Memoire Online - Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au nord Bénin. Acteurs, mécanismes et incidences agricoles.

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au
Nord Bénin : acteurs, mécanismes et incidences agricoles

Mémoire pour l'obtention du diplôme de Master Professionnelle Mention: Economie et Sociologie Rurales (ESR)

Rapporteur: BACO M. Nasser
Examinateur 1: AKIYO Ruffin Examinateur 2: ADJOVI Ingrid

Psychotropic substances using to agriculture in Benin Northern:
actors, mechanisms and agricultural impacts

Dissertation submitted in partial in fulfillment of the requirements for the degree of Professional Master

Rapporteur: BACO M. Nasser
Examineur 1 : AKIYO Ruffin Examineur 2: ADJOVI Ingrid

BIO BONE, B (2019): Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles. Mémoire de Master Professionnel, Faculté d'Agronomie, Université de Parakou, Bénin. 105 pages.

Mots clés : Substance psychotrope, Utilisation, Agriculture, Performance agricole, Bénin, Nord Bénin

Keys words: Psychotropic substance, Use, Agriculture, Agricultural performance, Benin, Benin Nortern

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

Nous certifions que ce travail intitulé « Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin : acteurs, mécanisme et incidences agricoles » a été entièrement réalisé par BIO BONE Brice sous notre supervision, à la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou pour l'obtention du diplôme de Master Professionnel, Option Economie et Sociologie Rurales (ESR).

Dr. Ir. Mohamed Nasser BACO, MC
Agro-sociologue des Ressources Naturelles
Maître de Conférences des Universités du CAMES

Directeur du Laboratoire Société Environnement
Faculté d'Agronomie / Université de Parakou

Dédicace

Remerciements

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

RESUME

L'Afrique a été traditionnellement concernée par l'usage de substances psychotropes, toutefois bien maîtrisé, socialement et individuellement, à des fins rituelles ou thérapeutiques. Certaines de ces substances, comme le kola, ont joué un rôle économique et culturel important, comme moteur des échanges transfrontaliers en Afrique (Cesoni, 1992). Le secteur agricole est d'une importance capitale pour le renforcement de l'économie béninoise (PSRSA, 2016). La principale question de recherche est de savoir comment l'usage des substances psychotropes par les agriculteurs (déterminants humains de production) affecte les performances agricoles au Nord Bénin ? L'objectif global est donc de faire une analyse des acteurs, du mécanisme et de l'incidence de l'utilisation des substances psychotropes en agriculture au Nord Bénin. Les travaux ont été conduits dans les communes de Bembérékè, Banikoara et Malanville. Au total, 117 producteurs (trices) ont été enquêtés de façon raisonnée. L'observation directe, les entretiens individuels et en groupe ont également été réalisés auprès de 10 (Structures Déconcentrées de l'État) au travers d'un guide d'entretien. Les entretiens sont effectués sur la base d'un questionnaire d'enquête et d'un guide. La méthodologie utilisée est plus d'inspiration qualitative que quantitative. Le logiciel SPSS a été utilisé. Les résultats de nos travaux indiquent que mesures de régulation sur les psychotropes présentent des limites au vu de l'histoire et des réalités sociales actuelles à travers la faible prise en compte des dispositions afférentes à l'abus des psychotropes sociaux. Cette situation se traduit par la faible synergie d'action des acteurs inter et intra, l'absence de projets/programmes, la faiblesse des investissements et technologies locaux pour un meilleur contrôle des psychotropes. On note aussi l'absence d'un système de surveillance ou de vigilance, nécessaire pour limiter les problèmes d'abus et de dépendance engendrée par l'usage des substances psychotropes. Cet état de choses, dénote de l'abandon du secteur par ces mesures et plus encore de l'agriculteur; facteur humain de production. Les formes d'utilisation des psychotropes relèvent de l'automédication, le mésusage, la dépendance aux psychotropes motivés par la satisfaction des besoins primaires et d'estime. Les principaux effets qui en découlent sont les problèmes de santé publique, la dégradation de l'image et l'estime sociale, l'insécurité alimentaire, la faible performance agricole, etc. ; entrainant le chaos, la pauvreté et un frein au développement durable du secteur agricole.

Mots clés : Politiques, régulation, formes d'utilisation, agriculteurs, statut social, performance agricole, Nord Bénin.

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

ABSTRACT

Africa has traditionally been concerned with the use of psychotropic substances, but well controlled, socially and individually, for ritual or therapeutic purposes. Some of these substances, such as kola, have played an important economic and cultural role as a driver of cross-border trade in Africa (Cesoni 1992). The agricultural sector is very important for the improve of Benin economy (PSRSA, 2016). The main research question is how the use of psychotropic substances by farmers (human determinants of production) affects agricultural performance in Northern Benin? The overall objective is therefore to make an analysis of the actors, mechanisms and impact of the use of psychotropic substances in agriculture in Northern Benin. The work was carried out in the municipalities of Bembérékè, Banikoara and Malanville. A total of 117 producers were surveyed in a reasoned manner. Direct observation, individual and group interviews were also conducted with 10 (State Decentralized Structures) through a maintenance guide. Interviews are conducted on the basis of a survey questionnaire and a guide. The methodology used is more qualitative than quantitative. SPSS software was used. The results of our work indicate that regulatory measures on psychotropic drugs present limitations in view of current history and social realities through the low consideration of provisions relating to the abuse of social psychotropics. This situation is reflected by the low synergy of action of inter- and intra-actor, the absence of projects/programs, the weakness of local investments and technologies for better control of psychotropic drugs. There is also the lack of a surveillance or vigilance system, necessary to limit the problems of abuse and dependence caused by psychotropic substances using. This situation denotes the abandonment of the sector by these measures and even more of the farmer; human production factor. The forms of use of psychotropic drugs are self-medication, misuse, dependence on psychotropic drugs motivated by the satisfaction of primary needs and esteem. The main effects are public health problems, image and social esteem degradation, food insecurity, poor agricultural performance, etc.; leading to chaos, poverty and a brake on the sustainable development of the agricultural sector.

Keywords: Policies, regulation, forms of use, farmers, social status, agricultural performance, North Benin.

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Sommaire

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LISTE DES FIGURES

Figure 2 : Sens et fonctions des usages de médicaments psychotropes en dehors du champ

médical 17
Figure 3 : Déterminants de production agricole pour une agriculture durable dans une

exploitation 19
Figure 4 : Cadre d'analyse de déterminants de production et de la performance agricole selon

Figure 6: Carte de localisation et de végétation, de la commune de Malanville, Banikoara et

Figure 7 : Acteurs locaux et type d'intervention dans la commune de Bembérékè 45

Figure 8 : Acteurs locaux et type d'intervention dans la commune de Banikoara 45

Figure 9 : Acteurs locaux et type d'intervention dans la commune de Banikoara 46

Figure 10 : Changements induits par les mesures juridiques sur le secteur agricole au Bénin 48

Figure 17 : Déterminants sociaux de l'utilisation des substances psychotropes 60

Figure 18 : Groupe de besoins humains de Maslow et consommation de psychotropes 61

Figure 19 : Réseau de distribution des substances psychotropes au Nord Bénin 62

Figure 25 : Psychotropes les plus consommés à des doses prejudiciables à la santé des

Figure 26 : Classification des psychotropes utilisés selon des doses élevée 72

Figure 29 : Mécanisme concourant à l'usage de substances psychotropes au Nord Bénin 75

Figure 30 : Consommation selon le type de Matériels et équipements agricole 82

Figure 36 : Participation socio politique des producteurs et consommation des psychotropes 87

Figure 38 : Durée épuisement des aliments de récolte et consommation de psychotropes 88

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Figure 41 : Evolution des moyennes des superficies selon les consommateurs de psychotropes

Figure 44 : Nombre d'opération d'engraissage du maïs et usage de psychotropes 93

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2 : Indicateurs de pratique et de performance agricole par capital agricole. 20

Tableau 3 : Quelques itinéraires techniques pour la culture du maïs et du coton 29

Tableau 4 : Seuils de consommation recommandée par les institutions spécialisées. 30

Tableau 5 : Chronologies des politiques adoptées sur les psychotropes et contexte au Bénin 37

Tableau 6: Acteurs et rôles impliqués dans la régulation des substances psychotropes 39

Tableau 7. Mécanisme de régulation de l'usage des psychotropes en république du Bénin 41

Tableau 11 : Classification des principaux besoins en fonction des raisons identifiées 59

Tableau 13 : Fréquence de consommation des psychotropes par les agriculteurs 65

Tableau 15 : Seuils de consommation recommandée par les institutions spécialisées. 66

LISTE DES PHOTOS

Photo 1:Types d'alcools consommés par les agriculteurs au Nord Bénin, Gbéniki le 24/10/19

Photo 2: Production d'alcool local dans la commune de Bembérékè, Wanrarou le 17/10/19 54

Photo 3: Quelques médicaments psychotropes consommés par les producteurs au Nord Bénin

LISTE DES ANNEXES

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SIGLES ET ACRONYMES

DDAEP : Direction Départementale de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

DSM : Classification Statistique internationale des Maladies et des problèmes de

MESRS : Ministère de l'enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

OCERTID : Office Central de Répression du Trafic Illicite des Drogues et des précurseurs

SP-CILAS : Secrétariat Permanent du Comité Interministériel du Lutte contre l'Abus des

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INTRODUCTION GENERALE

Selon le dernier rapport mondial sur les drogues, publié aujourd'hui par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC, 2018), l'usage non médical de substances psychotropes est en train de devenir une menace majeure pour la santé publique et les opioïdes ; causent des dommages les plus importants dont 76% des décès dans le monde.

En effet, les problèmes de drogue ne révèlent pas d'abord de discussions sur les substances, mais d'interrogations sur leurs usages : le questionnement de la toxicomanie ne peut être ainsi réduit au seul terrain de la biologie ou de la pharmacologie, attendu par la variété des expériences individuelles en cause, elles-mêmes ancrées au coeur d'environnements qui souventes fois ont force de déclencheurs (Cormier, 1984). L'usage des substances psychotropes dépend ainsi en large partie de déterminants socioculturels et économiques, déterminants qui viennent tantôt limiter la consommation, tantôt l'approuver, voire l'imposer et tantôt l'interdire (Cardinal, 1988).

Face à des problèmes découlant des conditions de vie contemporaines (stress, dépression, insomnies, troubles nerveux, désadaptations de toutes sortes), les institutions médico-thérapeutiques (occidentales), soutenue et pressée en cela par l'industrie pharmaceutique multinationale préconisent une intervention corrective au niveau de la biochimie du cerveau plutôt que des formes d'actions, individuelles et collectives visant la transformation des conditions d'existence souvent à la source de nos actuels « malaises de civilisation » (BRISSON, 1988). Les agriculteurs béninois, soumis très vraisemblablement à ces mêmes

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problèmes socio-économiques notamment le stress, la fatigue intense des conditions ardues des travaux agricoles et familiaux, etc. ; font régulièrement recours aux substances psychotropes dont l'utilisation n'est soumise à aucune régulation sérieuse et un contrôle strict et rigoureux sur le plan national. Or l'abus de substances psychoactives est un type de comportement mésadapté et autodestructeur qui, apparemment, ne présente que peu d'avantages, voire aucun avantage pour l'utilisateur de la substance (Kacir, 2010). C'est fort de ce contexte social profondément important, délicat et d'actualité que la présente étude se propose de faire une analyse de l'utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture béninoise à travers le mécanisme de fonctionnement du système, les acteurs impliqués et ses incidences sur le secteur.

Le présent document s'articule autour de deux grandes parties (figure 1). Une première partie introductive présentant les chapitres 1, 2 et 3. Le chapitre 1 comporte le contexte, la problématique et la justification du thème de l'étude puis les objectifs, suivi des hypothèses. Le deuxième chapitre énonce clairement les cadres conceptuels, théoriques et analytiques soutenant l'étude. Le chapitre 3 aborde la méthodologie générale de l'étude.

La deuxième partie est consacrée aux résultats et discussions, à la conclusion et aux implications de l'étude pour le développement social et agricole au Nord Bénin. Elle comporte les chapitres 4, 5, 6 et 7. Le chapitre 4 évoque les politiques et mesures juridico-institutionnelles, régulant l'utilisation des substances psychotropes au Bénin, afin de faire un état des lieux de la situation de régulation au Bénin en général, au Nord Bénin en particulier et chez les agriculteurs spécifiquement. Les chapitres 5 et 6 suivant abordent les déterminants sociaux, les formes d'accès et d'utilisation des substances psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin, afin de renforcer le mécanisme de régulation d'une part, et d'autre part ; faire le lien avec les effets de l'utilisation des psychotropes sur le statut social et les performances agricoles des acteurs. Le chapitre dernier résume enfin le travail, à travers la grande discussion ouverte, la conclusion générale et les suggestions découlant de l'étude.

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Chapitre 1 :
Contexte, problématique,
justification, objectifs et
les hypothèses

Chapitre 4 :
Politiques et mesures
juridico-institutionnelles,
régulant l'utilisation des
substances psychotropes
au Bénin

Chapitre 5 :
Facteurs sociaux, formes
d'accès et d'utilisation des
psychotropes par les
agriculteurs au Nord Bénin

Chapitre 6 : Effets de l'utilisation des psychotropes sur le statut social et les performances

1ère partie :

Cadres introductif,

conceptuel,

théorique,

analytique et

méthodologique

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CHAPITRE 1 : CONTEXTE, PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION,

1-1. Contexte, justification et problématique

Le secteur agricole est d'une importance capitale pour le renforcement de l'économie béninoise car il contribue pour 32,5% en moyenne du PIB, 75% des recettes d'exportation, 15% des recettes de l'Etat et fournit environ 70% des emplois (PSRSA, 2016). Il est considéré comme le secteur dont les nombreuses potentialités doivent être judicieusement exploitées pour soutenir la croissance économique nationale et contribuer ainsi à lutter efficacement contre la pauvreté (Fenyes, 2018).

En effet, on assiste aujourd'hui à une recrudescence des débats sur les rôles, la place et l'importance de l'agriculture pour répondre aux défis alimentaires, économiques et environnementaux du monde (Sourisseau et al., 2012). De l'agriculture familiale de subsistance à l'agriculture marchande (agro-business), le rôle de l'agriculture dans l'économie a fait l'objet de débats intenses dans la littérature (RNDH, 2015). Ces débats renvoient aux structures de production qui seraient les plus à même de répondre à ces défis (Sourisseau et al., 2012). Suivant le cadre d'analyse des formes d'agriculture familiale présentée par Sourisseau et al. (2012) à travers l'approche Sustainable Rural Livelihoods (SRL), on identifie cinq catégories de déterminants, dont l'utilisation et/ou la combinaison assure une production agricole performante. Il s'agit des déterminants physiques, financiers, naturels, humains et sociaux. Le facteur humain renvoie aux caractéristiques de la main-d'oeuvre familiale (âge, capacités productives, santé, éducation), auxquelles nous choisissons d'inclure les salariés permanents. Le facteur social est ici « [...] l'ensemble des ressources [...] liées à la possession d'un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d'interconnaissance et d'inter-reconnaissance [...] » [Bourdieu, 1980, p. 2].

S'agissant des déterminants humains de production, Henri BROUSSON disait : « L'homme n'est pas fait pour travailler. Sa puissance continue n'est que d'un dixième de cheval. Il est inefficace et inutile en tant que source énergie : il vaut moins de 1 cent par heure ». Avec des outils en main un homme met 20 jours pour labourer une acre (1/4 d'hectare). Avec une attelée de 2 chevaux il met à peine une journée avec un tracteur de 25 chevaux le travail est fait en une heure. Or, l'amélioration du rendement du travail est le facteur principal de l'amélioration de la productivité (Brousson, 1953).

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Au Bénin, selon le rapport sur le développement humain (RNDH, 2015), malgré l'effort de mécanisation par les politiques, les techniques de production sont, dans une large mesure, rudimentaires et soumis à diverses contraintes d'ordre structurel. Face à cette situation de vulnérabilité, les agriculteurs pour s'adapter s'adonnent alors, à l'usage des substances dopantes : les psychotropes. Une vulnérabilité s'inscrivant dans la logique des opportunités développée et le degré de maîtrise de chaque individu sur son environnement (Alokpaï et al., 2018).

Ainsi donc, dans la dynamique de s'inscrire dans ces débats contemporains et, conscient que la personne humaine est la pierre angulaire de tout développement durable dans le domaine de l'agriculture (Lafleur and Allard, 2006) ; la présente étude s'illustre à travers la problématique suivante : Comment l'usage des substances psychotropes par les agriculteurs_ déterminants humains de production affecte les performances agricoles au Nord Bénin ?

Cette étude s'inscrit alors dans une dynamique à la fois empirique et méthodologique (théorique) se traduisant par la nécessité de compléter les études sociologiques se rapportant à l'utilisation des « substances de l'esprit » (Cardinal, 1988) au Bénin en indexant le secteur agricole par l'incidence du phénomène sur les performances du secteur.

Aussi, les travaux antérieurs sur les substances psychotropes abordent la question selon bien des aspects : pharmacologiques, médical, sociologique (Gueye and Omais, 1983), (BRISSON, 1988), et biochimiques en lien avec des domaines d'activité tel que : le sport, le milieu professionnel (Lhermitte et al., 2012) en zone urbaine, le genre (Beck et al., 2008), politique et institutionnel (MUSTO, 1992), (World Health Organization, 2010), etc. ; mais quasiment jamais en agriculture au Bénin. Ceux abordant la performance agricole en lien avec les Déterminants humains de production, orientent leurs travaux par rapport à la rareté de main-d'oeuvre et l'immigration (Alokpaï et al., 2018), le genre (Locoh, 2013), l'éducation [(Gurgand, 1993),(YAKETE-WETONNOUBENA and MBETID-BESSANE, 2019)], etc.

C'est donc au regard de l'ensemble de ces déterminants justifiant la problématique étudiée que la présente étude se propose d'analyser l'utilisation des substances psychotropes en agriculture au Nord Bénin. Elle s'attardera par suite à l'analyse des acteurs, du mécanisme de fonctionnement du système concourant à l'usage des psychotropes et les effets sur les performances agricoles.

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1-2. Questions de recherche

La principale question de recherche est : comment l'usage des substances psychotropes par les agriculteurs (déterminants humains de production) affecte les performances agricoles au Nord Bénin ?

- Quelles sont les politiques et mesures juridico-institutionnelles, régulant l'utilisation des substances psychotropes par les acteurs agricoles au Bénin ?

- Quels sont les déterminants sociaux, les formes d'accès et d'utilisation des psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin ?

- Quelles sont les effets de l'utilisation des psychotropes sur le statut social et les performances agricoles des acteurs ?

1-3. Objectifs

L'objectif général de cette étude est de faire une analyse des acteurs, du mécanisme et de l'incidence de l'utilisation des substances psychotropes en agriculture au Nord Bénin. De façon spécifique, il s'agira pour nous :

- Analyser les politiques et mesures juridico-institutionnelles, régulant l'utilisation des substances psychotropes par les acteurs agricoles au Bénin

- Identifier les déterminants sociaux, les formes d'accès et d'utilisation des psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin ;

- Analyser les effets de l'utilisation des psychotropes sur le statut social et les performances agricoles des acteurs.

1-4. Hypothèses

- Le fonctionnement de l'arsenal juridique et institutionnel mis en place pour la régulation des politiques et mesures sur les psychotropes favorise un meilleur contrôle et la prévention de leur usage par les agriculteurs au Nord Bénin ;

- Les formes d'accès et d'utilisation des substances psychotropes par les agriculteurs varient selon le type de producteurs au Nord Bénin ;

- L'utilisation des substances psychotropes a des effets négatifs sur le statut social et les performances agricoles des acteurs au Nord Bénin.

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CHAPITRE 2 : CADRES CONCEPTUEL, THEORIQUE ET
ANALYTIQUE

2-1. Cadre conceptuel

2-1-1. Définitions :

2-1-1-1. Substance psychotrope :

Le terme psychotrope signifie littéralement « qui agit, qui donne une direction » (trope) « à l'esprit ou au comportement » (psycho). Selon Jean Delay en 1957, « On appelle psychotrope, une substance chimique d'origine naturelle ou artificielle, qui a un tropisme psychologique, c'est-à-dire qui est susceptible de modifier l'activité mentale, sans préjuger du type de cette modification ».

Pour SIMMAMY (1995), les substances psychotropes sont des substances capables de modifier le psychisme et le comportement, en agissant directement sur le système nerveux central (SNC) de ceux qui les consomment. En d'autres termes, les drogues (psychotropes) sont des substances qui agissent sur le système nerveux central et sur les sensations, le comportement ou la conscience humaine, et dont l'usage occasionne des désagréments ou des dommages à l'individu ou à la société (Romain, 2003).

Selon « le lexique des termes relatifs à l'alcool et la drogue » de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), au sens large du terme, l'expression ayant le même sens est : "substance psychoactive", et s'entend d'une substance qui, lorsqu'elle est ingérée ou administrée, altère les processus mentaux, comme les fonctions cognitives ou l'affecte. Au sens strict, une substance psychotrope est dans tout agent chimique dont les effets principaux ou significatifs sont sur le système nerveux central. Certains auteurs appliquent le terme aux médicaments dont l'utilisation principale est le traitement des troubles mentaux: sédatif anxiolytique, antidépresseurs, amphitaminiques et neuroleptiques.

D'autres encore utilisent le terme pour faire référence à des substances très dangereuses en raison de leurs effets sur l'humeur, la conscience ou les deux : stimulants, les hallucinogènes, les opioïdes, les sédatifs / hypnotiques (y compris l'alcool, le tabac), etc.

Dans le contexte du contrôle international des drogues, les "substances psychotropes" désignent les substances régies par la Convention sur les substances psychotropes de 1971.

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2-1-1-2. Utilisation de substances psychotropes

Par définition, le mot «utilisation» désigne le fait ou la façon de consommer, d'employer, d'appliquer, de pratiquer ou utiliser une chose. L'utilisation de substance psychotrope consiste ainsi, au fait ou à la façon, de consommer, d'employer, de faire usage des psychotropes ou même d'en faire une pratique.

En effet, une « pratique » est un type de comportement routinisé qui consiste en plusieurs éléments interconnectés entre eux : des formes d'activités corporelles, des formes d'activités mentales, des « choses » et leur usage, des connaissances de base constituées de compréhension, savoir-faire, états émotionnels et motivations (Reckwitz, 2002, p. 249) [(Dubuisson-Quellier and Plessz, 2013)]. Ainsi dans notre contexte d'étude, l'utilisation des psychotropes doit se percevoir selon un type d'utilisation routinisé ou non, intégrant l'agriculture comme principale activité sous sa forme physique et mentale, dont l'usage passe par les connaissances de base des compréhensions, des savoir-faire, des émotions et des motivations culturelles de chaque groupe socioculturel concerné.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), par ailleurs distinguent plusieurs formes d'utilisation des substances psychotropes. Il s'agit de :

- Utilisation dangereuse : Cette dénomination, employée par l'OMS, n'est pas un terme diagnostique. La notion d'utilisation dangereuse se rapporte à des modes d'utilisation qui intéressent le domaine de la santé publique malgré l'absence actuelle de troubles chez le sujet.

- Utilisation nocive pour la santé : Mode de consommation d'une substance psychoactive qui est préjudiciable à la santé. Les complications peuvent être physiques ou psychiques (par exemple épisodes dépressifs secondaires à une forte consommation d'alcool)

- Abus (de drogues, d'alcool, de substances chimiques ou psychoactives) : Mode d'utilisation inadéquat caractérisé par une utilisation continue par un sujet qui a conscience de souffrir d'un problème persistant d'ordre social, professionnel, psychologique ou physique, causé ou exacerbé par une utilisation, qui peut être récurrente, dans des conditions présentant un danger physique.

Selon l'Office des Nation Unies contre la drogue et le Crime (UNODC), la Convention de 1971 a été adoptée pour limiter le détournement et l'abus de certaines substances psychotropes, telles que les stimulants du système nerveux central, les sédatifs-hypnotiques et les hallucinogènes,

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qui avaient entraîné des problèmes de santé publique et des problèmes sociaux dans certains

2-1-2. Bref rappel historique sur les psychotropes

L'histoire de l'usage des psychotropes remonte à la préhistoire comme prouvé par plusieurs archéologues. L'usage traditionnel de ces psychotropes est, selon les cas, occasionnel, ritualisé à l'occasion de certaines cérémonies ou fréquent et faisant largement partie des us et coutumes d'une culture déterminée, en tant qu'aliments ou médicaments (Romain, 2003).

En effet, dès l'origine, pour survivre, l'homme a été confronté aux réalités de la chasse et de la guerre. Il a directement perçu la nécessité d'être fort et, si possible, le plus fort, face à l'animal ou face au rival (Mondenard, 2000). L'histoire du sport recoupe ainsi celle du dopage. Tout au long de la préhistoire, ce sont les plantes - seules préparations naturelles disponibles - qui vont envahir les enceintes sportives. Ainsi, au début de l'histoire humaine, ces psychotropes étaient presque exclusivement issus de végétaux (sauvages puis cultivés), et c'est seulement au XIXe et au XXe siècle qu'en débuteront la semi-synthèse ou la synthèse en chimie organique, etc. (Romain, 2003)

À partir de la fin du XIXe, la permanence du désir d'améliorer les possibilités humaines à n'importe quel prix se pérennise mais plus on avance dans le temps et plus les recettes deviennent sophistiquées. La tentation du dopage plus largement, a alors attiré l'homme vers la stimulation de toutes ses activités physiques et intellectuelles.

La Seconde Guerre mondiale va ainsi livrer à toute la planète sportive, via les "athlètes" du ciel, les amphétamines, des substances synthétiques agissant sur le système nerveux central.

Au cours de la même période, de part et d'autre de l'Atlantique, un mouvement visant à réduire l'internement des malades mentaux et à promouvoir le développement de projets communautaires, véritables alternatives à l'hospitalisation psychiatrique a connu le jour. L'arrivée de nouveaux médicaments psychotropes quelques années plus tard a suscité de grands espoirs pour l'amélioration des soins en pathologie mentale, que ce soit dans ou hors des hôpitaux. Cet enthousiasme a légitimement trouvé sa source dans l'effet réel et rapide de soulagement de certains patients. Progressivement, la psychiatrie s'est orientée dans les décennies suivantes vers un modèle explicatif des pathologies impliquant une anomalie du cerveau, un déséquilibre des neurotransmetteurs, en remontant à contresens le lien entre la pathologie et le traitement médicamenteux. Ce qui donne, par exemple, pour la dépression : «

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si un médicament agit sur la dépression en modifiant le taux de sérotonine alors la dépression est causée par un déficit en sérotonine ». Relation absurde puisqu'elle reviendrait à dire que « si une céphalée est améliorée par l'acide acétylsalicylique alors cette céphalée est causée par un déficit en acides acétylsalicyliques »

Très vite, les faiblesses des hypothèses étiologiques de la psychiatrie biologique qui se révèlent en réalité n'être rien de plus que des arguments commerciaux ou des effets de mode dans les milieux scientifiques ont été mis en cause. Ces faiblesses scientifiques d'ordre étiologique, ajouté aux lourdes et profondes conséquences sociales engendrées ont donné naissance par suite, à des politiques régulations internationales visant à contrôler l'usage des psychotropes dans leur généralité.

De nos jours, l'usage des psychotropes continue sous diverses formes, suivant des mécanismes variés dans le monde, en Afrique et même au Bénin, marquée par une diversité de psychotropes dont une proposition de classification se présente ainsi qu'il suit.

2-1-3. Classification des psychotropes

D'une manière générale, partant des définitions sus-présentées, un psychotrope est une substance chimique qui agit sur le psychisme. C'est donc un terme neutre qui désigne donc à la fois les drogues et les médicaments, voire les plantes aux effets psychoactives.

Suivant la littérature trois (03) propositions de classification des substances psychotropes peuvent être définies :

- Une classification selon les effets ou clinique [(Lewin, 1924), (Delay et Deniker, 1957), (Pelicier et Thuillier, 1991) (Peters, 1991)].

- Une classification selon les dangers socio-théorique générale [(OMS, 1971),

(Pelletier, 1978), (Code de la santé publique français, 1990), (Romain, 2003) etc.

- Une classification juridique selon l'Office des Nations Unies contre la Drogue et

2-1-3-1. Classification clinique

En fonction des effets de chaque psychotrope sur le système nerveux du consommateur, les médecins et les psychologues distinguent cinq (05) catégories de psychotropes à savoir : Les antidépresseurs : ce sont des médicaments qui stimulent l'humeur et visent à développer l'état affectif des personnes dépressives vers le bien-être. La plupart n'entraînent pas d'accoutumance.

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Les hypnotiques ou somnifères : Ils sont prescrits en cas d'insomnie et provoquent et/ou maintiennent un sommeil normal c'est-à-dire avec conservation des cycles de sommeil. Les somnifères les plus prescrits, notamment pour des durées longues, appartiennent à la famille des benzodiazépines. En traitement prolongé, certains d'entre eux sont susceptibles de provoquer une dépendance.

Les anxiolytiques ou tranquillisants : ils sont prescrits pour diminuer l'angoisse et les manifestations de l'anxiété. On y trouve principalement les benzodiazépines. Tout comme les somnifères, ils peuvent induire une dépendance en traitement prolongé.

Les neuroleptiques : ce sont des médicaments utilisés pour traiter les maladies psychiatriques, notamment et principalement dans le cas de psychoses. Ces produits n'entraînent pas de dépendance, mais un certain nombre d'effets indésirables tels que : somnolence, mouvements anormaux et incontrôlés, hypotensions, prise de poids, développement de la poitrine chez l'homme, etc.

Les psychodysleptiques : cette dernière catégorie désigne toutes les substances qui perturbent l'activité mentale et la vigilance, c'est-à-dire les drogues illicites. Ils ne sont bien-sûr pas utilisés comme médicaments et provoquent une dépendance.

2-1-3-2. Classification socio-théorique d'ordre générale

Selon Romain (2003), schématiquement ; les substances psychotropes susceptibles d'entraîner une dépendance peuvent être classées «légalement» de la manière suivante :

- les stupéfiants et les produits assimilés : cette catégorie de psychotropes regroupe les drogues dures, dont la production, la commercialisation, le transport et l'usage est soumis une réglementation stricte et rigoureuse.

- certains médicaments, légalement parlant non stupéfiants, psychotropes ou non. - les drogues ou psychotropes dits sociaux (café, tabac, alcool, etc.)

À cette classification, on pourrait ajouter les plantes aux effets psychotropes (Khat, coca, Iboga, etc.) étudiée par plusieurs auteurs : (Kimpouni et al., 2012), (Evans, 1978), etc., et les solvants organiques de nature industriels utilisés.

2-1-3-3. Classification selon l'ONUDC

Elle propose une classification des stupéfiants, des substances psychotropes et des précurseurs, à travers quatre tableaux à savoirs : «Tableau I», «Tableau II», «Tableau III» et «Tableau IV» désignant les listes de substances psychotropes portant les numéros correspondants, annexées à

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la présente Convention. Le premier est celui des plantes et substances à haut risque dépourvues d'intérêt en médecine ; le deuxième, celui des plantes et substances à haut risque présentant un intérêt en médecine et le troisième, celui des plantes et substances à risque présentant un intérêt en médecine. Le tableau IV concerne celui des substances ayant un potentiel d'abus présentant un risque faible pour la santé publique, mais valeur thérapeutique faible à grande, principalement des hypnotiques, des benzodiazépines et des analgésiques. Le risque est relatif à la santé publique. Le nombre de substances placées sous contrôle continue d'augmenter, actuellement, 144 substances psychotropes sont contrôlées en vertu de la Convention de 1971.

Dans le cadre de notre étude, nous tiendrons compte de la classification socio-théorique d'ordre générale en considérant cinq (05) catégories de substances psychotropes :

2-1-4. Opérationnalisation de quelques variables

Situation matrimoniale Variable qualitative nominale
divorcé, autre à préciser

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Nombre de fois ayant été malade et/ou hospitalisé suite à l'usage de l'un ou de la combinaison des substances psychotropes

2.2. Cadre théorique

2-2-1 Théorie des déviances sociales

Les sociologues ont proposé de nombreuses théories de la déviance. Considérées comme concurrentes plutôt que complémentaires, ces théories ont des rapports étroits avec les différents paradigmes (intégration de E. Durkheim, conflit, compétition et domination de Karl Max) de l'action collective, énoncée dans la sociologie de groupe. La déviance est l'ensemble des conduites et des états que les membres d'un groupe jugent non conformes à leurs attentes, à leurs normes ou à leur valeur et qui, de ce fait, risquent de susciter de leur part réprobation et sanctions. La déviance apparaît d'emblée comme une activité qui déçoit une attente, qui viole une norme sociale ou qui nie une valeur. La notion de déviance présuppose l'existence d'un univers normatif (Tremblay, 2005). Quatre principaux déterminants, motivent la déviance. Il s'agit de :

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- L'intégration sociale qui se manifeste à travers une socialisation déficiente, troubles affectifs et cognitifs recourant à un mécanisme d'adaptation sociale (Perretti-Watel, 2001), voire d'apprentissage ; une organisation sociale systémique marquée par des normes et valeurs parfois contraignantes recourant eux aussi à un mécanisme social de défense [(Cohen, 1955 ;), (Robert and Kellens, 1973)], etc. Les déviances sociales font également l'objet de l'essor du mode de vie individualiste : les solidarités classiques étant moins fortes qu'avant, et chacun voyant autrui comme quelqu'un à utiliser (TENAERTS, 2008). Pour Laurent Mucchieli, les déviances seraient dues aux problèmes de représentation politique (les hommes politiques perdraient toute crédibilité) ou de crise politique (légitimité de l'Etat) pour Jean-François WERNER (Werner, 1993).

- L'obligation de résultat s'inscrit dans une dynamique de tension entre buts visés et moyens disponible (Perretti-Watel, 2001) ; une société de concurrence où le consommateur des psychotropes spécifiquement se prépare à affronter une épreuve et les exigences pesant sur lui et ses performances (Ehrenberg, 1991) à travers le dopage, considéré comme un terme qui vient du monde sportif où il désigne le fait de consommer des substances afin d'améliorer des performances (Mignon, 2002).

- L'opportunité se précisant ici comme l'importance des circonstances ; du contexte qui le rende possible (Perretti-Watel, 2001), (BRISSON, 1988). L'exemple du Suicide anglais évoqué par Cusson (1992) en est une preuve.

- Le marché selon Cusson (2006) à travers la montée des prix (drogues, articles) sur le marché comme cause de certaines déviances sociales comme le vol, les crimes et délits, etc.

Il existe une gradation dans l'univers de la déviance allant du parfaitement volontaire à l'involontaire. En s'inspirant de Merton (1971, pp. 829-831), de Moscovici (1976) et de Montanino et Sagarin (1977), on peut distinguer quatre catégories de déviants allant du plus au moins volontaire : les déviants sous culturels, les transgresseurs, les troubles de comportement et les handicapés (Tremblay, 2005). Les déviances sont par ailleurs socialement perçues comme des problèmes sociaux de nature humanitaire, sentimentale, utilitaire ou formelle (Robert and Kellens, 1973). Ce sont également des facettes du cycle de contrôle social d'ordre personnel (individu), relationnel ou formel (groupe) selon Buckner (1964).

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Les déviances sociales selon une classification de Cusson (1992), comportent sept catégories. Il s'agit : des crimes et délits, du suicide, de l'abus des psychotropes, des transgressions sexuelles, des déviances religieuses, des maladies mentales et des handicaps physiques. La figure 1 ci-dessous donne un aperçu global des théories de la déviance sociale.

Figure 1 : Aperçu global des théories de la déviance sociale Source : BONE ; 2019

S'intéressant spécifiquement aux psychotropes et des mésusages y afférant, on s'aperçoit que les finalités d'usage d'un médicament psychotrope en dehors du champ médical sont multiples et recoupent des contextes et des moments différents dans l'histoire de l'individu. L'inscription sociale de l'usage peut s'appréhender selon un axe polarisé entre affiliation et désaffiliation sociale (Castel, 1994 et 2000) où chaque situation se présente rarement de façon univoque. La figure 2 ci-dessous présente le sens et fonctions des usages de médicaments psychotropes en dehors du champ médical analysés à partir d'études réalisées auprès de populations d'usagers de drogues.

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Fort des différentes théories mobilisées, nous étudierons dans le cadre de ce travail, l'utilisation ou l'abus des psychotropes comme déviance sociale. Il sera alors question de chercher à comprendre comment le processus d'intégration sociale, et l'attente de résultats socio-économiques pourraient affecter l'utilisation des substances psychotropes dans un contexte purement agricole au Nord Bénin et quelles perceptions sociales en résulterait-t-il, selon que cette déviance est un problème social ou utile pour la société, tant individuellement que pour le groupe.

Figure 2 : Sens et fonctions des usages de médicaments psychotropes en dehors du champ médical

2-2-2 Théorie productiviste en agriculture

Le succès de l'analyse des performances agricoles passe par l'analyse des systèmes de production agricole. Selon Reboul (1975), un système de production agricole est un mode de combinaison entre terre, forces et moyens de travail à des fins de production végétale et/ou animale, commun à un ensemble d'exploitations (Cochet and Devienne, 2006).

Au Bénin, l'agriculture de type essentiellement familial est dominatrice et emploie 70 % de la population active soit 2,989 millions de personnes. Elle est caractérisée par la polyculture et souvent associer au petit élevage (volailles, petits ruminants, porcins, etc.). La superficie moyenne des exploitations est estimée à 1,7 hectare dans le sud et 10 ha dans la région Nord (RICMA, 2016). L'agriculture familiale a montré des capacités d'adaptation remarquable ces dernières années : intégration au marché, intensification des systèmes de production, diversification de la production et des activités, adaptation à la baisse des prix agricoles

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(Bélières et al. 2003). Adaptation n'est pas toujours synonyme d'amélioration des performances et des conditions de vie. Beaucoup reste à faire pour rendre l'agriculture plus compétitive et plus moderne à la fois sur les plans techniques, organisationnels et surtout économiques (Gafsi et al., 2007).

En Afrique de l'Ouest, beaucoup de décideurs considèrent l'incapacité des acteurs locaux d'innover ou d'adopter des innovations développées par la Recherche & Développement comme une caractéristique d'une agriculture familiale peu performante du fait de son conservatisme pesant, de l'illettrisme de ses producteurs et de niveaux de ressources et d'investissement trop bas [(Chambers et al. 1994), (Floquet et al. 2015)].

Ainsi, face à la recrudescence des débats sur les rôles, la place et l'importance de l'agriculture pour répondre aux défis alimentaires, économiques et environnementaux du monde (Sourisseau et al., 2012), plusieurs théories productivistes nous renvoient aux structures de production qui seraient les plus à même de répondre à ces défis à travers la caractérisation et la compréhension de la diversité des formes de la production agricole, leurs stratégies et performances.

De façon globale, la production agricole fait appele à plusieurs déterminants encore identifiés ici, comme capitaux de production à savoir : ceux naturels, humains, économiques et financières, etc. Le capital est ici entendu comme l'ensemble des ressources, y compris immatérielles, dont un ménage dispose, pouvant être accumulé et transmis (Bourdieu, 1980).

Suivant un cadre souple et intégrateur d'analyse des formes familiales de la production agricole, l'approche par les groupes domestiques et les capitaux du cadre SRL (Sustainable Rural Livelihoods) ; dérivant des limites des approches disponibles dans les années 1990, centrées sur la production marchande, négligeant la pluriactivité et adoptant des mesures restrictives du bien-être ; identifie cinq catégories de capitaux de production agricole familiale. Il s'agit du capital physique, financier, naturel, humain et social.

Le capital physique comprend les infrastructures et équipements utilisés pour la production de biens ou de services. Le capital financier comprend les actifs monétaires ou physiques mais facilement convertibles, ainsi que l'accès au crédit. Les auteurs définissent le capital naturel comme des stocks (eau, arbres, qualités des sols, foncier, etc.). D'autres auteurs y incluent la dimension humaine de sa mise en valeur et les services fournis par les écosystèmes (Gafsi, 2006a). Le capital humain renvoie aux caractéristiques de la main-d'oeuvre familiale (âge, capacités productives, santé, éducation), auxquelles nous choisissons d'inclure les salariés permanents. Le capital social est ici « [...] l'ensemble des ressources [...] liées à la possession

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d'un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d'interconnaissance et d'inter-reconnaissance [...]» (Bourdieu, 1980). Les différentes combinaisons de Déterminants autorisent la mise en oeuvre de stratégies variées reposant sur le déploiement et l'articulation d'activités agricoles et non agricoles.

En plus de capitaux évoqués Gafsi (2006), évoque les capitaux culturels et commerciaux nécessaires à une agriculture durable dans une exploitation agricole familiale. Il propose par suite une catégorisation des capitaux de production agricole selon ceux classiques entrants dans le processus de production agricole (physique, financier, commercial et humain) et ceux non classique dont le capital naturel et social. Ainsi l'ensemble des Déterminants de production agricole, inspirée du modèle asset-based de Pretty et line (2002). Se présente comme suit :

Figure 3 : Déterminants de production agricole pour une agriculture durable dans une exploitation

Pour ce même auteur, la déclinaison des différents types de capitaux en indicateurs de pratiques agricoles se présente comme suit (Voir tableau 2).

Ainsi donc, de façon générale, les variables de la production et de la performance agricole dans les systèmes de type familial sont : superficie cultivée, diversification de la production et des activités, la productivité du travail (traction animale, main-d'oeuvre salariée, entraide), rendements observés et le bilan économique (lavard and Abakar, 2002), etc. La figure 4 ci-dessous présente le cadre d'analyse de déterminants de production et de la performance agricole selon le modèle SRL (Sustainable Rural Livelihoods).

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Figure 4 : Cadre d'analyse de déterminants de production et de la performance agricole selon le modèle SRL

Dans le cadre notre étude, nous nous attarderons sur l'analyse des déterminants humains de productions (Capital humain) en analysant les performances agricoles des producteurs suivant deux grandes tendances : les performances humaines individuelles et sociales, puis les performances économiques. Les performances humaines et individuelles prendront en compte : la productivité au travail, la santé du producteur, la participation sociale et politique du producteur. Les performances agricoles prendront en compte les variables liées à la production (superficie, diversification des cultures ; la sécurité alimentaire et les revenus des producteurs).

2-2-3 Théorie du capital humain en agriculture

Plusieurs théories en lien avec les déterminants humains de production et la productivité agricole ont été développées. Le capital humain se définit en effet comme l'ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par l'accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire (Canals et al., 2016).

Pour Becker, le capital humain peut être définit comme : le stock de ressources productives incorporées aux individus eux-mêmes, constitué d'éléments aussi divers que le niveau d'éducation, de formation et d'expérience professionnelle, l'état de la santé ou la connaissance

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du système économique (Becker, 1967). Cette traditionnelle définition du capital humain à motivé de nombreuses études sur le capital humain sous plusieurs aspects : éducation, flux migratoire, immigration, rareté de la main d'oeuvre, l'expérience, etc., dans le secteur agricole. Ainsi par exemple, concernant l'éducation ; l'hypothèse fondamentale de cette théorie est que l'éducation représente un investissement qui permet l'accroissement de la productivité de ceux qui en bénéficient. Elle implique aussi une augmentation de leurs rémunérations. La première relation causale stipule que la formation (sous sa forme générale ou spécifique) affecte de manière positive la productivité des individus (Becker, 1964). L'accès à l'éducation et aux connaissances a été retenu dans le calcul de l'IDH du fait de son impact positif dans les domaines économique, social, politique, et démographique (Guerid and Abdallah, 2019).

Dans le secteur agricole, certains auteurs défendent que les ménages les plus éduqués réduisent la part de l'agriculture dans leur activité, sans doute pour se concentrer sur des emplois plus rémunérateurs ou plus prestigieux. Hopcraft et Mook trouvent que l'éducation formelle (la scolarisation) n'a pas d'effet ou a un effet significativement négatif sur l'efficacité technique. Ainsi, comme le montrent les données, l'éducation entraîne-t-elle souvent une diminution de la production agricole totale (Gurgand, 1993). Sans remettre en question son effet sur le développement en général, il convient donc de souligner qu'en Afrique subsaharienne l'éducation ne vaut pas par son effet sur l'agriculture (Gurgand, 1993).

Selon les récents travaux contribuant au ce débat, les résultats montrent que le niveau éducatif de l'agriculteur affecte positivement et significativement sa productivité. En outre, si l'agriculteur éduqué bénéficie d'un encadrement agricole, sa productivité augmente davantage (YAKETE-WETONNOUBENA and MBETID-BESSANE, 2019). En effet, le niveau du capital humain détermine la capacité d'utiliser une technologie ou la capacité d'innovation (Khadimallah and Akrout, 2017).

Lorsque le capital humain devient rare, il agit comme facteur de chute (de la production) en ce sens que la rareté de la main-d'oeuvre agricole a conduit à sa cherté et n'est pratiquement plus accessible aux petits producteurs (Alokpaï et al., 2018).

Quoi qu'il en soit, il est admis comme vérité que : la qualité du capital humain exerce un effet accélérateur de la valeur ajoutée agricole. L'analyse de la contribution des déterminants de production (capital physique, capital humain et travail) à la croissance de l'agriculture a montré que le capital humain y contribue largement à hauteur de 75,8%, plus que le capital physique qui y contribue pour 2,5% et la main-d'oeuvre qui a une part de 3,2% (HODONOU, 2008).

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Toutefois, le capital humain est un facteur qui joue en défaveur du développement de l'agriculture (Teno et al., 2018). D'après la littérature, le capital humain du secteur agricole est généralement plus faible comparativement aux autres secteurs de production, ce qui est encore plus prononcé dans les pays en développement [(Gollin et al., 2014), (Teno et al., 2018)]. Au-delà des, des nombreux résultats approuvés et indispensables au développement agricole en lien avec le capital humain, il faut noter que très peu d'études ont orienté leur recherche sur le capital humain et l'usage des substances psychotropes en agriculture.

Notre contribution théorique permettra donc comprendre comment, la variable « déviance sociale » dont la nature est l'usage de substances psychotropes pourrait en affectant le capital humain, jouer en défaveur ou non, sur les performances agricoles, à la suite des autres grandes variables comme l'éducation, la disponibilité de la main-d'oeuvre, l'expérience etc.

2-3 Cadre analytique

Notre contribution dans le cadre de cette étude est particulièrement empirique avant d'être, entre autres méthodologique. À partir des théories mobilisées sur les déviances sociales, nous étudierons dans le cadre de ce travail, l'utilisation ou l'abus des psychotropes comme déviance sociale tout en ayant pour but d'analyser les effets de la consommation des substances psychotropes par les producteurs au Nord Bénin sur leurs performances agricoles, individuelles et sociales. Nous nous inscrirons ainsi, dans la dynamique de répondre à la problématique suivante : comment l'utilisation des psychotropes par les déterminants humains et sociaux (mains-d'oeuvre) de production peut affecter les activités (agriculture et élevage) et stratégies (type de culture, diversification, intensification) et produire les incidences sur les performances de l'agriculture, de l'individu et la société en matière de (situation de santé, statut/participation sociale, production, revenu, et sécurité alimentaire, etc.). Notre démarche d'analyse se résume ainsi par le schéma synthétique que voici (figure 5).

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Figure 5 : Synthèse de la démarche d'analyse de l'étude Source : BONE, 2019

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CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE GENERALE DE L'ETUDE

3. MATERIELS ET METHODES

3-1. Milieu d'étude

L'étude a été réalisée au Nord Bénin. Il couvre une superficie de 52 098 km² comptant les départements du Borgou et de l'Alibori. Il représente environ 45,39 % du territoire national et prend en compte les pôles de développement agricoles (PDA) 1 et 2 (Vallée du Niger et Alibori Sud-Borgou Nord-2KP). Trois communes ont été effectivement considérées : la commune de Bembérékè, de Banikoara et Malanville.

La commune de Bembérékè est à l'extrême nord du département du Borgou, couvrant une superficie de 3 348 km2, soit environ 12,94 % de la superficie du département et 2,92 % du territoire national. Elle est comprise entre 10° 13' 30? nord et 2° 40' 05? est, et est limitée au Nord par la commune de Gogounou dans le département de l'Alibori, au sud par celle de N'Dali, à l'est par les communes de Kalalé et de Nikki, à l'ouest par celle de Sinendé. La commune de Bembérékè est marquée par la prédominance de culture vivrière et ne partage aucune frontière avec les pays voisins. Elle fait partie du PDA 2 et comporte 5 arrondissements à savoir : Bembérékè, Ina, Gamia, Béroubouy et Bouanri. D'après le RGPH 4, la commune compte au total 131 225 habitants dont 66 270 hommes (51%) et 64 985 femmes (49%).

La commune de Banikoara est située dans le département de l'Alibori, couvrant une superficie de 4 383 km2. Elle est comprise entre 11° 18' 00? nord et 2° 26' 00? est. La commune de Banikoara est frontalière avec le Burkina Faso et est marquée par une prédominance de la culture du coton. Elle fait partie du PDA 2. D'après le RGPH 4, la commune compte au total 246 575 habitants dont 122 445 hommes (49,6%) et 124 130 femmes (50,4%). Banikoara est subdivisée en 10 arrondissements : Banikoara, Founougo, Gomparou, Goumori, Kokey, Kokiborou, Ounet, Sompérékou, Soroko et Toura.

La commune de Malanville est située dans le département de l'Alibori, au nord du pays sur le fleuve Niger, à la frontière avec le Niger et à proximité de celle avec le Nigeria. Elle s'étend sur une superficie de 3 016 km2 et est comprise entre 11° 52' 00? nord et 3° 23' 00? est. Subdivisée en 5 arrondissements à savoir : Malanville, Guéné, Garou, Madékali et Toumboutou la commune fait partie du PDA 1. D'après le RGPH 4, la commune compte au total 168 641 habitants dont 83 681 hommes (49,6%) et 84 960 femmes (50,3%). La figure 6, nous présente la carte de localisation des communes de Malanville, Banikoara et Bembérékè.

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Figure 6: Carte de localisation et de végétation, de la commune de Malanville, Banikoara et Bembérékè.

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3-2. Collecte et analyse de données

- Hypothèse 1 : Le fonctionnement de l'arsenal juridique et institutionnel mis en place pour la régulation des politiques et mesures sur les psychotropes favorise un meilleur contrôle et la prévention de leur usage par les agriculteurs au Nord Bénin.

Au total, 10 structures déconcentrées de l'état à savoir le trois (03) Centres de promotion Sociale (CPS), trois (03) commissariats communaux et trois (03) hôpitaux de zones pour les trois communes et le tribunal de première instance de Parakou ont été considérées pour des entretiens avec les personnels concernés : les chefs CPS et leurs collaborateurs, les médecins-chefs, et les commissaires de police et le premier magistrat du tribunal.

Les entretiens individuels, en groupe et l'observation directe ont été utilisés. Les différents entretiens se sont effectués sur la base d'un guide d'entretien spécifiquement élaboré pour chaque structure.

Pour le compte de ce chapitre, une grande partie du temps a par ailleurs été consacrée aux recherches documentaires sur les sites spécialisés de recherche à savoir : Internet, Google Scholar, pdf.drive, Sci.org et plusieurs sites de recherche sociologique.

Pour l'analyse macrosociologique des acteurs ; selon la nature des variables obtenues, les statistiques descriptives, ont été utilisées. Cette analyse a été renforcée par l'analyse de covariance en vue d'une bonne présentation du cadre institutionnel et opérationnel. Les informations sur le cadre juridique ont été par suite dépouillées et organisées. Le tableur Excel et le logiciel SPSS ont été utilisés pour l'analyse des données.

- Hypothèse 2: Identifier les déterminants sociaux, les formes d'accès et d'utilisation des psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin

Au total, 117 producteurs/trices ont été enquêtés de façon raisonnée en vue de limiter les biais. L'observation directe et les entretiens individuels ont été utilisés. Les différents entretiens se effectués sur la base d'un questionnaire d'enquête.

Une recherche documentaire soutenue a également été réalisée en vue de mieux faire les discussions des résultats obtenus. Les sites spécialisés de recherche à savoir : Internet, Google Scholar, pdf.drive, Sci.org et plusieurs sites de recherche sociologique.

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Pour l'analyse des données, les statistiques descriptives ont été utilisées pour l'analyse des données socioéconomique des acteurs. L'analyse inductive des données relatives aux déterminants sociaux de la consommation des psychotropes a permis, la réalisation des figures et diagrammes. Le cadre d'analyse de Maslow a également été pour l'analyse des données relatives aux déterminants sociaux à cause de sa nature plus pratique et plus détaillée à travers la pyramide des besoins de Maslow. Les données relatives aux doses ont été analysées à l'aide des recommandations de l'OMS et des institutions internationales sur la toxicomanie (SFA, OFDT, etc.).

Le tableur Excel et le logiciel SPSS ont été utilisées pour l'analyse des différentes données et l'interprétation des résultats.

- Hypothèse 3 : Analyser les effets de l'utilisation des psychotropes sur le statut social et les performances agricoles des acteurs

Au total, 117 producteurs/trices ont été enquêtés de façon raisonnée en vue de limiter les biais liés aux fausses informations dans le cadre l'étude. L'observation directe et les entretiens individuels ont été utilisés. Les différents entretiens sont effectués sur la base d'un questionnaire d'enquête. Une recherche documentaire soutenue a également été réalisée en vue de mieux faire les discussions des résultats obtenus. Les sites spécialisés de recherche à savoir : Internet, Google Scholar, PDF. Drive, Sci.org et plusieurs sites de recherche sociologique.

Pour cet objectif spécifique, les statistiques descriptives ont été utilisées pour l'analyse des données socioéconomique des acteurs. Deux principaux tests statistiques ont été utilisés pour renforcer les analyses. Il s'agit du test t de Student de comparaisons des moyennes ayant permis de mesurer le niveau de significativité au seuil de 5% des variables quantitatives et qualitatives et le test de Khi deux ayant permis d'évaluer le niveau de significativité des variables qualitatives.

L'analyse des données relative à l'individu (Statut social, participation sociale) a été effectuée à l'aide des outils psychosociologiques (perceptions) des producteurs conformément aux théories mobilisées à cet effet. L'analyse des données relatives à la santé des producteurs a été effectuée grâce à la matrice des doses recommandées pour les psychotropes et les problèmes de santé afférents définis par l'OMS et les institutions internationales sur la toxicomanie (OFDT, SFA, etc.) et la classification internationale des maladies (DSM-5) : (Voir tableau 4).

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Les données relatives à la société ou le groupe auquel appartient le producteur, ont été analysés à l'aide des outils socio-anthropologiques dont l'analyse du discours et l'analyse inférentielle renforcés par les statistiques descriptives. Pour limiter les biais relatifs à l'analyse du revenu et sa gestion, la comparaison de l'acquisition d'un certain nombre de biens physiques moyens renforçant l'estime du producteur dans sa communauté : nombre de terres (hectare), nombre de têtes de bovins, nombre de matériels ou machine agricole et nombre de moyens de déplacement (moto, vélo, voiture, etc.) ont été utilisées.

Pour l'analyse des données relatives à la performance agricole, les outils d'analyse agronomique intégrant, les superficies emblavées, le taux de diversification alimentaire ont été utilisés. Pour ce qui les itinéraires techniques, les fiches techniques de production du maïs et coton au Nord Bénin valorisées par le projet PADYP ont été utilisés. Le tableau 3 ci-dessous présente quelques recommandations en termes d'itinéraires techniques recommandées pour la culture du maïs et du coton au Nord Bénin.

Tableau 3 : Quelques itinéraires techniques pour la culture du maïs et du coton

Le tableur Excel et le logiciel SPSS ont été utilisés pour l'analyse des différentes données et l'interprétation des résultats.

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Tableau 4 : Seuils de consommation recommandée par les institutions spécialisées.

Toux, essoufflement, vieillissement prématuré de la peau, altération de la qualité du sperme et la fertilité, etc.

Symptômes sus-cités + Cancer du poumon ou d'autres cancers, maladies cardiaques et pulmonaires, problèmes périnataux, etc.

Ulcères gastriques ou duodénaux, cirrhose du foie et/ou pancréatite, cancer de l'oesophage, de l'estomac, cancer des segments du tractus gastro-intestinal, hypertension artérielle de bas grade, etc.

Fébrilité, nervosité, agitation, insomnie, faciès vultueux, augmentation de la diurèse et troubles gastro-intestinaux, etc.

Soubresauts musculaires, pensées et discours décousus, tachycardie ou arythmie cardiaque, périodes d'infatigabilité et agitation psychomotrice.

Symptômes cliniquement significatives, altération du fonctionnement social, professionnel, trouble mental

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Sédation, crise convulsives, vertige, céphalées, somnolence, accident vasculaire et cérébraux, augmentation du rythme cardiaque, hypotension artérielle

Dépression respiratoire (diminution du volume courant et de la fréquence respiratoire avec perturbation de l'hématose) ; diminution considérable de l'espérance de vie.

NB : La plupart des maladies apparaissent à long terme après 5 à 10 ans.

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CHAPITRE 4 : POLITIQUES ET MESURES JURIDICO-
INSTITUTIONNELLES, REGULANT L'UTILISATION DES
SUBSTANCES PSYCHOTROPES AU BENIN

RESUME

Le Bénin est un pays de l'Afrique de l'Ouest, membre de l'ONU et de ses organes en charge de la lutte contre les substances psychotropes. Elle dispose de ce fait, de politiques et mesures afférentes au contrôle des psychotropes. L'objectif de ce chapitre est de faire une analyse de l'arsenal juridico-institutionnel de régulation des substances psychotropes au Bénin. La recherche documentaire soutenue et continue, l'observation directe, les entretiens individuels et en groupe ont été réalisées auprès de dix (10) structures déconcentrées de l'Etat au travers d'un guide d'entretien. Les résultats de nos travaux indiquent qu'au total, cinq (05) lois, une (01) ordonnance et un (01) décret ont été respectivement votés, appliquées et ratifié au Bénin depuis les indépendances jusqu'à nos jours. Aussi, les politiques et mesures de régulations des substances psychotropes sont deux ordres au Bénin : une régulation de contrôle, plus active dans la répression à partir des lois définies par l'État sur le sujet ; et une régulation autonome développée par les communautés locales au regard des désavantages de l'utilisation des psychotropes. Au niveau microsociologique, les acteurs informels sont environ deux fois plus actifs que les acteurs formels. La synergie d'action intra et inter-acteur est relativement faible. Les mesures de régulation sur les psychotropes présentent des limites au vu de l'histoire et des réalités sociales actuelles à travers la faible prise en compte des dispositions rigoureuses afférentes à l'abus des psychotropes sociaux. Car en effet, seules les conséquences après l'abus sont sanctionnées lorsqu'elles portent atteinte à l'intégrité physique des autres (viol, homicide, etc.). Cette situation est renforcée par le manque de projet programme comme au Sénégal, la faiblesse des investissements et technologies locaux pour un meilleur contrôle des psychotropes. Aussi, malgré une légère variation des types d'intervention par commune, on retient que les mesures de prévention sont les plus développées (93%), ensuite la prise en charge (3%) et la répression (4%) au niveau des agriculteurs de façon spécifique, au Nord Bénin. On note ainsi l'absence d'un système de surveillance ou de vigilance à l'instar des pays comme la France et les Etats Unies, nécessaire pour renforcer les politiques et mesures en la matière et intégrer de fait, les problèmes d'abus et de dépendance potentiellement engendrée par l'usage des substances psychotropes.

Mots clés : Politiques, mesures juridiques, institutions, régulation, substances psychotropes

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

3. RESULTATS

L'analyse des politiques et mesures juridico-institutionnelles régulant l'utilisation des substances psychotropes au Bénin suivant une dynamique macro, méso et microsociologique se présente suivant les trois cadres que voici : le cadre juridique, le cadre institutionnel et le cadre opérationnel.

3-1. Cadre juridique de régulation de substances psychotropes

L'analyse suivant le cadre juridique nous présente l'ensemble des lois et décrets sur les psychotropes, selon une organisation chronologique depuis le niveau international en passant par niveau national à celui local.

3-1-1. Conventions internationales sur les psychotropes

Selon l'ONUDC (2014), trois (03) conventions internationales relatives au contrôle des drogues aux ont permis d'assoir le dispositif de régulation des substances psychotropes dont les implications s'observent au niveau mondial. Il s'agit de :

L'ONU a établi plusieurs conventions internationales afin de créer un système international de contrôle pour surveiller la production de stupéfiants et de substances psychotropes, en interdisant tout usage sans autorisation préalable des autorités nationales. Pour l'essentiel, ces conventions mettent en place un dispositif de contrôle permettant d'encadrer la production, l'importation, l'exportation, la détention, l'utilisation de stupéfiants et de psychotropes afin de limiter l'usage exclusivement à des « fins médicales et scientifiques ». Elles posent les bases pour le contrôle de la disponibilité des produits à des fins médicales et scientifiques (tout en empêchant leur diffusion sur le marché illicite), (INSERM, 2012).

3-1-1-1. La convention unique sur les stupéfiants de 1961 telle que modifiée par le Protocole de 1972

La Conférence des Nations Unies pour l'adoption d'une Convention unique sur les stupéfiants, réunie à New York du 24 janvier au 25 mars 1961 conformément à la résolution 689 J (XXVI) du Conseil économique et social, a adopté et ouvert à la signature la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. La Conférence des Nations Unies chargée d'examiner les amendements à

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la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, réuni à Genève du 6 au 24 mars 1972 conformément à la résolution 1577 (L) du Conseil économique et social, a adopté et ouvert à la signature le Protocole portant amendement de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 (ONUDC, 2014).

La Conférence des Nations Unies pour l'adoption d'un protocole sur les substances psychotropes, réunie à Vienne du 11 janvier au 21 février 1971 conformément à la résolution 1474 (XLVIII) du Conseil économique et social, a adopté et ouvert à la signature la Convention sur les substances psychotropes (ONUDC, 2014). Cette convention répond en réalité aux différentes préoccupations des nations unies :

3-1-1-3. Convention des nations unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988

La Conférence des Nations Unies pour l'adoption d'une convention contre le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotropes, réunie à Vienne du 25 novembre au 20 décembre 1988 conformément à la résolution 1988/8 du Conseil économique et social, a adopté et ouvert à la signature la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes (ONUDC, 2014).

Les principales obligations et préoccupations de l'ONU ayant motivé la tenue des différentes conventions internationales sur les psychotropes sont présentée par « l'encadré 1 » ci-dessous.

3-1-2. Profil historique des lois et décrets nationaux sur les psychotropes

Depuis l'indépendance de la République du Bénin au 29 mars 2019, huit cent quatre-vingt et cinq (885) lois ont été votées par la législation béninoise. Les différentes lois, décrets et ordonnances suivants sur les psychotropes suivant le profil historique en république du Bénin, se présentent comme suit (Voir tableau 5).

Ainsi donc dans sa globalité, la République du Bénin a voté cinq (05) lois, appliquée, une (01) ordonnance, et ratifié un (01) décret en rapport avec les psychotropes soit un total de huit (07) grandes mesures.

Les politiques publiques de régulation ne prévoient donc pas une mesure spéciale de régulation propre aux agriculteurs. L'ensemble de ces lois, existe pour protéger et soumettre tous les citoyens résidant en terre béninoise impliquant ainsi de façon totale et entière tous les agriculteurs en république du Bénin.

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Encadré 1 : Obligations et préoccupations de l'ONU motivant les conventions sur les psychotropes

Convention unique sur les stupéfiants de 1961

- Dans le souci de la santé physique et morale de l'humanité,

- Reconnaissant que l'usage médical des stupéfiants demeure indispensable pour soulager la douleur et que les mesures voulues doivent être prises pour assurer que des stupéfiants soient disponibles à cette fin,

- Reconnaissant que la toxicomanie est un fléau pour l'individu et constitue un danger économique et social pour l'humanité,

- Conscient du devoir qui leur incombe de prévenir et de combattre ce fléau,

- Considérant que pour être efficaces les mesures prises contre l'abus des stupéfiants doivent être coordonnées et universelles,

- Estimant qu'une action universelle de cet ordre exige une coopération internationale guidée par les mêmes principes et visant des buts communs,

- Reconnaissant la compétence de l'ONU en matière de contrôle des stupéfiants et désireuses que les organes internationaux intéressés soient groupés dans le cadre de cette organisation,

- Dans le désir de conclure une convention internationale acceptable pour tous, remplaçant la plupart des traités existants relatifs aux stupéfiants, limitant l'usage des stupéfiants aux fins médicales et scientifiques et établissant une coopération internationale constante pour mettre en oeuvre ces principes et atteindre ces buts.

Convention de 1971 sur les substances psychotropes

- Soucieuses de la santé physique et morale de l'humanité,

- Préoccupées par le problème de santé publique et le problème social qui résultent de l'abus de certaines substances psychotropes,

- déterminées à prévenir et à combattre l'abus de ces substances et le trafic illicite auquel il donne lieu, Considérant qu'il est nécessaire de prendre des mesures rigoureuses pour limiter l'usage de ces substances à des fins légitimes,

- Reconnaissant que l'utilisation des substances psychotropes à des fins médicales et scientifiques est indispensable et que la possibilité de se procurer des substances à ces fins ne devrait faire l'objet d'aucune restriction injustifiée,

- Croyant que pour être efficaces les mesures prises contre l'abus de ces substances doivent être coordonnées et universelles,

- Reconnaissant la compétence de l'ONU en matière de contrôle des substances psychotropes et désirant que les organes internationaux intéressés exercent leur activité dans le cadre de cette organisation,

- Convaincues qu'une convention internationale est nécessaire pour réaliser ces fins ; desquelles sont convenues l'ensemble des dispositions juridiques dont traite ce protocole.

Convention sur le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988

- Désireuses d'éliminer les causes profondes du problème de l'abus des stupéfiants et des substances psychotropes, notamment la demande illicite de ces stupéfiants et substances et les gains énormes tirés du trafic illicite,

- Considérant qu'il est nécessaire de prendre des mesures pour contrôler certaines substances, y compris les précurseurs, les produits chimiques et les solvants, qui sont utilisés dans la fabrication de stupéfiants et de substances psychotropes et dont la disponibilité a entraîné un accroissement de la fabrication clandestine de ces stupéfiants et substances,

- Reconnaissant la compétence de l'ONU en matière de contrôle des stupéfiants et des substances psychotropes et souhaitant que les organismes internationaux compétents en la matière exercent leur activité dans le cadre de cette Organisation,

- Reconnaissant la nécessité de renforcer et de compléter les mesures prévues dans la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, dans cette Convention telle que modifiée par le Protocole de 1972 portant amendement de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 et dans la Convention de 1971 sur les substances psychotropes, afin de réduire l'ampleur et l'étendue du trafic illicite et d'en atténuer les graves conséquences,

- Reconnaissant aussi qu'il importe de renforcer et d'accroître les moyens juridiques efficaces de coopération internationale en matière pénale pour mettre fin aux activités criminelles internationales que représente le trafic illicite,

- Désirant conclure une convention internationale globale, efficace et opérationnelle visant spécifiquement à lutter contre le trafic illicite, dans laquelle il soit tenu compte des divers aspects de l'ensemble du problème, en particulier de ceux qui ne sont pas traités dans les instruments internationaux existant dans le domaine des stupéfiants et des substances psychotropes

- Etc.

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Tableau 5 : Chronologies des politiques adoptées sur les psychotropes et contexte au Bénin

Lois, ordonnance, décret.	*Année*	*Ecart (an)*	Contexte historique / Objectifs
*L'ordonnance N°75-7 du 27 Janvier 1975, portant régime des médicaments au Dahomey;*	1975	2	- Ère de la Révolution populaire du Bénin, - Nécessité d'étendre la couverture pharmaceutique du pays à travers la distribution formelle des médicaments en milieu rural, - installation des dépôts pharmaceutiques tenus par des personnes ne disposant pas de diplôme de pharmacien et soumis à une législation contraignante (Ministère de la Santé, 2007); - Les centres de santé à budget autonome (CNHU, Hôpitaux des forces armées, etc.), ONG et structures privées confessionnelles ou associatives peuvent importer directement les médicaments sans passer par les sociétés grossistes certifiés par l'État (Carine, 2014).
*La loi n° 87-009 du 21 septembre 1987 relative à la répression des infractions en matière d'usage, de commerce, de détention et* d'emploi de substances vénéneuses ; par l'assemblée nationale révolutionnaire délibéré et adopté en sa séance du 21 août 1987	1987	12	- Chute des régimes communistes, - Crise économique, - Prélèvements supplémentaires de 10 % sur les salaires, - Privatisation, liquidation des entreprises publiques, - Gel des embauches et mises à la retraite d'office, - Violations des droits de l'homme, - Agriculture est désorganisée - Chômage, famine, etc.
*Loi portant autorisation* *d'adhésion à la Convention des Nations Unies contre le trafic* illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988 adopté le 23 mai 1997 :	1988	1	- Ratification de la convention des nations Unies contre le trafic illicite et les psychotropes
*Loi 90-005 du 15 mai 1990 fixant les conditions d'exercice des activités de commerce en République du Bénin*	1990	2	- Ere du renouveau démocratique, - libéralisation économique, - Essor du secteur privé, - Nécessité de régulation des secteurs économiquement vitaux, - l'importation des produits de nature dangereuse pour la santé humaine et la sécurité de l'Etat, est interdite et distinguant par suite les biens hors commerce et les bien commercialisable dont les psychotropes. - Article 32 : le commerce de ses produits doit être subordonné à l'obtention d'une autorisation spéciale.
*Décret n° 91-13 du 24 janvier 1991 portant réglementation de l'importation des produits de nature dangereuse pour la santé humaine et la sécurité de l'Etat ;*	1991	1	Application de la loi, 90-005 du 15 mai 1990 fixant les conditions d'exercice des activités de commerce en République du Bénin
*Loi n°97-025 du 17-18 juillet 1997 sur le contrôle des drogues et des précurseurs ;*	1997	6	- Cette loi procède à la classification des stupéfiants, des substances psychotropes et des précurseurs, - Le premier est celui des plantes et substances à haut risque dépourvues d'intérêt en médecine ; le deuxième, celui des plantes et substances à haut risque présentant un intérêt en médecine et le troisième, celui des plantes et substances à risque présentant un intérêt en médecine. Le risque est relatif à la santé publique. - Les substances et préparations du tableau 1 sont interdites à la production, à la fabrication, au commerce et à la distribution de gros et de détail de même qu'au transport, à la détention, à l'offre, à la cession à titre onéreux ou gratuit, à

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Par ailleurs le classement des psychotropes tel que convenu dans les protocoles internationaux et ratifiés par les États-membres dont le Bénin ne prennent pas rigoureusement en compte les psychotropes sociaux tels que le tabac, la cigarette, l'alcool, le café, et la plupart des médicaments utilisés par les producteurs au Nord Bénin. La consommation de ces dernières ne relève donc pas d'un délit tel que précisé par le Code pénal en république du Bénin. La loi punit toutefois, les conséquences de l'abus de l'un ou l'autre de ses psychotropes sur l'intégrité physique et morale d'un autre individu (viol, homicide, vol, etc.).

L'analyse du cadre juridique national et du contexte historique sur les psychotropes montre que l'ensemble de ces mesures réponde à un certain nombre de réalités sociales dynamiques suivant l'histoire du pays. Les efforts sont donc encourageants en termes de politiques de régulations et doivent être renforcés en vue de s'étendre à toutes les substances psychotropes existant sur l'étendue du territoire nationale.

3-1-3. Mesures locales sur les psychotropes

Il existait dans certaines cultures notamment chez les baatonnu, des normes sociales en rapport avec les psychotropes. Bien que ces normes tendent à disparaitre de nos jours, elles tiraient leur efficacité du strict respect de l'ainé et ne concernaient essentiellement que le tabac et l'alcool, principales substances psychotropes socialement connues et utilisées. Ainsi donc, aucun homme ni aucune femme ne pouvait se permettre de chiquer du tabac et consommer de l'alcool en dehors des jours de fête et de réjouissance, tant que son père était encore en vie. Tout égard à ces normes était considéré comme une déviance rigoureusement sanctionnée par les sages du village, soit à travers des pratiques mystiques, soit par l'opprobre attiré par la victime sur son statut social et celui de sa famille.

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Les autres substances psychotropes comme le café, le tramol, les solvants organiques, les boissons alcoolisées importées (Pastis, Gins, Igboya, Menthol dry Gin, Whysky, etc.), ont progressivement rattrapé l'histoire des producteurs à travers leur disponibilité abondante sur les marchés. Les mesures de contrôle local concernent essentiellement, la sensibilisation sociale effectuée par les chefs villages, les élus locaux, les leaders communautaires et religieux en vue de prévenir l'utilisation des substances psychotropes chez les agriculteurs au Nord du Bénin

3-2. Cadre institutionnel de régulation de substances psychotropes

L'analyse sociologique du cadre institutionnel de régulation des substances psychotropes en république du Bénin, nous présente les différentes institutions à différents niveaux (Acteurs, macro, méso et micro) suivant leur rôle, leur ordre d'importance et les relations qui les lient.

3-2-1. Institution impliquées dans la régulation des psychotropes et rôles

Plusieurs institutions sont impliquées dans la régulation des substances psychotropes. De par la nature de leurs interventions, on distingue aussi bien des institutions au niveau international, au niveau national et au niveau local. Le tableau 6 ci-dessous présente les différents acteurs selon, le type et le degré d'intervention, dans une dynamique macro, méso et microsociologique.

Tableau 6: Acteurs et rôles impliqués dans la régulation des substances psychotropes

*Institutions Acteurs* *macro*		*Acteurs méso*	*Acteurs micro*	Rôles / Degré d'intervention
Internationales	ONU	x	x	Sensibilisation***
	ONUDC	x	x	Répression***
	OMS	x	x	Prise en charge***
	Institutions internationales de Recherche (INSERM)	x	x	Sensibilisation* Prise en charge* Répression ***
Nationales	Etat béninois	x	x	Sensibilisation* Prise en charge* Répression ***
	MS	Hôpitaux de zones et CSC	Dispensaires et Cliniques de soins privées, Relais communautaire	Sensibilisation* Prise en charge***
	MASM	CPS	Agents, Relais communautaire	Sensibilisation*** Prise en charge*
	MISP	Police républicaine	Commissariat de polices / OCERTID/ SP-CILAS / OPJ	Sensibilisation Répression *
	MJL	Tribunaux	Bureau du procureur de la République	Répression ***

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3-2-2. Relations entre les institutions

Il existe des relations de différentes natures et à divers niveaux entre les institutions régulant l'usage des psychotropes au Bénin. Les différentes relations permettent de mieux comprendre le mécanisme selon lequel est coordonné le système de régulation des substances psychotropes avec ses implications directes sur la situation sociale en matière d'usage des psychotropes.

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Tableau 7: Mécanisme de régulation de l'usage des psychotropes en république du Bénin

La figure 7 ci-dessus présente le mécanisme de régulation par les différentes institutions concernées.

Ainsi d'après la figure 8, le mécanisme de régulation de l'utilisation des substances psychotropes s'effectue en trois grandes étapes : au niveau international à travers les grandes institutions comme l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sous tutelle de l'Organisation des Nations Unies (ONU). L'OMS est responsable de l'évaluation des substances relevant des Conventions de 1961 et 1971, en collaboration permanente avec les institutions scientifiques.

Ces différents organismes mobilisent les états en vue de fédérer et coordonner leurs efforts dans la lutte contre le trafic de drogue et de substances psychotropes au travers des accords signés à la suite des trois grandes conventions internationales.

L'Etat Bénin est un État-membre de chacune de ces organisations. Elle participe de ce fait à la régulation de l'usage des psychotropes à travers ses propres institutions légalement actives.

Le Secrétariat Permanent du Comité Interministériel du Lutte contre l'Abus des Stupéfiants et des substances psychotropes (SP-CILAS) fédère tous les ministères et leurs institutions sous tutelle. Les ministères les plus actifs sont : le Ministère de la Santé (MS), le Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité Publique (MISP) et le Ministère de la Justice et de la Législation (MJL).

Les hôpitaux de zones sous l'autorité du Ministère de la Santé coordonnent la prise en charge directe et indirecte des affections et troubles liées à l'usage des psychotropes par les centres de santé communaux, les dispensaires et les cliniques privées au niveau des populations en général.

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Ainsi, le Secrétariat Permanent du Comité Interministériel de Lutte contre l'Abus des y compris les agriculteurs. En plus de la prise en charge, ces acteurs participent à la sensibilisation des agriculteurs dépistés positifs.

Le Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité Publique à travers la Police Républicaine, les commissariats, et les organes spécialisés comme l'office central de répression du trafic illicite des drogues et des précurseurs (OCERTID), les Officiers de Police Judiciaire (OPJ) agissent de façon pratique dans la lutte contre les psychotropes dans les villes, villages et hameaux en matière de répression au travers des patrouilles périodiques. Ces institutions collaborent étroitement avec les élus locaux (Conseillers, Chefs d'arrondissements) et les postes de contrôle douaniers sous tutelle de la Direction Générales des Douanes et des Droits Indirects (DGDDI) et du Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) pour le contrôle au niveau des frontières. Ces institutions organisent par ailleurs des activités comme des journées de réflexion et de communication en guise prévention par des sensibilisations contre les psychotropes.

Le Ministère de la Justice et de la Législation (MJL) à travers les tribunaux et leur arsenal organisationnel agissent activement dans la répression contre l'usage des psychotropes telle que définis par la loi. Ainsi le procureur de la République, en collaboration avec les officiers de police judiciaire (OPJ) sous son pouvoir, intervient dans la saisie des substances, leurs destructions, et la répression. Les magistrats ont le pouvoir de condamner les personnes prises en fragrant délit.

Il existe une forte synergie d'action des différents acteurs formels qui, à la limite de leurs prérogatives telles que statuées par les textes participent activement à l'application des mesures de contrôle et de régulation sur les psychotropes. La synergie d'action entre les acteurs informels totalement faibles.

La Mairie à travers ses élus locaux à la base et les organisations de la société civile dont les ONGs (ONG Alafia dans la commune de Malanville), les institutions religieuses (les églises et mosquées dans les communes de Bembérékè et Banikoara), les Radio Communautaires (FM Nonsina de Bembérékè, FM Kandi, Canal 3 Niger, FM Gaya, FM Banigansé de Banikoara, ORTB Parakou et Radio Parakou, etc.) sont les plus actives à la base en matière de sensibilisation des populations contre l'usage des substances psychotropes.

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Ainsi, les chefs villages et conseillers agissent à travers les conseils et les mis en garde vis-à-vis des usagers en communauté. Les mosquées et églises à travers leurs leaders interviennent à travers les prêches.

« Le tabac est interdit en islam parce-que : A la mort, un corps est censé être propre avec le lavage. Mais Le corps du consommateur de tabac dégouline de tabac et rend le corps salle. »

Musulman, Jeune producteur de Coton dans
la commune de Banikoara, Village de
Gbéniki le 24/10/2019.

Les radios communautaires interviennent à travers des campagnes médiatiques de sensibilisation à la faveur des communautés.

Deux types d'acteurs identifiés dans la régulation des psychotropes dans la zone d'étude : les acteurs formels ou publics composés de l'état et l'ensemble de ses structures sous tutelle et les acteurs informels ou privées composées des organisations de la société civile (ONG, institutions religieuses, radios communautaires) et la mairie en qualité de structure décentralisée de l'état (Elus locaux, chefs villages, conseillers du chef village, etc.).

3-3. Cadre opérationnel de régulation de substances psychotropes

3-3-1. Acteurs et types d'interventions

Sur le plan opérationnel, il n'existe encore à ce jour au Bénin, une politique nationale, ni un plan stratégique de régulation des psychotropes à l'instar des pays comme le Sénégal, le Nigéria etc. Cependant, il a été annoncé l'élaboration d'un plan national intégré de lutte contre la drogue et le crime au Bénin en Mars 2019 (Xinhuanews, 2019).

Les différentes interventions au niveau macro et méso sociologique émanent de l'application des grandes dispositions prévues par la loi sur les psychotropes au Bénin à travers le SP-CILAS, l'OCERTID, les tribunaux, les officiers de police judiciaire etc., en faveur de la prévention et la répression de l'usage des psychotropes.

Au niveau microsociologique, ce sont les acteurs informels à savoir les ONGs, les Clubs comme le Lions Club (commune de Bembérékè), les mairies, les leaders religieux, etc., qui agissent le plus dans la régulation sur les psychotropes. Le tableau 8, ci-dessous nous présente le pourcentage de personnes touchées par acteurs.

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Les principales interventions identifiées sur le terrain se résument comme suit : campagne médiatique de sensibilisation, sensibilisation pour un changement social de comportement (SCSC), prêches religieux, incarcération et détention en prison, développement des activités ludiques (Sport, musique, théâtres), dépistage et prise en charge.

De façon générale, les sensibilisations, les campagnes médiatiques, et les prêches religieux sont les interventions majoritaires. Les activités de dépistage et de prise en charge, d'incarcération et détention en prison et développement des activités ludiques (Sport, musique, théâtre) sont très faiblement mises en oeuvre dans la lutte contre les psychotropes. Le tableau 9 ci-dessous nous présente le taux de producteurs touchés par les types d'intervention.

Il faut noter que ses interventions ne sont pas coordonnées sous forme de programmes de projets ou de plan.

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Figure 7 : Acteurs locaux et type d'intervention dans la commune de Bembérékè

Figure 8 : Acteurs locaux et type d'intervention dans la commune de Banikoara

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Figure 9 : Acteurs locaux et type d'intervention dans la commune de Banikoara Source : BONE, 2019

D'après la figure 7 et 8, la radio communautaire FM Nonsina, les hôpitaux, et les leaders religieux sont les acteurs les plus actifs à travers des sensibilisations sociales, les campagnes médiatiques et les prêches religieux.

À l'instar de la commune de Bembérékè, la figure 9 montre que les acteurs les plus actifs sont les radios communautaires (FM Banigansé, FM Kandi) et les hôpitaux agissant à travers les sensibilisations sociales, les campagnes médiatiques, et la prise en charge des cas d'intoxication due à l'une ou l'autre des psychotropes. Il faut noter que dans la commune de Bembérékè et Banikoara, les mesures de répression conduites par les forces de sécurité sont relativement faibles malgré l'importance de l'utilisation des psychotropes conduisant à des prises en charge dans les centres de santé. Les mesures de prévention et de prise en charge sont donc les plus développées en termes de régulations dans ces deux communes.

D'après la figure 9, la radio communautaire, mais aussi le commissariat de police en premier et la marie sont les acteurs les plus actifs dans la régulation des psychotropes dans la commune de Kandi. Les interventions prioritaires sont les sensibilisations sociales suivies des campagnes médiatiques et, l'incarcération et la détention en prison. Le dépistage et la prise en charge dans les hôpitaux se trouvent relativement faibles par rapport aux autres communes. On peut ainsi dire que les mesures de prévention et de répressions sont les plus développées dans la commune de Malanville.

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3-3-2. Investissements et technologies

De façon opérationnelle, il n'existe pas de données précises sur le pourcentage du budget alloué à la régulation des substances psychotropes au Bénin en terme financier comme matériel. On peut supposer que ce budget est pris en compte dans le budget de fonctionnement des institutions formelles concernées. Cette insuffisance de moyens traduit la faiblesse de certaines interventions au niveau communautaire dont le dépistage et la prise en charge à travers l'inexistence quasi totale de centre psychiatrique et d'un plateau technique spécialisé pour la prise en charge des toxicomanes dans les communes de Bembérékè, de Banikoara et de Malanville au profit du Ministère de la Santé. Ce constat est valable pour les institutions de recherche et les Centres de Promotions Sociale souvent proche des agriculteurs et témoins du mésusage davantage croissant des substances psychotropes. De fait il n'existe pas au pas au Bénin, un centre de recherche spécialisé sur l'alcoologie, la tabacologie, etc., comme l'on peut le constater dans les pays comme la France, et les USA.

Des efforts de partenariats bilatéraux, sont néanmoins fournis par l'Etat béninois, pour un investissement plus croissant dans la régulation des psychotropes. On peut entre autres souligner :

? le projet "d'Appui au Plan d'action régional de la CEDEAO en matière de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, la criminalité organisée qui y est liée, et l'abus de drogues en Afrique de l'Ouest", financé par l'Union Européenne à hauteur de travers 11.7 M EUR à travers la dotation d'Unités de Formation Mobiles" au Bénin

? la dotation de kits de détection de drogue, des véhicules de marque Toyota Land Cruiser,

des détecteurs portables de drogue par l'ambassade Américaine près le Bénin.

4- DISCUSSION

4-1. Dispositions juridiques et implications le secteur agricole de 1972 à nos jours

De 1972 - 1990 la politique agricole a pour orientation le marxisme-léninisme à travers l'État la prise en charge par l'État des secteurs vitaux de l'économie dont le secteur agricole. Les objectifs du « gouvernement militaire révolutionnaire » étaient (i) l'autosuffisance alimentaire et l'équilibre nutritionnel des populations ; (ii) la fourniture de matières premières nécessaires aux industries de transformation existantes et à promouvoir ; (iii) le dégagement des surplus exportables ; et (iv) l'amélioration rapide du niveau de vie des populations rurales. Désormais, les efforts vont se concentrer sur les vivriers ; ainsi, la culture de coton qui servait à

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approvisionner les industries françaises connaîtra un grand déclin (Adjovi-Ahoyo et al., 2013). Le milieu rural étant à présent la priorité de l'état, l'initiative d'étendre la distribution formelle des médicaments à cette zone a eu lieu dès 1975 à travers l'ordonnance N°75-7 du 27 Janvier 1975, portant régime des médicaments au Dahomey, dont les dépôts pharmaceutiques sont tenus par des acteurs privés ne disposant pas de diplôme de pharmaciens (Carine, 2014). Ce qui justifie essentiellement la présence des dépôts pharmaceutiques par des acteurs privés dans quasiment tous les villages ruraux au Bénin et Nord Bénin. Cette loi aurait ainsi contribué à un changement majeur en termes de libéralisation de la distribution du médicament. Cette libéralisation a ainsi permis l'émergence d'acteur agricole plus responsable de sa santé d'une part, et d'autre part la génération d'une vulnérabilité sociale et sanitaire des agriculteurs ruraux face aux stratégies commerciales. Bien que l'objectif au départ était d'étendre la couverture sanitaire en milieu rural du fait que la personne humaine est la pierre angulaire de tout développement durable dans le domaine de l'agriculture (Lafleur and Allard, 2006) ; les limites d'application de cette ordonnance justifient en premier lieu jusqu'à ce jour l'automédication massive des producteurs.

La figure 10 ci-dessous résume l'impact de ces lois sur le secteur agricole au Bénin.

Transformations soutenues par l'appui et l'évolution des politiques et reformes agricoles

- Promotion des PI, des clusters et CVA; - Agriculture fortement axée sur les résultats que sur les ressources humaines

Figure 10 : Changements induits par les mesures juridiques sur le secteur agricole au Bénin Source : BONE, 2019

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Pour ce qui concerne les deux autres principales lois : celle n° 87-009 du 21 septembre 1987 relative à la répression des infractions en matière d'usage, de commerce, de détention et d'emploi de substances vénéneuses ; et celle n°97-025 du 17-18 juillet 1997 sur le contrôle des drogues et des précurseurs ; elles ont contribué avec l'appui de l'ensemble des politiques et reformes du secteur agricole, à limiter les effets des psychotropes sur les consommateurs, à inhiber les sources de conflits sociaux dans un contexte social très difficile, réduire le flux migratoire vers les centres urbains et par suite à promouvoir la production agricole orientée vers le marché, l'intensification (extension des superficies emblavées) et la diversification agricole (diversification culturale et diversification des systèmes de productions : système familial et entreprise agricoles).

4-2. Dispositions institutionnelles et implications le secteur agricole

Les résultats de cette analyse montrent qu'il existe deux catégories d'acteurs agissant dans la régulation des substances psychotropes au Bénin. Il s'agit des acteurs formels ou publics, exerçant un contrôle plus strict sur la base des lois, ordonnances et décrets définis par les institutions de l'État et des acteurs informels ou privés, plus autonome agissant à travers actions plus souples et négociateurs pour la prise de conscience et le changement social de comportement des usagers. Ainsi donc deux types de régulations sont exercés suivants chaque acteur : une régulation de contrôles basée sur des règles légitimes et un contrôle autonome basé sur des efforts de dialogue, de communication et de négociation. Cela correspond la théorie de la régulation sociale de De Tersac (2012), pour qui la régulation du contrôle social passe par un mode de coordination d'une régulation de contrôle et une régulation autonome (De Terssac, 2012).

Il existe par ailleurs plus d'acteurs formels que d'acteurs informels dans la régulation des psychotropes. Cette inégalité en nombre d'acteurs de régulation à la faveur de l'Etat, permet de faire ressortir une des fonctions essentielles de l'État en tant qu'instance préposée au maintien de la cohésion sociale, l'État apparaissant comme un principe d'ordre, dont l'intervention permet de faire tenir ensemble les divers éléments constitutifs de la société, en leur imposant la discipline d'un projet collectif (Chevallier, 2004). Dans le contexte de notre étude, cette fonction de l'État tiendrait ainsi tout son sens dans l'efficacité de ses interventions.

L'analyse macrosociologique nous indique que 61% des acteurs informels et 39% des acteurs formels sont les plus actifs. Les actions de prévention à travers les sensibilisations sociales, les campagnes médiatiques, les activités ludiques etc., sont développées à 93% au détriment de la

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prise en charge (3%) et la répression (4%). La synergie d'action entre les acteurs formels est bien plus importante que chez les acteurs informels. La synergie d'action entre acteurs formels et informels est très faible pour ce qui concerne les interventions sur la régulation des produits psychotropes. Les institutions agricoles aussi bien formelles (des CARDER au DDAEP et ATDA, en passant par les institutions sous tutelle), qu'informelles (OPA, GV, etc.) n'interviennent pas du tout dans la régulation des produits psychotropes. Cette discordance en termes d'interventions et de synergies d'actions pour ce qui concerne essentiellement les psychotropes sociaux, dénote d'une faible considération pour le facteur humain de production agricole, alors même que Lafleur and Allard (2006) affirme que la personne humaine est la pierre angulaire de tout développement durable dans le domaine de l'agriculture.

Les mesures de régulation des substances psychotropes chez les agriculteurs au Nord Bénin sont donc véritablement souples pour ce qui est des psychotropes sociaux (café, thé, tabac, etc.). Malgré l'existence d'un nombre important d'acteurs, l'efficacité et l'efficience de leurs interventions sont limitées par la faiblesse des synergies d'actions intra et inter-acteurs publics/privés et par l'absence d'un système de surveillance ou de vigilance permanent comme observée dans les pays comme la France et les Etats Unies.

Cette situation est davantage renforcée par l'absence des projets programmes, et l'insuffisance d'investissements et technologies en matière de régulation des psychotropes au profit des populations en général et des agriculteurs en particulier. Autant d'éléments traduisant le délaissement du secteur et plus encore de l'agriculteur, facteur humain de production sans qui ; on ne peut aspirer à une agriculture durable.

5- CONCLUSION PARTIELLE

Les mesures de régulations des substances psychotropes sont deux ordres au Bénin : une régulation de contrôle, plus active dans la répression à partir des lois définies par l'État sur le sujet, et une régulation autonome développée par les communautés locales au regard des désavantages de l'utilisation des psychotropes. Il n'existe pas réellement de politique sur les psychotropes au Bénin.

Les résultats de nos travaux indiquent qu'au niveau microsociologique, les acteurs informels sont environ deux fois plus actifs que les acteurs formels. Cette situation est renforcée par la faiblisse des investissements et technologies locaux pour un meilleur contrôle des psychotropes. Malgré une légère variation des types d'intervention par commune, on retient que les mesures

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préventives sont les plus développées (93%), ensuite la répression (4%) et la prise en charge (3%) au niveau des agriculteurs de façon spécifique

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CHAPITRE 4 : DETERMINANTS SOCIAUX, FORMES D'ACCES ET
D'UTILISATION DES PSYCHOTROPES PAR LES AGRICULTEURS
AU NORD BENIN

RESUME

La consommation de substances psychotropes est une réalité au Nord Bénin. Les déterminants sociaux, les forces d'accès et d'utilisations sont multiples et variés chez les agriculteurs.

L'objectif de ce travail est d'identifier les déterminants sociaux, les formes d'accès et d'utilisation des psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin, en vue d'une meilleure appréhension du mécanisme à la faveur d'une régulation plus adaptée. Les travaux ont été conduits dans les communes de Malanville, Banikoara et Bembérékè. Au total, 117 producteurs (hommes et femmes) ont été enquêtés de façon raisonnée en vue de limiter les biais. L'observation directe et les entretiens individuels ont été utilisés. Les différents entretiens se sont effectués sur la base d'un questionnaire d'enquête.

Les résultats de nos travaux montrent que les formes et modes d'utilisation traduisent une régulation souple en rapport avec les types de psychotropes principalement utilisés ainsi qu'une indifférence sociale. De fait, l'automédication, le mésusage, la dépendance aux psychotropes est observée chez 20% de producteurs qui en consomment et environ 15% de la population générale. Ces formes d'utilisations sont motivées par la satisfaction des besoins primaires et d'estime tels que proposé par Maslow (1954).

Mots clés : Déterminants sociaux, formes d'accès, formes d'utilisation, substance psychotrope, agriculteurs, Nord Bénin

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3. RESULTATS

3-1. Types de substances psychotropes et variables affectant leurs consommations

3-1-1. Types de substances psychotropes

L'usage des substances psychotropes chez les agriculteurs dans le Nord Bénin est une réalité assez frappante. En effet, l'analyse des données obtenues révèle que 71,79 % des producteurs enquêtés consomment les substances psychotropes contre 28,21% dont 18,18% de femmes. Avec une tendance élevée à consommer plus de substances psychotropes dans la commune de Malanville et Bembérékè que dans la commune de Banikoara (figure 11), cinq types de substances psychotropes d'utilisation fréquente ont été identifiés. Il s'agit de substances psychotropes dites sociales (Alcools, tabacs, cafés, le thé et leurs dérivés principaux), et les médicaments psychotropes dont le tramol.


62

38
	24		28
		22

Figure 11 : Situation de consommation des psychotropes Source : BONE, 2019

Le tableau 10 ci-dessous présente les types de substances psychotropes et leurs dérivées. Tableau 10 : Types de substances psychotropes et dérivées au Nord Bénin

Alcool Alcool importé Obama, Dragine whisky, Igboya, Pastis, Gins, Igboya, Menthol

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Photo 1:Types d'alcools consommés Photo 2: Production d'alcool local dans la

Photo 3. Quelques médicaments psychotropes consommés par les producteurs au Nord Bénin

Photo 5 : Consommation de tabac par un producteur, Banikoara, le 02/11/19

Photo 4. Exposition de café dans une boutique, Bembérékè, le 02/01/20

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3-1-2. Profil d'utilisateur des substances psychotropes au Nord Bénin

Plusieurs variables sociodémographiques, influencent l'utilisation des substances psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin.

Chez les agriculteurs au Nord Bénin, la consommation de substances psychotropes varie avec l'âge et le sexe (Voir figure 12 et 13). La moyenne d'âge est de 40 ans chez les agriculteurs enquêtés. Le plus jeune producteur à 19 ans et le producteur le plus âgé à 60 ans.

Figure 12 : Evolution de la consommation des psychotropes avec l'âge Source : BONE, 2019

La figure 12 indique ainsi que la consommation des substances diminue très faiblement avec l'âge des producteurs. Il existe tout de même quelques pics de forte consommation évoluant entre 30 et 35 ans.

Lorsqu'on se propose de faire une catégorisation des producteurs selon l'âge à savoir : jeune producteur (19 à 25 ans), producteur adulte (26 à 50 ans), producteur âgé (51 ans et plus) ; le

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rapport entre les types de producteur et la consommation des psychotropes confirme clairement que plus le producteur évolue en âge, alors sa consommation diminue.

Jeune Producteur Producteur adulte Producteur agé Catégorie de producteur

Figure 13 : Consommation de psychotropes par catégorie de producteur
Source : BONE, 2019

Ainsi donc, pour toute intervention généralisée (sensibilisation, dépistage et prise en charge, etc.) au niveau des agriculteurs sur les substances psychotropes au Nord Bénin, la priorité par ordre d'importance doit être accordée aux producteurs adultes, qu'aux âgés et jeunes.

Par ailleurs, le genre est un facteur influençant la consommation des produits psychotropes chez les producteurs (Voir figure 14). En effet, 77% des producteurs de sexe masculin consomment les substances psychotropes contre 18% de femmes.

Figure 14 : Consommation de psychotropes par catégorie de producteur Source : BONE, 2019

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- Les normes socio-culturelles interdisant la consommation de substances psychotropes par les femmes ;

- Une sensibilité plus accrue des femmes aux conséquences néfastes de l'usage des psychotropes sur la santé.

Les résultats obtenus nous indiquent que le plus grand niveau d'instruction des producteurs au Nord Bénin est le niveau supérieur. La majorité des agriculteurs dans le Nord Bénin demeurent cependant non instruits. La consommation des substances psychotropes varie fortement en fonction du niveau d'instruction. En effet, plus le niveau d'instruction du producteur est élevé, moins ils consomment les substances psychotropes (figure 15).

Figure 15 : Consommation suivant le niveau d'instruction Source : BONE, 2020

Trois types de religion sont pratiqués par les agriculteurs au nord Bénin. Il s'agit de l'islam, le christianisme et l'animisme. Les producteurs musulmans consomment le moins les substances psychotropes et les animistes consomment le plus soit 86% des animistes contre 14% qui n'en

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consomment point. 73% des producteurs chrétiens du Nord Bénin font usage des substances psychotropes contre 27% qui n'en consomment pas (Voir figure 16).

Les pratiques religieuses influencent donc la consommation des substances psychotropes.

De façon générale, il existe plusieurs variables sociodémographiques qui affectent la consommation des substances psychoactive chez les agriculteurs au Nord Bénin. Les plus importants sont l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, la religion, l'ethnie affectent également la consommation de psychotropes. Les différents indicateurs sus cités varient également d'une commune à une autre. Cela justifie la variation de l'utilisation des substances psychotropes observée au niveau des communes étudiées. Quelles sont cependant les causes profondes de l'usage des psychotropes chez les agriculteurs ?

3-2. Déterminants sociaux de l'usage des psychotropes en agriculture

La consommation de substances psychotropes en agriculture au Nord Bénin est motivée par plusieurs déterminants sociaux. En fonction des principales raisons évoquées par les producteurs, nous distinguons quatre (08) déterminants sociaux, justifiant l'usage de psychotropes et repartie en quatre grands besoins selon la classification de Maslow (1954). Il s'agit des :

? Les besoins psychologiques : besoins directement liés à la survie de l'individu ou de l'espèce. Ils sont typiquement des besoins concrets : manger, boire, se vêtir, se reproduire, dormir.

? Les besoins de sécurité : aspiration de chacun des producteurs à être protégé physiquement et moralement. Ce sont des besoins complexes dans la mesure où ils recouvrent une part objective - leur sécurité et celle de leur famille - et une part subjective liée à leurs craintes, peurs et anticipations, qu'elles soient rationnelles ou non.

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Ils regroupent les besoins de sécurité d'un abri (logement, maison), de sécurité des revenus et des ressources, de sécurité physique contre la violence, délinquance, agressions etc., de sécurité morale et psychologique, de sécurité et stabilité familiale ou, du moins, affective et de sécurité médicale/sociale et de santé

? Les besoins d'appartenance : Correspondant à aux besoins d'amour et de relation des personnes, d'appartenance à un groupe qu'il soit social, relationnel ou statutaire, besoins d'intégration. Ils regroupent les besoins d'aimer et d'être aimé (affection), avoir des relations intimes avec un conjoint (former un couple), avoir des amis, faire partie intégrante d'un groupe cohésif, se sentir accepté ou ne pas se sentir seul ou rejeté

? Les besoins d'estime correspondent aux besoins de considération, de réputation et de reconnaissance, de gloire, etc., de ce qu'on est par les autres ou par un groupe d'appartenance. La mesure de l'estime peut aussi être liée aux gratifications accordées à la personne. C'est aussi le besoin de respect de soi-même et de confiance en soi.

Le tableau 11 ci-dessous, présente une classification des principaux besoins en fonction des raisons identifiées.

Tableau 11 : Classification des principaux besoins en fonction des raisons identifiées

Raisons de consommations substances psychotropes	Besoins humains
Soulager le stress/peur d'un mauvais rendement	Besoin de sécurité (psychologique)
Rester dans le temps normal en vue du respect des Itinéraires Techniques et Culturales	Besoin de sécurité (revenus et ressources)
Gérer les contraintes pluviométriques	Besoin de sécurité (psychologique)
Supporter les odeurs dégagées par la terre, les intrants agricoles, etc.	Besoin de sécurité (psychologique)
Protection contre les morsures de serpent	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
On y ajoute dans le tabac, les médicaments pour se protéger, disparaitre en cas d'accident, parvenir à soumettre son désir aux autres	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Se protéger des attaques, rester invisible.	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Je chique le tabac parce-qu'un vieux m'a dit que je le prends, quand je veux faire une affaire, ça va aller plus vite, je serai protégé des mauvaises ondes et des attaques malfaisantes	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Protection naturelle	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Chique le tabac pour la bonne marche des activités et des affaires. Protection contre mauvaises ondes et attaque malfaisante	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Pour bénéficier de certaines vertus	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Se protéger des attaques	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Je prenais le tramol parce-que mes parents ne me suivaient pas de prêt, je faisais ce que je voulais.	Besoin d'appartenance (avoir des amis)
Parce-que mes parents le faisaient et m'ont demandé d'en prendre avec certains produits	Besoin d'appartenance (affection)
Pour me faire plaisir de temps à autre	-
Parfois par suivisme de la masse, ou pour se faire plaisir et se sentir tout autres	Besoin d'appartenance (avoir des amis)
Jeunesse, suivre la mode	Besoins d'estime

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Divorce avec ma femme, voilà pourquoi je consomme l'alcool	Besoin de sécurité (stabilité affective)
Quand je prends l'alcool, cela stimule mon appétit, de sorte que le soir, une fois rentré des champs, même quand la sauce n'est pas bonne, je mange sans problème	Besoins physiologiques (Manger)
Je n'ai pas faim quand je consomme la cigarette	Besoins physiologiques (Manger)
Endurance au travail simplement	Besoins d'estime
On y ajoute des produits traditionnels qui aident à se sentir physiquement et spirituellement en forme	Besoins d'estime
Pour être très rapide au travail	Besoins d'estime
On arrête de consommer après les travaux	Besoins d'estime
Méconnaissance/ignorance des effets secondaires des psychotropes	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Soulager la fatigue et les douleurs physiques	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Prévenir/Guérir des maladies liées aux activités agricoles	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Addiction / dépendances	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Je ne sens aucun mal après les avoir consommés	Besoin de sécurité (sociale et de santé)
Au début c'était pour me soigner du corps chaud, de la fièvre permanente.	Besoin de sécurité (sociale et de santé)

L'analyse de ces résultats indique que la consommation de psychotropes en agriculture au Nord Bénin est motivée par la satisfaction des besoins suivants par ordre d'importance décroissante (Voir figure 17). Notons que l'utilisation des substances psychotropes peut être motivée entre autres par la combinaison des différents besoins ci-dessus cités par les agriculteurs au Nord Bénin.

Figure 17 : Déterminants sociaux de l'utilisation des substances psychotropes Source : BONE, 2020

En se basant sur la pyramide des besoins de Maslow (1954), les motivations d'une personne résultent de l'insatisfaction de certains de ses besoins. En transposant ces données aux réalités rurales, les résultats de nos travaux indiquent que la consommation des psychotropes résulterait

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de l'insatisfaction des deux (04) principaux besoins que sont : les besoins physiologiques, les besoins de sécurité et les besoins d'appartenance et les besoins d'estime (Voir figure 18).

La consommation de substances psychotrope en agriculture ne s'inscrit donc pas entièrement dans le cadre d'analyse de Maslow, et les 5 besoins de sa pyramide. Ainsi, pour 61% des producteurs enquêtés la consommation des psychotropes est motivée par le besoin de sécurité, 33% par des besoins d'estime, 5% par les besoins d'appartenance et presque pas, par des besoins physiologiques. La consommation des substances psychotropes est ainsi motivée en grande partie (61%) par la satisfaction des besoins primaires (sécurité notamment), que par les besoins supérieurs (39%).

Besoin physiologique Besoin de Sécurité Besoin d'appartenance Besoin d'estime

Figure 18 : Groupe de besoins humains de Maslow et consommation de psychotropes

Etant donné que l'idée soutenue par Maslow (1952) est qu'on ne peut agir sur les motivations "supérieures" d'une personne qu'à la condition expresse que ses motivations primaires (besoins physiologiques et de sécurité) soient satisfaites ; la consommation de substance psychotrope chez les producteurs pourrait être un indicateurs, de la faible tendance des producteurs à des motivations plus grande et relevant de notamment d'auto-accomplissement (innovation, inventions, apprendre davantage, etc.).

3-3. Mécanisme de fonctionnement du système concourant à l'usage des psychotropes

3-3-1. Réseau de distribution

Il existe deux modes de distribution des substances psychotropes dans la région Nord du Bénin. Un réseau de distribution local allant de la production, la transformation à la commercialisation et un réseau de distribution de psychotropes importés dont la production, la transformation/synthétisation, l'emballage et la commercialisation est totalement extrinsèque à la région Nord. Les psychotropes locaux composés de tabac et d'alcools locaux sont ainsi

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produits par certains ménages agricoles à domicile. La vente est par suite assurée à domicile, dans les cabarets ou assez souvent dans les marchés à dispositions des producteurs et autres consommateurs.

Les psychotropes importés sont composés de Tramol, de café, du thé, de la cigarette, du tabac emballé en boîte (Suna), etc. La disponibilité de ces produits dans les marchés villageois est assurée par les grossistes importateurs du Nigéria et du Ghana notamment puis relayer aux semis grossistes présents dans les grandes villes du Nord Bénin à savoir : Malanville, Kandi, et Parakou. La distribution finale aux producteurs est assurée à 38% par les boutiques de divers, à 29% par les cafétérias et vendeurs à domicile de produits illicites présents dans les villages. Les distributeurs ambulants allants de villages en hameau jusque dans les champs des producteurs y participent à 24% dans la distribution des substances psychotropes.

Figure 19 : Réseau de distribution des substances psychotropes au Nord Bénin Source : BONE, 2019

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La figure 19 ci-dessous présente suivant une analyse microsociologique le mécanisme concourant à l'usage des psychotropes par les producteurs au Nord Bénin à travers les acteurs impliqués et les sources d'approvisionnement.

3-3-2. Mode d'accès et formes d'utilisation des substances psychotropes

Trois modes d'accès des substances psychotropes sont développés par les agriculteurs au Nord Bénin. Il s'agit de l'achat, du troc et des dons développés pour acquérir les différentes substances psychotropes auprès des distributeurs. Les résultats de notre étude indiquent que les modes d'accès sont développés en fonction de la nature et du type de la substance, de la relation distributeur-consommateurs et consommateurs-consommateurs puis de l'échelle d'addiction ou de dépendance du consommateur vis-à-vis du produit.

L'achat est de loin le mode d'accès le plus développé devant respectivement le don et le troc et s'applique à toutes les substances psychotropes en fonction de la disponibilité pécuniaire de l'usager (Voir Tableau 12).

On ne peut indéfiniment consommer les psychotropes à travers les dons et le troc. Les observations directes effectuées sur le terrain montrent que le « don » est fréquemment utilisé pour les substances psychotropes de nature locale à savoir le tabac et l'alcool. Il est ainsi très facile et coutumier de voir les producteurs s'offrir des pincées de tabac, traduisant l'une des formes de solidarités encore maintenues en milieu rural par les producteurs.

Les psychotropes de nature importée comme le café, le tramol, l'alcool importé, la cigarette etc. sont relativement peu offerts. Lorsque pour le compte de ces produits, des formes de « dons » apparaissent, cela met en exergue la nature des liens sociaux existants entre « distributeur-consommateur » ou « consommateur-consommateur » inter-échangeant les substances. Elle traduit un climat d'amitié et de confiance, né et entretenue entre acteurs « consommateurs-consommateurs » et une fidélisation de la clientèle dans le cas « distributeur-consommateurs ».

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Ainsi, l'usage des substances psychotropes fait entièrement partie de la grande majorité du quotidien des producteurs.

Le troc est essentiellement développé entre « distributeur-consommateurs ». Ce mode peut permettre de déterminer le niveau de dépendance d'un consommateur vis-à-vis des psychotropes. Au nord Bénin, les producteurs ne disposant d'argent pour acquérir l'une ou l'autre des substances psychotropes, troquent leurs produits de récoltes (maïs, soja, manioc, mil, sorgho, etc.). Cette méthode permet par suite aux distributeurs notamment les vendeurs de boutiques des villages, développant pour la plupart le commerce des produits tropicaux ; de garantir leurs fonds de roulement.

Les résultats de nos travaux indiquent que la fréquence journalière minimale de consommation est de 1 et celle maximale est de 20 avec une de moyenne d'environ 4 fois par jour pour l'ensemble des psychotropes étudiés par les agriculteurs au Nord Bénin (Voir tableau 13).

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L'écart-type relativement faible indique que pour la grande majorité des producteurs dans les trois communes étudiées, la fréquence journalière de consommation est d'environ 3 fois. Quant aux dépenses de consommation, les producteurs dépensent en moyenne 33.475 XOF pour l'achat des psychotropes durant toute la campagne agricole soit environ 182 jours sur 365. Tableau 13 : Fréquence de consommation des psychotropes par les agriculteurs

En ce qui concerne les doses de psychotropes consommées, les quantités moyennes par type de substance psychotrope se résument ainsi ci-dessous (Voir tableau 14). La valeur relativement supérieure de l'écart-type par rapport à la moyenne indique une forte hétérogénéité au sein de l'échantillon, des quantités consommées par les producteurs : il existe donc beaucoup de producteurs ingérant des quantités de psychotropes assez faibles par rapport à la moyenne et beaucoup de producteurs ingérant des doses très fortes par rapport à la moyenne.

De fait, les données sur les fréquences et les doses de substances psychotropes consommées nous permettent de déterminer le niveau de dépendance pour le tabac et la cigarette, et le type d'usage selon qu'elle soit à risque ou non pour l'alcool.

Pour ainsi mesurer la dépendance à la nicotine, le test de Fagerström décrit pour la première fois en 1978 par Karl Olov Fagerström sous l'appellation de questionnaire de tolérance (Wikipédia «Test de Fagerström,» 2017) a été appliqué à tous les producteurs consommateurs de tabac.

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Pour ce qui concerne l'alcool, l'OMS distingue 5 types d'usage en fonction du seuil défini à savoir 3 verres au plus par jour pour les hommes et 2 au plus pour les femmes à long terme ou 4 vers au plus pour les hommes et 3 au plus pour les femmes par jour à court terme. Ces valeurs sont confirmées par l'Oservatoire Français Des Toxicomanies (OFDT, 2015).

À l'instar des autres psychotropes, les normes pour l'usage du café y sont également définies par le DSM-5. Le tableau 15, ci-dessous nous présente la synthèse des seuils recommandés pour l'usage de l'alcool, le tabac, la cigarette, le café, le tramol et les autres substances psychotropes. Tableau 15 : Seuils de consommation recommandée par les institutions spécialisées.

Tabac (n pincée + fréquence f)/j		Cigarette (n baguettes)/j		Alcool (nombre de verre)/j		Café (gramme)/j		Tramol (Nombre de comprimé)/j			Autres Médicaments psychotropes (N de comprimé)/j
Faible ou pas de dépendance	Sc n+f : 0-1 soit n pincées = 10		n = 6 cigarettes		-		-
Moyenne dépendance	Sc n+f : 2-3 soit 11 = n pincées < 30		7 = n < 14 cigarettes		-		-
Forte dépendance	Sc n+f : 4-5-6 soit n pincées = 30		n > 14 cigarettes		-		-
Non usage	-		-		n = 0		-
Usage modérée	-		-		n = 3 pour hommes n = 2 pour femmes		-
Usage à risque/nocive	-		-		n > 3 pour hommes n > 2 pour femmes		-
Faible dose	-		-		-		0,2 à 0,99g
Dose moyenne	-		-		-		1 à 4,99g
Dose élevée	-		-		-		5 à 10g
Dépendance nulle									0	0
Dépendance physique									1	2
Dépendance psychique									2 et plus	Plus de 2
Institutions ordonnatrice	SFA, DSM 5		SFA, DSM 5		OMS, OFDT		DSM 5		(Kumar, 2003)	(Mohamed, 2016)

L'analyse de ces données pour le tabac indique que 47,56% des producteurs ne sont pas dépendants bien que consommateur, et seulement 14,63% ont une forte dépendance

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au tabac, pour l'ensemble des communes étudiées. Il existe cependant des spécificités par communes (figure 20). La dépendance au tabac et ses dérivés est plus forte dans la commune de Banikoara que dans la commune de Bembérékè et de Malanville. La commune de Malanville représente la commune avec des producteurs ayant une faible dépendance au tabac. La consommation modérée de tabac (nombre de pincée comprise entre 11 et 30 pincées) est plus forte dans la commune de Bembérékè.

50 45						47,56
50 45
40					37,8
35
30
25				22
20		17			14,63
15	10		10
10	7 7	4		4
5				1
0

	Banikoara	Bembérékè		Malanville	Total

dépendance forte(n+f = 30) dépendance modérée (11 = n+f < 30) pas de dépendance (n+f = 10)

La cigarette est aussi consommée par les producteurs avec une faible dépendance faible voire nulle (nombre de baguettes inférieures à 6 par jour) dans toutes les communes étudiées. On observe tout de même une dépendance forte (nombre de baguettes supérieures à 14 par jour), respectivement par ordre décroissant, dans les communes de Banikoara et Bembérékè que dans la commune de Malanville.

Pour ce qui concerne le café, 54,70% des producteurs en consomment dont 76,19% parmi les consommateurs de substances psychotropes en général.

100				91
80
60
40			28
20	16 4	14 2	0	9
0
0
	Banikoara	Bembérékè	Malanville	Total

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

L'analyse des données relative à la consommation du café indique clairement que la grande majorité des producteurs font quotidiennement recours à une dose moyenne allant 1 à 4,99g de café.

Certains utilisent de fortes doses allant jusqu'à 7 grammes de café. On observe une plus grande consommation de forte dose de café dans la commune de Banikoara que dans la commune de Bembérékè. Ce type de consommation est nul dans la commune de Malanville pour les producteurs enquêtés (figure 21).

L'alcool est consommé par environ 25% des producteurs enquêtés dont 27,38% de l'ensemble des consommateurs de psychotropes. Deux principaux modes de consommation de l'alcool par les producteurs ont été observés : il s'agit d'une consommation ou usage modérée défini par la prise de l'alcool mais en dessous ou égal du seuil défini par l'OMS et qui répond à une norme sociale ; et le non-usage qui prend en compte le non-usage primaire (abstinence : supposé qu'il ne prend pas à cause de ses convictions religieuses) puis secondaire (abstinence par contrôle de soi). Il faut noter qu'il existe d'autres formes d'usage de l'alcool : il s'agit de la consommation à risque se traduisant par une consommation supérieure au seuil défini par l'OMS et non encore associé à un quelconque dommage d'ordre médical, psychique ou social, mais susceptible d'en induire à court, moyen et/ou long terme. Et l'usage nocif, caractérisé par une consommation ayant induit un dommage au niveau somatique, psychoaffectif ou social quelques soit la fréquence et le niveau de consommation

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L'analyse des données relative à la consommation de l'alcool (figure 22), indique que pour l'ensemble des communes étudiées le non-usage (primaire et/ou secondaire) est majoritairement observé.

De façon spécifique, la commune de Bembérékè présente la plus forte consommation d'alcool par rapport aux autres communes. Dans la commune de Banikoara il existe autant de consommateurs d'alcool que de non-consommateur.

Le tramol est un médicament psychotrope analgésique de type narcotique, utilisé pour traiter la douleur modérée à sévère. 11,11% des producteurs enquêtés consomment le tramol. 26,25% des producteurs consomment les autres médicaments psychotropes.

En fonction des doses de tramol et autres médicaments psychotropes ingérés, on observe trois types de dépendance chez les agriculteurs consommateurs : une dépendance nulle (nombre de comprimés = 0), une dépendance physique (nombre de comprimés = 1 ou = 1 à 2 comprimés/jour respectivement, pour le tramol et les autres médicaments psychotropes) et une dépendance psychique ou addiction (nombre de comprimés supérieurs à 1 ou 2 comprimés/jour, respectivement pour le tramol et les autres médicaments psychotropes).

En effet, l'addiction physique se caractérise par une incapacité de l'individu à vaquer à ses occupations lorsqu'il ne prend pas ses médicaments. L'addiction ou la dépendance psychique se manifeste par un phénomène de manque lorsqu'on est privé d'un besoin non vital (exemples de besoins vitaux : nourriture, sommeil). Elle se manifeste aussi par une forte envie de toujours consommer les produits dopants afin de se sentir bien. Ainsi, le consommateur trouve la nécessité de consommer le produit dopant à des doses encore plus importantes dans le but de se satisfaire (Mohamed, 2016).

Ainsi donc, malgré la prédominance de la dépendance nulle au tramol, on observe une forte dépendance psychique par rapport à la dépendance physique au tramol pour l'ensemble des producteurs enquêtés. De façon spécifique, la commune de Malanville est plus touchée par la consommation du tramol avec une dépendance psychique au tramol plus important chez les agriculteurs. La dépendance physique au tramol dans la commune de Bembérékè est plus élevée par rapport à la commune de Banikoara (figure 23).

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Pour ce qui concerne les autres médicaments psychotropes, on observe une dépendance majoritairement nulle chez les agriculteurs pour l'ensemble des communes ciblées (figure 24). Il faut noter qu'à ce niveau, nous distinguons des médicaments psychotropes par nature et les médicaments psychotropes par usage (consommation suivant une dose élevée de médicament non psychotrope entrainant des effets similaires aux substances psychotropes : cas de 8 comprimés de paracétamol ingéré en une seule fois). De façon spécifique, la commune de Malanville est plus touchée par la consommation de ces médicaments avec une forte dépendance médicamenteuse à la fois physique et psychique. Très peu de producteurs (17,2%) n'ingèrent pas les médicaments psychotropes (dépendance nulle) dans cette commune. Après Malanville, la commune de Bembérékè présente un taux plus élevé de producteurs ayant une dépendance psychique et physique aux médicaments psychotropes, par rapport à la commune de Banikoara. Il existe néanmoins plus de producteurs qui n'ingèrent pas de médicaments psychotropes (dépendance nulle) dans chacune ces deux communes (95,8% à Banikoara et 83,9% à Bembérékè).

En somme, pour l'ensemble des substances psychotropes étudiées, seule l'usage de l'alcool impliquant des doses relativement modérées ou nulles ; présente peu de risques pour la santé des producteurs au Nord Bénin. Les autres substances psychotropes à savoir le tabac, la cigarette, le café, le tramol et les autres médicaments psychotropes sont consommés à des doses relativement moyennes ou très souvent élevées présentant ainsi de fait, des risques importants pour la santé des producteurs au Nord Bénin.

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

Figure 24 : Doses ingérées pour autres médicaments psychotropes Source : BONE, 2019

3-3-2-3. Classement des psychotropes utilisés suivant les doses les plus élevée Suivant les doses consommées, les substances psychotropes les plus consommées par les producteurs pour l'ensemble des communes ciblées se présentent comme suit (figure 25) :

Figure 25 : Psychotropes les plus consommés à des doses prejudiciables à la santé des producteurs

- Le café en premier lieu, est consommé à des doses moyennes et élevées, par 41% des producteurs,

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- Le tabac ensuite, est consommé à des doses modérées et fortes, par 27% des producteurs ;

- Les médicaments psychotropes en dehors du tramol, sont utilisés à des doses traduisant une dépendance physique et psychique. Ces médicaments sont consommés par 19% des producteurs.

- Le tramol comme les autres médicaments psychotropes est également consommés à des doses traduisant une forte dépendance psychique et physique avec des dommages plus directs et plus concrets. Le tramol est utilisé suivant ces doses par 8% des producteurs au Nord Bénin.

- La cigarette est quand elle consommée à des doses moyennes et fortes. 5% des producteurs enquêtés pratiquent ce mésusage de la cigarette.

- L'usage de l'alcool chez les producteurs, respecte les normes prescrites par l'OMS. De fait, la consommation de l'alcool présente peu de risques en matière de santé chez les producteurs au Nord Bénin.

Les spécificités par commune se présentent ainsi qu'il suit (figure 26). Ainsi donc pour une intervention généralisée (sensibilisation, dépistage et prise en charge, etc.) au niveau des agriculteurs sur les substances psychotropes au Nord Bénin, la priorité par ordre d'importance doit être accordée au café, au tabac, aux médicaments psychotropes, au tramol, et à la cigarette.

Figure 26 : Classification des psychotropes utilisés selon des doses élevée Source : BONE, 2020

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3-4. Perception sociale des acteurs sur l'usage des psychotropes

3-4-1. Perception sur le plan socio-culturel

Sur le plan culturel, la perception des substances psychotropes varie selon les types de psychotropes. Ainsi, les médicaments psychotropes incluant le tramol prioritairement, les dérivées caféinées et que les autres médicaments psychotropes sont fortement interdits en communauté rurale (témoignée par 64,10% de producteurs). Il existe cependant une catégorie de producteurs (26,5%) témoignant une totale indifférence quant à l'usage de ces psychotropes. Seulement 9,4% des producteurs encouragent leurs utilisations à des fins agricoles.

À l'instar des médicaments psychotropes, la consommation de l'alcool est également très prohibée, confirment 68,38% des producteurs. Il existe cependant une classe de producteur (29,06%) totalement indifférent. Seuls 2,56% des producteurs encouragent la consommation de psychotropes. Le tabac et ses dérivées, contrairement aux autres produits psychotropes sont encouragés ou marqués d'une indifférence dans l'usage par 63,25% des producteurs. 35,75% de producteurs estiment que les dérivées du tabac tel que la cigarette et la « souna » sont interdits en milieu rural. Cela traduit l'importance du tabac, celui local en particulier dans la culture traditionnelle baatonnu majoritairement dominant dans la région Nord du pays. La figure 27 ci-dessous présente les perceptions culturelles des psychotropes par les producteurs au Nord Bénin.

3-4-2. Cas spécifique du tabac local

Pour les producteurs notamment ceux de la culture baatonnu, la consommation du tabac relève d'abord d'une pratique culturelle observé de puis de génération lointaine. Bien que son usage

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soit mieux contrôler de par le passé que de nos jours, chiquer le tabac présente plus une valeur d'estime, de protection socio-physique et d'expression du degré de connaissance des forces de la nature et de leur orientation au profit de la santé, la protection sociale, l'estime, le prestige, etc. L'usage du tabac local représente en soi, un indicateur.

Ainsi les producteurs ne font pas usage de la poudre tabac ; ils y ajoutent des préparations naturelles et mystiques, faites de racines, d'écorces et autres éléments de la nature pour les vertus qu'elles disposent.

A cette explication traditionnelle de l'utilisation des substances psychotropes chez les baatonnou notamment, s'ajoute l'idée selon laquelle, le tabac de par la forme d'utilisation (chiper) qu'elle offre, favorise une administration facile, pratique et en temps réelle, pour ingérer les « préparations naturelles » par rapport aux autres méthodes comme : se laver, préparer ou boire. Le système d'emballage du tabac « mis dans une tabatière », facilite également le transport de ce dernier partout selon la convenance du producteur.

3-4-3- Perception en lien avec l'activité agricole

L'analyse des données recueillies sur la perception sociale des producteurs en lien avec les activités agricoles, indique que la grande majorité des producteurs (59,54%) pense que ce n'est pas nécessaire pour les activités agricoles, donc totalement volontaires d'usage. Il faut noter que la grande majorité de ses producteurs en font usage. Une autre catégorie de producteurs (23,66%) estime que l'usage des produits psychotropes est nécessaire dans la mise en oeuvre des activités agricoles. De fait, 100% de ses producteurs en font usage. Seulement 16,8% pensent que c'est punissable. Cette catégorie de producteur n'utilise pas du tout les substances psychotropes.

Figure 28 : Perception des producteurs en lien avec l'agriculture Source : BONE, 2019

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Lorsqu'on oriente la perception des producteurs en termes de conséquence pour la santé, on remarque que (68,2%) estiment que c'est « Mauvais pour la santé », contre 31,8% de producteur qui pensent que c'est « bon pour la santé ». Il faut noter que 100% des producteurs estimant que c'est bon pour la santé utilisent les psychotropes à des fins agricoles. Parmi les producteurs qui pensent que c'est mauvais pour la santé, seulement 28,21% n'en font pas usage.

De fait, cette situation traduit une forme de dépendance des producteurs pour les produits psychotropes ou encore un profond malaise sociale lié à l'agriculture auquel fait régulièrement face le producteur, le poussant ainsi à faire usage des produits psychoactifs malgré sa conscience manifeste des risques probables sur sa santé.

4. DISCUSSION

Les résultats de nos travaux montrent que la consommation des substances psychotropes varie suivant des caractéristiques sociodémographiques à savoir, l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, la religion, etc. C'est d'ailleurs ce qu'a soutenu plusieurs travaux de recherche ayant orienté l'étude des déviances en rapport avec les psychotropes (Beck et al. 2008), selon l'âge (BEYELER, 1996), le revenu (TISSERON, 2017), etc.

Besoins primaires
Maslow :
Sécurité
(psychologiques,
affectifs, moraux,
santé, revenus et
ressources...),
estime et
appartenance

Importés :
Café ;
Cigarette,
Alcool ;
Tramol ;
Autres
***
Local
Tabac,
Alcool

Nature de la régulation :
Répression
****
Perception sociale :
indifférence & interdiction

Dépendance / Mésusage Doses élevée Dépendance modérée Dépendance forte Dépendance physique Dépendance psychique

Figure 29 : Mécanisme concourant à l'usage de substances psychotropes au Nord Bénin Source : BONE, 2019

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La figure 29 ci-dessus résume le mécanisme concourant à l'usage de psychotropes en agriculture au Nord Bénin.

Dans le contexte agricole, huit principaux facteurs motivent l'usage des psychotropes par les agriculteurs. Il s'agit par ordre d'importance, de la satisfaction des besoins : de sécurité sociale et de santé, d'estime, sécurité psychologique, sécurité des revenus et ressources, d'appartenance (avoir des amis), d'affection, de manger (physiologique) et enfin de stabilité affective. Ainsi, de façon objective, la satisfaction de ces besoins passe en premier lieu par la volonté du producteur à assurer sa sécurité sociale et médico-sanitaire, à travers l'automédication par les médicaments psychotropes ou « faux médicaments psychotropes » réglementairement proscrit ou l'usage du tabac traditionnellement réputé pour ses vertus « tradi-thérapeutiques », afin d'assumer les effets du travail ardu du quotidien et soulager la fatigue et la douleur. En second lieu, la satisfaction des besoins d'estime, d'appartenance et d'affection, intègre la volonté du producteur à être davantage productif. Le producteur comme le sportif, vise l'endurance, donc une meilleure performance au travail à travers le dopage par les substances psychotropes à savoir le café, le tabac, le tramol. Le double usage des médicaments psychotropes en dehors du champ médical pour améliorer ses performances agricoles et soulager des symptômes ou des souffrances, vont ainsi dans le même sens que les travaux de l'INSERM, pour qui ; l'automédication suivant cette orientation vise entre autres l'affiliation sociale (INSERM, 2012).

Il faut cependant soustraire à cette considération, l'orientation «hédoniste» que propose l'INSERM (2012), lorsque l'automédication se restreint au double usage rappelé plus haut dans le contexte agricole. Le producteur, plutôt que le plaisir, vise essentiellement la santé et la productivité.

Le producteur fait entre autres usages des psychotropes disponibles pour résister aux autres facteurs de psychologique ou de stress liés aux activités agricoles (rareté des pluies, stress lié au rendement, etc.) dans un ensemble marqué par l'environnement social (croyance, tradition, influence familiale, la disponibilité et le prix/coût) pesant sur l'individu agricole. Ces résultats confirment l'ensemble des facteurs déterminants de l'abus des psychotropes en tant que déviance telle que soutenues par les théories sur les déviances sociales. Le producteur, comme tout individu social, fait usage des substances psychotropes pour presque les mêmes raisons.

Dans tous les cas, l'usage des psychotropes vient répondre à un besoin, celui de gérer combler un manque. Ce manque n'est pas forcément lié aux symptômes de sevrage aux opiacés comme

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propose l'INSERM (2012), mais bien au-delà, il peut être lié aux besoins fondamentalement humains tels que présenté par Maslow (physiologique, de sécuritaire, d'appartenance, d'estime ou de s'accomplir). Il faut toutefois rappeler que d'autres travaux plus récents ont proposé une classification des besoins humains. Il s'agit de ceux de Frederick Herzberg (1959) pour qui les besoins humains peuvent être regroupés en deux facteurs à savoir les facteurs d'hygiènes (relations interpersonnelles, statut, sécurité de l'emploi, etc.) et de motivation (Accomplissement, progression, reconnaissance, responsabilité, etc.) ; puis ceux de Clayton P. Alderfer (1969) qui catégorise les besoins en 3 classes à savoir : les besoins d'existence (besoins physiologiques et de sécurité tels que la faim, la soif et le sexe); les besoins de relation et d'estime sociale et externe (participation avec la famille, les amis, les collègues et les employeurs) et les besoins de Grandir-croissance (estime interne et actualisation de l'individu).

En milieu rural, notamment dans le Nord Bénin, l'usage des psychotropes est motivé par la satisfaction des besoins de sécurité (besoins primaires ; 61%) que de besoins supérieurs (39%). La consommation des psychotropes pourrait de fait être un indicateur de faible performance agricole dans un contexte où, l'aspiration à des besoins supérieurs tels que l'innovation, le pouvoir etc., ne sont quasiment pas manifestés par les producteurs qui en font usage. Ce résultat renforce de fait l'idée soutenue par Maslow, selon laquelle, on peut agir sur les motivations "supérieures" d'une personne qu'à la condition expresse que ses motivations primaires (besoins physiologiques et de sécurité) soient satisfaites. On peut ainsi comprendre facilement l'idée selon laquelle, en Afrique de l'Ouest, beaucoup de décideurs considèrent l'incapacité des acteurs locaux d'innover ou d'adopter des innovations développées par la Recherche & Développement comme une caractéristique d'une agriculture familiale peu performante du fait de son conservatisme pesant, de l'illettrisme de ses producteurs et de niveaux de ressources et d'investissement trop bas [(Chambers et al. 1994), (Floquet et al. 2015)] ; le Bénin étant un pays de l'Afrique l'ouest.

Au nord Bénin, les facteurs sociaux, les formes d'accès et d'utilisation des psychotropes par les agriculteurs varient selon le type de la substance et non selon le type de producteurs ou le type de spéculation agricole. La proximité avec les pays frontaliers tels que le Nigéria notamment influence les types de psychotrope les plus utilisés d'une commune à une autre.

En effet, le mode d'accès est intra, inter et extra villages. Cette relation est définie par l'interaction des différents acteurs qui sont à l'intérieur comme à l'extérieur des villages. Le mode d'accès extra-villages rappelle l'aspect transfrontalier justifiant les importations de psychotropes. Une fois accessibles dans les villages, deux types de relations assurent

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l'approvisionnement des psychotropes par les acteurs : les relations économiques et sociales. La relation économique intégrant l'achat de la substance suivant des coûts variables d'une substance à une autre est la plus développée.

Par ailleurs, les formes d'utilisation des substances psychotropes observées, relèvent d'une part de la nature de la régulation de la mise en oeuvre dont la répression qui occasionne l'attitude à se cacher, mais aussi une répression souple justifiant l'attitude à consommer parfois en groupe et/ou en public. L'usage en public des psychotropes traduit aussi d'autre part une certaine indifférence sociale dans l'usage des psychotropes. Cette situation interpelle de fait la conscience collective, sur la nécessité d'une régulation plus forte pour que les agriculteurs à long terme ne deviennent principalement objet de profonds désordres sociaux faute de régulation sérieuse. Du fait des incidences sociales multiples et délicates de l'utilisation des psychotropes chez les agriculteurs au Nord Bénin, les mesures de contrôle des frontières doivent être ainsi renforcées afin d'agir essentiellement sur la quantité de psychotropes disponible sur les marchés ruraux, car moins les psychotropes seraient disponibles sur les marchés, moins l'opportunité d'en consommer au-delà de la norme subsisterait.

Les doses utilisées par les producteurs traduisent une certaines dépendance/addiction ou un mésusage des psychotropes de nature sociale disponible dans les marchés. Cette forme d'utilisation est davantage renforcée par le cout/prix d'acquisitions des substances par tous les producteurs, surtout ceux à faibles revenus et le faible niveau d'instruction des producteurs. Cela confirme d'ailleurs les résultats de Giovino selon qui, les sujets aux faibles revenus et des faibles niveaux d'éducation sont plus à même de débuter un usage du tabac et ont moins de chance de l'arrêter (Giovino, 2007). Ainsi, l'usage des psychotropes tels qu'observés au Nord Bénin, pourrait par ailleurs traduire une certaine sensibilité ou vulnérabilité des producteurs qui le consomment à la pauvreté. Si les coûts d'acquisition des substances sont revus à la hausse, cela permettra, une recrudescence des achats et de fait une diminution des approvisionnements en psychotropes et leur consommation par les agriculteurs

La consommation des substances psychotropes peut également, servir d'indicateur de faible performance agricole et de vulnérabilité à la pauvreté. On comprend alors pourquoi la consommation de psychotropes est plus faible dans la commune de Banikoara que dans les autres communes étudiée ; la commune de Banikoara étant la première commune productrice de la spéculation agricole la mieux organisée au Bénin.

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L'hypothèse formulée n'est donc fondamentalement pas vérifiée. Il faut toutefois notifier que la consommation des psychotropes est influencée par quelques caractéristiques sociodémographiques.

5. CONCLUSION

La consommation des substances psychotropes par les agriculteurs est une réalité au Nord Bénin. Les formes et modes d'utilisation traduisent une régulation souple en rapport avec les types de psychotropes principalement utilisés ainsi qu'une indifférence sociale. De fait, l'automédication, le mésusage, la dépendance aux psychotropes est observée chez 20% de producteurs qui en consomment et environ 15% de la population générale enquêtée. L'usage des psychotropes dans le Nord Bénin traduit en soi, suivant les motivations qui les soutiennent, pourraient traduire d'une faible performance agricole et d'une certaine sensibilité ou vulnérabilité des producteurs qui le consomment à la pauvreté.

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CHAPITRE 5 : EFFETS DE L'UTILISATION DES PSYCHOTROPES SUR LE
STATUT SOCIAL ET LES PERFORMANCES AGRICOLES DES ACTEURS

RESUME

L'abus de substances psychoactives est un type de comportement mésadapté et autodestructeur qui, apparemment, ne présente que peu d'avantages, voire aucun avantage pour l'utilisateur de la substance (Kacir, 2010). L'usage des psychotropes présente donc des effets à priori négatifs pour le producteur.

L'objectif de ce chapitre est d'analyser les effets de l'utilisation des psychotropes sur le statut social et les performances agricoles des acteurs. Les travaux ont été conduits dans les communes de Bembérékè, Banikoara et Malanville. Au total, 117 producteurs/trices ont été enquêtés de façon raisonnée en vue de limiter les biais liés aux fausses informations dans le cadre l'étude. L'observation directe et les entretiens individuels ont été utilisés. Les différents entretiens se sont effectués sur la base d'un questionnaire d'enquête. La méthode qualitative a été privilégiée par rapport à celle quantitative. Les résultats de nos travaux montrent que l'usage des psychotropes en soi, a des effets négatifs sur la santé des producteurs, le statut social, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le revenu agricole et plus loin sur les performances du secteur. L'usage des produits psychotropes présente des désavantages importants et reste une menace au développement durable en agriculture.

Mots-clés : effets, utilisation des substances psychotropes, statut social, performance agricole

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1. INTRODUCTION

L'abus des substances psychotropes vu comme une déviance sociale à l'origine de plusieurs désordres sociaux à des effets sur l'individu lui-même, facteur indispensable de production agricole, sur son environnement social et sur l'agriculture.

Le présent chapitre tentera donc de confirmer ou infirmer cette supposition, en justifiant méthodiquement, l'effet de l'abus des substances psychotropes sur le statut social, la santé, la superficie emblavée, la productivité au travail, le rendement agricole, la sécurité alimentaire et le revenu brut du producteur ; autant de facteurs caractéristiques de la performance agricole.

2. RESULTATS

2-1. Effet de l'utilisation des psychotropes :

2-1-1. Sur les performances individuelles de l'agriculteur

La main-d'oeuvre est un l'un des déterminants les plus importants de la production agricole. Au

cours des activités de production, trois types de mains-d'oeuvre sont utilisées : l'entraide, la

Trois types de matériels et équipements sont également utilisés chez les agriculteurs au Nord Bénin. Il s'agit d'équipement de type traditionnel (Daba, houe, coupe-coupe, machette, etc.), de l'attelage (animaux de trait, charrue, wagon, etc.) et des machines agricoles (tracteurs, les motoculteurs etc.).

Le graphique 30 ci-dessous, montre qu'aucun producteur au Nord Bénin n'utilise exclusivement des machines agricoles dans son exploitation. L'attelage et les équipements traditionnels sont exclusivement utilisés par respectivement 90,6% et 98,3% des producteurs dans le Nord Bénin.

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Il existe autant de producteur faisant usage de psychotropes que de producteurs n'en consommant pas, pour l'attelage et les équipements de type d'équipement traditionnel. Pour les producteurs combinant les deux types de matériels et équipements, on constate que l'utilisation des machines agricoles réduit la consommation des psychotropes.

Figure 30 : Consommation selon le type de Matériels et équipements agricole

En somme, le type de main-d'oeuvre, de matériels et d'équipements agricoles ne sont pas influencé par la consommation des substances psychotropes chez les agriculteurs au Nord Bénin. Mais qu'en est-il donc de la productivité au travail des producteurs ?

Le test t de Student de comparaison des moyennes, réalisé montre qu'il n'existe pas de différence significative au seuil de 5% entre la variable consommation de substances psychotropes et la productivité au travail dans les principales opérations agricoles que sont le labour, le semis, et l'épandage.

Figure 31: Comparaison de la productivité moyenne au travail
Source : BONE, 2020

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La différence moyenne d'heure de travail est d'environ 3 heures et 25 minutes entre les consommateurs et non consommateurs de psychotropes pour le labour à la main (F=14,03, ddl=110, p = 0,000 ; p < 5%). Avec le labour au motoculteur la différence est également significative au seuil de 5% (F=242,889, ddl= 3, p = 0,001 ; p < 5%). La différence des moyennes est de 1 heure et 15 minutes. Ainsi donc, les producteurs faisant usage des substances psychotropes gagnent 3 heures 25 minutes de plus que les producteurs n'en faisant pas usage au cours du labour à la main. Avec les motoculteurs, ce gain est de 1 heure 15 minutes pour les producteurs faisant usage de psychotropes.

Pour le sarclage la différence de 2 heures et 49 minutes, au profit des producteurs utilisant les psychotropes.

Pour le nombre d'heures de travail quotidien et les autres opérations agricoles à savoir le semis et l'épandage, la différence n'est pas significative au seuil de 5% ; et la différence des moyennes d'heures est inférieure à 1 heure de temps.

Ainsi, dans le Nord Bénin, l'effet positif de l'usage des substances psychotropes chez les producteurs est plus observé au cours du labour et le sarclage. Le gain en temps ou en heure de travail, permet ainsi aux producteurs faisant usage des psychotropes d'être davantage productifs au travail.

Les données collectées en rapport avec les doses montrent que les producteurs au Nord Bénin consomment les substances psychotropes à des doses élevées, très préjudiciable à la santé. Par ordre d'importance, le café, le tabac, les médicaments psychotropes (sans le tramol), tramol, la cigarette sont les substances psychotropes consommées suivant ces doses. La consommation d'alcool pour les producteurs enquêtés présente un faible risque pour la santé.

Ainsi donc, pour le café, les effets plus importants sur la santé sont la fébrilité, les troubles gastro-intestinaux, les soubresauts musculaires, pensées et discours décousus, etc. La consommation excessive du tabac et de la cigarette quant à lui provoque des maladies cutanées, cancer du poumon, altération de la qualité du sperme et la fertilité, etc. Les effets de la consommation excessive des médicaments psychotropes y compris le tramol se manifestent le plus souvent à long terme (5 à 10 ans) et se caractérisent par la tremblote, dépression maniaco-dépressive pouvant aller à la folie, excès de violence ou excès de calme, les crises convulsives.

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Par ailleurs, l'analyse des profils d'utilisateurs selon l'âge des substances psychotropes montre que la consommation diminue très faiblement avec l'âge des producteurs, les pics importants de consommations étant observés chez la couche la plus active dans la production (producteurs jeunes et adultes). Aussi, les hommes plus actifs et détenteurs d'un grand pouvoir de décision dans les exploitations agricoles consomment plus les psychotropes que les femmes.

Chacune de ses maladies représente de fait un problème de santé publique majeur touchant principalement la couche la plus active dans la production agricole, .et donc menace importante pour l'agriculture durable au Nord Bénin.

2-1-2. Sur le Statut social de l'agriculteur

Les données collectées indiquent que 84,46% des producteurs sont membres des coopératives agricoles. Les résultats indiquent que les producteurs appartenant à des réseaux, consomment moins les substances psychotropes que ceux n'appartenant pas à des réseaux (Voir figure 32). Il n'existe donc pas d'effet de causalité entre la consommation de psychotropes et l'appartenance aux coopératives agricole ; au contraire l'appartenance aux coopératives agricole, a un effet sur la consommation des psychotropes chez les agriculteurs au Nord Bénin.

Figure 32: Consommation selon l'appartenance à un réseau
Source : BONE, 2019

La responsabilité sociale de l'agriculteur peut se mesurer par son statut dans le ménage, le nombre et le taux de scolarisation des enfants du producteur.

En effet, le test d'indépendance de khi deux effectué entre la consommation de psychotropes et le statut dans le ménage indique qu'il existe une relation significative au seuil de 1% (p= 0.001,

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soit p <1%, ddl = 6) entre les deux variables. La consommation de psychotropes est donc déterminée par le statut de l'agriculteur dans le ménage.

Ainsi, selon que le statut de l'individu dans le ménage ou l'exploitation agricole (manoeuvre, chef ménage ou autre : épouse, frère, fils du chef ménage), une différence de consommation des psychotropes observée, est respectivement plus importante chez les manoeuvres, et chez l'ensemble des autres membres du ménage (épouse, frère, fils du chef ménage), que chez le chef ménage lui-même (Voir figure 33).

120 100 89			100
120 100 89
80	74
60
40
	26
20 11
		0
0
Fils + Frère + épouse du chef Chef Ménage Manoeuvre
Ménage
non oui

Figure 33 : Consommation de psychotropes selon le statut dans le ménage
Source : BONE, 2019

La principale raison expliquent cet état de choses est le sens de responsabilité du producteur
vis-à-vis de sa famille intégrant clairement sa conscience manifeste à préserver d'abord sa santé.

Pour ce qui concerne le nombre d'enfants, l'analyse de la figure 34 ci-dessous indique que la consommation de substances psychotropes diminue avec le nombre d'enfants du producteur. On ne peut donc pas conclure que le nombre d'enfants détermine la consommation de psychotropes et vice versa.

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Figure 34 : Consommation de psychotropes selon le nombre d'enfant
Source : BONE, 2019

Quant à la scolarisation des enfants qui est un devoir de responsabilité des parents vis-à-vis des enfants, l'analyse de la figure 35 ci-dessous indique le taux de scolarisation des enfants est plus important chez les non-consommateurs de substances psychotropes que chez les consommateurs. La consommation de substances psychotropes contribue de fait à la diminution du taux de scolarisation des enfants en milieu rural.

En somme, on retient que plus le producteur aspire à plus de responsabilité visant son statut social (appartenance aux réseaux agricoles, statut dans le ménage, responsable ou géniteur de beaucoup d'enfants, scolarisation des enfants, etc.), moins il fait usage des substances psychotropes. L'utilisation des substances psychotropes, a donc un effet négatif sur l'image social et l'estime de soi du producteur du fait l'altération de ces deux valeurs intrinsèquement importantes, motivant à l'origine son usage.

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La responsabilité sociopolitique du producteur peut se mesurer à travers l'occupation d'un poste de responsabilité dans le village au sein de sa coopérative, sa participation politique, sa participation à l'animation de la vie sociocommunautaire (consultation dans les affaires villageoises, sa contribution en tant que producteur pilote, etc.).

L'analyse des résultats obtenus en rapport avec ces indicateurs pour les producteurs faisant usage des substances psychotropes montre que chacun de ses indicateurs, les producteurs faisant usage des psychotropes sont moins sollicités à des postes de responsabilité au sein des coopératives agricoles dans le Nord Bénin (figure 36).

Figure 36 : Participation socio politique des producteurs et consommation des psychotropes

La consommation des substances psychotropes a donc un effet négatif sur la responsabilité sociopolitique de l'agriculteur en milieu rural au Nord Bénin, du fait de son caractère par nature déviant et de la perte de contrôle de ses facultés propre à la prise de décision, et aux respects des normes sociales.

La sécurité alimentaire des ménages agricoles est un facteur clé de performance agricole dans les systèmes d'exploitation familiale. Dans le cadre de cette analyse, la sécurité alimentaire sera mesurée à partir de l'effectivité de l'épuisement des produits de récoltes et la durée d'épuisement des produits de récolte dans les ménages.

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En effet, l'analyse de la figure 37 ci-après montre que l'épuisement des aliments ou produits de récolte est plus constaté chez les producteurs faisant usage de substances psychotropes (74%) que les producteurs n'en utilisant pas (42%).

Pour ce qui concerne la durée de l'épuisement, l'analyse de la figure 38 ci-dessous, indique que la durée d'épuisement s'étend jusqu'à 4 mois au plus pour les producteurs non-consommateurs et jusqu'à 6 mois pour les producteurs consommateurs. Pour l'ensemble de la durée, l'épuisement des produits de récoltes est plus constaté chez les agriculteurs consommateurs de psychotropes que chez non consommateurs.

Figure 38 : Durée épuisement des aliments de récolte et consommation de psychotropes

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Par ailleurs, lorsqu'on sait que la consommation de substances psychotrope affecte beaucoup plus la santé de la population agricole la plus active en milieu rurale du fait des doses utilisées par cette couche sociale, on peut donc déduire que la consommation des substances psychotropes présente des effets négatifs sur la disponibilité annuelle des produits de récolte dans les ménages agricoles. La consommation des substances psychotropes contribue alors à l'insécurité alimentaire dans les ménages agricoles au Nord Bénin de par leurs effets probables sur la santé, du faible rendement qui en découlerait de sa production, de la qualité de ses prises de décision le motivant à facilement brader ses récoltes, et entre autres de l'implication de ces producteurs dans les cas graves de conflits agriculteurs-éleveurs, très couteux en temps et moyens lorsque l'affaire parvient à la justice.

Le revenu du producteur est indicateur de performance agricole. L'agriculture représente la principale source de revenus pour les 100% de producteurs enquêtés. Dans le contexte agricole la possession à travers l'acquisition des biens physiques tels que : la terre (en hectare), les bovins (nombre de têtes), les machines et équipement agricoles (motoculteurs, tricycle, égreneuses, etc.), les moyens de déplacements (voiture, motocyclette, bicyclette), rehausse l'estime et la considération du producteur, le comptant parmi les producteurs ayant de bons revenus.

L'analyse des données relative au nombre de ces biens acquis les trois dernières années, montre qu'il existe une relation significative au seuil de 5% entre la consommation de psychotropes et la possession/acquisition de certains de ces biens traduisant un confort social et une différence en terme de revenu. Il s'agit essentiellement des biens suivants : équipements agricoles (F=17,68, ddl=115 et p=0,000), voiture (F=10,99, ddl=115 et p=0,001), moto (F=5,75, ddl=115 et p=0,018) et vélo (F=25,28, ddl=115 et p=0,000)

Cette indifférence significative au seuil de 5% pour ce qui concerne la terre pourrait s'expliquer par la forte tendance d'acquisition des terres par don ou lègue. En ce qui concerne les têtes de bovins, cela pourrait se justifier par une variation du nombre en termes de diminution et d'augmentation des animaux liés à la vente, les pertes suite aux maladies et épidémies, etc.

En supposant que la possession de ces biens sociaux puisse permettre d'avoir une idée plus large du niveau de revenu des producteurs, la figure 38 suivant montre que les producteurs ne

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faisant pas usage des substances psychotropes possèdent un nombre significatif important de bien sociaux que ceux qui en consomment.

On peut alors déduire que la consommation de substances psychotropes contribue à comme à la baisse des revenus ou du niveau d'opulence des producteurs à travers essentiellement le bradage des récoltes, et la gestion des autres problèmes liés à l'activité agricole et induit par la consommation de produits psychotropes.

Figure 39 : Moyenne de biens indiquant le niveau d'opulence des agriculteurs

2-1-3. Sur les performances agricoles

La superficie emblavée par ailleurs, influence la consommation de substances psychotrope. Considérant que dans le Nord Bénin, le système de production agricole est de type familial, nous supposerons dans le cadre de notre travail deux types de producteurs : un grand producteur (celui ayant emblavé au moins 10 hectares) et le petit producteur (ayant emblavé une superficie

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de moins de 10 hectares). L'analyse des données suivant cette catégorisation indique clairement que tous les producteurs ayant emblavé plus de 10 hectares consomment tous de psychotropes.

Lorsqu'on qu'on s'intéresse aux superficies moyennes emblavées par les producteurs consommateurs et non consommateurs, l'analyse des données indique sur la période de 2016 à 2019, les producteurs faisant usage de substance psychotrope emblavent relativement une superficie plus grande que ceux qui n'en consomment pas (voir figure 41).

10	2018-2019 9 9	2017-2018 2016-2017
	2018-2019 9 9	8 8
		8 8
8
8
6		5
4
4
2
0
oui non

Figure 41 : Evolution des moyennes des superficies selon les consommateurs de

Cela s'explique en effet, le fait que les producteurs usant des psychotropes pendant la campagne agricole pour des raisons d'estime essentiellement cherchent à emblaver de grandes superficies, espérant renforcer leurs productivités au travail par l'usage des psychotropes. Il en est de même pour la diversification culturale.

La diversification culturale en effet, est un indicateur de performance agricole. Le test t de Student réalisé entre les variables consommations de psychotropes (oui, non) et le nombre de spéculations agricoles cultivées par groupes de producteurs indique qu'il existe au seuil de 5%, (F= 9.355, ddl= 115, p = 0.003 soit p < 5%) une différence significative entre les moyennes de spéculations agricoles de producteurs faisant usage de psychotropes et les moyennes de spéculations agricoles des producteurs n'utilisant pas les psychotropes.

Aussi, les résultats montrent que, tous les agriculteurs qui ne produisent aucune culture consomment tous les substances psychotropes. Il s'agit en effet des manoeuvres employés dans

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les exploitations agricoles. Par ailleurs, plus l'agriculteur diversifie sa production agricole, plus sa consommation de substances psychotropes ; augmente. Le niveau de diversification agricole est donc influencé la consommation des substances psychotropes chez les producteurs au Nord Bénin (figure 42).

Figure 42 : Consommation selon la diversification agricole
Source : BONE, 2019

Le respect des itinéraires techniques est très important pour l'amélioration du rendement agricole et la protection de la fertilité des sols. Suivant les différentes fiches techniques agricoles, le respect des itinéraires techniques peut entres autres s'évaluer à travers le dosage d'engrais suivant du nombre d'engraissage, le respect des opérations culturales dont le sarclage, etc. le cas spécifique du maïs et du coton a été utilisé.

L'analyse des résultats indique, que deux types d'engrais chimiques sont utilisés pour le coton et le maïs. Il s'agit de l'Urée et du NPK. Les dosages moyens à l'hectare selon les types de producteurs se présentent comme suit (figure 43) :

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Figure 43 : Dosage d'engrais et consommation de psychotropes
Source : BONE, 2019

Les producteurs consommant les substances psychotropes pratiquent relativement du sous-dosage de NPK pour le maïs et le coton. Un léger surdosage est par contre observé avec l'Urée, justifié par la volonté de rehausser le rendement au vu des sols peu fertiles. Toutefois, il faut noter un léger désavantage chez les producteurs consommant les substances psychotropes. Alors qu'ils ont une tendance à emblaver de grandes superficies, l'insuffisance de revenu les contraint à diminuer légèrement la quantité d'engrais sur des sols pour la plupart déjà appauvrit

En ce qui concerne le nombre de fois que l'engrais est appliqué aux cultures, l'analyse des résultats pour le maïs indique que plus de producteurs non-consommateur de substances psychotropes appliquent relativement 2 engraissages (quelques semaines après le semis, et à la floraison) par rapport à ceux qui n'en utilisent pas (figure 44).

Figure 44 : Nombre d'opération d'engraissage du maïs et usage de psychotropes
Source : BONE, 2019

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Pour ce qui concerne la pratique effective de l'opération de sarclage, l'analyse des résultats montre que les producteurs consommateurs de substances psychotropes pratiquent relativement plus l'opération de sarclage que les producteurs non-consommateurs (figure 45).

Figure 45 : Opération de sarclage du maïs et usage de psychotropes
Source : BONE, 2019

Cette différence s'explique par le recours aux intrants spécifiques d'herbicidage post-semis, permettant aux producteurs de se passer cette opération agricole. Les producteurs consommant les psychotropes ; fautes de moyens financiers s'attèlent à pratiquer le sarclage sur les grandes étendues emblavées. Cet état de choses renforce la dépendance aux psychotropes chez ces producteurs, les maintenant ainsi de fait dans un cercle vicieux.

En somme, le non-respect des dosages d'engrais, du nombre application d'engrais et la pratique récurrente du sarclage chez les producteurs consommateur de psychotropes a ainsi un effet sur leur rendement agricole, plus faible par rapport à ceux qui ne consomment pas les substances psychotropes d'une part et sert boucle répétitive de dépendance aux psychotropes chez les agriculteurs au Nord Bénin.

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3. DISCUSSION

Les formes d'utilisation des psychotropes telles que remarquées chez agriculteurs au Nord Bénin relèvent de l'automédication, de l'abus et de la dépendance. Ces formes d'utilisation présentent des impacts divers sur l'individu, la société et l'agriculture. La figure 46 ci-dessous résume les résultats de nos travaux afférents à ce chapitre.

Appartenance aux réseaux Responsabilité politique Responsabilité sociale SAN

Problèmes sociaux ;
Conflits agriculteurs -éleveurs,
Faible participation à la
sociocommunautaire ;
Insécurité alimentaire, etc.

Entrave à la vulgarisation
agricole,
Faible performance agricole,
Entrave au développement
durable

Figure 46 : Effets de l'utilisation des substances psychotropes Source : BONE, 2019

L'analyse de la figure ci-dessous montre que les effets de l'utilisation des substances psychotropes au Nord Bénin à des effets davantage négatifs sur le producteur que sur la société et l'agriculture en général.

Aussi, présente quelque effet positif en termes de productivité au travail, les superficies emblavées et la diversification agricole pour les producteurs et le secteur. Toutefois, effets négatifs sont plus nombreux sur la santé des producteurs, appartenance aux réseaux sociaux, le sens de responsabilité politique et sociocommunautaire, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le revenu et le respect des itinéraires techniques. Cet état de choses traduit de fait un problème majeur de santé publique, la diminution de l'estime sociale, une faible innovation endogène, insécurité alimentaire, la faible participation sociocommunautaire, une faible performance du

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secteur, un frein à la vulgarisation agricole et au développement durable de l'agriculture familial.

Kacir (2010) justifie les quelques effets positifs sur la capacité au travail et la diversification agricole, par le fait que les explications traditionnelles (qu'elles soient psychosociales, comportementales ou neurobiologiques) de la toxicomanie se concentrent sur les effets agréables inhérents à de nombreuses substances psychoactives.

L'ensemble de ces résultats confirme ainsi le fait que l'usage des psychotropes ne présente pas d'effet positif pour l'individu, le secteur agricole et la société. C'est ce que soutient Kacir (2010) pour qui, l'abus de substances psychoactives est un type de comportement mésadapté et autodestructeur qui, apparemment, ne présente que peu d'avantages, voire aucun avantage pour l'utilisateur de la substance.

4. CONCLUSION

En somme, l'usage des substances psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin, présente plus d'effets négatifs que positifs sur le statut social du producteur, la communauté rurale, et plus loin les performances agricoles. L'usage des psychotropes en soi, représente un facteur de pauvreté et faible performance pour l'agriculture au Nord Bénin.

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CHAPITRE 6 : DISCUSSIONS, CONCLUSION ET SUGGESTIONS

1. DISCUSSION GENERALE

La discussion de nos résultats est divisée en deux parties distinctes. En premier lieu, nous avons discuté les résultats relatifs aux à l'état des lieux de la régulation des psychotropes au Bénin et de l'implication sur les formes d'usages au niveau des producteurs. Ensuite nous avons discuté de la nature des relations existant entre l'usage des psychotropes (facteurs et formes) et les effets observables sur l'individu, la société et les performances agricoles.

1-1. Régulation des psychotropes au Bénin et implications sur les formes d'usages

Les politiques et mesures de régulations au Bénin s'appliquent à toutes les substances vénéneuses et de nature dangereuse pour l'homme et sa santé. Les substances psychotropes appartiennent à cette catégorie de substance et n'échappent pas fait à la régulation. Les résultats de nos travaux indiquent que ces mesures sont plus rigides avec les stupéfiants et drogue dure plutôt qu'avec les drogues sociales (café, thé, tabac, etc.). Les acteurs aussi bien formels qu'informels interviennent dans le mécanisme de régulation mais avec une forte intervention ou activité des acteurs informels à travers les mesures de prévention (93 %). La prise en charge et la répression est assurée par les acteurs formels respectivement à 3% et 4%. La synergie d'action entre les acteurs formels est toutefois est bien plus importante que chez les acteurs informels. Les acteurs (institutions agricoles) sont faiblement impliqués dans le mécanisme. Cette situation est davantage renforcée par l'insuffisance d'investissements et technologies en matière de régulation des psychotropes au profit des populations en général et des agriculteurs en particulier.

Les mesures de régulations sont aussi limitées par l'absence d'un système de surveillance ou de vigilance permanent comme observées dans les pays comme la France et les Etats Unies. En effet, ces systèmes tels que mis en place dans d'autres pays, impliquent l'implantation des centres sur toute l'étendue du territoire, disposant d'une capacité d'expertise et constituant un outil d'aide à la décision publique dans les domaines sanitaire et social (alerte sanitaire, classement de nouveaux produits, réduction des risques et prévention). Ils représentent également un instrument d'information rapide et adaptée sur le potentiel d'abus et de dépendance des substances, ainsi que sur les contextes d'usage et les risques de santé publique encourus. A cela, s'ajoute, le système classique de pharmacovigilance, principalement fondé sur la notification spontanée des professionnels de santé et désormais des patients, l'activité d'addictovigilance se distingue par une approche originale combinant le principe de la

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notification spontanée avec des informations complémentaires issues de recueils spécifiques soit sur des populations ciblées, soit sur des conséquences de l'abus et de la dépendance (INSERM, 2012). En plus du caractère pratique et particulièrement efficace dans la régulation des psychotropes sociaux, et médicaments psychotropes servant d'automédication par les agriculteurs, la prise en compte par décret ou arrêté de ces systèmes permettrait de renforcer le dispositif juridique, institutionnel et opération des substances psychotropes au Bénin.

Au vu de tout ce qui précède, le fonctionnement de l'arsenal juridique et institutionnel mis en place pour la régulation des politiques et mesures sur les psychotropes ne favorise pas un meilleur contrôle et la prévention de leur usage par les agriculteurs au Nord Bénin. L'écart observé entre acteurs formels et informels représente une fenêtre ouverte renforçant les réseaux de trafic illicite ; les insuffisances des politiques de contrôle au niveau des frontières et des politiques de prix favorisant la disponibilité relativement excessive des produits sur le marché local conduisent à des formes d'utilisations hors normes traduisant mésusage et addictions / dépendance aux psychotropes chez les agriculteurs.

Chacun de ses facteurs dénote d'un abandon du secteur par cette politique de régulation nationale, et plus loin de l'agriculteur, facteur humain de production ; constituant ainsi une alerte à la conscience collective car ; si rien n'est fait, ces formes d'utilisations constitueraient une menace pour la qualité de vie des producteurs et par suite feront de l'agriculteur ; un danger pour lui-même et la société.

1-2. Relations entre facteurs sociaux, formes et effets de l'usage des psychotropes sur les performances individuelles, sociales et agricoles

Dans le contexte agricole, quatre principaux facteurs motivent l'usage des psychotropes par les agriculteurs. Il s'agit par ordre d'importance, du résultat, des facteurs relatifs à la santé, à l'adaptation du producteur et des facteurs liés au contexte (environnement). Il faut cependant soustraire à cette considération, l'orientation « hédoniste » que propose l'INSERM (2012), lorsque l'automédication se restreint au double usage rappelé plus haut dans le contexte agricole. Le producteur, plutôt que le plaisir, vise essentiellement la santé et la productivité.

Ces résultats confirment l'ensemble des facteurs déterminants de l'abus des psychotropes en tant que déviance telle que soutenues par les théories sur les déviances sociales. Le producteur, comme tout individu social, fait usage des substances psychotropes pour les mêmes raisons. Plus spécifiquement, en superposant cette analyse aux travaux de Maslow (1952) sur la

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pyramide des besoins, on constate qu'en milieu rural, notamment dans le Nord Bénin, l'usage des psychotropes est motivé par la satisfaction des besoins de sécurité (besoins primaires) que de d'appartenance.

Les formes d'utilisation des psychotropes telles que remarqués chez agriculteurs au Nord Bénin relèvent de l'automédication, de l'abus à la dépendance. Ces formes d'utilisation présentent des impacts divers sur l'individu, la société et l'agriculture.

Les résultats de nos travaux montrent que la consommation des substances psychotropes en milieu rural, à un effet significativement négatif sur l'image que projette le producteur qui en consomme. La consommation de psychotropes nuit ainsi à la bonne image du producteur en société. Ces résultats se positionnent dans la même logique que les travaux de Maslow (1952) pour qui, on ne peut aspirer à un autre besoin sans avoir complétement satisfait l'un. Le développement de l'estime des producteurs (de soi, pour soi par les autres) usant des psychotropes ne peut se faire sans la satisfaction totale des besoins sécuritaires tels identifiés par nos travaux. Les résultats sur le niveau d'opulence du producteur en rapport avec la possession de certains biens (facteurs de production : terre et bétail ; équipements agricoles : motoculteurs, tricycle, égreneuse, etc. ; moyens de transport : voiture, moto et vélo) ; montrent qu'il relate significative au seuil de 5% entre l'usage des psychotropes et le niveau d'opulence en rapport avec le revenu du producteur.

Plus loin, les analyses montrent que l'usage des psychotropes n'a aucun effet significativement positif sur la superficie emblavée, la sécurité alimentaire bien qu'influençant la diversification agricole, ni le revenu du producteur ; autant de variables caractéristiques de la performance d'un système de production agricole. L'usage des psychotropes ne présente donc relativement que peu, voire aucun effet positif sur les performances agricoles des producteurs et donc du système agricole en général.

Les relations de cause à effet n'étant pas toujours directe entre l'usage des psychotropes et les indicateurs étudiées ; on peut donc conclure que l'utilisation des substances psychotropes suivant les formes et les motivations telles qu'identifiées dans le contexte agricole est, plutôt qu'une cause : un indicateur important de pauvreté et de faible performance agricole.

Ainsi, les agriculteurs au Nord Bénin sont majoritairement pauvres et aspirent en grande majorité à la satisfaction des besoins primaires (besoins de sécurité notamment : santé,

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affection, sécurité des ressources et revenus, adaptation permanente renforcée par la dépendance aux psychotropes). Cela confirme d'ailleurs les résultats de Giovino selon qui, les sujets aux faibles revenus et des faibles niveaux d'éducation sont plus à même de débuter un usage du tabac et ont moins de chance de l'arrêter (Giovino, 2007).

Le système agricole de type familial au Nord Bénin est peu performant, du fait de la dépendance et de l'abus de la majorité des producteurs aux psychotropes, et donc de leur faible aspiration à des besoins supérieurs tels que l'innovation, le pouvoir etc. ; les autres causes la faible performance étant : le conservatisme pesant, de l'illettrisme des producteurs et de niveaux de ressources et d'investissement trop bas [(Chambers et al. 1994), (Floquet et al. 2015)].

2. CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS

Les mesures de régulations des substances psychotropes sont deux ordres au Bénin : une régulation de contrôle, plus active dans la répression à partir des lois définies par l'Etat sur le sujet, et une régulation autonome développée par les communautés locales au regard des désavantages de l'utilisation des psychotropes. Les mesures de régulation sont plus rigides avec les stupéfiants et drogue dure plutôt qu'avec les drogues sociales (café, thé, tabac, etc.). Les acteurs aussi bien formels qu'informels interviennent dans le mécanisme de régulation mais avec une forte intervention ou activités des acteurs informels à travers les mesures de prévention (94%). La prise en charge et la répression est assurée par les acteurs formels respectivement à 3% et 4%. Les acteurs agricoles (ATDA, DDAEP, Cellules Communales, etc.) sont faiblement impliqués dans le mécanisme. Cette situation est davantage renforcée par l'absence de projet/programmes, la faible synergie d'action et l'insuffisance d'investissements et technologies en matière de régulation des psychotropes au profit des populations en général et des agriculteurs en particulier. Les mesures de régulations sont aussi limitées par l'absence d'un système de surveillance ou de vigilance permanent comme observées dans d'autres pays (France, Etats Unies). Le fonctionnement de l'arsenal juridique et institutionnel mis en place pour la régulation des politiques et mesures sur les psychotropes ne favorise pas un meilleur contrôle et la prévention de leur usage par les agriculteurs au Nord Bénin. L'écart observé en termes d'interventions entre les acteurs formels et informels représente une fenêtre ouverte renforçant les réseaux de trafic illicite. Les insuffisances des politiques de contrôle au niveau des frontières et des politiques de prix favorisant la disponibilité relativement excessive des produits sur le marché local conduisent à des formes d'utilisations hors normes traduisant mésusage et addictions/dépendance aux psychotropes chez les agriculteurs. Chacun de ses

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facteurs, constitue une alerte à la conscience collective car si rien n'est fait, ces formes d'utilisations constitueraient une menace à la qualité de vie, un danger pour lui-même et la société.

Aussi, l'usage des psychotropes tels que présentés, a des effets négatifs sur le producteur (santé et statut social), la société (faible animation de la vie sociocommunautaire, baisse de revenu, insécurité alimentaire, etc.) et l'agriculture (faible productivité agricole, entrave au développement durable).

Au vu de ces résultats, il est nécessaire de faire quelques recommandations aux acteurs de divers niveaux afin d'améliorer le processus de régulation, la qualité de vie et la performance de l'agriculture. Nos recommandations sont les suivantes :

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Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

ANNEXES

Annexe 1: Table de matière

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

3-1-1-1. La convention unique sur les stupéfiants de 1961 telle que modifiée par le Protocole de 1972 34

3-1-1-3. Convention des nations unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988

3-2-1. Institution impliquées dans la régulation des psychotropes et rôles 39

3-1. Types de substances psychotropes et variables affectant leurs consommations 53

3-3. Mécanisme de fonctionnement du système concourant à l'usage des psychotropes 61

3-3-2-3. Classement des psychotropes utilisés suivant les doses les plus élevée 71

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

CHAPITRE 5 : EFFETS DE L'UTILISATION DES PSYCHOTROPES SUR LE STATUT SOCIAL ET LES

Annexe 2: Guide d'entretien

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

Annexe 3: Questionnaire d'enquête

Je m'appelle Brice BIO BONE. Je suis étudiant en master professionnel 2 à la faculté d'agronomie de l'Université de Parakou. Vous êtes invité à participer à l'étude sur « Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin : acteurs, mécanisme et incidences agricoles ». Cette étude entre dans le cadre de la réalisation de mon mémoire de master professionnel à la faculté d'agronomie de l'Université de Parakou. Elle a pour objectif de comprendre comment l'utilisation des psychotropes, peut influencer l'individu, la société et les activités agricoles. Vous serez en ce sens appelé à répondre aux questions qui suivront. Nous vous rassurons de la plus grande discrétion et confidentialité dans la manipulation des informations que vous nous donnerez. L'entretien durera environ 45 minutes. Si à n'importe quel moment vous vous sentez mal à l'aise, vous pouvez nous demander d'arrêter. Si vous avez aussi des questions ou des préoccupations, vous pouvez nous le dire maintenant.

A. Généralités / Localisation

B. Caractéristique de l'individu

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

C. Consommation des psychotropes et connaissance des acteurs impliqués

1 ONG : Organisations Non Gouvernementales, OSC : Organisations6= Prêches de la Société Civile

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

D. Facteurs sociaux, formes d'accès et d'utilisation des psychotropes par les agriculteurs au Nord Bénin

Codes		Questions	Modalités		Réponses
63		Quelles sont les raisons qui vous amènent à consommer les psychotropes ?	1=Méconnaissance/ignorance des effets secondaires des psychotropes 2= Endurance au travail simplement 3= Endurance / faire face à la concurrence sociale pour les travaux agricoles 4= Rester dans le temps normale pour ITK 5= Odeurs dégagées par la terre, les intrants agricoles, etc. 6= Soulager la fatigue et les douleurs physiques 7= Soulager le stress/peur d'un mauvais rendement 8= Prévenir/Guérir des maladies liées aux activités agricoles 9= Addiction / dépendance 10= Se protéger contre les morsures de serpents 11= Autres à préciser
64		Si autre, précisez les raisons	Inscrire les raisons
65		Quelles est votre opinion sur la consommation sociale de psychotropes que vous consommez ?	1= socialement interdit 2= socialement encouragé 3= indifférence sociale 4= Autres à préciser
66		Où vous approvisionnez vous en psychotropes ?	1= marché 2= maison 3= hors du village 4= Pays voisins (Nigéria, Niger, Burkina-Faso) 5= Autres à préciser
67		Si autre précisez, le lieu	Inscrire le lieu
68		Chez qui vous approvisionnez vous en psychotropes ?	1= Boutique de divers, 2= Cabaret, 3=Vendeurs à domicile, 4= Distributeurs ambulant 5= Buvettes 6= Autres à préciser
69		Si autre précisez, l'endroit	Inscrire l'endroit
70		Par quels modes vous approvisionnez vous ?	1= Achat 2= Don 3= Troc 4= Autres à préciser
Utilisation des psychotropes ?
71		A quel moment de la journée consommez-vous les psychotropes ?	Inscrire les réponses possibles
72		A quelle fréquence utilisez-vous les psychotropes ?	1= Une fois /jours 2= 2 Fois /jours 3= 3 Fois /jours 4=Autre à préciser
73		Si autre, précisez la fréquence	Inscrire la fréquence
74		Quelle quantité de psychotropes consommez-vous par jours ?	Inscrire la réponse (litre, pincé de doigt, etc.)
75		Comment l'utilisez-vous ?	1= Chiquer 2= Boire 3= Fumer 4= Injection 5= Manger 6= Inhaler 7= Autres à préciser
76		Si autre, précisez le type d'utilisation	Inscrire la réponse
77		Consommez-vous les psychotropes en groupes ou individuellement ?	1= Individuellement, 2= En groupe, 3= Autres à préciser
78		Si autre, précisez le mode de consommation	Inscrire la réponse
E. Effets de l'utilisation des substances psychotropes sur le statut social et les performances agricoles des acteurs
Autres aspects socio-économiques
Codes	Questions			Modalités		Réponses
79	Combien dépensez-vous pour l'acquisition/achat des psychotropes par jour ?			1= 100 xof 2= 300 xof 3= Autres à préciser
80	Si autre, précisez le montant			Inscrire le montant

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Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences agricoles

Production agricole
Production agricole						Revenus
Campagne	N°	Spéculation campagne agricole	Superficie cultivée [1 bis]³	Quantité récoltées ⁴	Valeur unitaire (FCFA)	Total dépenses liées à la production agricole pour	Valeurs moyen en FCFA
En cours (2018-2019) 2017-2018	1					1 Intrants (semence+ engrais+ différents produits de traitements+...) ; 1 Main d'oeuvre + frais de machine ; 1 Transport ; 1 Achat /Entretien et réparation de matériel agricole (y compris sac...) ; Achat d'animaux, et autres...
	2
	3
	4
	5 1	Autres spéculations	Superficie totale
			autres =


	2
	3
	4
	5	Autres spéculations	Superficie totale
			autres =

2016-2017	1
	2
	3
	4
	5	Autres spéculations	Superficie totale
			autres =

Notes⁵

3 La superficie cultivée représente un Indicateurs de performances, la diversification des cultures représente aussi un élément de performance agricole (culture destinée à l'auto consommation, à la commercialisation), etc.

⁵ Notes : Pour toutes autres informations importantes non prise en compte par le questionnaire.

Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au nord Bénin. Acteurs, mécanismes et incidences agricoles.

Dédicace

Remerciements

RESUME

ABSTRACT

Sommaire

LISTE DES FIGURES

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES PHOTOS

LISTE DES ANNEXES

SIGLES ET ACRONYMES

INTRODUCTION GENERALE

1ère partie :

Cadres introductif,

conceptuel,

théorique,

analytique et

méthodologique

CHAPITRE 1 : CONTEXTE, PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION,

1-1. Contexte, justification et problématique

1-2. Questions de recherche

1-3. Objectifs

1-4. Hypothèses

CHAPITRE 2 : CADRES CONCEPTUEL, THEORIQUE ETANALYTIQUE

2-1. Cadre conceptuel

2-1-1. Définitions :

2-1-1-1. Substance psychotrope :

2-1-1-2. Utilisation de substances psychotropes

2-1-2. Bref rappel historique sur les psychotropes

2-1-3. Classification des psychotropes

2-1-3-1. Classification clinique

2-1-3-2. Classification socio-théorique d'ordre générale

2-1-3-3. Classification selon l'ONUDC

2-1-4. Opérationnalisation de quelques variables

2.2. Cadre théorique

2-2-1 Théorie des déviances sociales

2-2-2 Théorie productiviste en agriculture

2-2-3 Théorie du capital humain en agriculture

2-3 Cadre analytique

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE GENERALE DE L'ETUDE

3. MATERIELS ET METHODES

3-1. Milieu d'étude

3-2. Collecte et analyse de données

CHAPITRE 4 : POLITIQUES ET MESURES JURIDICO-INSTITUTIONNELLES, REGULANT L'UTILISATION DESSUBSTANCES PSYCHOTROPES AU BENIN

RESUME

3. RESULTATS

3-1. Cadre juridique de régulation de substances psychotropes

3-1-1. Conventions internationales sur les psychotropes

3-1-2. Profil historique des lois et décrets nationaux sur les psychotropes

3-1-3. Mesures locales sur les psychotropes

3-2. Cadre institutionnel de régulation de substances psychotropes

3-2-1. Institution impliquées dans la régulation des psychotropes et rôles

3-2-2. Relations entre les institutions

3-3. Cadre opérationnel de régulation de substances psychotropes

3-3-1. Acteurs et types d'interventions

3-3-2. Investissements et technologies

4- DISCUSSION

4-1. Dispositions juridiques et implications le secteur agricole de 1972 à nos jours

4-2. Dispositions institutionnelles et implications le secteur agricole

5- CONCLUSION PARTIELLE

CHAPITRE 4 : DETERMINANTS SOCIAUX, FORMES D'ACCES ETD'UTILISATION DES PSYCHOTROPES PAR LES AGRICULTEURSAU NORD BENIN

RESUME

3. RESULTATS

3-1. Types de substances psychotropes et variables affectant leurs consommations

3-1-1. Types de substances psychotropes

3-1-2. Profil d'utilisateur des substances psychotropes au Nord Bénin

3-2. Déterminants sociaux de l'usage des psychotropes en agriculture

3-3. Mécanisme de fonctionnement du système concourant à l'usage des psychotropes

3-3-1. Réseau de distribution

3-3-2. Mode d'accès et formes d'utilisation des substances psychotropes

3-4. Perception sociale des acteurs sur l'usage des psychotropes

3-4-1. Perception sur le plan socio-culturel

3-4-2. Cas spécifique du tabac local

3-4-3- Perception en lien avec l'activité agricole

4. DISCUSSION

5. CONCLUSION

CHAPITRE 5 : EFFETS DE L'UTILISATION DES PSYCHOTROPES SUR LESTATUT SOCIAL ET LES PERFORMANCES AGRICOLES DES ACTEURS

RESUME

1. INTRODUCTION

2. RESULTATS

CHAPITRE 2 : CADRES CONCEPTUEL, THEORIQUE ET
ANALYTIQUE

CHAPITRE 4 : POLITIQUES ET MESURES JURIDICO-
INSTITUTIONNELLES, REGULANT L'UTILISATION DES
SUBSTANCES PSYCHOTROPES AU BENIN

CHAPITRE 4 : DETERMINANTS SOCIAUX, FORMES D'ACCES ET
D'UTILISATION DES PSYCHOTROPES PAR LES AGRICULTEURS
AU NORD BENIN

CHAPITRE 5 : EFFETS DE L'UTILISATION DES PSYCHOTROPES SUR LE
STATUT SOCIAL ET LES PERFORMANCES AGRICOLES DES ACTEURS