WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Processus d'autonomisation des jeunes pris en charge au titre de l'ase et accès aux droits


par Clément Reussard
Askoria (Rennes) - Diplôme d'Etat d'Educateur Spécialisé 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. Axes de travail

Le diagnostic, qui s'appuie sur une analyse de terrain éclairée par des apports théoriques, indique, selon moi, qu'il faut travailler prioritairement sur deux dimensions pour favoriser le processus d'autonomisation des jeunes accueillis à la MDC qui est la finalité de l'accompagnement. Nous l'avons vu, être autonome va au-delà d'une autonomie financière vis-à-vis des services de l'ASE. Il faudrait davantage se baser sur cette définition : « être capable d'analyser la situation, d'inventorier les obstacles, d'envisager des solutions, de repérer des moyens et de faire des choix d'action, avec et en présence d'un autre152 ». C'est en favorisant cette autonomie-là que ces jeunes seront capables, selon moi, de surmonter au mieux les difficultés qui se dresseront devant eux dans leur accès à l'âge adulte.

 
 

Finalité : l'autonomie des jeunes

Pour favoriser ce processus d'autonomisation des jeunes accueillis, il faut pour moi proposer des réponses concrètes et éducatives aux questions ci-dessous :

- Comment mieux baliser dans le temps l'accompagnement éducatif de façon à anticiper les seuils importants (majorité, fin de prise en charge) tout en évaluant avec le jeune ses besoins et ses désirs ?

- Comment mieux informer les jeunes sur les lieux ressources et dispositifs qu'ils peuvent solliciter pendant et après leur prise en charge ?

Objectifs généraux :

Depuis le point de vue du jeune, les objectifs généraux du projet sont les suivants :

a) Permettre au jeune d'intégrer la temporalité de son accompagnement éducatif.

b) Permettre au jeune d'être informer sur les lieux et les dispositifs ressources.

4. Actions éducatives

L'accompagnement proposé par le service extérieur de la MDC repose fortement sur la qualité de la relation éducative instaurée avec les jeunes accueillis. Il convient toutefois de définir dans un premier temps qu'elle est la finalité et le sens de cette relation éducative, pour ensuite voir quels outils éducatifs peuvent permettre de la nourrir. A partir de là, nous réfléchirons à comment mieux prendre

152 Paul M., « Ce qu'accompagner veut dire », in Accompagner les jeunes vers l'autonomie dans le dispositif ville, vie, vacances, Recherche-action effectuée avec la DDCS du Maine et Loire et quatre opérateurs du dispositif Résovilles, 2012., p.34.

46

en compte la temporalité dans l'accompagnement du jeune accueilli, en proposant une méthode pour mieux évaluer les besoins du jeune avant les échéances et seuils de passage qui s'imposent à lui. Puis, nous verrons comment favoriser l'information des jeunes concernant les ressources et dispositifs qu'ils peuvent solliciter pendant et après leur prise en charge.

La relation éducative comme point de départ

Comme Philippe Gabéran, je considère que la « la finalité de la relation éducative n'est pas de normaliser la personne [...] elle est de l'aider à devenir actrice de sa vie en favorisant le passage du vivre à l'exister153. » Selon moi, pour que les personnes accompagnées puissent « exister » au sein de la société, j'estime, à l'instar de Paulo Freire, pédagogue brésilien, que les personnes accompagnées doivent percevoir « en termes critiques, la violence et la profonde injustice qui caractérisent leur situation concrète. Plus encore, qu'ils prennent conscience que leur situation concrète [...] n'est pas le résultat de quelque chose qui ne peut pas être changé154. » L'éducateur spécialisé qui accompagne les jeunes a donc une lourde responsabilité à cet égard car, comme le souligne Joseph Rouzel, la relation éducative est un « moyen d'agir dans le sens d'un changement des personnes en vue d'une meilleure insertion pour elles dans la communauté des citoyens155. »

Toutefois, la position de l'éducateur n'est pas simple à trouver vis-à-vis du jeune. Il doit à la fois être présent et significatif pour le jeune, mais dans le même temps, il doit pouvoir laisser au jeune un espace pour lui permettre d'exister, d'être lui-même, et ainsi de favoriser son autonomie. En

résumé, comme le décrivent très bien Capul et Lemay, l'éducateur spécialisé « tente de se situer comme une sorte de médiateur entre le sujet et son environnement. Dans le respect et l'écoute de l'autre et tout en sachant qu'il doit parfois poser des limites, il veut à la fois être suffisamment présent - utile - pour devenir significatif et suffisamment distancié pour ne pas imposer sa direction156. »

Mon rôle, en tant qu'éducateur spécialisé sur le service extérieur, sera alors d'accompagner le jeune dans l'émergence, la construction et la réalisation de son propre projet tout en prenant en considération la réalité de l'environnement dans lequel il évolue.

Un outil éducatif essentiel : l'entretien

L'entretien éducatif est pour Capul et Lemay « un lieu précis où le jeune peut se permettre d'exprimer ses difficultés ou ses tourments157 ». Pour Roger Mucchielli, « le bon entretien a pour objectif la compréhension exacte de ce qui se passe pour l'autre, la découverte de la manière dont il éprouve la situation, la clarification progressive de son vécu158. »

L'entretien d'aide, défini par Carl Rogers propose une vision que je trouve intéressante de l'entretien : « J'entends par ce terme de relation d'aide, des relations dans lesquelles l'un au moins des

153 Gaberan P., La relation éducative, Erès, 2003, p.139.

154 Freire P., Pédagogie de l'autonomie, Erès, 2013., p.94.

155 Rouzel J., Le travail de l'éducateur spécialisé, Dunod, 2000, p.10.

156 Capul M., Lemay M., De l'éducation spécialisée, Eres, 2011, p.125.

157 Ibid., p.213.

158 Mucchielli R., L'entretien de face à face, ESF, 2009, p.12.

47

deux protagonistes cherche à favoriser chez l'autre, la croissance, le développement, la maturité, un meilleur fonctionnement et une meilleure capacité d'affronter la vie. L'autre dans ce cas, peut être soit un individu, soit groupe. On pourrait encore définir la relation d'aide comme une situation dans laquelle l'un des participants cherche à favoriser chez l'une ou chez l'autre des parties, ou chez les deux, une appréciation plus grande des ressources latentes internes de l'individu, ainsi qu'une plus grande possibilité d'expression et un meilleur usage fonctionnel de ses ressources159. » Ainsi, l'entretien peut être un moyen pertinent de mesurer les besoins et les ressources du jeune.

Toutefois, Mucchielli précise : « L'intention de bien conduire un entretien ne suffit pas. Il faut une méthode160. » La technique de reformulation est une technique d'entretien que j'utilise beaucoup. Il s'agit de « redire en d'autres termes et d'une manière plus concise ou plus explicite161 » les paroles du jeune afin de s'assurer du sens que le jeune a voulu exprimer, tout en le poussant à se positionner davantage.

Je m'appuierai donc sur l'outil de l'entretien pour mesurer les besoins et les désirs du jeune. Il convient toutefois de mesurer cela en respectant la temporalité de la prise en charge.

a) Permettre au jeune d'intégrer la temporalité de son accompagnement éducatif.

Rappel : « Pour pouvoir maîtriser son avenir, se projeter, anticiper, prévoir, il faut avoir une certaine maîtrise du temps et ne pas être dans l'urgence d'un besoin162 ».

La prise en compte de la temporalité et des seuils de passage

Le suivi éducatif se veut être un processus dynamique dans le parcours du jeune pour qui, généralement le service extérieur est très souvent la dernière étape de l'aide apportée par l'ASE.

La notion de temps est donc centrale dans l'organisation de la prise en charge qui va s'inscrire dans la temporalité du jeune : partir de là où il en est pour lui permettre d'atteindre, à son rythme, l'objectif général de ne plus avoir besoin de soutien éducatif pour mener sa vie.

Pour cela, il est essentiel de tenir compte de la temporalité de la prise en charge que le cadre législatif nous impose : le temps de la minorité, la durée de l'APJM, les 21 ans, etc.

D'autant que pour nombre de ces adolescents et jeunes adultes, les repères temporels sont altérés, voir perdus parce qu'ils peuvent être dans l'inactivité ou l'hyperactivité, voire dans l'instabilité. Il est alors nécessaire de structurer la prise en charge afin qu'ils puissent se réinscrire dans un déroulement de leur vie en terme de progression. Pour certains, la séparation peut parfois être source d'angoisse en réactivant un sentiment d'abandon. C'est pourquoi le départ doit également être

159 Rogers C., Le développement de la personne, Dunod, 1967, p.29.

160 Mucchielli R., L'entretien de face à face, ESF, 2009, p.12.

161 Ibid., p.53.

162 Guimard N., Petit-Gats J., Op. Cit., p.14.

48

préparé afin de minimiser ses effets déstabilisants et d'assurer la mise en place de relais possible dans les dispositifs de droit commun.

Un moyen pour mieux mesurer et anticiper les besoins et désirs du jeune : les bilans

Pour mieux visualiser le déroulement, anticiper les échéances et mieux situer les besoins du jeune ainsi que les points qu'il reste à travailler, la formalisation de la prise en charge se doit d'être rigoureuse. Rappelons ici succinctement, les grands seuils que peut être amené à franchir un jeune durant sa prise en charge à la MDC, bien que comme nous l'avons vu, peu de jeunes sont pris en charge de leurs 16 à21 ans. Néanmoins, ils sont nombreux à connaître ces franchissements de seuils.

16 ans

18 ans

21 ans (ou avant)

Minorité

· Assistance éducative

· Travail avec la famille

· Recensement/JAPD

· Scolarité/orientation

· Code de la route

· Majorité

· APJM

· Travail avec la famille (si nécessaire)

· Carte électorale

· Scolarité/Formation

· Permis de conduire

· Fin de PEC

· Autonomie

· Logement autonome (inscription CAF, etc)

· Revenus

· Connaît ses droits

· Sait identifier les lieux ressources

Il faudrait selon moi que chaque étape importante de l'accompagnement donne lieu, en amont, à un temps d'arrêt que l'on pourrait appeler « bilan ». C'est quelque chose qui n'existe pas actuellement de façon formalisé sur le service extérieur mais qu'il faudrait mettre en place selon moi.

Modalités :

Les modalités sont à déterminer au cas par cas. Toutefois je suggère que ces « bilans » prennent la forme d'un entretien formel dans un bureau de la MDC. Ils peuvent toutefois être conviviaux en proposant un goûter au jeune par exemple, pour ne pas qu'il soit trop stressé ou tendu. Il n'est jamais aisé de parler devant des adultes et professionnels. Ces temps de bilan seraient préparés à l'avance avec les éducateurs référents du jeune lors d'entretien à la MDC ou lors de temps moins formels (repas extérieur). Ils dureront en moyenne entre trente minutes et une heure selon là aussi les situations des jeunes.

Professionnels présents :

Ces bilans se feraient en présence des deux éducateurs référents, du psychologue et de la chef de service. Cela peut paraître beaucoup, mais cela permettrait selon moi d'inviter à une multiplicité des regards. De plus, cela nuancerait la place de l'affect dans les postures professionnelles et dans les ressentis du jeune. Cette rencontre permet au jeune de resituer son suivi dans un travail d'équipe et d'introduire du tiers dans la relation éducative avec ses référents. J'ai remarqué en effet à plusieurs reprises que les jeunes avaient le sentiment qu'une décision les concernant était le fait d'une seule

49

personne, or la très grande majorité des décisions sont prises en concertation, en réunion d'équipe ou avec l'aval de la chef de service.

Fréquence :

La fréquence de ces bilans pourrait être modulable en fonction de la situation particulière de chaque jeune, mais il me semble qu'un minimum de deux bilans par an soit nécessaire mais cela dépend de nombreux facteurs à commencer par la durée de la PEC.

Chaque jeune devrait connaître au minimum trois bilans : un au début, un pendant, et un avant la fin de sa PEC. Surtout, il faut que ces bilans aient lieu à des moments importants de la prise en charge et qu'ils coïncident avec les besoins du jeune à l'approche d'échéances importantes.

Ainsi, je propose que les temps de bilan soient découpés ainsi sur la prise en charge :

Premier bilan

Bilans intermédiaires

Bilan de fin de PEC

· A l'approche des 18 ans

· A l'approche d'une fin d'APJM

· En cas de besoin

Premier bilan :

Lors de ce bilan qui aurait lieu environ un mois après le début de sa prise en charge, le jeune serait invité à exprimer ses impressions, son vécu, ses premières expériences concernant les différents aspects de son quotidien, qu'il s'agisse de son logement, de suivi éducatif, de son projet scolaire ou professionnel, de ses relations familiales...

C'est avant tout un premier temps d'échanges dont la finalité est de favoriser l'expression du jeune et d'élaborer ensemble ses objectifs à venir.

Ces temps de bilan seraient des moments privilégiés d'échange où la confrontation d'idées, le dialogue, les conseils doivent lui permettre de faire des choix. Ces entretiens s'enracinent dans l'élaboration du projet individualisé (insertion professionnelle, logement, budget...) ainsi que dans le quotidien (courses, repas ménages). Ils sont aussi l'occasion d'aborder les difficultés relationnelles et d'aider le jeune à trouver sa place.

Bilan intermédiaires lié aux échéances de PEC :

Ce sont les bilans qui doivent se tenir en amont des seuils de passages importants, avant la majorité par exemple. En fonction des jeunes et des délais impartis, je crois qu'il serait judicieux que ces bilans intermédiaires aient lieux environ 6 mois avant les 18 ans. Ils seront le moment d'échanger avec le jeune sur les apprentissages effectués, et les différents points de son accompagnement qu'il reste à travailler. Ils permettront de repérer quels sont les besoins du jeune, et quels sont ses désirs et ses envies. Une présentation pourra être faite aux jeunes des différents dispositifs qui existent après la majorité (APJM, AED JM, AMJM, etc.), les modalités de ces dispositifs, les avantages et les

50

inconvénients de chacun. Le jeune devra disposer du maximum d'information pour être à même de faire un choix qu'il jugera pertinent pour lui. Il pourra tout même être éclairé par les professionnels de la MDC sur les possibles conséquences de ses choix.

Les bilans intermédiaires à l'approche d'une fin d'APJM (qui sera renouvelé ou non) se tiendront selon des modalités similaires. Ces bilans intermédiaires peuvent être des supports intéressants pour l'écriture de rapport transmissibles aux CDAS ou au juge.

Bilan de fin de PEC :

Enfin, un bilan de fin de PEC doit selon moi être systématiquement proposé au jeune : formaliser son départ, évoquer la poursuite de ses projets de vie. Le service a été une étape nécessaire dans son parcours, il n'est pas question de rupture mais d'un processus logique de poursuite de sa vie adulte. Ce bilan permet au jeune d'évaluer le chemin parcouru, les différentes expériences vécues, les moments difficiles, les échecs, les réussites. Il peut, avec un certain recul, renvoyer à l'équipe le bien-fondé des choix éducatifs ou au contraire, y porter un regard critique qui viendra interroger le sens de notre démarche éducative et contribuera à faire évoluer le projet du service extérieur.

Evaluation :

Une évaluation globale du projet pourra être menée, conjointement à la mise en place de celui-ci de façon à pouvoir le réajuster. Elle portera sur ce qu'a permis la mise en place de ces bilans. Elle viendra porter une attention particulière sur différents points :

'3 La capacité des jeunes à pouvoir s'exprimer sur leurs ressentis (désirs, besoins, sources de frustration, etc.) lors de ces temps de bilan.

Le jeune est en capacité d'exprimer des désirs à l'approche des échéances le concernant. Il est aussi capable de nommer ses besoins et les points qui lui restent encore à travailler.

'3 L'intégration par le jeune des temporalités de l'accompagnement.

Le jeune est capable de nommer les différents seuils de passage auquel il va être exposé durant sa prise en charge et a conscience de ce qu'ils impliquent.

'3 La compréhension qu'ont les jeunes des différents dispositifs existants (APJM, AED JM, AM JM, aides de la Mission Locale, voire la possibilité de ne demander aucune aide)

Le jeune est capable de nommer et expliquer les différents dispositifs qu'il peut solliciter à sa majorité. Il a conscience des modalités qu'impliquent ces derniers (contrats, objectifs à tenir, niveau de soutien éducatif, financier, etc.) et sait à quoi il s'expose s'il ne demande aucune aide.

51

b) Permettre au jeune de mieux situer les lieux ressources du territoire

Rappel : « une des conditions pour être autonome est d'identifier le pourvoyeur potentiel qui peut répondre à son besoin. La condition suivante sera d'être capable d'entrer en contact avec celui-ci163 ».

L'accès aux droits et le réseau

L'un des objectifs du service extérieur est de les aider à sortir de leur isolement et à tisser autour d'eux un réseau d'aide qui perdurera au-delà de leur prise en charge. Il s'agit également de favoriser la participation citoyenne, autrement dit le « pouvoir d'agir dans un environnement donné164 ».

Pour cela, il nous faut faire du lien, ce qui suppose que nous ne soyons pas nous même isolés, mais intégrés dans un tissu professionnel et social vivant et réactif. Il faut faire le lien entre les jeunes et les différents dispositifs de droit commun, relayer leur demande auprès de lieux ou de personnes-ressources, coordonner les interventions pour que chacun reste à sa place et soit complémentaire : toutes ces actions demandent une bonne connaissance et reconnaissance réciproque des professionnels de la formation, du logement, de la santé, etc. Le partenariat est donc un aspect particulièrement important dans la vie du service extérieur.

La nécessité d'un travail en partenariat

Pour Fabrice Dhume, le partenariat est « une méthode d'action coopérative fondée sur un engagement libre, mutuel et contractuel d'acteurs différents mais égaux, qui constituent un acteur collectif dans la perspective d'un changement des modalités de l'action - faire autrement ou faire mieux - sur un objet commun - de par sa complexité et/ou le fait qu'il transcende le cadre d'action de chacun des acteurs -, et élaborent à cette fin un cadre d'action adapté au projet qui les rassemble, pour agir ensemble à partir de ce cadre165».

Durant mon stage, j'ai repéré la nécessité de renforcer le travail en partenariat avec certains acteurs importants de Fougères et même souhaité impulser un partenariat entre différents acteurs que j'avais rencontré au préalable : la Mission Locale et le CDAS. J'avais en effet repéré que ces acteurs gravitent autours des jeunes accueillis sur le service extérieur de la MDC mais ne sont pourtant pas au clair sur les dispositifs que chacun proposent. Il me semble pertinent de renforcer un partenariat entre ces acteurs dans le but de mieux coordonner l'action en faveur des jeunes en difficulté sur le territoire fougerais. Toutefois, je n'ai pas eu le temps d'organiser une telle rencontre dans les délais impartis du fait de la complexité de concilier les disponibilités des différentes personnes-ressources, qui ont pourtant toutes exprimé le souhait qu'une rencontre ait lieu ultérieurement.

163 Brizais R., « l'Autonomie en question », intervention à l'ASE de Loire-Atlantique, 2003.

164 Paul M., Op. Cit., p.34.

165 Dhume, F., Du travail social au travail ensemble. Le partenariat dans le champ des politiques sociales, ASH éditions, 2001.

52

Un support à mettre en place : le « guide de la vie en autonomie »

Dans le cadre d'un accompagnement vers l'autonomie des jeunes pris en charge sur le service extérieur, il me semble essentiel que ces derniers soient en capacité de pouvoir situer les ressources dont ils peuvent se saisir sur le territoire pendant et même au-delà de la prise en charge. On l'a vu, dans l'analyse, il est essentiel que ces jeunes sachent leurs droits et soient en mesure de savoir vers où se tourner en cas de difficultés - difficultés qui sont le lot de beaucoup de jeunes issus des services de l'ASE à la fin de leur prise en charge compte tenu du contexte difficile.

C'est pourquoi j'ai pensé à rédiger un support que j'ai nommé le « Guide de la vie en autonomie » afin de permettre aux jeunes pris en charge d'identifier et de repérer les lieux ressources de Fougères. Je l'ai conçu et réalisé principalement seul, mais j'ai tenté autant que possible d'y intégrer les suggestions et remarques des collègues de l'équipe. Surtout, et c'est à mon sens très important, j'ai laissé une version numérique du document pour qu'il puisse être modifié, et renforcé, progressivement au fil des retours que les jeunes pourront formuler. Il se présente dans sa version normale comme un petit livret.

Voir document complet en annexes au format A4.

Contenu :

L'introduction rappelle aux jeunes les objectifs de l'accompagnement du service extérieur :

« Ton accueil en appartement dans le cadre de ta prise en charge à la Maison du Couesnon doit être envisagé comme une courte étape de ta vie qui te servira de tremplin vers la vie en autonomie. Tu dois déjà anticiper la sortie et te préparer à « l'après-Maison du Couesnon ». Ce type d'accompagnement va justement te permettre de t'y préparer au mieux.

Tu vas devoir apprendre rapidement à : faire tes courses seul, te nourrir correctement (de façon saine et variée), prendre soin de toi, réaliser un certain nombre de démarches auxquelles tu ne t'es jamais confronté.

Pour bon nombre de ces démarches (administratives, médicales, etc.) tu pourras solliciter de l'aide auprès de l'équipe éducative. L'objectif de cet accompagnement avec toi est de développer ton autonomie et de t'amener à réaliser progressivement ces différentes démarches tout(e) seul(e). »

Il explique l'objectif du document :

Ce petit « guide de la vie en autonomie » a pour but de te présenter les lieux sur Fougères (ou sur Rennes) qui peuvent être ressources pour toi, tout en t'expliquant quelques unes des démarches auxquelles tu peux être confronté afin que tu saches comment y remédier par toi-même dans la mesure du possible. »

Il présente de façon claire les différents lieux ressources que le jeune peut être amené à solliciter à Fougères ou à Rennes, et les démarches auxquels le jeune peut être confronté.

Il contient dix items différents : commerces, transport, laverie, administratif (CDAS, Mairie, Préfecture, SAMIE, CADA), orientation scolaire et professionnelle (CIO, Mission Locale), mobilité,

53

santé, culture, loisirs/sports, logement. La liste est non-exhaustive et pourra être consolidée au fil du temps (j'ai par exemple oublié de mentionner le service de prévention spécialisé de Fougères vers lequel ils pourraient éventuellement se tourner après la fin de leur PEC). Ces différents lieux ressources sont situés sur une carte afin de pouvoir s'y rendre plus facilement.

Le choix d'un vocabulaire simple, clair et intelligible a été fait dans la mesure où de nombreux jeunes accueillis sont des MIE ou des ME. C'est pourquoi le document a également été illustré par des images, le rendant accessible à quelqu'un qui ne maîtrise pas bien la langue française.

Des numéros de téléphone utiles sont joints en cas de soucis.

Surtout, ce guide a été pensé comme un document qui leur sera donné dès le début de la prise en charge, mais qu'ils pourront garder auprès d'eux après la fin de celle-ci. Il pourra alors favoriser l'accès aux droits communs, et donc l'autonomie du jeune.

Le document a été distribué aux jeunes du service extérieur lors de ma dernière journée de stage. C'est pourquoi il m'est impossible d'en faire une évaluation pour l'instant, ni même de pouvoir relater des retours de jeunes. Je l'ai également présenté à la REF du CDAS de Fougères lors de notre rencontre. Elle se sera montrée très intéressée par la démarche, d'autant plus que le CDAS travaille actuellement à l'élaboration d'un document un peu similaire.

Evaluation :

Une évaluation globale du projet pourra être menée, conjointement à la mise en place de celui-ci de façon à pouvoir le réajuster. Il faudra être attentif aux retours que peuvent en faire les jeunes. Les bilans pourraient d'ailleurs constituer un moyen de venir interroger le jeune sur l'utilité du document.

A partir de l'expression du jeune, l'évaluation viendra porter une attention particulière sur différents points :

'3 Repérer les différents lieux ressources de son territoire.

Le jeune est capable d'identifier, de nommer et de situer les différents lieux ressources qu'il peut solliciter.

'3 Être capable d'expliquer ce qu'il peut trouver dans ces différents lieux ressources.

Le jeune est à même de pouvoir expliquer les aides qu'il peut obtenir dans les différents lieux ressources indiqués dans le document et d'identifier le rôle des professionnels qu'il peut y rencontrer.

'3 Se rendre seul dans ces différents lieux pour y effectuer ses démarches

Le jeune peut se rendre seul dans ces différents endroits sans avoir besoin d'être accompagné par un éducateur. Il est également capable de s'y rendre après la fin de sa prise en charge.

54

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon