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Les résidents dans le monde du silence et la communication de l'infirmier


par Alexia BOUARD
IFSI Thonon-les-Bains - IDE 2022
  

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6.6. Annexe VI : Recension brut d'un des entretiens

ESI : Je suis étudiante en 3ème année, il s'agit d'un entretien de mémoire, je vais vous poser des questions et à la fin de l'enregistrement, si vous voulez on pourra reprendre un peu les questions pour vous donner des informations complémentaires.

Depuis combien d'années avez-vous eu votre diplôme d'état ?

IDE : Depuis 2013, ça nous fait 9 ans cet été.

ESI : Et depuis combien d'années travaillez-vous dans votre établissement ?

IDE : Ça fait 3 ans 1/2 et 4 ans cet été, en fait.

ESI : Avant, vous avez fait quel service ?

IDE : J'étais sur le POOL médecine à l'hôpital de Thonon et ensuite j'ai fait le service neuro qui s'est transformé en médecine générale des néphro.

ESI : Pour vous, qu'est-ce que la communication ?

IDE : En générale ? ESI : Oui, en générale

IDE : C'est le fait d'interagir avec quelqu'un oralement ou ... non pas forcément oralement. C'est le fait d'interagir avec quelqu'un.

ESI : Il y a combien de type de communication ?

IDE : Je dirais deux. Verbale et non verbale

ESI : Selon vous, quelles sont les différences entre une personne malentendante et sourde ?

IDE : Malentendante, c'est qu'elle va entendre quand même des choses. Sourde, elle n'entendra rien. Il y aura que des bruits internes j'imagine, propre à son corps. Malentendante, elle va entendre des sons et des voix, des mots, mais pas correctement et elle ne comprendra pas ce que l'on va lui dire.

ESI : Pour vous, qu'est-ce que la surdité ?

IDE : Heu ... c'est des colles en fait ! Ahaha

ESI : Ahaha, exactement. C'est pour ça que je vous expliquerai tout à la fin ahah.

IDE : Alors la surdité, je dirais que c'est à partir du moment où l'on entend moins bien. Si c'est une première surdité et plus c'est grave, plus on va vers une surdité grave et on n'entend plus rien. En gros mais je n'ai pas les termes. Ahah

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ESI : Ahah ce n'est pas grave. Selon vous, pour une personne sourde ou malentendantes, quelles sont les conséquences et les risques sur sa vie quotidienne ?

IDE : Entendre ça fait tout pour une personne. Si elle n'entend plus, elle se sentira perdue, voir même seule. Elle ne discutera plus avec les autres, elle va s'isoler, ... elle se montrera triste. Elle risque de ne plus pouvoir communiquer avec nous et les autres résidents.

ESI : Quelle importance à la communication dans la prise en soin d'un résident ?

IDE : Houlala bah tout ! Ça va permettre déjà d'instaurer une relation de confiance, une relation tout court, avec le patient. Du coup, ça va nous permettre de prendre en soin, de manière à ce que la personne comprenne ce que l'on va faire. Pour moi, la communication est primordiale pour ce que je vais faire et que la personne comprenne et adhère ou pas, à ce que je vais faire.

ESI : Quels seraient les risques et/ou les conséquences liés à une non communication avec un résident ?

IDE : Ah bah la non adhérence aux soins. Ou la non compréhension du soin ou de l'action que je voulais faire. Je ne sais pas si c'est clair.

ESI : Si ça l'est. Mais la conséquence pour le résident ...

IDE : Ah bah le refus de soin. Euh ... pour moi, ça peut être le refus de soins ou l'agressivité ou qu'il n'y est pas de confiance. Vraiment que rien ne se passe.

ESI : Dans votre établissement, des résidents sont-ils en situation d'isolement liée à une communication déficiente ?

IDE : Alors, heu... on a une personne qui a une surdité assez forte, quand même. Bon, elle a une démence aussi... mais la communication est difficile, donc elle est très seule. Et c'est une dame qui signe et nous on ne sait pas signer. Donc, c'est très compliqué. Elle lit sur les lèvres donc déjà maintenant c'est difficile (en montrant son masque), donc elle est assez dans son coin. Après, je ne peux pas dire qu'ils soient dans leur coin, car on va plus les chercher même s'ils n'ont pas envie. Donc, effectivement ils peuvent à table, ne pas discuter avec les gens. Ça pour moi c'est être dans son coin, du fait qu'ils n'entendent pas. On en a quelques-uns. Soit parce qu'ils ne supportent pas les appareils, car ça leur fait mal, soit parce qu'ils se sont habitués au fait de ne pas entendre. On en a quelques-uns, mais ce n'est pas une majorité.

ESI : Heureusement.

IDE : Oh oui

ESI : Avez-vous déjà pris en charge des personnes en déficience auditive ... ? IDE : Dans ma carrière ou ici ?

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ESI : Les deux

IDE : Oui, j'en ai déjà pris en charge, par exemple la personne. Mais j'ai déjà eu des gens complètement sourds, après on essaye toujours d'avoir quelqu'un qui signe ou à rigueur lire sur les lèvres. On s'adapte un petit peu. Des pictogrammes ou des choses comme ça. Euh ... autre que ça ... après non ils sont tous appareillés. Je n'ai pas trop rencontré ce type de population. Il en a mais je n'ai pas beaucoup... ou sinon on développe le parler fort, ça on le maitrise bien. Ahah. Fort et dans l'oreille. Mais sinon non, je n'ai pas eu.

ESI : Du coup, quelle serait la difficulté de cette prise en charge ?

IDE : Le refus de soin et moi j'ai besoin de parler. Je parle beaucoup et même pour expliquer. Ça serait difficile pour moi que la personne ne comprenne pas ce que je vais faire. Car pour moi, c'est 50% du soin, que la personne comprenne les choses. Donc, faire les choses par surprise ou quoi, ... c'est ça qui me dérangerait le plus en fait. Juste faire une piqûre et ne pas dire je vais piquer ou je pique, qu'il y est un sursaut. Ça peut entraver le bon déroulement du soin. Ça peut entrainer une agressivité car les gens vont avoir peur, on peut aller au refus de soin s'ils ne nous entendent pas et qu'ils se débattent et que nous... oui ça serait ces grandes choses-là.

ESI : Durant votre formation initiale, avez-vous été sensibilisé sur les déficiences auditives ?

IDE : Mais c'est loin ça ! ahah. Je ne crois pas, ça ne me dit rien, ça ne me parle pas du tout et non je ne crois pas du tout.

ESI : Durant la carrière, avant ?

IDE : Non, même pas je ne crois pas. Les fois où j'ai pu avoir, c'est une ou deux personnes avec des gens qui signent ou des pictogrammes qui étaient apportés par les patients en général avec eux, mais c'est tout. Je n'ai vraiment pas rencontré beaucoup de ce type de personne là. Le plus c'est ici à la MAPAD, où j'ai le plus de personnes malentendantes ou j'adapte ma communication.

ESI : Depuis votre arrivée dans votre établissement de soin, avez-vous eu des formations ?

IDE : Non, on n'a pas eu de formation, mais par contre je crois que je l'ai demandé c'est pour apprendre la base des signes pour signer. J'aurai bien aimé apprendre. Après, on a été sensibilisé avec tous les pictogrammes, car justement à l'arrivée de cette dame, on a mis en place des choses au départ et c'est des choses que je connais par la neurologique, qui n'est pas utilisée pour la même chose, mais qui peut être utilisée de cette façon-là. Mais sinon, on n'a pas de formation interne à ce niveau-là.

ESI : Est-ce que vous connaissez le nom des associations du langage des signes ?

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IDE : Non pas du tout, je ne me suis pas du tout penché sur la réponse, ça m'intéresse mais je ne me suis pas penché dessus.

ESI : Eh bah je vous dirais tout après l'enregistrement. IDE : Je veux bien

ESI : Connaissez-vous des moyens ou des aides que vous pouvez employer afin de communiquer avec des personnes en déficience auditive dans votre établissement ?

IDE : On a un énorme cahier de pleins de pictogrammes. On a des petits, des gros, couleurs pas couleurs. Plusieurs choses différentes. On a une élève qui nous a fait un gros panneau sur ma journée. C'était pareil, pour une dame, avec une la date, heure, le temps qui fait. Des choses comme ça pour comprendre. De quelle humeur je suis. Des choses comme ça. Mais après, on n'a pas plus d'outils que ça. Mais, on n'en utilise pas, donc on n'en a pas développé plus que ça. Le jour où l'on a quelqu'un qui est complètement sourd, on utilisera cette chose-là. Mais par contre, on n'en a pas ... mais c'est moyen car on n'en a pas qui soit déployé dans l'établissement à l'heure actuelle.

ESI : Pour la personne qui est malentendante, il y a ses prothèses, mais qu'elle n'aime pas porter...

IDE : Je ne crois même pas, si elle a des prothèses mais qui ne suffisent pas. Je crois qu'elle est comme ça depuis qu'elle est petite. Dans une surdité qu'elle a depuis toute petite, qui se majore avec le temps et elle a toujours signé et quand sa fille quand elle vient, elle a un masque un peu spécial justement. Au départ on avait trouvé et mis des masques avec une vitre, pour justement les gens qui lisent sur les lèvres notamment cette dame-là. Mais en fait ce n'est pas concluant car ça faisait de la buée. Mais du coup pour cette dame, même si on lui parle fort elle ne va pas comprendre, par contre si on lui fait lire sur les lèvres, obligatoirement on est obligé de baisser le masque et de se reculer. C'est quelque chose qui a été entendu avec la famille. Elle comprend ce que l'on lui dit, on lui dit les mots et ça suffit avec le langage de lire sur les lèvres. Sa fille signe, elle a son masque exprès pour qu'elle puisse lire sur les lèvres et elle signe en même temps pour qu'elle la comprenne. Mais nous notre moyen c'est la lecture labiale et ça suffit pour le moment.

ESI : Avec les conditions actuelles du covid, normalement c'est masque FFP2 pour les visites et employés, comment ça se passe ?

IDE : La plupart des employés et cette dame a eu le covid, donc pour l'instant c'est bon. Et en fait, on se reculait d'un mètre et on baissait le masque, on disait la phrase, on remettait le masque. Donc il n'a pas plus d'exposition que ça. Bon on ne fait pas non plus une discussion avec cette dame, il y a une démence par-dessus donc c'est juste : « comment allez-vous ? Je

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viens pour la toilette. Etc. » En temps de covid, on n'a pas de personnes avec qui on est complètement bloqué

ESI : De quoi avez-vous besoin pour répondre aux difficultés de communication avec les personnes malentendantes ?

IDE : Pour l'instant, je ne dirai rien car on y arrive quelque part. Après ça serait pas mal de sensibiliser les gens sur... je pense par respect pour elle, j'aimerai bien savoir dire : « bonjour, comment ça va, au revoir, merci » Juste du fait de savoir ça avec les signes, pour qu'elle voit, elle n'a pas la capacité de comprendre que l'on fait ça pour elle. Mais une personne qui vient de l'extérieur du même cas, j'aimerai bien savoir dire ces mots. Juste avoir des petites formations sur ces types de personnes. Enfin je pense que ça devrait être fait partout.

ESI : Oh oui

IDE : Car je pense que le jour où l'on est face à des gens comme ça, on est bloqué autant eux que nous. Car nous on communique, eux communiquent différemment. Donc qui communique normalement. Il me manquerait ça pour moi. Après on adapte. Mais ça ne suffit pas.

ESI : Trouvez-vous que les conditions actuelles du covid-19 induisent une part supplémentaire d'isolement des résidents avec un handicap auditif ?

IDE : Sur tous les points ? ESI : Oui

IDE : On a eu beaucoup de mal avec les masques au début car on a des gens malentendants léger appareillés qui comprennent bien si on parle fort mais qui lisent sur les lèvres car ça les aide pour le confort. Mais si ! J'ai une collègue, comment n'ai-je pas pensé à elle ! J'ai une collègue qui est malentendante et qui a des appareils et quand elle en a marre, elle les coupe comme ça elle n'entend plus personne. Elle, elle s'est complètement isolée et les résidents pareils car ça a coupé. Par exemple pour ma collègue, elle verbalisait bien les choses et je pense la plupart des résidents n'osait pas nous le verbaliser car par exemple quand on est dix on connait un peu les voix de tout le moment mais elle ne savait pas qui parlait, et en fait elle avait toujours l'impression que l'on se fichait d'elle. En plus, c'était très angoissant pour elle, ce contexte de masque et plusieurs fois elle s'est isolée. On la voyait s'isoler dans sa bulle et c'est vrai que les résidents ne se sont pas sentis isolés à ce niveau-là, car ça a mis une barrière à ce niveau-là. Pour moi, ce masque est une barrière à la communication et du coup il a empêché la bonne communication. Maintenant, ça va un peu mieux, ils sont habitués nous aussi, on parle un peu plus fort, ça va un peu mieux. Mais au départ, la première année j'ai trouvé que c'était très difficile pour tout le monde. Dans les cantous, ils ne supportent pas de voir les masques, ils nous les baissent.

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C'est difficile, ce contexte. Après nous on a toujours fait pour protéger les gens donc on a mis les masques dès le début, on a isolé des familles dès qu'il y avait des cas de covid ou des choses comme ça mais après on fait attention à ce qu'il faut pour que le contact humain reste mais c'est ce fichu masque qui fait que sinon au niveau covid, ça un peu isolé les gens au premier confinement. Mais c'est de nouveau ouvert ça va bien.

ESI : Est-ce que vous avez beaucoup de syndrome de glissement avec l'isolement des patients ?

IDE : Alors, pas tant. Pas tant car on est très très vigilant là-dessus. On a une équipe d'aide-soignante qui est très vigilante là-dessus et dès que l'on a des gens isolés, elle passe les voir régulièrement, nous aussi. On fait très très attention à ça. Bon après s'ils veulent rester dans leur chambre, on les laisse bien sûr. Mais on n'a pas eu beaucoup de syndrome de glissement en deux ans.

ESI : Les résidents mangeaient tous ensemble ou en chambre ?

IDE : C'est arrivé une fois, quelques jours je crois. Au premier confinement ou deuxième confinement. Enfin la première année. On a dû confiner en chambre, car on a deux cantous de dix donc on a juste séparé les cantous par activité. Avec chaque agent confiné dans leur service et nous à l'étage, on a deux unités, une de 28 et une de 14 que l'on a confiné en chambre au tout début. Mais ça été l'horreur. Déjà pour nous, logistiquement parlant c'était très difficile. Pour eux pour comprendre, car ils ont un peu de démence de sénilité, comprendre le pourquoi du comment, c'était très difficile. Donc ça n'a pas duré très longtemps. Puis on a préféré isoler par service, en sachant qu'ils sont vaccinés depuis le début, les agents c'est pareil. Le risque n'est pas très élevé et on a une bonne étoile au-dessus de la tête ou un travail bien fait. Ça a été tous ensemble en salle de vie, comme d'habitude. Hormis ceux qui sont positifs, c'était isolé bien sûr.

ESI : Je n'ai plus de questions est-ce que vous voulez revenir sur un point ?

IDE : Non, il y a juste ma collègue que je n'ai pas pensé. Qui est la même chose que la dame. Mais sinon non.

Nom : BOUARD Alexia Name : BOUARD Alexia

« Les résidents dans le monde du silence

et la communication de l'infirmier »

Dans un EHPAD, en quoi l'adaptation de la communication de l'infirmier auprès des résidents en déficience auditive peut permettre de réduire l'isolement social ?

Résumé : Ce mémoire présente l'importance de la communication dans la prise en charge des résidents en déficience auditive. Pour l'analyse, j'ai interrogé trois infirmières d'EHPAD et j'ai confronté leurs données et celles de mes recherches documentaires. La communication reste indispensable dans notre métier, sans elle, l'adhésion aux soins sera rompue et le résident ne nous fera plus confiance. La différence entre une personne sourde et malentendante ainsi que la définition d'une surdité sont peu connues. Les troubles auditifs induisent de l'isolement et ils ont des répercussions sur la vie personnelle, sociale et psychique. Des moyens sont mis en place pour créer une relation soignant-soigné qui favorisent la communication et évitent l'isolement. La covid-19 a apporté du stress et de l'isolement supplémentaire pour tous les résidents même sans surdité, mais grâce aux stratégies infirmières, ils peuvent être réduits. Les résultats démontrent que l'adaptation de la communication de l'infirmier est indispensable dans la prise en charge des déficiences auditives et dans la réduction de l'isolement des résidents. Cependant la surdité est un domaine restant peu connu et peu abordé dans les formations soignantes.

Mots clés : communication, isolement, infirmier, déficience auditive, EHPAD

« Residents in the world of silence and
nursing communication »

In an EHPAD, how can the adaptation of the nurse's communication with residents with hearing loss reduce social isolation ?

Abstract : This thesis discusses the importance of communication in the care of residents with hearing loss. For the analysis, I interviewed three nurses from the EHPAD, then I compared their research and my documentary research. Communication is really essential in our profession, because without it, adherence to care will be broken and the resident will no longer trust us. Little is known about the difference between a deaf person and a hard of hearing person and the definition of deafness. Hearing disorders lead to isolation and have repercussions on personal, social and psychological life. Means are put in place to create a relationship between caregivers and patients, to promote communication and avoid isolation. Covid-19 has brought additional stress and isolation for all residents even without deafness, but thanks to the nurse's methods, these can be reduced. The results show that the adaptation of the nurse's communication is essential in the management of hearing impairments and in the reduction of the isolation of residents. However, deafness is an area that remains little known and little addressed in nursing training.

Key words : communication, isolation, nurse, hearing impairment, EHPAD.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo