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Barrières et opportunités à  l’adoption des techniques de CES/ DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne.


par IsraàƒÂ«l SAWADOGO
Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique  - Diplôme d'Ingénieur Statisticien Economiste 2016
  

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CHAPITRE 3: Barrières à l'adoption des techniques de

CES/DRS

La détermination et la description des facteurs influençant l'adoption des techniques de conservation des eaux et sols sera l'objet principal de ce chapitre. L'analyse se fera en trois étapes. La première consistera à décrire les taux d'adoption des techniques selon les caractéristiques généraux (région et culture). La deuxième correspondra à l'analyse descriptive de l'adoption des CES/DRS en fonction des caractéristiques de l'exploitation agricole et de son responsable. La dernière consistera à faire ressortir à travers un modèle dichotomique l'influence de ces caractéristiques sur le choix d'adoption.

Adoption des techniques de CES/DRS et caractéristiques généraux

Avant de se pencher sur l'adoption des techniques de conservation des eaux et sols, il serait nécessaire de décrire la répartition de la superficie totale emblavée de la zone sahélienne au cours de la campagne 2015/2016.

Description générale de la superficie cultivée

La zone sahélienne renferme le quart des exploitations agricoles burkinabè représentant 24,4% (1.078.226,5 ha) de la superficie totale emblavée qui est de 5.178.248,9. Cette superficie est détenue par 24,2% des ménages agricoles burkinabè. La zone sahélienne, du faite de l'inégalité observée entre les régions en termes de superficie, présente des disparités au niveau des superficies emblavées. Le sahel, la région la plus étendue renferme 45% (484.723,9 ha) de la superficie emblavée de la zone sahélienne. Elle est suivie de la région du Nord renfermant 31% de la superficie emblavée de cette zone (338.014,3 ha).

Aux termes d'une description générale de la superficie cultivée, l'on peut procéder à une description du niveau d'adoption de techniques CES/DRS.

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Barrières et opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne

I.1.1 Profil des régions en termes d'adoption des CES/DRS

La zone sahélienne burkinabè représentée par les trois régions, à savoir le Centre Nord, le Nord et le Sahel abrite plus de 1,34 millions d'exploitants agricoles. 36,7% de ces exploitants exercent dans le Centre Nord, 34,9% dans le Nord et 28,4% dans le Sahel.

Sur le plan national, les techniques CES/DRS sont utilisées sur 13,2% des exploitations agricoles avec une superficie totale de 818.163,3 ha représentant 15,8% de la superficie totale cultivée au cours de la campagne 2015/2016. Mais ces proportions présentent une disparité considérable entre les régions. En effet, dans certaines régions telles que le Nord (respectivement le Centre-Nord), les techniques de CES/DRS sont adoptées par plus de la moitié (respectivement plus du tiers) des exploitants agricoles. Cependant, 5 régions présentent un taux d'adoption, en termes de superficie, est en dessous de 10% : il s'agit du Sud-Ouest, des Cascades, des Hauts-Bassins, de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Est. La distribution du taux d'utilisation des CES/DRS dans la zone sahélienne est indiquée sur le graphique 2.

Graphique 2: taux d'adoption et parts de superficie sous CES/DRS au niveau des régions sahéliennes

50%

Nord Centre-Nord Sahel Moyenne

nationale

taux d'adoption part superficie emblavée sous CES/DRS

49%

31%

36%

22%

29%

13%

16%

Source : construction de l'auteur, EPA 2015/2016

La zone sahélienne, représentée par les trois régions sur le graphique 2, présente un taux d'adoption supérieur aux autres zones. En effet, elle renferme 3 des quatre régions ayant les taux d'adoption les plus importants (Annexe B, Graphique 8). Le taux global d'adoption des CES/DRS dans cette zone est de 33,4% (450.655 agriculteurs) et la part de la superficie bénéficiant de cette adoption est de 36,2% (390.317,98 ha). Le taux d'adoption élevé dans cette zone serait dû à sa situation

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géographique favorable à la dégradation des sols (faible couche végétale, sols peu profonds, pluviométrie faible). Ainsi, les sites antiérosifs y seront plus adoptés que dans la zone soudanienne et soudano-sahélienne.

I.1.2 Cultures pratiquées et adoption des CES/DRS

De façon générale, l'agriculture burkinabè est dominée par les cultures céréalières qui sont pratiquées comme culture principale sur environ 3.453.892,02 ha, soit 66,7% de la superficie totale cultivée durant la campagne 2015/2016. Il s'agit notamment du sorgho (culture principale sur 27,6% de la superficie totale emblavée), du mil (21,8%) et du maïs (15,4%). La prépondérance des cultures céréalières demeure lorsqu'une restriction est faite sur la zone sahélienne. Dans cette zone, les céréales sont appliquées comme culture principale par plus de la moitié des exploitants agricoles sur environ 916.492,4, soit 85% de la superficie totale emblavée. Cette proportion est dominée par les cultures de Sorgho et de mil pratiquées sur 81,8% de la superficie totale recouverte par les cultures céréalières. A présent, quelles sont les cultures qui bénéficient plus de l'utilisation des techniques de CES/DRS ?

Nous désignerons le taux d'adoption des CES/DRS, pour une culture donnée, par la part de la superficie recouverte par cette culture sous CES/DRS par rapport à la superficie totale qu'elle couvre. Les trois taux d'adoption les plus élevés sont observés au niveau de la culture de la patate (96%), du coton BT (95,55%), et de l'aubergine (93,5%). Cependant, bien qu'elles utilisent fortement les techniques de CES/DRS, ces cultures ne sont pratiquées que par 10% des agriculteurs sur 7% de la superficie totale emblavée dans la zone sahélienne. Par ailleurs, lorsqu'on effectue l'analyse sur la répartition de la superficie totale sous CES/DRS durant la campagne 2015/2016, on s'aperçoit que sur une superficie de 10 ha, 4 ha sont occupés par le sorgho et 4 ha sont occupés par le mil. Ces deux cultures réunies sont donc pratiquées sur 80% de la superficie totale sous CES/DRS dans la zone sahélienne et au cours de la campagne 2015/2016. De plus, les taux d'adoption pour ces cultures dans la même période sont respectivement estimés à 45,7 et 33,5%.

L'analyse qui sera effectuée au chapitre suivant sur le rendement, pour les cultures, se réduira au sorgho et au mil. Par contre cette restriction ne sera pas prise en compte dans l'analyse des liens entre adoption et caractéristiques de l'unité de production agricole.

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Adoption et caractéristiques de l'unité de production agricole

Les différentes caractéristiques examinées dans cette partie sont les caractéristiques sociodémographiques de l'exploitant et les caractéristiques de la surface cultivée. Nous utiliserons des outils de la statistique descriptive afin de faire ressortir les éventuels liens existant entre celles-ci et l'adoption des techniques de CES/DRS.

Caractéristiques sociodémographiques de l'exploitant

La recherche des éventuelles barrières à l'adoption des CES/DRS nous conduit à nous intéresser aux caractéristiques sociodémographiques des exploitants agricoles. Etant un indicateur de l'expérience acquise par un agriculteur, l'âge sera la première caractéristique décrite.

II.1.1 Adoption et âge du responsable de l'exploitation

De façon globale, l'âge des exploitants de la zone d'étude varie entre 15 et 90 ans avec une disparité moyenne de 16 ans autour de la moyenne. La moyenne quant à elle est estimée à 42 ans (avec une marge d'erreur de 1,59%). Par ailleurs, il ressort des analyses que plus de la moitié des exploitants agricoles ont un âge en dessous de cette moyenne. Afin de déterminer d'éventuel liens entre l'âge de l'exploitant et l'adoption des techniques CES/DRS, il sera considéré trois classes d'âge. La première classe, qui sera nommée « classe des exploitants jeunes » est composée des individus ayant un âge compris entre 15 et 35 ans et elle constitue 49,4% des exploitants agricoles de la zone sahélienne. Constituant 45,9% des exploitants de cette zone, nous désignerons par « exploitants en âge avancé » les exploitants qui ne sont pas jeunes mais dont l'âge n'atteint pas 62 ans. La troisième classe, celle des « exploitants âgés », désigne la classe de ceux qui sont âgés de 62 ans et plus.

Dans la catégorie des exploitants jeunes, le taux d'adoption des techniques CES/DRS est estimé à 24%. Au niveau des exploitants en âge avancé, environ 40,8% des exploitants agricoles utilisent ces techniques. Quant à la classe des exploitants âgés, plus de la moitié adopte les techniques de CES/DRS. Comme on peut l'observer à travers le graphique 3, Le taux d'adoption a tendance à être plus élevé lorsqu'on est face à des exploitants plus âgés. La différence entre les différents groupes d'âge en terme d'adoption des CES/DRS est jugée significatif (à 5% de risuqe) à l'issu d'un test de chi 2 (p value nulle). Cette différence s'expliquerait par l'expérience atteinte par les

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agriculteurs lorsqu'ils avancent en âge. Les agriculteurs ayant donc acquis une grande expérience agricole avec l'âge auront une plus grande propension à adopter les techniques de CES/DRS.

Graphique 3: utilisation des sites antiérosifs par intervalle d'âge

âgés

âges
avancés

jeunes

50.9%

40.8%

24.0%

Source: construction de l'auteur, EPA 2015/2016

II.1.2 Adoption et niveau d'instruction/formation

En ce qui concerne l'adoption et le niveau d'éducation, les informations recueillies sur la campagne 2015/2016 nous montrent, de façon globale, que les exploitants alphabétisés ont tendance à adopter les techniques de conservation et de défense des eaux et sols plus que les analphabètes. On estime à 37,9% la proportion des responsables de parcelles alphabétisés et ayant adopté ces techniques contre 32,2% dans la catégorie des analphabètes. Lorsqu'on se place dans la catégorie des exploitants alphabétisés en langue nationale ou en arabe, le taux d'adoption est évalué à 46%. Comme le montre les résultats du test d'indépendant de Pearson (p value nulle à 5% de risque), Le niveau d'instruction agirait sur l'adoption. Cette conclusion pourrait s'expliquer par le lien qui existe entre l'instruction et l'accès à l'information sur les pratiques agricoles.

Les lignes précédentes décrivent le comportement d'adoption des CES/DRS selon certaines caractéristiques sociodémographiques des exploitants. D'autres facteurs pouvant influencer la décision d'adoption sont pourtant liés aux caractéristiques de la parcelle exploitée.

Adoption des CES/DRS selon les caractéristiques de la superficie cultivée

Au niveau de l'analyse des facteurs liés à la terre exploitée, le taux d'adoption désignera la part de la superficie emblavée sous CES/DRS par rapport à la superficie totale emblavée.

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II.2.1 Adoption selon la taille de l'exploitation

Afin d'obtenir des informations résumées sur la superficie des exploitations agricoles, il sera distingué trois classes d'exploitation: les petites exploitations, les exploitations ayant une superficie cultivée inférieure à 0,2312ha ; les exploitations moyennes, celles qui ont une superficie cultivée comprise entre 0,2312 et 1,2518 ha et les grandes exploitations, celles qui ont une superficie cultivée au-delà de 1,2518 ha. Les exploitations agricoles de la zone sahélienne sont constituées de 49,4% de petites exploitations, 41,9% d'exploitations moyennes et de 8,7% de grandes exploitations. Au cours de la compagne 2015/2016, tel que décrit le graphique 4, l'on constate que les grandes exploitations adoptent plus les techniques de CES/DRS par rapports aux plus petites.

Graphique 4:adoption des techniques de CES/DRS en fonction de la taille de l'exploitation

grandes
exploitations

exploitations moyennes

petites
exploitations

25%

41%

52%

Source : construction de l'auteur, EPA 2015/2016

II.2.2 Adoption des techniques de CES/DRS et relief de l'exploitation

Techniquement, l'utilisation d'une technique dans le but d'éviter l'érosion des sols varie en fonction du type d'érosion auquel fait face l'exploitation. Le type d'érosion dépend à son tour du relief de la parcelle exploitée. On distingue, comme reliefs, les basfonds qui sont des surfaces le plus souvent à proximité des cours d'eau ou des étendus d'eau, les plateaux qui sont des surfaces planes et les versants qui sont les surfaces inclinées reliant les lieux en hauteur aux lieux moins élevés (fiche de l'enquêteur EPA 2015/2016).

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Barrières et opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne

Le Burkina Faso a de façon générale une surface plane et cette structure se reflète au niveau des surfaces cultivées dans la zone sahélienne, au cours de la campagne agricole 2015/2016. Les parcelles situées sur les plateaux constituent à 82% (884.145,73 ha) la superficie totale emblavée tandis que les deux autres types de relief, les basfonds et les versants n'occupent que respectivement 9,4 (101.353,29 ha) et 8,6% (92727.48 ha) de la superficie emblavée. Le taux d'adoption est plus élevé au niveau des terres étant situées, complètement, sur versant (47,7%) qu'au niveau des terres entièrement situées dans les basfonds (38,7%) et sur les plateaux (34,8%). Cette structure peut être expliquée par le fait que les terres situées à flanc de montagne ou de colline soient fortement exposées à l'érosion hydrique. Les techniques de CES/DRS étant appliquées dans l'optique de réduire les effets de l'érosion, le taux d'adoption aura donc tendance à être plus élevé au niveau de ces terres.

L'un des aspects d'une exploitation agricole pouvant influencer le soin apporté à la terre cultivée est le niveau de sécurisation foncière associée à cette dernière.

II.2.3 Adoption des techniques CES/DRS et sécurisation foncière

En ce qui concerne la sécurisation foncière des terres cultivées dans la zone sahélienne, on estime à 1,8% (19408,08 ha) la part de la superficie totale emblavée étant sous sécurisation foncière moderne et à 76,5% (233975,15 ha) la part sous sécurisation foncière traditionnelle contre 21,7% (824843.27 ha), la part étant sous aucune sécurisation foncière. Le taux d'adoption, pour les terres étant entièrement sous une sécurisation foncière traditionnelle, est estimé à 37,6%. Au niveau des terres entièrement sous sécurisation moderne, le taux d'adoption est estimé à 11,7%. Quant aux terres étant sous aucune sécurisation foncière, le taux d'adoption est de 26%.

L'analyse descriptive a permis de mettre en exergue, a priori, les liens pouvant exister entre l'adoption de ces techniques et les caractéristiques de l'unité de production agricole (caractéristiques de la surface exploitée et de l'exploitant). Néanmoins, l'influence de ces caractéristiques sur la probabilité d'adoption serait mieux explicitée à travers un modèle économétrique dichotomique. La description générale des variables utilisées et les tests d'indépendance à la variable adoption sont faits dans les tableaux suivants :

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Tableau 4: présentation des variables explicatives qualitatives du modèle logit

variables

modalités

fréquences

Statistique de chi 2

P value

 

homme

58

334.21

0.00

sexe

femme

42

 
 

pas chef de

oui

28.84

468.06

0.000

ménage

non

71.16

 
 
 

aucun

79.97

44.3544

0.000

instruction

autres langues

10.55

 
 
 

français

9.48

 
 

adhésion OP

oui
non

7.94

92.06

63.1298

0.000

Source : construction de l'auteur

Tableau 5: présentation des variables explicatives qualitatives du modèle logit

Variables

Min

 
 
 

Statistique

P value

 
 

Moyenne

Max

écart type

T test

 

type de labour

 
 
 
 
 
 

Labour attelé

0

0.1747543

1

0.3615956

0.5219

0.6017

Labour motorisé

0

0.3980634

1

0.9901795

-11.8409

0.000

Labour manuel

0

0.0091544

1

0.0903423

1.0730

0.2833

sécurisation

 
 
 
 
 
 

Sécurisation moderne

0

0.0305017

1

0.1683859

5.0678

0.0000

Sécurisation traditionnelle

0

0.5291585

1

0.4924843

5.6665

0.0000

Relief

 
 
 
 
 
 

Superficie sur plateau

0

0.8249325

1

0.3486735

5.6665

0.000

Superficie dans basfond

0

0.0978707

1

0.2677769

-3.2603

0.0011

Superficie collective

0

0.3296842

1

0.465048

-20.8226

0.000

Cheptel

 
 
 
 
 
 

Grande taille

0

2.08627

108

6.010983

-9.9415

0.000

Petite taille

0

4.927501

182

10.42442

-10.8595

0.0000

Source : construction de l'auteur

Barrières à l'adoption des techniques CES/DRS, modèle dichotomique

L'objectif de ce point est de mettre en exergue les différents facteurs qui influencent négativement la décision d'adoption des techniques de CES/DRS, à l'aide d'outils économétriques. L'analyse sera faite par type de facteurs, à savoir les caractéristiques sociodémographiques de l'exploitant, les caractéristiques économiques du responsable et les caractéristiques de la surface cultivée. L'utilisation des données sur ces facteurs a permis d'expliquer la décision d'adoption des techniques CES/DRS au cours de la campagne agricole de 2015/2016 dans la zone sahélienne.

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Choix et validation du modèle

Le test de Hausman a conduit à l'estimation d'un modèle logit (Annexe B, Tableau 11). Le modèle logit estimé a par suite été soumis à un contrôle de qualité. L'aire située en dessous de la courbe ROC est évaluée à 0,804, le modèle est donc de bonne qualité (courbe ROC en annexe, Graphique 10). En outre, les tests de bonne spécification de Pearson et de Hosmer-Lemeshow effectués acceptent l'hypothèse nulle du bon ajustement du modèle aux données, à un risque de 5%. L'examen de la matrice de confusion donne un taux de bon classement de 72,6%. La spécificité et la sensibilité du modèle quant à elles sont respectivement évaluées à 74,2% et 68,0%.

Tableau 6: tests de validation

Tests Statistique p value à 5% de risque

LR Test

Ho : nullité du vecteur des coefficients 1137.53 0,00
Test de Hosmer-Lemeshow

Ho : bon ajustement du modèle aux données 3969,88 1,00
Test de Pearson

Ho : bon ajustement du modèle aux données 4009.66 1,00

Source : estimations, sorties de logiciel

Les tests statistiques menées et les indicateurs de qualité examinés nous ont permis de valider le modèle d'explication du comportement d'adoption des CES/DRS par les trois types de facteurs définis précédemment. Ainsi, l'on peut donc procéder à une interprétation de l'influence de ces facteurs.

Description et interprétation des résultats Les facteurs sociodémographiques

Le LR test effectué révèle que les facteurs sociodémographiques déterminent significativement le choix d'adoption des techniques de CES/DRS (Tableau 4).

Les résultats de l'estimation montrent que la propension d'adoption des techniques de CES/DRS est 2,85 fois plus élevée au niveau des exploitations appartenant à une organisation paysanne fonctionnelle qu'au niveau de celles qui n'en n'appartiennent pas. Le fait de ne pas être membre d'une organisation paysanne constitue donc une barrière à l'adoption des CES/DRS, cette relation serait due à l'effet du groupe et à l'accès à l'information. En effet, une organisation paysanne est un cadre de partage d'expérience, de soutien mutuel, de réception, de diffusion d'information sur

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Barrières et opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne

les techniques culturales et d'autres activités améliorant la gestion de l'exploitation des différents membres. L'appartenance à une organisation paysanne assurerait donc à l'agriculteur un accès facile à l'information et à l'expérience acquise par d'autres agriculteurs. Ce dernier pourrait être ainsi réceptif aux techniques culturales telles que la conservation et la défense des eaux et sols. Les résultats obtenus sur les liens entre l'adhésion à une organisation paysanne et l'adoption des techniques de CES/DRS sont similaires à ceux obtenus avec les travaux de Sidibé (2005) et ceux de Kinane (2002) sur les cordons pierreux, au Burkina Faso, dans le Nord. Le deuxième aspect intervenant dans la constitution du lien entre l'adhésion à une organisation paysanne et l'adoption des techniques de CES/DRS désigne le niveau de responsabilité atteint pour un agriculteur adhérant, un niveau de responsabilité qui lui permettrait de traiter son exploitation avec plus de précautions. Ce même aspect permet d'expliquer le lien entre l'adoption des techniques de CES/DRS et le statut de l'exploitant agricole dans son ménage.

Le statut de l'exploitant agricole dans son ménage détermine significativement le choix de l'agriculteur en termes d'adoption de techniques CES/DRS. Etant donné le fait qu'en général un agriculteur chef de ménage soit confronté à plus de responsabilité qu'un agriculteur ne l'étant pas, l'on devrait s'attendre à un effet positif de ce statut sur la décision d'adoption. Les résultats montrent que la propension d'adoption des techniques de CES/DRS est deux fois plus élevée au niveau des exploitants chefs de ménage qu'au niveau de ceux qui ne le sont pas. Le lien entre statut du responsable dans le ménage et l'adoption peut aussi être interprété dans le sens de la disponibilité de la main d'oeuvre nécessaire à la construction des sites antiérosifs. La construction de certains sites tels que le bourrelet de terre, les banquettes et les cordons pierreux nécessite une main d'oeuvre abondante et disponible. Ainsi, le chef de ménage, du fait de sa position au niveau du ménage aurait plus accès à la main d'oeuvre familiale par rapport aux autres membres du ménage.

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Barrières et opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne

Tableau 7: influence des facteurs sociodémographiques de l'exploitant sur l'adoption de la CES/DRS

 
 

LR test de significativité globale

statistique z?? (??) = 264,89 P value (5% risque) = 0,000

 

Influence

P value

 

Variables

(sur l'adoption)

(5% risque)

Odd ratio

Sexe (référence=femme)

+

0,000

1,84

Age au carré

-

0,000

0,99

Age

+

0,000

1,13

Taille du ménage

-

0,008

0,98

adhésion à aucune organisation paysanne

-

0,000

0,35

Ne pas être chef de ménage

-

0,000

0,50

Niveau d'instruction (référence=non alphabétisé)

 
 

Alphabétisé en français

Nulle

0,407

1,13

Alphabétisé en autre langue

+

0,000

2,48

Source : estimations, sorties de logiciel

L'analyse de l'effet de l'âge de l'exploitant sur le choix d'adoption révèle qu'une variation d'un an contribue à augmenter la propension à adopter les techniques de CES/DRS de 1,13 pour ce dernier, mais cette augmentation est atténuée à partir d'un certain seuil comme le montre la significativité de l'influence du carré de l'âge sur la probabilité d'adoption (Tableau 5). L'interprétation que l'on peut faire de l'influence de l'âge sur le choix d'adoption concerne l'expérience acquise par l'agriculteur avec le temps. L'on devrait donc s'attendre à moins d'adoption pour les jeunes exploitants, par défaut d'expérience dans le domaine agricole. L'instruction peut cependant être un moyen pour corriger le défaut d'expérience lié à la jeunesse.

En ce qui concerne le niveau d'instruction, le fait que le responsable de l'exploitation agricole ne soit pas instruit diminue la probabilité que celui-ci adopte les techniques de CES/DRS. La propension d'adoption des techniques de CES/DRS est 2,48 fois plus élevée au niveau des exploitants alphabétisés en une langue différente du français qu'au niveau des exploitants non alphabétisés. Cependant, comme le montre les travaux de Kinane (2002), l'instruction en français, en référence à l'absence d'instruction, n'influence pas significativement le choix d'adoption des techniques de CES/DRS. Cela se justifie par le fait que les cultivateurs, ayant acquis un certain niveau d'instruction, aient une propension plus élevée à exercer d'autres activités. Les résultats obtenus sur le lien existant entre niveau d'instruction et adoption des CES/DRS sont conforment aux travaux antérieurs (Sidibé, 2005) menés sur l'adoption des cordons pierreux dans la région du

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Barrières et opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne

Nord. Ayant fait ressortir les caractéristiques sociodémographiques de l'exploitant pouvant constituées un obstacle à l'adoption, nous pouvons continuer l'analyse au niveau des caractéristiques de la surface cultivée.

III.2.2 Caractéristiques de la surface cultivée

Le test de rapport de vraisemblance effectué sur les coefficients associés aux caractéristiques de la surface emblavée a permis de vérifier la significativité globale de l'impact de ce groupe de facteur sur l'adoption des techniques de CES/DRS (Tableau 6).

L'estimation du modèle logit a fait ressortir un effet non significatif (à un risque de 5%) des parts de la superficie cultivées sous les 3 types de labour (attelé, motorisé et manuel) sur la probabilité d'adoption des techniques de CES/DRS. Par contre, cette probabilité est considérablement influencée par le niveau de sécurisation foncière de l'exploitation agricole (Tableau 6). En effet, l'augmentation de la part de la surface cultivée sous sécurisation foncière moderne de 1%, pour une exploitation, contribue à réduire de 0,07% la probabilité d'adoption des techniques de CES/DRS pour cette dernière. Cette élasticité est évaluée à 0,08% pour la sécurisation traditionnelle. Le niveau de sécurisation peut apparaitre ici comme un indicateur du niveau de modernisme atteint par l'agriculteur dans la gestion de son exploitation. Ainsi, les agriculteurs qui disposent d'une sécurisation foncière plus moderne auraient tendance à utiliser des techniques agricoles beaucoup plus modernes par rapport aux techniques de CES/DRS.

Le but principal de l'application d'une technique de conservation et de défense des eaux et sols est d'atténuer les effets d'une forme donnée d'érosion sur le terrain exploité. Par ailleurs, pour ce terrain, l'exposition à l'érosion dépend du type de relief dans lequel il se situe. Le type de relief est donc susceptible d'influencer la décision d'adoption. La confrontation de cette idée aux données nous montre que l'utilisation des techniques de CES/DRS est moins probable lorsque les parts de la surface située sur un plateau et dans un basfond sont élevées (Tableau 6). Cela pourrait s'expliquer par le fait que de tels types de relief, contrairement aux collines et aux versants, offrent un cadre plus favorable au développement des plantes à l'abri de l'érosion.

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Barrières et opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne

Tableau 8: influence des caractéristiques de la surface cultivée sur l'adoption de la CES/DRS

 

LR test de significativité globale

statistique z?? (??) = 113.46 P value (5% risque) = 0,000

Variable

Influence

p value

Effet marginal

Labour

 
 
 

Part de surface sous labour attelé

Nulle

0,252

0,0022

Part de surface sous labour motorisé

Nulle

0,057

-0,0118

Part de surface sous labour manuel

Nulle

0,089

0,0152

Sécurisation foncière

 
 
 

Part Surface sous sécurisation moderne

-

0,000

-0,0045

Part Superficie sous sécurisation traditionnelle

-

0,006

-0,0004

Relief de la surface cultivée

 
 
 

Part de surface sur plateau

-

0,000

0,0017

Part de surface dans basfond

-

0,003

0,0008

Part de superficies à gestion collectives

+

0,000

0,0010

Source : estimations, sorties de logiciel

Le dernier aspect de la surface cultivée analysé est la part sous gestion collective. La probabilité qu'une exploitation adopte les techniques CES/DRS augmente de 0,001 pour une variation de 1% de la part de la surface gérée de façon collective. La gestion individuelle constitue donc une barrière à l'adoption des techniques de CES/DRS. En effet, une gestion collective contribuerait à l'apport de diverses idées de la part du groupe afin d'améliorer l'exploitation de la terre. La singularité de ces idées dans le cas d'une gestion individuelle peut donc être un obstacle à l'adoption des techniques de CES/DRS.

III.2.3 Caractéristiques économiques de l'exploitant et de l'exploitation

Les caractéristiques économiques retenues dans le cadre de l'analyse des techniques de CES/DRS ont globalement un effet significatif sur le choix d'adoption de ces techniques (test de significativité globale des facteurs économiques, Tableau 7). Au niveau de ces caractéristiques, on note une influence significative et négative des autres activités exercées par le responsable d'une exploitation agricole sur l'adoption des techniques de conservation et de défense des eaux et sols. La propension à adopter ces techniques est en effet 1,81 fois plus élevée chez les agriculteurs n'exerçant aucune activité non agricole qu'au niveau de ceux qui en exerce. En réalité, un

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exploitant agricole exerçant d'autres activités aurait tendance à moins s'appliquer dans la gestion de son exploitation, cela pourrait contribuer à réduire les soins apportés à la terre cultivée.

L'analyse menée sur le type de main d'oeuvre utilisée sur l'exploitation a mis en exergue des effets jugés significatifs. Lorsqu'elle est rémunérée, en référence à l'entraide, la probabilité d'adoption des CES/DRS diminue de 0,05 (Tableau 13, annexe). Cet effet serait dû au coût supplémentaire supporté lorsqu'on a recours à une main d'oeuvre rémunérée qu'à celle issue de l'entraide. Ainsi, pour la construction d'un site antiérosif nécessitant une importante quantité de main d'oeuvre, le coût de réalisation pourrait décourager la volonté de l'agriculteur.

Tableau 9: effet des facteurs économiques sur l'adoption de la CES/DRS

 

LR test de significativité globale

Statistique z?? (??) = 31,31 P value (5% risque) = 0,000

Variables

Influence

Odd ratio

P value

Autres activités

-

0,56

0,000

Cheptel- animaux de grande taille

Nulle

0,99

0,233

Cheptel-animaux de petite taille

Nulle

1,01

0,248

Main d'oeuvre rémunérée

-

0,70

0,019

Source : calcul de l'auteur

III.2.4 Synthèse

Au terme de l'analyse des déterminants de l'adoption des techniques de CES/DRS, nous avons pu exhiber les facteurs considérés comme barrières à l'adoption. La défaillance du cadre organisationnel (organisation paysanne), le faible accès à l'information et à l'éduction, le faible niveau d'expérience lié à la jeunesse et le statut (dans le ménage) du responsable de l'exploitation agricole constituent les principales barrières sociodémographiques à l'adoption de ces techniques. L'hypothèse Ho émise au début de l'étude est donc vérifiée par les résultats. L'hypothèse H1 émise sur les liens entre caractéristiques économiques et adoption de la CES/DRS est aussi confirmée par les résultats. En effet, bien que le patrimoine animal n'influence pas considérablement la décision d'adoption, l'utilisation de la main d'oeuvre rémunérée et les activités non agricoles menées par l'agriculteur contribuent à la non adoption des techniques de CES/DRS.

L'information dont nous disposons à la fin de cette étape de notre étude constitue les facteurs expliquant la non adoption des techniques CES/DRS dans la zone sahélienne, une zone qui

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pourtant présente un environnement vulnérable à l'érosion. Le caractère antiérosif de ces techniques devrait permettre aux agriculteurs de cette zone de tirer des avantages significatifs dans la conservation et la défense des eaux et sols, des avantages qui seront considérés comme des opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS.

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