelle la réussite scolaire exige « des contenus et des programmes convenables au statut des apprenants en termes de niveau et d'âge. 364» Ce programme scolaire adapté qui intègre les compétences de vie (life skills, participe au maintien des enfants dans les classes puisqu'il les motive en les imprégnant dans leur environnement socioculturel. Cependant, il convient de relever l'existence de déperditions qui pourrait

363 D. MEURET et S. MORLAIX, 2006, op. cit., pp. 49-79

364 Ph. PERRENOUD, 1989, « La triple fabrication de l'échec scolaire », Psychologie française, n° 34/4, pp. 237-245.

334

traduire l'inadaptation des programmes accélérés à certains apprenants. La pertinence et la réussite du programme accéléré prouvent d'une part, qu'il est possible de réduire le cursus scolaire primaire conventionnel de six à trois ans et d'autre part, elles montrent la nécessité de réviser les programmes scolaires de l'école conventionnelle en les circonscrivant au strict nécessaire pour l'apprenant. C'est à juste titre qu'un parent d'élève faisait la remarque suivante : « nos enfants apprennent beaucoup, mais ils retienne peu. Pourquoi ne pas leur enseigner peu de chose ? »

Abordant la question des programmes scolaires en Afrique, la littérature relève « l'inadéquation et le manque de pertinence des contenus enseignés.365 » Il y a aussi leur « caractère encyclopédique 366» qui empêche l'autonomie de l'enseignant. Ces insuffisances seraient à l'origine de la démotivation des apprenants. Dans la même veine, PERRENOUD (1989) rend « le choix des contenus inappropriés et les programmes surchargés 367 » responsables de l'échec scolaire. Notre étude montre bien que les classes passerelles ont réussi à motiver leurs apprenants à travers l'approche par compétence et les compétences de vie qui permettent l'ancrage de l'apprenant dans son milieu de vie. Il est même fait recours à leur langue maternelle pour rendre les contenus plus accessibles et pertinents. En termes de programme, il convient de prendre en compte la standardisation des contenus et des évaluations comme suggéré par GRISEY (1987). C'est une démarche qui peut « modifier positivement la carrière scolaire de bon nombre d'élèves. 368» Compte tenu de son importance, c'est à juste titre et WANG et al (1994) désigne la planification du programme scolaire comme un déterminant de la réussite scolaire. Dans le cas des classes passerelles, elle constitue également un facteur d'influence sur les résultats scolaires et la consolidation des acquis scolaires. Nonobstant ces effets positifs observés des programmes accélérés des classes passerelles, leur prise en compte dans le système scolaire conventionnel

365 J. B. GIMENO, 1984, op. cit., p. 54

366 ibidem

367 Ph. PERRENOUD, 1989, op. cit., pp. 237-245. 368A. GRISAY, 1987, op. cit., pp. 235-265.

335

nécessite leur application à des cohortes de d'élèves pour vérifier leur impact à grande échelle.

3.2.3. De l'influence de la langue maternelle

L'étude a permis de montrer l'influence de l'enseignement en langue maternelle (langue 1) sur le français (langue 2) dans les classes passerelles. Ces résultats justifient le choix du bilinguisme opéré par le promoteur EPT au plan pédagogique. Un choix motivé par bon nombre de travaux de chercheurs dans le domaine de la psychopédagogie et de la linguistique.

En effet, dans le contexte des pays du Tiers Monde, notamment des pays africains, qui ont hérité de la colonisation, « une langue officielle », la question de l'utilisation des langues maternelles, comme médium d'enseignement, devient pertinente. Cela est dû au fait que ces langues représentent « un enjeu stratégique pour la mobilisation internationale en faveur de la scolarisation primaire universelle dans le double contexte des OMD et de l'EPT 369», comme le relèvent OUANE et GLANTZ (2010). Dans un contexte d'éducation alternative ou d'urgence qui exige une réadaptation de l'éducation au milieu socio-culturel et économique, AHÏDARA (2007) estime que « l'usage des langues maternelles des apprenants dans le processus d'apprentissage constitue un moyen approprié. 370» Compte tenu de son importance dans le processus d'apprentissage, le PISA 2006 montre que la mauvaise maîtrise de la langue officielle, par les enseignants et les élèves, constitue une cause de l'échec scolaire dans les systèmes éducatifs restés longtemps axés sur la langue étrangère. Ainsi, « les acteurs de l'éducation tentent de corriger cette insuffisance avec une politique d'enseignement favorisant le bilinguisme. 371»

Concernant les avantages d'une éducation bilingue ou multilingue, l'association SOROSORO (2011) indique que les apprenants ont des facilités dans

369 A. OUANE et C. GLANTZ, 2010, Pourquoi et comment l'Afrique doit investir dans les langues africaines et l'enseignement multilingue, Hambourg, Institut de l'Unesco pour l'apprentissage tout au long de la vie, p. 11

370 Y. HAÏDARA, 2007, op. cit., p. 77

371 PISA, 2006, Langues de scolarisation : vers un cadre pour l'Europe, Strasbourg, PISA, p. 10

336

l'acquisition du savoir lorsqu'ils ont reçu « un premier enseignement dans leur langue maternelle 372». De même, ces apprenants montrent plus d'aptitude à apprendre une deuxième langue par rapport à ceux qui sont directement confrontés à « une langue qui ne leur était pas familière. 373» La question du lien entre l'enseignement des langues maternelles et le français permet de vérifier s'il existe une possibilité de transfert des compétences linguistiques construites d'une langue à l'autre. C'est l'avis de LASCOLAF qui, à travers son rapport de 2010, relève que « les expériences des pays subsahariens montrent, de manière générale, que ce transfert existe même s'il est quelques fois fait de manière implicite sans que les enseignants ne soient capables de le mettre en évidence. 374» C'est également, ce lien qui permet, aux Centres « Banma Nura » (CBN) du Burkina Faso, de raccourcir la scolarité d'un an en faisant une comparaison de langue pour dénouer les situations difficiles pour les élèves. Pour MAURER et al (2010) la mise en évidence de ce lien et son utilisation visant à « optimiser la présence des deux langues 375» méritent une étude approfondie dans un système bilingue. Notre étude est en phase avec cette conclusion car beaucoup de questions comme le syllabaire de langue maternelle et le niveau de maitrise de la langue par les enseignants ne sont pas élucidés.

Pour un système d'enseignement basé sur une langue étrangère comme celui de la Côte d'Ivoire, trois axes de réflexion découlent de ce qui précède, à savoir : l'intégration des langues maternelles dans l'enseignement, le choix de sa mise en oeuvre et la prise en compte des difficultés de sa mise en oeuvre. Il est opportun pour les acteurs des systèmes scolaires basés sur une langue étrangère, d'adhérer à cette pratique pédagogique susceptible de faciliter et d'améliorer l'enseignement. De manière spécifique, ladite pratique doit inspirer positivement le système scolaire ivoirien. Sa prise en compte exige son intégration dans un processus pédago-

372 Sorosoro, 2011, « Pourquoi sauver les langues » in http// www.sorosoro.org/les langues-en-danger/pourquoi-sauver-les-langues, Consulté le 10 décembre 2011.

373 ibidem

374 LASCOLAF, 2010, « Langues de scolarisation en Afrique francophone : état des lieux et perspectives » in https://www.francophonie.org/Langues-de-scolarisation-en.html, consulté le

375 B. MAURER et al, 2010, op. cit., p. 15

337

gique global qui aurait pour objectif, d'apporter des solutions durables à la question de l'efficacité du système scolaire ivoirien. Cette démarche nécessite une série d'études afin d'en déterminer les conditions de mise en oeuvre, dans un contexte où les langues maternelles des apprenants sont diverses. A ce niveau, le projet pilote « école intégrée » initié par le MEN depuis quelques années mérite d'être développé davantage.

3.2.4. De l'influence de la qualification du personnel d'éducation

L'étude montre l'apport de la qualification du personnel des classes passerelles sur la réussite des apprenants. Cet aspect est relevé par GAUTHIER et DEMBELE (2004) en ces termes : « il faut mettre l'accent sur les conditions optimales d'apprentissage, parmi lesquelles, la compétence de l'enseignant car le rôle de celui-ci est capital dans la réussite scolaire. 376» L'enseignant compétent est encore qualifié de « bon enseignant 377» par COLEMAN et al (1966). Pour ceux-ci, le bon enseignant a indéniablement une influence sur la réussite scolaire.

En termes de niveau de qualification pédagogique, les animateurs des classes passerelles sont moins nantis que les enseignants des écoles conventionnelles. Leurs animateurs sont recrutés avec un niveau adéquat, c'est-à-dire avec le Brevet d'étude du premier cycle (BEPC), mais ils ne bénéficient que d'une formation pédagogique accélérée de 10 à 15 jours. Quant aux instituteurs adjoints des écoles conventionnelles qui ont le même diplôme, ils font une formation de deux ans. Pourtant, en considérant la mission assignée aux classes passerelles, à savoir l'encadrement des classes multi-âges avec une compression de programme, les animateurs devraient disposer davantage de savoir-faire, notamment en matière de gestion des classes à profil spécifique. En instituant le suivi pédagogique en termes de formation continue, les promoteurs espèrent pallier les insuffisances liées à la durée de la formation et consolider les acquis pédagogiques.

376 C. GAUTHIER et M. DEMBELE, 2004, op. cit, p. 1

377 J. S. COLEMAN et al, 1966, cité par C. GAUTHIER et M. DEMBELE, 2004, op. cit., p. 2

338

3.3. De la résilience scolaire

La réussite des apprenants des classes passerelles peut être analysée dans une perspective psycho-sociale. Il s'agit de s'interroger sur la capacité de résilience des apprenants dans une situation d'urgence. La résilience scolaire peut être considérée comme « la capacité d'atteindre une adaptation fonctionnelle malgré des circonstances adverses ou menaçantes. 378» Elle se définit aussi comme le fait que « face au risque d'inadaptation scolaire, certains élèves exposés, d'emblée, à l'échec scolaire, s'en sortent finalement contre toute attente 379», les travaux de LAROSE et al (2001) permettent d'en avoir une meilleure compréhension à travers les trois types de résilience qu'ils proposent, à savoir : « les modèles compensatoires, les modèles de protection et les modèles de défi. 380».

A travers le «modèle compensatoire», les caractéristiques personnelles ou familiales de l'enfant lui permettent de « compenser les situations adverses de son environnement.381» En d'autres termes, le facteur de risque est annihilé par le facteur de protection. Dans le «modèle de protection», c'est l'interaction entre « les facteurs de risque et de protection382 » qui a un effet sur l'adaptation. Enfin, dans le «modèle défi» « le facteur de risque engendre le stress dont les effets sont positifs sur l'adaptation scolaire, en ce sens que l'enfant utilise les compétences acquises pour réagir positivement dans des situations ultérieures. 383»

Au regard de la réussite scolaire des apprenant des classes passerelles, face à la crise scolaire et environnementale, l'étude nous permet d'affirmer que nous sommes en présence d'un cas de résilience scolaire qui s'explique par la procédure de mise en oeuvre du dispositif des classes passerelles, la motivation des apprenants et des acteurs. Au niveau de la procédure de mise en oeuvre, toutes les mesures utiles sont prises pour affronter les obstacles à la scolarisation des enfants. Cela se traduit par des missions de prospection, des concertations avec les

378 A. S. MASTEN et al, 1990, op. cit., pp. 425-444. Traduit par F. LAROSE et al, 2001.

379 F. LAROSE et al, 2001, op. cit., pp. 151-180

380 N. GARMEZY et al, 1984, op. cit., p. 55, 97-111, traduit par F. LAROSE et al, 2001.

381 ibidem

382 N. GARMEZY et al, 1984, op. cit., p. 55, 97-111, traduit par F. LAROSE et al, 2001, p. 111

383 ibidem

339

populations locales et la prise en compte des compétences de vie dans l'exécution du programme scolaire. En impliquant, ainsi, la communauté locale, les facteurs de risques qui sont le contexte de conflit et le manque de ressources, sont minimisés de sorte à permettre aux enfants de réaliser de bonnes performances. Cela pourrait correspondre au modèle compensatoire évoqué par GARMERY (1984) ainsi LAROSE et al (2001).

L'étude a montré que l'accompagnement des parents et leur implication dans la gestion quotidienne des classes passerelles, constituent une source de motivation pour les enfants et les animateurs. VIANIN (2007) qualifie cela de « motivation extrinsèque 384» qui fait référence à tout ce qui, de l'extérieur, peut renforcer le comportement de l'enfant à l'école. Cette perception est renforcée par la thèse de GALAND (2006), qui l'inscrit dans une perspective sociocognitive selon laquelle, « la motivation résulte d'une interaction entre l'individu et son milieu.385» Ainsi, la motivation serait, selon lui, la réaction du sujet « face à son environnement en fonction de son but ».

Une seconde source de motivation évoquée par 45% des répondants est « l'envie d'aller à l'école comme les autres enfants ». Cela correspond à la « motivation intrinsèque 386» évoquée par VIANIN (2007). Ce type de motivation est dû à l'intérêt ou le plaisir personnel du sujet face à l'activité. Ainsi, l'école devient un engagement personnel pour l'enfant qui se l'approprie et manifeste de l'intérêt pour les activités qui s'y déroulent. Toutefois, compte tenu de la « complexité de la dynamique motivationnelle 387» évoquée par GALAND (2006) cette question mérite d'être approfondie pour cerner les facteurs participant à ladite dynamique. Pour les classes passerelles, l'élément le plus probant est l'existence

384 P. VIANIN, 2007, op. cit., p. 22

385 B. GALAND, 2006, op. cit., pp. 5-8

386 P. VIANIN, 2007, op.cit. p. 22

387 B. GALAND, 2006, op. cit., pp. 5-8

340

d'une « motivation positive 388» de tous les acteurs qui s'investissent au maximum pour maintenir les enfants à l'école.

Dans une perspective de résilience scolaire de GARMERY (1984) et de LAROSE et al (2001), l'étude permet de conclure que la motivation des acteurs et des apprenants a constitué un facteur de protection en face des facteurs de risque que sont le contexte de conflit et le manque de ressources. Nous admettons que, relativement au «modèle de protection», les facteurs de risque sont annihilés par les facteurs de protection en vue d'impacter positivement l'adaptation des apprenants. Ainsi, l'envie d'aller à l'école peut constituer pour l'apprenant, une motivation suffisante pour qu'il transcende les obstacles à la réalisation de son éducation. Toutefois, vu que notre étude n'a pas approfondi cette question, il convient de relativiser cette conclusion et de s'en remettre aux travaux futurs dans ce domaine.

Dans le cadre de cette résilience scolaire, interviennent aussi des stratégies d'enseignement comme les cours de soutien pédagogique que reçoivent les élèves en difficulté d'apprentissage. Cela permet, dans une démarche de « pédagogie différentiée 389» évoquée par PERRENOUD, de les mettre au même niveau de connaissance. « Les compétences de vie » ou life skills participent également à la résilience scolaire par l'apport des activités qui favorisent le développement personnel de l'apprenant pour affronter les menaces de son milieu de vie comme indiqué par le MENET/DPFC (2014). Dans la mesure où la personnalité de l'apprenant est déterminante dans le processus de la résilience, l'étude révèle que le passé scolaire est un facteur de protection face aux facteurs de risque. Il s'agit notamment du passé scolaire des déscolarisé précoces qui constitue un atout majeur face aux scolarisés tardifs. C'est l'avis de KOFFI et al (2009) qui affirment dans leurs travaux que :

388 P. VIANIN, 2007, op.cit., p.22

389 Selon A. WEBER et A. DE PERETTI, 1983, la pédagogie différenciée caractérise un ensemble d'attitudes d'ouverture aux jeunes personnalités des élèves, de démarches pédagogiques, de méthodologies et de la formation, de techniques et d'instruments didactiques ; qui prennent en compte, la diversité, l'hétérogénéité des apprenants ; qui visent à faire atteindre tous les objectifs cognitifs de valeur égale ou équivalente. p. 279

341

Tous ces élèves sont issus de la même classe passerelle en 2006 -2007. Aussi, appartiennent-ils à la même couche socioéconomique et bénéficiant du même environnement pédagogique et didactique. En conséquence, la différence du résultat scolaire peut s'expliquer par une variation trop importante des compétences initiales liées à leur passé scolaire.390

On peut conclure que la résilience qui participe à réussite des classes est le fait d'une conjugaison de facteurs.

4. Les classes passerelles en tant que dispositif de renforcement du système scolaire

Le renforcement du système scolaire conventionnel s'apprécie à quatre niveaux qui sont : (i) le renforcement de la gestion administrative ; (ii) le renforcement de l'accès, la rétention et l'équité en éducation ; (iii) le renforcement de la qualité de l'éducation ; (iv) et le renforcement contextuel et les conditions d'exercice.

4.1. Du renforcement de la gestion administrative

Au niveau de l'axe relatif à la gestion administrative du système scolaire, l'étude a proposé l'harmonisation des procédures de mise en oeuvre, la prise en compte des facteurs organisationnels comme la participation communautaire, la gestion du projet et la mise en place du projet, l'élaboration d'un plan de carrière pour les enseignants et d'une stratégie de financement des classes passerelles.

L'étude a montré une gestion participative, comme le suggère LIKERT (1974) dans son modèle de « management participatif.391 » La gouvernance scolaire des classes passerelles s'est opérée, alors, à travers une démarche de consultation et d'association des acteurs du projet. C'est ainsi que sont présents, dans l'implantation et la mise en oeuvre du projet, les acteurs étatiques et non étatiques. Le sommet de cette gouvernance participative est la présence de la communauté locale dans la mise en oeuvre du projet. Cette participation communautaire est

390 K. I. KOFFI, 2009, « Analyse du résultat scolaire des élèves de CE2 du primaire public : cas des classes passerelles de la zone centre de la Côte d'Ivoire », EDUCI/ROCARE, Afr educ dev issues, n°2, 2010, special JRECI 2006 & 2009, pp.279-294

391 R. LIKERT, 1974, op. cit.

342

matérialisée par le COGES qui bénéficie d'une feuille de route qui prend en compte, la mise en place des écoles, la sécurité, le fonctionnement et la pérennisation des écoles. D'un point de vue pragmatique, elle permet d'accroître la confiance de tous les acteurs impliqués dans la gestion de l'école. Cette démarche a, ainsi, abouti à l'élaboration d'un guide de mise en oeuvre des classes passerelles dont l'harmonisation requiert, une fois encore, la gestion participative des acteurs.

Administrer une organisation, selon FAYOL, « c'est prévoir, organiser commander, coordonner et contrôler. 392 » Il s'agit de constituer l'organisation, de permettre au personnel, de remplir ses fonctions et d'harmoniser les travaux tout en veillant au respect des règles établies. FAYOL exprime, par cette définition, la vision du management participatif. Dans le cadre de notre étude, les dysfonctionnements qui sont observés, à savoir : les modes de gestion variés des classes passerelles, le manque de perspectives pour les personnels et le manque de ressource sont dus à une insuffisance de planification. Conformément aux

travaux de ANY-GBAYERE (1998), « la planification consiste à concevoir un futur désiré ainsi que les moyens réels d'y parvenir. C'est aussi une prise de décision possédant des caractéristiques. 393» Ainsi, Il distingue deux types de planifications nécessaires et complémentaires : la planification stratégique destinée au long terme et la planification tactique destinée au court terme. Cette conception de la planification induit que le MENET dispose d'un plan stratégique et tactique pour le fonctionnement des classes passerelles. Ces plans doivent intégrer le plan stratégique global du système éducatif. Au niveau tactique ou opérationnel, des spécificités peuvent être prises en compte pour prioriser un type d'action par rapport à un autre. Une meilleure planification exige une intégration de tous les éléments du plan après en avoir défini les objectifs, les moyens, les conditions et les tâches, comme le suggère ANY-GBAYERE (1998).

Au niveau interne du système scolaire, les objectifs et les moyens sont identifiés, mais les facteurs de risque comme les arrêts de cours, les catastrophes natu-

392 R. DAVAL, 2018, op. cit.

393 S. ANY-GBAYERE, 1998, op. cit., p. 44

343

relles ou artificielles et les crises économiques sont imprévisibles et difficilement maîtrisables. Leur gestion exige du système scolaire, des mesures de mitigation appropriées. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, l'administration scolaire fait face à une situation en perpétuel changement, d'où l'intérêt à accorder à « l'attitude d'adaptation active 394» pour rendre ce système plus efficace. Dans cette optique, la gestion des ressources humaines et matérielles pourrait être optimisée pour obtenir les meilleures performances. C'est une démarche qui exige un équilibre entre les ressources disponibles et les opérations. Cela nécessite la consolidation des mécanismes de mise en oeuvre. Ceux-ci doivent être revus, reévalués et corrigés.

4.2. Du renforcement de l'accès, la rétention et l'équité en éducation

Concernant le renforcement de l'accès, la rétention et l'équité en éducation, l'étude a proposé l'adoption une politique d'éducative de maintien, l'application du programme accéléré aux élèves en fonction de leur profil, la maximisation du temps scolaire pour renforcer les acquis scolaires et la levée des restrictions d'accès liées l'état civil.

Les problématiques de l'accès et de la rétention trouvent leur pertinence dans les statistiques du MENET (2011) selon lesquelles, « les différents indicateurs de l'Education Nationale révèlent un système éducatif peu performant en raison notamment, de la faiblesse des taux d'accès, de scolarisation et de rétention (...) ainsi que de l'importance du taux de redoublement (21%). De façon générale, le cycle de l'éducation de base rejette 10% de ses effectifs par an. 395»

Les problématiques de l'accès et de la rétention sont également fondées par l'analyse du RESEN 2016 qui estime que :

près de 13 % d'une génération d'enfants n'ont pas accès à l'école, et que près de 40 % n'achèvent pas le primaire. Ces deux populations, qui n'accèdent pas l'école ou qui l'abandonnent de façon précoce, constituent une cible importante pour les politiques éducatives. En effet, la politique éducative poursuit deux objectifs centraux qui sont : i) d'une part, scolariser les enfants en âge de l'être et qui ne le sont pas ; et ii) d'autre part, faire en

394 Selon S. ANY-GBAYERE, 1998, l'attitude d'adaptation active consiste à adapter l'environnement au fonctionnement du système pour plus d'éfficacité.

395 MENET, 2011, op. cit., p. 91

344

sorte que les élèves inscrits puissent parvenir au bout des cycles entamés, avec les savoirs de base contenus dans les programmes d'enseignement. Ainsi, en s'intéressant à la population des enfants d'âge scolaire qui sont hors du système scolaire (EHSS), trois types de question se posent :

- la première est de déterminer leur nombre actuel, en faisant la distinction entre ceux qui n'ont pas (ou pas eu) accès à l'école et ceux qui y ont eu accès un jour mais l'ont quittée de façon précoce ;

- la seconde est de déterminer leurs caractéristiques sociales, c'est-à-dire dans quelle mesure le phénomène touche plutôt les filles ou les garçons, davantage les ménages pauvres, ou s'il s'agit davantage d'urbains ou de ruraux, de jeunes résidant certaines régions ; et

- la troisième consiste à déterminer les raisons ou les facteurs qui peuvent expliquer leur non scolarisation ou leur abandon précoce. Il peut s'agir de raisons du côté de l'offre scolaire (école trop lointaine, ou ayant des caractéristiques qui ne conviennent pas à certaines familles), ou du côté de la demande au niveau des familles.396

Les classes passerelles proposent une solution à cette problématique en facilitant les critères d'accès. Ainsi, il existe un critère d'âge et un critère socioéco-nomique. Au niveau du critère d'âge, le dispositif prend en compte les enfants âgés de 9 à 14 ans. Concernant le critère socioéconomique, il prend en compte d'une part, la gratuité des cours et d'autre part, les enfants hors du système scolaire et issus de milieux défavorisés. Ce sont notamment, les non scolarisés qui sont des enfants n'ayant jamais eu accès à l'école ; les déscolarisés précoces qui ont abandonné l'école pour une insuffisance de performance, pour des difficultés socio-économiques ou pour des raisons de conflit armé ; les enfants en migration comme les « talibés » ; les enfants exploités qui sont utilisés par les adultes pour des activités lucratives ; les enfants des personnes déplacés lors du conflit post-électoral de 2010-2011 ; les enfants non accompagnés qui ont perdu leurs parents pendant le déplacement survenu lors de la crise post- électorale.

Le maintien dans le système scolaire s'exprime par la politique éducative de maintien basée sur l'approche par compétence, les compétences de vie, la pédagogie différenciée et la présence de la cantine scolaire. Selon le MENET/DPFC (2014),

l'approche par compétence ou APC est une conception des pratique d'enseignement/apprentissage/évaluation fondée sur le développement de

396 Gouvernement de Côte d'Ivoire, 2016, op. cit., pp. 68-69

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connaissances, d'aptitudes et d'attitudes opérationnelles en situation. Cette mise en relation de plusieurs ressources pour trouver des solutions ou réus-

sir en situation est appelée intégration, d'où l'expression consacrée de pédagogie de l'intégration. 397

L'APC est une approche qui capitalise les acquis du « constructivisme, du cognitivisme et du « socioconstructivisme.398 » Cette option pédagogique s'accompagne de la prise en compte, dans le programme scolaire, des compétences de vie qui consistent à développer les pratiques d'une vie saine et visent le changement intégral de comportement, comme l'indique le MENET/DPFC (2014). Pour l'ONG EPT (2008), c'est une approche pédagogique qui vise à développer chez l'apprenant, des savoirs agir appelés compétences. Elle privilégie la réussite d'un plus grand nombre d'élèves. L'usage de cette approche met les classes passerelles en phase avec les classes conventionnelles sensées accueillir leurs élèves. Toutefois, si notre étude atteste de la mise en oeuvre de cette approche pédagogique au sein des classes passerelles, elle ne permet pas d'apprécier de manière quantitative, son impact sur la rétention ou le maintien des apprenants

Concernant la cantine scolaire, son effet sur la rétention scolaire a été suffisamment démontré par des travaux de recherche dans le domaine de l'éducation. Ainsi, l'étude de TOURE (2017) montre que les acteurs du système scolaire primaire que sont les instituteurs et les conseillers en cantine, sont unanimes sur les effets positifs de la cantine sur « la rétention et la réussite des élèves dans le cycle primaire.399 ». Cet auteur montre que les cantines scolaires ont une double fonction, à savoir : contribuer à l'application de la loi sur l'obligation scolaire et contribuer à l'atteinte de l'ODD 4 qui vise à offrir à chaque citoyen, l'accès à une

397 MENET/DPFC, 2014, Manuel de référence relatif à la mise en oeuvre des pratiques de vie saine (life skills) par les programmes scolaires en Côte d'Ivoire. Abidjan, DPFC, p. 24

398 Selon le MENET/DPFC, 2014, le constructivisme conçoit l'apprentissage comme un processus actif et chaque apprenant conduit ses propres savoirs en les rattachant à ce qu'il connait déjà. Le cognitivisme met l'accent sur le fait qu'on retient mieux ce qu'on a appris et le fait qu'une information peut être aisément retrouvée si elle a été correctement encodée. Le socioconstructivisme est basé sur le principe que l'apprenant développe ses compétences en comparant ses perceptions à celles de ses pairs et des adultes qui l'entourent. p. 24

399 K. TOURE, 2017, op. cit., p. 235.

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éducation de qualité. Toutefois, « la politique de ciblage 400 », le taux de couverture insuffisant des cantines et les insuffisances de gestion constatés par TOURE nous amènent à nous interroger sur les chances d'atteindre les objectifs assignés à ces cantines scolaires. En effet, l'étude des classes passerelles nous a permis de constater l'absence de cantine dans certains sites passerelles. Il s'agit notamment des sites qui ne sont pas logés dans une école conventionnelle. Nous n'avons pu rechercher les causes réelles de ces insuffisances. Toutefois, nous notre étude constate que les classes passerelles ne satisfont pas à tous les critères d'éligibilité à la cantine. Cela pourrait en être la cause.

4.3. Du renforcement de la qualité de l'éducation

Au niveau de la qualité de l'éducation, l'étude a montré que des efforts sont faits par les classes passerelles sur certains indicateurs de performance comme le programme et le temps scolaire, la méthode d'enseignements et d'évaluation. Toutefois, des insuffisances existent au niveau d'autres indicateurs comme la formation des enseignants, les outils de formation et l'environnement d'apprentissage. C'est une proposition qui est en phase avec les travaux de WOLOSCHUK (2017) qui estime que, pour obtenir une éducation de qualité, l'accent doit être mis sur l'amélioration des facteurs comme « des enseignants compétents, des outils de qualité et un environnement d'apprentissage de qualité 401». En d'autres termes, Il faut améliorer la formation des enseignants, utiliser le matériel d'enseignement adéquat et apaiser le climat interne et externe de l'école. La compétence ou la qualité des enseignants est liée à leur formation de base et leur formation continue, comme suggéré COLEMAN et al (1966)402. Ces chercheurs établissent une corrélation directe entre la réussite scolaire et «l'effet

400 Selon T. KROUELE, 2017, la politique de ciblage consiste à accorder les cantines scolaires aux écoles selon les critères qui sont : l'insécurité alimentaire, le taux brut de scolarisation dans la région, le brut d'achèvement du cycle primaire et de la prévalence en malnutrition chronique. Ces critères permettent de classer les écoles par catégorie de première, deuxième et troisième nécssité. pp. 239-240

401 D. WOLOSCHUK, 2014, « qu'est-ce qu'une éducation de qualité ?», Perspectives, n° 13, 2014, in https// perspectives.ctf-fce.ca, consulté les 20 juin 2018

402 J. S. COLEMAN et al, 1966, cité par C. GAUTIER et M. DEMBELE, 2004, op.cit., p. 2

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enseignant. 403» Si l'existence de cet effet est avéré à travers la littérature, nous n'avons pas pu le démontrer dans le cas des classes passerelles. Bien au contraire, l'étude a démontré que la bonne performance des classes passerelles était dispro-portionnelle au temps insuffisant de formation initiale des enseignants estimée entre dix et quinze jours, avec en appoint, une formation continue sur le terrain. Cela suggère l'existence de facteurs additionnels de la réussite de ces apprenants.

Pour PERRENOUD (1996) cette formation doit intégrer les paramètres comme les besoins des élèves, leurs envies, leurs attitudes, leur niveau, les conditions de travail, les contraintes et les ressources « qu'offre un établissement particulier dans un environnement particulier. 404 » SANDERS et RIVERS (1996) relèvent que «l'effet enseignant» a une « valeur ajoutée » en général. Il est encore plus bénéfique pour les élèves en difficulté lorsque « l'enseignant est performant. » C'est aussi l'avis de RIVKIN et al (2003) qui montrent, dans leur étude, l'apport substantiel de « la qualité pédagogique de l'enseignant dans la réussite scolaire des élèves d'origine socio-économique défavorisée. 405» Ils considèrent ainsi le facteur «qualité de l'enseignant» comme capable d'éliminer la différence d'apprentissage liée à l'origine socioéconomique de l'élève de l'école primaire. Cette conception de «l'effet enseignant» se présente comme une réponse à la problématique des inégalités sociales à l'école et relevée par les classiques de la sociologie de l'éducation. Ainsi, l'enseignant, par son savoir-faire peut contribuer la réussite des apprenants ayant un héritage ou un capital culturel insuffisant. C'est à juste titre que WANG et al (1994) considèrent le facteur «gestion de la classe»406 comme le plus déterminant de la réussite scolaire. Cette gestion est, effectivement, assurée par l'enseignant qui s'appuie sur sa qualification.

403 J. S. COLEMAN et al, 1966, cité par C. GAUTIER et M. DEMBELE, 2004, op.cit., p. 2

404 Ph. PERRENOUD, 1996, « Le rôle de la formation des enseignants dans la construction d'une discipline scolaire : transposition et alternance », Éducation physique et sportive. La formation au métier d'enseignant, Paris, Editions de la Revue Education physique et sport, Dossiers EPS n° 27, pp. 49-60.

405 S. G. RIVKIN et al, 2003, «Teachers, schools and academic achievement» in http://www.semen ticscholar.org, cités par C. Gauthier et M. Dembélé, 2004, op. cit, P. 8

406 B. STEVE et al, 2005, op. cit., p.140

348

L'optimisation du temps scolaire peut, également, renforcer les acquis scolaires. Il est prouvé, à travers l'analyse du système éducatif national de 2016, que malgré l'amélioration des résultats scolaires, les acquis scolaires demeurent globalement faibles. Selon cette analyse, ces résultats « questionnent l'usage du temps effectif d'enseignement en classe et [celui] du temps scolaire dans son ensemble, (...) La sortie de crise et la paix sociale impliquent une réduction des disparités et une augmentation générale du niveau des acquis dans l'optique du décollage économique appelé par l'émergence. 407» Au regard de ce constat et cette recommandation du RESEN 2016, l'optimisation du temps scolaire devient une exigence de la qualité dans le contexte actuel. Pour atteindre cet objectif, les effets des facteurs de risque tel que les grèves, les absences des personnels de l'éducation et les catastrophes naturelles doivent être jugulés à travers une stratégie globale de mitigation du système éducatif.

En termes de qualité de l'éducation, l'enseignement en langue maternelle développé par l'ONG EPT peut être un atout car il « facilite l'apprentissage 408», comme l'atteste l'UNICEF (2013)409 et l'association SOROSSORO (2011). De l'avis de OUANE et GLANTZ (2010), l'usage de la langue maternelle est également sous-tendu par la thèse que celle-ci améliore les résultats scolaires, facilite la compréhension des concepts scientifiques, réduit les déperditions scolaires, donne une pertinence socio-culturelle aux programmes de formation et « garantit un enseignement de qualité. 410» Par ailleurs, il consolide les acquis pédagogiques puisque le savoir et les compétences des enfants « sont transférés de leur langue maternelle à la langue utilisée à l'école411 », conformément aux résultats des travaux de CUMMINS (2001).

407 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 116-117.

408 SOROSSORO, 2011, op. cit.

409 UNICEF, 2013, « Côte d'Ivoire: Funding Requirements 2009-2013 », in http://www.unicef. org/cotedivoire/support_4163.html., consulté le 12 janvier 2014

410 A. OUANE et C. GLANTZ, 2010, op. cit., pp. 27-30

411 J. CUMMINS, 2001, « Langue maternelle des enfants bilingues, qu'est ce qui est important dans leurs études ? », Sprogforum n°19, pp. 17-19

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Dans la recherche de la qualité de l'éducation, évoquant l'importance de la langue maternelle dans l'élaboration des programmes scolaires pertinents, du point de vue socio-culturel, certains chercheurs comme OUANE et GLANTZ (2010), évoquent les expériences des écoles bilingues du Burkina Faso, celles des « écoles de la pédagogie convergente 412» du Mali et du programme de lecture à l'école primaire en Zambie. Ici, les auteurs font le lien entre qualité de l'éducation et l'aspect socioculturel de l'éducation ainsi que l'autonomie de l'apprenant. Les classes passerelles ont développé cet aspect à travers l'enseignement des compétences de vie et l'Approche Par Compétence (APC).

Pour établir les fondations d'une éducation de qualité, les auteurs OUANE et GLANTZ (2010) concluent que, dans le contexte africain, l'utilisation de la langue maternelle comme support d'instruction est l'un des facteurs déterminants. Toutefois, la réussite d'un tel processus est conditionnée par sa pratique pendant « une période d'au moins six ans.413 » Ainsi, le facteur temps d'apprentissage est crucial pour la consolidation de la pratique de la langue maternelle pour qu'elle donne les résultats cités ci-haut. Dans le cas spécifique des classes passerelles, nous sommes en face d'une pratique de deux mois seulement, d'où l'interrogation sur l'impact réel de la langue maternelle sur la qualité de leurs enseignements. Une étude future est nécessaire pour mesurer cet impact.

4.4. Du renforcement contextuel et des conditions d'exercice.

Le dernier axe relatif au contexte et aux conditions d'exercice, a permis de développer une stratégie basée sur l'éducation en situation d'urgence. Cette approche est fondée sur le fait que les mécanismes de mitigation enclenchés jusqu'à la dernière crise de 2010/2011 en Côte d'Ivoire ont suffisamment montré leurs limites. De prime à bord, ce sont les conditions d'intervention des acteurs qui sont

412 Pédagogie convergente: approche novatrice d'apprentissage des langues ayant pour objectif de développer un bilinguisme fonctionnel chez l'apprenant. Elle est introduite au Mali en 1987 pour faciliter la passage de la langue maternelle au français (Samba Traoré, 2001) cité par Apollinaire SEZELIO, 2014, Didactique intégrée, pédagogie convergente et bilinguisme comme élément de réponse à la crise de l'école centrafricaine. p.165

413 A. OUANE et C. GLANTZ, 2010, op. cit., pp. 27-30

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décrites, conformément aux normes de l'INEE. Ensuite viennent les conditions d'accès à l'éducation d'urgence, puis, l'environnement d'apprentissage et enfin, le processus enseignement/apprentissage. Ainsi, considérant que les acteurs interviennent dans un contexte de crise, ils reçoivent une formation psychosociale en rapport avec l'éducation et les besoins spécifiques des apprenants en situation d'urgence. De même, les processus d'apprentissage et les dispositifs éducatifs sont conçus dans ce registre pour garantir une meilleure prise en charge des apprenants. Ces propositions devront permettre de renforcer le système scolaire conventionnel dans un contexte d'éducation d'urgence.

Considérant les facteurs de risque que les acteurs des classes passerelles ont dû annihiler pour réaliser le projet école d'une part, vu la bonne performance des apprenants des classes passerelles d'autre part, l'existence des classes passerelles apparaît, selon notre étude comme la manifestation de la résilience du système scolaire national. Cette résilience s'est réalisée, non pas de manière systématique, mais plutôt par la spontanéité d'acteurs sociaux ayant différentes motivations. Dans une perspective sociologique, cette action des acteurs revalorise la théorie de DUBET (1989) qui dit, en substance, que c'est à partir des motivations diverses qu'élèves, collégiens, lycéens et étudiants construisent leurs propre expérience et le sens qu'ils donnent à leur scolarité. Dans cette logique, en prenant en compte la motivation et la détermination dont ont fait preuve les acteurs des classes passerelles, notre étude permet d'affirmer que ceux-ci ont manifesté de l'intérêt pour l'éducation. Même si des nuances peuvent apparaître entre les différents acteurs, tous avaient un même objectif, à savoir scolariser les enfants malgré les facteurs de risque.

Toutefois, le cas des classes passerelles contredit, en partie, de la thèse de DUBET sur la différence qu'il fait entre les élèves « bien placés » (favorisés) et les élèves « mal placés » (défavorisés). En effet, DUBET juge que seuls les élèves issus des couches socioéconomiques favorisées sont capables de se construire des motivations alors que dans le cas des classes passerelles, les élèves proviennent tous d'un milieu socioéconomique défavorable comme le montre l'étude de

KOFFI (2009). Malgré le facteur risque que constitue ce statut socioéconomique, les apprenants ont pu construire le sens de leurs études et réaliser des performances satisfaisantes. Toujours dans une perspective sociologique, Ce résultat, contrairement aux travaux de MEURLET et MORLAIX (2006), qui désignent trois facteurs externes déterminants des inégalités sociales devant l'école, à savoir : « (i) l'ambition, la volonté, l'habitus ;(ii) la proximité de la culture de la maison et de celle de l'école ; (iii) et les ressources financières 414 », démontre que la réussite scolaire peut être une réalité au sein des catégories socioéconomiques défavorisées. Les «modèles de l'empathie» et «l'avantage stratégique» que ces auteurs présentent ne suffisent pas à expliquer la réussite des apprenants des classes passerelles dans la mesure où nous sommes en présence d'une catégorie socioéconomique homogène comme l'indique KOFFI (2009).

Au regard des thèses sociologiques susmentionnées, les conclusions de nos travaux relatives au type de résilience manifesté par les classes passerelles, questionnent le lien entre réussite scolaire et l'homogénéité du statut socioéconomique des apprenants. Notre étude marque des insuffisances à ce niveau. C'est une question qui mériterait d'être traitée dans le cadre d'une stratégie globale de mitigation du système éducatif. Dans une perspective d'évaluation, la mise en place de cette stratégie globale commande qu'il y ait un mécanisme de suivi qui permettrait d'évaluer les aspects essentiels à intégrer dans le processus de résilience.

351

414 D. MEURLET et S. MORLAIX, 2006, op. cit., pp. 49-79

352

CONCLUSION GÉNÉRALE

Au terme de cette étude, il ressort que les classes passerelles en Côte d'Ivoire sont intervenues dans un double contexte de crise. La crise est d'abord structurelle et interne au système éducatif. En effet, l'existence d'enfants déscolarisés et non scolarisés est liée à la structuration du système éducatif ivoirien bien avant la guerre de septembre 2002. Cette crise structurelle se manifeste par un déficit, aussi bien en ressources humaines, matérielles que financières. C'est également un système à faible rendement interne qui a un taux de déperdition élevé et un taux de scolarisation primaire de 74% en 2007. La crise est ensuite environnementale (contexte militaro-politique). En conséquence, à l'instar de la plupart des pays d'Afrique en proie à l'instabilité socio-politique, elle constitue un facteur aggravant du dysfonctionnement du système éducatif qui a des défis énormes à relever.

La vérification de la première hypothèse relative aux différences structurelles et fonctionnelles des classes passerelles et des écoles conventionnelles porte sur le contexte de mise en oeuvre, les acteurs, et les curricula. D'abord, au niveau du contexte de mise en oeuvre, les écoles conventionnelles existent en permanence dans un contexte normal et en situation de crise. A l'inverse, les classes passerelles EPT et NRC interviennent uniquement dans un contexte d'éducation d'urgence en tant qu'alternative éducative. Elles sont ainsi suscitées par des situations de crise interne au système éducatif et de conflits ayant engendré des déplacements de populations. La crise interne se manifeste par l'incapacité du système éducatif à scolariser tous les enfants en âge de scolarisation pour manque d'infrastructures éducatives. Quant aux conflits visés ici, il s'agit de la guerre de 2002 et la crise post-électorale de 2010-2011.

Ensuite, au niveau des acteurs, les écoles conventionnelles ont le personnel administratif scolaire, le personnel enseignant, les COGES et les élèves. Leur cible est constituée d'enfants âgés de six à onze ans. Le personnel enseignant est composé d'instituteurs ordinaires, d'instituteurs adjoints, de stagiaires et de volon-

353

taires. L'administration se compose de personnel du MENET et de structures déconcentrées comme la DRENET, l'IEP et de la direction de l'école.

Quant aux classes passerelles, elles font intervenir des acteurs étatiques et non étatiques. Les acteurs non étatiques sont constitués des ONG promotrices comme EPT, UNICEF et NRC. On distingue également les communautés villageoises ou urbaines et les animateurs des classes. Les communautés organisent l'école et les animateurs s'occupent des enseignements en classes. Ceux-ci bénéficient de l'encadrement pédagogique des superviseurs et les coordonnateurs de projet. Les acteurs étatiques se composent des autorités préfectorales et du personnel de l'administration scolaire (IEP, direction de l'école). Les autorités préfectorales interviennent pour crédibiliser le projet et faciliter sa mise en place. L'administration scolaire s'assure quant à elle, du bon encadrement pédagogique des enfants et de leurs enseignants.

Enfin, concernant les curricula des classes passerelles, ils diffèrent de ceux des classes passerelles au niveau des missions, des objectifs, des programmes, des contenus, des méthodes, des techniques d'enseignement, des matériels didactiques et des modalités d'évaluation des acquis des élèves. Premièrement, pour les missions et les objectifs, l'école conventionnelle prépare la personnalité de l'élève à aborder le cycle secondaire alors que la classe passerelle prépare l'enfant à intégrer les écoles conventionnelles. En outre, l'école conventionnelle développe chez l'enfant, des compétences en lecture, en écriture, en expression orale, en mathématique, en créativité, en connaissance de son univers social et en activité physique. A l'inverse, la classe passerelle développe chez l'apprenant, des compétences en lecture, en écriture et en calcul ; ce sont des aptitudes ou des compétences de base de l'alphabétisation. En outre, la classe passerelle développe des compétences de la vie à travers les AEC qui incluent les activités coopératives.

Deuxièmement, pour les programmes, l'accélération du rythme scolaire des classes passerelles constitue la différence fondamentale pour toutes les classes passerelles. En sus, l'usage de la langue maternelle est la particularité des classes

354

passerelles EPT. Pour les méthodes pédagogiques, en plus de la FPC ou de l'APC, c'est une stratégie de scolarisation accélérée qui est adoptée par la classe passerelle comme technique. Ces programmes condensent ceux des écoles conventionnelles et y intègrent la langue maternelle comme vecteur d'enseignement (uniquement pour les classes EPT). Les contenus de ces programmes sont un condensé de ceux des écoles conventionnelles enseignés en langue maternelle pour les classes EPT.

Par ailleurs, les matériels didactiques des classes passerelles prennent en compte les programmes accélérés basés sur le principe de contenus condensés. Il s'agit de la fiche de leçon et du guide maître qui sont spécifiques aux classes passerelles. Enfin, pour les évaluations, les écoles conventionnelles utilisent les types d'évaluations sommatives et formatives. L'on retrouve ces mêmes principes dans les classes passerelles sous d'autres formes. Ainsi, l'évaluation formative est traduite en évaluation continue à la fin de chaque niveau à l'intérieur d'un cycle. L'évaluation en langue maternelle dans la classe passerelle EPT s'inscrit dans ce registre. Le test de transfert qui se fait en fin d'année représente l'évaluation sommative.

Ces résultats révèlent des similitudes et des différences entre écoles conventionnelles et les classes passerelles. Cependant, les différences sont plus prononcées et résident au niveau des contextes de mise en oeuvre, des acteurs et les curricula. Cela induit des différences structurelles et fonctionnelles, c'est-à-dire que chaque système est conçu selon une structure ou une forme qui fonctionne selon un mode défini pour remplir une mission spécifique. Au regard de ce résultat, la première hypothèse est confirmée.

Concernant la deuxième hypothèse relative aux raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles, les résultats présentent les limites du système scolaire conventionnel et la mise en oeuvre des classes passerelles. Les limites du système scolaire conventionnel ayant occasionné la mise en oeuvre des classes passerelles peuvent se résumer en deux points essentiels, à savoir la crise interne au système

355

scolaire et les conflits armés de 2002 et de 2010. La crise du système scolaire se

manifeste par :

- une diminution sensible des ressources allouées au secteur éduca-

tion/formation et un faible niveau d'investissement ;

- un faible taux de couverture scolaire ;

- une dégradation de la qualité des services éducatifs offerts ;

- un accès limité et une discontinuité éducative ;

- des disparités de scolarisation selon le sexe, la région et la zone ;

- un ratio élève/maître (REM) élevé ;

- des risques à gérer ;

- des ressources humaines limitées ou sous-utilisées ;

- des taux de déperdition élevés ;

- des acquis scolaires faibles ;

- un temps scolaire non optimisé ;

- des dotations inéquitables des manuels scolaires.

La raison contextuelle que constituent les deux conflits de 2002 et 2010, se fonde sur la destruction des infrastructures scolaires, le déplacement des acteurs de l'éducation et le grand nombre d'enfants hors du système scolaire. En effet, les classes passerelles interviennent dans un contexte de crise scolaire et de crise environnementale. Cela leur confère le statut d'alternative éducative et de dispositif d'éducatif d'urgence. Leur intervention se fait dans une phase de relèvement ou de reconstruction post-crise. Ainsi, suite à leur mise en oeuvre, des résultats ont été obtenus ; il s'agit en substance, de :

- la facilitation de l'accès à l'école ;

- l'extension de la couverture scolaire ;

- l'extension de l'offre éducative ;

- la facilitation de la politique de gratuité de l'école ;

- l'intégration des élèves à l'école conventionnelle ;

- l'inscription des classes passerelles sur la carte scolaire ;

- la mise à disposition d'un profil d'enseignants volontaires qualifiés ;

356

- l'établissement de liens entre le profil des élèves et la performance sco-

laire ;

- l'amélioration du ratio élève/maître ;

- la pertinence de la mobilisation communautaire dans le projet école ;

- le renforcement de la coopération acteurs étatiques et non étatiques ;

- des taux de réussite satisfaisants.

- et les raisons de la bonne performance des apprenants.

Tous ces aspects constituent des atouts en faveur du système scolaire primaire. L'étude montre que d'une part, les limites du système scolaire conventionnel, en conjonction avec des facteurs contextuels, ont suscité la mise en place des classes passerelles ; puis, elle présente d'autre part, les résultats obtenus par ces dernières dans leur mise en oeuvre, comme des solutions aux limites du système scolaire conventionnel. Ces résultats sont cependant, nuancés par le fait que les classes passerelles n'apportent pas de solution à toutes les difficultés du système conventionnel.

En effet, dans leur rôle d'alternative éducative et de dispositif d'éducation d'urgence, les classes passerelles ont pu améliorer les indicateurs comme le taux de réussite, la couverture scolaire, le ratio élève/maître (REM), la gestion des ressources humaines, l'utilisation des matérielles d'enseignement, et la gestion du temps scolaire. Cependant, elles n'apportent toujours pas de réponses aux questions relatives à la diminution des ressources éducatives, au faible niveau des acquis scolaires, au financement de l'éducation et aux disparités de résultats scolaires entre les zones.

L'efficacité interne d'un système s'apprécie par rapport à l'atteinte des objectifs qui sont pour les classes passerelles, savoir lire, écrire et compter avec pour finalité, l'intégration de l'enfant dans le système scolaire conventionnel. Cette finalité est traduite en chiffre d'environ 99% de réussite. Considérant ce qui précède et au regard de la capacité des classes passerelles à assurer l'éducation en l'absence de l'école conventionnelle, il serait plus judicieux de dire qu'elles cons-

357

tituent des alternatives efficaces et pertinentes dont la réussite scolaire est plutôt basée sur des facteurs organisationnels que sur les facteurs pédagogiques et individuels. De ce fait, l'on peut conclure que l'hypothèse 2 n'est pas confirmée.

La troisième hypothèse relative aux stratégies de renforcement du système scolaire ivoirien à travers les classes passerelles, a été testée à travers les sections sur les difficultés de mise en oeuvre des classes passerelles et les propositions faites par les acteurs. Si les classes passerelles présentent des atouts, leur mise en oeuvre rencontre également des difficultés qui sont d'ordre contextuel, organisationnel et pédagogique.

Les difficultés contextuelles sont relatives au statut de dispositif d'éducation

d'urgence des classes passerelles. A ce titre, elles sont relatives à l'inadéquation qui peut exister entre le contexte de reconstruction et le projet école. Ces inadéquations portent sur la politique éducative, les matériels d'enseignement, le profil des enseignants volontaires et celui des personnels d'éducation, l'environnement d'apprentissage, les conditions d'accès à l'éducation d'urgence et les conditions d'intervention des acteurs. Les difficultés organisationnelles se caractérisent par :

- une mise en place difficile des classes passerelles ;

- un retard de livraison du matériel ;

- un retard de paiement des primes des animateurs ;

- un retard de livraison du matériel ;

- une insuffisance des financements existants ;

- une absence de financement de l'Etat ;

- une insuffisance de cantines scolaires ;

- une insuffisance d'archivage ;

- une absence de perspective pour les ex-animateurs ;

- une insuffisance de coordination d'action ;

- et une insuffisance de communication.

Les difficultés pédagogiques se manifestent par - une conception difficile des curricula ;

358

- une divergence de perception du concept « classe passerelle » ;

- une présence des élèves de sept à huit ans ;

- une absence d'animateur suppléant ;

- une disparité d'effectifs entre filles et garçons ;

- une absence d'étude fiable sur l'utilisation des langues maternelles comme

outil d'enseignement ;

- une absence d'un syllabaire de langue maternelle ;

- des salles de classe inadaptées ;

- une insuffisance du temps de formation initiale ;

- et une insuffisance du temps scolaire.

Ces difficultés constituent des failles des classes passerelles et amènent les acteurs du secteur, à faire des propositions de stratégies relatives au renforcement du système scolaire ivoirien. Concernant cette section, en conformité avec les axes d'orientation du PAMT 2012/2014, et considérant le contexte d'éducation d'urgence, l'étude propose des stratégies de renforcement à quatre niveaux, à savoir :

- le niveau de la gestion administrative ;

- le niveau de l'accès, la rétention et l'équité en éducation ;

- le niveau de la qualité de l'éducation ;

- et le niveau contextuel et les conditions d'exercice.

Le renforcement de la gestion administrative propose des mesures relatives à une meilleure gestion des ressources humaines, des ressources matérielles et financières et une amélioration de l'organigramme de fonctionnement du projet école.

Concernant le renforcement de l'accès, la rétention et l'équité en éducation, l'étude a proposé que la politique éducative de maintien des classes passerelles soit étendue au système scolaire conventionnel. Les conditions d'accès à l'école des classes passerelles, alliant gratuité et motivation pourraient aider à l'extension rapide de la couverture scolaire nationale. Le profil des apprenants âgés de 9 à 14 ans permettant de meilleurs résultats scolaires avec un programme accéléré,

359

l'étude estime que cela pourrait raccourcir la durée de scolarité du système scolaire conventionnel. Au plan des performances des apprenants, les méthodes organisationnelles et le temps scolaire maximisé davantage, associés aux évaluations continues, permettent d'amoindrir la déperdition scolaire et de renforcer les acquis scolaires. Toutes ces mesures pourraient rendre le système scolaire plus accessible et plus équitable.

Le renforcement de la qualité des classes passerelles concerne les mesures

relatives à l'amélioration :

- de l'encadrement pédagogique des enseignants ;

- des méthodes d'enseignement ;

- de la gestion des salles de classe ;

- et des résultats scolaires.

Le renforcement contextuel et celui des conditions d'exercice est fondé sur

les mesures relatives à l'éducation en situation d'urgence. Il s'agit :

- des conditions d'intervention des promoteurs du projet classes passerelles

dans les situations d'éducation d'urgence ;

- des conditions d'accès à l'éducation en situation d'urgence ;

- de l'environnement d'apprentissage ;

- de la qualification des personnels enseignants ;

- de la politique éducative ;

- et des conditions d'enseignement/apprentissage en situation d'urgence.

Ces mesures définissent des normes qui devraient permettre d'opérer dans un climat scolaire apaisé et sécurisant pour tous les acteurs de l'école. Au regard de ce qui précède, la troisième hypothèse est confirmée. En somme, l'efficacité et la pertinence des classes passerelles s'expliquent par une conjonction de bonnes pratiques organisationnelles et pédagogiques associées à des variables environnementaux et personnelles des apprenants. Dès lors, toutes les stratégies éducatives sont mises en oeuvre pour atteindre le maximum de taux de réussite.

360

Pour les différents acteurs, les classes passerelles présentent des avantages. Ainsi, pour l'Etat, elles contribuent à l'amélioration du taux d'admission et de scolarisation. A ce titre, les pratiques de ce dispositif de scolarisation accélérée pourraient aider les écoles conventionnelles à résorber les questions d'insuffisance d'infrastructures et d'enseignants. Il s'agira de faire les trois cycles de l'école primaire en trois ans au lieu de six ans. Pour ce faire, les programmes réduits doivent être bien étudiés et formalisés. Les classes passerelles sont également une opportunité pour les parents, de scolariser leurs enfants. Elles permettent aux enfants d'avoir une seconde chance de savoir-lire, savoir-écrire et savoir-calculer tout en échappant aux vices liés à l'analphabétisme.

Par ailleurs, au regard de la nature de ce dispositif d'urgence non formel, et considérant le fait qu'il soit financièrement dépendant de la subvention d'une organisation non gouvernementale, il ne peut répondre entièrement au défi de la scolarisation de qualité sans un engagement total de l'Etat de Côte d'Ivoire. Celui-ci doit intégrer ce projet à la politique globale de la scolarisation primaire universelle en tant qu'offre alternative d'éducation. Une telle démarche pourrait être salutaire pour la problématique de la sous-scolarisation en milieu urbain qui n'a pas encore connu de réponse adéquate. Des efforts ont été faits dans ce sens à travers l'affirmation de la volonté politique dans le Plan d'Action à Moyen Terme du Secteur Education/Formation 2012-2014 (PAMT 2012-204). En outre, dans sa tentative d'engagement pour l'éducation alternative en 2013/2014, le MENET a mis en place le Projet d'Urgence d'Appui à l'Education de Base (PUAEB) qui a bénéficié de l'appui financier de la Banque mondiale. Il a été piloté par le MENET, avec pour partenaires opérationnels, NRC, Soleil Levant et EPT. Ce sont au total 1512 enfants hors du système scolaire qui en ont bénéficié. Cette contribution, bien qu'appréciable, mérite d'être améliorée au regard des besoins croissants.

La pertinence des classes passerelles dans le contexte de la Côte d'Ivoire est évidente au regard de leur efficacité. Toutefois, pour que ce dispositif ait un impact significatif sur le taux de scolarisation, beaucoup reste à faire. Il s'agira pour

361

l'Etat, de mettre en oeuvre cette expérience à une échelle plus grande avec des moyens adéquats. Dans cette démarche, les normes élaborées, de concert avec les parties prenantes, doivent être formalisées et appliquées en améliorant la gouver-nance, les aspects pédagogiques et environnementaux.

Nonobstant la pertinence des classes passerelles analysée dans la discussion, notre étude présente des limites relatives à :

- la question d'une stratégie globale de l'éducation alternative en Côte d'Ivoire ;

- la question de la résilience scolaire en situation d'urgence ;

- et la question de la réussite scolaire des apprenants issus de la même classe socioéconomique en situation d'urgence.

Au regard de ces limites, nos perspectives postdoctorales s'inscrivent dans le cadre de l'alternative éducative et de l'urgence éducative en rapport avec la réussite et la résilience scolaire. Ainsi, ayant démontré la pertinence du dispositif des classes passerelles dans l'extension de la couverture scolaire nationale et en présence d'un cadre institutionnel et normatif régissant ledit dispositif, l'enjeu, pour le système scolaire, demeure la mise en place d'une stratégie globale de développement de l'alternative éducative en Côte d'Ivoire sur la base des expériences des classes passerelles. Cette stratégie doit intégrer les questions subsidiaires comme les facteurs de la réussite scolaire et de la résilience des enfants réintégrés dans le système scolaire en situation d'urgence. En d'autres termes, comment le système scolaire de Côte d'Ivoire peut-il offrir aux Enfants Hors du Système Scolaire (EHSS) une éducation de qualité assurant la réussite scolaire dans une situation de crise en s'appuyant sur ses propres mécanismes de résilience ?

Ces perspectives se justifient au regard de l'analyse du RESEN 2016 selon laquelle : « près de 13 % d'une génération d'enfants n'ont pas accès à l'école, et (...) près de 40 % n'achèvent pas le primaire. Ces deux populations, qui n'accèdent pas l'école ou qui l'abandonnent de façon précoce, constituent une cible importante pour les politiques éducatives.415 » Ces questions devrons être

415 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 68-69

362

abordées en tenant compte du contexte national et international des Objectifs de Développement Durable 4 (ODD 4). Dans cette démarche, les acteurs étatiques et non-étatiques doivent assumer pleinement leurs rôles. Le défi ultime de l'école ivoirienne demeure l'atteinte de la scolarisation universelle, malgré les obstacles de tout genre. Sur cette lancée, rien ne doit être négligé.

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UNIL, 2018, « Max Weber et la sociologie compréhensive » in https// wp.inil.ch, consulté le 02 avril 2018.

VIANIN P., 2007, La motivation scolaire : Comment susciter le désir d'apprendre ? Bruxelles, Edition De Boeck Université.

Vie Kande Ni Bayra, 2012, « les classes passerelles » in http://www.viebayra. org, consulté le 29 Novembre 2012

WANG M.., 1994, « qu'est ce qui aide l'élève à apprendre », Vie pédagogique, n°90, septembre-octobre. Cité par Bissonnette STEVE et al, 2005, « Interventions pédagogiques efficaces et réussite scolaire des élèves provenant de milieux défavorisés », Revue française de pédagogie, n° 150, janvier-février-mars 2005

WEBER A. et DE PERETTI A.,1983, Pédagogie différenciée, module 6, Paris, INRP.

397

WHITEBREAD D. and SUE B., 2013, «Too much, too young : should schooling start at 7 ?» in www.newscientiste.com/article/mg220294 35-000-too-much-too-young-should-should-schooling-start-at-age-7/,

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WILLIAMS M. and BURDEN R, 1997, «Motivation in language learning: A social constructivist perspective», Les cahiers de l'APLIUT, 16, pp.19-27. Cité par Chakour et al, 2015.

WOLOSCHUK D., 2014, « qu'est-ce qu'une éducation de qualité ?», Perspectives, n° 13, 2014, in https// perspectives.ctf-fce.ca, consulté les 20 juin 2018

World Vision International, 2016, « Literacy Boost : une méthode innovante d'apprentissage de la lecture », in https// www.wvi.org/fr/senegal /article/ li-teracy-boost-une-m%C3%A9thode-innovante-d%E2%80%99apprentissage-de-la-lecture, consulté le juin 2017.

i

ANNEXES

ii

ANNEXE 1

QUESTIONNAIRE
D'ENQUETE N°...

A L'ANIMATEUR DE LA CLASSE PASSERELLE DE

SUJET : Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire : Influence des classes passerelles en zone Centre Nord et Ouest (C.N.O.) de 2006 A 2014

I. Identité

1.Nom : 2.Age : 3.Fonction : 4.Niveau d'instruction :

II. Présentation des classes passerelles

1.Quand avez-vous ouvert la classe ?

2.Quandpartez vous en vacance ?

3.Avez-vous subit un test de recrutement ? oui non

5.Combien d'élèves avez-vous dans la classe ?

6.Quel est l'intervalle d'âge de vos élèves ?

7.Combien de filles avez-vous dans la classe ?

8.Y a-t-il des élèves déscolarisés ? oui non

9.Si oui, combien ?

10.Quelle langue d'enseignement utilisez vous ? Français langue maternelle
11.Si vous utilisez la langue maternelle, à quel niveau cela se fait-il ? Préappren-

tissage apprentissage à tous les deux niveaux
12.Avez vous eu une formation pédagogique après votre recrutement ?

Oui non

13.Combien a duré cette formation ?

14.Etes vous encadré actuellement ? Oui non

15.Si oui, par qui ? .

16.Les visites de classe se font elles ? Oui non
17.Utilisez vous la formation par compétence ? oui non

18.Combien de classes y a-t-il sur le site ? .

19.Avez-vous un animateur suppléant ? Oui non

20.Si non, qui vous remplace en cas d'absence ?

21.Disposez-vous du matériel didactique nécessaire ? Oui non

22.Les élèves disposent-ils de tout le manuel scolaire ? Oui non

23.Quels sont les manuels que vous utilisez ? (le niveau de classe)

24.Quels matériels didactiques utiliser vous ?

25.Quelles sont les disciplines enseignées ?

26.Le mobilier est-il disponible ? Oui non

27.Si non, pourquoi ?

iii

28.Recevez-vous un salaire ou des perdiems ? salaireperdiems

29.par qui êtes vous payé ? par l'ONG Par le village

III. Difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles

1.Quelles sont vos difficultés au plan pédagogique ? ... ... ... ... ... ... ... ...

2.Quelles sont vos difficultés au niveau social ? ... ... ... ... ... ... ...

3.Quelles sont vos difficultés au niveau organisationnel ? ... ... ... ... ... ... ... ...

3.Quelles sont les difficultés dans vos rapports avec la communauté ? ... ... ... ...

4.Quelles sont les difficultés dans vos rapports avec les promoteurs ? ... ... ... ...

IV. Stratégies de renforcement du système scolaire

1.Quelles sont vos propositions au niveau pédagogique ? ... ... ... ... ... ... ... ...

2. Quelles sont vos propositions au niveau organisationnel ?... ... ... ... ... ... ...

... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ...

3. Quelles sont vos propositions au niveau environnemental ?... ... ... ... ... ...

iv

ANNEXE 2

GUIDE D'ENTRETIEN

A MONSIEUR / MADAME LE RESPONSABLE DE NRC / EPT

SUJET : Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire : Influence des classes passerelles en zone Centre Nord et Ouest (C.N.O.) de 2006 A 2014

I. Identité

1.Organisation : 2.Nom : 2.Age : 3.Fonction : 4.Niveau d'instruction :

II. Présentation des classes passerelles

1. Quels sont les missions et objectifs des classes passerelles ?

2. Depuis quand avez-vous ouvert les classes passerelles ?

3. Où sont localisés les sites des classes passerelles ?

4. Quelle est la gestion administrative des classes passerelles ?

5. Avez-vous des partenaires ? et qui sont-ils ?

6. Quelle est l'organisation pédagogique des classes passerelles ?

7. Quelle est l'organisation administrative des classes passerelles ?

8. Pourquoi utilisez-vous la langue maternelle ?

9. Quelle est le profil des animateurs ?

10. Quel est le profil des élèves ?

III. Raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles

1. Quelle est la situation de l'éducation dans les zones où vous intervenez ?

2. Quels sont les acquis de la mise en oeuvre des classes passerelles ?

3. Quels sont vos rapports avec les acteurs du système éducatif conventionnel ? 4.Quel est le rendement des classes passerelles ?

IV. Difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles

1.Quelles sont vos difficultés au plan pédagogique ?

2.Quelles sont vos difficultés au niveau social ?

3.Quelles sont vos difficultés au niveau organisationnel ?

3.Quelles sont les difficultés dans vos rapports avec la communauté ? 4.Quelles sont les difficultés dans vos rapports avec les promoteurs ?

V. Stratégies de renforcement du système scolaire 1.Quelles sont vos propositions au niveau pédagogique ?

2. Quelles sont vos propositions au niveau organisationnel ?

3. Quelles sont vos propositions au niveau environnemental ?

v

ANNEXE 3

ENTRETIEN EN FOCUS GROUP

AUX ELEVES DES CLASSES PASSERELLES

SUJET : Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire : Influence des classes passerelles en zone Centre Nord et Ouest (C.N.O.) de 2006 A 2014

I. Présentation des classes passerelles

1. Quelle est le nom de votre école ?

2. Depuis quel mois allez-vous à l'école ?

3. Avez-vous déjà fait l'école avant d'arrêter ?

4. Qu'est ce qu'on vous enseigne ici ?

5. Combien d'élèves avez-vous dans votre classe ?

6. Où habitez-vous

II. Difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles

1. Les tables et les bancs sont-ils disponibles?

2. Le tableau est-il en bonne état ?

3. Avez-vous les manuels scolaires ?

4. Avez-vous reçu les manuels en début d'année ?

5. Etes-vous contents d'aller à l'école ?

6. le maitre s'occupe-t-il bien de vous ?

7. avez-vous une cantine scolaire ?

III. Stratégies de renforcement du système scolaire

1. Qu'est ce qui vous manque dans votre école ?

2. Qu'est ce que vous souhaiteriez voir dans votre école ?

vi

ANNEXE 4

GUIDE D'ENTRETIEN

A MONSIEUR / MADAME L' INSPECTEUR D'ECOLE PRIMAIRE.

SUJET : Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire : Influence des classes passerelles en zone Centre Nord et Ouest (C.N.O.) de 2006 A 2014

I. Identité

1.Nom : 2.Age : 3.Fonction : 4.Niveau d'instruction :

II. Présentation des écoles conventionnelles

1. Quels sont les missions et objectifs de l'enseignement primaire ?

2. Combien d'école y a-t-il dans votre inspection ?

3. Quelle est la gestion administrative de l'enseignement primaire?

4. Avez-vous des partenaires ? et qui sont-ils ?

5. Quelle est l'organisation pédagogique d'une école primaire?

6. Quelle est le profil des enseignants?

7. Comment sont-ils suivis et évalué ?

8. Quel est le profil des élèves ?

9. Quelles sont les ressources disponibles ?

III. Raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles

1. Quelle est la situation de l'éducation dans votre inspection ?

2. Quels sont vos rapports avec les acteurs des classes passerelles?

3. Quel est le rendement des classes passerelles ?

4. Quels sont les acquis de la mise en oeuvre des classes passerelles ?

IV. Difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles

1. Combien de classes passerelles avez-vous dans votre inspection ?

2. Quelles sont vos relations avec les promoteurs des classes passerelles ?

3. Quelle est votre contribution dans la mise en place des classes passerelles ?

4. Intervenez-vous dans l'encadrement pédagogique des animateurs ?

5. Si oui, quel est votre rôle ?

6. Quelles est votre apport dans la conception des programmes et contenus ?

7. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la collaboration avec les promoteurs ?

V. Stratégies de renforcement du système scolaire 1.Quelles sont vos propositions au niveau pédagogique ?

2. Quelles sont vos propositions au niveau organisationnel ?

3. Quelles sont vos propositions au niveau environnemental ?

vii

ANNEXE 5

GUIDE D'ENTRETIEN

AU PRESIDENT DU COGES DE LA CLASSE PASSERELLE DE

SUJET : Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d'Ivoire : Influence des classes passerelles en zone Centre Nord et Ouest (C.N.O.) de 2006 A 2014

I. Identité

1.Nom : 2.Age : 3.Fonction : 4.Niveau d'instruction :

II. Présentation des classes passerelles

1. Combien de membre compte le COGES ?

2. Comment sont désignés ses membres ?

3. Quels sont les objectifs du COGES ?

4. Quelle est votre contribution dans la mise en place des classes passerelles ?

5. Quelles sont vos relations avec les promoteurs des classes passerelles?

III. Raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles

1. Quelle est la situation de l'éducation dans votre village ?

2. Quels sont vos difficultés avec les écoles conventionnelles ?

3. Combien d'enfant ne vont -ils pas à l'école dans votre village ?

4. Y a-t-il des écoles dans les villages environnants ?

5. Quel problème les classes passerelles règlent dans votre village ou zone ?

IV. Difficultés de la mise en oeuvre des classes passerelles

1. Etes-vous contents de recevoir les classes passerelles sur votre site?

2. Les parents permettent-ils aux enfants d'aller à l'école tous les jours ?

3. Quelles sont vos difficultés ?

V. Stratégies de renforcement du système scolaire

1. Que peut-on faire pour améliorer les classes passerelles ?

2. Que peut-on faire pour améliorer les écoles conventionnelles ?

3. Quel doit être le rôle des communautés que vous êtes ?

viii

ANNEXE 6

GRILLE D'EXAMEN DOCUMENTAIRE

THEMES

SOURCES

IDEES ESSENTIELLES

OBSERVATIONS

Education

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Enseignement primaire en Côte d'Ivoire

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Education alternative

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Réussite scolaire

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ix

ANNEXE 7

GRILLE D'OBSERVATION

CLASSE PASSERELLE

VARIABLE OBSERVEE

APPRECIATION

01

 

Confort scolaire

 

Gestion de la classe

 

Manuels

 

Programme

 

Masse horaire

 

Effectif élève

 

02

 

Confort scolaire

 

Gestion de la classe

 

Manuels

 

Programme

 

Masse horaire

 

Effectif élève

 

03

 

Confort scolaire

 

Gestion de la classe

 

Manuels

 

Programme

 

Masse horaire

 

Effectif élève

 

04

 

Confort scolaire

 

Gestion de la classe

 

Manuels

 

Programme

 

Masse horaire

 

Effectif élève

 

x

ANNEXE 8

Appréciation des variables à travers une échelle d'attitudes

Echelle

Variables

Pas du tout influent

Insuffisamment influent

Moyennement influent

Suffisamment influent

Très Influent

1

2

3

4

5

1. individuelles (aptitudes)

 
 
 
 
 

1.1. Motivation des élèves

 
 
 
 
 

1.2. Passé scolaire des élèves

 
 
 
 
 

1.3. Age des élèves

 
 
 
 
 

2. Organisationnelles

 
 
 
 
 

2.1. Mise en place

 
 
 
 
 

2.2. Gestion du projet

 
 
 
 
 

2.3. Participation communautaire

 
 
 
 
 

3. Pédagogiques

 
 
 
 
 
 

3.1. programme scolaire

 
 
 
 
 

3.2. qualification des enseignants

 
 
 
 
 

3.3. Méthode d'enseignement

 
 
 
 
 

xi

ANNEXE 9

xii

ANNEXE 10

xiii

ANNEXE 11

xiv

ANNEXE 12

xv

PUBLICATION

xvi

xvii

xviii

xix

xx

xxi

xxii

xxiii

xxiv

xxv

xxvi

xxvii

xxviii

xxix

xxx

xxxi

TABLE D'ILLUSTRATION

Tableau I : catégories de facteurs d'influence de l'apprentissage selon M. WANG

et al. 29
Tableau II : Récapitulatif des effets des facteurs influençant le niveau des acquis

30

Tableau III: taux de pauvreté des différentes régions des années 2002 et 2008 60

Tableau IV : techniques et outils de collectes de données 68

Tableau V : Chronogramme de l'enquête exploratoire 73

Tableau VI : chronogramme des enquêtes dans les zones d'implantation des

classes passerelles 75
Tableau VII : chronogramme des enquêtes dans les organisations non

gouvernementales 75

Tableau VIII : récapitulatif de la taille des échantillons 77

Tableau IX : liste des classes passerelles échantillons selon la zone d'intervention

78

Tableau X : tableau descriptif du fonctionnement des classes à sous-effectif 99

Tableau XI: tableau descriptif du fonctionnement des classes à sureffectif 101

Tableau XII : masse horaire en cours préparatoire 105

Tableau XIII : flux interne du système scolaire primaire de Côte d'Ivoire de 2006

à 2014 106

Tableau XIV : évolution des effectifs élèves de 2006 à 2014 111

Tableau XV: évolution des effectifs classes/élèves des écoles conventionnelles 113 Tableau XVI : exemple de Guide d'exécution du programme de l'enseignement

primaire 123

Tableau XVII: exemple de fiche pédagogique 124

Tableau XVIII : répartition de la masse horaire chez le promoteur EPT 146

Tableau XIX: taux de réussite des classes passerelles EPT et NRC par localité et

par année 147

xxxii

Tableau XX : évolution des effectifs classes/élèves des classes passerelles de

NRC/EPT selon l'année 152

Tableau XXI : fiche de contrôle du matériel didactique EPT 159

Tableau XXII : caractéristiques des classes passerelles EPT/NRC 161

Tableau XXIII : taux brut de scolarisation primaire en Côte d'Ivoire par année

scolaire de 2002 à 2007 173

Tableau XXIV : évolution des ratios au primaire de 2008/2009 à 2012/2013 183

Tableau XXV : évolution du taux de redoublement au primaire selon les niveaux

de 2006-2009 184

Tableau XXVI : proportion d'animateurs selon la zone 209

Tableau XXVII : niveau d'étude des animateurs selon la zone 210

Tableau XXVIIII : âge des animateurs selon la zone 210

Tableau XXIX : distribution des notes des classes passerelles EPT selon la zone

211
Tableau XXX : distribution des notes des classes passerelles NRC selon la zone

212
Tableau XXXI : distribution des notes des classes passerelles selon le sexe et le

niveau 212
Tableau XXXII : distribution des notes des classes passerelles selon le type de

classe passerelles, le niveau et la tranche d'âge 213
Tableau XXXIII : distribution des notes des classes passerelles selon l'âge et le

niveau. 214
Tableau XXXIV : comparaison des moyennes générales des taux de réussite selon

le type d'école 219
Tableau XXXV : comparaison des moyennes de taux de réussite des CP selon le

type d'école 220
Tableau XXXVI : comparaison des moyennes de taux de réussite des CE selon le

type d'école 221
Tableau XXXVII : comparaison des moyennes de taux de réussite des CM selon

le type d'école 221

xxxiii

Tableau XXXVIII : hiérarchisation des déterminants de la réussite scolaire des

élèves des classes passerelles 222

Tableau XXXIX : comparaison des moyennes de score selon le facteur 224

Tableau XL : comparaison des moyennes de score selon la variable 224

Figure 1: la carte de la délimitation des zones Centre, Nord et Ouest en 2003 53

Figure 2 : la carte de la région du Gbêkê 54

Figure 3 : la carte de la région du Guemon 55

Figure 4 : la carte de la région du Kabadougou 56

Figure 5 : la carte de la région du Tchologo 57

Figure 6 : la carte de la région du Tonkpi 58

Figure 7 : la carte de la région du Woroba (ex-worodougou) 59

Figure 8 : baraque aménagée pour servir de salle de classe à l'EPP Kamonoukro

de Bouaké en 2009 62
Figure 9 : un bâtiment entier dégradé à l'EPP Bamoro, DREN de Bouaké en 2009

63
Figure 10 : pancartes illustratives de partenaires financiers et techniques

construisant ou réhabilitant les écoles primaires en 2009 à Bouaké 108

Figure 11: effectif pléthorique à l'EPP Aboliba, DREN de Bouaké 2009 112

Figure 12 : organigramme de fonctionnement de l'administration scolaire primaire

115
Figure 13 : bâtiment en état de dégradation avancée à l'EPP Bamoro en 2009,

DREN de Bouaké 118
Figure 14 : un bâtiment entièrement réhabilité à l'EPP Bamoro, DREN de Bouaké

2009 120
Figure 15 : construction d'un point d'eau et de toilettes à l'EPP Paris Bouaké,

DREN Bouaké 2009 122

Figure 16 : modèles de classes passerelles NRC et EPT 157

Figure 17 : baraque servant de salle de classe à l'EPP Kamonoukro, DREN

Bouaké 2009. 175

xxxiv

Figure 18 : évolution des taux de réussite des classes passerelles EPT/ écoles

conventionnelles au niveau national selon l'année 215
Figure 19 : évolution des taux de réussite des classes passerelles NRC et des

écoles conventionnelles au niveau national selon l'année 216
Figure 20 : évolution des taux de réussite des classes passerelles NRC/ écoles

conventionnelles selon la zone et l'année 218
Figure 21 : évolution des taux de réussite des classes passerelles EPT/NRC et des

écoles conventionnelles selon la zone et l'année 219

Figure 22: projet de classes passerelles EPT en 2018 234

Figure 23 : classe passerelle sous-équipée à Lenguédougou, DREN de Séguéla

2009 246
Figure 24 : hétérogénéité des effectifs des élèves de la classe passerelle EPT de

Mondougou, DREN de Séguéla 2009 261

Figure 25 : classe passerelle EPT à Bêrêko, DREN de Séguéla 2009 265

Figure 26 : abris servant de salles de classes passerelles EPT à Allakro et Tabako,

2008 269

Figure 27 : cantine ouverte à l'EPP Bamoro en 2009, DREN Bouaké 272

A

Age des élèves, 222, 224

 
 

alternative éducative, 7, 18,

44, 48, 67, 319,

352,

355, 356

 
 
 
 
 
 
 
 

C

 
 

classe passerelle, iv, 13, 14,

15, 16, 20, 45,

46,

140, 142,

154,

155,

156,

157, 166, 208,

237,

245, 247,

250,

251,

257,

262, 268, 283,

284,

285, 292,

313,

329,

353,

354, 358

 

classes passerelles, iv, vi, 7, 9, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 28, 29, 33, 35, 37, 43, 44, 45, 46, 48, 52, 64, 65, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 81, 89,

90, 91,

92,

94,

128,

129,

130,

134,

135,

136,

139,

141,

142,

145,

147,

150,

151,

153,

154,

155,

160,

162,

163,

164,

167,

169,

170,

177,

180,

181,

186,

196,

198,

199,

204,

205,

206,

207,

208,

209,

210,

211,

214,

215,

216,

217,

218,

219,

220,

221,

222,

223,

225,

237,

239,

241,

242,

244,

247,

248,

249,

250,

251,

252,

254,

255,

256,

257,

258,

259,

264,

266,

267,

270,

271,

279,

280,

281,

282,

283,

284,

285,

286,

287,

288,

289,

290,

291,

292,

294,

295,

296,

297,

298,

299,

311,

313,

316,

317,

318,

319,

321,

326,

327,

328,

329,

330,

332,

333,

334,

335,

336,

337,

339,

341,

352,

353,

354,

355,

356,

357,

358,

359,

360,

364,

368,

373,

379,

385,

396, ii, iii, iv, v, vi, vii

 
 
 

Classes passerelles, 45, 212, 213

contenu, 29, 140, 297

contenus, 43, 69, 140

Contexte de scolarisation, 222

curricula, 16, 19, 22, 34, 90, 129, 163, 181, 247,

249, 250, 258, 281, 294, 297, 298, 313, 316,

317, 352, 353, 354, 357, 379

curriculum, 36, 48, 225, 250, 252, 289, 359, 390

Curriculum, 389

curriculum,, 48, 390

D

différenciation, 332

dispositif, 18, 23, 29, 36, 44, 45, 48, 71, 242, 250,

267, 279, 295, 311, 333

E

école conventionnelle, 139, 141, 160, 163, 207,

208, 249, 289, 317, 329, 353, 355, 356 Ecoles conventionnelles, 219, 220, 221 écoles conventionnelles, 14, 18, 19, 167, 215,

216, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 249, 254,

257, 259, 262, 267, 288, 289, 294, 337, 352, 353, 354, 360, vi, vii

éducation, ii, iv, viii, ix, 1, 4, 5, 6, 7, 9, 12, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 33, 34, 36, 39, 40, 42, 43, 44, 45, 46, 49, 61, 64, 65, 66, 67, 94, 95, 98, 107,

316, 317,

10, 11,

28, 31,

47, 48,

110,

113,

115,

119,

121,

126,

129,

130,

131,

134,

136,

151,

152,

158,

163,

172,

178,

181,

183,

189,

192,

196,

198,

199,

205,

207,

209,

244,

247,

249,

252,

254,

265,

266,

279,

280,

285,

286,

289,

290,

294,

295,

296,

297,

298,

299,

311,

313,

314,

317,

319,

321,

324,

327,

329,

335,

349,

352,

355,

356,

357,

359,

360,

363,

364,

365,

366,

367,

368,

369,

370,

371,

372,

373,

374,

375,

376,

378,

379,

381,

384,

386,

388,

389,

391,

392,

393,

394,

395, iv, vi, vii

éducation alternative, 10, 20, 48, 49, 319 éducation d'urgence, 12, 16, 18, 19, 21, 23, 24,

44, 46, 67, 129, 199, 294, 295, 313, 319, 352,

356, 357, 359

efficacité, 28, 37, 81, 211, 222, 225, 281, 297,

328, 337, 356, 359, 360, 363, 392

égalité, 4, 189, 366

équité, 4, 392

F

facteurs individuels, 223, 331

facteurs organisationnels, 19, 31, 223, 224, 281, 325, 326, 357

facteurs pédagogiques, 19, 34, 223, 224, 331, 357 fonctionnement, 18, 45, 68, 69, 72, 281, 289, 322, 327, 369

formation pédagogique, 256, 294, ii

G

Gestion du projet, 222, 224 gestion participative, 327, 328

I

implantation, 74, 154, 180, 205, 267 inégalité, 367

inter-âge, 332

L

langue maternelle, 29, 140, 160, 253, 255, 256, 290, 312, 349, 367, 370, 378, ii, iv

M

Méthode d'enseignement, 222, 224

xxxv

INDEX DES MOTS CLÉS

Mise en place du projet, 222, 224 Motivation des élèves, 222

O

Origine socio-économique des élèves, 222

P

Participation communautaire, 222, 224

Passé scolaire des élèves, 222, 224

performance, 36, 37, 39, 43, 47, 48, 253, 294

Performance, 364, 372

performance scolaire, 36, 43, 47, 48, 73, 294, 356

Politique éducative, 29, 222

Programme scolaire, 222, 224

Q

R

renforcement, iv, 10, 12, 16, 18, 19, 22, 44, 67, 90, 95, 97, 106, 125, 129, 141, 222, 239, 279, 287, 290, 295, 311, 318, 356, 357, 358, 359, 373, iii, iv, v, vi, vii

résultat scolaire, 47, 80, 321, 341, 379

résultats scolaires, 12, 15, 73, 75, 81, 222, 237,

256, 287, 291, 330, 331, 356, 359

réussite scolaire, iv, 12, 19, 28, 29, 30, 34, 36, 38,

39, 43, 44, 47, 48, 216, 281, 333, 337, 347,

357, 366, 369, 371, 391, 396

S

scolarisation, viii, ix, 7, 8, 43, 45, 46, 255, 295,

297, 352, 360, 362, 375, 383, 392

stratégies de scolarisation accélérées, 44

système éducatif, iv, 3, 10, 14, 17, 28, 44, 49, 61,

xxxvi

Qualification des enseignants, 222, 224 95, 96, 114, 171, 172, 173, 176, 180, 182,

 

183,

184,

193,

202, 204,

207,

236,

237,

279,

280,

311,

314,

321, 341,

352,

363,

373,

376,

383,

384,

385,

389, iv

 
 
 
 

xxxvii

TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE iii

RÉSUMÉ iv

ABSTRACT v

REMERCIEMENTS vi

SIGLES ET ABRÉVIATIONS vii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

I.CADRE THÉORIQUE 9

1. Justification du choix du sujet 9

1.1. Motivation personnelle 9

1.2. Pertinence institutionnelle 10

1.3. Pertinence scientifique 11

1.4. Pertinence sociale 12

2. Constats 13

2.1. Constat 1 : la classe passerelle et l'école primaire conventionnelle : 13

deux systèmes scolaires différents 13

2.2. Constat 2 : la classe passerelle : une alternative aux limites du 14

système scolaire conventionnel 14

2.3. Constat 3 : la classe passerelle : un dispositif de renforcement du 16

système scolaire conventionnel. 16

3. Problématique 17

3.1. Problème de recherche 17

3.2. Questions de recherche 18

4. Objectifs de l'étude 18

4.1. Objectif général 18

4.2. Objectifs spécifiques 19

5. Thèse 19

6. Hypothèses spécifiques 19

7. Revue critique de la littérature 20

7.1. Classes passerelles et éducation alternative 20

7.2. Classes passerelles et éducation d'urgence 23

7.2.1. Genèse et fondement de l'éducation d'urgence 23

7.2.2. Phases de l'intervention d'urgence 25

7.2.3. Cadre règlementaire de l'intervention d'urgence 26

7.2.4. Approches du secours éducatif 27

xxxviii

7.3. Classes passerelles et réussite scolaire 28

7. 3.1. Facteurs déterminants de la réussite scolaire selon WANG Margaret et

al 28

7.3.2. Facteurs déterminants de la réussite scolaire selon le PASEC 30

7.3.3. Réussite scolaire et facteurs organisationnels 31

7.3.4. Réussite scolaire et facteurs pédagogiques 34

7.3.4.1. Réussite scolaire et programme scolaire 34

7.3.4.2. Réussite scolaire et méthode d'enseignement 35

7.3.4.3. Réussite scolaire et qualification des enseignants 38

7.3.5. Réussite scolaire et facteurs sociaux et individuels (aptitudes) 39

7.3.5.1. Théories classiques des facteurs sociaux 39

7.3.5.2. Modèle de l'empathie et l'avantage stratégique 41

7.3.5.3. Théorie de la résilience scolaire 42

7.3.5.4. Réussite scolaire et âge des apprenants 43

8. La valeur ajoutée 44

9. Approche conceptuelle 44

9.1. Education d'urgence 44

9.2. Classes passerelles 45

9.3. Stratégies de scolarisation accélérée (SSA) 46

9.4. Réussite scolaire 47

9.5. Education alternative ou alternative éducative 48

9.6. Gouvernance scolaire 50

II. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 52

1. Délimitation du champ de l'étude 52

1.1. Champ géographique 52

1.2. Champ sociologique 60

2. Ancrage théorique 67

3. Méthodes et instruments de collecte de données 67

3.1. Observation et grille d'observation 68

3.2. Etude documentaire et grille d'examen documentaire 69

3.3. Entretien et guide d'entretien 70

3.4. Enquête par questionnaire et questionnaire 71

3.5. Mesure des attitudes et échelle d'attitudes 72

4. Etapes de l'étude 73

4.1. Pré-enquête 73

xxxix

4.2. Enquête 74

5. Echantillonnage 76

5.1. Choix des techniques d'échantillonnage 76

5.2. Critères de choix et construction de l'échantillon 76

5.2.1. Populations cibles principales 77

5.2.2. Population cible secondaire 79

6. Traitement des données 80

7. Analyse des données 82

7.1. Méthode compréhensive 82

7.1.1. Phase compréhensive 82

7.1.2. Phase interprétative 82

7.1.3. Phase explicative 83

7.2. Analyse systémique 84

7.3. Théorie des parties prenantes 85

7.4. Théorie de la résilience 86

7.5. Management participatif 87

8. Limites des options méthodologiques 89

9. Difficultés de l'étude 89

10. Plan de restitution des résultats 90

PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION DU SYSTÈME SCOLAIRE

PRIMAIRE CONVENTIONNEL ET DES CLASSES PASSERELLES 91
CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DU SYSTEME SCOLAIRE PRIMAIRE

CONVENTIONNEL 93

1. Cadre institutionnel de la scolarisation en Côte d'Ivoire 94

2. Mission et objectifs 96

3. Méthodes et langues d'enseignement 97

4. Programme 98

5. Organisation des cours 98

6. Méthode d'intervention 103

7. Formation pédagogique des enseignants 104

8. Masses horaires 104

9. Indicateurs des flux internes 105

10. Intrants mis à disposition 106

10.1. Financement 106

10.2. Enseignants 109

xl

10.3. Elèves 110

10.4. Administration 113

10.5. Parents d'élèves 116

10.6. Infrastructures et équipements 117

10.7. Matériel didactique et manuels scolaires 123

10.8. Méthodes et instruments d'évaluation 124

Conclusion du chapitre 1 126

CHAPITRE 2 : PRÉSENTATION DES CLASSES PASSERELLES 128

1. Cadre institutionnel des classes passerelles 129

2. Mission et objectifs 139

3. Méthodes et langues d'enseignement 139

4. Programme 140

5. Organisation des cours 140

6. Méthodes d'intervention 141

7. Formation pédagogique des enseignants 142

8. Masses horaires 145

9. Indicateurs des flux internes 146

10. Intrants mis à disposition 147

10.1. Financement 147

10.2. Enseignants ou animateurs 149

10.3. Elèves 150

10.4. Administration 153

10.5. Parents d'élèves 154

10.6. Infrastructures et équipements 155

10.7. Matériel didactique et manuels scolaires 158

10.8. Méthodes et instruments d'évaluation 160

Conclusion du chapitre 2 163

Conclusion de la première partie 166

DEUXIÈME PARTIE : RAISONS DE LA MISE EN OEUVRE DES CLASSES

PASSERELLES 169
CHAPITRE 3 : LIMITES DU SYSTÈME SCOLAIRE PRIMAIRE

CONVENTIONNEL 171

1. Un système éducatif en crise 172

1.1. Diminution sensible des ressources allouées et un faible niveau

d'investissement 172

1.2. Faible taux de couverture scolaire 173

xli

1.3. Insuffisances des infrastructures et des services éducatifs offerts 174

1.4. Accès limité et discontinuité éducative 176

1.5. Disparités de scolarisation selon le sexe, la région, le milieu

d'habitation et le statut socio-économique 177

1.6. Gestion des risques 181

1.7. Ressources humaines limitées ou sous-utilisées 182

1.8. Effectifs d'élèves pléthoriques 183

1.9. Taux de déperdition élevés 184

1.10. Taux de réussite en hausse mais des acquis scolaires faibles 185

1.11. Temps scolaire non optimisé 185

1.12. Dotations inéquitables des manuels scolaires 186

2. Un contexte de conflit armé 186

2.1. Un environnement scolaire politisé par les belligérants 187

2.2. Un environnement scolaire sous l'emprise de la violence 188

2.3. Un environnement social manipulé par les belligérants 188

2.4. Fermeture des écoles 189

2.5. Destruction physique des infrastructures éducatives 191

2.6. Baisse de la scolarisation 191

2.7. Déplacement des acteurs de l'éducation 192

2.8. Réticence des communautés locales 194

2.9. Démotivation des élèves 195

2.10. Réouverture de l'école en situation d'urgence 195

2.11. Déficit des personnels éducatifs 197

2.12. Retour des acteurs de l'éducation en zones CNO 198

2.13. Réhabilitation des écoles ou période de reconstruction 199

2.14. Insuffisance des mécanismes de mitigation du système scolaire 199

Conclusion du chapitre 3 202

CHAPITRE 4 : MISE EN OEUVRE DES CLASSES PASSERELLES 204

1. Contexte de la mise en oeuvre 205

2. Acquis de la mise en oeuvre 206

2.1. L'accès à l'école et la couverture scolaire 206

2.2. Accroissement de l'offre éducative 207

2.3. Gratuité de l'école 207

2.4. Intégration des élèves à l'école conventionnelle 207

xlii

2.5. Inscription des classes passerelles sur la carte scolaire et accroissement

des effectifs des classes 207

2.6. Implication de l'Etat au projet classe passerelle 208

2.7. Des performances post passerelles satisfaisantes 208

2.8. Profil adéquat des enseignants 209

2.9. Efficacité interne des classes passerelles EPT et NRC 211

2.9.1. Distribution des notes et des taux de réussite 211

2.9.2. Comparaison des taux de réussite des classes passerelles et des classes

conventionnelles au niveau national 214

2.9.3. Comparaison des taux de réussite scolaires au niveau régional 216

3. Facteurs explicatifs de l'efficacité des classes passerelles 222

4. Renforcement des classes passerelles après 2014 225

4.1. Extension des classes passerelles Save The Children 225

4.2. Atelier de revue et d'harmonisation de l'approche « classes passerelles »

en Côte d'Ivoire en 2017 226

4.3. Classes passerelles EPT en zone cacaoyère 233

Conclusion du chapitre 4 236

Conclusion de la deuxième partie 237

TROISIÈME PARTIE : DIFFICULTÉS DE LA MISE EN OEUVRE DES CLASSES PASSERELLES ET STRATÉGIES DE RENFORCEMENT DU

SYSTÈME SCOLAIRE 239
CHAPITRE 5 : DIFFICULTÉS DE LA MISE EN OEUVRE DES CLASSES

PASSERELLES 241

1. Difficultés de gouvernance 242

1.1. Retard de livraison du matériel 242

1.2. Retard de paiement des primes 244

1.3. Insuffisance des primes des animateurs 244

1.4. Absence de perspective pour les ex-animateurs 244

1.5. Insuffisance des financements 244

1.6. Absence de financement de l'Etat 247

1.7. Insuffisance des mesures de pérennisation 247

1.8. Insuffisance du guide de mise en oeuvre 248

1.9. Limites du processus d'intégration 248

1.10. Manque de suivi des élèves 249

1.11. Accroissement des effectifs 249

2. Difficultés pédagogiques 250

xliii

2.1. Conception difficile des curricula 250

2.2. Divergence de perception du concept « classe passerelle » 250

2.3. Difficultés liées à l'âge des élèves 252

2.4. Absence d'animateur suppléant 254

2.5. Disparité d'effectifs entre filles et garçons 254

2.6. Difficultés liées à la langue maternelle 254

2.7. Absence d'étude fiable sur l'utilisation des langues maternelles comme

outil d'enseignement 255

2.8. Absence d'un syllabaire de langue maternelle 256

2.9. Insuffisance du temps de formation initiale 256

2.10. Insuffisance du temps scolaire 256

2.11. Disparités de performance 256

2.12. Déperdition liée à l'hétérogénéité des niveaux d'étude 259

2.13. Divergence des pratiques pédagogiques 262

2.14. Mauvaise pratique pédagogique 262

3. Difficultés contextuelles ou conditions d'exercice 263

3.1. Environnement de post-crise 263

3.2. Environnement de crise économique 266

3.3. Mise en place difficile 267

3.4. Ressources limitées des écoles hôtes 267

3.5. Salles de classe inadaptées 268

3.6. Absence d'extraits de naissance des enfants 270

3.7. Insuffisance de cantines scolaires 271

3.8. Insuffisance de communication 273

3.9. Discrimination contre les élèves à intégrer 273

3.10. Insuffisance de coordination 274

3.11. Absence de documentation 274

Conclusion du chapitre 5 276

CHAPITRE 6 : STRATÉGIES DE RENFORCEMENT DU SYSTÈME

SCOLAIRE A TRAVERS LES CLASSES PASSERELLES 279

1. De la gestion administrative 280

1.1. De la procédure de mise en place 280

1.2. De l'application du guide de mise en oeuvre des classes passerelles en

Côte d'Ivoire 281

1.3. De l'organigramme de fonctionnement du projet 281

xliv

1.4. De la prééminence des facteurs organisationnels 281

1.5. De la participation communautaire 282

1.6. Des ressources matérielles et financières 283

1.7. De la rémunération des animateurs 283

1.8. Des perspectives pour les animateurs 283

1.9. De la pérennisation des classes passerelles 284

2. De l'accès, de la rétention et de l'équité en éducation 285

2.1. De la politique éducative de maintien des classes passerelles 285

2.2. De la pertinence des conditions d'accès 286

2.3. De l'influence du passé scolaire des élèves 286

2.4. Du renforcement des cantines scolaires 287

2.5. De la question des déperditions 288

2.6. De la nécessité de la synergie en évaluation 288

3. De la qualité de l'éducation 289

3.1. De l'encadrement pédagogique 289

3.2. Des techniques d'encadrement 290

3.3. De la pertinence de l'hétérogénéité de l'âge des apprenants en classe

unique 291

3.4. De la pertinence du programme accéléré 292

3.5. De la pertinence de la langue maternelle 292

3.6. De la contribution de la motivation des élèves 292

3.7. De l'optimisation du temps scolaire 293

3.8. De l'adéquation du profil du personnel 294

3.9. De la réforme des curricula 294

4. Du contexte et des conditions d'exercice 294

4.1. Des conditions d'intervention 295

4.2. Des conditions d'accès à l'éducation en situation d'urgence 296

4.3. De l'environnement d'apprentissage 296

4.4. De la qualification des enseignants 297

4.5. De la politique éducative 297

4.6. De la construction des salles de classe 298

4.7. De la nécessité d'équiper les écoles hôtes 299

4.8. Du processus enseignement/apprentissage 299

4.8.1. Des objectifs d'apprentissage 300

xlv

4.8.2. Des programmes scolaires 300

4.8.3. Des matériels didactiques et des matériels d'apprentissage 302

4.8.4. Des contenus de l'apprentissage 302

4.8.5. Des besoins psychosociaux 304

4.8.6. Des méthodes d'enseignement 304

4.8.7. De la langue d'enseignement 306

4.8.8. De la diversité des apprenants 306

4.8.9. De l'aptitude des enseignants et personnels de l'éducation 307

4.8.10. Des méthodes d'évaluation 309

Conclusion du chapitre 6 311

Conclusion de la troisième partie 313

DISCUSSION 315

1. Rappel et synthèse des résultats 316

1.1. A propos des différences structurelles et fonctionnelles des classes

passerelles et des écoles conventionnelles. 316

1.2. A propos des raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles 317

1.3. A propos des stratégies de renforcement du système scolaire

conventionnel à travers les classes passerelles 318

2. Les classes passerelles en tant qu'alternative éducative et dispositif

d'éducation d'urgence en Côte d'Ivoire 319

2.1. Les classes passerelles en tant qu'alternatives éducatives 319

2.2. Les classes passerelles en tant que dispositifs d'éducation d'urgence 321

3. Les classes passerelles en tant que catalyseurs de la réussite scolaire 324

3.1. De l'influence des facteurs organisationnels 325

3.1.1. De l'influence de la participation communautaire 326

3.1.2. De l'influence de la gestion du projet école 327

3.1.3. De l'influence de la mise en place du projet 329

3.2. De l'influence des facteurs pédagogiques et individuels 331

3.2.1. De l'influence de l'hétérogénéité de l'âge des apprenants 331

3.2.2. De l'influence du programme scolaire accéléré des classes passerelles

333

3.2.3. De l'influence de la langue maternelle 335

3.2.4. De l'influence de la qualification du personnel d'éducation 337

3.3. De la résilience scolaire 338

4. Les classes passerelles en tant que dispositif de renforcement du système

scolaire 341

xlvi

4.1. Du renforcement de la gestion administrative 341

4.2. Du renforcement de l'accès, la rétention et l'équité en éducation 343

4.3. Du renforcement de la qualité de l'éducation 346

4.4. Du renforcement contextuel et des conditions d'exercice. 349

CONCLUSION GÉNÉRALE 352

BIBLIOGRAPHIE 363

ANNEXES i

TABLE D'ILLUSTRATION xxxi

INDEX DES MOTS CLÉS xxxv

TABLE DES MATIÈRES xxxvii






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand