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Evaluation des pratiques agricoles comme moyen de mitigation des changements climatiques en zone forestière


par Adrien Ndonda
Université de Kisangani - Diplôme d'études approfondies en sciences agronomiques, eau et forêt 2014
  

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3.2.2. Discussion et conclusion


a) La non-incinération comme facteur de maintien de la matière organique et de la fertilité du sol 

La matière organique est la base de la fertilité des sols (Maldague, 2007). Cet auteur propose de mettre fin au système d'agriculture itinérante sur brûlis, de ne plus défricher dans les forêts primaires pour une utilisation agricole non durable, d'appliquer les règles de gestion des bassins versants, d'améliorer les pratiques agricoles et de recourir à l'agroforesterie si on l'on veut maintenir de manière durable la matière organique du sol. L'agriculture itinérante sur brûlis (ASB) est jusqu'à ce jour pratiquée par 60 à 70 % de la population en RDC (Semeki, 2007).  Selon Chaplot, 2008, ce système utilise essentiellement le feu lors de la préparation du terrain avant la mise en culture et se fait suivre des périodes de jachères plus longues que de périodes de cultures. C'est dans ce contexte que (Tollens. 2010) estime que dans ce système, ce sont les périodes courtes de culture qui se succèdent à des longues jachères naturelles arborées et destinées à régénérer la fertilité des sols. La durée de la jachère peut prendre 15 à 20 ans (Van Vliet et al. 2012) et dans cette condition, l'agriculture Itinérante sur brûlis peut ou ne pas constituer une menace pour les écosystèmes naturels (De Wachter 1993) si les exploitants exerçaient une pression relativement faible sur la forêt primaire (Maldague, 2007). Cela est influencé par la pression démographique. Lorsque la densité de la population est faible et que la qualité des sols est bonne et/ou l'accès aux marchés est réduit, l'ASB peut être un choix parfaitement rationnel (Ickowicz,2006 ; Nielsen et al. 2006).

Inversement, lorsque la croissance démographique est en plein essor cela se traduit par le raccourcissement de la durée de la jachère et une dégradation accrue des forêts, du fait de l'augmentation des besoins en surfaces agricoles pour les populations.

En RDC, certaines études suggèrent que lorsque la densité de population atteint 20 à 30 habitants au km2, l'ASB n'est plus viable, car il n'y a plus de période de jachère, entraînant ainsi une diminution de la fertilité des sols, et delà la réduction des rendements (Zhang et al. 2002). Selon (Karsenty, 2012), le taux de croissance de 3.3% en RDC entraîner un doublement de la population dans les 22 prochaines années. Cela étant, considérant que la densité moyenne de la RDC est déjà proche de 30 hab/km² (mais considérant également qu'il y a une forte hétérogénéité de densités dans le pays), l'on peut craindre un accroissement de la pression plus rapide de la population sur la forêt. Les rendements obtenus sur la friche non incinérée lors de la préparation du terrain (moyenne de 24,43 t/ha) n'ont pas indiqué des différences statistiquement significatives par rapport à l'ASB (29,71 t/ha en moyenne). Cependant, il ressort que le sol a été bien organisé après la culture du manioc dans la friche non incinérée. La non-incinération lorsqu'elle est pratiquée dans les jachères en zones forestières, elle permet (i) la conservation de la matière organique dans le sol (de 2,8 % à 3,25 % respectivement avant et après le manioc), (ii) l'amélioration de la structure du sol (30,07 % de limon après le manioc contre 23,38 % avant le manioc), (iii) une réduction de l'acidité du sol (de 5,38 à 5,96)et de la porosité (de 57,14 % avant le manioc à 48,59 % après le manioc. La densité apparente aussi est améliorée. En sol incinéré par contre, on observe des phénomènes contraires tels que la diminution du pH et l'augmentation de la porosité. La structure du sol est mal organisée.  On reproche à l'ASB une perte rapide de la fertilité du sol. Cette pratique ouvre la porte au déboisement tropical, à la perte de la biodiversité et au réchauffement mondial (Fujisaka et Escobar, 1997). Le rapport mondial sur le changement climatique de 2007/2008 attribue jusqu'à 14% des émissions de gaz à effet de serre à l'ASB. Pourtant la non-incinération épargne l'environnement de tous ces effets néfastes sur le climat et permet de sédentariser le système agricole surtout lorsqu'elle est associée à d'autres pratiques telles que l'agroforesterie, la rotation et les associations des cultures. Dans ce contexte, on peut soutenir une production végétale sur la même surface pendant plusieurs saisons et épargner la forêt des effets destructifs de l'ASB.

b) La non-incinération face aux changements climatiques (cas de la sécheresse) 

Le manioc exige une bonne pluviosité surtout en début de croissance. A cause des changements climatiques, il se chevauche de plus en plus des périodes sèches pendant les saisons de pluie et cela influence défavorablement le rendement du manioc. On a observé des pertes très importantes de rendements à cause de la sécheresse. La décroissance de rendement due à la sécheresse est évaluée à -47 %. Pendant ces périodes sèches inattendues, il est impérieux d'adopter des pratiques culturales qui permettent d'épargner au sol les radiations directes du soleil qui provoquent une incertitude des rendements liés aux carences hydriques (Dugué et Floquet, 2000). La pratique telle que la non - incinération permet de maintenir pendant des périodes relativement longues une bonne litière au sol. Celle-ci, jouant le rôle de paillis, permet aussi de conserver l'eau dans le sol. 


c) Le choix de variétés de manioc résilientes aux changements climatiques

Les variétés de manioc s'adaptent différemment aux effets pervers des changements climatiques. On observe que la variété Mvuama réagit plus positivement aux conditions de la non - incinération (28 t/ha). Les écarts de rendement entre l'incinération et la non-incinération sont de 16 % en faveur de l'incinération mais ne présentent pas des différences statistiquement significatives. Obama a produit 21 t/ha en condition de non-incinération et les écarts sont de 22 % lorsqu'il est comparé aux conditions d'incinération. 

Suivant les saisons de cultures, Mvuama réagit aux conditions de saison de transition (39 t/ha). Les pluies qui précédent les périodes sèches suffisent à cette variété de maintenir sa production même si une situation de sécheresse survient un ou deux mois après la mise en place du manioc. Cependant, Obama se comporte bien lorsque les conditions hydriques sont optimales. Cette variété ne supporte pas les périodes sèches allongées au début de sa croissance. Les pertes de rendement peuvent aller jusqu'à- 42 %.



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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius