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La prière de la via lucis une pédagogie de la foi


par Patricia NOEL-PALLUEL
Institut Catholique de Paris - Diplôme de l'Institut Supérieur de Liturgie 2021
  

Disponible en mode multipage

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    INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS

    Theologicum

    Faculté de Théologie et de Sciences religieuses
    INSTITUT SUPÉRIEUR DE LITURGIE

    LA PRIERE DE LA VIA LUCIS :

    Une pédagogie de la foi

    Patricia NOËL-PALLUEL

    Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme de l'Institut Supérieur de Liturgie

    Directeur de mémoire : Père Jean-Claude REICHERT Second lecteur : Père Gilles DROUIN

    2

    « Avec le Christ, l'avenir est toujours ouvert » Père Hugues de Woillemont

    « Fais donc confiance au temps. Le temps, c'est de la musique ; et le domaine d'où elle émane, c'est l'avenir. Mesure après mesure, la symphonie s'engendre d'elle-même, naissant miraculeusement d'une réserve de durée inépuisable ».

    Hans Urs von Balthasar, Le Coeur du monde, 1953

    REMERCIEMENTS

    A mes parents

    Au Père Jean-Claude Reichert, professeur au Theologicum de l'Institut Catholique de Paris

    Au Père Gilles Drouin, directeur de l'Institut Supérieur de Liturgie à l'Institut Catholique de Paris

    A Hélène Bricout, directrice adjointe de l'Institut Supérieur de Liturgie

    Au Père Hugues de Woillemont, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, porte-parole des Evêques de France

    3

    A mon époux

    4

    Je dédie ce travail à ma fille, Claire

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    SOMMAIRE

    INTRODUCTION ET PRESENTATION DU MEMOIRE

    PREMIERE PARTIE : LA VIA LUCIS, PRIERE DE L'EGLISE

    1. UN REGARD SUR L'OBJET « VIA LUCIS » 18
    1.1. Le nom de « VIA LUCIS »

    1.2. La Via Lucis et Sa Sainteté Jean-Paul II

    1.3. La Via Lucis et l'apostolat des laïcs

    2. VIA PULCHRITUDINIS - VIA LUCIS : UNE VOIE DE LA BEAUTE 23

    2.1. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE D'ITALIE

    2.1.1. La Via Lucis de la basilique de Don Bosco à Turin

    2.1.2. La Via Lucis du Sanctuaire Pontifical de Pompéi

    2.1.3. La Via Lucis du Sanctuaire San Callisto à Rome

    2.1.4. La Via Lucis de la basilique Santi Ambrogio de Rome

    2.2. LA VIA LUCIS DU SANCTUAIRE DE FATIMA AU PORTUGAL

    2.3. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE DE FRANCE 32

    2.3.1. Le Chemin de lumière de Molines-en-Queyras

    2.3.2. La prière de la Via Lucis au Sacré-Coeur de Montmartre

    2.3.3. La Via Lucis, une liturgie familiale du Temps pascal 2020

    2.4. AUX PHILIPPINES, LA VIA LUCIS du National Youth Day

    2.5. LE CHEMIN DE LUMIERE DE JOHANNESBOURG 36

    3. QUELQUES ELEMENTS DE DISCERNEMENT 3.1. LE MYSTERE PASCAL

    3.2. LA SAINTE LITURGIE ET LES PIEUX EXERCICES 39

    6

    DEUXIEME PARTIE : LA CELEBRATION DE LA VIA LUCIS

    1. LA MISE EN OEUVRE DE LA VIA LUCIS 42

    1.1. DANS L'EGLISE ITALIENNE

    1.2. DANS L'EGLISE CATHOLIQUE ROMAINE

    1.3. LES INDICATIONS DE MISE EN OEUVRE

    1.3.1. Instructions in Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix

    1.3.2. Instructions in Pèlerins en prière

    1.4. DE LA VIA CRUCIS A LA VIA LUCIS, LA VOIE DU SALUT 47

    2. LA VIA LUCIS, UNE PEDAGOGIE DE LA FOI 51
    2.1. LA VIA LUCIS ET LE LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL

    2.1.1. VIGILE PASCALE ET OCTAVE DE PÂQUES 57
    2.1.2. TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES

    2.1.3. SOLENNITE DE L'ASCENSION 75
    2.1.4. SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES

    2.1.5. DIMANCHE DE LA SOLENNITE DE PENTECÔTE 82

    3. L'UNITE DE LA VIA LUCIS 84

    3.1. UNE HISTOIRE

    3.1.1. Le monde de l'au-delà

    3.1.2. Des femmes

    3.1.3. Des hommes

    3.1.4. Une communauté, une mission

    3.1.5. Chronos, Kairos, Eschaton

    CONCLUSION 90

    BIBLIOGRAPHIE Annexes

    7

    INTRODUCTION

    « Comment Dieu peut-il être trois personnes ? », telle fut la question que je posai à la dame chez qui j'allais réciter mes leçons de catéchisme. Sa réponse m'est restée en mémoire : « C'est un mystère ». Bien que je n'eusse pas vraiment reçu d'explication, à l'époque cette réponse me satisfit. Je fis ma communion solennelle en mai 1968. Pour les filles, il y avait les aubes qu'on louait et les robes en dentelle qui étaient achetées. Cela marquait la différence entre les familles riches et les familles pauvres. En mai 68, mon père occupait l'usine où il travaillait. Je lui rends ici hommage pour m'avoir permis de suivre le catéchisme et de faire tout le parcours de l'Initiation chrétienne bien que cela ne correspondît pas avec ses convictions. A l'époque, après la Communion solennelle, était en place ce qui portait le nom de Persévérance et consistait en réunions de prière avec les religieuses de la paroisse. Je me souviens d'avoir prié avec elles pour les âmes du Purgatoire.

    Aujourd'hui, les soeurs qui donnaient des soins infirmiers ne sont plus dans la paroisse Notre-Dame du Sacré-Coeur de Maisons-Alfort et le catéchisme ne s'apprend plus par coeur. Le discours sur les eschata, avec la notion de Purgatoire, a complètement disparu du discours homilétique. Les fins dernières sont désormais un sujet qui relève de la Pastorale des Funérailles. Pour les fidèles baptisés de longue date, le Symbole des Apôtres récité par coeur lors des célébrations eucharistiques dominicales est-il encore une vraie profession de foi en Dieu Père, Fils et Esprit Saint, de foi en la Résurrection du Christ et en l'attente de sa Parousie ? Croyons-nous vraiment à la résurrection de la chair et à la vie éternelle ?

    Qu'est-ce qui est plus incompréhensible que l'assertion que Dieu est à la fois Un et Trine ? Qu'est-ce qui est plus incroyable que la résurrection des morts ? Si l'acte de croire demande une intellection du contenu de la foi par la pensée discursive, il est aussi soumis à l'expérience subjective initiale de saut dans le vide, saut dans l'acceptation de croire l'incroyable, d'imaginer l'impensable, d'admettre l'invraisemblable. Le contenu de la foi chrétienne peut-il être vraiment et totalement intelligible et donc transmissible ? Où en sont les adultes qui sont censés transmettre la foi par rapport à leur propre foi en la Résurrection

    8

    du Christ ? Faut-il toujours faire appel à la Foi de l'Eglise pour subvenir à la nôtre ? Comment aujourd'hui peut-on arriver à parler de la Résurrection du Christ1?

    La Sainte Liturgie célèbre les mystères du Christ et de l'Eglise selon le trésor du dépôt de la Parole de Dieu, selon les dogmes de la Tradition et selon les enseignements du Magistère. La pastorale catéchétique déroule le parcours de l'Initiation chrétienne en cohérence avec le calendrier liturgique et selon le calendrier scolaire, lequel s'inscrit dans le calendrier annuel grégorien. Dans quel temps nous situons-nous quand nous sommes à l'église lors d'une célébration eucharistique ? Dans quel temps nous situons-nous quand nous sommes avec des enfants en catéchèse en paroisse ? Et s'il s'agit de catéchumènes adultes, dans quel temps nous situons-nous pour parler ensemble de la Résurrection du Christ ?

    Lors d'une Semaine d'études liturgiques organisée par l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge, alors que nous avions un déjeuner sur le site même de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, j'entendis un interprète orthodoxe russe dire que l'adoration eucharistique était un vestige du XIXème siècle, comme l'était aussi la dévotion au Coeur de Jésus. Comme il disait qu'il était certainement impossible de trouver quelqu'un qui s'intéressât à la théologie et à la dévotion au Coeur de Jésus et qu'il était assis à côté de moi, je me sentis l'obligation de répondre : « Moi - dis-je - je fais des études de théologie et je m'intéresse à la dévotion au Coeur de Jésus ». Nous étions une grande tablée, avec des conférenciers et des théologiens dont je connaissais les noms en tant qu'auteurs. Je m'étais mise toute seule sur le gril. Il me mit au défi de lui dire quel était le rapport entre l'adoration eucharistique et le Coeur de Jésus.

    Fût-ce à cause de l'ambiance spirituelle de la basilique où le Saint Sacrement est exposé de façon permanente pour l'Adoration, ou bien parce que je venais de participer à la célébration eucharistique, heureusement reçus-je une inspiration. Je répondis alors : « Dieu est Amour... Le Coeur de Jésus, c'est le Coeur de Dieu. L'Eucharistie, c'est l'Amour qui se donne ». Mon voisin et moi poursuivîmes la conversation sur le Coeur Sacré de Jésus. Je dis que le Coeur de Jésus est montré comme un coeur de chair pour que nous comprenions que ce coeur est constitué comme le nôtre, c'est-à-dire qu'il peut aimer et souffrir, et pour nous faire savoir que Jésus désire ardemment notre amour.

    1 M. DENEKEN, La Foi pascale, Rendre compte de la Résurrection de Jésus aujourd'hui, « Théologies », Paris, Cerf, 1997.

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    Il me répondit que ce que j'exprimais lui semblait être d'ordre affectif et que les Orthodoxes ne peuvent pas méditer sur un symbole mais seulement sur une personne. Je répondis qu'il existait effectivement une voie théologique affective dans la ligne de saint François de Sales et de saint Alphonse de Liguori, une voie que j'appréciais particulièrement. Je m'abstins alors de dire que la dévotion au Coeur Sacré de Jésus concerne la Personne du Ressuscité car j'eus, à ce moment, le sentiment d'en avoir assez dit.

    Cherchons-nous à comprendre avec notre cortex cérébral préfrontal ou avec notre coeur ? C'est dans le coeur que se joue le salut et c'est selon l'amour que nous serons jugés (Mt 25,34-36). « M'aimes-tu ? » demande Jésus à Simon-Pierre (Jn 21,15-17).

    « Vous pouvez toujours méditer sur le tombeau ouvert » me dit un jour le Père Hugues, alors curé de la Paroisse Notre-Dame de Lourdes à Chaville, qui me faisait l'accompagnement spirituel. Je venais de lui raconter une expérience que j'eus, étant enfant et en la circonstance alitée, à la lecture d'un petit livre du Chemin de la Croix. Avant cela, je ne savais pas encore quelle avait été la mort de Jésus. Comme beaucoup de foyers à cette époque nous n'avions ni télévision, ni téléphone et Internet n'existait pas. Notre éducation nous préservait de tout contact avec l'information sur la violence du monde et nous gardait dans une relative innocence. Ce jour-là, quand je vis l'image de la crucifixion, la croix de Jésus s'est plantée dans mon coeur d'enfant.

    Je lui répondis alors que cette station du Chemin de croix, le tombeau vide ou ouvert, n'existait pas auparavant et que cela avait été ajouté. Après un court silence et avec son grand sourire, il me dit quelque chose comme : « C'est extraordinaire ! ».

    Entendis-je « Vous pouvez toujours méditer sur le tombeau vide » ou bien « Vous pouvez toujours méditer sur le tombeau ouvert » ? Cela paraissant objectivement identique, sur le plan subjectif ces deux phrases n'ont pas la même résonnance. Cela dépend de la perspective qu'a l'observateur car de l'extérieur, on peut voir un lieu sombre et vide. Par contre, si l'on s'imagine être à l'intérieur du tombeau, ce que l'on voit est un cercle de lumière et l'horizon qui s'ouvre. Le choix de la proposition de méditer sur le tombeau ouvert fait écho à autre phrase reçue du Père Hugues que j'ai gardée précieusement : « Avec le Christ, l'avenir est toujours ouvert ». Quant à la méditation sur ce que, théologiquement, il convient d'appeler le Mystère pascal, je peux dire aujourd'hui que, relativement au conseil

    10

    spirituel d'une toujours possible méditation sur le tombeau ouvert, la vingtaine d'années qui s'est écoulée depuis cet événement a également donné du relief au mot « toujours ».

    Alors que je faisais des investigations sur l'origine de la Quinzième station du Chemin de croix, je découvris sur le site web de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, une prière au nom mystérieux qui commence justement par la Station du tombeau ouvert : c'est la prière de la Via Lucis qui est ainsi présentée2 : « Après la prière du Chemin de Croix pendant le temps du Carême (Via Crucis), la liturgie de l'Église propose pendant le temps pascal la prière de la « Voie de lumière » (Via lucis), ponctuée par les rencontres du Christ ressuscité entre Pâques et l'Ascension, et une méditation du chapelet de la Miséricorde. »

    Le Temps pascal est le temps liturgique de cinquante jours qui s'étend du Dimanche de Pâques au dimanche de la solennité de la Pentecôte. Le texte de la prière de la Via Lucis est constitué de péricopes néotestamentaires sur la Résurrection du Christ : du temps liturgique de la Vigile pascale à la solennité de l'Ascension, ce sont des péricopes issues des récits évangéliques de la découverte du tombeau vide et des apparitions du Ressuscité ; de l'Ascension au dimanche de la solennité de Pentecôte, ce sont des péricopes issues des Actes des Apôtres.

    Quant aux illustrations de la prière de la Via Lucis, ce sont des oeuvres d'art sacré car elles sont destinées à être installées dans des lieux consacrés tels qu'une église, une basilique, un sanctuaire et se présentent sous la forme de représentations imprimées ou de tableaux sculptés, peints ou composés de mosaïque. Lorsqu'une Via Lucis est installée dans un lieu consacré, l'oeuvre d'art reçoit une bénédiction et la célébration d'inauguration a lieu généralement le même jour, si ce jour correspond à la liturgie du Temps pascal. Lors de l'inauguration, la Via Lucis devient un vrai chemin parcouru intérieurement et communautairement. Le cheminement tout au long de la Via Lucis invite à ce que se reproduise peut-être l'expérience pascale expérimentée par les disciples de Jésus d'être guidés à la fois individuellement et ecclésialement, jusqu'à l'envoi en mission aux extrémités de la terre.

    2 http://www.sacre-coeur-montmartre.com/francais/formations-retraites-pelerinages/archives-et-publications/annee-2017-2018/article/via-lucis (13/04/2020)

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    C'est la création d'un projet de vie fondé anthropologiquement sur la joie pascale qui détermina les Testimoni del Risorto, les Témoins du Ressuscité de la Famille Salésienne de Don Bosco, inspirés par la prière en commun et la lectio divina autour d'un prêtre de la Congrégation des Salésiens de Don Bosco, Don Sabino Palumbieri, à s'engager dans des missions humanitaires. C'est dans ce cadre qu'est née la prière de la Via Lucis.

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    PRESENTATION DU MEMOIRE

    METHODES DE TRAVAIL

    Je me suis procuré les seules sources éditées à ce jour de la prière de la Via Lucis: Pilgrim prayers, The official Vatican Prayerbook for the Jubilee Year 20003 ; Via lucis, Per celebrare Gesù risorto4, de Don Sabino Palumbieri ; Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix, Quatorze stations de Pâques à la Pentecôte5 du père François Dufour. Puis j'ai trouvé la version française de Pilgrim Prayers : Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000, du Comité Pontifical du Grand Jubilé de l'An 2000.

    Comparant les trois sources entre elles, j'ai tout de suite constaté des variantes dans la sélection des péricopes pour une même station de la Via Lucis, sans que j'aie a priori d'explication sur l'origine des différences entre les sources. Pour exposer le contenu scripturaire de la prière de la Via Lucis, il me fallait choisir une source prioritaire. D'abord, la Source Via lucis, Per celebrare Gesù risorto fut déterminée comme source prioritaire pour la raison qu'il s'agit d'un « rituel » de célébration de la Via Lucis. Mais je fus dans l'impossibilité de l'utiliser parce qu'il n'en existe pas de traduction française autorisée. La prière de la Via Lucis fait l'objet de nombreuses publications par Don Sabino Palumbieri en langue italienne mais ces ouvrages ne sont pas traduits en français. Comme texte de la prière de la Via Lucis en langue française, j'ai donc sélectionné : Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000, du Comité Pontifical du Grand Jubilé de l'An 2000.

    Dans un deuxième temps, j'ai comparé le contenu scripturaire de la prière de la Via Lucis selon mes trois sources avec les lectures du Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal. La comparaison entre les lectures des « huit dimanches du Temps pascal6 » et la Via Lucis m'a permis de comprendre la raison des variantes entre les sources : la prière de la Via Lucis a été conçue pour être en harmonie avec la liturgie de la Parole du Temps

    3 COMITE PONTIFICAL DU GRAND JUBILE DE L'AN 2000, Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000, Original italien, Milan, Arnoldo Mondadori, Fabio Ratti, 1999, Traduction française, Vérone, 1999, Fleurus-Mame ; Pilgrim prayers, The official Vatican Prayerbook for the Jubilee Year 2000, version internationale en langue anglaise.

    4 PALUMBIERI S., Via lucis, Per celebrare Gesù risorto, « Ascoltare, Celebrare, Vivere », Sussidi mini 12, Padova, Edizioni Messaggero Padova, 2005.

    5 DUFOUR F., P. SDB, Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix, Quatorze stations de Pâques à la Pentecôte, Paris, Téqui, 2002. 6 https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/19692-evangiles-huit-dimanches/ (29/04/2021)

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    pascal et les variations entre les sources correspondent aux variations du Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal selon l'année liturgique.

    En vue de l'analyse du contenu scripturaire de la prière de la Via Lucis et pour explorer l'articulation Bible-liturgie, j'ai constitué un outil de travail qui est le « Tableau synoptique du Lectionnaire du Temps pascal et des trois sources de la prière de la Via Lucis ». Ensuite, afin de bien montrer l'articulation de la prière de la Via Lucis avec les huit dimanches du Temps pascal, j'ai disposé le texte de la prière par station selon les correspondances scripturaires avec le Lectionnaire du Temps pascal depuis la Vigile pascale jusqu'au dimanche de la Pentecôte, selon l'année liturgique.

    Pour étayer ma recherche sur le plan de l'articulation Bible, liturgie et catéchèse, je me suis appuyée sur l'affirmation du Directoire sur la piété populaire et la Liturgie, Principes et Orientations (153) : « ...il est vrai que la Via lucis peut en outre devenir une excellente pédagogie de la foi » et j'ai relié l'expérience catéchétique inédite en France de la prière de la Via Lucis avec la grande impulsion de renouveau de la catéchèse du début du troisième millénaire. Cette entreprise de renouveau de la démarche catéchétique, issue de la demande des Evêques de France7, fut formulée sous le titre de : « Aller au coeur de la foi 8».

    7 Assemblée plénière des Evêques de France, « Aller au coeur de la foi, Lettre à l'ensemble du peuple de Dieu », Lourdes, 2002.

    8 COMMISSION EPISCOPALE DE LA CATECHESE ET DU CATECHUMENAT, « Aller au coeur de la foi, Questions d'avenir pour la catéchèse », Lourdes, 2002.

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    PRESENTATION DES SOURCES

    COMITE PONTIFICAL DU GRAND JUBILE DE L'AN 2000, Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000, Original italien, Milan, Arnoldo Mondadori, Fabio Ratti, 1999 ; Traduction française, Vérone, 1999, Fleurus-Mame.

    Pèlerins en prière est vendu en coffret avec Pèlerins à Rome. Le texte original de Pèlerins en prière, en langue italienne, a été traduit par les Editions Vaticanes et publié en France par les Editions Fleurus-Mame, avec les éditions Cerf et Centurion.

    Les « Célébrations et prières » de Pèlerins en prière dont fait partie la prière de la Via Lucis ont été publiées sous la direction de Corrado Maggioni, Attaché à la Congrégation pour le Culte Divin. Pour la présentation scripturaire de la prière de la Via Lucis, nous avons sélectionné cette source, parce qu'elle est en langue française, que les péricopes sont déterminées - c'est-à-dire non optionnelles entre longues et courtes comme dans le « rituel » en italien Via lucis, Per celebrare Gesù risorto - et courtes.

    La version internationale de ce livre de prières est en anglais, Pilgrim Prayers, The official Vatican Prayerbook for the Jubilee Year 2000. C'est dans une note en bas de page sur un article en anglais concernant « the Way of Light » aux Etats-Unis, dans l'Archidiocèse de Détroit, que nous avons trouvé la référence de « Pilgrim Prayers ». Nous n'avons pas tout de suite trouvé la version française de ce livre dont le titre est littéralement traduisible par « Les Prières du pèlerin ». Or, Pèlerins en prière est vendu en coffret avec Pèlerins à Rome, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000, qui donna son titre au coffret.

    DUFOUR F., P. SDB, Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix, Quatorze stations de Pâques à la Pentecôte, Paris, Téqui, 2002.

    La première édition de cet ouvrage a été réalisée par l'équipe d'animation de la Pastorale des Jeunes du Bosco Youth Center, en langue anglaise. Les illustrations de ce livre sont des photographies du Chemin de Lumière réalisé par le Père de la Croix, en tableaux de mosaïques. Ce livre, publié en 2002, constitue la toute première édition française de la prière de la Via Lucis. Une image en est reproduite dans notre présentation9.

    9 « Le Chemin de Lumière de Johannesbourg », 40-41.

    PALUMBIERI S., Via lucis, Per celebrare Gesù risorto, « Ascoltare, Celebrare, Vivere », Sussidi mini 12, Padova, Edizioni Messaggero Padova, 2005.

    Ce livret a reçu l'imprimatur du Vicaire général de Padoue, le Père Danilo Serena. Une « Ritornelli per la Via lucis » est placée à la fin, avec musique et chant10. L'auteur est le père Don Sabino Palumbieri, prêtre Salésien de Don Bosco, fondateur du Mouvement des Témoins du Ressuscité de la Famille Salésienne de Don Bosco d'où est issue la prière de la Via Lucis. Il s'agit d'un livret pour la célébration de la prière de la Via Lucis en Italie. Il n'en existe cependant pas de traduction en langue française.

    15

    10 «Ritornelli per la Via lucis» - « Ritournelle pour la Via lucis », (45-46).

    16

    ANNONCE DU PLAN

    PREMIERE PARTIE : LA VIA LUCIS, UNE PRIERE DE L'EGLISE

    Dans la première partie, nous montrerons l'existence de la prière de la Via Lucis, d'abord telle qu'elle est née dans le cadre de la famille spirituelle des Salésiens de Don Bosco avec le père salésien Don Sabino Palumbieri et les Témoins du Ressuscité. Ensuite nous ferons état de mises en oeuvre de la prière de la Via Lucis dans toute l'Eglise d'Italie, puis dans l'Eglise du Portugal, dans l'Eglise de France, des Philippines et d'Afrique du Sud. A part en France, dans un but d'évangélisation, la célébration de la Via Lucis est toujours liée à la présence des Salésiens de Don Bosco.

    La première partie de cette présentation livre donc les résultats de l'enquête sur l'existence ecclésiale de l'objet Via Lucis, résulats qui seront donnés de façon descriptive car il était nécessaire de prouver la pertinence du choix de la prière de la Via Lucis dans le cadre d'un mémoire de Liturgie et Théologie sacramentaire. Cette enquête comportera aussi un volet iconographique car la Via Lucis est très rapidement devenue un sujet d'inspiration pour des artistes se consacrant à l'art sacré. Ainsi des représentations artistiques de la Via Lucis ont-elles été installées dans des églises, des basiliques, des sanctuaires tels que le Sanctuaire des Catacombes de Saint Calixte, le Sanctuaire Pontifical de Pompéi ou le Sanctuaire de Fatima. Nous avons donc relié la Via Lucis à une Via Pulchritudinis, une Voie de la Beauté.

    DEUXIEME PARTIE : LA CELEBRATION DE LA VIA LUCIS

    Dans la deuxième partie, nous utiliserons les instructions présentes dans nos sources pour décrire une célébration de la prière de la Via Lucis en France. Nous comparerons point à point forme et contenu des deux prières de la Via Crucis et de la Via Lucis pour en montrer l'intérêt dans une approche de la Rédemption.

    Nous analyserons ensuite le contenu scripturaire de la prière de la Via Lucis en le comparant avec les lectures du Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal. Cette correspondance entre la prière de la Via Lucis et les lectures du Lectionnaire du Temps pascal sollicitera davantage l'exégèse en raison de la nature scripturaire des stations de la prière.

    17

    Le chemin de la Via Lucis semble relativement désorganisé par rapport à l'ordre des lectures du Lectionnaire du Temps pascal selon le calendrier liturgique, mais l'ordre inhérent à la prière de la Via Lucis a révélé une unité non seulement mystérique entre Pâques et la Pentecôte mais également une unité liturgique entre le Deuxième dimanche de Pâques des années A, B et C et le Dimanche de la Pentecôte des années A. Après cette confrontation entre Via Lucis et Lectionnaire du temps pascal nous chercherons l'unité de la Via Lucis dans l'ordre où elle est écrite.

    Nous présenterons enfin la prière de la Via Lucis avec son potentiel de « pédagogie de la foi » qui fut pressenti par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, en montrant qu'elle peut être la réalisation d'une catéchèse communautaire articulée au Temps pascal, en réponse à la demande formulée par la Conférence épiscopale française dans son Texte pour l'orientation de la catéchèse en France11. Nous présentons donc la prière de la Via Lucis comme un cas de figure original et suggestif d'une articulation entre Bible, liturgie et catéchèse.

    11 EVÊQUES DE FRANCE, Texte National pour l'Orientation de la Catéchèse en France (TNOC), Lourdes, 2006, https://catechese.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/15/2018/04/texte-national-pour-l-orientation-de-la-catechese-en-france.pdf (12/05/2021)

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    PREMIERE PARTIE

    LA VIA LUCIS, UNE PRIERE DE L'EGLISE

    1. UN REGARD SUR L'OBJET « VIA LUCIS »

    1.1. LE NOM DE « VIA LUCIS »

    « Fiat lux ! » : « Et Dieu dit : `Que la lumière soit !' Et la lumière fut » (Gn 1,3). Lux est la lumière qui surgit des ténèbres, la lumière divine qui illumine le monde. La Lumière est une Personne : « Le Christ est la lumière des peuples... clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l'Eglise » (LG 1).

    « Via lucis » est un groupe nominal composé de deux noms latins : « via » et « lux ». Le premier mot « via » est un nom qui signifie « voie, route, chemin, rue12» ; « via correspond aussi à `chemin parcouru', `marche, voyage'. Le mot signifie au figuré `chemin à suivre'13» : donc « Via » est un chemin déjà parcouru et un chemin encore à suivre.

    Le second mot est « lucis », complément du nom « via ». Lucis est la déclinaison au génitif de « lux » qui signifie « lumière ». Il existe un autre nom latin qui désigne la lumière, c'est lumen. Toutefois, le nom français de lumière ne dérive d'aucun des deux noms du latin classique, lux et lumen, mais il est issu (1080) de luminaria, neutre pluriel de luminare, nom et adjectif dérivé de lumen et qui a donné « luminaire ».

    « `Luminaria', d'abord employé pour les cierges, les flambeaux et les astres, est devenu féminin singulier en latin populaire et en latin d'Eglise au sens d'`éclairage, illumination', spécialement `cierge' et, au figuré, `étoile, guide'. Il a alors supplanté lux et lumen dont il a repris les sens : le premier, lux, nom racine de genre animé, désignait la lumière en tant que force agissante, parfois divinisée, notamment la lumière du jour... Le second, lumen, ... devait d'abord désigner une lumière d'éclairage, et au pluriel des lumières... son pluriel lumina désignait particulièrement les yeux (qui nous éclairent)14».

    12 REY A. Dir., Dictionnaire historique de la langue française, Tome 3, Pr-Z, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, 1998, « VOIE », 4104.

    13 Ib.

    14 Ib.

    19

    Le nom latin de Via Lucis peut être rapproché de celui de Via Crucis pour plusieurs raisons. En dehors du rapprochement des objets qu'ils désignent, le rapprochement des noms montre que le groupe nominal « Via Crucis » est construit comme celui de « Via Lucis », avec « crux » au génitif en complément du nom « via ». Les deux groupes nominaux Via Crucis et Via Lucis ont en commun le nom Via, la Voie ou le Chemin.

    « La Voie » fait référence à une manière de désigner le Mystère chrétien dans l'Antiquité relativement aux mystères païens. Les noms de « Voie », « Chemin », « Lumière » font écho à des paroles de Jésus dans l'Evangile selon Saint Jean : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi (Jn 14,6) » ; « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie (Jn 8,12) ».

    La pertinence de ce rapprochement est que les noms « Via Crucis » et « Via Lucis » désignent deux objets de même nature : des exercices dévotionnels que la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements reconnaît comme de « pieux exercices ». La Via Crucis et la Via Lucis sont deux prières de nature processionnelle et de forme stationnale avec pour chacune un parcours composé de quatorze stations. Pour ces deux prières, on peut déterminer une analogie de rapport ou analogie de proportionnalité : la prière de la Via Lucis est au Temps pascal ce que la prière du Chemin de Croix est au temps du Carême, ces deux temps étant constitutifs du Cycle pascal dans sa totalité liturgique.

    La fixation du nombre des stations à quatorze est une tradition de l'Exercice de la Via Crucis, tradition d'usage qui s'est fixée à la fin du XVIIème siècle. Aucune des deux prières n'est normée et n'a donc de rituel officiel applicable pour l'Eglise universelle. Il existe cependant pour la Via Lucis un livret de célébration pastorale édité par la presse italienne à l'usage du célébrant, avec un imprimatur du Vicaire général de Padoue. Nous le présentons dans nos Sources.

    En pays francophones, le nom de « Chemin de lumière » ou « Chemin de Lumière » pour désigner la « Via Lucis » semble être le plus fréquemment adopté. En pays anglophones, cette prière porte le nom de « Way of Light ».

    1.2. LA VIA LUCIS ET SA SAINTETE JEAN-PAUL II

    La prière de la Via Lucis a vu le jour vers la fin des années 1970, dans un groupe de laïcs réuni autour du Père Don Sabino Palumbieri, prêtre de la Congrégation des Salésiens de Don Bosco et professeur d'Anthropologie philosophique à l'Université Pontificale Salésienne de Rome. L'objectif premier de ce groupe était la pratique régulière de la lectio divina avec des réflexions sur la Parole de Dieu et de la prière en commun. L'objectif second était d'arriver à formuler un projet de vie dont le point de départ serait la joie pascale. Le 8 décembre 1984, le Progetto Pasquale prend forme. Le groupe prend alors le nom de Testimoni del Risorto in cammino verso il Duemila, noté TR2000.

    En 1986, le « Mouvement des Témoins du Ressuscité en chemin vers l'An 2000 » fut officiellement structuré en association au sein de la Famille Salésienne de Don Bosco, le Père Don Sabino Palumbieri en étant le fondateur. La prière de la Via Lucis fut inscrite dans les Statuts de l'Association TR2000. En 1989, la prière de la Via Lucis fut présentée au Recteur Majeur des Salésiens de Don Bosco, le Père Egidio Vigano, Septième Successeur de Don Bosco, qui nomma une commission théologique afin que soient étudiés les critères de la prière et qu'en soient établis divers formulaires à l'intention des Congrégations, des Associations diocésaines, ainsi que pour les enfants et les malades. Ensuite les Evêques italiens s'engagèrent à promouvoir la prière de la Via Lucis dans leurs diocèses respectifs. Le Père Recteur Don Egidio Vigano eut la joie de présenter en personne la Via Lucis à Sa Sainteté Jean-Paul II15.

    .

     

    20

    15 http://www.vialucis.org/index.php/fr/historie (16/03/2021)

    21

    En avril 1990, A l'occasion de la réunion du Chapitre Général des Salésiens, la toute première célébration officielle de la Via Lucis, présidée par le Père Egidio Vigano, eut lieu à Rome sur le chemin des Catacombes de Saint Calixte. En septembre 1992, lors du pèlerinage du Mouvement TR2000 à Jérusalem, une célébration de la Via Lucis eut lieu en la basilique du Saint Sépulcre, dans la chapelle de Sainte Hélène, sous le rocher du Calvaire.

    En septembre 1999, le pèlerinage annuel des Témoins du Ressuscité à Jérusalem avait eu pour objectif la participation à la préparation du Jubilé de l'An 2000, si bien que la Via Lucis fut incluse dans les prières du Grand Jubilé de l'An 2000 à Rome, recevant de cette initiative une première forme de reconnaissance officielle, au-delà des seuls cercles Salésiens au coeur desquels elle était née. La prière de la Via Lucis figure dans le Livre de prières édité par le Comité Pontifical du Grand Jubilé de l'An 2000, Pèlerins en prière, pour le Jubilé de l'Année sainte 200016, dans la rubrique « Célébrations, Prières et Chants » entre la prière de la Via Crucis et les Mystères du Rosaire.

    La prière de la Via Lucis s'inscrit dans le prolongement de la prière de la Via Crucis en tant que méditation sur les mystères du Christ et de l'Eglise en proposant aux fidèles une lectio divina sur la deuxième face du Mystère pascal : la Résurrection de Jésus, Seigneur. Le cheminement de la foi chrétienne en Occident a longtemps mis l'accent sur les souffrances de la Passion et de la mort du Sauveur. A présent, le peuple - et spécialement les jeunes - apprécie de méditer sur la résurrection glorieuse du Rédempteur, dans une proposition pastorale qui correspond à la liturgie de la Parole du Temps pascal.

    1.3. LA VIA LUCIS ET L'APOSTOLAT DES LAÏCS

    L'apostolat des laïcs, hommes et femmes, adultes et jeunes, engagés dans la Mission de l'Eglise peut donner beaucoup de fruits17. C'est la dynamique de la joie de Pâques qui a insufflé aux Témoins du Ressuscité de la Famille Salésienne de Don Bosco le courage d'entreprendre des missions au service des jeunes et des pauvres dans leur milieu de vie,

    16 COMITE PONTIFICAL DU GRAND JUBILE DE L'AN 2000, Pèlerins en prière, pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000, Original italien, Milan, Arnoldo Mondadori, Fabio Ratti, 1999 ; Traduction française, Vérone, 1999, Fleurus-Mame, 2000, « Célébrations, Prières et Chants », « Via Lucis », (208-215).

    17 CONCILE OECUMENIQUE VATICAN II, Décret sur l'apostolat des laïcs « Apostolicam actuositatem » (AL), 1965, (1-4. 28-33) ; Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise « Ad Gentes divinitus » (AM), 1965, (4-5. 9-14. 21).

    22

    particulièrement en Italie du Sud, ou dans les pays de mission de l'Eglise, encadrés par la Congrégation des Salésiens de Don Bosco.

    La Via Lucis est la prière identitaire du Mouvement Testimoni del Risorto. La promotion de la prière de la Via lucis est inhérente au statut de membre du Mouvement des Témoins du Ressuscité. L'icône des pèlerins d'Emmaüs est le logo du Mouvement. Cette image est à la fois « le contenu de spiritualité et le projet d'action » des Témoins du Ressuscité18, un projet de vie pascale qui consiste à témoigner de la foi en Christ ressuscité, à vivre de la joie pascale dans toutes les dimensions de l'existence et à porter cette joie aux « derniers » de la société. Les membres du Mouvement Testimoni del Risorto de la Famille Salésienne de Don Bosco reçoivent une formation biblique et théologique qui leur permet de faire la catéchèse du Mystère pascal. La prière de la Via Lucis est un support de catéchisation et d'évangélisation ou de nouvelle évangélisation. La spiritualité et l'éthique des Témoins du Ressuscité de la Famille Salésienne de Don Bosco participent de l'apostolat des laïcs dans le cadre de la Mission Ad Gentes de l'Eglise : catéchiser, évangéliser et communiquer la charité jusqu'aux extrémités de la terre.

    « Témoins de Jésus Ressuscité, espoir du monde »

    Le document préparatoire de la IVème Convention ecclésiale italienne qui allait se tenir à Vérone du 16 au 20 octobre 2006, établi par le Comité préparatoire de la IVème Convention ecclésiale nationale, dont Diognini Tettamanzi était le président, avait pour titre « Témoins de Jésus Ressuscité, espoir du monde19». La formulation du thème désigné par le titre « Témoins de Jésus Ressuscité, espoir du monde » voulait réaffirmer « le rôle des chrétiens dans le contexte de la réalité historique dans laquelle ils vivent et travaillent.

    Ce thème voulait surtout souligner « l'engagement des fidèles chrétiens, en particulier des laïcs, à être des témoins crédibles du Ressuscité à travers une vie renouvelée capable de changer l'histoire ». Le document « Testimoni di Gesù Risorto, speranza del mondo » se situe dans la première décennie du troisième millénaire, dans l'élan missionnaire issu du Grand Jubilé et met l'accent sur des points anthropologiques cruciaux : l'importance de cultiver la vertu théologale de l'espérance, la participation des laïcs à la Mission de l'Eglise, l'importance de l'engagement des laïcs dans le témoignage chrétien de la foi en la Résurrection du Christ.

    18 http://www.testimonidelrisorto.it/index.php/it/chi-siamo/storia

    19 https://www.toscanaoggi.it/Documenti/Chiesa-italiana/Testimoni-di-Gesu-Risorto-speranza-del-mondo

    23

    2. VIA PULCHRITUDINIS - VIA LUCIS : UNE VOIE DE LA BEAUTE

    Reprenant les termes de la Lettre aux artistes (11.) du pape Paul VI qui clôtura le Concile Vatican II en décembre 1965, Sa Sainteté Jean-Paul II écrivit une Lettre aux artistes en 199920 :

    « 11. Ce monde dans lequel nous vivons a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans la désespérance. La beauté, comme la vérité, c'est ce qui met la joie au coeur des hommes, c'est ce fruit précieux qui résiste à l'usure du temps, qui unit les générations et les fait communier dans l'admiration.

    12. Pour transmettre le message que le Christ lui a confié, l'Église a besoin de l'art. Elle doit en effet rendre perceptible et même, autant que possible, fascinant le monde de l'esprit, de l'invisible, de Dieu. Elle doit donc traduire en formules significatives ce qui, en soi, est ineffable. Or, l'art a une capacité qui lui est tout à fait propre de saisir l'un ou l'autre aspect du message et de le traduire en couleurs, en formes ou en sons qui renforcent l'intuition de celui qui regarde ou qui écoute. Et cela, sans priver le message lui-même de sa valeur transcendantale ni de son auréole de mystère. L'Église a besoin, en particulier, de ceux qui sont en mesure de réaliser tout cela sur le plan littéraire et figuratif, en utilisant les infinies possibilités des images et de leur valeur symbolique. Dans sa prédication, le Christ lui- même a fait largement appel aux images, en pleine harmonie avec le choix de devenir lui-même, par l'Incarnation, icône du Dieu invisible. »

    2.1. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE D'ITALIE

    2.1.1. La Via Lucis de la basilique de Don Bosco à Turin

    Dans l'année 1992, suite à l'inspiration qui donna naissance à la prière de la Via Lucis, le docteur en Art sacré, le professeur Giovanni Dragoni de Rome réalisa une Via Lucis en quatorze panneaux sculptés dans du bois de tilleul. La Via Lucis du maître sculpteur Giovanni Dragoni est installée dans la basilique de Don Bosco, sur la Colle don Bosco, en bas-relief dans les allées latérales de la partie inférieure de la nef. Dans la partie supérieure de la basilique se trouve la statue du Christ ressuscité Rédempteur du sculpteur Corrado

    20 http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/letters/1999/documents/hf_jp-ii_let_23041999_artists.pdf (21/05/2021).

    24

    Piazza. La célébration d'inauguration et de bénédiction de la Via Lucis du professeur Giovanni Dragoni eut lieu le Dimanche de Pâques 1994.

    Quatorzième station : « Le Ressuscité envoie l'Esprit Saint »

    Pour la Quatorzième station de la Via Lucis, le professeur Dragoni a représenté l'effusion de l'Esprit Saint sur toute l'Eglise réunie autour de Marie. On peut compter onze apôtres autour de la Très Sainte Mère du Seigneur est dans la position de l'orante, les bras étendus. Elle est assise alors que les apôtres sont debout ou agenouillés. Le siège sur lequel elle est assise est surélevé, comme sur un piédestal. La forme du siège et la position des bras de Marie évoquent la croix. L'Esprit Saint est représenté par deux symboles : une colombe et des langues de feu qui recouvrent tout l'espace en hauteur.

    2.1.2. La Via Lucis du Sanctuaire Pontifical de Pompéi

    En 1997, dans le Sanctuaire Pontifical de Pompéi, ancien sanctuaire romain, quatorze panneaux de bronze illustrant la Via Lucis, créés par le maître sculpteur Giovanni Dragoni, ont été installés sur la Piazzale Beato Giovanni XXIII.

    25

    Le site web du sanctuaire définit ainsi son action de promotion de la prière de la Via Lucis21 : « [le Sanctuaire pontifical de Pompéi] s'est engagé à promouvoir et à diffuser l'exercice pieux de la Via lucis qui renouvelle la mémoire de l'événement de la résurrection et de l'expérience postpascale des apôtres ainsi que de la première communauté de croyants. L'exercice pieux de la Via lucis peut avoir lieu à la fois pendant la période de Pâques, ou à d'autres moments de l'année. Il convient de l'insérer à la fin du pèlerinage, après la célébration de l'Eucharistie, pour souligner que le chrétien, renouvelé dans la vie, quitte le sanctuaire sur les traces du Seigneur ressuscité ».

    2.1.3. La Via Lucis du Sanctuaire San Callisto à Rome

    Une Via Lucis en bronze du maître sculpteur Giovanni Dragoni fut installée sur le chemin des Catacombes de San Callisto à Rome. Le 30 avril 2016, à l'occasion du Jubilé de la Miséricorde, une célébration de la Via Lucis22 y fut présidée par Don Karim Madjid, prêtre Salésien de Don Bosco, Vicaire de l'Observatoire Salésien de l'Italie Centrale. Les jeunes participants firent un accompagnement musical de la Via Lucis. Après la réflexion finale du célébrant clôturant la célébration, l'assemblée chanta le Regina Coeli.

    2.1.4. La Via Lucis du Lycée artistique Via di Rippetta de Rome

    L'oeuvre du professeur Giovanni Dragoni a inspiré une classe d'étudiants du Lycée artistique Via di Ripetta de Rome. Avec la collaboration de l'Archiconfrérie de Santi Carlo e Ambrogio della Nazionale Lombarda, la Via Lucis réalisée par la classe d'étudiants en Art sacré du Lycée artistique Via di Ripetta fut installée dans la basilique de Santi Ambrogio e Carlo al Corso de Rome le samedi 5 mai 2018. Le docteur Roberto Dottori, élève du professeur Giovanni Dragoni, guida la classe d'étudiants du Lycée Via di Ripetta dont il est le professeur pour la réalisation des tableaux de la Via Lucis.

    L'épouse du maestro Giovanni Dragoni, la professora Marilla Dragoni, était présente pour l'inauguration de la Via lucis de la basilique de Santi Ambrogio e Carlo al Corso de

    21 http://www.santuario.it/santuario81/preghiere-pü-esercizi-e-devozioni96/via-crucis-e-via-lucis106.html (traduction française Google corrigée par mes soins), (06/04/2020). 22 http://www.vialucis.org/index.php/fr/dans-le-monde/via-lucis-alle-catacombe-di-s-callisto-per-il-giubileo-della-misericordia-del-tr (30/03/2021)

    26

    Rome et y fit une allocution où elle félicita les artistes étudiants de leur interprétation personnelle de la Via Lucis. Puis elle souligna « l'efficacité de cette dévotion pour traduire en notre temps le message de l'Evangile et exprimer avec un langage nouveau l'immortel message d'espérance de Jésus23 ». Ci-dessous, des photographies d'une des quatorze sculptures sur terre qui représentent la Via Lucis des étudiants en Art sacré du Lycée artistique Via di Ripetta, :

    Treizième station : « Avec Marie, dans l'attente de l'Esprit Saint »

    L'expression qui ressort de cette oeuvre est une joie immense intériorisée. Les yeux révulsés vers le haut indiquent un état extatique. La position du bras et le dévoilement du côté gauche du buste représentent l'accueil infini des dons de Dieu et l'ouverture du coeur. Nous avons voulu montrer l'oeuvre dans l'état de la terre avant cuisson, telle qu'elle est sortie des mains du sculpteur, représentant la Très Sainte Mère du Seigneur, la Vierge Marie, celle dont le pape François dit « Tu es la Toute Belle, Ô Marie ! » 24 :

    « ... Tu es la Toute Belle, ô Marie ! En toi se trouve la joie parfaite de la vie bienheureuse avec Dieu.

    Fais que nous ne perdions pas le sens de notre chemin sur la terre : que la douce

    23 http://www.testimonidelrisorto.it/files/admin/TRNews/2018/TRNews_2018_2.pdf (22-23), Article en langue originale italienne, traduit par mes soins, (02/04/2020).

    24 https://site-catholique.fr/index.php?post/PRIERE-du-Pape-Francois-Tu-es-la-Toute-Belle-O-Marie

    27

    lumière de la foi éclaire nos journées, que la force consolante de l'espérance oriente

    nos pas, que la chaleur contagieuse de l'amour anime notre coeur, que nos yeux à tous restent bien fixés là, en Dieu, où se trouve la vraie joie.

    Tu es la Toute Belle, ô Marie ! Écoute notre prière

    Exauce notre supplication : que la beauté de l'amour miséricordieux de Dieu en Jésus soit en nous, que cette beauté divine nous sauve, sauve notre ville, sauve le monde entier. Amen ».

    L'exposition de l'oeuvre d'art sacré est ici une action culturelle destinée au grand public. Cette action montre un exemple de ce que le Conseil Pontifical de la Culture formule sous la dénomination de la Via Pulcritudinis25, la Voie de la Beauté qui est perçue comme un « chemin privilégié d'évangélisation et de dialogue ».

    Ainsi, la Via Pulchritudinis, en lien avec la Via Lucis, se révèle-t-elle être une Voie de la Beauté particulièrement adéquate pour établir un pont entre culture et culte chrétien.

    25 Conseil Pontifical de la Culture, « La Via Puchritudinis, chemin privilégié d'évangélisation et de dialogue », Document de l'Assemblée plénière 2006, http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/cultr/documents/rc_pc_cultr_doc_06121999_docume nts_fr.html (21/05/2021)

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    2.2. LA VIA LUCIS DU SANCTUAIRE DE FATIMA AU PORTUGAL

    Le 2 juin 2008, après la célébration de la messe dans la basilique du Sanctuaire de Fatima, présidée par Monseigneur Antonio Marto, Evêque de Leiria-Fatima, eut lieu la cérémonie d'inauguration de la Via Lucis créée par l'Artiste peintre italien Vanni Rinaldi installée dans la Chapelle de la Résurrection de Jésus dans l'Eglise de la Très-Sainte-Trinité. Monseigneur Antonio Marto remercia le Père Sabino Palumbieri, fondateur du Mouvement des Témoins du Ressuscité, d'avoir offert au Sanctuaire de Fatima les quatorze tableaux de la Via Lucis réalisés par le maestro Vanni Rinaldi qui était présent à la cérémonie26.

    Par la superposition des plans, l'artiste a voulu montrer la juxtaposition des époques de l'Histoire de l'Eglise, depuis les premiers disciples de Jésus, pêcheurs en Galilée, puis pêcheurs d'hommes après l'Ascension du Seigneur (Mt 4,18-19) jusqu'à nous qui regardons aujourd'hui le tableau de la Neuvième station de la Via Lucis du Sanctuaire de Fatima.

    Neuvième station : « Le Ressuscité se manifeste au bord du lac de Tibériade »

    Sur les tableaux des Dixième et Onzième stations, on peut reconnaître le dôme de la basilique Saint Pierre de Rome. Les bras étendus du Ressuscité rappellent la Croix tout en signifiant l'envoi en mission universelle. Les personnages apparaissant dans le cercle qui

    26 https://vannirinaldi.com/2015/12/21/via-lucis/ (02/04/2020) https://www.fatima.pt/en/news/way-of-light-inaugurated-in-fatima (13/04/2020)

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    représente la planète sont vus comme à travers une loupe. Ce sont les plus anciens disciples de Jésus qu'on voit le plus nettement. Jésus traverse les temps et nous regarde. Par notre baptême, nous sommes tous en charge de mission d'évangéliser.

    Dixième station : « Le Ressuscité fait de Pierre le pasteur de l'Eglise »,

    Onzième station : « Le Ressuscité envoie les disciples dans le monde »

    30

    2.3. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE DE FRANCE

    2.3.1. Le Chemin de lumière de l'église Saint Romain de Molines-en-Queyras

    L'église Saint Romain de Molines en Queyras, classée monument historique, est romane, probablement de la fin du XVème siècle. L'abside et la voûte sont de style baroque et ont été restaurés27. Dans l'église Saint Romain de Molines en Queyras, du diocèse de Gap et d'Embrun, est installé le Chemin de lumière de Monsieur René Eyméoud, une oeuvre sculptée dans le bois en quatorze tableaux. L'artiste sculpteur, un paroissien agriculteur retraité, a voulu donner un style queyrassien à son oeuvre avec pour chaque station un effet toit de chapelle, une croix et un entourage avec des volutes. Il s'est inspiré des photographies de la Via Lucis du professeur Giovanni Dragoni installée dans la basilique de Don Bosco qu'avait rapportées d'une retraite sacerdotale le Père curé Jean-Luc Grizolle, en 2010.

    Vue du portail ouest avec la rosace de la Vierge immaculée

    Un Chemin de Croix moderne, stylisé, peint par André Massard, se trouve sous les quatorze stations du Chemin de lumière.

    27 Détails architecturaux et photographie :

    http://sylviedamagnez.canalblog.com/archives/2014/10/22/30782286.html (19/05/2021)

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    Monsieur René Eyméoud a compté près de mille heures de travail avec une concentration extrême, pendant trois hivers, et il dit avec une grande simplicité : « sculpter pour l'église de Molines, c'est ma façon de prier ». Le Chemin de lumière a été béni le jour de la fête patronale de l'église Saint Romain, le mardi 18 novembre 2014, par l'Evêque du lieu28. Il n'y a pas à cette occasion d'inauguration du Chemin de lumière avec la pratique de la prière de la Via Lucis, parce que la date de la bénédiction de l'oeuvre ne correspond pas au Temps pascal.

    L'église est orientée vers l'est. La bénédiction des quatorze tableaux est réalisée au moyen du rite d'aspersion, dans le sens nord-sud, la Première station « Jésus ressuscite d'entre les morts » se trouvant près de l'autel sur la façade nord.

    Première et Septième stations du Chemin de lumière de Molines-en-Queyras

    28 https://www.diocesedegap.fr/presentation-de-la-via-lucis-de-molines-en-queyras/ (19/05/2021)

    32

    2.3.2. A la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre29

    Les archives du site web de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre affichent avoir reçu, dans les pèlerinages des années 2015-2016, « 40 pèlerins africains `Via lucis' ». Depuis l'année liturgique 2015-2016, la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre fait la proposition pastorale de la prière de la Via Lucis pendant le Temps pascal. Le samedi 14 mai 2016, pendant la retraite de Pentecôte30, le Père Dominic Schubert donna un enseignement introductif sur la prière de la Via Lucis.

    Dans l'année liturgique 2017-2018, la prière de la Via Lucis était proposée ainsi : « tous les vendredis du Temps pascal après la messe de 15h, la prière du `chemin de lumière' avec le Ressuscité (Via lucis) ». Avant la fermeture des portes de la basilique pour cause de confinement, nous avions pu avoir la confirmation par Monseigneur Jean Laverton, Recteur la basilique, que le Sacré-Coeur faisait la proposition de la Via Lucis tous les ans pendant le Temps pascal et l'information que les Soeurs bénédictines du Sacré-Coeur de Montmartre s'occupaient de la préparation matérielle de la Via Lucis.

    La photographie ci-dessous montre la célébration de la Via Lucis à la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre dans l'année liturgique 2017-2018 :

    Quatrième et Cinquième stations : « Le Ressuscité sur le chemin d'Emmaüs »,
    « Le Ressuscité est reconnu à la fraction du pain »

    29 http://www.sacre-coeur-montmartre.com/francais/formations-retraites-pelerinages/archives-et-publications/annee-2017-2018/article/via-lucis (30/05/2021)

    30 https://www.paris.catholique.fr/retraite-de-la-pentecote.html (30/05/2021)

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    On peut voir que le grand cierge pascal est allumé ainsi que six cierges dans l'abside qui est garnie de bouquets de fleurs blanches. Les stations de la Via Lucis sont illustrées par des images polychromes représentées sur de grands panneaux en bois léger installés dans l'allée centrale. Au premier plan se trouve l'illustration31 de deux péricopes de l'Evangile selon Saint Luc : l'apparition aux disciples d'Emmaüs et le repas avec la fraction du pain par le Ressuscité (Lc 24,13-35).

    Au centre de la nef se trouve un prêtre habillé tout en blanc dont on peut supposer qu'il anime la prière. D'autres prêtres revêtus d'une chape blanche sur les épaules sont également dans l'allée centrale. Les Soeurs bénédictines du Sacré-Coeur de Montmartre sont dans l'assemblée avec les fidèles qui ont à leur disposition des feuillets. Certains sont assis et d'autres sont debout. Il est probable que les fidèles participent à la dimension processionnelle de la Via Lucis par les mouvements de s'asseoir et de se relever.

    2.3.3. La Via Lucis, une liturgie familiale du Temps pascal 2020

    Le site web du diocèse de Strasbourg a diffusé des propositions de « liturgie familiale » pour le Temps pascal 2020, à cause de la fermeture des lieux de culte liée à la pandémie de Covid-19. Ces propositions « Pour une liturgie familiale au temps du Coronavirus » furent déclinées selon plusieurs formules : « Vivre un Chemin de lumière pour les dimanches du Temps pascal », « Vivre un Chemin de lumière pendant l'Octave de Pâques », ou une liturgie par dimanche de Pâques. Le site web Liturgie et Sacrements, édité par le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle de la Conférence des évêques de France, a relayé cette information avec la possibilité de télécharger le « Livret de la Via Lucis » du Service liturgie du diocèse de Strasbourg :

    « Le service liturgie du diocèse de Strasbourg propose une liturgie familiale adaptée à ce temps du coronavirus : le Chemin de Lumière. Si pendant le Carême, le Chemin de Croix est l'exercice de piété qui permet de s'unir aux souffrances et à la passion du Christ, sans négliger l'annonce de la Résurrection et l'espérance du Royaume, le Directoire sur la pitié populaire et la Liturgie suggère pour le Temps pascal une Via lucis, un Chemin de Lumière, faisant parcourir dans la prière un itinéraire passant par

    31 Les illustrations de la Via Lucis sont multiples et notre propos n'est pas spécifiquement l'iconographie. Par conséquent, nous n'avons pas étendu nos recherches à trouver l'origine de ces tableaux.

    34

    les différentes apparitions du Christ ressuscité, du matin de Pâques à la Pentecôte (Voir Directoire page 127 et 128)32 ».

    Faut-il développer l'attention sur le texte du jour et donc sur le contenu de telle station de la Via Lucis ? Ou faut-il considérer lors de chaque dimanche du Temps pascal l'ensemble du parcours de la Via Lucis, en quatorze stations ? Le Service liturgie du diocèse de Strasbourg propose tout le parcours de la Via Lucis pour les dimanches du Temps pascal33, ainsi que pour l'Octave de Pâques34. Pour tel dimanche, il est proposé la liturgie du dimanche considéré35.

    2.4. AUX PHILIPPINES, LA VIA LUCIS LORS DU NATIONAL YOUTH DAY

    Le 26 avril 2019, Vendredi dans l'Octave de Pâques 2019, à Cebu aux Philippines, lors du National Youth Day (NYD), la Journée Nationale de la Jeunesse, la Messe d'ouverture était présidée par l'Archevêque José Palma, de Cebu, qui souligna que Jésus marche toujours aux côtés de la jeunesse. La messe fut suivie d'une procession de quatre cents délégués de trois provinces du Mouvement de la Jeunesse des Philippiens Salésiens. C'était pour la Famille Salésienne de Don Bosco la première célébration nationale de la Via Lucis. Lors de cette journée du NYD 2019, à l'île de Cebu, quatre cents Salésiens de tous les Instituts étaient présents (SDB, FMA) et auront renouvelé leurs voeux vocationnels et de ministère au service de la Jeunesse, et tout spécialement dans la perspective des cinq cents ans d'évangélisation des Philippines (1521-2021).

    Quinze mille jeunes ont participé à cette journée. Un des jeunes participants partagea ses impressions après la Via Lucis :

    « Souvenons-nous qu'à travers cette dévotion nous ne renierons jamais la Croix - dont nous savons tous qu'elle est le symbole de l'amour du Christ pour l'humanité. Au contraire, nous accroissons toujours notre foi et notre connaissance de ce qu'elle est vraiment : le symbole de ce que nous sommes tous embrassés et aimés par Jésus ; un

    32 https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/le-dimanche/303182-liturgie-familiale-temps-pascal-vivre-chemin-de-lumiere/ (11/05/2021) 33 https://www.alsace.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/14/2020/04/Liturgie-domestique-Chemin-de-lumiere-pour-dimanches-du-Temps-pascal.pdf 34 https://www.alsace.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/14/2020/04/Liturgie-domestique-Chemin-de-lumiere-pour-octave-de-Paques.pdf (11/05/2021) 35 https://www.alsace.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/14/2020/05/Liturgiedomestique7eme-dim-de-Paques-A-24-mai-2020.pdf (17/05/2021)

    35

    don du Père des cieux qui permit que Son Fils mourût pour nos péchés ; et en ceux qui souffrent, servent et restent dans le Seigneur, l'envahissement par la puissance de l'Esprit Saint. Un jour, comme Marie, ceux qui ont été appelés à partager la Passion et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ seront aussi appelés à participer à Sa Résurrection et à la plénitude de Sa Gloire 36».

    Ci-dessous, sur la photographie, on peut voir le célébrant allumer un cierge au cierge pascal. Un écran géant montre une scène cinématographique représentant Jésus ressuscité avec les disciples d'Emmaüs lors du repas.

    « Cinquième lumière : Le Seigneur ressuscité est reconnu à la fraction du pain »

    On peut voir que les participants tiennent un cierge allumé et regardent un feuillet.

    36 https://www.bosco.link/webzine/47304 (28/03/2021), Texte en anglais traduit par mes soins.

    36

    2.5. LE CHEMIN DE LUMIERE DE JOHANNESBOURG

    Le 16 avril 2017, Dimanche de Pâques 2017, dans le cadre de la Visite Extraordinaire à la Vice province de l'Afrique Méridionale (AFM), le Père Américo Chaquisse, Conseiller pour la Région Afrique-Madagascar, a présidé la célébration de la Via Lucis. Les divers représentants de la Famille Salésienne de Johannesburg participèrent à la célébration37.

    La photographie ci-dessous permet de voir le déroulement de la célébration en extérieur au Bosco Youth Center, près de Johannesbourg, un centre salésien qui accueille quotidiennement des groupes de jeunes pour des retraites spirituelles. Cette célébration eut lieu le Dimanche de Pâques 2017. On peut voir qu'en ce jour la célébration fut accompagnée musicalement à la guitare. La station du Chemin de Lumière où est arrêtée l'assemblée est une mosaïque entourée de briques.

    Nous avons modifié l'éclairage de la photographie pour que l'image de la station du Chemin de Lumière soit plus visible mais elle reste néanmoins assez indistincte. Si on connaît le parcours de la Via Lucis, on peut penser qu'il s'agit de l'apparition au lac de Tibériade et imaginer au premier plan le Seigneur Jésus ressuscité vêtu de blanc et, en arrière-plan, la forme d'une barque. Sur Agenzia Info Salesiana (ANS), la photographie est plus grande et un peu plus claire38.

    37 https://www.infoans.org/fr/sections/photos-nouvelles/item/3105-afrique-du-sud-le-p-chaquisse-preside-la-via-lucis (22/05/2021)

    38 Ib.

    37

    Nous avons reconnu dans la photographie page précédente, prise en 2017, l'oeuvre d'art sacré qui est représentée dans notre source Le Chemin de lumière au-delà de la Croix, les Quatorze stations de Pâques à la Pentecôte39 : c'est le Chemin de Lumière du Père Pierre de la Croix, missionnaire d'Afrique, composé de quatorze tableaux de mosaïque, qui a été inauguré lors du Dimanche de la Pentecôte 1998, à Johannesbourg. Ci-dessous est copiée la photographie de la mosaïque qui représente la pêche miraculeuse. C'est cette image que nous avons reconnue dans la photographie page précédente. Dans le livre du Père François Dufour, c'est la Neuvième station du Chemin de Lumière et le titre en est : « Jésus apparaît au bord du lac de Tibériade ».

    39 Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix, Quatorze stations de Pâques à la Pentecôte du Père François Dufour, Salésien de Don Bosco, 24.41.

    38

    3. QUELQUES ELEMENTS DE DISCERNEMENT

    3.1. LE MYSTERE PASCAL

    La constitution Sacrosanctum Concilium sur la Sainte Liturgie du Concile oecuménique Vatican II, publiée en 1963, désigna comme accomplie « l'oeuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu » par le « mystère pascal de la bienheureuse passion, de la résurrection du séjour des morts et de la glorieuse ascension » du Christ Seigneur qui « en mourant a détruit notre mort et en ressuscitant a restauré la vie » (SC 5).

    L'Eglise institutionnelle à la fois collégiale et hiérarchique est le Corps visible de l'Eglise invisible dont le Christ est Grand Prêtre de la Liturgie céleste et source vivifiante des Sacrements de l'Eglise et des actions de ses ministres. Le mystère de l'Eglise est né de l'eau et du sang sortis du côté ouvert du Christ à la Croix après qu'il eût dit « Voici ton fils » et « Voici ta mère » et remis l'esprit (Jn 19,26-27.30.34.37). Depuis lors, tous les chrétiens sont les disciples bien aimés du Christ et les enfants de la Très Sainte Mère et tous sont héritiers du Testament du Fils et ont le droit d'appeler Dieu « Abba », Père.

    Dans la Sainte Liturgie exercée par les ministres ordonnés de l'Eglise se poursuit l'oeuvre du Christ Jésus, Tête du Corps qui est l'Eglise, jusqu'à ce que son Corps Mystique ait atteint la plénitude de sa taille dans sa marche sur terre. La « participation active, pieuse et consciente » des fidèles à la vie liturgique que les Pères conciliaires ont appelée de leurs voeux (SC 14. 48) consiste non seulement en une participation active à la liturgie dominicale mais surtout en la compréhension du Mystère pascal dont la célébration liturgique est le mémorial (SC 47).

    La Liturgie de l'Eglise inscrit le mémorial du Mystère pascal comme le fondement du temps eschatologique - qui a fait irruption dans l'Histoire au moment de l'Incarnation - qui prend place continûment dans la durée du temps de l'attente du dernier avènement du Seigneur Jésus, Roi de l'Univers. Le temps linéaire de l'Histoire est dévoré par le temps eschatologique du salut, jusqu'à la fin des temps, jusqu'à déboucher sur l'éternité. La Sainte Liturgie permet l'installation du temps eschatologique dans l'Histoire à chaque fois qu'elle présente à nouveau le mémorial des gestes et des paroles du Seigneur Jésus lors de la dernière Cène, bien que l'institution de l'Eucharistie reste un événement unique. De même, les événements de la Passion et de la mort du Seigneur ont été accomplis une fois pour toutes

    39

    mais, en traversant la mort, Christ a rompu les barrières du temps et de l'espace auxquels sont soumis les hommes dans leur condition mortelle.

    La Liturgie de l'Eglise inscrit le mémorial du Mystère pascal comme le fondement du temps eschatologique, temps qui a fait irruption dans l'histoire au moment de l'Incarnation et qui prend place continûment dans la durée du temps de l'attente du dernier avènement du Seigneur Jésus, Roi de l'Univers. La prière de la Via Lucis n'a pas cette efficacité de la liturgie. Elle peut en revanche constituer une catéchèse du Mystère pascal. Elle offre en effet les contours d'une catéchèse communautaire destinée au grand public des fidèles et articulée à la liturgie du Temps pascal. Cette catéchèse intergénérationnelle peut s'adresser à un public chrétien mixte composé de fidèles baptisés de longue date et de néophytes. Elle peut aussi constituer un outil de seconde évangélisation ou « seconde première annonce40», ainsi que de la nouvelle évangélisation.

    3.2. LA SAINTE LITURGIE ET LES PIEUX EXERCICES

    La Source magistérielle qui donne à la prière de la Via Lucis une reconnaissance officielle est le Directoire sur la piété populaire et la Liturgie, Principes et Orientations41, promulgué par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements en décembre 2001. La prière de la Via Lucis y est indiquée par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements comme prière du Temps pascal. Cependant, il n'est pas expressément prescrit que la Via Lucis doive être célébrée pendant le Temps pascal. Par conséquent, il n'est ni obligatoire que la Via Lucis soit célébrée pendant le Temps pascal, ni exclu qu'elle puisse être célébrée à un autre moment du calendrier liturgique, sous réserve des conditions relatives à l'harmonisation avec la Sainte Liturgie qui s'appliquent à tous les pieux exercices et qui garantissent à la Sainte Liturgie sa préséance (70-75).

    Dans la deuxième partie du Directoire, intitulée « Orientations en vue de l'harmonisation de la piété populaire avec la Liturgie » (93-287), la Via lucis (153) est située dans le chapitre « Année liturgique et piété populaire » (94-182) et dans la rubrique

    40 A. F.-X. AMHERDT, citant Enzo Biemmi de l'Instituto catechetico de Verona, Session SNCC, « Le Mystère pascal au coeur de l'Initiation », CEF, « Pour une pastorale du mystère pascal, forme essentielle de l'existence chrétienne : approches bibliques, patristiques et catéchétiques », Paris, 2018, 2.

    41 CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Directoire sur

    la piété populaire et la Liturgie, Principes et Orientations, Cité du Vatican, 2001, (70-75 ; 131-156).

    40

    « Le temps pascal » (152-156). « Le temps pascal » comprend : « La bénédiction annuelle des familles dans leurs maisons » (152) ; « La `Via Lucis' » (153) ; « La dévotion à la divine miséricorde » (154) ; « La neuvaine de la Pentecôte » (155).

    Le début de l'article qui définit la prière de la Via Lucis dans le Directoire (153) passe rapidement sur les origines de la prière, constatant simplement l'expansion de sa pratique « dans certaines régions » :

    « 153. À une époque récente, un pieux exercice, dénommé Via lucis, s'est répandu dans certaines régions. En prenant modèle sur la Via Crucis, les fidèles, pendant la Via lucis, sont invités à parcourir un itinéraire en considérant successivement les différentes apparitions, qui permirent à Jésus - depuis sa Résurrection jusqu'à son Ascension, et dans la perspective de la Parousie - de manifester sa gloire à ses disciples, en attendant qu'ils reçoivent l'Esprit Saint qu'il leur avait promis (cf. Jn 14, 26 ; 16, 13-15 ; Lc 24, 29), de conforter leur foi, de porter à leur accomplissement ses nombreux enseignements sur le Royaume et enfin, de définir la structure sacramentelle et hiérarchique de l'Église. Le pieux exercice de la Via lucis permet aux fidèles d'évoquer l'événement central de la foi - la Résurrection du Christ - et leur condition de disciples, que le sacrement pascal du baptême a fait passer des ténèbres du péché à la lumière de la grâce (cf. Col 1,13 ; Ep 5, 8).

    Pendant des siècles, la Via Crucis, en permettant aux fidèles de participer à l'événement initial du mystère pascal, la Passion, a contribué à fixer les divers aspects de son contenu dans la conscience du peuple. À notre époque, d'une manière équivalente, la Via lucis peut permettre de rendre présent auprès des fidèles le second moment si vital de la Pâque du Seigneur, la Résurrection, à condition que ce pieux exercice se déroule dans une grande fidélité par rapport au texte évangélique. On dit communément : « per crucem ad lucem » ; il est vrai que la Via lucis peut en outre devenir une excellente pédagogie de la foi.

    De fait, la Via lucis, avec la métaphore du chemin à parcourir, permet aux fidèles de mieux comprendre l'itinéraire spirituel, qui part de la constatation de la réalité de la souffrance qui, selon le dessein de Dieu, ne constitue pas le point d'ancrage définitif de la vie humaine, et aboutit à l'espérance de rejoindre le vrai but poursuivi par chaque homme : la libération, la joie, la paix, qui sont des valeurs essentiellement pascales. Enfin, dans une société souvent marquée par l'angoisse et le néant, qui caractérisent la

    41

    « culture de la mort », la Via lucis constitue au contraire un stimulant efficace permettant d'instaurer une « culture de la vie », c'est-à dire une culture ouverte aux attentes de l'espérance et aux certitudes de la foi42 ».

    En se fondant sur des considérations à la fois théologiques et anthropologiques, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements préconise, expressément mais de façon non contraignante, la pratique de la prière de la Via Lucis car cette prière met en avant la deuxième face du Mystère pascal : la Résurrection du Seigneur Jésus et ses manifestations à ses disciples proches depuis l'aube de Pâques jusqu'à l'Ascension et le don de l'Esprit Saint à toute l'Eglise réunie à la Pentecôte.

    La prière de la Via Lucis est construite à partir des lectures dominicales de toute la durée liturgique du Temps pascal. La Parole proclamée qui nous interpelle dans les célébrations eucharistiques devient à nos oreilles la voix du Crucifié Ressuscité, entendue comme la parole vivante du Verbe qui vient nous chercher, un par un en nous appelant par notre petit nom et qui nous invite à le suivre vers le Père. La prière de la Via Lucis, comme tous les pieux exercices, est par nature subordonnée à la Sainte Liturgie dont elle reçoit, en tant que lectio divina, son efficacité.

    42 CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Directoire sur la piété populaire et la Discipline des Sacrements », Vatican, décembre 2001, Deuxième partie, « Orientations en vue de l'harmonisation de la piété populaire avec la Liturgie » (93-287),

    42

    DEUXIEME PARTIE

    LA CELEBRATION DE LA VIA LUCIS

    1. LA MISE EN OEUVRE DE LA VIA LUCIS

    1.1. DANS L'EGLISE ITALIENNE

    Depuis 2002, la Conférence Episcopale Italienne donne accès à deux formulaires d'aide à la célébration de la prière de la Via Lucis, l'un à l'intention du prêtre et l'autre à l'intention des fidèles : « Via lucis, Sussidio per il sacerdote », « Via lucis, Sussidio per l'Assemblea »43.

    Via Lucis, Per celebrare Gesù risorto

    On doit au Père Don Sabino Palumbieri, professeur d'Anthropologie philosophique à l'Institut Pontifical Salésien de Rome, l'édition en 2005 du premier livret officiel du déroulement de la célébration de la Via Lucis. Ce livret, vendu seulement en librairie italienne, intitulé Via lucis, Per celebrare Gesù risorto44, a reçu l'imprimatur du Vicaire général de Padoue, le Père Danilo Serena. Une « Ritornelli per la Via lucis » se trouve à la fin du livret, avec musique et chant45. Dans l'Eglise Italienne, le livret de célébration publié par Don Sabino Palumbieri a valeur d'aide à la célébration de la prière de la Via Lucis46.

    « Portate a tutti la gioia del Risorto »

    Dans le cadre de la Pastorale des jeunes, la Conférence Episcopale Italienne inscrivit la prière de la Via Lucis dans les Orientations pastorales de la Décennie 2000 à 2010. En atteste le document intitulé « Portate a tutti la gioia del Risorto47, Sussidio Liturgico-

    43 Dal Sussidio CEI "Chi ha sete venga a me e beva", A. D. 2002, « Via lucis, Sussidio per il sacerdote », « Via lucis, Sussidio per l'Assemblea »,

    http://www.sangb.org/public/doc_cate/VIA_LUCIS_-_Sussidio_per_l_assemblea.pdf (16/04/2020)

    44 S. PALUMBIERI, Via lucis, Per celebrare Gesù risorto44, « Ascoltare, Celebrare, Vivere », Sussidi mini 12, Padova, Edizioni Messaggero Padova, 2005.

    45 Ibid, «Ritornelli per la Via lucis» - « Ritournelle pour la Via lucis », (45-46).

    46« Sussidi mini » : « petite aide »

    47 UFFICI E ORGANISMI DELLA CONFERENZA EPISCOPALE ITALIANA, Servizio Nazionale per la Pastorale Giovanile, Sussidio Liturgico-Pastorale Quaresima-Pasqua, 2006, « Portate a tutti la gioia del Risorto », « Via Lucis », (98-115),

    http://www.progettoculturale.it/cci new/documenti cei/2006-02/28-9/Sussidio pasqua2006.pdf

    43

    Pastorale Quaresima-Pasqua 2006 » avec le déploiement sur dix-sept pages de la prière de la Via Lucis dont la prière conclusive est le renouvellement des promesses baptismales48. Pendant la Vigile pascale, les fidèles renouvellent leurs promesses baptismales, la renonciation au mal et la profession de foi, en même temps que les appelés font leur profession de foi solennelle.

    Après que les nouveaux baptisés ont reçu l'ultime rite baptismal, le rite de la lumière, sous le signe d'un cierge allumé au feu du cierge pascal, le prêtre qui préside la célébration dit à toute l'assemblée : « Portate a tutti la gioia del Risorto ! », « Va porter à tous la joie du Ressuscité ! ». Les nouveaux baptisés devenus néophytes vont alors porter à leurs frères et soeurs dans l'assemblée la flamme de leur cierge baptismal, le feu nouveau de la nuit de Pâques. Et tous partagent la lumière, signe visible de la lumière glorieuse du Christ ressuscité.

    Ainsi les néophytes qui viennent de faire leur profession de foi solennelle et les fidèles qui, avec eux, viennent de renouveler leurs promesses baptismales deviennent-ils dans l'assemblée des porteurs de la lumière du Christ jusqu'à ce qu'ils en soient revêtus et deviennent le levain lumineux de la communion ecclésiale. De même, la communauté chrétienne est-elle appelée à devenir le levain lumineux de la société.

    Préalablement, à la fin de la Vigile pascale, tous ensemble néophytes et fidèles auront dû déposer pour les uns le vêtement blanc, pour les autres l'écharpe blanche et revêtir des vêtements de la vie quotidienne.

    Les néophytes porteront l'écharpe blanche pendant tout le temps de la mystagogie, durant les messes des néophytes qui se tiennent pendant les sept semaines du Temps pascal. Certains diocèses célèbrent les confirmations à la Pentecôte.

    La prière de la Via Lucis dont les stations correspondent avec le Lectionnaire du Temps pascal, c'est-à-dire avec tout le temps que durent les messes des néophytes, pourrait peut-être devenir un outil de l'accompagnement catéchuménal depuis la Vigile pascale jusqu'à la Pentecôte ?

    48 Conclusion de la prière de la Via Lucis avec le renouvellement des promesses baptismales en Annexe, 109.

    44

    1.2. DANS L'EGLISE CATHOLIQUE ROMAINE

    Lorsque Sa Sainteté Jean-Paul II inclut la prière de la Via Lucis dans le livre de prières officiel du Grand Jubilé de l'An 2000 dont les célébrations eurent lieu à Rome, il signifia que cette prière avait une vocation universelle. La preuve en est qu'il existe de ce livre une version internationale en anglais : Pilgrims in Rome, The Official Vatican Guide for the Jubilee Year 2000, du Vatican Central Committee for the Jubilee. La version anglaise de Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000, est à l'intérieur du coffret Pilgrims in Rome et porte le titre de Pilgrim Prayers, The Official Vatican Prayerbook for the Jubilee Year 2000.

    Sa Sainteté Jean-Paul II, en incluant la prière de la Via Lucis dans livre de prières du Grand Jubilé de l'An 2000, signifia que la Via Lucis est une prière qui n'est pas seulement une prière de l'Eglise Italienne de la fin du deuxième millénaire mais qu'elle est pressentie par le Magistère comme étant une prière de l'Eglise catholique romaine pour le troisième millénaire. La preuve en est qu'en 2002, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements a confirmé ce pressentiment de Sa Sainteté Jean-Paul II, relativement à la prière de la Via Lucis, dans les Orientations du Directoire sur la piété populaire et la Liturgie, Principes et Orientations (153).

    1.3. LES INDICATIONS DE MISE EN OEUVRE

    Nous prendrons d'abord en considération les instructions pour la mise en oeuvre de la prière de la Via Lucis qui figurent dans Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix, Les quatorze stations de Pâques à la Pentecôte, parce que c'est la seule source éditée qui donne des indications sur le mode célébratoire de la prière.

    Ensuite, nous présenterons la mise en oeuvre de la prière selon Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000, en analysant le texte de la Via Lucis tel qu'il est dans le livre de prières du Comité Pontifical du Grand Jubilé de l'An 2000.

    De plus, des instructions précises de premier ordre figurent sur le site salésien vialucis.org49, dans la rubrique Liturgie qui comprend deux onglets : Communauté, Jeunes.

    49 http://vialucis.org/index.php/it/comunita (26/05/2021)

    45

    1.3.1. Instructions in Le Chemin de lumière au-delà de la Croix, Les quatorze stations

    1. L'évènement est annoncé par le titre de chaque station.

    2. Un court refrain chanté :

    L. « Nous t'adorons, ô Christ, et nous te bénissons » ;

    R. « Parce que, par ta résurrection, tu nous remplis d'espérance et de joie, Alleluia ! »

    3. Le court passage d'Ecriture Sainte est lu par un lecteur.

    4. A l'invitation "Prions" : la prière est récitée à haute voix, tous ensemble.

    5. L'assemblée chante l'hymne proposée, ou toute autre qui convienne.

    6. Chant, exemple :

    « Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi, Jésus ! Gloire à toi qui es vivant, gloire à toi !

    Gloire à toi, ressuscité, viens revivre en nous Aujourd'hui et jusqu'au dernier jour.50»

    Dix-neuf chants dont la liste se trouve à la fin de l'ouvrage sont proposés pour les différentes stations de la prière de la Via Lucis.

    50 « A Toi la gloire, ô Ressuscité », adaptation P. Gouzes, id. n°105, Bayard Presse liturgie.

    46

    1.3.2. Instructions in Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000

    Les instructions ci-dessous figurent dans le livre de prières du Comité Pontifical du Grand Jubilé de l'An 2000, Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000, vendu en coffret avec Pèlerins à Rome, un guide touristique de Rome, qui donne son titre au coffret.

    Dans ce livre, la prière de la Via Lucis fait suite à la prière de la Via Crucis. Nous allons comparer point à point le chant d'ouverture de la prière de la Via Crucis avec le chant d'ouverture de la prière de la Via Lucis :

    Via Crucis, répons

    Via Lucis, répons

    L. « Nous t'adorons, ô Christ, et nous te bénissons. »

    R. « Car tu as racheté le monde par ta croix. »

    L. « Nous t'adorons, ô Christ, et nous te bénissons. »

    R. « Car tu as racheté le monde par ta Pâque. »

    La louange invocatoire chantée par le lecteur est la même dans les deux prières, sous la forme de deux vers de douze pieds. Le Répons par l'assemblée est semblable dans les deux prières. La seule différence consiste en un mot : le répons de la louange invocatoire du chant d'introduction de la prière de la Via Crucis se termine par le mot « croix » et celui de la prière de la Via Lucis se termine par le mot « Pâque ».

    Via Crucis, prière de clôture

    Via Lucis, répons et prière de clôture

    « O sainte Mère, daigne donc graver les

    L. « Par la résurrection du Christ. »

    plaies du Crucifié profondément dans mon

    R. « Garde-nous dans la lumière, ô mère du

    coeur. »

    Sauveur. »

     

    « Dieu qui as donné la joie au monde en ressuscitant Jésus, ton Fils, accorde-nous, par sa Mère, la Vierge Marie, de parvenir au bonheur de la vie éternelle.

     

    Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. »

     

    R. : « Amen ».

    47

    La supplication de clôture de la prière de la Via Crucis et celle de la prière de la Via Lucis sont des prières d'intercession. La prière de clôture de la Via Crucis s'adresse à Marie qui est appelée « sainte Mère ». C'est une prière individuelle où chacun exprime le désir de ressentir en son coeur les souffrances du Crucifié51. La souffrance est valorisée comme telle, à l'imitation du Christ crucifié. La prière de clôture de la Via Lucis est une prière communautaire adressée à Dieu le Père, une prière qui demande au Nom de Jésus, Christ et Seigneur, l'intercession de la Vierge Marie et qui met l'accent sur la lumière de gloire dans laquelle le Christ ressuscité Rédempteur introduit la communauté ecclésiale. La Via Lucis désigne Marie comme « mère du Sauveur ». C'est une prière de demande de la béatitude éternelle.

    Ces deux prières ont leur raison d'être en fonction du temps liturgique : la prière du Chemin de Croix s'articule au temps du Carême, et plus particulièrement au Triduum pascal dans la Semaine Sainte et se situe comme proposition sacramentale le Vendredi Saint, après le rite de la Vénération-adoration de la Croix. La prière de la Via Lucis n'est pas nouvelle quant à son contenu scripturaire qui s'articule aux lectures du Lectionnaire du Temps pascal pour : la Vigile pascale, le Dimanche de Pâques, les Deuxième et Troisième dimanches de Pâques, la solennité de l'Ascension et le dimanche de la Pentecôte. La prière de la Via Lucis n'est pas nouvelle quant à sa forme qui est conforme à celle, traditionnelle, de la prière du Chemin de Croix.

    1.4. DE LA VIA CRUCIS A LA VIA LUCIS, LA VOIE DU SALUT EN DEUX VOLETS

    On saisit bien ainsi, en les comparant point à point, la continuité entre la prière de la Via Crucis et la prière de la Via Lucis tant par la contigüité des deux prières dans Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000, que par la similarité de forme des deux prières : les deux prières sont processionnelles et comportent quatorze stations.

    La méthode pour la pratique des deux prières est similaire, c'est une méthode en quatre points : lectio, contemplatio, oratio, meditatio. La lectio divina est la lecture-écoute

    51 Cela correspond à la théologie du Coeur Sacré de Jésus et de la demande de réparation adressée par le Ressuscité aux âmes saintes pour les outrages que le Seigneur subit dans le Sacrement de son Amour, la Sainte Eucharistie. Ce sont les révélations privées dont parla sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690).

    48

    priante, en Eglise, des Saintes Ecritures. La contemplatio est l'état de résonnance que produit l'Ecriture devenue Parole proclamée en Eglise, alors que chacun médite en silence dans son for intérieur. Oratio est la prière en commun des participants. Meditatio est la réflexion intellectuelle, guidée par le célébrant, sur le sens de l'Ecriture ainsi qu'une réflexion sur la manière dont cette Parole peut se répercuter sur la vie communautaire. Quant aux Salésiens de Don Bosco, ils ajoutent un cinquième point à la lectio divina : actio, l'action charitable.

    La prière de la Via Crucis est une méditation sur les récits de la Passion et de la crucifixion de Jésus de Nazareth, méditation dont la forme traditionnelle comporte un héritage légendaire, telle la rencontre avec Véronique, ou un héritage de dévotions anciennes telles que la dévotion aux « chutes de la Passion » ou aux « chutes sous la croix52». La Via Crucis traditionnelle n'a pas dans son contenu uniquement des textes néotestamentaires mais peut comporter aussi des textes vétérotestamentaires, tel que le Serviteur souffrant d'Isaïe (1, 5-6 ; 53, 5-6). La place significative donnée aux femmes valorise leur nature empathique et secourable avec l'histoire du voile de Véronique et la parole de Jésus aux filles de Jérusalem (Lc 23,28-31).

    Avec une différence d'un seul mot entre le Répons d'ouverture de la prière de la Via Crucis « Car tu as racheté le monde par ta croix » et celui de la Via Lucis « Car tu as racheté le monde par ta Pâque53 », nous abordons la question théologique de la Rédemption : est-ce la Croix du Christ qui a sauvé le monde, ou est-ce sa Pâque ? Que signifie « racheter le monde » et que signifie exactement « ta Pâque » ?

    Dans le premier cas - « tu as racheté le monde par ta croix » - ce sont les souffrances de la Passion et de la mort du Christ qui sont la cause de la Rédemption de l'humanité. « Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c'est à sa mort que nous avons été unis par le baptême » (Rm 6,3). C'est dans la mort du Christ que nous avons été baptisés. Si c'est l'Incarnation qui est rédemptrice, nous sommes d'ores-et-déjà définitivement sauvés et nous n'avons pas à participer à notre salut qui est pure grâce.

    Dans le second cas - « tu as racheté le monde par ta Pâque » - c'est la mort et Résurrection du Christ qui sont à l'origine de notre rédemption. Si nous sommes baptisés, la Résurrection du Christ nous introduit dans la vie éternelle. Le champ lexical de la rédemption

    52 https://www.narthex.fr/reflexions/le-sens-des-images/la-passion-du-christ-en-images-les-representations-du-chemin-de-croix-une-histoire-aux-sources-multiples (21/03/2021)

    53 Ci-dessus, 48.

    49

    par le Mystère pascal est celui de la miséricorde, de la communion et reprend les thèmes pauliniens de mort au péché et de vie dans le Christ.

    Cependant, la descente du Christ aux enfers est passée sous silence. Cela correspond à une disparition presque totale de la perspective de l'au-delà dans nos catégories mentales modelées par le matérialisme et l'athéisme. Nous avons relégué, en toute bonne conscience, les questions sur les fins dernières au grenier du dix-neuvième siècle. Dans Christ, Notre Pâque, François-Xavier Durrwell souligne la nécessité théologique de creuser la question de la descente du Christ aux enfers. C'est une des voies que que tenta d'explorer le cardinal Hans Urs von Balthasar avec l'aide de la théologienne mystique Adrienne von Speyr.

    Deux perspectives théologiques coexistent donc, l'une plus ancienne, tombée en désuétude mais qui reste persistante dans notre inconscient collectif, est la théologie dite de la Substitution ou de la substitution pénale ou vicaire54. Cette théorie de la Rédemption a un champ lexical de type juridique : péché, faute, dette, châtiment, rançon, rachat, satisfaction, justice, sacrifice, expiation. Le terme-même de « rédemption », en anglais « redeeming », évoque le « rachat » par peine satisfactoire. La thèse en est que Dieu aurait dû, à cause du péché du monde et par amour pour l'humanité, sacrifier son Fils unique pour racheter la dette exigible à sa Sainteté de Justice. Dieu aurait ainsi payé le prix de la négligence qui l'aurait conduit à nous concéder le libre-arbitre dont les débordements nous eussent autrement conduits en enfer. Le sens qui était anciennement donné au nom de Pâques, dans l'Eglise d'Occident, était rattaché aux événements de la Passion et aux souffrances de Jésus55, plutôt qu'à sa Résurrection.

    Jésus, chargé du poids extrême du péché de tous les hommes de tous les temps, aurait-il pu être abandonné par le Père Très Saint qui exècre le péché ? Y aurait-il eu rupture entre Dieu le Père et Dieu le Fils, rupture au sein de la Très Sainte Trinité ? Peut-il y avoir une rupture en Dieu qui Trine et Un, en Dieu qui est Un ? Peut-il y avoir une rupture entre Dieu et Dieu ? La position de Hans Urs von Balthasar sur cette question a été, selon notre point de vue, exagérément durcie car le théologien suisse ne parle pas d'abandon par le Père mais il explore la perception extrême du sentiment d'abandon qui a pu être celle du Fils sur la

    54 F.-X. DURRWELL, Christ, Notre Pâque, « Racines », Paris, Nouvelle Cité, 2001, note 67 : « Nous appellerons donc cette théorie la théologie de la substitution », cf. « Jésus a non seulement payé pour l'humanité pécheresse, il a été substitué à elle, soit par décret divin, soit du fait même de son incarnation dans l'humanité pécheresse », 63.

    55 R. CANTALAMESSA, Le Mystère Pascal, dans l'histoire, dans la liturgie, dans la vie, Paris, Salvator, 1985, 1999, 2000.

    50

    croix avant qu'il ne pousse son cri de déréliction (Mt 27,46 // Mc 15,34). Selon Balthasar, c'est ce sentiment extrêmement douloureux d'abandon qui aurait pu être la dynamique de la descente aux enfers, une descente au fin fond de la liberté de l'homme qui ne concernait pas le Fils car il n'était que porteur mais non auteur du péché de l'homme, mais descente qui était nécessaire à cause du dessein salvifique du Père de libérer les esprits en prison.

    C'est ainsi que l'on pourrait entendre dans le Répons de la louange invocatoire de la Via Crucis - « Car tu as racheté le monde par ta croix » - comme la réponse à la question que le Ressuscité pose aux pèlerins d'Emmaüs, dans la Quatrième station de la Via Lucis : « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela avant d'entrer dans sa gloire ? Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui le concernait » (Lc 24,26-27). La question est rhétorique mais le Ressuscité laisse aux disciples le temps de la réflexion. Dans le discours du Ressuscité aux Onze (Lc 24,44), les Psaumes sont ajoutés aux livres de la Loi et des Prophètes. Ainsi se précise l'idée que ce qui a été exigé par Dieu dans la Loi de Moïse, annoncé et promis par l'intermédiaire des Prophètes et dont le sens a été ouvert par la nature poétique des Psaumes de David est profondément lié avec la figure du Ressuscité qui est Prophète et Messie ? Etant fils de David, Jésus est Roi. Etant Fils de Dieu, Jésus est Christ et Seigneur.

    La théorie de la rédemption par le Mystère pascal met l'accent sur l'indissociabilité de la mort et de la Résurrection du Christ. C'est la porte orientale d'entrée dans le mystère de la Rédemption. A Pâques, les chrétiens orientaux se saluent en disant : « Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! ». La foi en la Résurrection du Christ est la clef du Royaume. Dans cette perspective théologique, nous sommes sauvés car ce qui est advenu au Fils était non seulement nécessaire pour l'humanité, mais aussi anticipé par le Père de toute éternité dans le but de sauver l'homme et la femme et toute la Création. L'icône que les Chrétiens orientaux vénèrent à Pâques est l'Anastasis ou l'icône du Relèvement.

    La Résurrection de Jésus nous donne, d'une part la certitude que la béatitude de la vie éternelle est dès aujourd'hui préparée et, d'autre part la certitude que la Création sera sauvée. Il nous reste à marcher notre vie de chrétiens dans le temps de l'Eglise avec la conscience d'être sauvés en espérance (Rm 8,18-25). La Résurrection et l'Ascension du Seigneur procèdent de la même dynamique divine d'exaltation. La Résurrection est une lumière de gloire visible pour nous entre deux gloires en plénitude : la Transfiguration et la Parousie. Il faut que nos yeux s'accoutument à voir la lumière en face.

    51

    2. LA VIA LUCIS, UNE PEDAGOGIE DE LA FOI

    Le parcours de l'Initiation chrétienne se déroule selon le modèle d'une catéchèse de cheminement, d'étape en étape, sur un itinéraire balisé par des rites de purification et d'illumination, jusqu'à l'ultime passage du baptême lors de la Vigile pascale. Se tenir debout, avancer, stationner et accepter de se laisser déplacer, telle est la dynamique du cheminement. Mais dans quel sens faut-il avancer ? La voie est indiquée par le Ressuscité : il s'agit de passer des ténèbres à la lumière. Christ est la Voie (Jn 14,6).

    Ainsi, la prière de la Via Lucis pourrait peut-être servir à souligner l'itinéraire parcouru par les catéchumènes devenus néophytes pendant le temps de la mystagogie consécutive aux célébrations des sacrements reçus pendant la Vigile pascale, c'est-à-dire pendant les sept semaines du Temps pascal. Les messes des dimanches du Temps pascal sont dites « messes pour les néophytes » (RICA 239). Le chemin de la Via Lucis est un chemin progressif de conversion, c'est un chemin d'entrée dans la nouveauté extraordinaire de la foi en la Résurrection du Christ. La Via Lucis est un chemin vers Dieu où l'on est guidé depuis le matin de Pâques, cinquante jours durant, par le Ressuscité.

    Lors de la Vigile pascale, avant qu'ils ne reçoivent les sacrements de l'Illumination, les catéchumènes adolescents et adultes passent par des étapes de purification avec des scrutins et éventuellement un exorcisme. Or, le rite conclusif d'une célébration de la Via Lucis, dans la forme complète de la prière, comprend la Renonciation et la profession de foi56 qui correspond à des rites de la seule nuit pascale. Les nouveaux baptisés sont baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (Mt 28,19). (Mt 28, 19-20) est la Onzième station de la prière de la Via Lucis. En grec, être baptisé « au nom de » se dit « eis to onoma », c'est-à-dire non pas « de la part de » mais « vers le Nom de »57. Le baptême au Nom de la Très Sainte Trinité ouvre une Voie : il ouvre un chemin et un sens.

    Après avoir été plongés dans l'eau baptismale, les baptisés sont marqués au front du signe de la Croix par le célébrant au moyen d'une onction de saint-chrême consacrée à Pâques, puis ils reçoivent le vêtement blanc et ensuite un cierge allumé au cierge pascal, lequel a été allumé au feu nouveau lors de la liturgie de la lumière (RICA 221-227).

    56 La Renonciation et la profession de foi est le rite conclusif de la prière de la Via Lucis : en Annexe, 105. http://vialucis.org/index.php/it/conclusione-13 (25/05/2021)

    57 J.-N. BEZANCON, Un chemin pour aller ensemble au coeur de la foi.

    52

    L'onction préfigure la célébration de la confirmation qui est la mise en oeuvre de la deuxième étape du sacrement du baptême. « Le dernier rite du baptême, la remise de la lumière, dit bien que le chemin est un chemin éclairé par le Christ, mais aussi que le baptisé est lui-même lumière (vêtement blanc) et que c'est bien de son propre chemin qu'il s'agit, pas d'un chemin tracé d'avance58».

    L'Eglise italienne a intégré la prière de la Via Lucis dans la liturgie baptismale et donc dans les rites de l'Initiation chrétienne de la Vigile pascale pour toute la communauté réunie, les catéchumènes appelés qui vont être baptisés et les fidèles. Ainsi, c'est l'ensemble de la communauté réunie qui vit pendant cette nuit pour les appelés la profession de foi solennelle, pour les fidèles le renouvellement des promesses baptismales : « je renonce », « je crois ».

    La prière de la Via Lucis pourrait peut-être constituer un support de catéchèse consécutive à la réception des sacrements de l'Initiation chrétienne durant les sept dimanches des messes des néophytes. La mise en oeuvre de la mystagogie qui suit la célébration des sacrements n'est pas destinée aux seuls néophytes mais à tous les membres de la communauté59 pendant le Temps pascal. Avec la prière de la Via Lucis comme outil catéchétique, la catéchèse communautaire pourrait être l'occasion d'une mystagogie des sacrements de l'Initiation, non seulement entre néophytes mais aussi dans un échange intergénérationnel avec la communauté des fidèles. C'est aussi le rôle de la communauté paroissiale que d'être « catéchisée et catéchisante 60».

    « Le fait de célébrer les sacrements de l'initiation dans la nuit de Pâques traduit en effet d'une façon particulière que ces sacrements associent au Christ et à son passage de la mort à la résurrection, qu'ils font en fait vivre un nouveau départ.

    Mais ce caractère pascal du catéchuménat ne se limite pas à la Veillée pascale comme moment indiqué de la célébration des sacrements de l'initiation. Il embrasse aussi le Carême, temps fort de préparation de l'Église aux fêtes pascales, et, pour les

    58 R. LACROIX, « La Vigile pascale, point d'orgue de l'Initiation chrétienne »,

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/initiation-chretienne/le-bapteme/temps-et-lieux/13040-la-vigile-pascale-point-dorgue-de-linitiation-chretienne/ (22/05/2021)

    59 http://marly-catholique78.fr/wp/wp-content/uploads/2020/04/Livret-Temps-Pascal.pdf (25/05/2021)

    60 A. FOSSION, Nouvelle Revue Théologique, « Vers des communautés catéchisées et catéchisantes, Une reconstruction de la catéchèse en un temps de crise », 2004, https://doi.org/10.3917/nrt.264.0598 (13/05/2021)

    53

    catéchumènes, d'ouverture du coeur à la réception des dons du Seigneur. La célébration de « l'appel décisif » des catéchumènes, au début de ce temps, met de l'avant que Dieu fait les premiers pas vers eux, par l'intermédiaire de son Église, et que leur démarche est essentiellement de l'ordre de la réponse au Seigneur qui s'invite dans leur vie. Les « scrutins » interviennent aussi durant le Carême : ils assurent les catéchumènes de la miséricorde du Seigneur à leur endroit.

    Le caractère pascal du catéchuménat s'étend encore au temps de la mystagogie, qui coïncide avec le temps pascal des cinquante jours après Pâques et met l'accent sur l'approfondissement des sacrements reçus. Dans plusieurs diocèses, l'évêque opte pour la confirmation célébrée au terme de cette initiation postbaptismale, à la Pentecôte. Histoire de permettre à l'initiation de se prolonger afin d'aider la foi à s'enraciner et de rendre explicite que, s'achevant en présence de l'évêque, cette initiation comporte une dimension supralocale de rattachement à l'Église.

    Heureuse Église qui, du début du Carême à la Pentecôte, accompagne vers les sacrements de l'initiation et les célèbre ! Heureuses et heureux catéchumènes et néophytes qui, pendant ce temps, vivent l'expérience pascale de structuration de leur foi et de leur vie de disciples du Seigneur ! 61»

    2.1. LA PRIERE DE LA VIA LUCIS ET LE LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL

    La prière de la Via Lucis a un contenu biblique qui fait parcourir le chemin vécu par les disciples de Jésus depuis l'aube de Pâques jusqu'à l'effusion de l'Esprit Saint sur la première Eglise du Christ. Le noyau scripturaire de la prière de la Via Lucis comprend les récits de découverte du tombeau vide de Matthieu et Luc - pas celui de Marc - et les récits d'apparition du Ressuscité, apparitions individuelles (Jean, Luc) et apparitions collectives (Matthieu) ; ainsi que les récits qui concernent l'Eglise primitive depuis l'Ascension du Seigneur jusqu'à l'effusion de l'Esprit-Saint (Jean) à la Pentecôte qui figurent dans les Actes des Apôtres (Luc).

    61 P. G. DROUIN, Office de Catéchèse du Québec, « Les catéchumènes sont baptisés lors de la Vigile pascale, pourquoi ? », https://www.officedecatechese.qc.ca/formation/catechumenat/chronique/2017/201711_Drouin. html (22/05/2021)

    54

    Dans quel but faire le chemin de la Via Lucis ? Le but pastoral est que les fidèles découvrent l'unité du Temps pascal dans les sept semaines de Pâques à la Pentecôte, qu'ils s'intéressent à la lectio divina et qu'ils entrent davantage dans l'intelligence du mystère pascal avec les nouveaux baptisés, les néophytes qu'il faut intégrer dans la communauté.

    Voir Jésus ressuscité et le reconnaître en tant qu'il est bien le Crucifié, le Maître, le Messie, le Seigneur, tel est l'enjeu des récits des Evangiles de la Résurrection proclamés durant le Temps pascal. C'est aussi ce qui constitue la trame scripturaire de la prière de la Via Lucis. Les récits de la Résurrection du Christ peuvent être sériés en deux sortes de récits : d'une part les récits du tombeau vide, d'autre part les récits d'apparitions du Ressuscité. Quant aux récits d'apparitions, ils peuvent également être sériés en deux catégories : les récits d'apparition à une personne particulière et les récits d'apparition à la communauté.

    Toujours première est la Parole, toujours nous précédant est le Verbe, le Logos, la Parole est puissante et créatrice (Gn 1,3) et nous accompagne jusqu'à la fin des temps comme les enseignements de Jésus (Mt 28,20). La Parole de Dieu appelle à l'écoute dans le silence. Lors de la Transfiguration, sur le mont Thabor, la voix divine dit : « Celui-ci est mon Fils, ... Ecoutez-le !62».

    Qu'ils écoutent, entendent et comprennent, tel est bien l'enjeu majeur de l'attente de Jésus ressuscité vis-à-vis de ses disciples, tout comme cela l'avait déjà été du temps de son ministère public mais il s'agit maintenant de former des apôtres croyants fermement en Christ ressuscité qui soient en mesure de porter témoignage de la réalité de la Résurrection du Seigneur, de la réalité de la résurrection des morts et de la vie éternelle. Le Ressuscité est venu former un collège apostolique capable de pouvoir témoigner jusqu'aux extrémités de la terre avoir vu, parlé, mangé et bu avec le Ressuscité, capable d'expliquer le dessein eschatologique de Dieu pour l'humanité révélé dans les Saintes Ecritures du peuple juif et accompli en Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur.

    62 L. DEISS, Synopse de Matthieu, Marc et Luc, avec les parallèles de Jean, Paris, Desclée de Brouwer, 1963, 1975, (Mt 17,5 // Mc 9,7 // Lc 9,35), 121.

    55

    TABLEAU SYNOPTIQUE

    LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL63 / 3 sources de la prière de la VIA LUCIS

    CALENDRIER
    LITURGIQUE

    Temps pascal /
    Stations

    VIA LUCIS

    LECTIONNAIRE
    DES
    DIMANCHES
    ET FÊTES
    DU TEMPS
    PASCAL
    64

    VIA LUCIS
    PER CELEBRARE GESU
    RISORTO, SUSSIDI
    MINI,
    RITUEL

    PELERINS EN

    PRIERE

    POUR LE JUBILE
    DE L'ANNEE
    SAINTE 2000

    LE CHEMIN
    DE LUMIERE AU-

    DELA DE LA CROIX,
    14 STATIONS DE
    PÄQUES A LA
    PENTECÔTE

    VIGILE
    PASCALE

    A

    Mt 28,1-10

    Mt 28,1-7 / 5-6 (1ère)

    Mt 28,5-6 (1ère)

     

    B

    Mc 16,1-7

     
     
     

    C

    Lc 24,1-12

     
     

    Lc 24,1-9 (1ère)

    On peut constater dans le tableau ci-dessus que la prière de la Via Lucis est bien articulée au Lectionnaire du Temps pascal, selon l'année liturgique. On pourrait même dire que la Via Lucis est enracinée dans le Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal, en fonction du calendrier liturgique par année A, B ou C. Lors de l'année liturgique A, il est proclamé l'Evangile selon Saint Matthieu ; lors de l'année B, c'est de l'Evangile selon Saint Marc dont il est fait lecture lors de la liturgie de la Parole et, lors de l'année C, c'est de l'Evangile selon Saint Luc. Dans notre source Le Chemin de lumière au-delà de la Croix, Les quatorze stations de Pâques à la Pentecôte du Père François Dufour, Salésien de Don Bosco, le texte scripturaire de la Première station est (Lc 24,1-9). Nous n'avons pas trouvé tout de suite pourquoi seule cette source avait la péricope de Luc, alors que les deux autres avaient Mattieu (Mt 28,5-6).

    Nous avions l'intuition que les variations textuelles entre les sources étaient dues aux déclinaisons scripturaires du Lectionnaire des dimanches est fêtes du Temps pascal en fonction des années liturgiques mais nous en avions cherché en vain la vérification par rapport aux années d'édition des différentes sources. C'est après avoir fait le rapprochement entre la photographie de 2017 à Johannesbourg et notre source Le Chemin de Lumière au-

    63 https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2018/10/Calendrier_liturgique_2019.pdf C (31/05/2021) https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2019/09/Calendrier_liturgique_2020_3.pdf A (31/05/2021) https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2020/09/Calendrier-litrugique2021.pdf B (31/05/2021)

    56

    delà de la Croix, puis après avoir trouvé que l'inauguration du Chemin de Lumière du Père de la Croix avait eu lieu en 1998, que nous pouvons confirmer cette hypothèse :

    L'année liturgique 1997-1998 était une année C, Luc. A la Vigile pascale était lu (Lc 24,1-12). C'est la raison pour laquelle (Lc 24,1-12) est indiquée comme péricope de la Première station dans le livre Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix, relativement aux deux autres sources qui donnent pour la même station la péricope (Mt 28,5-6) ou, pour le livret de célébration Via lucis, Per celebrare Gesù risorto, également la même péricope élargie à (Mt 28,1-7). Ce qui nous conduit à conclure que la prière de la Via Lucis a été conçue pour être en harmonie avec le Lectionnaire du Temps pascal, en fonction des années liturgiques A, B et C ; et qu'elle constitue un support de catéchèse communautaire pendant le Temps pascal.

    Il y est déjà possible d'observer dans ce tableau que la prière de la Via Lucis a davantage de correspondances avec le Lectionnaire du Temps pascal des années A qu'avec celui des années B ou C. Ceci est nettement confirmé par l'observation du « Tableau synoptique du Lectionnaire du Temps pascal et des trois sources de la prière de la Via Lucis » qui se trouve en annexe (105-106) : c'est avec les lectures du Lectionnaire du Temps pascal des années A que la prière de la Via Lucis a le plus de correspondances. Les années liturgiques A sont dites avoir « une connotation davantage baptismale65 », à cause notamment de la lecture semi-continue de la Première Lettre de Pierre qui est considérée comme une catéchèse baptismale66. La prière de la Via Lucis, en harmonie avec les lectures du Lectionnaire du Temps pascal des trois années liturgiques, est spécialement en harmonie avec les années A dont la connotation est baptismale.

    La prière de la Via Lucis pourrait dont peut-être devenir en France le support d'une catéchèse communautaire dominicale pendant le Temps pascal67, en-dehors des horaires des célébrations eucharistiques. On pourrait imaginer ces rencontres où la communauté serait à la fois « catéchisée et catéchisante » le dimanche après-midi pendant la période des huit dimanches du Temps pascal68.

    65 Id. P. G. DROUIN, « Les Evangiles des huit dimanches du Temps pascal ».

    66 https://www.diocese-annecy.fr/diocese/2019-2020-annee-du-bapteme/boite-a-outils/6-la-1ere-lettre-de-pierre.pdf (31/05/2021)

    67 Selon les Principes et Orientations du Directoire sur la piété populaire et la Liturgie (153). 68 https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/19692-evangiles-huit-dimanches/ (07/04/2021)

    57

    2.1.1. VIGILE PASCALE ET OCTAVE DE PÂQUES

    VIGILE PASCALE ET (Mt 28,1-10/Lc24, 1-9) ET 1ère STATION : « Jésus triomphe de la mort » (Mt 28,1-7 / 5-6)

    « Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n'est pas ici car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir où il reposait » (Mt 28,5-6).

    Pâques est le temps des ouvertures : du tombeau, du sens des Ecritures, des yeux des pèlerins d'Emmaüs, de l'entendement des disciples, du coeur de Pierre. L'important n'est pas que le tombeau soit ouvert mais c'est que la porte soit ouverte. Le Ressuscité est l'Ouverture, la « porte ouverte que nul ne peut fermer » (Ap 3,8). « Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé » (Jn 10,9).

    Les trois évangiles synoptiques comportent le déchirement du voile du sanctuaire au moment de la mort de Jésus (Mt 27,51a // Mc 15,38 // Lc 23,47-49), mais Matthieu est le seul à faire le récit d'une théophanie avec un tremblement de terre, l'ouverture des tombeaux et la résurrection des « saints endormis » qui « entrèrent dans la Ville Sainte » et qui « apparurent à beaucoup » (27,51b).

    Chez Matthieu, au moment de la mort de Jésus, les femmes regardaient de loin : ce sont « Marie la Magdalène et Marie, mère de Jacques et de Joseph et la mère des fils de Zébédée » (Mt 27,55-56). Chez Marc, ce sont « Marie la Magdalène et Marie, mère de Jacques le Petit et de Joset, et Salomé » (Mc 15,40-41). Après le départ des femmes, les gardes rapportèrent aux autorités religieuses les événements dont ils furent témoins et leur déconvenue. C'est en voulant user d'un stratagème que les chefs des prêtres et les Pharisiens annoncèrent eux-mêmes de façon indirecte et négative, sous forme de prolepse, le kérygme : « Il est ressuscité d'entre les morts » (Mt 27,64). Matthieu souligne également par ce détour que le fait que le tombeau soit vide ne peut pas constituer une preuve suffisante de la résurrection de Jésus. En Mt 28,4, ce sont les gardes qui « devinrent comme morts ».

    L'annonce positive du kérygme par Matthieu dans notre péricope courte de la Première station de la Via Lucis (Mt 28,5-6)69 comporte par conséquent, au-delà de l'angélophanie, la puissance de la théophanie commencée au moment de la mort de Jésus. Ce sont les femmes disciples de Jésus qui sont les premiers témoins de cette théophanie et qui sont les personnages de la transition entre les récits de la découverte du tombeau vide et

    69 Texte Source : Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000.

    58

    les récits d'apparition du Ressuscité. Chez Luc, ce sont « des femmes qui l'avaient suivi depuis la Galilée » (Lc 23,49). Le nom des femmes n'apparaît chez Luc, dans le récit de la découverte du tombeau vide, que lorsqu'elles reviennent porter leur témoignage « aux Onze et à tous les autres » : ce sont « Marie la Magdalène, et Jeanne, et Marie, la (mère) de Jacques. Et les autres (qui étaient) avec elles... » (Lc 24,10).

    DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,1-9) ET 2ème STATION : « Les disciples trouvent le tombeau vide » (Jn 20,1-9 / 6-8)

    « Alors entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut » (Jn 20,8).

    Le découpage de la péricope est très court. Le contenu informatif de cette phrase convoque deux personnes, deux disciples dont il est clair que l'un est un homme, qui viennent sur le lieu où se trouve un tombeau. Nous savons qu'il s'agit du tombeau de Jésus et que des femmes sont venues voir ce tombeau précédemment. On peut penser logiquement qu'il s'agit de deux hommes. Celui qui est arrivé en premier entre après l'autre et marque ainsi une déférence et probablement un respect de préséance.

    Puisque ce sont des disciples de Jésus qui viennent voir le tombeau, ils doivent avoir en mémoire ce qu'avait dit le Maître, leur Rabbi. « Il vit et il crut ». L'autre disciple croit instantanément en voyant le tombeau vide que Jésus est ressuscité et donc qu'il est vivant. Mais que signifie : « il est ressuscité » ? Qu'avait dit le Maître au sujet de la résurrection, de sa résurrection ? Qu'est-ce que la résurrection ? Que pensait-on à cette époque, en milieu juif, à propos de la résurrection ? Tout le monde était-il d'accord à ce sujet ? Visiblement, cela pose des problèmes de compréhension et des difficultés d'adhésion de la foi. L'ange a dit aux femmes de venir voir l'endroit où reposait le corps de Jésus le crucifié. Il a montré le tombeau vide comme étant la conséquence du fait que Jésus est ressuscité.

    Ce n'est pas parce que le tombeau est vide que Jésus est ressuscité mais c'est parce que Jésus est ressuscité que le tombeau est vide : « Il n'est pas ici car il est ressuscité ». Le tombeau vide n'est pas une preuve de la résurrection, sinon cela ne poserait de problème à personne de croire que Jésus est ressuscité, une fois le tombeau trouvé vide. Jésus s'est-il réveillé par ses forces propres alors qu'il était endormi du sommeil de la mort ? Le texte ne dit pas « il a ressuscité » mais « il est ressuscité », le verbe étant au passif - en exégèse, on utilise le terme de passif divin - indique que l'action vient de Dieu.

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    MARDI DE L'OCTAVE DE PÂQUES (Jn 20,11-18) ET 3ème STATION : « Le Ressuscité se manifeste à Marie de Magdala » (Jn 20,11-18 / 16-18)

    « Jésus lui dit : `Marie !' Elle se tourne vers lui et dit : `Rabbouni !' ce qui veut dire : `Maître' » (Jn 20,16)70.

    Nous avons de nouveau ici une péricope de l'Evangile selon Saint Jean. La péricope correspondante dans la TOB porte la précision que Rabbouni est un mot hébreu : « Jésus lui dit : `Marie.' Elle se retourna et lui dit en hébreu : `Rabbouni', ce qui signifie maître » (Jn 20,16). L'évangéliste donne le texte du dialogue le plus près possible de la langue parlée par Jésus et ajoute un commentaire pour que les destinataires du récit, en l'occurrence nous, comprennent le sens de ce dialogue. Donc, il y a un changement de culture entre le milieu d'origine et de langue de Jésus et les destinataires de l'Evangile selon Saint Jean. La réception de Jean n'a pas lieu en milieu juif, ou alors est-ce dans une population mixte judéo-chrétiens en milieu hellénistique, avec une minorité de juifs ce qui expliquerait que le rédacteur final conserve un mot hébreu (ou araméen). Ayons en mémoire que le Nouveau Testament a été rédigé en grec. La langue parlée communément dans tout le pourtour méditerranéen aux premiers siècles de l'ère chrétienne était le grec, la koinè.

    La péricope de la Troisième station de la Via Lucis est un récit johannique d'apparition de Jésus ressuscité à une femme, Marie. Le titre de la station nous dit qu'il s'agit de Marie de Magdala, Marie-Madeleine. Jésus l'appelle « Marie », de manière familière. Quant à la réponse de celle-ci, « Rabbouni », il s'agit d'une manière affectueuse de donner au Maître le titre de Rabbi. Cette façon de parler exprime de la part de Marie-Madeleine à la fois un profond respect pour le Maître et un grand attachement à la personne de Jésus.

    Cependant, si l'on veut découvrir le texte au-delà de cette péricope très courte, on apprend qu'avant que le Ressuscité ne prononçât son nom, Marie-Madeleine ne l'avait pas reconnu. Alors que manifestement il existait une relation particulière entre Marie-Madeleine et le Maître, lorsqu'il se présenta à elle ressuscité, elle ne le reconnut pas. Mieux encore, la péricope (20,13-15) dit qu'elle l'avait pris pour le jardinier, la TOB dit « le gardien du jardin »71. N'est-pas une référence au jardin d'Eden (Gn 2,15) ? Voyons le récit de la chute d'Adam et Eve, dans la Genèse : « Ayant chassé l'homme, il posta les chérubins à l'orient du jardin d'Eden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le chemin de l'arbre de vie » (Gn 3,24). L'épée foudroyante n'est-elle pas le symbole du Verbe de Dieu (He 4,12-

    70 https://cours.cath.ch/cours-1-apparition-de-jesus-a-marie-madeleine-jn-20-11-18/

    71 TOB, 2622.

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    13) ? Dans le Symbole des Apôtres, nous professons notre foi en Jésus, Juge souverain lors du Jugement dernier : « Il est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant d'où il viendra juger les vivants et les morts ». Comment Jésus-Christ viendra-t-il nous juger puisqu'il est venu nous sauver ? Ne sommes-nous pas déjà sauvés par sa mort ? C'est le Verbe de Dieu, la flamme de l'épée foudroyante, qui garde le jardin d'Eden où se trouve l'arbre de vie éternelle. Le Verbe incarné est venu nous porter la Parole de Vie : « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, ce n'est pas moi qui le juge : car je ne suis pas venu juger le monde, je suis venu sauver le monde. Qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles a son juge : la parole que j'ai dite le jugera au dernier jour » (Jn 12,46-48).

    L'apparition à Marie-Madeleine, indépendamment du groupe des femmes, est propre à Jean. Pourquoi Jésus ressuscité est-il apparu en premier, du moins explicitement dans l'évangile, à Marie-Madeleine ? Peut-être est-ce à cause de l'affection qu'elle lui portait ? Matthieu et Marc citent nommément Marie la Magdalène dans le groupe des femmes présentes au moment de la mort de Jésus et qui le suivaient depuis la Galilée (Mt 27,56 // Mc 15,40). Luc nomme Marie la Magdalène dans le groupe des femmes venues faire des soins mortuaires qui reviennent vers les Onze et tous les autres pour leur annoncer la bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur (Lc 24,1-12). Le verset 12, qui fait la narration du départ précipité de Pierre (seul) vers le tombeau n'est pas présent dans tous les témoins anciens72. Ce verset dit que Pierre, se penchant au-dessus du tombeau, ne vit que les bandelettes et qu'il s'en retourna avec étonnement. C'est en entendant le Seigneur prononcer son nom que Marie-Madeleine fit l'expérience de la conversion. Pour l'autre disciple, c'est en voyant le tombeau vide qu'il crut à la résurrection du Seigneur.

    Au moment de sa résurrection, Jésus fait de Marie-Madeleine une femme apôtre qui doit convaincre les disciples de Jésus qu'il est ressuscité et leur transmettre ses paroles : « Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu » (Jn 20,17b). La Croix a acquis aux hommes la filiation divine. Cependant, le chemin vers Dieu passe par une mission qui est de témoigner aux frères de Jésus de sa Résurrection et de leur faire savoir qu'il les a établis dans l'héritage du Royaume, ainsi qu'il l'a fait sur la Croix pour le disciple bien-aimé (Jn 19,26-27).

    72 TOB, note z), 2550.

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    Ce récit d'apparition du Ressuscité constitue la Troisième station de la prière de la Via Lucis. Ce récit met en relief la relation qui existe entre Jésus et une femme appartenant au groupe de celles qui sont présentes à la Croix (19,25). C'est en interpellant Marie-Madeleine par son nom - d'une manière qui rappelle la manière dont est appelé Saül sur le chemin de Damas (Ac 22,7) - que Jésus ressuscité se fait reconnaître d'elle ; ce à quoi elle répond par un vocatif à la fois révérencieux et marquant un fort attachement, « Rabbouni 73», ce que la TOB dit signifier « maître » (Jn 20,16). La conversion spirituelle de Marie-Madeleine consiste à renoncer à ses affects douloureux liés à un attachement à l'apparence physique de Jésus et à voir le Ressuscité tel qu'il est réellement devenu.

    Lc 24,1-12 est la lecture de la Vigile pascale des années C. Le récit se situe « le premier jour de la semaine, de grand matin ». Il y a trois femmes dont Marie-Madeleine, leur nom est cité en fin de récit (v. 10). Le propos des femmes rapporté aux apôtres leur semble être du délire.

    La présence de Marie-Madeleine dans le groupe des femmes préposées aux soins du corps du Seigneur est évoquée en (Mc 16,1-7)74, dans la lecture de l'année liturgique B. Cependant, ce récit ne donne pas lieu à un dialogue particulier entre Marie de Magdala et le Ressuscité, ainsi qu'il est rapporté dans le récit de (Jn 20,11-18). Et la péricope (Mc 16,1-7) ne figure pas dans la prière de la Via Lucis. Dans la prière de la Via Lucis, les femmes sont missionnées pour parler et elles parlent.

    DEUXIEME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,19-31) ET 7ème STATION : « Le Ressuscité donne le pouvoir de remettre le péché » (Jn 20,19-23 / 19-22 et Jn 20,24-29 / 27-29)

    « Il répandit sur eux son souffle et leur dit : `Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis' » (Jn 20,22-23).

    Le Seigneur ressuscité et exalté dans la gloire insuffle l'Esprit Saint à ses disciples et leur confère le pouvoir de pardonner les péchés. L'expression remettre les péchés s'apparente à celle de remettre les dettes, c'est-à-dire que l'épuration du passif spirituel serait

    73 TOB, (Mc 11,51), « Rabbouni », j) : « Titre respectueux, comme Rabbi, marquant un attachement plus fort. Mt et Lc ont rendu ce mot par Seigneur. », 2439. « Rabbi » : cf. (Mc 9,5), a) : « Par ce titre respectueux, mon Seigneur (de rab : grand), on s'adressait aux docteurs de la loi mais aussi à d'autres personnages. Adressé à Jésus, ce titre est rendu par Maître en Jn 1,38 (gr. didascale). Vers la fin du Ier siècle le mot perdit sa valeur de vocatif et désigna les docteurs de la loi (de là l'emploi encore actuel du mot rabbin). », 2434.

    74 L. DEISS, C. S. Sp., Synopse de Matthieu, Marc et Luc, avec les parallèles de Jean, Nouvelle édition, Paris, Desclée de Brouwer, 1963-1964, 1975, 233-234.

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    analogue à l'apurement du passif d'un compte financier. Le concept de rémission des péchés se rattache à la doctrine de la rétribution et à une théologie juridique de la Rédemption sous le mode de la substitution ou satisfaction vicaire. Selon cette théologie, adoptée par saint Thomas d'Aquin, le Christ a pris sur lui tout le péché du monde afin de nous éviter la peine du dam éternel. Son sacrifice serait expiatoire et satisfactoire de la Justice divine, de façon vicaire c'est-à-dire que la peine est supportée sans être méritée. Selon Jean, Jésus est mort non « pour nos péchés » mais pour nous sauver et il est ressuscité pour nous introduire dans la vie éternelle.

    De Moïse à Jésus il y a changement d'Alliance avec un culte nouveau et un sacrifice nouveau. Jésus n'est pas le bouc émissaire envoyé au désert pour prendre sur lui tout le péché du peuple. Ce n'est plus par le sang des boucs et des taureaux que le grand prêtre offre à Dieu un sacrifice expiatoire pour le peuple et pour lui-même une fois l'an (He 9,19-22), mais par son propre Sang que Christ « grand prêtre des biens à venir » s'offre lui-même en tant que victime innocente et pure pour le sacrifice libératoire définitif de notre conscience (He 9,11-14). L'expression biblique qui correspond à remettre ou ne pas remettre les péchés est celle de délier et lier.

    Le pouvoir de lier et délier sur la terre comme aux cieux est conféré à Simon fils de Yonas75 en même temps qu'il se voit donner le nom nouveau de Pierre, les clefs du Royaume et celles des portes de l'Hadès (Mt 16,13-20). Le pouvoir de lier est l'institution de l'Alliance entre Dieu et les hommes. Relativement aux péchés, le pouvoir de délier et lier est l'institution du sacrement de pénitence-Réconciliation. Ce pouvoir a été donné à l'Eglise sur laquelle Pierre a été établi le chef avant la mort de Jésus. Cependant, la puissance de ce pouvoir a été conquise par le Christ vainqueur des puissances du mal dans le séjour des morts, arraché à la mort par l'Esprit Saint et exalté dans la gloire par le Père. C'est ainsi que ce pouvoir a été conféré dans la puissance aux apôtres par le Ressuscité après qu'il fut entré dans sa gloire.

    Pour Jean l'évangéliste, à la Croix tout est accompli et Jésus remet l'esprit avec son dernier souffle (Jn 19,28.30). Comment le Seigneur ressuscité peut-il encore insuffler l'Esprit-Saint dans une apparition postpascale alors qu'il a remis l'esprit au Père avant de mourir ? C'est parce que c'est dans la gloire que Jésus est mort : Jésus, Fils de Dieu entré dans la gloire et devenu Seigneur, a été ressuscité par le Père dans l'Esprit-Saint. C'est de

    75 Les Evangiles, Textes et commentaires, (169-170)

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    l'Esprit-Saint que Jésus Fils de Dieu a été conçu, de Marie, et c'est de l'Esprit-Saint que Jésus, Christ de Dieu et Seigneur, a été ressuscité de l'Esprit-Saint dans la puissance76. C'est par son souffle de Rédempteur que le Seigneur répand sur ses disciples la puissance de Miséricorde de l'Esprit Saint (Jn 20,22).

    L'expression pardonner les péchés ne porte pas de connotation rétributive des oeuvres bonnes et mauvaises. Le pardon efface jusqu'à la mémoire de la faute et fait appel à l'amour, la charité, la miséricorde. Le pardon de l'Eglise est un sacrement qui ressort de la Miséricorde divine et de l'exercice du ministère sacerdotal. Le pénitent qui a entrepris un chemin de conversion, qui a reconnu ses fautes comme étant des fautes, est par le sacrement de toute l'Eglise donné par son ministre réconcilié avec Dieu et avec la communauté ecclésiale. Quant au pouvoir qui permet de pardonner les péchés, il est conféré aux ministres de l'Eglise dans la puissance de l'Esprit Saint par le Seigneur ressuscité qui s'est rendu vainqueur des forces du mal et qui a conquis les clefs de la mort et de l'Hadès (Ap 1,18).

    Chez Jean, l'institution de l'Eucharistie est précédée par le rite du lavement des pieds où le Maître s'est montré le serviteur de tous en accomplissant une tâche réservée habituellement aux esclaves (Jn 13,4-17). Le lavement des pieds peut, sur le plan symbolique, se référer au pardon des péchés. Le fait de se laver les pieds les uns aux autres, comme Jésus demande de le faire au verset 17, peut signifier le pardon mutuel. Le sacrement de Réconciliation ne doit pas nous faire oublier que nous avons nous aussi à demander pardon à ceux à qui nous avons fait tort soit par nos manquements, soit par nos fautes. La prière du Pater nous rappelle que nous devons pardonner ainsi que Dieu nous pardonne, c'est-à-dire avec une infinie miséricorde et une infinie patience.

    2EME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,19-31) ET 8ème STATION : « Le Ressuscité confirme la foi de Thomas » (Jn 20,24-29 / 27-29)

    « Jésus dit à Thomas : `Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant'. Thomas lui dit alors : `Mon Seigneur et mon Dieu !' » (Jn 20,27-28).

    Qu'on vive cette pratique pastorale sur un chemin de pèlerinage ou bien dans une église, à chaque nouvelle station de la prière de la Via Lucis, il est possible d'allumer un cierge. La Lumière du Christ va venir nous éclairer par sa Parole sur le sens des Ecritures.

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    Pour que la raison consente à adhérer à cette nouvelle incroyable de la Résurrection du Christ, il faut soit expérimenter personnellement la présence réelle du Seigneur Jésus ressuscité, soit donner l'adhésion de la foi au témoignage de ceux qui l'ont vu. Les premiers disciples sont des témoins oculaires du Seigneur ressuscité et ils ont transmis leur témoignage pour que nous, nous puissions croire à la résurrection des morts - dont la nôtre - sans voir le Ressuscité et pour qu'à notre tour nous devenions témoins de la foi en la Résurrection du Christ.

    Le Seigneur Jésus n'est pas parmi les morts mais il est parmi les vivants et désormais il ne pourra plus jamais être mort. Le problème principal de ce mystère est bien notre compréhension car notre raisonnement doit trouver des éclaircissements inhabituels, des sources de lumière surnaturelles. C'est la raison pour laquelle il y eut, lors des visites des femmes au tombeau, des angélophanies (Mt 28,5-7 ; Mc 16,5-7 ; Lc 24,4-7). De plus, chez Matthieu un tremblement de terre théophanique traverse le temps depuis la mort de Jésus jusqu'à sa Résurrection (Mt 27,51b - 53 ; 28,2-4).

    Arrivés à la Huitième station de la Via Lucis, nous entendons la lectio divina du récit de l'apparition du Ressuscité au groupe des Onze qu'a rejoint Thomas (Jn 20,27-28). Or Thomas ne croit que ce qu'il peut voir et toucher et donc ne fait confiance qu'à ses perceptions sensorielles. Les perceptions sensorielles et la capacité mentale ou intellectuelle sont les seuls référents d'une approche primaire de connaissance du monde sans réflexion critique et sans référence à une sagesse supérieure. C'est a priori le sens du récit. En fait, il s'agissait là pour Thomas, puisqu'il était absent lors de l'apparition précédente de prêter foi au témoignage apostolique (Jn 20,22-23) et non à ses perceptions sensorielles : les dix disciples lui dirent avoir vu le Seigneur ressuscité. Il eut fallu que Thomas leur fît confiance et donc qu'il prêtât foi à leur témoignage, ce à quoi il ne pût se résoudre. Quant à nous, nous sommes comme Thomas, ceux qui doivent croire sans avoir vu le Seigneur ressuscité et nous apprenons grâce à lui que de croire sans voir est un macarisme : « Jésus lui dit : `Parce que tu m'as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru' » (Jn 20,29)77.

    77 VARONE M.-C., Cours biblique en ligne, « La Résurrection », « L'apparition à Thomas, Jn 20,24-29 », https://cours.cath.ch/cours-4-7-apparition-a-thomas-jn-20-24-29/ (23/03/2021)

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    2.1.2. TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES

    TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES (Lc 24,13-35) ET 4ème STATION : « Le Ressuscité sur le chemin d'Emmaüs » (Lc 24,13-19. 25-27 / 13-15. 25-27)

    « `Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ?' Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui le concernait » (Lc 24,26-27).

    « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? ». Avec le verset 26 de cette péricope courte de l'apparition aux disciples d'Emmaüs dans l'Evangile selon Saint Luc, nous entrons de plain-pied dans la théologie de la Rédemption. Il s'agit là d'une question rhétorique destinée à faire réfléchir les disciples de Jésus sur le sens véritable du messianisme de Jésus, sur le sens des événements qui viennent d'avoir lieu et plus globalement sur la Révélation de Dieu dans l'Histoire ainsi que sur le dessein salvifique de Dieu pour l'humanité. Jésus ressuscité s'affirme comme étant le Messie que le peuple d'Israël attendait, non pour la gloire du monde mais pour la gloire de Dieu. La souffrance qu'il a vécue semble être le chemin de cette gloire, mais en est-ce la cause ? L'accès à la gloire doit-il nécessairement passer par la souffrance ? La souffrance est-elle une condition sine qua none à la gloire ?

    La traduction influence évidemment la compréhension. La TOB traduit : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela et qu'il entrât dans sa gloire ? ». Le fait de ne pas dire souffrir pour entrer dans sa gloire mais souffrir et entrer dans sa gloire permet d'éviter le double écueil de la compréhension doloriste du Mystère pascal et de celui de la compréhension juridique de la théologie de la Rédemption qui fait porter au fils le poids de la Justice de Dieu exigée en substitution de la peine du péché de tous les hommes. La souffrance de la Passion du Christ est liée au péché des hommes et non à la Justice de Dieu. La mort du Christ, Seigneur, descendu aux enfers, a sauvé chacun d'entre nous de la mort éternelle par le don de son Précieux Sang (He 10, 29 ; 13,12.20). C'est la Résurrection du Christ, Seigneur et Rédempteur qui nous a introduits sur le chemin de la vie éternelle qui est le chemin de la sainteté. Il est cependant nécessaire que nous adhérions au salut par la foi en la Résurrection et que nous collaborions à la plénitude de notre salut en suivant le chemin de la sainteté avec le Christ qui nous accompagne tous les jours jusqu'à la fin des temps (Mt 28,19-20). Mais n'anticipons pas sur ce qui sera la Onzième station de la Via Lucis.

    La TOB donne à la place du nom de Messie le nom de Christ. Messie vient de l'hébreu massiah qui signifie « l'oint de Dieu », le consacré par Dieu. Dans la tradition juive, on

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    oignait les rois et les prophètes. Le peuple d'Israël, à l'époque de Jésus, attendait alors - selon la promesse de Dieu à David donnée par l'intermédiaire du prophète Nathan (2 S 7,14), un messie qui le libérerait de l'occupant romain. Christ vient - via le latin Christus - du grec Kristos qui a la même signification que Messie.

    Cette péricope qui représente ici la Quatrième station de la prière de la Via Lucis est celui de Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000, en adéquation avec le lectionnaire liturgique78. La traduction liturgique du Nouveau Testament est ce qui convient pour la prière de la Via Lucis car cette prière s'inscrit dans une perspective pastorale dont le déroulement de la proposition se déploie entre la Vigile pascale et le dimanche de la Pentecôte. Les péricopes de la prière de la Via Lucis sont en correspondance avec les lectures du Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal. Nous développerons cette comparaison en détail dans la Troisième Partie de notre présentation.

    Le voyageur inconnu dont nous savons qu'il s'agit du Ressuscité rejoint sur la route d'Emmaüs deux disciples de Jésus qui tournaient le dos à Jérusalem. Comme ils étaient dans des ressassements morbides, il leur fit une interprétation christologique des Ecritures, la Loi et les Prophètes. Pour Luc, la Ville sainte de Jérusalem est le lieu du salut79. L'inconnu dit clairement que Jésus de Nazareth était le Messie d'Israël et dévoile aux disciples d'Emmaüs le sens de l'intervention de Dieu dans l'Histoire à partir des Ecritures dont il leur la clef interprétative à partir de la personne de ce prophète. Nous dirions aujourd'hui que, dans ce récit, le Ressuscité donna une leçon d'exégèse en utilisant la méthode typologique, la personne de Jésus étant l'antitype de la figure de Moïse et les événements de la Pâque l'accomplissement du dessein eschatologique de Dieu. La question « Ne fallait-il pas ? » introduit l'idée de force majeure. La tournure interro-négative ajoute simplement une note rhétorique à la question.

    3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Lc 24,13-35) ET 5ème STATION : « Le Ressuscité est reconnu à la fraction du pain » (Lc 24,28-35 / 30-31)

    « Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,30-31).

    78 P. GRUSON, Dir. Les Evangiles, Textes et commentaires, Service Biblique Evangile et Vie, Paris, Bayard, 2001, « Note sur la traduction des Evangiles », 9.

    79 https://cours.cath.ch/cours-2-7-emmaus-lc-24-13-35/ (14/03/2021)

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    Les disciples d'Emmaüs ont invité l'étranger qui était devenu leur compagnon de chemin à demeurer avec eux pour la nuit et ils partagent le repas avec lui. C'est le Ressuscité, dont nous nous demandons peut-être s'il va enfin être reconnu, qui préside le repas et dit la bénédiction qui revient traditionnellement au maître de maison. Le Seigneur ressuscité fait quatre actions qui sont de prendre le pain, dire la bénédiction, rompre le pain et le donner. C'est à ce moment-là que leurs yeux s'ouvrirent et qu'ils le reconnurent, à la fraction du pain. Le terme n'est pas donné à ce moment-là du récit mais un peu plus loin, lorsque les deux disciples reviennent à Jérusalem pour raconter aux Onze ce qui leur était arrivé (Lc 24,35).

    Il s'agit de la bénédiction traditionnelle qui est donnée lors d'un repas juif de fête. L'homme qui préside le rite adresse une louange à Dieu pour le don de la nourriture et c'est seulement après cette bénédiction du Seigneur Dieu que le pain peut être partagé entre les convives. Il n'y a pas ici de bénédiction à propos de la coupe comme dans les récits de l'institution de l'eucharistie, ni de paroles de consécration qui instituent les espèces eucharistiques comme étant le Corps du Christ et le Sang de l'Alliance (Mt 26,26-29 // Mc 14,22-25 // Lc 22, 15-20 // 1 Co 11,23b-26).

    Chez Luc, il y a deux coupes dans le récit d'institution de l'eucharistie, une au début et une à la fin du repas (vv.17.20). On ne peut donc pas parler ici, dans le cadre du récit du repas à Emmaüs, d'Eucharistie dans le sens du sacrement de l'Eglise institué par Jésus lors de la dernière Cène car ce sont les paroles particulières de Jésus sur le pain et sur la coupe qui confèrent à la bénédiction traditionnelle son caractère de consécration eucharistique. Il y a néanmoins eucharistie au sens propre car la louange à Dieu à propos du don du pain est une action de grâces.

    Luc attend le retour des deux disciples vers les Onze à Jérusalem pour donner à l'eucharistie le nom de fraction du pain qui était le rite identitaire que partageaient les disciples de Jésus dans les maisons, le dimanche. Lors du retour des disciples d'Emmaüs à Jérusalem et de leur réunion aux Onze, il se produit un renversement de situation. Ce sont les Onze et leurs compagnons qui annoncent que le Seigneur est ressuscité et qu'il est apparu à Simon (Lc 24,34). Cette apparition privée n'est pas narrée en détails en Luc. C'est seulement après cette annonce que les disciples d'Emmaüs racontent leur expérience sur la route et comment ils ont reconnu le Seigneur ressuscité à la fraction du pain.

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    Le récit de l'apparition aux disciples d'Emmaüs est paradigmatique de la dynamique de la vie chrétienne. Dans les célébrations eucharistiques, la Parole de Dieu vient nous rejoindre dans la Personne du Verbe, incarnée par la proclamation dans la chair ecclésiale qui est le Corps mystique du Christ et interprétée pour notre intelligence par le prêtre qui préside la célébration liturgique et qui exerce son ministère sacerdotal à la manière de Jésus grand prêtre pour l'éternité (He 7,17.21) ; et ce sont les Paroles du Christ qui viennent consacrer les matières eucharistiques et les changer, dans l'Esprit Saint, en le Corps et le Précieux Sang de Notre-Seigneur. La Parole de Dieu demande à être partagée, expliquée, commentée et de nouveau partagée en église, communautairement afin de pouvoir devenir nourriture et pain de vie. La Parole de Dieu doit être reçue en communion en église, comme le pain de l'Eucharistie. Dans le grand récit d'Emmaüs (Lc 24,13-35), la pleine réalisation de l'expérience de l'apparition du Seigneur ressuscité est vécue en église, dans la communauté de Jérusalem une fois tous les disciples réunis partageant chacun son histoire avec les autres. La Parole de Dieu doit être communiée, comme le pain de l'eucharistie, afin de devenir nourriture de vie spirituelle et témoignage de foi.

    3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Lc 24,35-48) et 6e STATION : « Le Ressuscité se manifeste aux disciples » (Lc 24,36-43 / 36-39)

    « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi » (Lc 24,38-39)80.

    Chez Luc, dans le prolongement du récit de l'apparition aux pèlerins d'Emmaüs et de la reconnaissance du Seigneur à la fraction du pain se trouve le récit de la christophanie aux disciples réunis au Cénacle, en l'absence de Thomas. Les Onze et leurs compagnons viennent de témoigner de l'apparition du Seigneur ressuscité à Simon, alors qu'ils furent rejoints par les deux disciples d'Emmaüs qui eux-mêmes racontèrent leur rencontre avec le Ressuscité. Et il est là, au milieu d'eux, et il leur donne une parole de paix, deux fois. Le Seigneur ressuscité communique à ses disciples la paix messianique, la paix plénière de Dieu (Lc 24,36). Cette péricope courte est le début de la finale de l'Evangile selon Saint Luc qui s'achève à Jérusalem, au Temple, dans une plénitude de joie (24,36-53).

    80 https://cours.cath.ch/cours-3-7-apparition-aux-disciples-lc-24-36-49/

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    Pour se faire reconnaître de ses proches disciples, Jésus ressuscité doit d'abord leur ôter la peur car ils croient avoir à faire à un fantôme81. Pourquoi Jésus ressuscité porte-t-il toujours les plaies du crucifiement ? Le corps glorifié du Seigneur a atteint son ultime perfection et devrait être intact des atteintes subies lors de sa Passion. Or, les plaies du Crucifié sont des plaies glorieuses car sa souffrance et son obéissance jusqu'à la mort par amour du Père et des hommes sont devenues les signes mêmes de sa gloire. Afin de lever tout à fait les craintes des disciples qu'il ne soit un esprit errant, le Ressuscité doit recourir à plusieurs ressources : montrer ses plaies, les offrir à toucher, et manger du poisson grillé. Pierre en témoigne : « Dieu l'a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts » (Ac 10,40-41).

    Quelle est la matérialité du corps du Christ ressuscité ? Le nom grec de « poisson » est « ICHTUS ». Il s'agit de l'anagramme de Ièsous CHristous, Theou Uios Sôter, Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Les poissons sont un signe de reconnaissance entre chrétiens en Christ à l'époque des persécutions des premiers siècles. Paul dit que le corps du Ressuscité est un corps spirituel (1 Co 15,44), c'est-à-dire un corps fait de la substance de l'Esprit informé - qui a pris forme - dans un corps humain. Luc insiste sur le fait que les disciples doivent accéder à la reconnaissance du Crucifié ressuscité et sur le fait qu'ils doivent croire à la réalité concrète de son corps physique. Les sentiments des disciples sont un mélange de peur, de doute, d'étonnement et de joie et ils ont une très grande difficulté à accueillir pleinement la bonne nouvelle de la Résurrection, ce qui paraît anachronique avec l'épisode du retour des pèlerins d'Emmaüs au Cénacle et l'annonce par les Onze de l'apparition à Simon (24,33-35).

    Peut-être y eut-il, relativement à l'épisode du retour des pèlerins d'Emmaüs au Cénacle, un ajout rédactionnel ? Cependant, le but de la christophanie n'est pas seulement l'édification des disciples sur la résurrection de Jésus mais l'envoi en mission des disciples « à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Lc 24,47). Pour cela, la mémoire de l'enseignement de Jésus dans son ministère public doit être réveillée chez les disciples afin qu'ils envisagent la perspective du dessein eschatologique de Dieu dans l'histoire.

    81 Pour les juifs, le corps et l'âme ou l'esprit sont indissociables et la présence d'un esprit errant est inconcevable, sinon d'une nature démoniaque.

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    Donc, le Seigneur ressuscité opère l'ouverture de l'esprit des disciples à l'intelligence des Ecritures, relativement aux trois parties de l'Ancien Testament qui étaient rédigées à l'époque de Jésus : la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes de David (24,44-45). C'est alors que se produit une leçon d'exégèse et de théologie de la Rédemption donnée par le Ressuscité en personne : les souffrances du Messie et sa résurrection des morts - le troisième jour - ont pour but le pardon des péchés de toute l'humanité, par la proclamation de la conversion en son Nom (24,46-47). C'est ainsi que de disciples, les Onze devinrent Apôtres du Christ et témoins de sa Résurrection. Mais avant de partir aux extrémités de la terre, il leur fallait d'abord recevoir une puissance, « une force venue d'en-haut » (24,49) qui n'est pas nommée en tant que l'Esprit Saint dans l'Evangile selon Saint Luc mais qui le sera comme tel dans les Actes des Apôtres (Ac 1,8). L'Evangile selon Saint Luc s'arrête là, juste avant l'Ascension du Seigneur et c'est ainsi, lorsque les disciples de Jésus deviennent les témoins du Ressuscité et qu'ils sont envoyés en mission pour prêcher la conversion par toute la terre, que commencent les Actes des Apôtres.

    .

    3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 21,1-19) ET 9ème STATION : « Le Ressuscité se manifeste près du lac de Tibériade » (Jn 21,1-9.13 / 4-6)

    « Le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : `C'est le Seigneur !' Jésus s'approche, prend le pain et le leur donne » (Jn 21,7.13).

    Le cadre narratif des repas où apparaît le Ressuscité est soit le lieu-même du Cénacle à Jérusalem, soit un autre endroit tel que la maison des disciples d'Emmaüs ou le rivage du lac de Tibériade. Le lac de Tibériade se trouve en Galilée, on l'appelle parfois la mer de Galilée à cause de ses courants. Certains des récits d'apparition du Ressuscité sont situés en Galilée ou font référence à la Galilée qui est la région d'origine des Apôtres et le lieu de la première prédication de Jésus, avec des histoires de sortie en mer et de pêche.

    Le schéma Galilée rattache les manifestations pascales à la vie historique de Jésus de Nazareth pour qu'il soit reconnu que le Ressuscité est le Crucifié. D'autres récits d'apparition se situent à Jérusalem car Jérusalem est la Ville sainte, la ville du Temple qui est sur la montagne sainte de Sion. Marc et Matthieu se rattachent à la tradition des récits d'apparition en Galilée, chronologiquement antérieurs aux récits de type Jérusalem. Luc et Jean se rattachent à la tradition des récits d'apparition à Jérusalem. Les deux traditions ont coexisté un temps, cependant la tradition des apparitions à Jérusalem a fini par dominer avec pour raison ou conséquence la tradition du culte au Saint Sépulcre.

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    Le schéma Jérusalem rattache les apparitions pascales à l'eschatologie : la Résurrection anticipe la Parousie82. Dans les deux schémas il y a le préalable d'une approche par le Ressuscité, la non reconnaissance initiale, la Parole du Ressuscité qui appelle à croire, puis la reconnaissance comme réponse de foi et l'envoi en mission : [Approche - non reconnaissance - Parole du Ressuscité - Reconnaissance - Envoi].

    Ceci constitue une structure en chiasme avec un centre qui est la Parole du Ressuscité. La structure du récit d'apparition est similaire à celle des récits de vocation dans l'Ancien Testament : [Appel à l'initiative de Dieu - Accueil avec résistance / sans résistance - Envoi]. Ainsi, le Ressuscité se manifeste-t-il selon le mode théophanique propre à l'Ancien Testament, avec la même structure dialogique que dans les récits de vocation et avec la même inclusion : [Appel - Envoi].

    Chez Luc et Jean, les récits d'apparitions du Ressuscité sont à plusieurs reprises la narration d'un partage de repas ou bien sont situés dans le cadre du Cénacle où fut célébrée l'institution de l'Eucharistie (Lc 24,13-35 ; 36-49 ; Jn 20,24-29 ; Jn 21,7-15). De ces récits d'apparitions lors de repas postpascals, sont issues les péricopes de cinq stations de la prière de la Via Lucis : les Cinquième (Lc 24,30-31), Sixième (Lc 24,38-39), Septième (Jn 20,2223), Huitième (Jn 20,27-28) et Neuvième (Jn 21,7.13) stations. Dans les repas postpascals, il est question de pain et de poissons. De pêcheurs, les Galiléens sont appelés à devenir des pêcheurs d'hommes (Mt 4,18-22 // Mc 1,16-20).

    C'est ainsi que l'appel de Simon-Pierre en tant que disciple de Jésus, au moment de la constitution du groupe des Douze, rejoint la confirmation de son appel par le Ressuscité pour être le chef du collège apostolique. La pêche miraculeuse provoquée par la présence du Seigneur ressuscité se mesure au nombre de cent cinquante-trois poissons qui est certainement un chiffre symbolique dans la tradition johannique qui est mêlée de culture hellénistique et de gnose (Jn 21,1-14). Lors des repas postpascals, en même temps qu'il conduit ses disciples à croire avec certitude qu'il est bien le Crucifié, le Seigneur ressuscité rappelle à ses disciples l'institution de l'Eucharistie lors de la dernière Cène. Il faut que nous comprenions bien que nous ne communions pas au corps de Jésus dans sa mort, mais au pain de Vie, au Dieu vivant. Nous avons été baptisés dans sa mort mais nous communions au Seigneur ressuscité.

    82 M. DENEKEN, La Foi pascale, Rendre compte de la Résurrection de Jésus aujourd'hui, Paris, Cerf, 1996

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    La Passion et la mort de Jésus de Nazareth doivent être interprétés à la lumière de l'Exaltation du Seigneur Jésus à la Résurrection. Pour Luc, c'est la résurrection qui est l'entrée dans la gloire et l'Ascension du Seigneur participe du même mouvement d'Exaltation du Fils par le Père à sa droite dans les cieux. Jésus Seigneur est deux fois glorifié : « Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore ». De qui parle la voix de Dieu qui fait écho aux paroles de Jésus : « Père, glorifie ton nom ! » (Jn 12,28) ? Cette voix divine de qui parle-t-elle ? De quel Nom parle-t-elle ? Est-ce le nom du Père que le Père veut glorifier deux fois ? Quel est le Nom au-dessus de tout nom qui doit être deux fois glorifié (Ph 2,9) ? C'est à celui qui s'est abaissé jusqu'à la condition d'esclave en lavant les pieds de ses disciples, à celui qui s'est abaissé à une condition similaire à celle des malfaiteurs en étant pendu avec eux au bois de la croix, à celui qui est descendu dans les régions souterraines infernales où séjournent les morts et qui là - pour nous - « a arrangé les choses83» que Dieu a donné le Nom qui surpasse tous les autres : c'est à Jésus qu'a été donné le Nom imprononçable de SEIGNEUR, KURIOS. Ce Nom correspond non seulement à un titre mais à une dignité insurpassable84.

    Dans la chronologie lucanienne, les apparitions du Ressuscité pendant une période de quarante jours à partir de la Pâque constituent la totalité de la manifestation postpascale et la plénitude de la révélation sur la résurrection du Christ. Le Ressuscité s'est manifesté à différentes personnes particulières, des individus (Marie-Madeleine, les disciples d'Emmaüs, Thomas, Simon), ou des groupes (les Onze, les Sept), en différents endroits (près du tombeau à l'extérieur de Jérusalem, au Cénacle à Jérusalem, au lac de Tibériade en Galilée, sur une montagne), à différents moments (le matin de la Pâque, le soir du même jour) et parfois à différents endroits en même temps (à Emmaüs et à Jérusalem).

    Le chiffre lucanien de quarante jours d'apparitions postpascales avant l'effusion de l'Esprit Saint sur l'Eglise (Ac 2,1-4) peut être mis en inclusion avec le chiffre des quarante jours qui précèdent le début du ministère public de Jésus en Galilée, où Jésus est poussé au désert par l'Esprit Saint (Lc 4,1-13), ce que nous pouvons schématiser de cette manière :

    [(ES, 40 jours, Ministère public) - (Passion-mort - Exaltation, 40 jours, ES)].

    83 J. GALOT, S. J., La descente du Christ aux enfers, Nouvelle Revue Théologique, 83, N° 5, 1961, « Il s'agit de la 4e formule de Sirmium (Mansi, Concil., III, 265). Elle porte la mention : « il est descendu aux enfers (littéralement : aux régions en-dessous de la terre) et là il a arrangé les choses » https://www.nrt.be/en/articles/la-descente-du-christ-aux-enfers-1822 (25/03/2021)

    84 TOB, Ph 2,9, note u), 2860.

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    Dans cette structure en chiasme, l'action de l'Esprit-Saint au moment de l'Incarnation constitue une inclusion avec l'action de l'Esprit-Saint au moment de la Pentecôte ; les quarante jours au désert avant le début du ministère public de Jésus sont parallèles avec les quarante jours d'apparitions du Ressuscité ; la partie centrale est composée par le Ministère public en vis-à-vis avec la Passion, la mort et la Résurrection-Ascension ou Exaltation du Seigneur.

    Ainsi, Luc met-il en évidence que la Résurrection est la partie finale du ministère public de Jésus et que ce ministère n'est accompli totalement que lorsque les jours de la Résurrection sont achevés et que l'Eglise est constituée. Cette structure met également en avant que l'acte de création de l'Eglise, en tant que Corps mystique du Christ, émane de l'effusion de l'Esprit Saint. Ainsi que le corps de chair du Fils a été conçu de l'Esprit Saint et de Marie, le Corps du Christ qui est l'Eglise a été conçu de l'Esprit Saint.

    En ressuscitant, le Seigneur accomplit son ministère en plénitude, dans la puissance de l'Esprit Saint. Pour Luc - qui est issu du paganisme - dont les références narratives dans les Actes des Apôtres sont les fêtes juives de la Pâque et de la Pentecôte, ou fête des Tentes, la totalité du mystère pascal se déploie sur cinquante jours. La fête de Pentecôte est par définition le cinquantième jour après la fête de la Pâque juive. C'est l'horizon eschatologique de la Pâque dans la perspective lucanienne. Nous avons conservé, dans le culte chrétien, cette temporalité de cinquante jours entre le Dimanche de Pâques et le dimanche de la solennité de Pentecôte : c'est la période liturgique du Temps pascal.

    Ce qui est demandé d'abord aux disciples de Jésus, c'est qu'ils reconnaissent leur Maître en la personne du Ressuscité. Le message que le Ressuscité tente de faire passer aux disciples tout en se référant aux Ecritures, est un message christologique : Jésus Christ est le centre de l'Histoire et sa venue est l'accomplissement eschatologique du salut qui inaugure la fin des temps. Faire de ses disciples de véritables apôtres qui soient des témoins du Ressuscité dans une Eglise ordonnée et hiérarchisée, tel est l'aboutissement postpascal de la mission terrestre du Christ Seigneur. La mission universelle qu'il leur a confiée au-delà du terme de sa vie terrestre85 ne pourra être accomplie qu'après l'effusion de l'Esprit Saint qui eut lieu selon Saint Jean à la Résurrection et selon l'Auteur des Actes à la Pentecôte.

    85 https://cours.cath.ch/cours-6-7-ascension-lc-2450-53-et-ac-12-9-11/ (24/03/2021)

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    3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 21,1-19) ET 10ème STATION : « Le Ressuscité fait de Pierre le pasteur de l'Eglise » (Jn 21,15-17 / 17)

    « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répond : `Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais.' Jésus lui dit : `Sois le berger de mes agneaux' » (Jn 21,15).

    Aux apôtres du Christ sont confiés les pouvoirs de pardonner les péchés ou de ne pas les pardonner, au nom de l'Eglise (Jn 20,22-23) et c'est Simon-Pierre qui est responsable du collège apostolique. Son service de pasteur du troupeau du Christ repose-t-il sur une condition unique préalable qui serait d'aimer Jésus ? La question de l'Amour semble bien être au centre des récits de la Résurrection. « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » (Jn 21,1518). En (Jn 21,15-17), Jésus ressuscité appelle par trois fois « Simon, fils de Jean » pour lui demander quel degré d'amour il lui porte, entre philéa et agapê. C'est dans le Lectionnaire du Temps pascal de l'année C que la Liturgie de la Parole offre ce récit, propre à Jean, de l'apparition du Ressuscité au bord du lac de Tibériade (Jn 21,1-19).

    La question de l'amour porté à Jésus sera posée à Simon par trois fois avant que ne lui soit confiée la mission de conduire le troupeau des brebis du Seigneur. Est-ce dans une apparition postpascale que se fait le transfert d'autorité du Maître sur le groupe des Onze vers Simon-Pierre sur le collège apostolique qui va devenir l'Eglise de Jérusalem ? Lorsque, dans l'Evangile selon Saint Jean, le Seigneur ressuscité pose à trois reprises la question « M'aimes-tu ? » à Pierre, il le fait en lui donnant son nom d'origine, Simon Bar Yona, ou Simon fils de Jonas-Jean. Il ne l'appelle plus Pierre, alors que Pierre était le nom nouveau que Jésus lui avait décerné lors de l'appel initial pour la constitution du groupe des Douze. Selon Jean, c'est au moment de l'appel que Simon reçoit le nom de Pierre ou Céphas en grec. Céphas signifie en grec la tête. Chez Jean, Simon-Pierre fait partie avec son frère André du premier binôme de disciples appelés (Jn 1,40-42). Le nom de disciple que Jésus attribue à Simon a, en grec, la signification de chef. En langue française, le nom de Pierre fait davantage penser à la dalle de fondation d'une maison qu'à la tête d'un corps, image à laquelle renvoie le nom de Képha ou Céphas.

    Jésus résidait à Capharnaüm chez la belle-mère de Simon-Pierre qu'il soigna lorsqu'elle fut malade (Mt 8,14 // Mc 1,29 // Lc 4,38). Chez Matthieu, Simon Bar Jona se vit décerner le nom nouveau de Pierre et la promesse qu'il sera la pierre de fondation de l'Eglise après qu'il eût confessé sa foi en Jésus, Christ et Fils du Dieu vivant (Mt 16,16-19). Dans les versets 18 et 19, Matthieu associe la fondation de l'Eglise terrestre sur la personne de Pierre avec la remise des clefs du Royaume et de celles des portes des prisons de l'Hadès.

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    C'est au nom de l'Eglise dont Pierre sera le chef sur la terre que les péchés seront soit pardonnés, soit maintenus.

    Pourquoi l'amour du Seigneur est-il nécessaire pour conduire le troupeau de ses brebis à paître ? Le Seigneur Jésus est un pasteur d'âmes, le bon berger qui va chercher la brebis égarée (Lc 15,3-7) et tel doit être le Pasteur de l'Eglise qui doit en même temps prendre soin du troupeau entier et de chacune de ses brebis. Comment cela serait-il possible sinon en hiérarchisant et en organisant la communauté des disciples ? La responsabilité de paître les brebis du Seigneur consistera pour Simon-Pierre à conduire le troupeau à travers les chemins des montagnes terrestres jusqu'à sa destination finale, les verts pâturages du Royaume, et de veiller ainsi que le faisait Jésus et ainsi qu'il a veillé à ce que cela soit fait jusqu'après sa mort à ce qu'aucune d'elles ne se perde en route. La question par trois fois itérée à propos de l'amour de Simon envers Jésus peut être mise en parallèle avec le triple reniement au moment de l'arrestation de Jésus (Mt 26,33-35 // Mc 14,29-31 // Lc 22,33-34). En Luc, au moment où il lui prédit son apostasie, Jésus dit à Pierre qu'il a particulièrement prié pour lui afin qu'il affermisse ses frères dans la foi (Lc 22,31-34).

    Pourquoi les femmes furent-elles les premières à bénéficier des apparitions du Ressuscité ? C'est parce que l'amour fait intrinsèquement partie de la nature constitutive de la femme, à la fois en sa fibre amoureuse et en sa fibre maternelle. Quand commence l'Eglise ? Est-ce au pied de la Croix glorieuse que naît l'Eglise, quand Jésus confie à sa Très Sainte Mère le disciple bien-aimé pour qu'elle devienne sa mère et devienne ainsi la Mère de tous les disciples bien-aimés, la Mère de l'Eglise ? Est-ce à la Croix que, Jésus ayant remis l'esprit, l'Eglise mariale et filiale fut baptisée dans l'Esprit Saint jailli de son côté ouvert ? Ou est-ce à la Pentecôte, cinquante jours et quelques années après la Pâque de Jésus, que la Pâque juive trouva son accomplissement en la fête chrétienne de Pâques ?

    2.1.3. SOLENNITE DE L'ASCENSION

    SOLENNITE DE L'ASCENSION (Mt 28,16-20 / Lc 24,46-53) ET 11ème STATION : « Le Ressuscité envoie les disciples dans le monde » (Mt 28,16-20 / 18-20)

    « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,19-20).

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    Ces paroles de Jésus sont les derniers logion de Jésus dans l'Evangile selon Saint Matthieu. Elles ont donc la valeur testamentaire des paroles de quelqu'un qui va mourir. Ces ultimes paroles du Ressuscité sont les derniers impératifs de mission, dont l'envoi à partir de la Galilée des nations est à portée universelle, que reçoivent les disciples. C'est aux nations païennes que désormais sera annoncée la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ et c'est au nom de la Sainte Trinité - Père, Fils et Esprit-Saint - que sera conféré le baptême. Il n'y a pas trois noms pour les trois hypostases, non pas trois noms différents mais le Nom unique, ineffable et imprononçable, de Dieu qui est Un et Trine, Trine et Un, étant à la fois et Père et Fils et Esprit Saint.

    La formule baptismale au nom de la Trinité Sainte qui est présente en (Mt 18,19) est une formulation tardive du rite du baptême, probablement dans la période qui se situe juste avant la constitution du canon du Nouveau Testament. A l'époque de Jésus, on baptisait au nom de Jésus. Au verset 20, l'ultime et dernière parole du Ressuscité « Et moi, je suis avec vous » rappelle le nom d'Emmanuel, qui signifie en hébreu Dieu avec nous, lequel nom est apposé au nom de Jésus au début de Matthieu en (Mt 1,21-23). En araméen, la signification du nom de Yeshoua est Dieu sauve et l'attribution du nom de Jésus à l'Enfant conçu de l'Esprit Saint et de Marie dont Joseph, fils de David, sera le père est une prolepse de la justification du peuple d'Israël par Jésus son Sauveur (v. 21). Ainsi, le nom d'Emmanuel fait-il inclusion entre la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, au tout début de l'Evangile selon Saint Matthieu avec les ultimes paroles du Seigneur ressuscité dans la finale de l'Evangile. Quatorze générations furent d'Abraham à David, quatorze de David à la déportation babylonienne et quatorze de la déportation babylonienne au Christ (Mt 1,17). L'Evangile de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham (Mt 1,1) commence en Galilée et s'achève en Galilée. Le nom d'Emmanuel et la Galilée forment inclusion entre le début et la fin de Matthieu86.

    Au nombre de quatorze sont les stations de la prière du Chemin de Croix. Les stations de la prière de la Via Lucis sont également au nombre de quatorze. Pourquoi retenir le chiffre de quatorze ? Le nombre de quatorze est égal à deux fois le chiffre sept, lequel symboliserait la plénitude87. Sept est le nombre de l'achèvement de la Création du ciel et de la terre en six

    86 M.-C. VARONE, Cours de Bible en ligne, La Résurrection, « Apparition en Galilée et envoi en mission, Matthieu (Mt 28,16-20) »

    https://cours.cath.ch/cours-5-7-apparition-en-galilee-et-envoi-en-mission-mt-2816-20/ (29/03/2021)

    87 F. BOVON, « Des noms et des nombres dans le Christianisme primitif », Etudes Théologiques et religieuses, 2007/3, trad. Camila Gross, note 22, 340.

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    jours plus le jour du repos de Dieu (Gn 1,1-3). Avec deux fois le nombre sept, la Création est renouvelée, conduite à l'achèvement de son accomplissement en l'homme Jésus (Jn 19,5.30). Le chiffre deux symbolise la dualité, le mensonge, et représente le diviseur, l'accusateur. La Croix est la victoire sur les forces du péché, du mal et de la mort, la victoire de la foi du Christ Jésus, Fils de l'homme (Jn 3,13) et Fils de Dieu. Ce n'est pas notre foi qui nous sauve, c'est celle du Christ et notre agrégation au Christ par le baptême dans sa foi en Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Le Ressuscité est venu nous communiquer sa foi en la Sainte Trinité Une et glorieuse et nous donner la preuve que c'est la Sainte Trinité qui est Rédemptrice.

    La fête de l'Ascension n'apparut dans l'Eglise qu'à partir du IVème siècle. A ce moment, la Pâque juive était bien dissociée de la Pâque chrétienne. Néanmoins, il fallait probablement harmoniser la catéchèse pour des communautés mixtes de pagano-chrétiens et de judéo-chrétiens. Le Jour de Pâques fut entouré en amont par la Semaine Sainte dont le triduum pascal célébra la mémoire relativement aux événements historiques de la vie de Jésus - l'institution de l'Eucharistie le Jeudi-Saint, la Passion le Vendredi-Saint - et en aval par l'Octave de Pâques qui célébra la Résurrection du Seigneur.

    Puis fut développé le « Cycle pascal » avec le temps de Carême d'une durée de quarante jours correspondant au Temps pascal d'une quarantaine de jours de Pâques à l'Ascension ; de cinquante jours de Pâques à la fête de Pentecôte : [Carême : 40 jours - Veillée pascale et Pâques - 40 jours : Ascension] ; ou cinquante jours de Pâques à la Pentecôte88, soit sept fois sept semaines plus un Jour.

    Le Jour où est communiquée l'effusion de l'Esprit Saint sur l'Eglise est le Jour du Seigneur - pour Jean à la Croix et le Huitième jour de la Pâque, pour Luc à la Pentecôte - c'est-à-dire le Jour eschatologique où les cieux descendent sur la terre et l'inondent de joie dans un embrasement d'Amour.

    SOLENNITE DE L'ASCENSION (Ac 1,1-11) ET 12ème STATION : « Le Ressuscité monte au ciel » (Ac 1,6-11 / 9)

    « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel » (Ac 1,11).

    https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2007-3-page-337.htm (29/03/2021) 88 R. CANTALAMESSA, Le Mystère Pascal, Paris, Salvator, 2000, 82.

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    Au temps de Jésus, la Pâque en tant que fête religieuse juive célébrait la libération par Dieu des fils d'Israël, son peuple, sous la conduite de Moïse (Ex 3), libération de leur esclavage en Egypte. La Pentecôte, ou fête des Tentes, célébrait alors le don de la Loi, la Torah, transmise par Dieu à Moïse pour le peuple sur le mont Sinaï (Ex 20,1-17). C'est le don de l'Alliance entre Dieu et les hommes dont il est fait mémoire pour les Juifs à la Pentecôte, cinquante jours après la Pâque. Entre la libération d'Egypte et le don de l'Alliance avec la Loi, le peuple des fils d'Israël était en exode au désert. Moïse, après avoir été le berger qui conduisait le troupeau de son beau-père (Ex 3,1), reçut la révélation du nom divin sur le mont Horeb (Ex 3,14) et reçut de Dieu le bâton qui lui ferait ouvrir la mer Rouge pour que le peuple des fils d'Israël traverse à pied sec alors que les Egyptiens se faisaient engloutir (Ex 4,17 ; 14,16)89.

    L'Ascension du Seigneur, chez Luc l'évangéliste, se produit en un seul jour, le jour de la Résurrection. Luc étale les événements du jour de la Pâque de la « pointe de l'aurore » pour la découverte du tombeau vide (Lc 24,1) à la « tombée du jour » pour les apparitions aux disciples d'Emmaüs (24,28. 33. 36). De la pointe de l'aurore à la tombée du jour, alors que les limites de la nuit et du jour se frôlent et se confondent presque, depuis la découverte du tombeau vide jusqu'à la fin des apparitions postpascales aux disciples proches, c'est le jour et la lumière qui sont le cadre des événements de Pâques.

    Il faut arriver aux Actes des Apôtres (Ac 1,3) pour découvrir une chronologie lucanienne qui étale les apparitions sur quarante jours. Le nombre quarante définit un temps plein90, comme les quarante ans de l'Exode des fils d'Israël au désert ou les quarante jours où Jésus fut poussé au désert par l'Esprit Saint (Mt 4, 1-2 // Mc 1,12-13 // Lc 4,1-2). Afin de faire comprendre aux catéchumènes quel est le rôle de l'Esprit Saint dans le mystère pascal, l'auteur des Actes décompose l'exaltation du Fils par le Père en deux phases, la résurrection et l'Ascension du Seigneur, le jour de la Pâque. C'est dans la même dynamique ascendante d'Exaltation que Dieu arrache son Fils à la mort par la Résurrection et lui confère la gloire en le faisant revenir vers lui, à sa droite91, dans l'Ascension.

    89 A. WENIN, Websérie « Le Livre de l'Exode », Dominicains de Belgique, « La vocation de Moïse », « La traversée de la mer Rouge », « La nuit du passage » https://www.youtube.com/watch?v=WBFg4BWGMVA https://www.youtube.com/watch?v=IySylqERpI8

    https://www.youtube.com/watch?v=K7MJbS3e1I4 (30/03/2021)

    90 https://cours.cath.ch/cours-6-7-ascension-lc-2450-53-et-ac-12-9-11/ (20/03/2011)

    91 Cf. Symbole des Apôtres, « Je crois ...en Jésus-Christ, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant... ».

    79

    Chez Luc, l'Esprit Saint préside à l'Incarnation (Lc 1,35) ; l'Esprit Saint préside au baptême de Jésus (Lc 3,22 ; Ps 2,7) ; l'Esprit Saint préside à la mission de Jésus (Lc 4,1) ; et l'Esprit Saint du Père préside à la Résurrection-Ascension du Fils (Ac 2,33). Pour les apôtres qui deviendront témoins (Ac 2,32) et pour leurs compagnons, c'est l'Esprit Saint du Père et du Fils réunis sur le Trône (Lc 20,42-43 ; Ac 2,34) qui donnera le baptême à l'Eglise de Jérusalem, le jour de la fête de la Pentecôte (Ac 2,1-6). Le don de l'Esprit Saint qui se fait comprendre dans toutes les langues signifie l'union d'une communauté multiculturelle. Dans cette polyphonie des langues, l'Esprit vient apporter son harmonie transcendante et unitive.

    En situant le don de l'Esprit Saint à Jérusalem le jour de la fête de la Pentecôte, Luc réunit les judéo-chrétiens et les pagano-chrétiens et il montre ainsi que Jésus est la nouvelle figure de Moïse, figure tutélaire pour les Juifs en tant que libérateur et médiateur de l'Alliance avec Dieu. On voit se profiler la théologie paulinienne qui fait de Jésus le guide (Ga 3,19) et le médiateur de l'Alliance nouvelle et éternelle (He 8,6. 9. 15 ; 12,24) car « Dieu est unique », dit Paul et « unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus » (1 Tm 2, 5 ; cf. Gal 3, 19-20)92. L'ancienne Alliance annonçait la nouvelle Alliance et Moïse annonçait Jésus. « Dieu fera se lever un prophète comme moi » (Dt 18,15-20)93.

    Le ciel est-il en haut ? Tel est le sens de la question des envoyés célestes en vêtements de lumière, eux-mêmes étant ici-bas des messagers de Dieu, aux disciples de Jésus qu'ils appellent Galiléens (Ac 1,11). De quel ciel parle-t-on dans le Pater en disant « Notre Père qui es aux cieux » ? Est-ce la Parousie qui inaugurera la fin du monde ou est-ce la fin du monde qui inaugurera la Parousie94 ? Que devons-nous faire dans l'attente du retour en gloire du Seigneur ? Nous avons à vivre une vie de chrétiens dans l'observance des Commandements (Mt 5,21-48 ; Jn 13,34-35). La résurrection qui aura lieu à la fin des temps sera générale et définitive, pour certains vers la vie éternelle, pour d'autres vers la seconde mort ou la mort éternelle (1 Th 4,13-18)95.

    92 BENOIT XVI, http://www.vatican.va/content/benedict- xvi/fr/audiences/2013/documents/hf_ben-xvi_aud_20130116.html (30/03/2021)

    93 (Dt 18,15-20), 1ère lecture du 4ème dimanche, année B.

    94 F. BREYNAERT, Préparer dès maintenant le Retour glorieux du Christ, D'après les écrits de Luisa Piccarreta, Paris, Téqui, 2018.

    95 M.-L. ROCHETTE, J.-L. SOULETIE, La résurrection de la chair, « Dieu descendra du ciel et les morts se lèveront », « Le regard fixé sur la venue du Christ à la fin des temps », Paris, Centurion/Cerf/Fleurus-Mame/CECC, 1998, Le Sénevé/ISPC, Paris, 2011.

    80

    2.1.4. SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES

    SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES (Ac 1,12-14) ET 13ème STATION : « Avec Marie dans l'attente de l'Esprit-Saint » (Ac 1,12-14)

    « D'un seul coeur, les Apôtres participaient fidèlement à la prière avec quelques femmes dont Marie, la mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1,14).

    On retrouve ici la mention du coeur en tant qu'entité collective de l'Eglise unie dans la prière, « d'un seul coeur », comme dans le récit des disciples d'Emmaüs après qu'ils eurent reconnu le Seigneur Jésus ressuscité à la fraction du pain : « Notre coeur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route et qu'il nous faisait comprendre les Ecritures ? » (Lc 24,32). Prier fidèlement en Eglise et tous ensemble, avec Marie, former un seul coeur. S'il est quelqu'un qui fait confiance à Dieu, c'est bien Marie dont le « Fiat » de l'Annonciation n'a jamais été contredit, ni même à la croix lorsque Jésus lui donne le disciple bien-aimé pour fils et qu'il la confie à lui. La fidélité de Marie à la volonté du Seigneur et à celle de son Fils a fait d'elle le centre de la communauté ecclésiale de Jérusalem, après la mort du Maître.

    Alors qu'auparavant, les femmes et les hommes disciples de Jésus étaient toujours situés dans des groupes séparés, leur réunion dans cette péricope montre que l'Esprit à l'oeuvre est un Esprit d'unité et que l'indifférenciation des genres - qui sera visible au ciel selon Paul - est le résultat de la communion au Christ (Ga 3,28).

    Le principe marial de l'Eglise qui est la pénétration du Mystère pascal par la connaissance intime du Coeur de Jésus vient compléter le principe pétrinien de l'Eglise qui fonde la visibilité du Corps du Christ qui est l'Eglise. Les Pères conciliaires de Vatican II voulurent inscrire les mystères de la Bienheureuse Vierge Marie dans les mystères du Christ et de l'Eglise (LG 8) et le pape Paul VI lui attribua dès l'ouverture du Concile, en rapport avec le titre de Mère de Dieu, le titre de Mère de l'Eglise96. Depuis la Croix (Jn 19,26-27), la fécondité de l'Eglise pour engendrer des disciples du Christ est liée l'intercession de la Vierge Marie, Mère du Rédempteur.

    96 http://www.vatican.va/content/paul-vi/fr/audiences/1968/documents/hf_p-vi_aud_19680529.html (08/04/2021)

    81

    LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL/ 3 SOURCES de la prière de la VIA LUCIS

     

    CALENDRIER
    TEMPS PASCAL /
    STATIONS DE LA
    VIA LUCIS

    LECTIONNAIRE
    DU TEMPS
    PASCAL
    97

    VIA LUCIS
    PER CELEBRARE
    GESU RISORTO,
    SUSSIDI MINI,
    RITUEL

    PELERINS EN
    PRIERE
    POUR LE JUBILE
    DE L'ANNEE
    SAINTE 2000

    LE CHEMIN
    DE LUMIERE AU-

    DELA DE LA CROIX,
    14 STATIONS DE
    PÄQUES A LA
    PENTECÔTE

    2ème

    DIMANCHE
    DE PÂQUES

    A

    1P 1,3-9
    Jn 20,19-31

    Jn 20,19-23 / 19-22 (7ème)

    Jn 20,24-29 / 27-29
    (8ème)

    Jn 20,22-23
    (7ème)

    Jn 20,27-28)
    (8ème)

    Jn 20,21-23 (7ème)
    Jn 20,24-29 (8ème)

    B

    Jn 20,19-31

    Jn 20,19-23 / 19-22
    (7ème)

    Jn 20,24-29 / 27-29
    (8ème)

    Jn 20,22-23
    (7ème)

    Jn 20,27-28
    (8ème)

    Jn 20,21-23 (7ème)
    Jn 20,24-29 (8ème)

    C

    Jn 20,19-31

    Jn 20,19-23 / 19-22
    (7ème)

    Jn 20,24-29 / 27-29
    (8ème)

    Jn 20,22-23
    (7ème)

    Jn 20,27-28
    (8ème)

    Jn 20,21-23 (7ème)
    Jn 20,24-29 (8ème)

    DIMANCHE
    DE LA
    PENTECÔTE

    A

    Ac 2, 1-11 ;
    Jn 20, 19-23

    Ac 2,1-6 / 2 (14ème)

    Jn 20,19-23 / 19-22
    (7ème)

    Jn 20,22-23
    (7ème)

    Jn 20,21-23 (7ème)

    B

    Ac 2, 1-11 ;
    Jn 15, 26-27 ;

    16, 12-15

    Ac 2,1-6 / 2 (14ème)

    Ac 2,2-4 (14ème)

    Ac 2,1-4 (14ème)

    C

    Ac 2, 1-11 ;
    Jn 14, 15-16.
    23b-26

    Ac 2,1-6 / 2
    (14ème)

    Ac 2,2-4 ;
    Jn 14,16 (14ème)

    Ac 2,1-4
    (14ème)

    .

    82

    2.1.5. DIMANCHE DE LA PENTECÔTE

    DIMANCHE DE LA PENTECÔTE (Jn 20, 19-23) et 7ème STATION : « Le Ressuscité donne le pouvoir de remettre le péché » (Jn 20,19-23 / 19-22)

    « Il répandit sur eux son souffle et leur dit : `Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis' » (Jn 20,22-23).

    La lecture d'Evangile du Dimanche de la Pentecôte de l'année A est (Jn 20, 19-23), ce qui correspond à la Septième station de la prière de la Via Lucis. Le Lectionnaire du Temps pascal donne aux fidèles à entendre deux fois cette péricope : le Deuxième dimanche de Pâques des années A, B et C et le Dimanche de la Pentecôte des années A. Pour le Deuxième dimanche de Pâques, la péricope est plus longue (Jn 20,19-31). Ainsi, le don de l'Esprit Saint aux disciples dans l'Evangile selon Saint Jean, le Huitième jour de la Pâque du Seigneur, est-il rapproché du don de l'Esprit Saint à l'Eglise à la Pentecôte dans les Actes des Apôtres.

    DIMANCHE DE LA PENTECÔTE (Ac 2, 1-11) ET 14ème STATION : « Le Ressuscité envoie l'Esprit Saint » (Ac 2,1-6 / Ac 2)

    « Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se trouvaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu, qui se partageait en langues. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint » (Ac 2,2-4).

    L'envoi de l'Esprit Saint parachève la mission de Jésus sur la terre. Le Fils de Dieu, Verbe en Personne, est venu parmi les hommes en prenant la condition de fils d'homme humble parmi les humbles, a enseigné les merveilles du Royaume de Dieu et est mort dans la condition la plus basse de l'esclave jusqu'à rejoindre les réprouvés de la terre au séjour des morts. Est-il venu chercher les justes ? Il est venu chercher les pécheurs, guérir les malades, sauver ceux qui se perdent, récupérer ceux qui sont dans l'esclavage du péché et de la mort. Dieu est le Jardinier du jardin d'Eden, le Bon Berger qui prend soin de tout son troupeau, y compris de la petite brebis égarée qu'il va chercher pour la reconduire au bercail car le troupeau n'ira pas au vert pâturage sans elle.

    Dieu a besoin des hommes pour prendre soin des brebis et Jésus doit constituer et hiérarchiser son Eglise pour que se poursuive son oeuvre au-delà du temps de la vie terrestre du Fils Unique qu'il nous a donné pour nous guider. Pierre est choisi pour être le conducteur

    83

    du troupeau. Néanmoins, d'autres sont choisis pour d'autres raisons : la Mère, le disciple bien-aimé, celle qui aime sans mesure, ceux qui doivent enseigner et baptiser.

    Et tous doivent pardonner et se pardonner mutuellement car Dieu est Miséricorde. Nous sommes précédés par l'Amour, approchés par l'Amour, enveloppés par les paroles de l'Amour. L'Amour nous demande de l'aimer et de nous aimer les uns les autres comme il nous aime.

    3. L'UNITE DE LA VIA LUCIS

    3.1. UNE HISTOIRE

    L'ordre de la narration suit le rythme du temps cyclique : de l'aube du jour de la Pâque du Christ jusqu'à la tombée de la nuit. Les personnages sont le Ressuscité, les anges, Marie, mère de Jésus, des femmes, des disciples de Jésus. Le cadre narratif est le tombeau vide hors les murs de Jérusalem, le Cénacle, le lac de Tibériade, une montagne, Jérusalem. Le champ lexical est sapientiel : les Ecritures, le sens des Ecritures, l'intelligence des Ecritures, les yeux, voir, reconnaître Jésus, le reconnaître Maître, Messie, Seigneur et Dieu, évangéliser. Il est question des pensées et des sentiments des disciples : l'effroi sacré, le doute, la joie. Le champ lexical est aussi liturgique : la fraction du pain, remettre les péchés, baptiser, prier.

    Les trois premières stations de la Via Lucis ont pour thème la découverte du tombeau vide avec comme cadre narratif l'extérieur de l'enceinte fortifiée de la ville de Jérusalem, sur le mont Golgotha. La Première station met en présence, à l'aube, les Saintes femmes et un ange (Mt 28,5-6) ou deux (Lc 24,1-9). A la Deuxième station, ce sont Simon et l'autre disciple qui vont voir le sépulcre (Jn 20,3-9). A la Troisième station, le Ressuscité apparaît à Marie de Magdala (Jn 20,11-18). Les Quatrième et Cinquième stations concernent la rencontre des disciples d'Emmaüs avec le Ressuscité, d'abord sur la route qui vient de Jérusalem à Emmaüs puis, le soir venu, dans une maison jusqu'à ce qu'ils le reconnaissent à la fraction du pain (Lc 24,13-27. 28-35).

    Les Sixième (Lc 24,36-43), Septième (Jn 20,21-23) et Huitième (Jn 20,24-29) stations se déroulent dans le cadre du Cénacle. A la Sixième station, le Crucifié ressuscité

    84

    dût prouver à ses disciples de plusieurs manières la réalité de sa corporéité : en montrant ses plaies et en leur proposant même de les toucher, puis en leur demandant à manger du poisson grillé. A la Septième station, le Ressuscité communique la paix messianique en insufflant aux apôtres la puissance miséricordieuse de l'Esprit Saint pour qu'ils puissent, en Eglise, pardonner les péchés. A la Huitième station, de nouveau le Ressuscité se montre comme le Crucifié pour Thomas qui avait des difficultés à croire sur le témoignage des apôtres. Finalement, Thomas s'écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Ce témoignage de foi, à titre individuel, est la première reconnaissance par un disciple de la divinité de Jésus. Thomas proclame que Jésus ressuscité est le Seigneur-Dieu et qu'il est son Seigneur et qu'il est son Dieu. Auparavant, il y avait eu la profession de foi de Simon-Pierre qui avait proclamé que Jésus était « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,15-19). C'est à ce moment-là que Jésus avait dit à Pierre qu'il serait la pierre de fondation de l'Eglise, qu'il aurait le pouvoir de lier et délier sur la terre et que cela serait de même lié ou délié dans le Royaume des Cieux dont il aurait les clefs.

    La Neuvième station est l'apparition au bord du lac de Tibériade avec la pêche miraculeuse. Le disciple que Jésus aimait s'écrie spontanément : « C'est le Seigneur ! ». A la Dixième station (Jn 21,15-17), le Ressuscité fait la triple demande à Simon sur l'amour qu'il lui porte : « M'aimes-tu ? ». Aux deux premières formulations de la même question (15-16), le verbe aimer est en grec ?ãáðáù et la réponse est faite par le verbe öéëåù. A la troisième demande, la question est formulée avec le verbe öéëåù (17)98car Simon ne semble pas pouvoir accéder au degré d'amour auquel correspond öéëåù et le Seigneur ne demande pas plus que ce que Simon peut donner. Cette triple demande d'amour correspond-elle simplement au triple reniement de Pierre, ou bien est-ce que le degré d'amour que Simon peut porter au Seigneur Jésus est en relation avec la mission qui va lui être confiée de paître le troupeau du Seigneur ?

    L'amour porté à Jésus semble avoir une très grande importance dans cette histoire : il y a le disciple que Jésus aimait qui reconnaît immédiatement le Seigneur et il y a Pierre à qui le Seigneur ressuscité doit frapper trois fois à la porte du coeur et encore, sans tout-à-fait pouvoir l'ouvrir. Et il y a Marie de Magdala à qui le Maître est apparu en premier et qui doit la repousser parce qu'elle veut se jeter à ses pieds. A la Onzième station, le Ressuscité envoie

    98 SOEUR JEANNE D'ARC, Evangile selon Jean, « Les Evangiles », Paris, Les Belles Lettres, 1990, 139.

    85

    les apôtres, qui sont désormais en collège hiérarchisé, dans le monde pour évangéliser et baptiser « au Nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint » (Mt 28,19-20 ; Mc 16,15-18).

    La Douzième station est l'Ascension du Seigneur. La Treizième station est le temps de l'attente de l'Esprit Saint pour l'Eglise de Jérusalem réunie dans la prière, hommes et femmes disciples de Jésus autour de Marie, sa mère. C'est le temps de l'Histoire de l'Eglise qui commence avec les Actes des Apôtres. Le commentaire qui est donné de la Quatorzième station dans Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000 est celui-ci : « Dans la salle où ils étaient réunis le jour de la Pentecôte, passe le vent de l'Esprit, qui est le souffle divin qui se répand sur les disciples du Christ ressuscité. S'allume aussi le feu de l'amour, qui réchauffe le coeur des croyants et les conduit dans le monde pour témoigner de la vie, de la lumière et de l'amour de Dieu. En mille langues, dans la diversité des cultures et des nations, l'Eglise a ses racines à Jérusalem et sa source dans l'Esprit Saint99 ».

    Comme les pèlerins d'Emmaüs, nous avons besoin d'entendre les Ecritures proclamées en Eglise pour qu'elles deviennent Parole vivante du Ressuscité à nos oreilles. Comme les pèlerins d'Emmaüs, nous avons besoin d'explications pour comprendre le sens des Ecritures, pour qu'elles s'inscrivent dans une intelligence de la Révélation de Dieu dans l'Histoire de l'Eglise.

    Comme les pèlerins d'Emmaüs, nous avons besoin d'un prêtre pour que, dans la liturgie eucharistique, les espèces consacrées deviennent le signe de la présence sacramentelle du Crucifié Ressuscité. C'est à la veille de sa Pâque que Jésus a institué le sacrement de l'Eucharistie. C'est dans un repas postpascal que le Ressuscité a rappelé à ses disciples la fraction du pain. La prière de la Via Lucis fait une très grande place aux repas avec le Ressuscité : les Cinquième, Sixième, Septième, Huitième et Neuvième stations. Trois stations sont situées au Cénacle, le lieu où les disciples se réunissent le dimanche pour la fraction du pain.

    Notre Seigneur Jésus-Christ est le Grand Prêtre au ciel qui est la Source de l'efficacité des sacrements de l'Eglise et en premier lieu de l'Eucharistie. Le baptême est la porte d'entrée du ciel sur la terre. La célébration eucharistique est l'acte de rendre grâces à Dieu pour tous les biens et les bienfaits dont il nous comble et pour le Sacrifice que son Fils

    99 Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000, 215.

    86

    Unique bien-aimé a librement consenti, ainsi que la communion à la Table du Seigneur pour toute l'assemblée des fidèles, communion offerte ecclésialement à tous et à chacun, communion à la fois à la Parole de Dieu et au Pain de Vie. Nous sommes conviés tous les dimanches à l'unique Table de la Parole et du Pain, en agapes du festin céleste.

    3.1.1. Le monde de l'au-delà

    Chez Matthieu, la mort-résurrection du Seigneur Jésus s'accompagne d'une théophanie de tremblement de terre, de déchirement du voile du Temple et d'ouverture des tombeaux. Pour la Pâque du Christ, le ciel est descendu sur la terre : les anges viennent pour annoncer le kérygme et les femmes en sont les premiers témoins. Le Seigneur Jésus a été relevé des morts et vient se donner à voir à ses disciples proches. Il se manifeste à plusieurs reprises, donne à manger, donne des instructions pour la fondation de l'Eglise. Puis il est enlevé au ciel et les anges sont encore sur terre pour expliquer ce qui se passe et annoncer qu'il viendra de nouveau. Tout est sens dessus dessous.

    3.1.2. Des femmes

    La prière de la Via Lucis commence par la présence des femmes au tombeau et se termine par la présence des disciples réunis dans la prière autour de Marie, Mère du Seigneur, dans l'attente du don de l'Esprit Saint. La prière de la Via Lucis fait une belle place aux femmes avec quatre stations sur quatorze qui mettent en scène la présence des femmes disciples de Jésus ou sa Très Sainte Mère, selon des récits néotestamentaires : les Première, Troisième, Treizième et Quatorzième stations.

    La toute première annonce traditionnelle du kérygme est faite par Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens : « ll est apparu à Céphas, puis aux douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois [...] ; ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. En tout dernier lieu, il m'est aussi apparu, à moi l'avorton » (1 Co 15,3-8). Nous constatons qu'il existe une liste officielle d'apparitions qui passe à la tradition, et d'autre part qu'il existe des récits évangéliques d'apparitions qui ne figurent pas dans cette liste : l'apparition aux femmes (Mt 28,8-15), l'apparition à Marie-Madeleine (Jn 20,1-2. 11-18), l'apparition aux disciples d'Emmaüs (Lc 24,13-35).

    3.1.3. Des hommes

    Le parcours de la Via Lucis nous a conduits dans une marche en avant qui inclut la mémoire du passé, relativement aux paroles et aux gestes de Jésus. La mémoire du passé

    87

    n'est pas le retour en arrière : le sang de Jésus a été versé définitivement. Lorsque le Seigneur Jésus se relève des morts, il est toujours lui-même mais il est présent d'une manière différente et il se manifeste à qui il veut. Le but des apparitions du Ressuscité semble bien être sa reconnaissance par ses disciples proches. Toutes preuves sont données pour que les disciples soient convaincus de la réalité matérielle, concrète de la corporéité de Jésus ressuscité. Le nouvel état d'être du Ressuscité est qu'il est glorifié. Thomas reconnaît la divinité du Christ ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Néanmoins, l'édification des disciples ne semble pas être la seule raison des manifestations du Ressuscité. Les disciples de Jésus doivent se remémorer l'institution de l'Eucharistie et voir dans ce sacrement la communion au Dieu vivant.

    Dans cette première moitié de la prière de la Via Lucis un autre sacrement de l'Eglise a été évoqué : la Réconciliation. Le Seigneur ressuscité vient faire le don de la paix messianique, il confère le don de l'Esprit Saint et communique à ses disciples, en puissance, le pouvoir divin de pardonner - de remettre les péchés. Ainsi le Ressuscité, une fois entré dans la plénitude de sa puissance et de sa gloire, vient-il confirmer de façon absolue tout ce qu'il a dit à ses disciples et tout ce qu'il a fait devant eux de son vivant.

    3.1.4. Une communauté, une mission

    Après qu'il eût affermi la foi de ses disciples et constitué un collège apostolique de témoins de sa Résurrection, le Seigneur ordonna hiérarchiquement la communauté ecclésiale de Jérusalem en confiant à Simon la responsabilité d'être le chef du troupeau de ses brebis. Aux apôtres est confiée l'Eglise institutionnelle, selon ce qu'il est convenu d'appeler le principe pétrinien de l'Eglise : la hiérarchie des ministères sacerdotaux, l'enseignement apostolique, la garde du trésor de l'Ecriture Sainte, le pouvoir sacramentel et la transmission de la Tradition dogmatique dans l'inspiration de l'Esprit Saint.

    Avant de passer de ce monde au Père, Christ ressuscité donne une mission universelle à ses disciples qui est d'évangéliser les nations, de faire des frères et de baptiser au nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint. Tous les sacrements de l'Initiation chrétienne sont évoqués dans la prière de la Via Lucis : le pardon des péchés, le baptême et l'Eucharistie. Le sacrement de l'Eucharistie est évoqué à plusieurs reprises dans le cadre narratif des récits de résurrection où le Ressuscité partage un repas postpascal avec ses disciples. L'Eucharistie est le partage du pain de Vie, la communion à la coupe du Précieux Sang du Seigneur

    88

    ressuscité et vivant pour toujours. Les marques de la Passion sont les signes de la gloire du Crucifié ressuscité.

    La prière de la Via Lucis fait parcourir aux fidèles un chemin de crête dans une réalité entre le visible et l'invisible, entre le temps et l'éternité. En tant que prière, la Via Lucis est une proposition pastorale de catéchèse communautaire articulée au Temps pascal, de Pâques à l'Ascension ou de Pâques à la Pentecôte. La spécificité de la pratique de la prière de la Via Lucis est la méthode de la lectio divina, la lecture-écoute priante de la Bible en église. Le contenu scripturaire de la Via Lucis invite à une approche personnelle de la Bible : l'Ancien Testament est l'écrin panoramique dans lequel s'insère le joyau qu'est le Nouveau Testament et les deux Alliances s'éclairent l'une l'autre. Les Ecritures du peuple juif sont celles de Jésus : la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes de David.

    Afin que nous puissions entrer dans la compréhension du Mystère pascal, la prière de la Via Lucis nous renvoie à la totalité des Saintes Ecritures. Le parcours de la Via Lucis est un parcours initiatique de pénétration dans le Nouveau Testament par la lecture-écoute priante de la Parole de Dieu, proclamée en Eglise. A partir de la découverte du tombeau vide, comme les disciples directs de Jésus, nous sommes invités à comprendre le sens de la Passion et de la mort de Jésus dans le cadre du dessein eschatologique de Dieu de salut de l'humanité. Nous sommes invités à accueillir favorablement les témoignages apostoliques concernant les apparitions du Ressuscité et à devenir nous-mêmes un témoin du Ressuscité.

    3.1.5. Chronos, Kairos et Eschaton

    Le Jour où est communiquée l'effusion de l'Esprit Saint sur l'Eglise est le Jour du Seigneur. Le temps de Dieu est le temps eschatologique. L'éternité, c'est le temps sans le temps. Le temps liturgique, c'est le temps sans le temps dans le temps : « ... à Dieu tout est possible » (Mc 10,27 ; Mt 19,26). La question du temps se noue et se dénoue entre Chronos, le temps des hommes, le temps de l'Eglise, et Kairos le temps de l'irruption de l'éternité dans l'Histoire.

    La Sainte Liturgie met les chrétiens dans une situation supra-temporelle où Kairos rencontre Chronos dans la personne vivante du Christ, Verbe de Dieu incarné, mort et ressuscité, qui se donne à manger dans le Saint Sacrement d'Amour pour que les hommes participent à la gloire de la Très Sainte Trinité. Les chrétiens sont en tension entre la perspective johannique du temps eschatologique, vertical, mystérique et la perspective

    lucanienne du temps chronologique, linéaire, de l'histoire du Salut. Kairos est chronophage jusqu'au moment de la fin des temps où le temps eschatologique débouchera sur l'éternité.

    Christ est l'Alpha et l'Ôméga : Proton et Eschaton, l'origine et la fin de toutes choses. Le but de la vie humaine est de rejoindre le Ressuscité ou de se laisser rejoindre par Lui. Le Paradis, c'est d'être avec le Christ, le Paradis c'est le Christ. Christ est l'Eschaton100. Le Paradis n'est plus un lieu, c'est une Personne. Devenus fils de Dieu, nous ressusciterons en Christ (GS 39).

    L'éternité est le temps sans le temps : pour nous laisser la possibilité d'évoluer, la possibilité non seulement d'être chrétien mais de devenir chrétien, Dieu fait des boucles à l'éternité. Ainsi, voit-on se réenrouler la boucle temporelle dans laquelle l'Eglise terrestre marche vers la Jérusalem céleste. Nous sommes dans le « déjà-là » de la Révélation, dans le « déjà-là » de la Victoire du Christ sur la mort éternelle. Et nous sommes dans le « pas encore advenu » de la bienheureuse espérance de la Parousie du Seigneur, de la béatitude de la Vision en plénitude face-à-face, dans le « pas tout-à-fait advenu » de la communion des saints en Dieu. Dans cette attente il faut vivre en enfants de lumière (Ep 5,8) et gagner des âmes à Dieu, ce qui était le but de saint Ignace de Loyola, de saint François de Sales et de saint Jean Bosco. La prière de la Via Lucis est à saint Jean Bosco et aux Salésiens de Don Bosco ce que fut la prière des Quarante-Heures à saint François de Sales : une prière de conversion ou de reconversion à l'Eglise Catholique.

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    100 Thèse « Eschatologie », www.theologie.fr

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    CONCLUSION

    La christologie johannique est descendante : c'est l'Incarnation qui est rédemptrice. La voie johannique est spirituelle et mystique et met l'accent sur le mystère du Christ. La christologie lucanienne est ascendante : le Seigneur est deux fois exalté, à la résurrection et à l'Ascension. La Rédemption par la voie ascendante réclame notre participation au salut par la foi et par une vie chrétienne. Le chemin indiqué par Luc dans les Actes est une voie morale, une éthique du salut pour vivre communautairement la foi au Christ mort pour nos péchés et ressuscité pour nous introduire dans la vie éternelle. La voie d'inspiration lucanienne et paulinienne est spirituelle et morale et met l'accent sur le mystère de l'Eglise. Au premier siècle, la Parousie à la fin du monde est attendue avec hâte et enthousiasme. Dans les siècles suivants, il faut organiser l'Eglise pour le temps d'une attente indéfinie de la Parousie.

    La kénose du Fils a été assumée jusque dans la descente aux enfers où la seconde mort fut vaincue et où les âmes prisonnières (1 P 3,19) qui accueillirent le Christ furent délivrées de l'esclavage du péché. C'est le Précieux Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui ferme définitivement la porte de l'Enfer. L'Enfer est-il désormais vide ? François-Xavier Durrwell désigne comme piste de recherche théologique - non encore explorée à la date de la publication de son dernier et ultime ouvrage - la question de la descente du Christ aux enfers et il souligne l'importance de cette recherche « pour éclairer le mystère de la mort 101». La Via Crucis est l'échelle de la kénose de Dieu des cieux jusque dans les enfers. La Via Lucis est la même échelle qui fait remonter l'humanité perdue avec le Christ Seigneur, depuis les enfers jusqu'aux cieux. Les deux chemins sont des chemins de foi où il faut voir le Seigneur Jésus, le voir souffrant, le voir au séjour des morts et le voir debout, vivant et nous montrant la Voie : le chemin vers Dieu.

    La prière de la Via Lucis, comme la prière de la Via Crucis, nous parle de la Rédemption par la Passion et la mort du Seigneur Jésus mais la prière de la Via Lucis, au lieu de s'achever sur la descente de croix et la mise au tombeau, s'ouvre pour chacun de nous sur l'éternité du chemin avec le Ressuscité et sur le quotidien d'une vie en communion fraternelle dans la paix messianique. La prière de la Via Lucis nous invite à imiter Jésus dans

    101 F.-X. DURRWELL, Christ, Notre Pâque, Paris, Cerf, 2000, note 143, 125.

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    le don de soi par amour et à le suivre, toujours en avant, des ténèbres vers la lumière. La Via Lucis souligne l'importance de voir les plaies du Ressuscité : afin que nous arrivions à sortir de l'indifférence générale et des considérations communes, nous sommes nommément appelés par le Seigneur Jésus relevé des morts à prêter attention aux plaies des autres. Chacun, comme Thomas, est individuellement appelé à faire foi au témoignage apostolique transmis par l'Eglise jusqu'à ce que notre coeur s'écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

    Croire est un acte de courage car la foi nécessite la force du coeur. Il est probable que ce que vit Thomas lorsque le Seigneur lui proposa de mettre la main dans son côté (Jn 20,27), c'est le Coeur de Jésus. L'Evangile ne dit pas que Thomas toucha le côté du Ressuscité : cela ne fut certainement pas nécessaire car, à cet instant précis, il fut converti (28). Dans La petite philocalie de la prière du coeur102, le pèlerin russe cherche une prière à réciter comme une litanie, de façon répétitive. Il trouva la « prière du coeur », dite aussi « prière de Jésus » : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ». Cette prière est répétée tout en marchant, sur le rythme de la respiration. Marcher, prier, respirer, marcher, prier le Seigneur, marcher avec le Seigneur. « Vous m'appelez `Maître' et `Seigneur', et vous avez raison, car vraiment je le suis » (Jn 13,13). La profession de foi de Thomas pourrait peut-être répétée comme la prière de la tradition hésychaste, dans une méditation silencieuse et dynamique, rythmée sur le souffle. La Via Lucis est une prière.

    La prière de la Via Lucis lisse le temps du Mystère pascal de la Passion jusqu'à la Parousie, ce qui induit d'y inclure l'Incarnation. La notion de Mystère pascal peut s'élargir de l'Incarnation à la Parousie, « ce que le Père Pierre-Marie Gy appelle `l'unitotalité du mystère pascal'103 ». Alors, l'Ôméga rejoint l'Alpha (Ap 22,13). La Via Lucis nous parle de la Divine Miséricorde et du pardon de l'Eglise : nous sommes invités à nous laver les pieds les uns des autres, c'est-à-dire à nous pardonner mutuellement nos fautes. La Via Lucis nous appelle à écouter la Parole de Dieu interprétée en Eglise, à la goûter tous ensemble et à pouvoir partager entre nous notre expérience de la lectio divina.

    Lors de la dernière Cène, Jésus est le prêtre qui offre le sacrifice de l'Agneau pascal et, par anticipation, il s'offre lui-même en sacrifice pour sceller la Nouvelle Alliance entre

    102 J. GOUILLARD Trad., La petite philocalie de la prière du coeur, « Points Sagesse », Paris, Seuil, 1979.

    103 F.-X. AMHERDT, Université de Fribourg, Faculté de Théologie, Session SNCC « Le Mystère pascal au coeur de l'Initiation », CEF, Paris, 23-24 Janvier 2018, « Pour une pastorale du Mystère pascal, forme essentielle de l'existence chrétienne : Approches bibliques, patristiques et catéchétiques », https://catechese.catholique.fr/outils/conference-contribution/260-pour-une-pastorale-du-mystere-pascal-forme-essentielle-de-lexistence-chretienne/ (13/05/2021)

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    Dieu et les hommes. C'est entre le Jeudi Saint et le Vendredi Saint que la Pâque juive devient la Pâque chrétienne. L'immolation de Jésus sur la croix, véritable Agneau de Dieu, est l'unique Sacrifice accompli une fois pour toutes. Pour Saint Paul, le sabbat représente le sommeil de la mort et la Pâque du Christ représente le réveil de la résurrection. Christ ressuscité est prémices du peuple des rachetés (1 Co 15,20) mais il appartient à l'Eglise de célébrer toujours à nouveau ce sacrifice d'action de grâces à Dieu et de présenter toujours à nouveau le mémorial de la Passion pour que les bienfaits de la mort-Résurrection du Christ puissent atteindre le peuple de Dieu.

    Dans les deux événements fondateurs de l'histoire du Salut, l'Incarnation et la Résurrection, l'Esprit Saint est proche de la Vierge Marie. L'Incarnation est la kénose de Dieu dans la chair de la Vierge. De l'Incarnation jusqu'au don de l'Esprit Saint à la Résurrection et à la Pentecôte, le Mystère pascal est pneumatologique. L'acte par lequel Dieu a relevé son Fils d'entre les morts est similaire à l'acte créateur de séparer la lumière des ténèbres (Gn 1,2-4).

    Le Père n'a pas abandonné le Fils parce qu'il s'est substitué aux hommes pour porter le poids de leur péché. Le Fils a été ressuscité Seigneur dans l'Esprit Saint par le Père. La Résurrection du Christ est la confirmation par le Père de la réussite de la mission rédemptrice du Fils et l'affirmation pour nous de sa divinité. Le Mystère pascal est le mystère de l'indissociabilité de la Sainte Trinité. Pour Luc, la Résurrection et l'Ascension du Seigneur procèdent de la même dynamique d'exaltation glorieuse du Fils par le Père dans l'Esprit, en un double mouvement de glorification. Luc présente dans les Actes des Apôtres une catéchèse de l'Exaltation et décompose le schéma résurrection-Ascension-glorification en deux temps : Résurrection le jour de la Pâque du Christ et Ascension du Seigneur en apothéose quarante jours plus tard, puis le don de l'Esprit Saint à la Pentecôte, le cinquantième jour après la Pâque.

    La prière de la Via Lucis peut constituer un support de catéchèse biblique communautaire dans le but de favoriser un partage intergénérationnel de parole sur la Parole pendant les huit dimanches du Temps pascal. La prière de la Via Lucis est une méditation sur la joie de la découverte que Christ est ressuscité et la communication joyeuse du kérygme dans la communauté. La forme de la prière de la Via Lucis, en quatorze stations, s'apparente à la forme de la prière du Chemin de Croix déjà familière aux fidèles. La nouveauté du contenu dans une forme de prière traditionnelle peut étonner les fidèles et les conduire à

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    s'intéresser davantage à la Parole de Dieu dans la liturgie dominicale. En tant que catéchèse communautaire, la prière de la Via Lucis peut raviver l'intérêt pour le Mystère chrétien chez les fidèles et semer des graines de curiosité théologique. Chez certains, cette curiosité peut générer un intérêt plus prononcé soit pour la pastorale liturgique et sacramentelle, soit pour l'exégèse ou la théologie, un intérêt dont les fruits se révèleront à l'âge de la retraite et génèreront peut-être à leur tour, le moment venu, de nouvelles demandes de catéchuménat des adultes.

    La prière de la Via Lucis est un vecteur de la nouvelle évangélisation, nous en avons vu un exemple avec le Mouvement des Témoins du Ressuscité de la Famille Salésienne de Don Bosco. La prière de la Via Lucis a fait naître des vocations missionnaires chez des laïcs et particulièrement chez des jeunes pour participer à la Mission de l'Eglise : évangéliser et communiquer la charité. Nous pensions que les Salésiens voulaient faire la promotion la prière de la Via Lucis mais c'est une erreur : les Salésiens ne célèbrent pas la Via Lucis car leur temps est consacré à relever les pauvres, les laissés pour compte de la société, les jeunes en perdition. La Famille Salésienne de Don Bosco a un charisme spirituel de soins aux pauvres, un charisme de service et d'éducation des jeunes. Les laïcs consacrés ont le charisme de la Famille Salésienne et le charisme propre à chaque Groupe salésien. Partager le pain est ce que montre le Ressuscité aux pèlerins d'Emmaüs dans la Cinquième station de la Via Lucis. La charité est la vocation première d'un membre de la Famille Salésienne.

    La prière de la Via Lucis s'est aussi révélée particulièrement bien adaptée et bienvenue pour la liturgie familiale du Temps pascal lorsque les conditions sanitaires ne permirent pas de se rendre à l'église. Le Temps pascal est le temps de la mystagogie qui achève pour les néophytes le temps de l'Initiation chrétienne en les introduisant plus profondément dans l'intelligence du Mystère pascal. Le catéchuménat des adultes est le modèle de la « catéchèse de cheminement » qui peut accompagner chaque personne sur le chemin de son existence jusqu'à la pleine réalisation de son identité chrétienne. La prière de la Via Lucis, par sa méthode de lectio divina, son enracinement scripturaire dans le Lectionnaire du Temps pascal et par son style de catéchèse de cheminement pourrait peut-être être considérée comme un outil pour la catéchèse mystagogique des sacrements de l'Initiation chrétienne.

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    L'Eglise est en marche la Voie de la Jérusalem céleste, dans l'attente « de la bienheureuse espérance » de la venue du Seigneur (Tt 2,13). L'Eglise est Mère et Fils, hiérarchique et collégiale, institutionnelle et spirituelle, Occidentale et Orientale, terrestre et céleste, pétrinienne et mariale, masculine et féminine. C'est ecclésialement, ministres de l'Eglise, religieuses, personnes consacrées et laïcs, catéchumènes, néophytes et fidèles, hommes, femmes et jeunes que nous devons faire ensemble le chemin d'aller au coeur de la foi.

    La prière de la Via Lucis pourrait être un outil catéchétique pour une catéchèse articulée à la liturgie de la Parole du Temps pascal. La prière de la Via Lucis s'articule avec toutes les déclinaisons de lectures du Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal, en fonction des années liturgiques A, B ou C. La prière de la Via Lucis a davantage de correspondances avec les lectures des années A qu'avec celles des années B et C. La prière de la Via Lucis est une prière baptismale. L'Eglise italienne en fait déjà usage dans la liturgie baptismale. Les lectures du Carême et du Temps pascal donnent aux années A une « connotation baptismale 104» (RICA 239). Par conséquent, la prière de la Via Lucis trouverait peut-être sa place dans la mystagogie des sacrements de l'Initiation chrétienne, lors des années A.

    La prière de la Via Lucis peut constituer l'occasion d'une catéchèse sur l'ordonnancement du calendrier liturgique. Le cycle pascal représente un quart de l'année liturgique du Mercredi des Cendres jusqu'au Dimanche de la Pentecôte105 inclus. La notion de l'unité du Temps pascal est difficile à percevoir entre Pâques et la Pentecôte comme le temps liturgique qui célèbre le second volet du Mystère pascal : le mystère du Christ Seigneur et le mystère de l'Eglise dont les temps apostoliques commencent avec l'envoi de l'Esprit Saint. La nouvelle périodicité du Temps pascal avec l'Octave de Pâques étendu à une octave de dimanches permet d'envisager sur une période longue de cinquante jours une catéchèse communautaire intergénérationnelle à la fois biblique et liturgique.

    La Résurrection ouvre le sens de la Croix. La prière de la Via Lucis est une catéchèse d'initiation au Mystère pascal, une catéchèse de cheminement dans la vie chrétienne en

    104 Id., P. G. DROUIN, « Les évangiles des huit dimanches du Temps pascal ».

    105 B. DUCATEL, « Du Mercredi des Cendres au feu de la Pentecôte »,

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/19687-cendres-feu-de-pentecote/ (13/05/2021)

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    communauté et une catéchèse d'engendrement au sens de la mission chrétienne : faire des frères. La prière de la Via Lucis est un itinéraire de type catéchuménal qui prend en compte la personne dans son intégrité d'adulte et de chrétien en devenir. Qu'il s'agisse d'un enfant, d'un adolescent ou d'un adulte, la personne est toujours un adulte en devenir et un chrétien en voie de revêtir le Christ (Ga 3,27). Le chemin donne le temps de cheminer, chacun à son rythme et tous ensemble avec le Ressuscité qui nous accompagne jusqu'à la fin des temps. La proposition catéchétique de la prière de la Via Lucis aurait pu, si elle avait été connue à cette époque en France, être une réponse à l'appel lancé par la Commission épiscopale de la catéchèse et du catéchuménat dans l'article « Aller au coeur de la foi, Questions d'avenir pour la catéchèse », à Lourdes en 2002. Aujourd'hui est advenu le temps de l'avenir d'hier et nous sommes toujours dans l'Aujourd'hui de Dieu. Peut-être est-il encore temps ?

    La Résurrection du Seigneur Jésus n'est pas un sujet de méditation nouveau pour notre époque postmoderne désenchantée mais cet événement demeure d'une nouveauté inouïe en tant qu'il est le premier surgissement d'un mort à la vie. C'est comme lorsque le premier poisson s'est mis à voler et qu'il y eut ensuite une multitude de poissons volants. Le message de la Résurrection du Christ est d'une absolue nouveauté pour ceux qui, ne connaissant pas encore l'histoire de Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur, ne savent pas encore qu'il est possible de voler et pour ceux qui, soit l'ont oublié, soit ne l'ont pas encore tout-à-fait complètement réalisé.

    La foi est un saut dans le vide, mais ce n'est pas comme un saut à l'élastique avec la terreur de mourir. La foi est un saut dans l'apesanteur avec l'espoir de vivre toujours avec le Seigneur Jésus. La foi est un saut dans le ciel. Le ciel, c'est le Christ. La foi est un saut dans le Christ.

    96

    BIBLIOGRAPHIE

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    100

    VIA LUCIS PER CELEBRARE GESU RISORTO, RITUEL

     

    STATION

    TITRE DE LA STATION

    PERICOPE

    PERICOPE COURTE

    1ère

    Gesù risorge dalle morte

    (Mt 28,1-7)

    (Mt 28,5-6)

    2ème

    I discepoli trovano il
    sepolcro vuoto

    (Ac 2,1-6)

    (Ac 2,2)

    3ème

    Il Risorto si manifesta alla
    Maddalena

    (Jn 20,11-18)

    (Jn 20,16.18)

    4ème

    Il Risorto sulla strada di
    Emmaus

    (Lc 24,13-19.25-27)

    (Lc 24,13-15.25-27)

    5ème

    Il Risorto si manifesta allo
    spezzare del pane

    (Lc 24,28-35)

    (Lc 24,30-31)

    6ème

    Il Risorto si mostra vivo ai
    discepoli

    (Lc 24,36-43)

    (Lc 24,36-39)

    7ème

    Il Risorto da il potere di
    rimettere i peccati

    (Jn 20,19-23)

    (Jn 20,19-22)

    8ème

    Il Risorto conferma la fede di Tommaso

    (Jn 20,24-29)

    (Jn 20,27-29)

    9ème

    Il Risorto si incontra con i
    suoi al lago di Tiberiade

    (Jn 21,1-9.13)

    (Jn 21,4-6)

    10ème

    Il Risorto conferisce il
    primato a Pietro

    (Jn 21,15-17)

    (Jn 21,17)

    11ème

    Il Risorto affida ai
    discepoli la missione
    unviversale

    (Mt 28,16-20)

    (Mt 28,18-20)

    12ème

    Il Risorto sale in cielo

    (Ac 1,6-11)

    (Ac 1,9)

    13ème

    Con Maria, in attesa dello
    Risorto

    (Ac 1,12-14)

    (Ac 1,12-14)

    14ème

    Il Risorto manda ai
    discepoli lo spirito
    promesso

    (Ac 2,1-6)

    (Ac 2,2)

    Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000

    / Association Episcopale Liturgique pour les pays Francophones

    1

    JESUS

    TRIOMPHE
    DE LA MORT

    « Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n'est pas ici car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir où il reposait » (Mt 28,5-6).

    05 L'ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié.

    06 Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir l'endroit où il reposait. »

    2

    LES DISCIPLES
    TROUVENT LE
    TOMBEAU VIDE

    « Alors entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut » (Jn 20,8).

    08 C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.

    3

    LE RESSUSCITE
    SE MANIFESTE
    A MARIE DE
    MAGDALA

    « Jésus lui dit : `Marie !' Elle se tourne vers lui et dit : `Rabbouni !' ce qui veut dire : `Maître' » (Jn 20,16).

    16 Jésus lui dit alors : « Marie ! » S'étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c'est-à-dire : Maître.

    4

    LE RESSUSCITE
    SUR LE
    CHEMIN
    D'EMMAÜS

    « `Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ?' Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui le concernait » (Lc 24,26-27).

    26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

    27 Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait.

    5

    LE RESSUSCITE SE DEVOILE A LA FRACTION DU PAIN

    LE RESSUSCITE
    SE MANIFESTE
    AUX DISCIPLES

    « Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,30-31).

    « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi » (Lc 24,38-39).

    30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l'ayant rompu, il le leur donna.

    6

    7

    8

    31 Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

    38 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre coeur ?

    39 Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n'a pas de chair ni d'os comme vous constatez que j'en ai. »

    LE RESSUSCITE
    DONNE LE
    POUVOIR DE
    REMETTRE LE
    PECHE

    LE RESSUSCITE
    CONFIRME LA
    FOI DE
    THOMAS

    « Il répandit sur eux son souffle et leur dit : `Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis' » (Jn 20,22-23).

    « Jésus dit à Thomas : `Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant'. Thomas lui dit alors : `Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,27-28).

    22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint.

    101

    23 À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

    27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. »

    28 Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

    102

    9

     

    LE RESSUSCITE
    SE MANIFESTE
    PRES DU LAC
    DE TIBERIADE

    « Le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : `C'est le Seigneur ! » Jésus s'approche, prend le pain et le leur donne » (Jn 21,7.13).

    07 Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! » Quand

    Simon-Pierre entendit que c'était le
    Seigneur, il passa un vêtement, car il n'avait rien sur lui, et il se jeta à l'eau. 13 Jésus s'approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.

    10

    LE RESSUSCITE
    FAIT
    DE PIERRE LE
    PASTEUR
    DE L'EGLISE

    « `Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répond : `Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais.' Jésus lui dit : `Sois le berger de mes agneaux' » (Jn 21,15).

    15 Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t'aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »

    11

    LE RESSUSCITE
    ENVOIE LES
    DISCIPLES
    DANS LE
    MONDE

    « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,19-20).

    19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,

    20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. »

    12

    LE RESSUSCITE
    MONTE AU
    CIEL

    « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel » (Ac 1,11).

    11 qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d'auprès de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. »

    13

    AVEC MARIE
    DANS
    L'ATTENTE DE
    L'ESPRIT SAINT

    « D'un seul coeur, les Apôtres

    participaient fidèlement à la prière avec quelques femmes dont Marie, la mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1,14).

    14 Tous, d'un même coeur, étaient

    assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères.

    14

    LE RESSUSCITE ENVOIE

    L'ESPRIT SAINT

    « Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se trouvaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu, qui se partageait en langues. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint » (Ac 2,2-4).

    02 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.03 Alors leur apparurent des langues qu'on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux.

    04 Tous furent remplis d'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.

    103

    Tableau synoptique du LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL
    et des 3 sources de la prière de la VIA LUCIS

     

    LECTIONNAIRE
    DU TEMPS PASCAL

    VIA LUCIS
    PER CELEBRARE
    GESU RISORTO,
    SUSSIDI MINI,
    RITUEL

    PELERINS EN
    PRIERE
    POUR LE JUBILE DE
    L'ANNEE SAINTE
    2000

    LE CHEMIN
    DE LUMIERE AU-

    DELA DE LA
    CROIX,
    LES 14 STATIONS

     

    A

    Mt 28,1-10

    Mt 28,1-7 / 5-6 (1ère)

    Mt 28,5-6 (1ère)

     

    VIGILE

     
     
     
     
     

    PASCALE

    B

    Mc 16,1-7

     
     
     
     

    C

    Lc 24,1-12

     
     

    Lc 24,1-9 (1ère)

     

    A

    Jn 20,1-9

    Jn 20,1-9 / 6-8 (2ème)

    Jn 20,8 (2ème)

    Jn 20,3-9 (2ème)

    DIMANCHE

     
     
     
     
     

    DE PÂQUES

    B

    Jn 20,1-9

    Jn 20,1-9 / 6-8 (2ème)

    Jn 20,8 (2ème)

    Jn 20,3-9 (2ème)

    Solennité

     
     
     
     
     
     

    C

    Jn 20,1-9

    Jn 20,1-9 / 6-8 (2ème)

    Jn 20,8 (2ème)

    Jn 20,3-9 (2ème)

     
     
     

    Jn 20,19-23 /

    Jn 20,22-23 (7ème)

    Jn 20,21-23

     
     
     

    19-22 (7ème)

     

    (7ème)

     

    A

    Jn 20,19-31

     
     
     
     
     
     

    Jn 20,24-29 / 27-29

    Jn 20,27-28) (8ème)

    Jn 20,24-29

     
     
     

    (8ème)

     

    (8ème)

    2ème

     
     

    Jn 20,19-23 / 19-22

    Jn 20,22-23 (7ème)

    Jn 20,21-23

    DIMANCHE

     
     

    (7ème)

     

    (7ème)

    DE PÂQUES

    B

    Jn 20,19-31

     
     
     
     
     
     

    Jn 20,24-29 / 27-29

    Jn 20,27-28 (8ème)

    Jn 20,24-29

     
     
     

    (8ème)

     

    (8ème)

     
     
     

    Jn 20,19-23 / 19-22

    Jn 20,22-23 (7ème)

    Jn 20,21-23

     

    C

    Jn 20,19-31

    (7ème)

     

    (7ème)

     
     
     

    Jn 20,24-29 / 27-29

    Jn 20,27-28 (8ème)

    Jn 20,24-29

     
     
     

    (8ème)

     

    (8ème)

    104

    Tableau synoptique du
    LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL
    et des 3 sources de la prière de la
    VIA LUCIS
    (suite)

     

    Via Lucis,

    Per celebrare Gesù
    risorto
    RITUEL

    Pèlerins en prière Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000

    Le Chemin de
    Lumière au-delà
    de la Croix

     
     
     

    Lc 24,13-19. 25-27 /

    Lc 24,26-27 (4ème)

    Lc 24,13-27

     

    A

    Lc 24,13-35

    13-15. 25-27 (4ème)

    Lc 24,30-31 (5ème)

    (4ème)

     
     
     

    Lc 24,28-35 / 30-31

     

    Lc 24,28-35

     
     
     

    (5ème)

     

    (5ème)

    3ème

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    DIMANCHE

     
     
     
     
     

    DE PÂQUES

    B

    Lc 24,35-48

    Lc 24,36-43 / 36-39

    Lc 24,38-39 (6ème)

    Lc 24,36-43

     
     
     

    (6ème)

     

    (6ème)

     
     
     

    Jn 21,1-9.13 / 4-6

     

    Résumé de

     

    C

    Jn 21,1-19

    (9ème)

    Jn 21,7.13 (9ème)

    Jn 21,1-19

     
     
     

    Jn 21,15-17 / 17

    Jn 21,15 (10ème)

    (9ème -10ème)

     
     
     

    (10ème)

     
     
     

    A

    Ac 1,1-11 ;

    Ac 1,6-11 /9 (12ème)

    Ac 1,11 (12ème)

    Ac 1,9-11 (12ème)

     
     

    Mt 28,16-20

    Mt 28,16-20 /

    Mt 28,19-20

     
     
     
     

    18-20 (11ème)

    (11ème)

     

    ASCENSION

     
     
     
     
     

    Solennité

    B

    Ac 1,1-11 ;

    Ac 1,6-11 / 9 (12ème)

    Ac 1,11 (12ème)

    Ac 1,9-11 (12ème)

     
     

    Mc 16, 15-20

     
     
     
     

    C

    Ac 1,1-11 ;

    Ac 1,6-11 / 9 (12ème)

    Ac 1,11 (12ème)

    Ac 1,9 11 (12ème)

     
     

    Lc 24,46-53

     
     

    Lc 24,50-52

     
     
     
     
     

    (11ème)

     

    A

    Ac 1,12-14 ;

    Ac 1,12-14 (13ème)

    Ac 1,14 (13ème)

    Ac 1,12-14

     
     

    Jn 17, 1b-11

     
     

    (13ème)

    7ème

     
     
     
     
     

    DIMANCHE

     

    Ac 1,15-17.

     
     
     

    DE PÂQUES

    B

    20a.20c-26 ;

     
     
     
     
     

    Jn 17,11b-19

     
     
     
     

    C

    Jn 17,20-26

     
     
     
     
     

    Ac 2, 1-11 ;

    Ac 2,1-6 / 2 (14ème)

     
     
     

    A

    Jn 20, 19-23

    Jn 20,19-23 / 19-22

    Jn 20,22-23 (7ème)

    Jn 20,21-23

     
     
     

    (7ème)

     

    (7ème)

    DIMANCHE

     
     
     
     
     

    DE LA

     
     
     
     
     

    PENTECÔTE

     

    Ac 2, 1-11 ;

     
     
     

    Solennité

    B

    Jn 15, 26-27;

    Ac 2,1-6 / 2 (14ème)

    Ac 2,2-4 (14ème)

    Ac 2,1-4 (14ème)

     
     

    16, 12-15

     
     
     
     
     

    Ac 2, 1-11 ;

     

    Ac 2,2-4 ;

     
     

    C

    Jn 14, 15-16.

    Ac 2,1-6 / 2 (14ème)

    Jn 14,16 (14ème)

    Ac 2,1-4 (14ème)

     
     

    23b-26

     
     
     

    105

    Ordo Lectionum Missae
    Lectionnaire des dimanches et fêtes du
    Temps pascal

    Via Lucis

    VIGILE PASCALE ANNEE A, C

    1ère Station : « Jésus triomphe de la mort »

    DIMANCHE DE PÂQUES ANNEES A, B, C

    2ème Station : « Les disciples trouvent le tombeau vide »

    DEUXIEME DIMANCHE DE PÂQUES ANNEES A, B, C

    7ème Station : « Le Ressuscité donne le pouvoir de remettre le péché »

    8ème Station : « Le Ressuscité confirme la foi de Thomas »

    TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES

    ANNEE A

    ANNEE B

    ANNEE C

    4ème Station : « Le Ressuscité sur le chemin d'Emmaüs »

    5ème Station : « Le Ressuscité est reconnu à la fraction du pain » 6ème Station : « Le Ressuscité se manifeste aux disciples »

    9ème Station : « Le Ressuscité se manifeste près du lac de Tibériade » 10ème Station : « Le Ressuscité fait de Pierre le pasteur de l'Eglise »

    SOLENNITE DE L'ASCENSION ANNEE A, C

    ANNEE A, B, C

    11ème Station : « Le Ressuscité envoie les disciples dans le monde »

    12ème Station : « Le Ressuscité monte au ciel »

    SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES ANNEE A

    13ème Station : « Avec Marie dans l'attente de l'Esprit-Saint »

    DIMANCHE DE LA PENTECÔTE ANNEE A

    ANNEES A, B, C

    7ème Station : « Le Ressuscité donne le pouvoir de remettre le péché »

    14ème Station : « Le Ressuscité envoie l'Esprit Saint »

    106

    Conclusion de la prière de la Via Lucis106

    Le célébrant peut inviter les participants, munis d'un cierge, à l'allumer au cierge pascal, tandis que lui, faisant cette traditio lucis, dit à chacun (ou à la communauté, en utilisant la formule) :

    "Va et porte la lumière du Christ ressuscité aux frères que tu rencontres." Tous répondent : "Amen".

    Puis on renouvelle l'alliance fondamentale du baptême.

    P Le baptême est la Pâque du ressuscité associé à l'homme. Concluons notre itinéraire en renouvelant les promesses baptismales, reconnaissants au Père qui continue de nous appeler des ténèbres à la lumière de son Règne.

    Mes Frères, si vous voulez suivre le Christ ressuscité sur les routes du monde :

    P Renoncez-vous au péché, pour vivre dans la liberté des fils de Dieu ? T J'y renonce.

    P Renoncez-vous aux séductions du mal, pour ne pas vous laisser dominer par le péché ? T J'y renonce.

    P Renoncez-vous à Satan et à toutes ses oeuvres ? T J'y renonce.

    P Croyez-vous en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre? T Je crois.

    P Croyez-vous en Jésus Christ son Fils unique, notre Seigneur qui est né de la Vierge Marie, qui est mort et a été enseveli, est ressuscité des morts et est assis à la droite de Dieu le Père?

    T Je crois.

    P Croyez-vous au Saint Esprit, à la Sainte Eglise Catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle ?

    T Je crois.

    P Dieu tout-puissant, Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a libérés du péché et qui nous a fait renaître de l'eau et de l'Esprit Saint, tu nous gardes dans la grâce du Christ Jésus, ressuscité de la mort, pour la vie éternelle.

    T Amen.

    Chant

    106 Avec quelques corrections de traduction et d'orthographe en langue française par mes soins, http://vialucis.org/index.php/it/conclusione-13 (25/05/2021)

    Bénédiction solennelle107

    C. Que Dieu, source de chaque lumière, qui a envoyé sur les disciples de Jésus l'Esprit consolateur, vous bénisse et vous comble de ses dons.

    T. Amen.

    C. Que le Seigneur Ressuscité vous donne le feu de son Esprit et vous illumine avec sa sagesse.

    T. Amen.

    C. Que le Saint-Esprit, qui a réuni de différents peuples en une seule église, vous rende persévérants dans la foi, joyeux dans l'espérance jusqu'à la vision bienheureuse du ciel. T. Amen.

    C. Que la bénédiction de Dieu tout puissant, Père et Fils et Esprit-Saint, descende en vous et qu'elle y demeure toujours.

    107

    107 http://vialucis.org/index.php/it/giovani (29/05/2021)

    La Via Lucis en images

    108

    http://imagessaintes.canalblog.com/archives/2019/04/21/37275745.html






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote