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Application du modèle EPIC dans l’estimation de la fonction de production rizicole dans la plaine de la Ruzizi. Essai d’intégration du paramètre information.


par Yoshwa NTAMUSHIGO
Université évangélique en Afrique - Licence en sciences économiques 2019
  

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III. Production et accès aux intrants

Pour produire, il importe de combiner les facteurs de production, parmi lesquels les intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires, etc.). Nous l'avions vu précédemment, l'unité la plus couramment utilisée dans la plaine de la Ruzizi reste le « carré », dont 1 carré15(*) équivaut à 0,0625 ha, soit 6,25 ares ou encore 625 m² (soit 25m x 25m). La production du riz dans la plaine connait deux saisons culturales (avec deux récoltes au courant de l'année) à savoir la « saison A » qui commence au mois de Septembre pour la majorité, voire Octobre et la « saison B » qui intervient au mois de Février, selon le calendrier ci-après :

Ø Calendrier rizicole, phases de production& main d'oeuvre utilisée

Source : Furaha G., 2017

Au cours d'une saison culturale, plusieurs opérations sont réalisées : la pépinière, le repiquage, le 1er labour, le 2e labour, le 3e labour, l'épandage d'engrais, le 1er sarclage, le 2e sarclage, le 3e sarclage, la récolte, le battage et le séchage.La réalisation de ces opérations est fonction des ressources financières dont disposent les riziculteurs. Pour certains, par manque des moyens financiers, ils ne pratiquent pas le 3e labour, le 2e sarclage ainsi que le 3e sarclage, car estimant que ce sont des coûts à supporter pourtant il n'y a pas assez d'argent pour rémunérer la main d'oeuvre et ils n'ont pas de force pour le faire ; avec tout ce que cela a comme conséquence au rendement attendu. Les recherches soulignent une importance capitale du sarclage pour assurer une bonne croissance des plantes étant donné que les mauvaises herbes absorbent les éléments contenus dans le sol et dont a besoin le riz pour son développement.La pépinière se réalise au même moment que le labour (1er, 2e et 3e) et 21 à 30 jours suffisent à cet effet pour ensuite procéder au repiquage des jeunes plants dans la rizière. Le respect du délai de labour s'avère être d'une importance capitale en vue d'espérer réaliser une bonne production. Plus la pépinière dure trop longtemps, la production est compromise de plus en plus. La pépinière est installée dans le champ même où s'effectuera le repiquage, cela en vue de faciliter le transport des plants. De coutume, la surface où elle est implantée est suffisamment faible ou petite.Du fait que la pépinière n'exige pas beaucoup à faire, pour minimiser les coûts à cette étape, la majorité d'individus (73,75 %) utilise une seule personne, à qui elle paie en moyenne 2511,63 FC ou 2928,57 FC selon que l'on est à Luvungi ou à Luberizi. 26,25 % des riziculteurs utilisent 2 personnes pour faire faire la pépinière. D'autres, par maque des moyens, le font seuls.La pépinière se paie à des prix qui soient extrêmement faibles par rapport aux autres opérations. Même chose pour l'épandage d'engrais. Faute des moyens financiers, certains riziculteurs recourent à la main d'oeuvre familiale pour faire faire cela. A Luvungi, sur les 50 personnes contactées, 7 personnes (soit 14 %) et 21 (soit 42 %), ont dit qu'elles le font seules (pépinière et épandage d'engrais), cela du fait que ces opérations exigent moins de la personne humaine en termes d'énergie car pour la pépinière par exemple à Luvungi où les techniques culturales restent encore traditionnelles, on jette les graines en masse, même chose pour l'épandage d'engrais s'il ne s'agit pas d'engrais sous forme de briquettes. 86 % et 58 % restants, utilisent une main d'oeuvre salariée pour la pépinière et l'épandage d'engrais. A Luberizi par contre, la tendance est renversée : sur les 30 répondants, 16 (soit 53,3 %) travaillent seuls dans leurs champs quand il s'agit de faire la pépinière et 3 (soit 10 %) quand il s'agit d'épandre l'engrais. Le reste, soit 46,7 % et 90 % recourent à la main d'oeuvre salariée pour faire exécuter ces opérations.

Au départ, le champ est couvert des mauvaises herbes qui doivent être coupées et dégagées (cf. 1er labour16(*)) du champ afin d'avoir un endroit où mettre la pépinière. Les frais à cette phase sont généralement élevés tant à Luvungi qu'à Luberizi vu le travail à faire et étant donné que le champ est recouvert d'une brousse à défricher. 76,25 % des exploitants agricoles utilisent en moyenne 2 personnes à ce stade, avec une moyenne de 2 jours à faire par carré. Cela étant, pour quatre carrés (soit 0,25 ha), il faut au moins une semaine ou 8 jours pour achever le 1er labour.Il est généralement conseillé à ce stade, d'utiliser un grand nombre de travailleurs pour accélérer les travaux et éviter ainsi de retarder le repiquage des plants. La probabilité d'être en retard est élevée pour ceux qui utilisent peu d'individus pour cette opération. Pour ceux qui recourent à un individu, ce dernier, avec tous les efforts qu'il peut fournir, peut mettre deux jours voire trois pour faire un carré. En cas de recours à une main d'oeuvre salariée, le propriétaire du champ qui est le riziculteur, doit se rassurer que les travailleurs respectent le délai tel que convenu. Le plus souvent, le calendrier agricole échappe aux riziculteurs qui ne le respectent pas, notamment à cause des facteurs climatiques, la disponibilité de la main d'oeuvre, et de la présence ou non de l'eau pour l'irrigation. D'après Aluma B. (2019), « une saison dure au maximum quatre mois. Mais on ne peut pas dire à quelle période la saison commence. Chacun plante au moment où il se sent prêt ». Au même moment que se passe le 2e labour, on verse le premier type d'engrais (le DAP). A cet effet, il sied de mentionner que deux types d'engrais sont appliqués : l'engrais de fond et l'engrais de couverture. Une fois que le repiquage a été fait, on procède au 1er sarclage, soit un mois après. Il faut attendre encore un mois après pour passer au 2e labour, ensuite le 3e pour ceux qui le font. Pour d'autres, cette opération n'a pas souvent lieu. Un mois après l'application de l'engrais de couverture, le DAP, on verse alors l'urée. Il faudra alors attendre la période de récolte qui se réalise simultanément que celle de battage17(*).Pour éviter de se faire voler la récolte, ces opérations doivent être aussi raccourcies que possible : deux jours au maximum. Au même moment que les plantes sont coupées à la faucière par un travailleur, l'autre fait le battage et l'autre encore18(*), se charge du transport. Quant au séchage19(*), quelques deux à trois jours suffisent (selon qu'il y a disponibilité du soleil) avant d'amener le paddy au moulin pour la transformation.

Il sied de signaler, à la lumière des informations à notre possession, que le plus souvent, la main d'oeuvre salariée ayant pratiqué le 1er labour est souvent celle qui est utilisée pour le 2e labour, donc 2 personnes à ce stade. Il est à noter qu'à toutes les autres étapes, une moyenne de 2 travailleurs est retenue par carré sauf au stade de l'épandage d'engrais où on revient encore à un individu vu qu'il n'y a pas beaucoup à faire. L'engrais se jette comme des grains dans le champ et là, un jour suffit pour terminer cette opération. Néanmoins, il faut au moins deux jours pour ceux qui utilisent l'engrais sous forme de briquette pour l'épandre sur l'ensemble du champ. En ce qui concerne la rémunération, le tableau ci-dessous présenté nous fait une exposition des coûts. On peut alors remarquer les prix diminuent au fur et à mesure que l'on passe d'un stade à un autre, étant donné que la pénibilité des taches est réduite.

Ø Structure des coûts production par carré (pour chaque étape)

Nous l'avions précédemment souligné que pour produire, les riziculteurs doivent supporter des coûts tout au long de leur processus de production : pépinière, repiquage, 1er labour, 2e labour, 3elabour, épandage d'engrais, 1er sarclage, 2e sarclage, 3e sarclage, récolte et battage, sans inclure les coûts de semences et autres intrants. Le tableau ci-dessous nous présente leur structure par milieu d'étude :

Milieu

Luvungi

Luberizi

Variables

Min

Max

Moyenne

Ecart-type

Min

Max

Moyenne

Ecart-type

Pépinière

2000

3500

2511,63

429,401

2500

3500

2928,57

267,261

Repiquage

5000

7000

5230,00

465,219

5500

6000

5950,00

152,564

1er labour

6000

7000

6234,69

383,270

7000

8500

7916,67

296,047

2e labour

5000

6000

5270,00

406,704

6000

7500

6516,67

533,100

3e labour

0

5000

3500,00

1760,682

0

0

,00

,000

Epandage de l'engrais

2000

3500

2500,00

422,577

3000

5000

4000,00

635,489

1er sarclage

5000

8000

6489,80

641,367

11000

14000

12366,67

889,918

2e sarclage

0

7000

4950,00

1601,179

10000

12000

10633,33

718,395

3e sarclage

0

0

,00

,000

0

0

,00

,000

Récolte et battage

10000

12000

11820,00

522,553

10000

13000

12420,00

730,949

 

Autres variables

 

Quantité de semence

6

10

9,36

,898

4

6

4,67

,547

Source : Nos analyses avec SPSS 20.0

Les coûts ci-haut présentés dans ce tableau sont évalués en Franc Congolais par carré tandis que la quantité de semences, en kilogrammes par carré.Un constat se dégage, selon lequel les coûts liés à l'établissement de la pépinière et l'épandage d'engrais sont faibles par rapport à ceux de toutes les autres étapes. Le premier labour et le premier sarclage se paient chers partout dans la plaine de la Ruzizi, qu'il s'agisse de Luvungi ou de Luberizi. Les résultats montrent qu'en moyenne : la pépinière, le repiquage, le 1er labour, le 2e labour, le 3e labour, l'épandage d'engrais, le 1er, le 2e&le 3e sarclage ainsi que la récolte & le battage, se paient respectivement à 2511,63 FC ; 5230 FC ; 6234,69 FC ; 5270 FC ; 3500 FC ;2500 FC ; 6489,80 FC ; 4950 FC ; 0 FC et 11820 FC à Luvungi.A Luberizi par contre, ces mêmes opérations se paient respectivement à 2928,57 FC ; 5950 FC ; 7916,67 FC ; 6516,67 FC ;0 FC ; 4000 FC ; 12366,67 FC ; 10633,33 FC ; 0 FC et 12420 FC. De surcroit, les activités à réaliser sont les mêmes dans les deux milieux sont étude mais néanmoins, les prix sont élevés à Luberizi qu'à Luvungi. Plusieurs raisons sont à la base de cette différence observée. Une source qui s'est confiée à nous nous a fait savoir que la main d'oeuvre utilisée dans la plaine de la Ruzizi est une main d'oeuvre d'origine burundaise. Alors la question qui se pose est de savoir « pourquoi cet écart pourtant ce sont les mêmes personnes qui travaillent dans la plaine ? » Cet extrait nous fait le point sur les éléments de différence : « Les Burundais constituent la main d'oeuvre utilisée dans les rizières dans la plaine de la Ruzizi. Du fait des conflits qui déchirent notre chefferie depuis un temps, ils sont poursuivis par le service de la Direction Générale des Migrations (DGM) car soupçonnés être à la base des troubles. Auparavant, le 1er labour avait le même prix qu'à Luvungi et se payait à 6000 FC mais depuis un temps, il se paie à 8000 FC à cause de la rareté de la main d'oeuvre qui, poursuivie par la DGM, préfère travailler à Luvungi où les tracasseries sont minimes et aussi Luvungi se trouve être proche du Burundi. Ce faisant, ils peuvent travailler la journée et se retrouver chez eux le soir. A chaque instant, la DGM leur demande d'être en ordre avec les documents administratifs avec possibilité de multiples tracasseries (achat des unités aux agents de la DGM, pourboire, etc.), ce qui les décourageait tellement pourtant ils ne gagnent pas grand-chose. Chassés20(*), ils restent chez eux ou ils vont à Luvungi et ce faisant, la main d'oeuvre est devenue rare et couteuse...Allez-y comprendre que ce sont les enjeux politiques qui sont à la base de cette situation ».Le 3e labour et le 3e sarclage apparaissent avec la valeur « Zéro » dans certaines situations car nous l'avions souligné dans les lignes qui ont précédé que certains riziculteurs ne pratiquent pas de 3e labour voire le 3e sarclage pour raison des moyens financiers qui sont minimes. Quand ils sont réalisés, ils le sont à un prix faible car on estime qu'ils n'exigent pas trop de l'effort humain.

Ø De la quantité des semences utilisée par les riziculteurs pour la pépinière

Nous l'avions vu,la pépinière est installée dans le champ même où s'effectuera le repiquage, cela en vue de faciliter le transport des plants. De coutume, la surface où elle est implantée est suffisamment faible ou petite. Cependant, la quantité de semences utilisée varie d'un lieu à un autre. La lecture du tableau ci-haut montre une moyenne de 9,36 kilogrammes de semence utilisés pour la pépinière par carré à Luvungi tandis qu'à Luberizi, au moins 4 à 5 kilogrammes suffisent pour faire la pépinière pour une superficie d'un carré. Cette situation est due au fait qu'à Luvungi, les riziculteurs ne sont pas assez formés sur les nouvelles techniques culturales. Pour semer ils utilisent encore les techniques archaïques consistant à jeter plusieurs grains à un seul endroit. A Luberizi, cette pratique est loin d'être utilisée. Elle prévalait dans le temps mais a été changée dès lors que les riziculteurs ont bénéficié d'une série de formations sur les nouvelles techniques culturales avec l'arrivée du projet « Maji Ya Amani », oeuvre de l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) ZOA, en collaboration avec l'IRC (International Rescue Committee). Ce projet leur a permis alors d'accéder aux semences21(*) qui leur étaient distribuées sous forme de crédit-intrant et leur avait permis d'avoir l'urée et le DAP qui ont été distribués également. Ceci pour les 100 % de nos répondants de Luberizi croisés à la COOSOPRODA. Ils ont affirmé que les nouvelles techniques culturales leur avaient permis de changer les anciennes habitudes de semis et qu'actuellement, ils utilisent une seule graine par partie ou point et cela en ligne. Ils avaient alors remplacé le désordre en ordre.Comme le dit Georges (2015) cité par Furaha G. (2017), « l'adoption de nouvelles techniques culturales (le repiquage en ligne) réduit à plus de 500% la quantité des semences utilisées en culture traditionnelle de repiquage en vrac ».

Ø De l'utilisation des produits phytosanitaires et origine des semences

L'utilisation des produits phytosanitaires est cruciale pour espérer réaliser un meilleur rendement. Elle permet de faire face aux insectes et maladies pouvant attaquer les plantules qui, une fois non éradiqués, peuvent entrainer des pertes énormes pour les riziculteurs. D'après Furaha G. (2017), l'on peut aller jusqu'à enregistrer 50 à 80% de perte de production. D'où la nécessite d'en utiliser pour une bonne croissance des cultures. A Luberizi, 100 % de nos répondants utilisent ces produits sans résistance, cela après une série de formations dont ils avaient bénéficié de la part du projet « Maji Ya Amani », et aussi après avoir bénéficié d'un crédit-intrant de la part de l'ONG-ZOA qui avait aussi distribué des semences. Et donc, à partir de ceci, il faut directement comprendre que les 100 % des répondants rencontrés à la COOSOPRODA à Luberizi ont pour origine de leurs semences (cette période), l'ONG, celle susmentionnée. Aussi, le produit phytosanitaire le plus utilisé par les interviewés est « Doudou » (40 % des répondants de Luberizi : 12 personnes sur 30) dont le prix moyen avoisine 4000 FC (moyenne : 3716,67 FC) tandis qu'il est en moyenne de 3000 FC (moyenne : 3125 FC). Au sujet de l'utilisation des fertilisants azotés, les riziculteurs ne connaissent pas grand-chose là-dessus. Le riz a besoin d'une certaine quantité d'azote pour sa croissance. D'après Furaha G. (2017), 16 éléments nutritifs essentiels sont indispensables aux plantes pour le cycle de croissance, parmi lesquels l'azote qui est transporté par les engrais qu'ils utilisent le plus souvent. Si les riziculteurs de Luberizi en utilisent ces derniers temps (surtout ceux membres de la COOSOPRODA), la situation est loin d'être la même à Luvungi où les agriculteurs, par manque des moyens financiers, certains ont du mal à se payer les produits phytosanitaires et les engrais.

Figure n° 4 : Répartition selon le recours ou non aux produits phytosanitaires

Source : Nos analyses avec Excel

Après dépouillement, on constate que 12 % n'utilisent pas des produits phytosanitaires par manque des moyens financiers pour les payer tandis que 88 % en utilisant. Le mode d'accès aux semences le plus dominant à Luvungi est l'achat : 60 % des riziculteurs achètent les semences soit auprès des autres qui en ont en excédent tandis que 40 % utilisent les semences de la récolte passée qui une fois insuffisante, ils procèdent à l'achat pour compléter la quantité disponible. Leurs semences proviennent des endroits variés : soit des ONG (6 %) ; des associations paysannes et celles de production des semences (18 %) ; des ONG et associations paysannes (4 %) ; des ONG, association paysanne et associations de production des semences (2 %) ; des organisations paysannes (68 %) ou autres sources (2 %).

A Luberizi, 100 % de nos répondants nous ont laissé entendre qu'ils s'approvisionnent en intrants à Luvungi, à Sange, au Burundi ou au niveau des dépôts des produits se trouvant dans leur milieu. Ils ont affirmé clairement que dans leur milieu, trouver par exemple les produits phytosanitaires est un véritable casse-tête car les pharmacies sont quasi-inexistantes. Ils sont obligés de parcourir alors des longues distances à la recherche des produits à utiliser dans la riziculture. La situation n'est cependant pas pareille à Luvungi où on retrouve plusieurs pharmacies de vente des produits phytosanitaires. 96 % des répondants ont affirmé avoir pour point de vente, le « marché » de Luvungi ; 2 % s'approvisionne auprès des « associations de production des semences » ; 26 % ont pour lieu, les « dépôts de vente des produits » se trouvant dans le milieu ; 16 % s'approvisionnent auprès des autres agriculteurs du milieu qui se trouvent être en possession de l'un ou l'autre des produits recherchés. Il sied de mentionner qu'il se trouve être pratiquement difficile d'avoir un seul endroit où l'on peut s'approvisionner en intrants. Le lieu varie selon le produit recherché et selon les moyens dont on dispose.

Ø Des matériels utilisés pour la riziculture

Les matériels sont indispensables pour cultiver. Cependant, la riziculture dans la plaine reste caractérisée par les techniques traditionnelles. Par manque des moyens financiers, les riziculteurs ne savent pas accéder aux nouvelles technologies productives. Bref, il se pose encore des problèmes de mécanisation. A Luberizi, la mécanisation est en train de s'implanter progressivement, avec la COOCOPRODA. Celle-ci dispose d'une série de machines (motoculteur pour le labour, batteuse, etc.) à la disposition des riziculteurs moyennant paiement des frais de location. Cependant, la technologie semble être ne pas encore bien accueillie par les acteurs faute des moyens financiers. Pour louer le motoculteur, 5 $ constitue le paiement par carré pourtant certains pensent qu'on peut trouver un travailleur à qui payer moins que ça pour exécuter la tâche. Aussi, le défi que pose le motoculteur est qu'il faut démolir des dispositifs aménagés pour lutter contre le débordement des canaux d'irrigation. Notons cependant que la houe est l'outil le plus utilisé par les riziculteurs dans la plaine. Elle est utilisée par 100 % des agriculteurs car utilisée à plusieurs étapes : 1erlabour, 2e labour, 3e labour, 1er sarclage, 2e sarclage et 3e sarclage. Son prix est variable selon les milieux : elle coûte chère à Luberizi (son prix avoisine 5000 FC en moyenne) tandis qu'à Luvungi, son prix varie entre 3500 et 4500 FC. Plusieurs matériels sont utilisés dans la riziculture : houe, machette, coupe-coupe, faucière, bâches, bêche, bassin, pulvérisateur, etc. Malheureusement, il est difficile de trouver un riziculteur qui dispose de tous ces éléments. Par solidarité, ils vont jusqu'à emprunter auprès de ceux qui en ont pour un usage temporel pour les rendre après utilisation.

Ø De la production, du rendement et l'exposition aux facteurs environnementaux

La production (et partant le rendement) est fonction de multiples facteurs qui sont à la fois climatiques, pédologiques, génétiques, humains et économiques (Vicien C., 1991). Actuellement, la production rizicole reste compromise par des facteurs climatiques qui l'affectent énormément et agissent cependant sur le rendement. Partout dans la plaine, le phénomène est alarmant. Comme le dit leUnited Nations Framework Convention on Climate Change (2013), l'identification des milieux, populations et des systèmes de production qui sont les plus affectés par ce risque par rapport aux changements climatiques peut contribuer à la mise en place des stratégies d'adaptation. Aussi, dans les pays où les situations socioéconomiques sont instables, les habitants sont vulnérables aux changements qui surviennent. C'est le cas des pays dépourvus d'une technologie adéquate pour faire face à la sécheresse et aux inondations. Ces deux dernières constituent les facteurs qui ont le plus été soulevés par répondant tant à Luberizi qu'à Luvungi. La sécheresse22(*) a été soulevée par les 100 % des répondants à Luberizi qui, par manque d'eau, n'ont pas cultivé au cours de la saison B. Par manque d'eau, certains ont vu leurs cultures endommagées pourtant le riz a besoin de beaucoup d'eau à certaines phases de sa croissance : comme le disait le Professeur KAPINGA23(*) : « au cours de la période de tallage, le riz n'a pas besoin de beaucoup d'eau. Par contre lors de la floraison, l'eau doit se trouver en quantité abondante ». Malheureusement, les riziculteurs ne disposent pas de stratégies pour lutter contre la sécheresse. Face à un problème naturel comme celui-là, il faut attendre la tombée des pluies. La sécheresse est un fait qui était rarement observé dans le temps (deux fois l'an) mais actuellement, les répondants ont affirmé qu'il est devenu récurrent, on peut l'observer plusieurs fois par saison. Selon un riziculteur rencontré à la COOSOPRODA, « les sites les plus touchés par ce problème sont surtout Mukama, Sango 1er, Gashiru et Sango 2. Ces sites font partie de 7 grands blocs rizicoles de Luberizi, à côté des sites de Kibumba, Kagaragara 1er et 2. Néanmoins, Sango 1er reste le site le plus exploité. En temps normal, Sango produit plus que Kagaragara. En termes de concentration, Kagaragara 1er et 2 comptent plus de riziculteurs ». il n'est pas aussi rare d'observer le problème d'inondation. Cette dernière touche les exploitations rizicoles mais à des degrés différents. Les exploitations les plus vulnérables sont celles qui se situent proches des canaux principaux d'irrigation et qui sont telles qu'en cas de débordement, elles sont énormément touchées. Cela s'observe le plus souvent durant les périodes de fortes pluies, au cours des mois de janvier, avril, octobre et décembre. D'après Furaha G. (2017), « pendant la saison de forte pluie, 85 % des champs rizicoles sont exposés au problème d'excès d'eau dans les sites congolais. Ces résultats témoignent le niveau élevé d'incertitude dans la riziculture et qui peut entrainer d'énormes coûts et des pertes ».Nous ne sommes pas loin de ce chiffre à Luberizi même si le problème rencontré lors de notre terrain a été celui relatif à la sécheresse : des canaux qui servaient de conduite d'eau vers les rizières étaient complétement asséchés. 100 % des rizières sont touchées par les événements climatiques tandis qu'à Luvungi, 68 % seulementsont concernés contre 32 % qui sont à l'abri. Ce dernier chiffre se rapporte aux champsqui occupent des positions qualifiées de stratégiques de telle sorte qu'ils ne soient pas affectés par la sécheresse car proches des canaux d'irrigation principaux et qui sont bien aménagés de telle sorte que les inondations soient anéanties. Cependant, en cas d'inondations, la voie de sortie pour y faire face reste l'aménagement des canaux d'irrigation lors des travaux communautaires réalisés par les riziculteurs et consistantà les déboucher.

Notons que les effets de ces phénomènes sont variables et affectent le sol, la production, l'environnement, etc.100 % des répondants croisés tant à Luvungi qu'à Luberizi ont soulevé « l'endurcissement du sol » comme effet de la sécheresse sur le sol. Celle-ci entraine la fissuration du sol qui à la longue, entraine une perte importante des nutriments nécessaires pour la croissance de plantes. Ses effets sont aussi non négligeables sur la production : elle peut endommager les cultures (31,25 %), entrainer la perte totale de la production(5 %) ou sa baisse (50 %). Pour ce qui est de la sécurité alimentaire, la sécheresse peut entrainer : l'indisponibilité des aliments (51,25 %), l'instabilité de la consommation (40 %) ou l'inaccessibilité de la production pour l'autoconsommation(15 %). La baisse de la production et l'indisponibilité des aliments affectent énormément la sécurité alimentaire, notamment dans sa composante « accès aux aliments ». Pourtant, d'après la FAO (2008), la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Les inondations sont sans effet sur l'environnement. L'on note (45 % des répondants) l'accentuation des maladies et des parasites ainsi que la perte des écosystèmes (22,5 %). Quant aux inondations, elles ont aussi des effets sur le sol, la production, la sécurité alimentaire et l'environnement. 22,5 % des répondants ont montré que les inondations lessivent le sol des matières nutritivespour la riziculture ; 10 % ont montré que les inondations entrainent la perte d'une partie de la terre et 1,25 % a signalé qu'il n'y a pas d'effet, cela du fait que le terrain n'est pas glissant pour qu'il y ait d'effets palpables.

Néanmoins, bien que les exploitations soient affectées par les événements environnementaux, les riziculteurs ont appris à procéder à la sélection des variétés peu exigeantes en vue de réaliser des bons rendements. Les statistiques à notre possession affichent un rendement qui s'élève à 4868,96508 kilogrammes par hectare (soit environ 5 tonnes par hectare), soit une production d'environ 300 kilogrammes par carré. Ce chiffre tend vers ceux apparaissant dans un article publié en 2019 par Aluma B. qui, selon lui, « le rendement varie entre six et huit tonnes à l'hectare ».Nos résultats trouvés semblent se conformer à ceux de Mukenge A. (2018) qui avait trouvé un rendement de 4804,18 kilogrammes par hectare à Luberizi ; soit environ 5 tonnes.

* 15Pour convertir le carré en hectare, comme 1 carré équivaut à 25m/25, il suffit juste de prendre (25*25)/10000 pour trouver le 0,0625 ha ou 6,25 ares.

* 16 Il est communément appelé « Tipula » dans la plaine, tandis que le 2e et le 3e labour sont respectivement appelés : « Komolola » et « Koropa ».

* 17 On utilise aussi le terme « Puta » pour parler du battage.

* 18 Dans la plaine de la Ruzizi, le transport des produits agricoles est assuré par des individus appelés « Daristes » qui ont des vélos réservés uniquement au service de transport des marchandises et autres produits.

* 19 Il se fait au séchoir construit en ciment par les coopératives (surtout à la COOSOPRODA à Luberizi) pour permettre aux riziculteurs de sécher leur riz en toute quiétude. Pour les riziculteurs non membres des coopératives agricoles, des bâches sont utilisées à cet effet.

* 20 Il s'agit des Burundais qui travaillaient dans les rizières dans la plaine de la Ruzizi.

* 21 Les semences étaient distribuées aux membres de la coopérative COOCOPRODA sous forme de crédit-intrant qui en retour, devaient rembourser la quantité reçue + 1 kilogramme de surplus tenant lieu d'intérêt.

* 22 A la base, la saison sèche caractérisée par une diminution des pluies réduisant ainsi le débit d'eau des canaux et les travaux de construction du barrage de distribution, ce qui a entrainé la rupture de la fourniture en eau.

* 23 C'est un Professeur de l'Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR) de Bukavu que nous avions croisé à Luvungi où il séjourne de temps à autre pour faire le suivi de ses champs. Il va à Bukavu juste pour donner cours mais permanemment il reste à Luvungi.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius