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La violence en milieu scolaire: cas du lycée de tigaza


par Estelle FOUDA MENYENG
Institut Universitaire Catholique de Bertoua - Master 2 2016
  

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1.1.2- Dégradation de la profession d'enseignant et du système éducatif

Depuis les années 1993-1994 les enseignants se plaignent de leur situation économique et sociale devenue précaire avec la baisse des salaires des fonctionnaires et la dévaluation du Franc CFA en 1994. Avec la naissance du Syndicat National Autonome de l'Enseignement Secondaire (SNAES) en 1990 et de bien d'autres, les mouvements de grèves se sont multipliés entraînant une légère amélioration du salaire qui, de l'avis des enseignants n'est pas suffisante pour leur accorder un statut honorable. Le statut particulier du corps enseignant obtenu en 2000 n'a jamais réellement été mis en pratique. Ainsi malgré leur vocation pour la profession beaucoup d'enseignants, démotivés et démoralisés, choisissent l'émigration ou la nomination dans d'autres ministères où ils se sentent valorisés. Ceux qui sont obligés de rester dans le corps manifestent leur frustration de bien de façons qui ont conduit à pleines de déviances dans cette profession jadis considérée comme noble. En effet, outre la démotivation flagrante observée chez la plupart des enseignants devenus de brillants hommes d'affaires, des chefs d'entreprises, beaucoup trouvent leur compte dans ce qu'ils appellent communément les « champs » (des cours de vacation) dans les collèges privés ou organisent des cours de répétitions en groupes ou en privée afin d'arrondir les fins de mois, ceci au détriment des heures de cours et de la couverture qualitative et quantitative des programmes dans les établissements où ils sont affectés par l'Etat.

La clochardisation des enseignants a aussi pris une grande ampleur. Ces derniers n'ont plus jamais retrouvé leur équilibre car vivent dans des conditions précaires au sortir de l'école, ils sont obligés de s'endetter dans l'espoir de tout régler avec le « rappel » de solde qui arrive souvent très tard et qui représente la seule opportunité de construire une maison, de se marier ou d'investir dans une affaire, puisque le salaire permet à peine de survivre. « L'Etat paye toujours ses dettes », telle est la phrase qui donne espoir au Cameroun lorsqu'on attend désespérément ce 1er salaire, un avancement en grade, les primes de suggestion, etc. Les primes de rendement trimestriels sont minables, décourageantes. Ainsi plusieurs ont perdu de l'assurance, complexés face aux Inspecteurs des Impôts, des Douaniers, et autres qui, bien que d'une catégorie inférieure ne se lassent pas de prouver qu'ils valent et vivent mieux que les enseignants. Ces derniers confirment souvent ces assertions par de multiples plaintes et par le manque d'effort vestimentaire ou corporel dont ils font preuve. Certains entrent saouls dans les salles de classe, insultent les élèves, tiennent des propos désobligeants. Un célèbre musicien contemporain l'illustre d'ailleurs lorsqu'il se plaint d'être « né fils d'un pauvre enseignant », le qualificatif pauvre exprimant parfaitement l'image qu'a la conscience populaire du statut de l'enseignant.

C'est cette pauvreté qui, sans doute a conduit à la corruption qui envahit le monde de l'éducation. Lorsqu'ils ne vendent pas les notes, les enseignants excellent aussi dans le monnayage des places au lycée. En effet, il est fréquent de voir les mêmes élèves qu'ils ont fait exclure, généralement pour indiscipline, revenir, à travers des processus obscurs, au sein du même établissement ou dans un établissement très proche. Des parents ou des élèves sollicitant un recrutement dans un établissement et ayant des dossiers qui remplissent les critères de recrutement, lorsque ceux-ci sont communiqués, sont obligés de payer « le banc » pour obtenir une place. Ces élèves, connaissant déjà le manque d'objectivité dans le recrutement et sachant que l'argent règlera tout leurs problèmes ne se soucient plus de respecter la discipline de l'établissement et narguent enseignants et camarades.

Par ailleurs, beaucoup d'enseignants ont perdu de vue leur fonction d'éducateur et adoptent des attitudes ambiguës. Soupçonnant en permanence les apprenants de leur vouloir du mal, ils ont toujours ce sentiment d'insécurité et réagissent parfois de façon excessive à ce qu'ils considèrent comme manque de respect, trouble du cours, etc. Elèves et enseignants se regardent ainsi en chien de faïence, prêts à bondir à la moindre occasion.

D'autre part, on les voit courtiser des élèves filles sans aucun scrupule en brandissant le fameux dicton « la chèvre broute où elle est attachée ». Ils ne voient plus leurs élèves comme des enfants à éduquer, à former, à faire grandir, mais comme des proies à dévorer, des femmes à coucher. La familiarité s'installe ainsi dans les relations enseignants-élèves et le respect disparaît. Les élèves ne peuvent plus faire la différence entre le professeur et l'ami ou l'amant, entre la salle de classe et le lieu d'intimité et c'est le chao, l'enseignant perd de sa dignité surtout quand toute la classe sais ce qui se trame, comme c'est généralement le cas. La Nouvelle Expression, du Mercredi 20 Janvier 2016 relatait à cet effet l'histoire d'un enseignant du Lycée Classique de Dschang surpris par des élèves entrain de violer leur camarade de la classe de 5e (Vivien Tonfack, Janvier 2016). Certaines de ces filles qui sortent avec les enseignants ou les responsables administratifs deviennent difficiles à gérer. Au moindre problème, leurs protecteurs s'arrangent à contourner les normes et le règlement intérieur. Elles bénéficient des traitements de faveur, ce qui révolte parfois les autres.

Cette familiarité ne se limite pas seulement aux élèves filles. En effet, dans la perte de leur dignité, les enseignants vont jusqu'à se retrouver avec leurs élèves dans des bars, des boîtes de nuit entrain de se saouler ou entrain de courtiser les mêmes filles. Plusieurs parlent même bussiness avec leurs élèves. Il devient donc difficile pour ces derniers, d'imposer une discipline et de se faire respecter surtout si, en plus du manque de personnalité, ils y associent une impréparation des leçons et une incompétence intellectuelle.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe