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Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à  2014.


par Moussa KONE
Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019
  

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3. Les classes passerelles en tant que catalyseurs de la réussite scolaire

L'analyse des raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles a permis de comprendre que celles-ci apportent des réponses aux dysfonctionnements du système scolaire conventionnel. Parmi ces réponses, on note la question de la réussite scolaire qui dépend de facteurs multiples. Partant de l'hypothèse de départ selon laquelle les facteurs pédagogiques seraient les plus déterminants dans l'efficacité des classes passerelles. L'analyse des facteurs explicatifs de cette réussite a, plutôt, permis de retenir les facteurs organisationnels comme les plus influents. Ils sont associés aux facteurs pédagogiques et individuels ainsi qu'à une catégorie de facteurs secondaires comme le contexte de scolarisation, la politique éducative et l'origine socioéconomique des apprenants. Cette section discute de la pertinence de ces facteurs pour les classes passerelles et le système éducatif convention.

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3.1. De l'influence des facteurs organisationnels

Les facteurs organisationnels sont constitués des variables : «participation communautaire», « gestion du projet» et « mise en oeuvre du projet». En effet, la mise en place du projet obéit à une procédure qui allie la participation communautaire, celle des acteurs étatiques et celle des ONG. C'est une démarche participative qui met à contribution toutes les expertises locales disponibles et suscite le consensus autour du projet école. Une telle démarche, selon les promoteurs, « s'avère être une nécessité absolue pour la réussite du projet quand on considère le contexte de sa mise en oeuvre ».

Le dispositif des classes passerelles est issu d'une situation difficile de scolarisation et d'une crise socioéconomique héritée de la guerre de 2002 et de la crise post-électorale de 2010/2011 en Côte d'Ivoire. Dans un tel contexte, les promoteurs devaient d'abord convaincre les communautés de la nécessité de scolariser leurs enfants. Dans cette lancée, ils devaient aussi avoir l'appui des autorités étatiques pour crédibiliser leur action vis-à-vis des communautés villageoises et celles des quartiers bénéficiaires du projet. Dans l'organisation mise en place par l'ONG EPT, on constate que la communauté est au début, au milieu et à la fin du processus. C'est la mobilisation totale des communautés bénéficiaires.

La gestion du projet école par les promoteurs obéit à un organigramme de fonctionnement. Cela dénote d'une rigueur de gestion qui permet à chaque acteur de savoir la tâche qui lui est dévolue. On constate dans le cycle d'exécution du projet, un volet de supervision qui permet de corriger les imperfections. Cette supervision est assurée par l'équipe pédagogique mise en place par les promoteurs. Les promoteurs EPT expliquent que « les supervisions sont assurées par le superviseur de zone et de manière périodique avec l'appui d'une équipe pédagogique pilotée par un coordinateur de zone. »

Par ailleurs, comparativement aux travaux antérieurs, la prééminence des facteurs organisationnels se justifie au regard de la thèse d'ANY-GBAYERE

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(1998) qui privilégie le « modèle participatif 350» dans la gestion d'une organisation. En plaçant la communauté au centre de la gestion, le projet des classes passerelles s'inscrit dans la logique de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) et de la Banque Mondiale qui recommandent « la participation communautaire locale comme solution à la mauvaise gestion d'une organisation. 351»

La prééminence des facteurs organisationnels montre également qu'il existe un « effet établissement qui relève de l'organisation interne des établissements scolaires 352» et susceptible d'influencer la réussite des apprenants. Dans le cas échéant, cet « effet établissement » s'avère être bénéfique pour la majorité des élèves des classes passerelles. Toutefois, l'existence de déperdition (1% à 27%) signifie que cet « effet établissement » impacte négativement une proportion minoritaire des apprenants. Cela représente un atout pour les classes passerelles et le système scolaire conventionnel pourrait s'en inspirer.

3.1.1. De l'influence de la participation communautaire

La variable «participation communautaire», selon la mesure des attitudes effectué dans le cadre de notre étude, représente 14,02 % des déterminants de la performance des élèves des classes passerelles Elle se situe à trois niveaux : avant le projet, pendant le projet et après le projet. A tous les niveaux, une tâche particulière est exécutée par la communauté. Au début, elle participe à la mise en place. Au cours du projet, elle assure la gestion du cadre scolaire et après le projet, elle crée les conditions de la pérennisation de l'école. Cette démarche permet aux parents d'élèves d'être des acteurs du projet école à tous les niveaux.

Pour formaliser la participation communautaire, un plan d'action communautaire a été adopté par les promoteurs à la suite des projets pilotes. Ce plan responsabilise la communauté dans les questions de sécurité et de pérennisation des

350 S. ANY-GBAYARE, 1998, op. cit., pp. 69 -70

351 MEN Sénégal et AFD, 2012, op. cit., p. 10

352 A. LEGER, 2002, op. cit. pp., 9 -10

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classes passerelles et la mobilisation des ressources. Il permet, également, aux communautés d'avoir un cahier de charge précis qui les rend plus efficaces. Cette approche de gouvernance est conforme au référentiel régional des projets d'école élaboré en 2011 par l'AFD et les experts africains. Ce référentiel recommande « la prise de mesures visant à faciliter la participation communautaire, l'élaboration de plans d'actions conformes aux capacités internes de la communauté et l'incitation des communautés à proposer des actions qui n'exigent pas nécessairement, la mobilisation de ressources financières.353»

En somme, à travers la mobilisation communautaire, les enfants trouvent des raisons d'être à l'école et les enseignants sont dans des conditions acceptables d'exercice qui leur facilitent la pratique pédagogique. Toutefois, la limite de cette démarche communautaire est l'inorganisation, le manque de ressource et les conflits au saint de la communauté. Notre étude ne nous a pas permis de déceler ces cas particuliers.

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