Memoire Online - Utilisation des substances psychotropes dans l'agriculture au nord Bénin. Acteurs, mécanismes et incidences agricoles.

Les données collectées indiquent que 84,46% des producteurs sont membres des coopératives agricoles. Les résultats indiquent que les producteurs appartenant à des réseaux, consomment moins les substances psychotropes que ceux n'appartenant pas à des réseaux (Voir figure 32). Il n'existe donc pas d'effet de causalité entre la consommation de psychotropes et l'appartenance aux coopératives agricole ; au contraire l'appartenance aux coopératives agricole, a un effet sur la consommation des psychotropes chez les agriculteurs au Nord Bénin.

Figure 32: Consommation selon l'appartenance à un réseau
Source : BONE, 2019

La responsabilité sociale de l'agriculteur peut se mesurer par son statut dans le ménage, le nombre et le taux de scolarisation des enfants du producteur.

En effet, le test d'indépendance de khi deux effectué entre la consommation de psychotropes et le statut dans le ménage indique qu'il existe une relation significative au seuil de 1% (p= 0.001,

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soit p <1%, ddl = 6) entre les deux variables. La consommation de psychotropes est donc déterminée par le statut de l'agriculteur dans le ménage.

Ainsi, selon que le statut de l'individu dans le ménage ou l'exploitation agricole (manoeuvre, chef ménage ou autre : épouse, frère, fils du chef ménage), une différence de consommation des psychotropes observée, est respectivement plus importante chez les manoeuvres, et chez l'ensemble des autres membres du ménage (épouse, frère, fils du chef ménage), que chez le chef ménage lui-même (Voir figure 33).

120 100 89			100
120 100 89
80	74
60
40
	26
20 11
		0
0
Fils + Frère + épouse du chef Chef Ménage Manoeuvre
Ménage
non oui

Figure 33 : Consommation de psychotropes selon le statut dans le ménage
Source : BONE, 2019

La principale raison expliquent cet état de choses est le sens de responsabilité du producteur
vis-à-vis de sa famille intégrant clairement sa conscience manifeste à préserver d'abord sa santé.

Pour ce qui concerne le nombre d'enfants, l'analyse de la figure 34 ci-dessous indique que la consommation de substances psychotropes diminue avec le nombre d'enfants du producteur. On ne peut donc pas conclure que le nombre d'enfants détermine la consommation de psychotropes et vice versa.

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Figure 34 : Consommation de psychotropes selon le nombre d'enfant
Source : BONE, 2019

Quant à la scolarisation des enfants qui est un devoir de responsabilité des parents vis-à-vis des enfants, l'analyse de la figure 35 ci-dessous indique le taux de scolarisation des enfants est plus important chez les non-consommateurs de substances psychotropes que chez les consommateurs. La consommation de substances psychotropes contribue de fait à la diminution du taux de scolarisation des enfants en milieu rural.

En somme, on retient que plus le producteur aspire à plus de responsabilité visant son statut social (appartenance aux réseaux agricoles, statut dans le ménage, responsable ou géniteur de beaucoup d'enfants, scolarisation des enfants, etc.), moins il fait usage des substances psychotropes. L'utilisation des substances psychotropes, a donc un effet négatif sur l'image social et l'estime de soi du producteur du fait l'altération de ces deux valeurs intrinsèquement importantes, motivant à l'origine son usage.

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La responsabilité sociopolitique du producteur peut se mesurer à travers l'occupation d'un poste de responsabilité dans le village au sein de sa coopérative, sa participation politique, sa participation à l'animation de la vie sociocommunautaire (consultation dans les affaires villageoises, sa contribution en tant que producteur pilote, etc.).

L'analyse des résultats obtenus en rapport avec ces indicateurs pour les producteurs faisant usage des substances psychotropes montre que chacun de ses indicateurs, les producteurs faisant usage des psychotropes sont moins sollicités à des postes de responsabilité au sein des coopératives agricoles dans le Nord Bénin (figure 36).

Figure 36 : Participation socio politique des producteurs et consommation des psychotropes

La consommation des substances psychotropes a donc un effet négatif sur la responsabilité sociopolitique de l'agriculteur en milieu rural au Nord Bénin, du fait de son caractère par nature déviant et de la perte de contrôle de ses facultés propre à la prise de décision, et aux respects des normes sociales.

La sécurité alimentaire des ménages agricoles est un facteur clé de performance agricole dans les systèmes d'exploitation familiale. Dans le cadre de cette analyse, la sécurité alimentaire sera mesurée à partir de l'effectivité de l'épuisement des produits de récoltes et la durée d'épuisement des produits de récolte dans les ménages.

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En effet, l'analyse de la figure 37 ci-après montre que l'épuisement des aliments ou produits de récolte est plus constaté chez les producteurs faisant usage de substances psychotropes (74%) que les producteurs n'en utilisant pas (42%).

Pour ce qui concerne la durée de l'épuisement, l'analyse de la figure 38 ci-dessous, indique que la durée d'épuisement s'étend jusqu'à 4 mois au plus pour les producteurs non-consommateurs et jusqu'à 6 mois pour les producteurs consommateurs. Pour l'ensemble de la durée, l'épuisement des produits de récoltes est plus constaté chez les agriculteurs consommateurs de psychotropes que chez non consommateurs.

16 14 12 10 8 6 4 2 0

Quantités d'aliments ou produits

0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 1,5 5,5 6

Mois

CONSO_PSY NON CONSO_PSY OUI

Figure 38 : Durée épuisement des aliments de récolte et consommation de psychotropes

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Par ailleurs, lorsqu'on sait que la consommation de substances psychotrope affecte beaucoup plus la santé de la population agricole la plus active en milieu rurale du fait des doses utilisées par cette couche sociale, on peut donc déduire que la consommation des substances psychotropes présente des effets négatifs sur la disponibilité annuelle des produits de récolte dans les ménages agricoles. La consommation des substances psychotropes contribue alors à l'insécurité alimentaire dans les ménages agricoles au Nord Bénin de par leurs effets probables sur la santé, du faible rendement qui en découlerait de sa production, de la qualité de ses prises de décision le motivant à facilement brader ses récoltes, et entre autres de l'implication de ces producteurs dans les cas graves de conflits agriculteurs-éleveurs, très couteux en temps et moyens lorsque l'affaire parvient à la justice.

Le revenu du producteur est indicateur de performance agricole. L'agriculture représente la principale source de revenus pour les 100% de producteurs enquêtés. Dans le contexte agricole la possession à travers l'acquisition des biens physiques tels que : la terre (en hectare), les bovins (nombre de têtes), les machines et équipement agricoles (motoculteurs, tricycle, égreneuses, etc.), les moyens de déplacements (voiture, motocyclette, bicyclette), rehausse l'estime et la considération du producteur, le comptant parmi les producteurs ayant de bons revenus.

L'analyse des données relative au nombre de ces biens acquis les trois dernières années, montre qu'il existe une relation significative au seuil de 5% entre la consommation de psychotropes et la possession/acquisition de certains de ces biens traduisant un confort social et une différence en terme de revenu. Il s'agit essentiellement des biens suivants : équipements agricoles (F=17,68, ddl=115 et p=0,000), voiture (F=10,99, ddl=115 et p=0,001), moto (F=5,75, ddl=115 et p=0,018) et vélo (F=25,28, ddl=115 et p=0,000)

Cette indifférence significative au seuil de 5% pour ce qui concerne la terre pourrait s'expliquer par la forte tendance d'acquisition des terres par don ou lègue. En ce qui concerne les têtes de bovins, cela pourrait se justifier par une variation du nombre en termes de diminution et d'augmentation des animaux liés à la vente, les pertes suite aux maladies et épidémies, etc.

En supposant que la possession de ces biens sociaux puisse permettre d'avoir une idée plus large du niveau de revenu des producteurs, la figure 38 suivant montre que les producteurs ne

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faisant pas usage des substances psychotropes possèdent un nombre significatif important de bien sociaux que ceux qui en consomment.

On peut alors déduire que la consommation de substances psychotropes contribue à comme à la baisse des revenus ou du niveau d'opulence des producteurs à travers essentiellement le bradage des récoltes, et la gestion des autres problèmes liés à l'activité agricole et induit par la consommation de produits psychotropes.

Figure 39 : Moyenne de biens indiquant le niveau d'opulence des agriculteurs

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2-1-2. Sur le Statut social de l'agriculteur