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Evaluation des pratiques agricoles comme moyen de mitigation des changements climatiques en zone forestière


par Adrien Ndonda
Université de Kisangani - Diplôme d'études approfondies en sciences agronomiques, eau et forêt 2014
  

Disponible en mode multipage

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Table des matières

Liste des abréviations et acronymes 3

Liste des tableaux 5

Liste des figures 6

DÉDICACE 8

REMERCIEMENTS 9

Résumé 10

Abstract 11

INTRODUCTION GENERALE 12

1. Problématique 12

2. But de l'étude 15

3. Hypothèses 15

4. Objectifs 16

4.1. Objectif général 16

4.2. Objectifs spécifiques 16

Première partie : Synthèse bibliographique sur le changement climatique 17

Chapitre 1 : Définitions des concepts 17

1. Le GEIC 17

2. L'adaptation aux changements climatiques 17

3. Puits de carbone 17

4. L'atténuation des changements climatiques 18

5. OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économiques) 18

6. Le réchauffement climatique 19

7. El Niño et La Niña 19

8. Les gaz à effet de serre (GES) 20

9. La séquestration du carbone 20

10. Le crédit carbone 20

11. Les différents protocoles et accords sur l'environnement et les changements climatiques 20

12. REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation) 21

13. Les changements climatiques en République Démocratique du Congo 21

Deuxième partie : Expérimentation 24

Chapitre 2 : MILIEU DE L'ÉTUDE 24

2.1. Description du milieu expérimental 24

2.2. Les conditions climatiques durant l'expérimentation 28

Chapitre 3 : Défrichement au ras de sol comme alternative à la pratique d'incinération utilisée dans les jachères herbeuses sous culture de manioc 30

Introduction 30

3.1. Matériel et méthode 31

3.2. Méthodes 34

3.2. Résultats et discussion 35

Chapitre 4 : Effet du labour et de la disposition de plantation des boutures sur le rendement en racines de manioc 56

INTRODUCTION 56

Problématique 56

Objectif 56

Hypothèse 56

4.1. Matériels et Méthodologie 57

4.2. Résultats et discussion 57

4.2.1. Résultats 57

4.2.2. Discussion et conclusion 72

Chapitre 5 : Évaluation économique des pratiques culturales 74

5.1. Les charges d'exploitation suivant les techniques culturales 74

5.2. Calcul du coût de production 75

5.3. Les marges bénéficiaires attendues suivant les techniques culturales de production 75

CONCLUSION 76

Recommandations 78

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 79









Liste des abréviations et acronymes

· ASB : Agriculture Itinérante sur Brûlis

· ANOVA : Analysis of variance (Analyse de la variance)

· CART : Cochenille Africaine des Racines et Tubercules

· CH: Méthane

· CV : Coefficient de variation

· CO: Dioxyde de carbone ou gaz carbonique

· ETP : Évapotranspiration Potentielle

· GEIC : Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat

· GES : Gaz à Effet de Serre

· HBFC : Hydrobromofluorocarbons

· HCFC : Hydrochlorofluorocarbons

· HCN : Acide Cyanhydrique

· IITA : Institut International d'Agriculture Tropicale

· LSD : Least SignificantDifference

· NASA : National Aeronautics and Space Administration

· N2O : Protoxyde d'Azote

· OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques

· ONU : Organisation des Nations Unies

· PANA : Programme d'Action National d'Adaptation aux changements climatiques

· pH : Potentiel Hydrogène

· RDC : République Démocratique du Congo

· REDD: Reducing Emission from Deforestation and Forest Degradation

· SNSA : Service National de Statistique Agricole

· UNIKIS : Université de Kisangani




Liste des tableaux

Tableau 1 : Caractéristiques physiques, chimiques et biologique des sols en étude 

Tableau 2 : Les données des précipitations et de températures durant la période de l'essai 

Tableau 3 : Données des composantes du rendement de manioc dans l'essai de comparaison de la technique d'incinération à la non-incinération.

Tableau 4 : Moyennes de rendements suivant le mode de préparation du sol, la saison et la variété plantée.

Tableau 5 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol, saison de culture et variétés de manioc).

Tableau 6 : Les rendements (t/ha) obtenus suivant le moment de culture (saison) et le mode de préparation du sol

Tableau 7 : Moyennes de rendements obtenues suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et variétés de manioc).

Tableau 8 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Dates de plantation et variétés de manioc). 

Tableau 9 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol, dates de plantation et variétés de manioc).

Tableau 10 : Données des composantes de rendement suivant le mode de préparation du terrain, la disposition des boutures et les variétés 

Tableau 11 : Moyennes de rendements suivant le mode de préparation du sol, la position des boutures et la variété plantée.

Tableau 12 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol, position de plantation des boutures et variétés de manioc).

Tableau 13 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et position des boutures).

Tableau 14 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et les variétés plantées).

Tableau 15 Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Position de plantation des boutures et les variétés plantées).

Tableau 16 : Rendement obtenu suivant le mode de préparation du sol, la disposition des boutures et la variété plantée

Liste des figures

Figure 1: Évolution de la calotte glaciaire arctique (1979-2005) 3

Figure 2: Changement de l'accumulation des neiges au sommet du Kilimandjaro : première photo prise le 17 février 1993, seconde le 21 février 2000. Le Kilimandjaro a perdu 82 % de son glacier durant le XXe siècle et celui-ci pourrait avoir disparu en 2020 selon un article paru dans la revue Science en 2002 13

Figure 3: Amplitudes annuelles mondiales de températures 14

Figure 4: arbre à problèmes du changement climatique en RDC 23

Figure 5: Carte reprenant le site expérimental de Litoy 25

Figure 6: Diagramme de saisons dans la zone d'expérimentation, Source Logiciel New_LocClim (Local Climate Estimator) 26

Figure 7: Graphique indiquant les précipitations et les températures mensuelles enregistrées entre 2002 à 2011 à Litoy.   Source des données Logiciel New_LocClim (Local Climate Estimator) 26

Figure 8: Les amplitudes thermiques à Litoy prises sur 10 années antérieures à l'expérimentation 27

Figure 9: Courbes de pluies (nombre de jours et mm de pluies) durant la période expérimentale 29

Figure 10: Amplitudes des températures pendant la période expérimentale à Litoy 29

Figure 11: Taux de levée du manioc après bouturage suivant les saisons de culture, le mode de préparation du sol et la variété de manioc 37

Figure 12: Courbe de régression obtenue entre les racines commercialisables par pied et le rendement 38

Figure 13: Courbe de régression entre le diamètre de racines et le rendement du manioc 39

Figure 14: Courbes de régression entre la longueur de racines et le rendement du manioc 40

Figure 15: Courbe de régression entre la longueur et le diamètre des racines 40

Figure 16: Droites de rendements suivant le mode de préparation du terrain 43

Figure 17: Rendement du manioc suivant le mode de préparation du terrain, la saison et la variété 43

Figure 18: Droites indiquant les rendements obtenus suivant les dates de plantation 44

Figure 19: Droites de rendement suivant les variétés de manioc plantées 45

Figure 20: Rendement du manioc suivant le mode de préparation du sol et le moment de plantation du manioc 46

Figure 21: Rendement de manioc suivant le mode préparation du sol et les variétés plantées 47

Figure 22: Rendement suivant la saison de plantation et La variété plantée 48

Figure 23 : Rendements obtenus suivant le mode de préparation du terrain, la saison de plantation et la variété 49

Figure 24 : Nuages de points présentant les rendements obtenus suivant les répétitions (aire de culture) 50

Figure 25: Histogramme reprenant les variations de pH à l'eau suivant les profondeurs et les traitements 51

Figure 26: Dosage du carbone et de la matière organique 52

Figure 27: Analyse granulométrique des sols du site expérimentale (en %) 52

Figure 28: Courbe de régression suivant le nombre de racines commercialisables sur le rendement du manioc 59

Figure 29: Courbe de régression suivant le nombre de racines non commercialisables sur le rendement du manioc 59

Figure 30: Courbes de régression du taux de reprise après bouturage sur le rendement du manioc 60

Figure 31: Courbe de régression de la longueur des racines sur le rendement en racines 61

Figure 32: Courbe de régression de diamètres moyens des racines sur le rendement 61

Figure 33: Droites de rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol (Labour, non-labour) 64

Figure 34: Droites de rendement de manioc suivant la position de plantation des boutures 65

Figure 35: Droites de rendement de manioc suivant les variétés de manioc sur sol labouré ou non labouré 66

Figure 36: Rendement (t/ha) du manioc suivant le mode de préparation du sol et la position de plantation des boutures 67

Figure 37: Rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol et les variétés de manioc plantées 68

Figure 38: Rendement suivant la variété et la disposition des boutures lors de la plantation 70

Figure 39: Rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol, la disposition des boutures et la variété de manioc 71

Figure 40: Dispersion de rendements dans l'essai comparant les modes de préparation du terrain, la plantation des boutures et les variétés plantées 71

Figure 41: Les charges d'exploitation suivant les pratiques culturales 74

Figure 42: Histogramme présentant les coûts de production suivant les pratiques culturales 75

Figure 43: Les marges bénéficiaires suivant les pratiques culturales 76










DÉDICACE

A ma très chère épouse Safi MONGOTANE NDONDA et à mes enfants,

Je dédie ce mémoire











REMERCIEMENTS

Au terme de cette formation qui sanctionne la fin de notre formation au Programme d'Études Supérieures et qui nous ouvre la porte vers les études doctorales, nous tenons à remercier du fond de notre coeur, le Professeur MOANGO MANGA Adrien et le Docteur MAHUNGU NZOLA MESO, ces éminents scientifiques, pour leur souci de nous voir cheminer vers la hauteur de la science. Nous resterons gré vis-à-vis du Professeur Victor MOBULA META pour son encouragement et son souci particulier à nous voir avancer. Son oeil scientifique sur cette étude nous a été d'un grand avantage.

Nos remerciements sont adressés aux autorités académiques de l'Université de Kisangani qui ont accepté de nous inscrire à ce Programme au sein de l'Université où ils ont les hautes responsabilités.

Nous tenons à remercier l'ensemble du corps professoral qui nous a dispensé cette formation et à travers lui, tous les enseignants de l'Université de Kisangani. Ils ont transcendé toute la grandeur pour disposer de leur temps et nous transmettre la science avec abnégation et sans complaisance et cela évidemment malgré leurs multiples occupations. De manière particulière, nous adressons nos sentiments mérités au Professeur NSHIMBA Hyppolite, Doyen de la Faculté de Gestion des Ressources Naturelles Renouvelables pour toute la disponibilité scientifique dont il a fait montre durant ce cycle post-universitaire.

Nous ne resterons pas indifférents à la contribution combien scientifique de nos collègues de l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA), station de la République Démocratique du Congo. Ils n'ont ménagé aucun effort pour nous aider à produire ce document que nous voulons de haute portée scientifique. Ils ont mis à notre disposition, publications, logiciels statistiques et météorologiques, données statistiques de production, etc.

Aussi, nous reconnaissons que plusieurs personnes ont joué un rôle majeur pour l'aboutissement de ce mémoire. Nous ne saurons certainement pas les citer ici de manière nominative par crainte d'en oublier quelques-unes, nous disons donc tout simplement merci pour leur assistance tant morale que matérielle.

Adrien NDONDA

Résumé

Dans cette étude, des pratiques consistant à contourner l'incinération généralement usuelle dans les systèmes culturaux de forêt de transition, ont été mises en contribution pour évaluer leur performance dans la mitigation des changements climatiques qui, du reste, sont déjà très perceptibles dans la zone de l'étude. Après les diverses évaluations, il vient d'être constaté que le labour mécanique pratiqué sur sol sans incinération préalable de la friche herbeuse permet une augmentation sensible du rendement du manioc. On a obtenu des rendements moyens de 39 t/ha par l'utilisation du labour mécanique comme mode de préparation du terrain contre 27 t/ha en sol incinéré (méthode commune des exploitants en zone de forêt de transition) et 24 tonnes par hectare sur sol défriché au ras de sol sans incinération de la biomasse végétale. Les accroissements de rendement sont de 63 % lorsqu'on pratique le labour mécanique à la place de la non-incinération et de 44 % lorsqu'on compare le labour à la pratique d'incinération. Cependant, la comparaison de rendements par rapport au moment de la mise en culture a clairement indiqué que le manioc planté en saison sèche subit une baisse importante du rendement. Ce dernier est évalué à 17 t/ha en moyenne mais, lorsque planté en saison de pluie et/ou en saison de transition, le rendement s'élève jusqu'à 32 tonnes par hectare. En comparant les différents modes de plantation des boutures de manioc, il ressort que les boutures plantées verticalement assurent un rendement plus stable même si la plantation du manioc se suivait d'une période sèche et cela, à cause de la profondeur de l'enracinement. On a obtenu respectivement des rendements de 35 t/ha, 34 t/ha et 31 t/ha suivant que les boutures sont plantées verticalement, horizontalement et obliquement. La position oblique est évidemment une variante de la position verticale et ne fait pas déceler des différences entre ces deux modes de plantation de manioc. Les variétés de manioc mises en contribution ont montré que la variété Mvuama a prédominé dans toutes les conditions de culture de manioc dans la friche herbeuse. Plusieurs analyses ont permis de déceler les interactions entre les facteurs observés et aussi une évaluation de la corrélation entre les propriétés du sol et les rendements obtenus suivant les modes de préparation du sol était réalisée par des régressions linéaires et multiples. Un calcul de la marge bénéficiaire a permis de désigner le labour mécanique comme pratique alternative qui permet d'obtenir des marges plus importantes évaluées autour de 2500 $ US par hectare contre les autres pratiques qui ont donné des moyennes oscillant autour de 1500 $ US/ha. Cependant, les charges d'exploitations sont plus grandes pour le labour mécanique et limitent son adoption par les petits producteurs (paysans)

Mots clés : labour, incinération, position de bouturage, changement climatique

Abstract

In this study, the practice of circumventing incineration mostly used in transition forest cropping systems has been tested to assess its contribution for mitigation to climate change in per the ecological zone of the study.

According to various estimates, it has been found that the mechanical tillage practices on land without prior burning (slash and burn system) of the grassy wasteland significantly increases the yield of cassava. An average yield of 39 tons per hectare was obtained   with mechanical land tillage comparedto 28 tons per hectare on slashed and burned land (common method used by farmers in transition forestzone) and 24 tons of ground slashed and cleared but without incinerating plant biomass. The yield increases are 63% when comparing the mechanical tillage to non-incineration and 44% when compared to the practice of cremation. Nevertheless, the comparison yields relative to the time of cultivation has clearly indicated that cassava planted in the dry season suffered a significant drop in performance of 17 tons per hectare on average compared to 32 tons per hectare when planted in the rainy season. Comparing the different methods of planting cassava cuttings, vertical and slant (oblique) cutting planting resultedin more root yield than horizontal cutting planting of 35 t / ha, 34 t / ha and 31 t / ha respectively. Slant position is obviously a variation of the vertical position and does not detect statistically significant differences between these two methods of planting. Among the two cassava varieties used in this study the results showed that Mvuama variety prevailed in all conditions of cassava in the grassy wasteland. Several analyzes have revealed interactions between factors and observed that an assessment of the correlation between the properties of soil and yields of the modes of tillage was performed by linear regression and by multiple. The gross margins obtained from mechanical tillage practice was much higher at around U.S. $ 2,500 per hectare against other practices that gave average gross margins around U.S. $ 1,500 / ha. However, mechanical tillage requires much higher initial investment in production cost that only large commercial farms could afford which may   limit its adoption by smallholder farmers (peasants). 

Keywords: labor, incineration, cuttings position, climate change


INTRODUCTION GENERALE

1. Problématique

Les sols des zones tropicales s'appauvrissent davantage à cause des mauvaises pratiques culturales qui ne permettent pas une utilisation rationnelle des espaces cultivables. Dans les zones équatoriales par exemple, les forêts s'éloignent de plus en plus des habitations et laissent la place à des jachères généralement jonchées des espèces telles que le Chromolaena odorata.  L'agriculture itinérante sur brûlis étant la pratique usuelle de préparation du terrain, ses implications sont généralement négatives et influent sur le climat et la biodiversité forestière.

Figure 1: Évolution de la calotte glaciaire arctique (1979-2005)

Ces images satellites de la calotte glacière de l'Arctique, prises en 1979 (image d'en haut) et 2005 (image d'en bas) par la NASA qui effectue une surveillance par satellite de la région depuis 1978, Celle-ci se réduit d'environ 8 % tous les dix ans par rapport à sa taille observée en 1979. Ce phénomène, attribué au réchauffement climatique, devrait s'accélérer au cours du xxi e siècle.

Goddard Space Flight Center/ Space Flight Center/NASA

La pratique de la non-incinération est fastidieuse et occasionne des charges d'exploitation importantes pour permettre au sol de recevoir la culture. Mais, on sait aussi au même moment que la pratique de l'incinération détruit la matière organique du sol et dégage des quantités importantes de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, un des gaz à effet de serre responsable du réchauffement de la planète et des changements climatiques (Altieriet al., 2002). Ces derniers affectent tous les domaines vitaux notamment l'agriculture avec des réductions de rendements évaluées actuellement à environ 30 % en Afrique (Jackson et al. 2007). 

D'après le 4ème rapport du GIEC, "le réchauffement du climat ne fait l'objet d'aucun doute et est désormais attesté par l'augmentation observée des températures moyennes de l'air et des océans, la fonte généralisée de la neige et de la glace et l'augmentation du niveau moyen de la mer" (Figures 1 et 2).

La hausse des températures moyennes à la surface du globe est la première conséquence attendue et constatée des émissions massives de gaz à effet de serre. Les relevés météorologiques enregistrent des anomalies positives de températures qui se confirment d'années en années par rapport aux températures enregistrées depuis le milieu du XIXème siècle.

Figure 2:Changement de l'accumulation des neiges au sommet du Kilimandjaro : première photo prise le 17 février 1993, seconde le 21 février 2000. Le Kilimandjaro a perdu 82 % de son glacier durant le XXe siècle et celui-ci pourrait avoir disparu en 2020 selon un article paru dans la revue Science en 2002

De plus, les paléo climatologues soulignent, dans le rapport 2007 du GIEC, que la température actuelle moyenne de l'hémisphère Nord est la plus élevée depuis 500 ans et probablement depuis plus de 1 300 ans.  Des amplitudes thermiques positives sont remarquables depuis les années 1980 et évoluent au fil des années. Cette situation entraîne des conditions qui demandent que des mesures appropriées soient prises pour atténuer ces changements déjà effectifs. 


Si les pays développés sont moins vulnérables aux perturbations climatiques, les États sous-développés en revanche ne résistent pas encore suffisamment aux chocs des climats. On observe que les personnes vivant en milieu rural avec moins d'éléments de développement sont plus vulnérables aux chocs climatiques. De la même manière, dans une communauté rurale, une famille disposant de plus de moyens matériels est moins vulnérable que celle qui n'a rien. (Sonwa, 2010).

Des phénomènes climatiques tels que La Nina ayant pour origine une anomalie thermique des eaux équatoriales de surface (premières dizaines de mètres) de l'océan Pacifique centre et est caractérisée par une température anormalement basse de ces eaux et El Nino désignant par extension un phénomène  climatique particulier, différent du climat usuel, qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l'eau dans la partie Est de l'Océan Pacifique sud, représentant une extension vers le sud du courant chaud péruvien, contribuent aux modifications observées sur le climat et quand bien même que ces phénomènes climatiques naturels sont du Pacifique tropical, ils  font  intervenir de façon conjointe l'océan et l'atmosphère et se manifestent par un réchauffement des couches superficielles de l'océan, un affaiblissement des alizés et un déplacement sur l'océan des zones de grande convection atmosphérique caractérisées par des précipitations abondantes. El Niño est donc la phase chaude d'une oscillation dont la phase froide est appelée La Niña. La périodicité des événements varie entre deux et sept ans et un événement dure entre 12 et 18 mois. (Yves du Penhoat, 1994). 

Figure 3: Amplitudes annuelles mondiales de températures

Source : NASA GISS Surface TemperatureAnalysis, ClimaticResearch Unit

En République Démocratique du Congo, la fin des années 90 avait pour particularité la chute brutale de la production de manioc, la principale denrée alimentaire du pays. Ces contre-performances étaient attribuées à la recrudescence des maladies telles que la mosaïque africaine. Pourtant, il aurait été aussi important de tenir compte des phénomènes climatiques actuels qui favorisent d'une manière ou d'une autre la pullulation des certaines maladies et la présence assez remarquable de certains ravageurs du manioc. Pour ne parler que du manioc, on sait que les excès des pluies sont favorables aux pourridiés et à la bactériose du manioc tandis que les extrêmes sécheresses sont responsables de graves infestations à la cochenille farineuse et aux acariens verts. 

Quand bien même qu'une stabilisation de la production a été observée depuis 2002, il faut cependant noter que la situation est restée depuis lors très précaire et, face aux menaces des changements climatiques actuels, des mesures doivent être envisagées pour contourner les difficultés que connaissent la production du manioc et qu'elle doit attendre davantage si des mesures appropriées ne sont pas prises.  

En province Orientale, le manioc est de loin la principale culture dont les racines tubéreuses sont transformées en chikwangue, fufu ou cuites directement, pilées et mélangées au plantain pour la préparation du « Lituma ». Au niveau national, elle occupe à elle seule plus de la moitié des terres sous culture et en 2006 par exemple, plus de 2.200.000 ha étaient sous culture de manioc sur les 5.413.000 ha des terres arables comportant les cultures vivrières, les cultures pérennes et les jachères (SNSA, 2012). 

Parmi les alternatives aux défis du changement climatique, il faut épingler que les pratiques culturales peuvent être mises en contribution.  En zones forestières, elles incluent le défrichement, l'abattage des arbres et l'incinération qui précédent la culture. Dans ces conditions, la préparation du sol ne favorise pas la rétention de l'eau dans le sol et une bonne fraction de la matière organique se perd par calcination, les exploitants agricoles ont tendance à se déplacer chaque saison culturale à cause de la précarité de la fertilité des sols exploités et c'est dans ce contexte qu'on parle de l'agriculture itinérante sur brûlis et où des hectares des forêts supplémentaires tombent chaque année et accentuant ainsi dans une certaine mesure, les conditions responsables des changements climatiques. 

Avec les perturbations climatiques perceptibles avec la présence des poches de sécheresse pendant les périodes réputées pluvieuses, on ne parvient plus à maîtriser un calendrier cultural. Par ailleurs, on note que le défrichement est la pratique usuelle qui précède l'abattage et généralement, se pratique à une certaine hauteur du sol de sorte qu'après l'incinération, il occasionne une opération supplémentaire consistant à découper les souches d'herbes et d'arbustes pour rendre le sol disponible à recevoir la culture. Le défrichement lorsqu'il est appliqué au ras du sol, il disponibilise ce dernier pour la plantation. A cause de la non-incinération, la biomasse obtenue après défrichement sert : a) de paillis en favorisant la conservation de l'eau dans le sol, en empêchant aussi la reprise rapide des mauvaises herbes ; b) de fertilisant organique obtenu lors de la décomposition de la matière organique et c) d'alternative pour contourner l'incinération néfaste à l'environnement.

Dans cette étude, il s'agira aussi d'évaluer si la profondeur des boutures lors de la plantation influence le taux de reprise, la croissance et le rendement du manioc. Certains auteurs affirment que les boutures plantées en profondeur moyenne (entre 4 à 6 cm dans le sol) reprennent plus rapidement mais ne favorisent pas un développement maximal des racines (Raffaillac, 1993). D'autres estiment que les boutures plantées profondément permettent un bon développement des racines mais qu'elles ne reprennent pas parce que souvent asphyxiées dans le sol lors du processus de germination (Braimaet al., 2000). Aussi, une faible densité réduit le rendement du manioc quel que soit le potentiel productif des variétés plantées. Le mode de plantation serait donc un facteur déterminant de la production du manioc en racines.

Les changements climatiques constituent un fait réel qui affecte les productions agricoles surtout dans les zones les plus vulnérables d'Afrique subsaharienne où les systèmes culturaux sont précaires et non durables. Il est évident que devant de pareilles situations, la production végétale subisse des revers qui affectent de plus en plus les petits exploitants à cause de leur vulnérabilité. 

2. But de l'étude

Dans cette étude, il s'agit de situer la ou les pratiques culturales qui peuvent permettre une mitigation des changements climatiques en favorisant la production sur les jachères en lieu et place de l'Agriculture Itinérante sur brûlis exercée dans la forêt primaire.  

3. Hypothèses

· Le labour mécanique opéré sur les friches herbeuses de jachère permet de bien ameublir le sol. Il favorise un bon développement des racines et une croissance relativement plus rapide de la plante. Il conviendrait à assurer une production optimale en sol marginal et épargnerait les écosystèmes forestiers des causes agricoles susceptibles de modifier le climat. 

· La non-incinération permet de maintenir au sol pendant des périodes relativement longues la matière organique issue du défrichement et ainsi, cette matière peut modifier les caractéristiques physico-chimiques et biologiques du sol et favoriser un maintien de la fertilité du sol. 

· La disposition des boutures de manioc lors de la plantation influence le comportement végétatif et productif du manioc

4. Objectifs

4.1. Objectif général

L'objectif général est de contribuer à la lutte contre les causes agricoles qui affectent le climat à partir des pratiques culturales appropriées.

4.2. Objectifs spécifiques

- Proposer les ou la pratique (s) agricole (s) la (les) plus appropriée(s) pouvant permettre une production optimale dans les friches herbeuses des jachères forestières et réduire la pression des producteurs sur la biodiversité des forêts ;

- Utiliser les méthodes convenables de préparation du sol pour lutter contre les effets néfastes de l'agriculture itinérante sur brûlis (ASB).

- Identifier les pratiques agricoles qui peuvent permettre de maintenir la fertilité des sols dans les jachères herbeuses des zones forestières.

Première partie : Synthèse bibliographique sur le changement climatique

Chapitre 1 : Définitions des concepts

Plusieurs concepts devront être connus pour bien appréhender la thématique du changement climatique. Dans ce chapitre, il sera présenté quelques définitions des termes qui reviennent le plus souvent lorsqu'il s'agit des changements climatiques.

1. Le GEIC

Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est un organisme intergouvernemental, ouvert à tous les pays membres de l'ONU. Il a pour mission d'évaluer, sans parti-pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d'ordre scientifique, technique et socio-économique qui sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au changement climatique d'origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d'éventuelles stratégies d'adaptation et d'atténuation. Il n'a pas pour mandat d'entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l'évolution des variables climatologiques ou d'autres paramètres pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue.

2. L'adaptation aux changements climatiques

L'adaptation aux changements climatiques ou au dérèglement climatique désigne les stratégies, initiatives et mesures individuelles ou collectives visant, par des mesures adaptées, à réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains contre les effets réels ou attendus des changements climatiques.

Ces stratégies sont complémentaires des stratégies d'atténuation, qui visent à moins émettre de gaz à effet de serre et à restaurer ou protéger les capacités de puits de carbone des écosystèmes ou des agroécosystèmes. Dans plusieurs pays, sa prise en compte est devenue obligatoire dans les processus d'aménagement du territoire et de pilotage du développement durable.

3. Puits de carbone

Au sens large, un puits de carbone ou puits CO2 est un réservoir, naturel ou artificiel, de carbone qui absorbe le carbone de l'atmosphère et donc contribue à diminuer la quantité de CO2 atmosphérique, et en conséquence, le réchauffement de la planète. La taille de ces réservoirs augmente constamment, à l'inverse d'une source de carbone. Les principaux puits étaient les processus biologiques de production de charbon, pétrole, gaz hydrates de méthane et roches calcaires. Ce sont aujourd'hui les océans, les sols (humus, tourbière,) et certains milieux végétalistes (forêt en formation).

4. L'atténuation des changements climatiques

Les mesures d'atténuation cherchent à limiter l'accroissement des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, responsables du changement climatique.

Selon le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat), le principal gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone, est émis par deux principales sources. En 2000, la combustion de carbone fossile (charbon, pétrole, gaz) émettait environ 6 milliards de tonnes de carbone par an dans l'atmosphère et la déforestation émettait 1,5 milliard de tonnes. Deux grandes options d'atténuation (ou "mitigation" en anglais) sont généralement considérées. La première consiste à réduire les émissions, en limitant la consommation d'énergie, en changeant de sources d'énergie, en partie grâce aux énergies renouvelables, en transformant les systèmes de transport ou de traitement des déchets et en réduisant la déforestation. La seconde option, souvent appelée séquestration du carbone, cherche à récupérer une partie du carbone de l'atmosphère et le stocker dans la biosphère. En effet, les écosystèmes, en particulier les forêts, peuvent jouer un rôle de puits de carbone et absorber le carbone de l'atmosphère par exemple lors de leur croissance.

Différentes activités rurales des pays du Sud peuvent atténuer le changement climatique et sont l'objet de travaux de recherche à propos de la quantification des stocks et flux de carbone dans les écosystèmes, la connaissance des processus au niveau des sols agricoles et la production de bioénergie et de biomatériaux.

5. OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économiques)

L'OCDE est un forum unique en son genre où les gouvernements de 30 démocraties oeuvrent ensemble pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux que pose la mondialisation. L'OCDE est aussi à l'avant-garde des efforts entrepris pour comprendre les évolutions du monde actuel et les préoccupations qu'elles font naître. Elle aide les gouvernements à faire face à des situations nouvelles en examinant des thèmes tels que le gouvernement d'entreprise, l'économie de l'information et les défis posés par le vieillissement de la population. L'Organisation offre aux gouvernements un cadre leur permettant de comparer leurs expériences en matière de politiques, de chercher des réponses à des problèmes communs, d'identifier les bonnes pratiques et de travailler à la coordination des politiques nationales et internationales.

Les pays membres de l'OCDE sont : l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Canada, la Corée, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Islande, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie. La Commission des Communautés européennes participe aux travaux de l'OCDE.

6. Le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire, ou réchauffement global, est un phénomène d'augmentation de la température moyenne des océans et de l'atmosphère, mesuré à l'échelle mondiale sur plusieurs décennies, et qui se traduit par une augmentation de la quantité de chaleur de la surface terrestre. Dans son acception commune, ce terme est appliqué à une tendance au réchauffement global observé depuis le début du XXe siècle.

7. El Niño et La Niña 

7.1. El Niño 

El Niño est un phénomène climatique dont l'origine est assez mal connue. Contrairement à La Niña, il se traduit par une hausse de la température à la surface de l'eau (10 mètres environ) de l'est de l'océan Pacifique, autour de l'équateur.  Le nom de El Niño - qui veut dire « l'enfant » en espagnol - fait référence à Jésus, car ce phénomène atteint son apogée à l'époque de Noël. Ce sont les pêcheurs péruviens qui avaient attribué ce nom au courant marin froid correspondant. 

Ce phénomène a été découvert dans les années 1920 par Sir Gilbert Walker, un physicien anglais ayant mis en évidence l'oscillation australe qui est liée à El Niño.

7.2. La Niña 

La Niña est un phénomène climatique ayant pour origine une anomalie thermique des eaux équatoriales de surface (premières dizaines de mètres) de l'océan Pacifique central et est caractérisée par une température anormalement basse de ces eaux. La Niña (la petite fille en espagnol) tire son nom d'une comparaison avec El Niño (le petit garçon en espagnol en référence à l'enfant Jésus) dont les conséquences maritimes et climatiques sont globalement l'inverse de celles de La Niña. La fréquence de La Niña est différente de celle d'El Niño et les deux événements ne semblent pas nécessairement induits l'un par l'autre (seuls un tiers des cas de proximité dans le temps entre El Niño et La Niña semblent montrer une corrélation) 

8. Les gaz à effet de serre (GES)

Les gaz à effet de serre (GES) sont des composants gazeux qui absorbent le rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre contribuant à l'effet de serre. L'augmentation de leur concentration dans l'atmosphère terrestre est l'un des facteurs à l'origine du récent réchauffement climatique.

Un gaz ne peut absorber les infrarouges qu'à partir de trois atomes par molécule, ou à partir de deux si ce sont deux atomes différents.

Les principaux gaz à effet de serre qui existent naturellement dans l'atmosphère sont la vapeur d'eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d'azote (N2O) et l'ozone (O3).

9. La séquestration du carbone

La séquestration du dioxyde de carbone (on parle parfois piégeage ou emprisonnement du carbone) est le stockage à long terme du dioxyde de carbone, hors de l'atmosphère.

10. Le crédit carbone

Un crédit-carbone est une unité correspondant à une tonne d'équivalent CO2 (dioxyde de carbone) sur les marchés du carbone. Le marché du carbone concerne en effet plusieurs types de gaz à effet de serre, et pas seulement le dioxyde de carbone : on peut transposer tout type d'émission de gaz à effet de serre en équivalent CO2. Sachant que chaque type de gaz à effet de serre possède un pouvoir de réchauffement plus ou moins important. Afin de connaître l'équivalence d'une tonne de GES en crédits carbone il faut appliquer au gaz en question un quotient spécifique pour convertir la tonne en tonne d'équivalent CO2.

Le dioxyde de carbone (CO2) est présent dans l'atmosphère dans une proportion approximativement égale à 0,0375 % en volume, soit 375 ppmv (parties par million en volume). Mais elle augmente rapidement, d'environ 2 ppmv/an, de par les activités humaines de consommation des combustibles fossiles : charbon, pétrole, gaz naturel.

11. Les différents protocoles et accords sur l'environnement et les changements climatiques

11.1. Le Protocole de Kyoto

Le protocole de Kyoto est un traité international visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dont les pays participants se rencontrent une fois par an depuis 1995. Signé le 11 décembre 1997 lors de la 3e conférence annuelle de la Convention (COP 3) à Kyoto, au Japon, il est entré en vigueur le 16 février 2005 et en 2010 a été ratifié par 141 pays. 

11.2. Le Protocole de Montréal

À l'époque où le protocole a été conclu, les négociateurs pensaient que les engagements de la période post 2012 seraient dans la continuation de la période Kyoto (2008-2012). Ils avaient prévu de commencer en 2005 l'examen des engagements des pays de l'annexe B pour les périodes après 2012 (article 3.9). Néanmoins, le monde de 2005 n'étant plus le même que celui de 1997, date à laquelle le protocole de Kyoto a été négocié, et les pays développés ne pouvaient plus aujourd'hui accepter politiquement de lancer un processus où leurs seuls engagements seraient discutés en 2005.

11.3. Le Protocole de Copenhague

Le protocole de Copenhague est un amendement au protocole de Montréal. Lors d'une réunion le 25 novembre 1992, l'arrêt total de production et de consommation de chlorofluorocarbures (CFC), tétrachlorure de carbone et méthyl chloroforme a été avancé à 1996. L'arrêt des halons a été avancé à 1994. 

12. REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation)

REDD est l'acronyme anglais qui désigne « Reducingemissionsfromdeforestation and forestdegradation », en français « Réduire les émissions de CO2 provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts ».

Le REDD est une initiative internationale et transnationale lancée en 2008. Elle vise à lutter contre le réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre. Elle est coordonnée par l' ONU qui a mis en place le programme UN-REDD  (en). Elle s'appuie sur des incitations financières et est indirectement liée au marché du carbone.

13. Les changements climatiques en République Démocratique du Congo

13.1. Généralités sur le Programme d'Action National d'Adaptation aux changements climatiques (PANA)

Au nombre des problèmes auxquels se trouve confronté notre humanité, figure celui des changements climatiques. Face à ce problème mondial, les différents États présents au Sommet de la Terre sur l'Environnement et le Développement tenu à Rio de Janeiro en juin 1992, ont convenu sur la mise en application de la Convention sur les Changements Climatiques. En respect à cet engagement, la République Démocratique du Congo a consenti deux ans plus tard, soit plus exactement le 8 décembre 1994, à la ratification de cette convention pour y faire face, les États sont appelés à se prémunir des stratégies d'adaptation appropriées et durables.

Dès lors, notre Pays s'est engagé, dans une démarche volontariste, visant à remplir les différents engagements auxquels il a librement et en connaissance de cause souscrite. Une première action d'envergure a été la préparation d'une Communication Nationale Initiale sur les changements climatiques, présentée lors de la huitième session de la Conférence des Parties à New Delhi en Inde en novembre 2002. Étant donné l'urgence de s'attaquer aux défis des changements climatiques et au regard des axes de vulnérabilité identifiés au niveau national, le Ministère de l'Environnement, en tant qu'Organe Officiel de pilotage de la convention avait, au lendemain de cette conférence amorcé des travaux d'élaboration du Programme d'Action National d'Adaptation aux changements climatiques en sigle « PANA ».

13.2. Évaluation thématique des capacités à renforcer en RD Congo

Le climat d'un pays constitue une de ses ressources naturelles fondamentales. En effet,tous les facteurs climatiques sont des facteurs écologiques. Or, ce sont ces derniers quidéterminent un écosystème donné.

Cependant, avec l'entrée de la terre dans l'ère dite « de l'Anthropocène », les activités humaines - ou la Technosphère - provoquent des changements climatiques. L'état des lieux de la RDC dénote que le pays n'échappe pas à cette triste réalité.

Les principales articulations quant aux capacités à renforcer en la matière procèdent des faits saillants repris dans les axes suivants lesquels prennent en compte d'abord les causes suscitant les changements climatiques. Ensuite seront identifiées les parties prenantes en veillant sur la synergie comprenant pour chacune d'entre elles les questions fondamentales ci-après : Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Degré d'intérêt ?


13.3. L'arbre à problème du changement climatique en RDC

Mauvaises affectations etutilisations des terres et dessols

Perturbation des écotopes

- Consumation des forêts (feu !) ;

- Intensification des phénomènes météorologiques extrêmes (ouragan, tornade, typhon, etc.)

Procédés industriels nonappropriés

Faibles lois politiques et cadres habilitants

Mauvaises pratiques degestion des terres et desdéchets

Faiblesses de l'éducation du public et de la sensibilisation

Faibles institutions de suivi

CHANGEMENT CLIMATIQUE

Perturbation du régime pluviométrique :

- Raccourcissement de la saison des pluies et allongement de la saison sèche ;

- Rareté des pluies ;

- Réduction du nombre des jours de pluie ;

- Augmentation des pluies intenses (d'où les inondations) ;

- Diminution des eauxdans les aquifères ;

- Intensification du ruissellement ;

- Dégradation des terres ;

- Érosions ravinantes ;

- Envasement du réseau hydrographique.

Perturbation du cycle hydrologique

- Étiage de plus en plus prononcé ;

- Assèchement des rivières.

Problème

Effets

Renforcement des inversions de température plus particulièrement enSaison sèche

Augmentation du forcing thermique (d'où la canicule)

Causes

Augmentation des gaz àeffet de serre (GES)

Mauvaise gestion desessences forestières :

- Déboisement abusif

- Déforestation

Grande concentration de lapopulation/ mauvaiseurbanisation

Figure 4:arbre à problèmes du changement climatique en RDC


Deuxième partie : Expérimentation

Chapitre 2 : MILIEU DE L'ÉTUDE

2.1. Description du milieu expérimental

L'étude était conduite sur une jachère herbeuse dans l'hinterland de Kisangani durant les années calendaires 2011 et 2012. 

2.1.1. Localisation

Les recherches ont été réalisées à Litoy, une localité située au Nord-est de la ville de Kisangani sur l'axe routier conduisant à Banalia en prenant une bretelle à partir du point kilométrique 24 précisément sur la route qui conduit au Centre d'exploitation forestière d'Alibuku appartenant à la Société Congo Futur (ex Amex bois). La localisation de ce site peut être visualisée dans la figure 5 (voir la flèche rouge).

Lindi

Tshopo

Route Yangambi

Route Opala

RouteBanalia

Vers Lubutu

Vers Ituri

Kisangani

Route Ubundu

Yangambi

Litoy

Kisangani

Yangambi

Figure 5:Carte reprenant le site expérimental de Litoy

2.2.2. Coordonnées géographiques du site

Suivant les coordonnées géographiques obtenues à partir d'un GPS portatif de marque Etrex et confirmées par le logiciel GPS Test téléchargé sur IPad BlackBerry, le site de Litoy est situé à la :

· Latitude : Nord 00°42'46,4'' ou 0,71345548 N 

· Longitude : Est 025° 14'23,7'' ou 25,24123957 E

· Altitude : 420 m 


2.2.3. Le climat

Ce site se classe dans le type de climat Af de la classification de Koppen caractéristique du climat Équatorial (A) avec une écologie de forêt humide dense (f). La lame moyenne annuelle des précipitations est évaluée entre 1500 à 1800 mm Les moyennes des températures durant l'année oscillent autour de 24°C. L'humidité relative est généralement élevée durant l'année et se situe entre 80 à 90%.

De manière générale, il existe une longue saison pluvieuse partant de mi-février jusqu'au-delà de mi-décembre puis s'installe une période relativement sèche d'environ un mois et demi partant de la seconde moitié du mois de décembre jusqu'en mi-février. Cette période connait de temps en temps des pluies intempestives (figure 6).

Figure 6:Diagramme de saisons dans la zone d'expérimentation, Source Logiciel New_LocClim (Local ClimateEstimator)

Des données de précipitations enregistrées sur une période de 10 années antérieures sur le site expérimental peuvent être visualisées sur la figure 7. 

Figure 7:Graphique indiquant les précipitations et les températures mensuelles enregistrées entre 2002 à 2011 à Litoy.   Source des données Logiciel New_LocClim (Local ClimateEstimator)

Le logiciel New_LocClim (Local ClimateEstimator) a permis d'estimer les données des températures moyennes sur une période de 10 années antérieures et la figure 8 indique les tendances des amplitudes en considérant la moyenne annuelle variant entre 24 et 25°C. 

En observant la figure 8, il apparaît aussi que les variations de températures moyennes pour la période allant de 2002 à 2012. On obtient des amplitudes positives durant les années 2002 et 2003 puis il s'est suivi une période relativement moins entre l'année 2004 jusqu'à l'année 2007. Les amplitudes sont généralement négatives durant cette période et oscillent entre -0,5 à - 1 °C. 

Figure 8:Les amplitudes thermiques à Litoy prises sur 10 années antérieures à l'expérimentation

Les années 2008, 2009 et 2010 ont été plus chaudes. Leurs amplitudes thermiques varient entre 0 à + 1,5° C. Cependant, l'année 2011 et 2012 ont été moins chaudes de toute la période (voir figure 8).

Les maxima et le minima des températures présentent des variations suivant les années. On observe que les années plus chaudes se chevauchent des années moins chaudes. 

  En ce qui concerne les précipitations, les variations sont aussi faibles. Les lames moyennes annuelles sont entre 1400 à 1600 mm de pluie. Cependant, l'année 2006 avait connu les plus faibles précipitations évaluées à plus ou moins 1300 mm de moyenne annuelle. Les deux années qui avaient précédé cette année (2004 et 2005) et ajoutée l'année 2011 ont été les plus pluvieuses (avec des pics de précipitations approchant 1600 mm de lame annuelle).

2.2.4. Le sol et végétation

L'essai était conduit sur un substrat sablo-argileux dont la prédominance des éléments grossiers est visible. Les analyses des sols effectuées en amont et en aval de l'expérimentation ont permis de définir les caractéristiques physico-chimiques et biologiques de ce sol (tableau 1).  C'est une jachère herbeuse dominée par des espèces telles que Chromolaena odorata, les fougères, des graminées telles que Panicum maximum, Hyparrheniasp, etc.

Tableau 1 : Caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du sol sous expérimentation

Le précédent cultural était le manioc installé deux années auparavant.

2.2. Les conditions climatiques durant l'expérimentation

La préparation du terrain et la mise en place des champs expérimentaux avait eu lieu au mois de novembre 2011 jusqu'en janvier 2012 et la récolte est intervenue entre novembre 2012 et janvier 2013 en suivant les dates de plantation de l'essai. Les conditions climatiques qui ont prévalu durant l'expérimentation sont résumées dans le tableau ci-après.

Tableau 2 : Les données des précipitations et de températures durant la période de l'essai

Le diagramme suivant indique l'allure des pluies suivant les mois pendant la période de l'expérimentation. On observe deux pics de précipitations en 2011 (le mois d'Avril et septembre avec respectivement 256,9 et 215,9 mm) tandis qu'en 2012, on obtient ce pic au mois d'octobre (234,2 mm). Une période sèche relativement longue s'est étalée de décembre 2011 à avril 2012. Les pluies avaient repris très timidement en avril et mai 2012, pour devenir plus effectives en juin 2012. Ces périodes sèchent se sont caractérisées par des élévations de températures plus importantes au courant de l'expérimentation. 

Figure 9:Courbes de pluies (nombre de jours et mm de pluies) durant la période expérimentale

Des moyennes oscillant autour de 25°C étaient obtenues contre une moyenne de 24,01°C obtenue durant toute la période expérimentale.

Les variations de températures sont séquentielles (figure 10). On observe selon les amplitudes obtenues pendant cette période expérimentale que les mois d'avril et mai 2011 étaient relativement chauds puis va se suivre une période moins chaude allant du mois de juin 2011 à décembre 2011. Pendant cette période, les amplitudes thermiques ont varié entre - 0,1 °C et - 1,5°C. Il s'était suivi une période chaude allant de janvier 2012 à juillet 2012. Les amplitudes de cette période sont entre 0,1 °C à 1°C. Cette période était caractérisée par une sécheresse qui s'est étalée entre le mois de janvier et avril 2012 (figure 10). D'août à octobre 2012, il a fait moins chaud certainement à cause de l'abondance des précipitations puis la température va commencer à remonter au mois de novembre 2012.

Figure 10:Amplitudes des températures pendant la période expérimentale à Litoy








Chapitre 3 : Défrichement au ras de sol comme alternative à la pratique d'incinération utilisée dans les jachères herbeuses sous culture de manioc 

Introduction

Problématique

Dans le système de culture en zone forestière, l'incinération de la litière obtenue après défrichement permet d'installer les cultures et évite des charges d'exploitation plus importantes dues à la préparation du terrain. (Chaplot, 2008) qualifie ce système comme une méthode agraire dans laquelle les champs sont défrichés par le feu avant d'être cultivés d'une manière discontinue. La méthode implique des périodes de jachères plus longues que la durée de mise en culture qui dépassent rarement 3 années. Des périodes courtes de cultures s'alternent avec de longues jachères naturelles arborées destinées à régénérer la fertilité (Tollens, 2010). Il semble aussi que le feu constitue un mécanisme qui permet de détruire les adventices (Pye-Smith, 1997).  Cependant, au bout de deux ou trois saisons culturales, ces champs perdent la fertilité et sont sujets de l'envahissement des adventices. Ils sont abandonnés pendant plusieurs années, de 15 à 20 ans (Van Vliet et al., 2012) et peuvent ainsi recouvrer leur fertilité. (Semeki, 2007) observe que les périodes de jachères sont de plus en plus réduites et ne permettent plus de régénérer les conditions optimales du sol. Les agriculteurs des zones forestières à plus de 70% recourent aux forêts pour leurs prochaines cultures. Ces conditions (ASB) deviennent favorables pour la destruction de la forêt par l'agriculture et favorisent les causes des changements climatiques. D'ailleurs, dans le rapport du GIEC intitulé « Bilan 2007 des changements climatiques », ces experts concluent que `le changement climatique, en interaction avec des facteurs d'origine humaine tels que la déforestation et les feux des forêts, est une menace pour les écosystèmes africains'.  Ce rapport précise même que les changements climatiques en Afrique vont aggraver les pénuries d'eau existantes pour certains pays. On prévoit aussi une augmentation de la fréquence des épisodes climatiques extrêmes comme les sécheresses et les inondations.

But

Le but poursuivi dans ce chapitre est de raccourcir le moment de jachères en permettant une production convenable sur des surfaces herbeuses avec des pratiques agricoles qui n'impliquent pas l'incinération et ainsi, préserver la forêt des méfaits de l'agriculture.

Hypothèse

L'incinération favorise les pertes de rendement à cause de la destruction de la matière organique et accélère l'appauvrissement du sol en l'exposant aux radiations directes, à l'acidification de surface et aux érosions hydriques. La non-incinération peut servir d'alternative pour maintenir la matière organique au sol et ainsi maintenir sa fertilité sur une période relativement longue.

Objectif

Lutter contre les causes des pertes de la matière organique dans les sols forestiers et ainsi de leur fertilité. 

Objectifs spécifiques

· Évaluer la non-incinération comme pratique de conservation de la matière organique dans les sols des jachères forestières.  

· Produire le manioc sur les jachères herbeuses de zones de forêt avec une gestion rationnelle de la fertilité du sol.

3.1. Matériel et méthode


3.1.1. Matériel


Appareillage, instruments et logiciels d'analyse

La réalisation de travaux avait exigé l'utilisation d'une série d'appareils, des instruments et de logiciels spécifiques pour certains types de données. Les équipements utilisés sont :

Données du sol

· Prélèvement des échantillons : sonde, couteau, sachets Ziplock bag de petit format, stylo marqueur indélébile

· Analyse : laboratoire pédologique de la Faculté des Sciences (UNIKIS)

Données agronomiques et de récolte

· Données de mensurations : Mètre tirant, pied à coulisse digital, Ipad BlackBerry

· Séchage des échantillons : Étuve à grande capacité, balance à précision digitale par voie densimétrique

· Détermination de la teneur en amidon : balance à précision digitale par voie densimétrique

Compilation et analyses des données

· Compilation au champ : IPad avec Excel

· Analyse des données statistiques : les logiciels SPSS 8.0 (Statistical Package for Social Sciences), GENSTAT 5ème édition (Roger Stern et al., 2001), utilitaire d'analyse avec Excel et Les fonctions avancées du logiciel Excel sur les formules trigonométriques, mathématiques et statistiques.

· Les graphiques et cartes ont été réalisées à partir des Microsoft-offices ci-après : Excel, Word, Paint et Publisher.

Données géographiques et climatiques

· Données géographiques : On a utilisé une série de GPS qui sont : 

· GPS eTrex.HC (Vista HCx, LegendHCx, Summit HC et Venture HC), personalnavigator, 

· GPS test à partir de la tablette numérique ;

· GPS Data Master de la tablette numérique ; 

· Localisateur GPS de la tablette numérique avec acquisition Internet

· Données climatiques : Pluviomètre ordinaire pour la prise de la lame de précipitations, le thermomètre centigrade digitalisé et le logiciel New_LocClim (Local climateestimator, FAO 2005)

 3.1.2. Le matériel végétal

Deux variétés de manioc étaient identifiées. Il s'agit des variétés Mvuama et TME 419 (Obama) et dont les fiches techniques sont les suivants

a. OBAMA (TME 419)

· Caractéristiques agronomiques :

- Couleur de la feuille épanouie : vert clair

- Couleur de la feuille non épanouie : vert sombre

- Couleur du pétiole : verte à vert rougeâtre

- Port : érigé

- Floraison : fleurie rarement mais c'est à Yangambi qu'on a observé de floraison à 6 mois

- Couleur de la tige aoûtée : argenté blanche

- Couleur de l'épiderme de racine : brun

- Sensibilité aux maladies : résistante à la mosaïque, à la striure brune, à la bactériose et à l'anthracnose

- Sensibilité aux ravageurs : tolérantes à l'acarien vert, à la cochenille farineuse et à la Cochenille Africaine des Racines et Tubercules (CART).

· Caractéristiques techniques :

- Type variétal : doux

- Matière sèche : 41,8%

- Potentiel en acide cyanhydrique (HCN) : 5mg/100g

- La production : bonne productrice de fufu, Chikwangue, manioc de bouche, lituma, molé, feuilles de manioc, etc.

· Rendement en racines tubérisées et en feuilles

- En station de recherche : 35-45T/ha

- En milieu paysan : 25 T/ha

- Rendement en feuilles : moyen 

b. MVUAMA

· Caractéristiques agronomiques :

- Couleur de la feuille épanouie : vert clair

- Couleur de la feuille non épanouie : vert sombre

- Couleur du pétiole : rouge

- Port : à ramification (généralement au-delà de 1 m de hauteur)

- Floraison : fleurit rarement dans les conditions de Litoy. 

- Couleur de la tige aoûtée : Blanche avec de rayures longitudinales basales

- Couleur de l'épiderme de racine : blanche

- Sensibilité aux maladies : résistante à la striure brune, à la bactériose et à l'anthracnose. Tolérante à la mosaïque africaine

- Sensibilité aux ravageurs : tolérante à l'acarien vert et résistante à la cochenille farineuse et à la Cochenille Africaine des Racines et Tubercules (CART).

· Caractéristiques techniques :

- Type variétal : Amer

- Matière sèche : 39,09%

- Potentiel en acide cyanhydrique (HCN) : 8 à 10 mg/100g

· La production : bonne productrice de fufu, Chikwangue

· Rendement en racines tubérisées et en feuilles

- En station de recherche : 35-45T/ha

- En milieu paysan : 25-30 T/ha

- Rendement en feuilles : moyen 

3.1.3. Matériel de préparation du terrain

En plus des outils usuels utilisés lors de la mise en place d'un champ, c'est-à-dire, les machettes, les houes, les cordes de semis, le mètre ruban, etc. Nous avons fait recours à un tracteur à pneumatique attelé à une charrue pour les travaux de labour et ensuite à une herse pour les travaux d'émiettement du sol. 

3.2. Méthodes

 3.2.1. Prélèvement des échantillons des sols

Suivant la méthode de diagonales, en prenant trois emplacements « pit » sur le site expérimental. Sur chaque emplacement, un trou d'environ 100 cm de longueur, 70 cm de largeur et 60 cm de profondeur devra permettre le prélèvement de 3 échantillons perturbés tous les 15 cm, exploitant ainsi une profondeur de 45 cm. Des sachets de qualité « Ziplock bag » étaient utilisés pour décrire l'identité de chaque échantillon au marqueur noir indélébile.

Les échantillons de sols étaient pris avant et après la culture du manioc et analysés au laboratoire de pédologie de la Faculté des Sciences de l'Université de Kisangani. Les analyses ont concerné les éléments suivants la granulométrie des particules (sable, limon, argile), le dosage du carbone organique, le dosage de l'aluminium, le pHeau, le pHKCl, la densité apparente, l'acidité échangeable (H+ et Al3+) et la porosité.

 3.2.2. Détermination de la teneur en matière sèche et en amidon

L'estimation de la teneur en matière sèche et en amidon s'est faite avec la méthode densimétrique qui permet de terminer la gravité spécifique (Fukudaand al. 2006). Cette méthode consiste à prélever et peser simultanément dans l'eau (Pe) et à l'air libre (Pa), un échantillon de racines tubéreuses fraîches et dont le poids de l'échantillon varie entre 3000 et 5000 g. 

La gravité spécifique est calculée comme suit,

Et est introduite dans les équations respectives pour donner les teneurs en matière sèche et amidon.

La matière sèche était aussi déterminée par étuvage qui consiste à prélever et peser au moins deux échantillons de racines tubéreuses fraiches de poids variant entre 300 et 500 g (Pf). Les échantillons préparés sont placés à l'étuve à une température de 105° C pendant 24 heures et peser jusqu'à avoir un poids constant (Ps). La teneur en matière sèche est calculée en utilisant la formule suivante :


3.2.3. Dispositif expérimental

L'essai était conduit suivant un dispositif factoriel 2 x 2 x 3 en split plot de 4 répétitions.

Facteur 1 : les modes de préparation du sol (2) : Non-incinération et incinération

Facteur 2 : les variétés de manioc (2) : la variété Mvuama et la variété TME 419 = Obama

Facteur 3 : Dates de plantation (3) à des intervalles d'un mois à partir de la première date : (a) Saison de pluies (19 octobre 2011), (b) Saison de plantation (19 novembre 2011), Saison sèche (19 décembre 2011).

Le manioc était planté aux écartements de 1 x 1m. Dans les parcelles non incinérées, une ouverture était réalisée sur le poquet pour permettre de creuser le poquet et planter la bouture. 

Les dimensions des blocs est de 25 x 20 m, des parcelles : 12 X 20 m, des sous-parcelles : 12 x 10 m, des sous-sous parcelles : 4 x 10 m et de l'essai : 52 x 46 m.

 3.2. Résultats et discussion


3.2.1. Résultats


1. Évaluation des composantes du rendement

Plusieurs facteurs sont déterminants du rendement chez le manioc, le tableau 3 présente les résultats du nombre des racines commercialisables et non commercialisables, le taux de reprise du manioc après bouturage et les dimensions des racines récoltées. 

Tableau 3 : Données des composantes du rendement de manioc dans l'essai de comparaison de la technique d'incinération à la non-incinération.

De ce tableau, on peut déceler ce qui suit :

· Les taux moyens de reprise de manioc suivant les périodes de mise en place du champ sont de 81,8 % pour la saison de pluie, 62,7 % pendant la saison de transition et 59,15 % en saison sèche (LSD.05 = 11,51). L'incinération et la non-incinération ne présentent pas une influence sur le taux de reprise des boutures de manioc. On a observé que la variété Mvuama reprend plus facilement en la comparant à la variété Obama. Le taux de reprise est de 63,35 % chez Obama contre 72,42 % en moyenne pour la variété Mvuama (LSD.05 = 9,71 %). Une bonne reprise après plantation présente un avantage dans le choix de la variété à planter surtout lorsque les conditions des précipitations sont incertaines ou sujettes aux changements climatiques.

Figure 11:Taux de levée du manioc après bouturage suivant les saisons de culture, le mode de préparation du sol et la variété de manioc 

· Le nombre de racines commercialisables par pied est de 4 en moyenne. La pratique ou non de l'incinération n'a pas fait modifier le nombre moyen des racines. Néanmoins, le manioc planté en saison sèche a connu une baisse du nombre de racines commercialisables. Il est de 3 racines par pied (LSD.05 = 0,598). Ce nombre est resté plus ou moins constant en comparant les deux variétés de manioc (Mvuama et Obama). Les variations résiduelles (CV%) ont été bonnes pour l'ensemble des paramètres observés. C'est dans le calcul des interactions où on a obtenu des coefficients de variations relativement plus importantes (soit autour de 34 %)

Une régression linéaire était réalisée entre le nombre de racines commercialisables par pied et le rendement correspondant en racines fraîches. Il est ressorti de cette analyse qu'il existe une corrélation entre le nombre de racines commercialisables et le rendement du manioc (coefficient de détermination R2= 0,6825). 

Figure 12:Courbe de régression obtenue entre les racines commercialisables par pied et le rendement 


En observant le nuage des points obtenus lors de l'émission de la courbe de régression curviligne du rendement, on constate que les points se regroupent autour de la droite de régression et que les deux courbes tendent à se confondre. Il apparaît donc clairement que plus le nombre de racines par pied augmente, plus le rendement est plus important (la tendance ascendante de la droite et l'allure de la pente donne un angle plus aigu par rapport à l'axe des ordonnées). 

· Le nombre moyen de racines non commercialisables est de 1. On n'a pas décelé de différences statistiques pour ce paramètre quel que soit le traitement appliqué. 

· En ce qui concerne la dimension des racines de manioc, il a été évalué le diamètre et la longueur des racines. On constate pour ce qui concerne le diamètre que la moyenne est de 6,28 cm pour l'ensemble des paramètres observés. La grosseur de la racine n'a pas été influencée par les facteurs mis en contribution. Le nuage de points se concentre entre 4,5 et 8 cm de diamètre et de l'analyse des courbes de régression, on constate que les deux courbes (de rendement et de prévision de rendement) tendent à se confondre mais la dispersion des nuages de points est très grande. Cela sous-entend qu'il n'existe pas une corrélation entre la grosseur des racines et le rendement (R2= 0,15). Suivant l'allure des courbes de régression (courbes à tendance ascendante), il ressort que plus on a des racines plus grosses, plus le rendement est modifié à la hausse. 

Figure 13:Courbe de régression entre le diamètre de racines et le rendement du manioc

· La longueur des racines a été influencée par le moment de plantation des boutures (saison), les racines sont plus courtes lorsque le manioc est planté en saison sèche. Les moyennes sont respectivement de 26, 27 et 24 cm de longueur lorsque le manioc est planté en saison de pluie, en saison de transition et en saison sèche (LSD.05 = 3,2 cm). Traitements appliqués entre autres, le moment de mise en culture du manioc (saison) et les variétés plantées.  L'utilisation ou non de l'incinération n'a pas indiqué des différences significatives en ce qui concerne la longueur des racines. On a observé que la longueur moyenne des racines était pareille dans les parcelles où on avait appliqué l'incinération et dans celles où la biomasse n'était pas brûlée avant la plantation et cette moyenne a été évaluée à 26 cm la longueur des racines du manioc. 

Aussi, on a constaté que les deux variétés de manioc ont eu une longueur des boutures pas différentes et estimée à 26 cm. 

Ce paramètre (longueur moyenne de racines) n'est pas en corrélation avec le rendement du manioc (R2= 0,31). Cependant, on a tout de même remarqué que plus le manioc est long, plus il assure un rendement plus conséquent. En général, les racines ont donné des longueurs variantes entre 20 et 30 cm (voir nuage des points à la figure 14)

Figure 14:Courbes de régression entre la longueur de racines et le rendement du manioc

En observant la dimension des racines, on décèle que leur grosseur (diamètre) est en relation avec leur longueur (R2= 1). On a donc constaté que plus la racine est grosse (diamètre), plus elle est longue (longueur) et plus elle assure un rendement plus important. L'allure de la courbe est ascendante (Figures 14 et 15).

Figure 15:Courbe de régression entre la longueur et le diamètre des racines

2. Rendement (t/ha) en racines fraiches et en poids secs

Suivant le mode de préparation du sol (incinération et non), la date de plantation (les saisons) et les variétés de manioc (Obama et Mvuama), les rendements obtenus sont présentés dans le tableau 8.

Tableau 4 : Moyennes de rendements suivant le mode de préparation du sol, la saison et la variété plantée.

ANOVA 3

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Une ANOVA à trois critères de classification était réalisée pour déceler les interactions entre les facteurs observés entre autres le mode de préparation du sol, la date de plantation du manioc et les variétés de manioc. Les facteurs étaient pris deux à deux puis combinés les trois à la fois.

Tableau 5 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol, saison de culture et variétés de manioc).

Les moyennes sont de 29,71 t/ha pour la pratique de l'incinération, 24,43 t/ha pour la non-incinération, 31,91 t/ha pour le manioc planté en saison de pluie et en saison de transition, 17,41 t/ha pour le manioc planté en saison sèche, 23,95 t/ha pour la variété Obama et 30,2 t/ha pour la variété Mvuama. Des différences hautement significatives sont constatées par rapport aux dates de plantation du manioc (Saisons) avec un LSD.05 de 2,47 kg/ha. Le rendement obtenu dans la plantation en saison sèche est nettement différent de deux autres dates de plantation du manioc (saison de pluie et saison de transition). Le comportement de deux variétés mises en comparaison n'a pas non plus fait ressortir des différences statistiques significatives. Cela est aussi le cas pour ce qui concerne le mode de préparation du sol où on n'a pas observé de variations significatives de rendement.

1. Mode de préparation du sol (Incinération et non incinération)

La pratique de la non-incinération n'est pas habituelle mais il présenterait plusieurs avantages en ce qui concerne l'organisation de la structure etde l'équilibreorgano-minéral du sol (Malikiet al. 2000). En plus de certaines difficultés inhérentes à l'utilisation de cette technique sur des grandes superficies parce qu'elle est très fastidieuse, il faut reconnaître qu'en première saison, les effets sont moins perceptibles. D'abord à cause de la minéralisation assez lente de la matière organique généralement constituée des celluloses et hémicelluloses des graminées et ensuite, à cause des difficultés observées lors de la reprise du manioc qui pour la plupart de cas, était gêné par la biomasse végétale touffue sur la surface du sol. Cette contrainte a favorisé l'étiolement et la déformation de certains plants au début de la croissance. L'incinération est usuelle, il assure une production relativement bonne en première saison culturale et fait perdre la fertilité dès la deuxième saison culturale à cause des carences en composés organiques qui ont été détruits antérieurement par calcination.

Figure 16:Droites de rendements suivant le mode de préparation du terrain

On n'a pas observé de différences statistiquement significatives entre la pratique de l'incinération et la non-incinération en ce qui concerne le rendement du manioc. Les moyennes de rendement obtenues sont de 29,71 t/ha en champ incinéré contre 24,43 t/ha en champ non incinéré.

Le manioc dans la plupart des cas, obtient sa valeur en rapport avec le poids sec. Après détermination de la matière sèche, les rendements estimés en poids secs suivant les paramètres observés sont illustrés dans le graphique ci-après :

Figure 17:Rendement du manioc suivant le mode de préparation du terrain, la saison et la variété

La moyenne en poids secs est de 10,4 t/ha pour l'ensemble de facteurs observés. On observe que les moyennes de chaque facteur sont autour de 11 t/ha. On observe des différences significatives en comparant le rendement sec obtenu suivant le moment de plantation, on a une moyenne relativement plus faible pour le manioc planté en saison sèche (6,48 t/ha) et des moyennes respectives de 11,85 et 11,79 t/ha sont obtenues pour le manioc planté respectivement en saison de pluie et en saison de transition. Pour les variétés mises en comparaison, les analyses statistiques n'ont pas permis de dégager une différence statistiquement significative. 

2. Le moment de plantation du manioc (saison)

Il apparaît des différences statistiquement significatives entre les saisons de cultures. Le manioc planté durant la saison sèche a été sévèrement affecté. On a obtenu une moyenne de production de 17,41 t/ha contre 31,91 t/ha pour les plantations réalisées en saison de pluie et en saison de transition (LSD.05 = 6,21 t/ha). 

En saison sèche, le déficit hydrique observé durant le premier trimestre de la croissance du manioc a négativement affecté la production. En conséquence, la période sèche ralentit la croissance après la reprise et affecte la tubérisation qui normalement a lieu durant le premier trimestre après la plantation du manioc. 

Figure 18:Droites indiquant les rendements obtenus suivant les dates de plantation

Les rendements sont affectés suivant que le manioc est planté en période sèche ou en saison de pluie. On a observé que les moyennes de rendement pour le manioc planté en saison sèche, n'ont pas dépassé 20 t/ha pendant que lorsqu'on a planté en saison pluvieuse, le rendement est au-delà de 30 t/ha. En saison sèche, le sol de surface durcit généralement à cause de la dessiccation due aux radiations directes du soleil et dans cet état, les racines ne peuvent pas se développer aisément.

3.  Les variétés de manioc

Il est ressorti qu'à la récolte du manioc, on a observé un bon comportement de la variété Mvuama (30,2 t/ha) en comparaison à la variété Obama (23,95 t/ha). Le LSD à 5 % d'erreur expérimentale étant de 5,4 t/ha. 

Figure 19:Droites de rendement suivant les variétés de manioc plantées

4. Les relations entre les facteurs

a. Relation entre la pratique culturale et la saison

Il existe une interaction entre la pratique de l'incinération ou non et le moment de planter le manioc.

Tableau 6 : Les rendements (t/ha) obtenus suivant le moment de culture (saison) et le mode de préparation du sol

LSD.05 = 2,47 t/ha

Figure 20:Rendement du manioc suivant le mode de préparation du sol et le moment de plantation du manioc

Les rendements sont faibles en saison sèche tant dans la friche incinérée que dans celle non incinérée. Le manioc planté en saison de pluie et en saison de transition a donné le meilleur résultat

Les moyennes sont respectivement de 34,91 t/ha, 35,93 t/ha et 18,3 t/ha suivant que le manioc est planté en saison de pluie, en saison de transition et en saison sèche dans la friche mise sous incinération. Ces moyennes ont été de 28,91 t/ha, 27,88 t/ha et 16,52 t/ha dans la friche non incinérée respectivement pour le manioc planté en saison de pluie, en saison de transition et en saison sèche. 

On espérait obtenir une production plus importante en saison sèche dans les parcelles où on n'a pas pratiqué l'incinération étant donné que la biomasse de la litière restée au sol devrait jouer le rôle de paillis et servir pour conserver l'eau dans le sol. Cela n'a pas été le cas après toutes les évaluations faites dans cette étude. Des différences se dégagent aussi en comparant les rendements obtenus dans la friche soumise à l'incinération par rapport à la non-incinération. En moyenne, on a 29,71 t/ha en champ incinéré préalablement contre 24,43 t/ha en champ non incinéré (LSD.05 = 2,47 t/ha).

b. Relation Mode de préparation du sol - Variétés de manioc

Les données ont aussi été groupées de manière à ressortir les moyennes entre les variétés plantées et le mode de préparation du sol. On a obtenu des moyennes de 23,95 t/ha pour la variété Obama et 30,20 t/ha pour la variété Mvuama.

Tableau 7 : Moyennes de rendements obtenues suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et variétés de manioc). 



LSD.05 = 5,4 t/ha

Les rendements obtenus suivant les variétés plantées sont de 26,58 t/ha et 32,85 t/ha respectivement pour Obama et Mvuama dans la friche incinérée. On observe un accroissement de rendement de 23,6 % lorsqu'on opte de placer Mvuama à la place d'Obama en sol mis sous incinération. En sol non incinéré, les moyennes sont respectivement de 21,31 t/ha et 27,55 t/ha pour Obama et Mvuama en sol non incinéré. 

Figure 21:Rendement de manioc suivant le mode préparation du sol et les variétés plantées

Il ressort que la variété Mvuama a donné un rendement plus important quel que soit le mode de préparation du terrain. Cette variété (Mvuama) étant comparée à la variété Obama qui constitue actuellement la variété la plus prisée par les exploitants du manioc dans l'hinterland de Kisangani à cause de son haut rendement, peut être indiquée pour bien produire dans les jachères herbeuses. Cependant, à cause de son goût amer, elle sera mieux indiquée pour les exploitants qui visent à produire les cossettes fermentées ou la Chikwangue.

c. Relation entre les Saisons et les variétés

En vue de dégager les interactions entre les variétés de manioc et les dates de mise en culture, le tableau 12 fait ressortir les moyennes des rendements obtenus entre les paramètres observés. 

Tableau 8 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Dates de plantation et variétés de manioc). 

LSD.05 = 6,21 t/ha

Des rendements évalués à 30 t/ha pour la variété Obama en saison de pluie et respectivement de 24,69 t/ha en saison de transition et 17 t/ha en saison sèche. La variété Mvuama a donné les rendements suivants : 33,77 t/ha en saison de pluie, 39,91 t/ha par hectare en saison de transition et 17,71 t/ha par hectare en saison sèche.

Il s'observe des accroissements de rendement de l'ordre de 26,14 % lorsqu'on plante la variété Mvuama en lieu et place de la variété Obama dans les friches herbeuses. Cependant, ce rendement décroit de 83,18 % lorsque le manioc est planté à la mauvaise période (saison sèche). 

Figure 22:Rendement suivant la saison de plantation et La variété plantée

En observant le graphique ci-dessus, on constate que pour le manioc planté en saison de transition la variété Mvuama a remarquablement prédominé sur la variété Obama. Cependant en saison sèche, le comportement de deux variétés était pareil en ce qui concerne le rendement. En saison de pluie, les différences ne sont pas très perceptibles. Il ressort de manière générale que la variété Mvuama a réagi plus positivement face aux dates de plantation du manioc.

d. Interactions entre les modes de préparation du sol, les dates de plantation et les variétés

Les données relatives aux combinaisons des facteurs préparation du sol, saison et variété peuvent être visualisées dans le tableau 9. 

Tableau 9 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol, dates de plantation et variétés de manioc). 

LSD.05 = 10,21 t/ha

La combinaison des différents facteurs fait apparaître des différences entre les rendements obtenus. La variété Obama s'est bien comportée dans les parcelles incinérées et plantées en saison de pluie (moyenne de 32,63 t/ha) ainsi que Mvuama qui a donné 37,18 t/ha dans les mêmes conditions. Mvuama donne des rendements significativement différents lorsqu'elle est plantée en saison de transition et suivant qu'elle est plantée sur une friche incinérée ou non. On a obtenu 42,47 t/ha dans les parcelles soumises à l'incinération et 35,79 t/ha dans les parcelles où l'incinération n'était pas appliquée. 

Figure 23 :Rendements obtenus suivant le mode de préparation du terrain, la saison de plantation et la variété

En observant la dispersion des rendements dans l'essai, il apparaît que les moyennes se situent pour la grande majorité entre 20 et 45 t/ha quel que soit le traitement appliqué. Ceci sous-entend que le niveau d'amélioration de la fertilité due aux pratiques culturales est relativement bon. Les rendements les plus faibles ont été obtenus pour le manioc qui était planté en saison sèche.

Répétitions

Figure 24 : Nuages de points présentant les rendements obtenus suivant les répétitions (aire de culture)

CV% = 10,5

Le cadran rouge montre que la majorité des rendements sont obtenus dans cet intervalle. En condition du paysan, les moyennes de rendement sont autour de 5 à 10 t/ha lorsqu'il utilise les variétés améliorées. Ces moyennes sont plus faibles lorsqu'il s'agit des variétés locales généralement affaiblies par les maladies et les ravageurs du manioc.  Quelques rendements supérieurs ou égaux à 50 t/ha étaient aussi obtenus (dans 3 parcelles). 

3. Les analyses du sol

L'expérimentation était menée sur un sol acide (pHeau = 5,12), les échantillons prélevés à trois niveaux de profondeur indiquent une plus grande acidité en profondeur. On constate aussi que le sol devient plus acide après la culture du manioc dans les parcelles soumises sous incinération. Cependant, la non - incinération a favorisé l'amélioration de l'acidité du sol après le manioc (figure 25). 

Si l'acidité était plus forte sur la friche non incinérée avant la plantation du manioc, elle l'était moins après le manioc. Ainsi, on peut croire que la matière organique non incinérée avait permis de réduire la vitesse d'acidification du sol. On observe même qu'elle a permis une amélioration positive du pH après le manioc.

Figure 25:Histogramme reprenant les variations de pH à l'eau suivant les profondeurs et les traitements

Après évaluation de la matière organique avant et après la culture du manioc, on observe une augmentation du carbone organique et de la matière organique après la récolte du manioc dans les parcelles incinérées et non incinérées. Ces augmentations sont plus visibles dans les parcelles non incinérées. Cela peut s'expliquer par le fait de la matière organique qui était laissée au sol après le défrichage du champ et c'est cela qui justifie aussi, une faible allure d'acidification du sol dans ces parcelles après le manioc. Cette acidité est plus perceptible après le dosage du pH au chlorure de potassium qui permet de mettre en contribution les divers cations responsables de l'acidité du sol. Avec l'utilisation de cette méthode, il apparaît qu'en sol incinéré, l'acidité augmente après la culture de manioc dans les proportions de pH de 5,27 à 4,41 pendant qu'elle baisse en sol non incinéré (pH de 4,54 avant le manioc et de 4,87 après le manioc).

Les teneurs en carbone et en matière organique sont relativement faibles dans ce sol. Ce qui est une caractéristique des sols tropicaux. Le taux du carbone organique a varié entre 1,59 et 1,85 % dans le champ incinéré respectivement avant et après le manioc et de 1,39 à 1,83 % dans les parcelles non incinérées. De la même manière, la teneur en matière organique a semblé augmenter après le manioc dans les parcelles où on n'a pas pratiqué l'incinération. De 2,7 % à 3,21 % dans les parcelles incinérées et de 2,39 % à 3,15 % dans les parcelles incinérées.

Figure 26:Dosage du carbone et de la matière organique

L'analyse de la granulométrie indique clairement que le substrat sur lequel s'est déroulé l'expérimentation est à prédominance d'éléments grossiers (sable). Les teneurs en sable ont varié de 8,15 % à 7,01 % respectivement avant et après le manioc dans les parcelles avec application de l'incinération et de 6,06 % à 6,46 % dans les parcelles sans application de l'incinération respectivement avant et après le manioc.

La fraction limoneuse est plus grande dans le sol non incinéré (2,96 %) et on constate que cette molécule augmente après la culture du manioc. Les teneurs en éléments colloïdaux (argile) sont faibles et, semble-t-il, elles décroissent en sol non incinéré (de 0,71 à 0,59 % respectivement avant et après le manioc). On a observé une allure contraire en sol incinéré où cette teneur est passée de 0,67 à 0,77 %)

Figure 27:Analyse granulométrique des sols du site expérimentale (en %)

La mobilisation des cations (H+, Al3+) dans le sol est plus grande avant la plantation du manioc dans les parcelles où on a incinéré. Elle baisse considérablement en fin du cycle du manioc. Cependant l'ion H+ baisse effectivement après le manioc sur la friche non incinéré (de 0,21 méq/100 g à 0,13 méq/100 g) tandis que l'Al3+semble stable avant et après la culture du manioc sur la friche non incinérée (de 0,62 à 0,63 méq/100 g). 

Au regard des résultats obtenus après les analyses du sol, on constate d'une manière générale que la non-incinération de la friche herbeuse a permis le maintien de la fraction organique dans le sol. Cette caractéristique a permis une bonne organisation de la structure du sol avec une granulométrie où la tendance est le développement de la fraction limoneuse au profit du sable. L'acidité de surface reste constante contrairement à la friche qui était préalablement incinérée. Sur cette friche, on a constaté que le niveau d'acidité avait sensiblement augmenté après le manioc. La matière organique s'est reconstituée après la culture du manioc dans les deux types de friche. 

3.2.2. Discussion et conclusion


a) La non-incinération comme facteur de maintien de la matière organique et de la fertilité du sol 

La matière organique est la base de la fertilité des sols (Maldague, 2007). Cet auteur propose de mettre fin au système d'agriculture itinérante sur brûlis, de ne plus défricher dans les forêts primaires pour une utilisation agricole non durable, d'appliquer les règles de gestion des bassins versants, d'améliorer les pratiques agricoles et de recourir à l'agroforesterie si on l'on veut maintenir de manière durable la matière organique du sol. L'agriculture itinérante sur brûlis (ASB) est jusqu'à ce jour pratiquée par 60 à 70 % de la population en RDC (Semeki, 2007).  Selon Chaplot, 2008, ce système utilise essentiellement le feu lors de la préparation du terrain avant la mise en culture et se fait suivre des périodes de jachères plus longues que de périodes de cultures. C'est dans ce contexte que (Tollens. 2010) estime que dans ce système, ce sont les périodes courtes de culture qui se succèdent à des longues jachères naturelles arborées et destinées à régénérer la fertilité des sols. La durée de la jachère peut prendre 15 à 20 ans (Van Vliet et al. 2012) et dans cette condition, l'agriculture Itinérante sur brûlis peut ou ne pas constituer une menace pour les écosystèmes naturels (De Wachter 1993) si les exploitants exerçaient une pression relativement faible sur la forêt primaire (Maldague, 2007). Cela est influencé par la pression démographique. Lorsque la densité de la population est faible et que la qualité des sols est bonne et/ou l'accès aux marchés est réduit, l'ASB peut être un choix parfaitement rationnel (Ickowicz,2006 ; Nielsen et al. 2006).

Inversement, lorsque la croissance démographique est en plein essor cela se traduit par le raccourcissement de la durée de la jachère et une dégradation accrue des forêts, du fait de l'augmentation des besoins en surfaces agricoles pour les populations.

En RDC, certaines études suggèrent que lorsque la densité de population atteint 20 à 30 habitants au km2, l'ASB n'est plus viable, car il n'y a plus de période de jachère, entraînant ainsi une diminution de la fertilité des sols, et delà la réduction des rendements (Zhang et al. 2002). Selon (Karsenty, 2012), le taux de croissance de 3.3% en RDC entraîner un doublement de la population dans les 22 prochaines années. Cela étant, considérant que la densité moyenne de la RDC est déjà proche de 30 hab/km² (mais considérant également qu'il y a une forte hétérogénéité de densités dans le pays), l'on peut craindre un accroissement de la pression plus rapide de la population sur la forêt. Les rendements obtenus sur la friche non incinérée lors de la préparation du terrain (moyenne de 24,43 t/ha) n'ont pas indiqué des différences statistiquement significatives par rapport à l'ASB (29,71 t/ha en moyenne). Cependant, il ressort que le sol a été bien organisé après la culture du manioc dans la friche non incinérée. La non-incinération lorsqu'elle est pratiquée dans les jachères en zones forestières, elle permet (i) la conservation de la matière organique dans le sol (de 2,8 % à 3,25 % respectivement avant et après le manioc), (ii) l'amélioration de la structure du sol (30,07 % de limon après le manioc contre 23,38 % avant le manioc), (iii) une réduction de l'acidité du sol (de 5,38 à 5,96)et de la porosité (de 57,14 % avant le manioc à 48,59 % après le manioc. La densité apparente aussi est améliorée. En sol incinéré par contre, on observe des phénomènes contraires tels que la diminution du pH et l'augmentation de la porosité. La structure du sol est mal organisée.  On reproche à l'ASB une perte rapide de la fertilité du sol. Cette pratique ouvre la porte au déboisement tropical, à la perte de la biodiversité et au réchauffement mondial (Fujisaka et Escobar, 1997). Le rapport mondial sur le changement climatique de 2007/2008 attribue jusqu'à 14% des émissions de gaz à effet de serre à l'ASB. Pourtant la non-incinération épargne l'environnement de tous ces effets néfastes sur le climat et permet de sédentariser le système agricole surtout lorsqu'elle est associée à d'autres pratiques telles que l'agroforesterie, la rotation et les associations des cultures. Dans ce contexte, on peut soutenir une production végétale sur la même surface pendant plusieurs saisons et épargner la forêt des effets destructifs de l'ASB.

b) La non-incinération face aux changements climatiques (cas de la sécheresse) 

Le manioc exige une bonne pluviosité surtout en début de croissance. A cause des changements climatiques, il se chevauche de plus en plus des périodes sèches pendant les saisons de pluie et cela influence défavorablement le rendement du manioc. On a observé des pertes très importantes de rendements à cause de la sécheresse. La décroissance de rendement due à la sécheresse est évaluée à -47 %. Pendant ces périodes sèches inattendues, il est impérieux d'adopter des pratiques culturales qui permettent d'épargner au sol les radiations directes du soleil qui provoquent une incertitude des rendements liés aux carences hydriques (Dugué et Floquet, 2000). La pratique telle que la non - incinération permet de maintenir pendant des périodes relativement longues une bonne litière au sol. Celle-ci, jouant le rôle de paillis, permet aussi de conserver l'eau dans le sol. 


c) Le choix de variétés de manioc résilientes aux changements climatiques

Les variétés de manioc s'adaptent différemment aux effets pervers des changements climatiques. On observe que la variété Mvuama réagit plus positivement aux conditions de la non - incinération (28 t/ha). Les écarts de rendement entre l'incinération et la non-incinération sont de 16 % en faveur de l'incinération mais ne présentent pas des différences statistiquement significatives. Obama a produit 21 t/ha en condition de non-incinération et les écarts sont de 22 % lorsqu'il est comparé aux conditions d'incinération. 

Suivant les saisons de cultures, Mvuama réagit aux conditions de saison de transition (39 t/ha). Les pluies qui précédent les périodes sèches suffisent à cette variété de maintenir sa production même si une situation de sécheresse survient un ou deux mois après la mise en place du manioc. Cependant, Obama se comporte bien lorsque les conditions hydriques sont optimales. Cette variété ne supporte pas les périodes sèches allongées au début de sa croissance. Les pertes de rendement peuvent aller jusqu'à- 42 %.



Chapitre 4 : Effet du labour et de la disposition de plantation des boutures sur le rendement en racines de manioc 

INTRODUCTION

Problématique

Le manioc étant un exportateur des éléments minéraux, il soustrait environ 30 kg d'azote, 4 kg de phosphore et 20 kg de potassium pour une production de 10 tonnes à l'hectare (Egleet al. 1994) et en retour, il ne restitue pas grand-chose au sol. Les variétés actuellement en diffusion en République Démocratique du Congo peuvent produire jusqu'à plus de 50 tonnes de manioc frais à l'hectare. Dans cette condition, les exportations deviennent plus importantes et peuvent être estimées à 150 kg d'azote, 20 kg de phosphore et 125 kg de potassium à l'hectare (Egleet al. 1994). Il est considéré comme plante appauvrissante et vient généralement en fin de rotation (Sylvestre et Arraudeau, 1983). Cependant, d'aucuns sait l'importance de cette culture en RDC. Il est incontestablement la principale culture vivrière du pays et occupe plus de la moitié des surfaces sous culture. En zone forestière, les agriculteurs utilisent l'ASB mode pratique culturale. Traditionnellement, la pratique comprend 2 à 3 ans d'activité agricole avec des cultures telles que le manioc, le maïs, l'arachide puis suivies de 10 à 20 années de jachère (de Wasseigeet al. 2010). Pendant ces périodes de longues jachères, les nouveaux espaces sont ouverts dans la forêt et sont soumis à l'ASB. 

Si la RDC est le plus grand pays des forêts tropicales du Bassin du Congo, son taux net de déforestation entre 2000 et 2005 était à 0,22%, ce qui est relativement faible par rapport à d'autres pays tropicaux dans d'autres continents, mais le plus élevé parmi les pays du Bassin du Congo (De Wasseigeet al. 2010). Geist et Lambin, 2002 confirme que l'ASB est l'une des principales causes de la déforestation et par conséquent contribue à environ 14 % parmi les causes de changement climatique. Il faut donc développer des solutions alternatives susceptibles de contourner l'ASB en zone forestière.

Objectif

Évaluer les pratiques agricoles alternatives à l'ASB pour réduire la pression anthropique sur les écosystèmes forestières

Hypothèse

Il existerait des pratiques agricoles alternatives qui peuvent garantir une production optimale sur les jachères de zones forestières et conserver la forêt des effets néfastes de l'ASB sur le climat.

4.1. Matériels et Méthodologie


4.1.1. Matériel

Le même matériel a été utilisé pour les deux essais (voir chapitre 3). 

4.1.2. Méthode 

L'essai était conduit suivant un dispositif multi factoriel (2 x 3 x 2 x 2), soit 48 traitements avec 4 répétitions. 

Facteur 1 : Préparation du sol (2) : Labour mécanique et plantation à plat, Non labour, incinération avant semis et plantation à plat (méthode utilisée en milieu paysan)

Facteur 2 : Profondeur des boutures (3) : Plantation en profondeur (7 à 10 cm), Profondeur moyenne (4 à 6 cm) et Plantation superficielle (1 à 3 cm) 

Facteur 3 : Variétés de manioc (2) : TME 419 (Obama) et Mvuama

Cet essai était installé à la veille de la saison sèche (le 29 octobre 2011).

Les dimensions : De l'essai : 16 x 120 m, Des blocs : 16 x 30 m, Des parcelles : 16 x 30 m, Des sous parcelles : 8 x 30 m et Des sous-sous parcelles : 4 x 10 m

Le rendement du manioc était aussi évalué en sol labouré ou non et suivant la disposition des boutures dans le sol lors de la plantation du manioc. Les résultats obtenus ainsi que leurs interprétations sont contenus dans les lignes qui suivent.

4.2. Résultats et discussion

 

4.2.1. Résultats


1) Évaluation des composantes du rendement

Les données sur le nombre des racines commercialisables et non commercialisables, le taux de reprise après bouturage, les dimensions des racines (longueur et diamètre) à la récolte étaient prises et sont présentées dans le tableau 15.

Tableau 10 : Données des composantes de rendement suivant le mode de préparation du terrain, la disposition des boutures et les variétés

De l'analyse de ce tableau, il ressort ce qui suit :

· Le nombre de racines commercialisables a varié suivant la position de la plantation des boutures. La moyenne est de 4 racines par pied pour les boutures plantées horizontalement et obliquement et ce nombre diminue lorsque les boutures sont plantées verticalement, soit 3 racines par pied. Le nombre de racines non commercialisables par contre était en moyenne à une racine par pied. On a observé quelques cas de 2 racines non commercialisables par pied chez la variété Mvuama.  

Une régression linéaire a permis de déceler que les nombres de racines commercialisables et non commercialisables sont en relation avec le rendement du manioc. Il s'observe que l'abondance des pieds avait un nombre de racines commercialisables qui variaient entre 3 à 5. Les prévisions de rendement avec cet intervalle du nombre de racines oscillent entre 30 et 35 t/ha. Cependant, les racines non commercialisables ont été moins nombreuses et leur nombre s'est concentré entre 1 à 2 racines par pied. On peut apercevoir sur la figure 34 la concentration du nuage de points sur la moyenne d'une racine par pied. Ce qui apparaît comme un bon facteur étant donné les inconvénients inhérents de la production d'un nombre important des racines non commercialisables.

Figure 28:Courbe de régression suivant le nombre de racines commercialisables sur le rendement du manioc

Figure 29:Courbe de régression suivant le nombre de racines non commercialisables sur le rendement du manioc

· Le taux de reprise après le bouturage du manioc. En moyenne, ce taux était de 77,26% pour l'ensemble des facteurs observés. Il se dégage des analyses statistiques effectuées que le comportement de variété était différent. On avait constaté que la variété Obama avait mieux repris après le bouturage avec un taux de reprise de 82,19 % en comparaison à la variété Mvuama qui avait un taux de reprise de 72,32 %. 

En observant la courbe de régression du taux de reprise en rapport avec le rendement, il se dégage une grande dispersion des points faisant entrevoir qu'il n'existe aucune corrélation entre le taux de reprise et le rendement des racines. 

Figure 30:Courbes de régression du taux de reprise après bouturage sur le rendement du manioc

· En ce qui concerne les dimensions des racines obtenues dans les différents traitements c'est dire le diamètre moyen et la longueur moyenne des racines, il s'observe ce qui suit :

Pour la longueur des racines, il ne s'observe pas une corrélation entre ce facteur et le rendement cependant, on peut constater en observant le graphique 31 que plus les racines sont longues, plus elles permettent un rendement plus important. La droite linéaire de la régression a une allure ascendante.

Figure 31:Courbe de régression de la longueur des racines sur le rendement en racines

Pour le diamètre moyen, il s'observe à nouveau que ce facteur n'influence pas le rendement. La plupart des racines avait un diamètre qui variait entre 6 à 8 cm. 

Figure 32:Courbe de régression de diamètres moyens des racines sur le rendement

2. Le rendement 

Les données de rendements obtenus sur sol préparé avec le labour mécanique et sur sol non labouré (préparé suivant les pratiques des paysans), sur la position de plantation de boutures de manioc et sur deux variétés de manioc Obama et Mvuama sont présentées dans le tableau 16. 

Tableau 11 : Moyennes de rendements suivant le mode de préparation du sol, la position des boutures et la variété plantée.

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Une analyse de la variance à trois critères de classification (ANOVA 3) a permis de dégager les interactions entre les facteurs observés. En plus, les plus petites différences significatives entre les moyennes étaient ressorties des écarts-types et des déviations standards des variables analysées.

Tableau 12 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol, position de plantation des boutures et variétés de manioc).

Les moyennes observées suivant les paramètres évalués sont de 39,2 t/ha pour les friches labourées, 26,97 t/ha pour celles non labourées. Des moyennes respectives de 33,86 t/ha, 30,58 t/ha et 34,83 t/ha suivant la disposition des boutures en horizontale, oblique et verticale. Les deux variétés de manioc comparées ont donné respectivement 29,27 t/ha pour Obama et 36,91 t/ha pour Mvuama.

1) Le mode de préparation du sol (labour et non labour)

En regroupant les données suivant les facteurs mis en observation, il ressort que les rendements moyens suivant les modes de préparation du sol sont de 39,2 t/ha lorsque le sol est labouré et est de 26,97 t/ha en condition des sols non labourés (LSD.05 = 8,72 t/ha). Il se dégage une différence statistiquement significative pour ce qui concerne l'utilisation du labour. Cette pratique a permis un accroissement de rendement évalué à 45,34 % par rapport à la technique usuelle de préparation de sol telle qu'utilisée par les paysans et les exploitants du manioc. 

Figure 33:Droites de rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol (Labour, non-labour)

La droite indiquant les rendements obtenus par la pratique du labour (enfouissement de la biomasse végétale lors du labour) est nettement au-dessus de la droite indiquant les rendements obtenus sur la pratique du non-labour. La dernière pratique qui correspond parfaitement aux méthodes paysannes, ne dérange pas beaucoup la structure du sol mais détruit la matière organique lors de l'incinération de la litière sèche.

En ce qui concerne les hinterlands de la ville de Kisangani, les jachères herbeuses peuvent être capitalisées avec la présence des engins mécanisés qui sont actuellement présents dans le site. Cette façon de gérer les ressources naturelles permettrait d'épargner les écosystèmes forestiers des nouvelles emblavures au profit de ces espaces herbeuses qui environnent les habitations en milieu réel. Il faut noter qu'actuellement l'agriculture se pratique de plus en plus dans la forêt et de plus en plus, les paysans s'éloignent de leurs habitations pour atteindre ces forêts. On peut donc optimiser le retour aux jachères qui favorise la sédentarisation du système agricole par l'utilisation d'un labour mécanisé. 

Les conditions d'humidité dans le sol étaient plus effectives dans les parcelles labourées mécaniquement. Dans ces parcelles, la matière organique enfouie lors du labour, a semble-t-il joué un rôle favorable lors de la croissance du manioc. Elle a aussi été importante dans le maintien d'un bon bilan hydrique lors des périodes sèches qui ont suivi la mise en place de l'essai. 

2) Le mode de plantation des boutures

L'étude a consisté aussi à vérifier si la position de plantation des boutures est susceptible d'apporter une modification sur le rendement du manioc. Avec trois positions qui ont été mises en contribution, il est ressorti que les rendements qu'elles sont donnés ne sont pas différents statiquement. La plantation à l'horizontale a donné un rendement moyen de 33,86 t/ha, la plantation à l'oblique a donné 30,58 t/ha et la plantation à la position verticale a donné 34,83 t/ha. Ces moyennes bien que ne présentant pas de différences entre elles, on peut tout de même remarquer que lorsque les boutures sont plantées verticalement, elles occasionnent un rendement relativement plus grand et en revanche, la position oblique donne un rendement plus faible. 

Nous pouvons observer sur le graphique suivant que la position de plantation des boutures n'a aucun effet statistiquement significatif sur le rendement du manioc (les droites se raccrochent). Les rendements obtenus par l'utilisation de ces modes de plantation oscillent autour de 30 t/ha. La logique consistant à croire qu'une plantation faite en profondeur protégerait les boutures de la dessiccation à la surface du sol n'a pas prouvé ces performances. 

Figure 34:Droites de rendement de manioc suivant la position de plantation des boutures

3) Les variétés de manioc

Deux variétés de manioc Obama et Mvuama étaient utilisées dans cette étude et étaient soumises aux différents facteurs évalués pour vérifier si leur rendement est influencé. Les meilleures productions ont été obtenues avec la variété Mvuama qui a donné une moyenne de 36,91 t/ha comparativement à la variété Obama qui a produit 29,27 t/ha. La supériorité de la variété Mvuama semble se confirmer sur Obama en se référant aux résultats obtenus dans l'essai sur l'incinération et la non-incinération. Il y a donc lieu de recommander cette variété si on vise à produire du manioc dans les conditions des sols marginaux des jachères herbeuses de l'hinterland de Kisangani étant donné que les performances de la variété Obama ont été prouvées dans des études antérieures.

Figure 35:Droites de rendement de manioc suivant les variétés de manioc sur sol labouré ou non labouré

4) Relation entre les facteurs 

a.  Mode de préparation du sol et la position de plantation des boutures

Plusieurs facteurs ont été observés dans cette étude entre autres le mode de préparation du sol (labour et non labour) et la position de plantation des boutures (horizontale, oblique et verticale). En combinant ces deux facteurs on obtient les résultats suivants :

Tableau 13 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et position des boutures).

LSD.05 = 7,99 t/ha

De ce tableau, il se dégage que les rendements sont plus importants dans les parcelles labourées quel que soit la position de bouturage. Ils varient de 37,79 t/ha à 40,72 t/ha allant de la position oblique à la position verticale dans la friche labourée et de 23,36 t/ha à 28,93 t/ha gardant la même tendance (figure 42).

Figure 36:Rendement (t/ha) du manioc suivant le mode de préparation du sol et la position de plantation des boutures

La position de plantation des boutures dépend aussi de la perméabilité du sol. Le labour a permis que le sol soit bien ameubli et cela avec pour corollaire un bon développement des racines tubéreuses. La combinaison de ces deux facteurs a occasionné un avantage statiquement significatif dans la friche labourée et dont le manioc était planté soit verticalement (moyenne de 40,72 t/ha) ou soit horizontalement (moyenne de 39,10 t/ha). Le rendement est de 37,79 t/ha lorsque le manioc est planté obliquement.  

En plantation verticale, le rendement varie de 28,93 t/ha à 40,72 suivants que la friche est respectivement non labourée et labourée. On assiste donc à un accroissement du rendement de 40,75 % lorsqu'on procède au labour.

En plantation horizontale, la variation de rendement est de 28,61 t/ha sur la friche non labourée contre 39,1 t/ha lorsqu'on pratique le labour. Cette opération (labour) occasionne un accroissement de la production de l'ordre de 36,67 % lorsque les boutures sont plantées horizontalement. 

Lorsque les boutures sont plantées obliquement, on obtient des moyennes de 23,36 t/ha en condition de sol non labouré et 37,79 t/ha lorsqu'on applique le labour. Soit un accroissement de rendement de 61,77 % lors de la plantation oblique des boutures.

De ces résultats, il apparaît très clairement que le labour a une influence sur le rendement du manioc. Suivant la manière dont les boutures sont disposées lors de la plantation, des accroissements de rendement sont très perceptibles suivant que les boutures sont plantées sur une friche labourée ou non. 


b. Mode de préparation du sol et Variétés de manioc

Deux variétés de manioc Obama et Mvuama, la première est actuellement identifiée comme la plus productive et la seconde fait partie des variétés introduites en Province Orientale vers les années 2003 dans le cadre du programme de lutte contre la mosaïque et s'était émargée du lot de cinq variétés qui étaient introduites dans le cadre de ce programme. 

Le comportement de ceux deux variétés peut être observé dans le tableau 19.

Tableau 14 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et les variétés plantées).

LSD.05 = 14,5 t/ha

De ces résultats, on peut déduire que les rendements varient entre les variétés et sont plus avantageux lorsque le sol est labouré. Obama a donné 33,91 t/ha en sol labouré contre 24,62 t/ha en sol non labouré. Soit un accroissement de 37,73 % par le fait du labour et Mvuama a produit 44,49 t/ha en sol labouré contre 29,32 t/ha en sol non labouré. L'accroissement avec la variété Mvuama est de 51,74 % lorsqu'on passe du non-labour au labour.

Figure 37:Rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol et les variétés de manioc plantées

En observant le graphique, on peut voir la suprématie de la variété Mvuama en condition de labour et de non-labour. Cette indication permet de viser cette variété lorsqu'on veut produire dans les jachères herbeuses de Kisangani. Mvuama avec une moyenne de 36,91 t/ha peut permettre de soutenir une production satisfaisante. Dans les mêmes conditions, Obama donne un rendement moyen de 29,27 t/ha et l'accroissement de rendement avec Mvuama est de 26,1 %.

c. Mode de plantation des boutures et variétés de manioc

La plantation des boutures suivant différentes positions a donné des différences statistiquement significatives par rapport aux variétés de manioc. On observe que la variété Obama s'est bien comportée lorsqu'elle était plantée horizontalement (31,54 t/ha), son rendement décroit lorsqu'elle est plantée verticalement (29,27 t/ha) et décroit davantage lorsqu'elle est plantée obliquement (26,53 t/ha). Pour cette variété (Obama), on observe que son rendement s'accroît de 18,88 % par le fait de modifier le mode de disposer les boutures dans le sol c'est-à-dire en passant du mode oblique au mode horizontal. Cet accroissement est de 12 % lorsqu'on passe de la disposition en oblique vers la disposition verticale.

Tableau 15 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Position de plantation des boutures et les variétés plantées).

LSD.05 = 15,97 t/ha

La variété Mvuama donne un rendement élevé lorsque les boutures sont disposées verticalement lors de la plantation. Le rendement moyen est de 39,92 t/ha en plantation verticale et est respectivement de 36,17 t/ha et 34,62 t/ha si les boutures sont plantées horizontalement et obliquement. Il s'observe donc que la variété Mvuama ne réagit pas différemment à la disposition des boutures lors de la plantation. Les variations de rendement sont non significatives statistiquement et les accroissements sont relativement plus faibles. Ils sont de 15,3 % lorsqu'on passe du bouturage en oblique vers le bouturage en verticale et de 3 % de la position oblique à la position horizontale.

Figure 38:Rendement suivant la variété et la disposition des boutures lors de la plantation

d. Interaction entre le mode de préparation du sol, la disposition des boutures à la plantation et les variétés 

Suivant les données obtenues après analyse et consignées dans le tableau 21, on peut voir le bon comportement de la variété Mvuama sur la friche labourée. La disposition des boutures lors de la plantation n'a pas exercé une influence remarquable sur le rendement obtenu dans ces parcelles. La variété Obama quant à elle, fait modifier les rendements suivant les boutures sont disposées en oblique, en horizontale ou en verticale.

Tableau 16 : Rendement obtenu suivant le mode de préparation du sol, la disposition des boutures et la variété plantée

LSD.05 = 17,66 t/ha

Figure 39:Rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol, la disposition des boutures et la variété de manioc

En observant le graphique ci-haut représenté, il se dégage que la disposition des boutures en position verticale lors de la plantation est plus avantageuse pour la variété Mvuama. La plantation en horizontale cependant, n'indique pas de grandes différences par rapport aux variétés et aux modes de préparation du sol. La variété Obama s'est bien comportée lorsqu'elle est plantée horizontalement. Les meilleurs rendements sont obtenus dans les sols labourés.

La dispersion de rendements sur l'ensemble de l'essai montre qu'à la troisième répétition, les conditions du sol ont été plus hétérogènes. Cependant dans les deux premiers blocs, ce rendement est plus stable et se situe en moyenne entre 20 et 40 tonnes par hectare. Cela semble être la même tendance pour le quatrième bloc.

Figure 40:Dispersion de rendements dans l'essai comparant les modes de préparation du terrain, la plantation des boutures et les variétés plantées

4.2.2. Discussion et conclusion

1) Le labour et le non-labour

Le labour est une pratique ancienne dont un des buts premiers est de créer un environnement favorable à la germination des graines et/ou des fragments des tiges et au développement des racines (Köller, 2003). Il se dégage une différence statistiquement significative pour ce qui concerne l'utilisation du labour. Dans les jachères forestières, cette pratique a permis un accroissement de rendement évalué à 45,34 % par rapport à la technique usuelle de préparation de sol telle qu'utilisée par les paysans et les grands exploitants du manioc. Le labour a permis d'ameublir le sol pour un bon développement des racines. (Balesdentet al. 2000) précise d'ailleurs que le labour augmente le turn-over de la matière organique du sol en favorisant l'aération et la porosité du sol. L'incorporation de la matière organique verte a contribué dans l'enrichissement de la fraction organique du sol (Andrade et al. 2003) et ainsi, il y a lieu de penser à une bonne combinaison avec les colloïdes minéraux. Ces conditions favorisent la formation du complexe absorbant du sol et permettent une amélioration de la fertilité. (Pirot, 1997) avait observé que le labour mécanique constituait un moyen efficace de désherbage et limitait les travaux de sarclage. Cependant, (Chaussod, 1996) s'interroge sur l'impact de cette technique sur la biodiversité du sol, sa fertilité biologique (potentialités agronomiques liées à l'activité biologique des sols), son état sanitaire, ses impacts environnementaux et sur sa capacité de résilience de l'agrosystème.

2) La disposition de boutures lors de la plantation

La plantation des boutures suivant les différentes positions n'a pas indiqué des différences statistiquement significatives. La tendance est que le rendement est beaucoup plus faible lorsque les boutures sont plantées obliquement. Pourtant, Raffaillac, 1993) a constaté des différences dans l'enracinement suivant le mode de plantation des boutures. Il a observé que l'enfoncement à l'oblique de la bouture dans le sol provoque une concentration plus forte des axes racinaires en avant du plant. Les sols sous l'expérimentation étant à prédominance sableuse, la plantation à la position verticale a été plus avantageuse et selon Braimaet al. 2000), le choix de la position des boutures lors de la plantation doit tenir compte de la structure du sol. Il précise que le bouturage vertical convient au sol sablonneux tandis que dans les sols loameux, le bouturage horizontal est probablement la meilleure méthode et selon Sylvestre et al. 1983, en position verticale, une seule longue tige se développe généralement à l'extrémité apicale, alors que les positions inclinées provoquent le développement de plusieurs tiges courtes. Les boutures non complètement enterrées se dessèchent plus facilement et reprennent moins bien dans des conditions de pluviométrie limitée. A l'inverse, en plantation à plat, sur sol pouvant être engorgé par fortes pluies, les boutures verticales peuvent être préférables.


3) Conclusion partielle

Les difficultés rencontrées, en région tropicale, dans la mise en valeur des sols acides est la perte rapide de la fertilité des sols souvent liées à l'acidification constatée après la mise en culture. Elle constitue un grand défi pour l'agriculture en milieu rural de ces régions (Latham et al. 1985). S'agissant de Kisangani, les jachères herbeuses sont quasi-inexploitées et peuvent être valorisées en procédant au labour mécanique comme mode de préparation du terrain. Les accroissements de rendement qu'on obtient par cette pratique ainsi que les marges des bénéfices sont économiquement plus rentables par rapport à la pratique usuelle d'incinération. Le rendement obtenu avec le labour sur friche herbeuse peut permettre aux exploitants de protéger la forêt. Les boutures peuvent être disposées soit horizontalement, soit obliquement ou soit encore verticalement. La variété Mvuama a particulièrement bien répondu en sol labouré (44,5 t/ha) et peut servir de référence dans des études qui seront menées postérieurement. En plus, le labour mécanique nécessite des conditions préalables de dessouchage. Ainsi les espaces labourables peuvent être quantifiés et permettre aux exploitants de les utiliser rationnellement.

Chapitre 5 : Évaluation économique des pratiques culturales 

La production agricole occasionne des charges importantes qui varient suivant les intrants utilisés et les pratiques culturales mises en contribution. Dans cette étude, il a été question d'évaluer quelques pratiques qui permettent de produire le manioc en condition d'une jachère herbeuse. Les résultats obtenus par rapport à la production brute des racines fraîches donnent une indication sur les performances de ces techniques. Dans ce chapitre, il s'agit de faire une évaluation du coût de production de chacune des pratiques et la marge des bénéfices qui peuvent se dégager après utilisation de ces pratiques. 

5.1. Les charges d'exploitation suivant les techniques culturales

Il ressort après le calcul des charges d'exploitations pour chacune des techniques culturales que la préparation du sol utilisant le labour mécanique occasionne des charges plus importantes. Elles sont évaluées en moyenne à 1451,99 $ US/ha dans un champ préparé mécaniquement (labour et hersage) sans incinération de la friche avant le labour. Les coûts sont estimés à 1192,5 $US lorsque la préparation du terrain inclut le défrichement, l'incinération, le débardage et autres suivant la méthode usuelle utilisée par les petits producteurs (paysans). Cependant la non-incinération réduit sensiblement les charges d'exploitation qu'on peut évaluer à 989,47 $US/ha.

 

Figure 41:Les charges d'exploitation suivant les pratiques culturales

La non- incinération permet de conserver pendant un temps relativement long la biomasse défrichée au sol. Dans cette condition, le sol est protégé à la radiation directe et permet de conserver l'eau dans le sol. Aussi, cette matière végétale qui sèche sur le sol joue un rôle de paillis et empêche les mauvaises de pousser aisément. Ceci retarde le sarclage et permet de réduire le coût dû à cette opération.

Dans les conditions de la province orientale et principalement lorsqu'il s'agit de pratiquer une agriculture mécanisée dans les jachères herbeuses qui environnent les habitations et qui constituent aussi l'essentiel de la végétation des vieux champs, les charges d'exploitation sont plus grandes à cause du coût de location de tracteur (estimé à 120 $/ha) et du coût de carburant (environ 2 $ /litre). Ceci peut limiter l'adoption de cette pratique par les paysans dont la majorité a un revenu très faible.

5.2. Calcul du coût de production

Le coût de production est un rapport entre les dépenses engagées pour réaliser une production. L'objectif visé est d'avoir un dénominateur plus grand (augmenter la production) et minimiser les dépenses. Pour ce qui concerne les pratiques culturales évaluées, les coûts de production calculés en dollars par panier de cossettes fermentées et fumées de manioc ont indiqué que généralement un panier de cossettes est produit autour de 4 et 5 $. Ce coût est plus faible lorsqu'on utilise le labour mécanique (Figure 42). 

Figure 42:Histogramme présentant les coûts de production suivant les pratiques culturales

En revanche, la technique du paysan incorporant l'incinération de la masse végétale est plus coûteuse pour produire un panier de cossettes fumées et fermentées. Les moyennes obtenues sont respectivement de 5,17 $, 4,73 $ et 4,32 pour l'incinération, la non-incinération et le labour mécanique. Ce coût est plus élevé lorsque le mode de plantation du manioc est oblique. Dans la pratique d'incinération, la plantation oblique a donné un coût de production de 5,55 $/panier (colonne rouge). 


5.3. Les marges bénéficiaires attendues suivant les techniques culturales de production

 

Ces marges calculées en dollars américains par production de cossettes fumées sur un hectare ont clairement montré que les marges sont plus importantes lorsqu'on procède par un labour mécanique du sol. Elles sont de 2565,74 $ US par hectare dans ces conditions de préparation du terrain. Lorsqu'il s'agit de la préparation manuelle du terrain avec ou sans incinération de la friche herbeuse, ces marges sont toujours positives et sont de 1580,39 $ et 1514,22 $ respectivement lorsqu'on procède à l'incinération et lorsqu'on n'incinère pas.

Figure 43:Les marges bénéficiaires suivant les pratiques culturales

Des accroissements de la marge bénéficiaire sont de l'ordre de 59 % lorsqu'on décide de pratiquer le labour mécanique en lieu et place du système de production usuelle consistant au défrichage, incinération, débardage, etc. 

CONCLUSION

Cette étude vise la recherche des alternatives susceptibles de rompre les systèmes empiriques d'exploitation agricoles qui consistent dans leur majorité à briser les équilibres environnementaux par l'utilisation du feu comme mode de préparation du sol et cela, quel que soit le milieu où on se trouve.  L'agriculture itinérante sur brûlis est le système le plus utilisé surtout par les petits exploitants qui sont les plus nombreux. Les conséquences de cette méthode agricole influencent directement les écologies naturelles et ses effets sont encore beaucoup plus qu'inquiétantes surtout lorsqu'il s'agit des écosystèmes forestiers. Les paysans font tomber des gros troncs d'arbres chaque saison culturale en brisant sans le savoir le cycle du carbone, ils incinèrent la litière qui dégage suffisamment du dioxyde de carbone dans l'atmosphère, une fois de plus sans le savoir et contribuent en fait à l'accentuation des effets néfastes de changement climatiques.

La question qu'on s'est posée est celle de savoir s'il est possible de produire la nourriture sans exercer une forte pression sur la forêt ? Si le manioc est la principale culture vivrière dans la zone écologique de l'étude, il est aussi vrai de croire qu'il occupe les plus d'emblavures et qu'il occasionne les plus de pression sur la forêt en ce qui concerne le système agricole en milieu villageois. Plusieurs exploitants agricoles (paysans surtout), pensent qu'on ne peut pas soutenir une production des cultures vivrières dont le manioc dans les jachères herbeuses. La tendance est la progression dans la destruction de la forêt et déjà, on constate dans ce milieu que la forêt s'éloigne des habitations. Elle est systématiquement détruite par ces méthodes plus ou moins nomades actuellement pratiquées (ASB) et en plus, les jachères ne sont pas suffisamment conservées pour permettre une régénération future de la forêt et de la fertilité du sol.  

Le but visé est de sédentariser le système agricole, produire la nourriture sur un sol qui peut maintenir sa fertilité pendant plusieurs saisons culturales en conservant un équilibre propice des constituants minéraux et organiques. On sait qu'en sol tropical, le grand problème réside dans la conservation de la matière organique dans le sol. Déjà avec la pratique de l'incinération, il n'est pas possible de prétendre conserver les bonnes conditions de fertilité du sol. D'office, il fallait promouvoir les pratiques agricoles qui ne prennent pas en compte l'incinération comme mode de préparation du sol. Ainsi, trois méthodes de préparation du sol étaient comparées, l'une reprenant la pratique usuelle du paysan (défrichement, incinération, débardage et plantation sans labour) était pris pour servir de contrôle et deux autres méthodes entre autres le labour mécanique avec enfouissement de la matière organique verte et le défrichement au ras de sol de la friche herbeuse puis plantation sans incinération. 

Les résultats obtenus ont indiqué clairement que le labour mécanique réalisé sur une surface non incinérée préalablement permet de réaliser des productions plus importantes du manioc. On a obtenu des moyennes évaluées à 39 t/ha avec ce système contre 27 t/ha sur la friche incinérée et, 24 t/ha sur la friche non incinérée. Les performances dues au labour se justifient par le fait que cette pratique disponibilise les éléments minéraux lessivés dans les profondeurs du sol et ensuite, la décomposition de la matière verte enfouie permet une bonne organisation du sol.

Cependant, en comparant les variétés de manioc utilisées dans l'étude, on observe une certaine résistance de la variété Mvuama aux effets de la sécheresse. On a remarqué que le manioc planté pendant la période qui précède la saison sèche a réagi différemment.  La saison sèche avait sensiblement affecté le rendement du manioc. Des rendements faibles sont obtenus pour le manioc planté en saison sèche avec une moyenne de 17 tonnes par hectare et quel que soit le mode de préparation du sol. Dans le même sens, on a aussi constaté que la position des boutures lors de la plantation n'influence pas le rendement.  Néanmoins, il se dégage que lorsque les boutures sont plantées plus profondément en période sèche, elles affectent positivement la production du manioc. 

Il existe plusieurs interactions entre les facteurs. Lorsque les conditions de culture sont marginales, il est préférable de planter le manioc sans incinérer la friche. On obtient un rendement qui ne dégage pas des différences significatives en comparaison au système de l'incinération mais, en revanche, on assure au sol un maintien de la matière organique et une stabilisation de l'acidité de surface (selon les analyses des sols effectuées avant et après la culture du manioc) qui peut favoriser des rendements acceptables après la première saison culturale. On a par ailleurs observé que le sol s'acidifie davantage après le manioc sur la friche incinérée. Cette condition constitue un facteur limitant lorsqu'on vise à sédentariser le système agricole.

La détermination de la marge bénéficiaire en tenant compte des pratiques culturales évaluées montrent clairement que le labour mécanique est plus avantageux avec une moyenne de 2565,74 $ US par hectare. Les autres pratiques ont donné des marges plus faibles. Soit 1580, 39 $ pour le champ incinéré et 1514,22 $ pour le champ non incinéré.  Le labour   permet un coût de production plus bas et des marges bénéficiaires plus importantes. Cependant, les charges d'exploitation sont plus grandes par rapport aux autres techniques. Ceci réduit sa chance d'être aisément accepté par les petits exploitants (paysans) qui ne disposent pas de suffisamment de moyens pour soutenir les charges dues à la production (surtout au début des opérations culturales).

Recommandations

Cette étude devra faire l'objet d'une répétition dans le temps et sur le même site pour confirmer ou infirmer les résultats obtenus et ensuite évaluer la durabilité des systèmes en étude.

Il faut revenir aux jachères et valoriser les espaces mécanisables. Le coût de production est sensiblement réduit et la marge des bénéfices est plus grande. Cette technique permet d'éviter l'agriculture itinérante sur brûlis qui cause des effets néfastes sur le climat par des émissions de dioxyde de carbone lors de la combustion de la biomasse végétale et aussi, sur la destruction de la matière organique du sol. Cependant le labour mécanisé occasionne des charges d'exploitation plus importantes qui ne sont toujours pas à la portée des petits producteurs. Ceci ralentit certainement l'adoption de cette alternative et par conséquent, les gouvernants pourraient subventionner cette opération en introduisant des systèmes tels que le métayage des espaces mécanisées.

Aussi, il est possible aujourd'hui de réduire la pression sur la forêt en produisant convenablement sur les jachères herbeuses qui environnent les habitations des paysans. Il faut cependant adapter le système cultural le plus rationnel. La non-incinération s'apprête bien mais il faudra, dans une étude postérieure en évaluer les coûts et revenus marginaux pour permettre de tirer une conclusion conséquente. Il semble que cette technique permet d'organiser le sol de manière durable. Les cultures peuvent se succéder sans que les répercussions d'épuisement ne se fassent tout de suite sentir. Une fois de plus, des études postérieures permettront de déterminer combien de saisons successives peuvent permettre d'obtenir une production économiquement rentable.


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