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Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à  2014.


par Moussa KONE
Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019
  

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DEUXIÈME PARTIE : RAISONS DE LA

MISE EN OEUVRE DES CLASSES

PASSERELLES

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La deuxième partie permet de découvrir et d'analyser les raisons de la mise en oeuvre des classes passerelles. Elle se compose des chapitres 3 et 4. L'une présente les limites du système scolaire conventionnel et l'autre aborde les questions liées à la mise en oeuvre des classes passerelles. Le chapitre 3 analyse les raisons endogènes et exogènes au système scolaire conventionnel. Cette analyse met en relief douze indicateurs pour les raisons endogènes et quatorze autres pour les raisons exogènes. Le chapitre 4 présente le contexte de la mise en oeuvre des classes passerelles, leurs acquis, les raisons de leur efficacité et les acquis après 2014.

Il convient de d'analyser le contexte de double crise qui est à la base de la création des classes passerelles. La première crise, interne au système scolaire et ayant préexisté à l'avènement du conflit armé de 2002 est avant tout structurelle. Elle se caractérise par une population scolaire en pleine croissance et des ressources budgétaires qui s'amenuisent à l'instar de la plupart des pays sous-développés. De manière générale, en Afrique, la crise de l'éducation est une conséquence de la crise économique. Celle de la Côte d'Ivoire remonte aux années 1980, mais elle est exacerbée par la massification de l'éducation des années 1990 et 2000. Cette crise éducative intervient dans un contexte international qui prône l'éducation pour tous et qui requiert encore plus de ressources financières aux Etat pour la prise en compte des populations scolarisables.

La seconde crise est le contexte de conflit armé et son corolaire de vulnérabilité accentuée des populations. Cela s'exprime, en substance, par moins d'accès aux infrastructures de base et un taux de pauvreté élevé. En guise d'illustration, le RESEN 2016 estime que le taux de pauvreté qui était de « 10% en 1985 est passé à 48,9% en 2008 208», une hausse qui va perdurer jusqu'en 2012. Dans le cas échéant, deux types de conflits armés ont préexisté à la mise en oeuvre des classes passerelles. Il s'agit de la guerre de 2002 et le conflit post-électoral de 2010/2011. Face à ces deux types de crise, dans quelle mesure, les classes passerelles apportent-elles des réponses à la problématique de l'éducation en Côte d'Ivoire ?

208 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 33

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CHAPITRE 3 : LIMITES DU SYSTÈME

SCOLAIRE PRIMAIRE CONVENTIONNEL

Le chapitre 3 analyse les limites du système éducatif primaire de Côte d'Ivoire. Cette étude est fondée sur le principe que l'existence des classes passerelles suggère un manque ou un dysfonctionnement dans le système scolaire existant. Il est, alors, nécessaire d'analyse ledit système pour comprendre les difficultés qui pourraient justifier la mise en oeuvre d'un dispositif aussi particulier que sont les classes passerelles. Ces limites s'analysent à un niveau interne au système et à un niveau environnemental. Le premier niveau est relatif aux difficultés de fonctionnement du système scolaire alors que le second concerne l'effet des crises sociopolitiques et économiques sur l'école.

Concernant les difficultés de fonctionnement, douze indicateurs seront analysés ; il s'agit, notamment, des ressources éducatives et du taux d'investissement, du taux de couverture scolaire, des infrastructures, de l'accès à l'école et de la fréquentation, de la répartition scolarisation, de la gestion des risques, des ressources humaines, des effectifs d'élèves, des taux de déperdition, des taux de réussite et des acquis scolaires, du temps scolaire et des dotations éducatives. Comment ses dysfonctionnements ont-ils suscité la mise en oeuvre des classes passerelles ?

Le contexte de conflit armé qui a impacté l'environnement scolaire est caractérisé par quatorze indicateurs, à savoir : le discours politisé, la présence de la violence, la manipulation des populations, la fermeture et la destruction des écoles, la baisse de la scolarisation, le déplacement des acteurs d'éducation, la réticence des communautés, la démotivation des élèves, la réouverture des écoles, le déficit des personnels d'éducation, la réhabilitation des écoles et l'insuffisance des mesures de mitigation. Comment ces facteurs ont-ils contribué à la mise en oeuvre des classes passerelles ?

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1. Un système éducatif en crise

Selon les diagnostics du système éducatif ivoirien faits par le RESEN (2011),

le RESEN (2016) et les différents rapports du MEN faisant l'état des lieux, les

difficultés du système scolaire pour les dernières décennies se résument comme

suit :

- une diminution sensible des ressources allouées au secteur éducation et un

faible niveau d'investissement ;

- un faible taux de couverture scolaire ;

- une dégradation de la qualité des services éducatifs offerts ;

- un accès limité et discontinuité éducative ;

- des disparités de scolarisation selon le sexe, la région et la zone ;

- un temps scolaire non optimisé ;

- et un ratio élève/maître (REM) élevé.

1.1. Diminution sensible des ressources allouées et un faible niveau d'investissement

Selon les données de la Banque Mondiale sur l'éducation en 2011, « (...) la part de l'éducation dans les dépenses courantes de l'Etat a baissé de façon substantielle passant à 25 % en 2007 alors qu'elle était de 36 % en 1990.209 » Toutefois, de manière générale, les dépenses totales d'éducation ont augmenté entre 2006 et 2013 passant de 502 milliards de FCFA à 733 milliards de FCFA. Cela contraste avec les résultats de l'analyse sectorielle qui relève « une sous-dotation des sous-secteurs de l'enseignement primaire et de l'EFTP, notamment au regard des nombreux défis auxquels ils doivent faire face. 210»

En 2013, l'enseignement primaire ne bénéficie que de 37% de l'ensemble des dépenses (cela inclut le fonctionnement et les investissements). Cette baisse du budget de l'éducation est confirmée par le RESEN 2016 qui montre qu'entre 2007 et 2013, l'enseignement primaire connaît une diminution des ressources publiques allouées à l'éducation qui passent de « 42,7% à 39,1% du budget de l'Etat.

209 Banque mondiale, 2011, op. cit., p. xxix

210 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp.105-106

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Dans le même temps, on observe une diminution des dépenses courantes du primaire de -9 %. En 2013, la masse salariale représente 89 % du budget alloué à l'enseignement primaire. 211» Cela montre un faible niveau d'investissement.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon