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Intégration sous-régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC.par Serge Guy BILOA IPD-AC - Master en science de programmation du développement et intégration régional 2010 |
Source : Travail de l'étudiant
14 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC IX- PLAN DE L'ETUDEPour ce qui est de la forme, notre travail suit un plan dichotomique c'est -à dire, constitué de deux parties, comprenant chacune deux chapitres. Le premier et le troisième chapitre étant purement théoriques et le deuxième et le quatrième essentiellement empiriques. La première partie est intitulée : Cadre théorique et empirique des liens entre l'accroissement des marches et le développement des échanges commerciaux dans les pays de la zone CEMAC. Dans cette partie nous aurons au chapitre 1 : « approche conceptuel et théorique des échanges commerciaux » et au chapitre 2 : Etude empirique des liens entre l'accroissement des marches et le développement des échanges commerciaux dans les pays de la zone CEMAC. La deuxième partie intitulée : modèle de gravite comme cadre d'analyse des facteurs qui limitent les échanges commerciaux intra-CEMAC. Dans cette partie, nous aurons au chapitre 3 : cadre théorique du modèle de gravite et justification des variables retenues et au chapitre 4 : conceptualisation et estimation du modèle de gravite.
15 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET EMPIRIQUE DES LIENS ENTRE L'ACCROISSEMENT DES MARCHES ET LE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES COMMERCIAUX DANS LES PAYS DE LA ZONE CEMACINTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIEL'accroissement des échanges intra-CEMAC est une préoccupation constante de la plupart des pays membres de la sous-région. Malgré l'importance accordée à cette question et les nombreuses dispositions institutionnelles prises (TEC, TPG, TVA) en vue de promouvoir le commerce inter-régional, vecteur important de l'intégration régionale, la part des échanges inter-régionaux est restée très marginale. Les échanges intracommunautaires de la CEMAC plafonnent à moins de 45000 millions de dollars US12, et restent dominés par une dizaine de produits dont les huiles brutes de pétrole, les carburants et lubrifiants, les sucres raffinés, les huiles végétales, les bières, les savons de ménage, les tôles et bandes en aluminium, les ciments, les bois contreplaqués, les tabacs et cigarettes lait, viande, cuirs et peaux, etc. Il faut noter qu'actuellement le commerce inter-régional représente à lui seul un quart du commerce mondial. Plus de 60% du commerce des pays européens s'effectuent au sein de l'Union Européenne. De même, le développement de l'Asie s'accompagne d'une régionalisation des échanges : la région devient moins dépendante du reste du monde, que ce soit pour ses achats ou pour ses débouchés. Le commerce interne à la zone Asie a ainsi doublé au cours des années 90. Mais le commerce africain reste très mitigé. Qu'en est- il des échanges intra-CEMAC ? Cette partie est constituée de deux chapitres, le premier chapitre présentera l'approche conceptuelle et théorique des échanges commerciaux et le second nous parlera de l'étude empirique des liens entre l'accroissement des marches et le développement des échanges commerciaux dans les pays de la zone CEMAC. 12 BAD, 2012
16 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC CHAPITRE 1 : APPROCHE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE DES ECHANGES COMMERCIAUXINTRODUCTION PREMIER CHAPITRELe terme d'échanges commerciaux est généralement associé aux échanges qui ont lieu entre différentes cultures ou aux échanges transfrontaliers (Frontières nationales ou internationales). Ce chapitre a pour objectif de présenter de manière théorique les notions d'échanges commerciaux. Il est donc constitué de deux sections. La première section nous présentera l'approche conceptuelle (définition des différents concepts) de l'intégration régionale et de l'ouverture des marchés et la section 2 parlera de l'approche théorique du commerce international. SECTION I : APPROCHE CONCEPTUELLE (DEFINITION DES CONCEPTS) DE L'INTEGRATION REGIONALE ET L'OUVERTURE DES MARCHES.Dans cette section il sera question de définir les différents concepts clés de notre étude d'une part et d'autre part nous aborderons les notions de la conception des échanges commerciaux. I-1- Définition des concepts I-1-1 Intégration« De manière synoptique, quand on parle d'intégration, on vise un processus qui conduit à un plus grand degré de concertation entre les acteurs, d'interconnexions entre les unités et de diversification entre les activités créant un processus de relative irréversibilité et permettant une plus grande maîtrise des problèmes qui se posent à l'échelle régionale. II suppose un transfert de souveraineté et des structures institutionnelles ». Ainsi, l'intégration doit faire disparaître progressivement entre deux ou plusieurs pays les discriminations qui existent aux frontières nationales puisque celles-ci constituent « l'origine de discontinuités dans les échanges commerciaux, dans les mouvements des facteurs de production ou dans les politiques économiques générales : on vise des engagements plus poussés » I-1-2. Intégration régionaleL'expression intégration régionale désigne le processus par lequel des territoires peu ou pas reliés les uns aux autres forment petit à petit un ensemble régional distinct du reste du monde.
17 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Cet ensemble est plus que la simple addition de ses parties. Beaucoup de spécialistes admettent deux types d'intégration régionale : ? L'intégration dite « formelle » est la moins difficile à définir. Des pays peuvent entrer dans un accord régional et former un espace commun : on peut dire par exemple que les 6 pays fondateurs de la Communauté économique européenne se sont intégrés dans l'espace communautaire en 1958. On peut ainsi dire que l'ALENA, le MERCOSUR, l'UNASUR, le CAFTA, l'ASEAN sont des exemples d'intégration régionale puisque les pays membres font à chaque fois partie d'un accord régional. Enter dans l'accord signifie qu'on intègre une portion d'espace mondial définie par cet accord, sans préjudice de ce qu'il se passe à l'intérieur. Il s'agit d'un processus top down piloté par les gouvernements. ? L'intégration régionale « fonctionnelle », dite parfois « réelle » ou « approfondie ». Il s'agit du processus par lequel les interactions entre des territoires contigus croissent à tel point qu'elles finissent par être plus intenses en interne qu'avec les territoires situés à l'extérieur. La croissance des interactions est observable dans la géographie des pratiques des acteurs à tous les niveaux (individus, firmes, institutions, etc.). Les ensembles régionaux intégrés se lisent ainsi dans la géographie des pratiques sociales, économiques et politiques et non nécessairement dans les limites des grands ensembles fondés sur des accords. Ce sont les pratiques qui font la région et permettent d'en lire les contours. L'intégration régionale est le processus qui consiste à surmonter, d'un commun accord, les obstacles politiques, physiques, économiques et sociaux qui séparent les pays de leurs voisins, et à collaborer dans la gestion de ressources partagées et de biens communs régionaux. I-1-3. RégionalisationLe mot régionalisation est le plus ambigu. Il est donc préférable d'en préciser le sens à chaque usage, à moins que le contexte de son utilisation soit suffisamment clair. Dans tous les cas, le mot régionalisation est utilisé par commodité mais il est très ambigu car il contient la racine « région ». Le mot peut désigner : ? La concentration régionale des échanges : des pays voisins échangent de plus en plus entre eux et la proportion de leurs échanges avec le reste du monde décroît. On parle alors de régionalisation des échanges commerciaux, des flux migratoires, des flux de toutes natures.
18 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Il s'agit là de la dimension régionale de la mondialisation, étudiée principalement par les économistes et certains géographes. ? La concentration régionale de certaines pratiques : on peut parler de régionalisation des pratiques lorsque des acteurs, quels qu'ils soient, privilégient leur voisinage régional dans tel ou tel domaine. On parlerait ainsi de régionalisation de l'action extérieure d'un gouvernement ou de l'action d'une firme si leurs actions sont tournées en priorité vers la région du monde où ils se trouvent et moins vers des régions plus éloignées. Mais on est ici aux franges de ce qu'on appelle le régionalisme (voir ci-dessous), ce qui crée une forme d'ambiguïté. ? L'homogénéisation de certaines pratiques ou la socialisation des acteurs à l'échelle régionale : des acteurs situés dans la même partie du monde en viennent à utiliser le même langage ou les mêmes pratiques, adossées aux mêmes normes et standards de comportement, les mêmes représentations, etc. Cette multiplicité de sens oblige à être explicite à chaque utilisation. ? Le découpage du monde en portions d'espace continues et de grande taille : par exemple, les entreprises, les institutions, les ONG, etc. découpent le monde en grandes régions et mettent en oeuvre leurs stratégie dans le cadre géographique ainsi proposé (DIDELON, GRASLAND, RICHARD, 2009). ? La multiplication des organisations régionales fondées sur des accords régionaux signés par des pays contigus. I-1-4. RégionalismeLe mot régionalisme pose moins de problèmes. Ce n'est pas un processus spontané. Il implique plutôt l'idée d'une action consciente et planifiée, d'une stratégie mise en oeuvre par un acteur individuel ou collectif. On peut par exemple parler de régionalisme lorsque plusieurs Etats voisins tentent d'abaisser les barrières douanières qui les séparent, à condition que les acteurs impliqués soient contigus dans l'espace. Les acteurs du régionalisme sont en général des Etats qui souhaitent approfondir et donner un caractère plus organisé ou mieux régulé à leurs relations de voisinage. Le régionalisme implique donc l'idée d'une coopération politique renforcée voire d'une coordination, éventuellement dans le cadre d'un accord commercial ou politique régional. Le régionalisme peut aussi désigner une forme d'idéologie politique, économique ou managériale qui amène un acteur à penser que le voisinage régional doit être la priorité stratégique de son action. Il peut ainsi être une sorte de paradigme,
19 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC une norme de comportement qui s'impose aux acteurs, un cadre à l'intérieur duquel toute pensée politique et économique doit être développée dans un domaine ou un ensemble de domaines définis. Le mot régionalisme peut s'appliquer à d'autres acteurs que les Etats : firmes, ONG, réseaux, etc. peuvent mettre en oeuvre des stratégies de déploiement qui donnent la priorité au voisinage régional. I-1-5. Commerce InternationalAu sens strict, le commerce international correspond à l'ensemble des flux de marchandises (biens) entre les espaces économiques nationaux. Au sens large, le commerce international correspond à l'ensemble des flux de marchandises (biens) et de services entre les espaces économiques nationaux. Les flux de services sont pris en compte dans la mesure où leur part progresse rapidement dans les échanges internationaux (surtout le transport, le tourisme et les services aux entreprises). I-2 : APPROCHE CONCEPTUELLE DE L'INTEGRATION REGIONALE ET L'OUVERTURE DES MARCHESI-2-1. La théorie classique de l'intégrationElle se développe à partir de la réflexion pionnière de Viner (1950) qui s'intéresse aux effets de l'union douanière sur l'échange international ; celui-ci montre que la formation d'une union douanière, qui se traduit par l'institution d'un tarif extérieur commun, engendre deux effets possibles, l'un de détournement des échanges, au détriment des pays non-membres, et l'autre de création des échanges au profit des pays membres de l'union. C'est en fonction de ces deux effets que l'on peut juger de l'incidence et des conséquences économiques de l'union douanière. Les développements ultérieurs, que l'on doit notamment à LIPSEY (1957) et MEADE (1956), analysent l'incidence sur l'utilisation des ressources du côté des consommateurs et les effets de bien-être, et s'intéressent, avec COOPER et MASSELL (1965) aux avantages que 1'union peut présenter en terme de marché pour chaque économie membre. Ces travaux influencent fortement le processus dans les pays en développement, à partir des travaux pionniers de MYINT (1967), MEIER (1968), MIKESSELL (1970) et ROBSON (1971). On s'attache à rechercher les conditions qui permettent à l'intégration régionale d'être le plus proche possible de la situation de libre-échange, puisque l'intégration est conçue comme un second best.
20 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC I-2-2. La politique douanièreElle constitue l'instrument principal d'intégration, en veillant à ce que, du fait des changements dans les structures tarifaires, les modifications des prix relatifs ne soient pas défavorables à une allocation optimale des ressources et au bien-être. Ce sont les modifications des prix et des quantités qui modèlent les comportements des agents, pour favoriser le développement des échanges entre les pays membres. Un accent particulier est donc mis sur le développement des échanges par extension des marchés. Ceci doit se faire par un accroissement de la capacité d'exportation de chaque économie, grâce à la politique tarifaire, la réalisation de l'équilibre extérieur, et ce que MIKESSELL appelle les conséquences sur le bien-être d'un déplacement de la frontière des échanges. Il est significatif que du point de vue de la terminologie, on ne parle en Afrique que d'union douanière, avec l'UDEAC et la CEDEAO. I-2-3. La formation d'une union régionaleElle se caractérise par la suppression des droits de douane à l'intérieur, l'établissement d'un tarif extérieur commun, l'unification des régimes applicables aux investissements, la libre circulation des Hommes et des biens. C'est le triomphe de ce que PERROUX (1968) appelle l'intégration de la théorie traditionnelle des échanges dont il analyse l'échec. Cet échec se vérifie dans le cas des pays africains où la multiplicité des organisations régionales n'apporte aucune impulsion décisive, ni aux échanges intra-communautaires, ni au commerce extérieur de ces pays. Pire, on observe, s'agissant des échanges intra-communautaires que plus le pays se développe et connaît une croissance forte, moins le commerce intra-communautaire pèse sur ses échanges extérieurs (BEKOLO-EBE, 1977). Les politiques tarifaires et les fiscalités harmonisées s'avèrent inefficaces, tant pour développer les échanges que pour impulser l'investissement. Il n'y a ni détournement des échanges, puisque les polarisations traditionnelles demeurent en direction des pays développés, essentiellement les anciennes métropoles, ni création de nouveaux flux d'échanges, puisque les échanges intra-communautaires restent marginaux, malgré l'apparition dans certains cas de pays relais (BEKOLO-EBE, 1977). Comme l'a montré PERROUX, cette conception de l'intégration réduit les pays à un comportement passif. Les échanges au sein de l'union et entre celle-ci et les pays tiers sont
21 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC analysés comme des échanges entre firmes indépendantes, entre micro unités dont l'objectif est la maximisation de la production et de la consommation, à partir des prix et des quantités sans qu'interviennent d'autres variables, considérées comme données. Cette conception traditionnelle particulièrement réductrice, s'est effacée au profit d'une nouvelle conception de l'intégration, visant non plus seulement à construire un marché, mais à impulser des modifications structurelles affectant toute l'économie. Celle-ci se conçoit comme un processus par lequel on s'efforce de créer, au sein d'une économie ou entre diverses économies données, une interdépendance et un réseau de relations tels que l'appareil de production, les structures d'accompagnement (monétaires, financières, infrastructures...) rendent l'espace autonome et organisé, en fonction de lui-même, et que, simultanément, l'appareil de production ainsi structuré soit mis au service des populations afin qu'elles puissent s'en servir, le dominer et l'orienter en fonction de leurs besoins. I-2-4. La vision des pays AfricainsLes développements théoriques qui ont accompagné l'expérience européenne ont joué un rôle déterminant dans cette évolution conceptuelle. Les pays africains semblent désormais admettre avec PERROUX (1968) que « la mécanique du marché de concurrence n'est jamais l'essentiel dans la dynamique d'intégration », et que les transformations à opérer sont moins le résultat d'un effet mécanique des prix liés à la modification des droits de douane, que le résultat de décisions délibérées, conscientes et systématiques, prises pour mettre en place les structures voulues et pour obtenir certains prix et coûts. La mutation conceptuelle pose la problématique de l'intégration, en élargissant le champ d'analyse et de vision aux problèmes de structures, aux conditions d'accumulation et d'investissements, aux compatibilités et incompatibilités entre les centres de décisions, à la résorption des déséquilibres entre partenaires de l'union. I-2-5. La nouvelle conception de l'intégrationElle paraît faire sienne l'analyse de BARRE (1968), selon laquelle l'union douanière est une notion du XIXe siècle où les Etats vivaient dans une atmosphère de libéralisme économique. Aujourd'hui, ils élaborent des politiques monétaires conjoncturelles, douanières, dont ne peut rendre compte cette théorie. L'Union douanière est l'infrastructure possible, mais pour que l'édifice tienne, il faut passer aux politiques communes et à une action consciente.
22 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC La démarche désormais suivie en Afrique emprunte cette orientation, si l'on en juge par les réformes et les mutations imprimées aux différentes institutions, tant sur le plan organisationnel que structurel. SECTION II : APPROCHE THEORIQUE DU COMMERCE INTERNATIONALLe commerce international a fait l'objet d'une première analyse scientifique au tournant du xviiie siècle, s'opposant à la doctrine mercantiliste alors en vigueur, qui y voyait un jeu à somme nulle. Amorcée par le « père de l'économie politique », ADAM SMITH, cette nouvelle analyse du commerce international, visant à montrer au contraire que le commerce entre nations procure un gain net, sera approfondie par DAVID RICARDO, puis, au XXe siècle, par ELI HECKSCHER, BERTIL OHLIN et PAUL SAMUELSON. Dans cette section, nous représenterons tour à tour les différentes théories économiques consacrées à l'analyse des échanges commerciaux. II.1. CADRE CLASSIQUE TRADITIONNELLE (ADAM SMITH, DAVID RICARDO ET HECKSCHER, BERTIL OHLIN ET PAUL SAMUELSON)Les auteurs classiques de l'analyse économique justifient les échanges internationaux au nom de l'allocation optimale des ressources au niveau mondial. En effet, l'analyse des relations économiques internationales répond à la même problématique que celle développée dans un cadre national : comment satisfaire un maximum de besoins avec des ressources limitées. II.1.1 La vision d'ADAM SMITHADAM SMITH, dans son ouvrage intitulé « La recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations » intègre son analyse des échanges internationaux dans son analyse globale du fonctionnement de l'activité économique. Il se fonde donc sur les mêmes principes (liberté individuelle, recherche du profit, concurrence) pour inciter les Etats à se spécialiser sur les productions sur lesquelles ils bénéficient d'un avantage absolu. Du fait notamment de dotations initiales en ressources naturelles favorables, ou d'une avance technologique, les pays disposent d'un certain nombre de secteurs d'activité pour lesquels ils bénéficient d'un avantage absolu, c'est à dire pour lesquels les entreprises nationales produisent à un coût de production inférieur à celui d'une entreprise étrangère.
23 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC En conséquence, chaque nation doit chercher à se spécialiser dans les secteurs d'activité pour lesquels elle dispose de cet avantage absolu. Ceci signifie que les facteurs de productions ne servent pas à produire l'ensemble des biens et services nécessaires à la satisfaction des agents économiques nationaux mais doivent être concentrés sur un nombre limité de biens et services ou la nation possède un avantage comparatif en termes de coût de production. Elle justifie donc ainsi l'échange et la spécialisation internationale. Cette spécialisation se met en place entre les différentes nations participant aux échanges internationaux, il se crée ainsi une division internationale du travail fondée sur les avantages comparatifs dont dispose chaque nation à un moment donné. Cette division internationale, non seulement favorise une allocation optimale des ressources au niveau mondial, mais en plus est favorable pour l'ensemble des nations participant aux échanges. La spécialisation permet d'accroître la production mondiale de biens et services pour une consommation constante de facteurs de production et permet alors de satisfaire un plus grand nombre de besoins. II.1.2 La vision de DAVID RICARDODAVID RICARDO reprend ce concept mais ne se situe plus dans le cadre des avantages absolus mais plutôt dans le cadre des avantages relatifs. DAVID RICARDO applique l'approche d'ADAM SMITH à une situation où un pays dispose d'un avantage absolu dans tous les domaines de production. Selon ADAM SMITH, cette situation conduirait à ce que le pays le plus compétitif produise l'ensemble des biens de production. Hors, la réalité est différente. DAVID RICARDO en cherche donc les raisons et tend par la même à démontrer que les Etats ont toujours intérêt à échanger, même si l'un est plus compétitifs que l'autre dans tous les domaines. Au concept d'avantage absolu, RICARDO propose le concept d'avantage relatif en disant qu'un pays dispose d'un avantage comparatif relatif par rapport à un autre pays dans la production ou son coût de production est le moins éloigné de celui du pays le plus compétitif, c'est à dire dans la production ou l'écart de coût entre les deux pays est le plus faible.
24 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Le principe de l'avantage comparatif, dénommé aussi le principe des coûts comparés, s'énonce ainsi : « A la condition nécessaire et suffisante qu'il existe une différence entre les coûts comparés constatés en autarcie dans plusieurs pays, chacun d'eux trouvera avantage à se spécialiser et à exporter les biens pour lesquels il dispose du plus fort avantage comparé ou du moindre désavantage comparé, en important en échange les autres biens de ses partenaires ». Il est l'argument économique le plus général et le plus puissant pour démontrer l'intérêt de l'échange international et de la spécialisation. Chaque pays va donc devoir se spécialiser et échanger même si un pays est moins productif que l'autre dans toutes les productions. En effet, cette spécialisation permettra globalement d'économiser des facteurs de production. La division internationale du travail reste donc souhaitable mais diffère de celle qui découlerait de l'analyse fondée sur la théorie des avantages absolus. II.1.3 La vision de E. HECKSCHER et B. OHLINAu début du XXe siècle, deux auteurs suédois, E. HECKSCHER (1919) et B. OHLIN (1933) ont renouvelé la théorie de l'avantage comparatif en l'expliquant par des éléments plus facilement modélisables qui sont les quantités relatives de facteurs (terre, travail, capital) détenues par une région ou par une nation. L'intuition de ces auteurs est que les pays exportent les produits contenant intensivement les facteurs dont ils disposent en abondance et importent les biens qui nécessitent l'utilisation de facteurs dont ils ont pénurie. Dans ce modèle, les coûts relatifs des produits s'expliquent par les coûts relatifs des facteurs, qui proviennent eux-mêmes de l'utilité et de la productivité de ces facteurs, qui sont elles-mêmes dépendantes des quantités relatives de facteurs dont les pays ou les régions disposent. Les dotations factorielles étant différentes d'un pays à l'autre, les raretés ou abondances relatives de facteurs se traduisent par des différences de coûts comparés des biens, qui sont à l'origine des échanges. Ainsi, le théorème énoncé par E. HECKSCHER, B. OHLIN et P. SAMUELSON (économistes du XXe siècle), mieux connu sous le sigle HOS constitue un approfondissement de l'oeuvre de Ricardo en expliquant plus précisément l'origine et le choix de la spécialisation d'un pays et en raisonnant explicitement sur plusieurs facteurs de
25 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC production (le travail, mais aussi le capital et la terre) dont les différentes qualités sont prises en compte. Ce théorème peut s'énoncer ainsi : « Dans l'échange international, en régime de libre-échange, les pays ont intérêt à se spécialiser dans les productions qui utilisent en plus grandes proportions le facteur dont ils sont le mieux pourvu ». Ainsi, selon eux, les nations sont amenées à exporter les produits incorporant une forte quantité du facteur de production qu'elles détiennent en abondance et à importer les produits incorporant une forte quantité du facteur de production dont elles sont peu dotées. Le modèle néo-classique de l'avantage comparatif aboutit, comme le modèle de Ricardo, à montrer sans difficulté l'existence d'un gain d'échange réciproque pour les participants, même dans le cas de pays défavorisés pour tous les biens. Cependant, à l'exception de l'hypothèse de concurrence parfaite, les hypothèses de base diffèrent dans les deux modèles ainsi que certains résultats. II.2. LES NOUVELLES THEORIES DU COMMERCE INTERNATIONALDans sa théorie des avantages comparatifs RICARDO insiste sur le fait que c'est parce qu'un pays est plus compétitif dans la fabrication d'un produit qu'il l'exporte. Les années 1980-90 sont marquées par un renouvellement profond de l'analyse des échanges internationaux. Il s'agit des nouvelles théories du commerce international développées par des auteurs comme PAUL KRUGMAN et HELPMAN. II.2.1 Différence entre les théories traditionnelles et les nouvelles théories du commerceinternationalPAUL KRUGMAN et HELPMAN considèrent que c'est surtout en exportant qu'un pays devient plus compétitif. C'est en prenant part au commerce international, en faisant le pari de l'ouverture aux échanges internationaux, que chaque pays multiplie ses avantages. - Dans l'analyse de Ricardo ? Existence d'un avantage comparatif ? Ouverture aux échanges internationaux ? Naissance d'un avantage comparatif
26 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC - Dans les nouvelles théories du commerce international Cette approche montre que les avantages comparatifs n'ont rien de définitif, ni d'exclusif et peuvent être construits, voire choisis arbitrairement. Un pays peut par exemple se fabriquer un avantage comparatif en privilégiant une certaine production même si au départ il n'est pas particulièrement bien doté en facteurs de production pour y parvenir. Les nouvelles théories de l'économie internationale ont ainsi apporté de nouveaux arguments aux thèses favorables à l'ouverture internationale. Elles considèrent que les gains du commerce sont cumulatifs : l'ouverture internationale provoque des avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et ainsi de suite. En définitive, l'ouverture internationale et l'accès à des marchés plus vastes permettent des rendements d'échelle croissants ainsi, en accédant à des marchés plus vastes, une entreprise peut mieux tirer parti de sa spécialisation. En effet, tout effort d'investissement (augmentation du capital) afin d'améliorer sa compétitivité lui permet d'écouler sa production auprès d'un nombre plus important de consommateurs que ne le permettrait le seul accès au marché national, ce qui assure une meilleure rentabilité des investissements, l'amélioration des profits, etc. II.2.2 La vision de PAUL KRUGMANPAUL KRUGMAN préconise donc une ouverture croissante des économies et donc une libéralisation du commerce tout en acceptant une politique étatique volontariste d'incitation à l'exportation. Mais il pense qu'une politique commerciale stratégique de subvention et même de protectionnisme temporaire peut être profitable car elle permet de contrer le monopole étranger qui arrive sur le marché national. Il ressort cependant de beaucoup d'analyses que la croissance du commerce international ne profitait pas à toutes les nations de la même manière et les questions suivantes se posent de plus en plus : - Le commerce international engendre-t-il pour les PED un développement du sous-développement ?
27 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC - Un PED peut-il compter sur l'insertion au marché mondial pour réussir à se développer ? Ces interrogations prennent tout leur sens si l'on considère que l'importance croissante des firmes transnationales, le développement d'un commerce international intra-branche et la forte mobilité des capitaux à l'échelle planétaire constituent une profonde rupture avec le contexte dans lequel Ricardo envisageait les bienfaits de l'échange. Tout d'abord, l'importance croissante des firmes transnationales modifie profondément la nature du commerce international. Il s'agit de moins en moins d'échanges de pays à pays et davantage de transactions internes entre les différentes unités de production d'une même entreprise. Ces transactions échappent donc de plus en plus aux Etats ainsi qu'aux tentatives de réglementation et de contrôle internationaux qu'ils pourraient mettre en place afin de les organiser. Ensuite, le développement du commerce international intra-branche rend prépondérant les échanges entre pays ayant des niveaux de développement identiques. C'est ainsi que l'essentiel des échanges internationaux se font entre pays industrialisés ; ce qui laisse peu de place aux pays ne disposant pas des mêmes atouts en termes de technologies, de qualification de la main d'oeuvre, etc. De l'autre côté, la très forte mobilité des capitaux peut se révéler être un handicap pour certains pays. En effet, les capitaux se déplacent d'un pays à l'autre en quête de rendements attractifs. Or, les investisseurs parient davantage sur les économies déjà très performantes, sur des économies émergentes ou potentiellement émergentes. Ainsi, les pays en développement (PED) qui connaissent des difficultés dans leur développement économique ou encore une forte instabilité politique et/ou sociale seront boudés par les investisseurs au profit de lieux plus sûrs pour faire fructifier leurs capitaux. Enfin, le commerce international peut faire naître des rapports de domination. Ainsi, pour François Perroux, la domination ne résulte pas d'un processus délibéré mais résulte des inégalités de forces productives (quantités, qualité et combinaison des facteurs de production) entre les pays. Les pays dominants disposant d'un appareil productif développé, spécialisés dans des biens à forts gains de productivité et dans des secteurs à forte croissance de la demande, acquièrent rapidement une position clé sur le marché au détriment des autres. De plus, les prix évoluent souvent de façon favorable aux nations dominantes qui voient leurs
28 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC termes de l'échange s'améliorer au détriment des nations les moins performantes. Les marxistes partagent ce point de vue, mais pour eux, cette situation traduit la volonté délibérée d'exploitation des pays pauvres par les pays riches. CONCLUSION CHAPITRE 1Ce chapitre nous a permis de faire une étude théorique sur les échanges commerciaux. Nous avons abordé dans un premier temps la définition des concepts pour avoir le sens exact des différents mots et concepts clés utilisés dans ce travail. Nous avons par la suite abordé le concept de l'intégration régionale et de l'ouverture des marchés, et enfin nous nous sommes penchés sur les différentes théories du commerce international les théories classiques traditionnelles de (ADAM SMITH, DAVID RICARDO et HECKSCHER, BERTIL OHLIN et PAUL SAMUELSON) et les nouvelles théories du commerce international (PAUL KRUGMAN et HELPMAN)
29 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC CHAPITRE 2 : ETUDE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE L'ACCROISSEMENT DES MARCHES ET LE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES COMMERCIAUX DANS LES PAYS DE LA ZONE CEMACINTRODUCTION DU CHAPITRE 2Dans ce chapitre, il est question de regarder de manière empirique le lien entre l'ouverture du marché et le développement des échanges commerciaux. Ce chapitre sera constitué de deux sections. La première section traitera de l'état des lieux du commerce intra-CEMAC et la seconde fera l'analyse du lien entre les deux variables. Deux méthodes successives seront utilisées à savoir : l'analyse graphique et le calcul du coefficient de corrélation de Bravais Pearson. SECTION I : ETAT DES LIEUX DU COMMERCE INTRA CEMACDans cette section, nous nous attellerons à ressortir l'évolution du commerce intra CEMAC d'une part et d'autres, nous présenterons les contributions des différents pays au commerce intra-CEMAC. I.1. Evolution du commerce intra CEMACDans la littérature économique, on parle d'intégration des marchés lorsque les échanges de produits entre pays se font dans les mêmes conditions qu'à l'intérieur des pays. Dans un marché intégré, les prix de produits identiques sont les mêmes à travers les différents pays et domaines de compétence géographique, les seules déviations admises étant celles qui sont liées au coût du transport. Au sein des CER, cela revient à dire que l'évolution de l'offre et/ou de la demande dans un pays donné se répercute sur le prix et/ou le volume des transactions dans d'autres États membres. La CEMAC a entrepris, dans la poursuite de cet idéal, d'appliquer une série de mesures pour accélérer l'intégration du commerce et du marché en son sein. Aucune de ces mesures régionales n'a permis jusqu'à présent de hisser le pourcentage des échanges intra-CEMAC au-dessus d'un niveau négligeable par rapport au volume total. Lorsqu'on se réfère aux différentes formes de l'intégration régionale énumérées par BELA BALASSA . (2013) et des effets positifs attendus par celle-ci (NESADURAI, 2003), il ressort que la régionalisation en zone CEMAC est à une étape suffisamment avancée par rapport à certains regroupements régionaux (ANASE, ZLEA, etc.). La CEMAC a franchi en théorie l'étape de Zone de libre-échange depuis 1998 par l'application d'un TPG
30 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC aux échanges de produits reconnus originaires de la communauté. Cependant, les normes révisées d'application du TPG et du TEC n'ont pas encore été fortement appliquées par les administrations nationales des douanes et les opérateurs économiques. En conséquence, les systèmes productifs des pays de la CEMAC souffrent d'une adaptation structurelle réelle ; la relance de l'intégration économique reste ainsi fragile et sans impact significatif, parce que les systèmes productifs n'ont pas fondamentalement changés. Ils auraient permis l'accroissement de la production et favoriser l'intégration sectorielle tant à l'intérieur de l'économie de chaque Etat membre de la CEMAC qu'entre les économies de la sous-région. La part du commerce entre les pays membres de la CEMAC est passée de 5% au début des années 70 à 1,89% en 2002, après avoir atteint un plancher historique de 0,9% en 1992. En effet depuis 1970, les échanges entre ces pays ne progressent pas en pourcentage. De 1970 à 2002 ce pourcentage est demeuré en moyenne à 2,4% seulement du commerce global de ces pays. Le commerce de la CEMAC avec les pays africains dépasse en pourcentage celui des pays membres entre eux et durant cette période la moyenne de cette part en pourcentage est de 4,6%. Par contre le commerce de la CEMAC avec les autres pays du reste du monde est plus grand que celui avec les deux autres car durant cette période, 93% du commerce de l'union est réalisé avec les pays hors Afrique. En 2006, les échanges intra CEMAC se situaient à 0,1 % dans la CEMAC contre 12,2% dans l'UEMOA alors que la ZLEA, l'ALENA, l'ANASE, l'UE et la ZE réalisent respectivement 58,6%, 53,8%, 24,9%, 67,6% et 49,7%. Cette situation découle de la structure du commerce extérieur des pays de la CEMAC. Les échanges intra-communautaires en Afrique Centrale sont non seulement marginaux, mais aussi peu diversifiés. La production des matières premières par l'ensemble de ces pays ne favorise donc pas les échanges croisés comme c'est le cas pour les produits manufacturés (échange de gamme ou de similitude). C'est pourquoi, même la dévaluation du Franc CFA de 1994 ne s'est pas accompagnée d'une création et d'un détournement de trafic au profit de cette sous-région comme c'est généralement le cas lors d'un ajustement monétaire au sein d'une union économique et monétaire.
31 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Graphique 1 : répartition du commerce des pays de la CEMAC Répartition du commerce des pays de la CEMAC
Années Commerce des pays de CEMAC avec le reste du monde Commerce interafricain des pays de CEMAC Commerce intra CEMAC Source : Secrétariat exécutif de la CEMAC 2003 Graphique 2 : Valeur des exportations intra CEMAC au cours des années 2000-2010 en millions (USD).
Les flux commerciaux intra-régionaux ont augmenté de 8 à 12 % entre 1993 et 1997 (CEA 2005). Bien qu'également constitués de produits manufacturés et de services, les échanges intra régionaux concernent fortement le commerce des produits vivriers dans les marchés frontaliers. Le Cameroun est le plus grand exportateur et importateur, autant en valeur qu'en qualité.
32 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC I.2 - CONTRIBUTION DES DIFFERENTS PAYS AU COMMERCE INTRA CEMAC? Cameroun Le volume relativement important et la diversité des exportations (huit produits environs) du Cameroun vers les autres pays de la CEMAC lui confèrent le rang de premier en termes de participation au commerce au sous régional. Ce pays est le seul pays de la sous-région à avoir des frontières communes avec tous les autres pays, position qui le prédispose à d'importantes transactions commerciales. Il offre également à la sous-région l'essentiel de son marché. En effet, avec plus de 21 millions d'habitants qu'il enregistre, le Cameroun possède environs un tiers de la population totale de la CEMAC. Plusieurs corridors conventionnels passent par le Cameroun. Il s'agit notamment des corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui, reliant le pays respectivement au Tchad et à la RCA, tous deux pays enclavés. Autant d'éléments font du Cameroun le leader commercial de la sous-région. Parmi les produits exportés vers la CEMAC, Le café, le cacao et le pétrole brut représentent près de 70 % des exportations du pays au cours des six dernières années, le bois brut étant en phase de devenir un produit classique. Le degré d'ouverture (EXP+IMP)*100/2*PIB de l'économie camerounaise est l'un des plus important de la sous-région : 19,5 ; 21,38 ; 23,10 ; 18,2 ; 20,3 respectivement en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010. Son indice de concentration des produits exportés s'est amélioré allant de O, 56 en 2006 à O, 60 en 2010. Graphique 3 : importation du Cameroun vers la CEMAC
40000 60000 50000 30000 20000 10000 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Importation du Cameroun vers la CEMAC Gabon Congo RCA TCHAD Guinée Equatoriale Source : Auteur à partir des données CNUCED
33 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Graphique 4 : Exportation du Cameroun vers la CEMAC Exportation du Cameroun vers la CEMAC Gabon Congo RCA TCHAD Guinée Equatoriale
Source : Auteur à partir des données CNUCED L'analyse du graphique ci-dessus laisse apparaitre très clairement que le Cameroun exporte plus qu'il importe dans la CEMAC. ? Tchad Le Tchad fait partie des pays enclavés de la sous-région. Ses échanges se font de manière importante par le Cameroun qui constitue sa principale ouverture sur la mer. Cependant, ce facteur n'influence pas beaucoup ses échanges à l'échelle sous régionale, hors mis le fait que cette situation a conduit à la construction d'une infrastructure routière de meilleure qualité entre les deux pays et qui pourrait leur être bénéfiques dans le cadre de leurs échanges bilatéraux. La participation du Tchad au commerce intra-CEMAC est assez mitigée. Il est l'un des pays qui échangent moins à l'intérieur de la sous-région. Le Cameroun est le pays de la sous-région qui enregistre le plus d'échanges avec le Tchad. Le Tchad exporte vers le Cameroun principalement des bovins et caprins ainsi que des ouvrages en caoutchouc et en fer, alors qu'il importe du Cameroun les produits chimiques et les denrées alimentaires transformées en plus des matières premières (coton, soufre). Cette situation pourrait trouver une explication dans la structure de production du pays. En effet, le Tchad fait partie des pays africains dont l'économie est à dominance d'hydrocarbures (Pétrole).
34 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Tableau 2: Exportations du Tchad vers CEMAC
Source : Investir en Zone Franc - www.izf.net (2010) Tableau 3: Importations du Tchad vers CEMAC
Source : Investir en Zone Franc - www.izf.net (2010)
35 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC ? République Centrafrique La RCA est également l'un des pays enclavés de la sous-région. Ses importations lui parviennent essentiellement par le Cameroun et par le Congo. Il est après le Tchad le second plus vaste pays, mais avec une très faible population. Les multiples crises politiques qui ont secoué le pays depuis son accession à l'indépendance, associées aux différentes crises économiques qui ont frappé le pays, ont fait de ce pays l'un des plus pauvres du continent et sans doute le plus pauvre de la sous-région. Sa faible population et la précarité dans laquelle elle vit ne fait pas de ce pays une destination privilégiée pour les investisseurs tant de la sous-région que d'ailleurs. La faible industrialisation du pays et la faible diversification de sa production le contraignent à exporter principalement les produits primaires, de base à destination des pays d'Europe et d'Amérique et à importer de grandes quantités de produits pour satisfaire la demande interne. C'est pourquoi le pays exporte très peu vers la sous-région, et importe en grande quantité. Concernant les produits exportés par ce pays, Si le diamant est depuis 1963 la première richesse commerciale de la RCA au point de constituer ces dernières années plus de la moitié de la valeur de ses exportations, les produits agricoles demeurent un levier important de son économie. Le café et le coton sont les deux productions essentielles : ils ont représenté respectivement 23,7% et 14,7% de la valeur des exportations en 199813. Les autres cultures commerciales, produits oléagineux (arachide, sésame, noix et amande de palme), caoutchouc, tabac, rocelle, cacao, poivre ont un
rôle secondaire. Leur part dans L'instabilité de l'indice d'Ogive de l'économie du pays traduit le faible résultat des politiques de diversification entreprises. Le café, le tabac et le bois constituent des produits classiques d'exportation. Le bois brut est devenu le principal produit d'exportation, son poids relatif étant passé de 18 % des exportations de biens en moyenne sur la période 1987 - 1993 à 50 % au cours des six dernières années. La production de diamants semble rester constante au cours de la période. Son degré d'ouverture était de 8,55 ; 7,83 ; 7,4 ; 6,58 ; 8,35 respectivement en 2006 ; 2007 ; 2008 ; 2009 ; 2010. Son indice de concentration des exportations est resté stable depuis 2006 à 0,51. 13 Jean Bernard Juchel; « Les cultures d'exportation de la RCA » ; revue de géographie de Lyon, vol 42, No 424 ; pages 395-424 ; 1967.
36 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Graphique 5 : Importation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015
40000 30000 20000 10000 0 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Importation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015 Gabon Guinée equatoriale CMR Congo Tchad Graphique 6 : Exportation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015 Exportation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015 60000 Gabon Guinée equatoriale CMR Congo Tchad 40000 20000 0
Source : auteur à partir des données de la CNUCED La RCA importe de la CEMAC plus qu'elle en exporte. La production agricole n'a cessé de baisser d'année en année depuis la faillite des entreprises d'Etat et des suites des conflits armés. Dans l'ensemble, elle ne couvre pas les besoins nationaux et le pays recoure à des importations alimentaires massives, en constante augmentation, qui occasionnent d'importantes sorties des devises, environ 120 milliards de FCFA par an. Les importations des produits concernent surtout le riz, l'arachide, la viande bovine, la volaille, le poisson, la pomme de terre, le poulet et l'oignon qui servent à satisfaire la demande alimentaire urbaine. Les exportations sont presque insignifiantes sauf pour l'année 2004 où elle a atteint un niveau record sans doute expliqué par la bonne saison agricole qu'a connu le pays cette année-là. Aujourd'hui, le pays doit donc importer massivement de ses voisins pour satisfaire la demande du marché interne en pleine mutation.
37 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC ? Congo La crise qui a frappé le continent dans les années 80 n'a pas épargné le Congo. De 1985 à 1994, le pays a connu une série d'ajustement qui l'a conduit à la privatisation et à la liquidation de plusieurs entreprises publiques. Ces problèmes structurels ont été aggravés par des troubles et les guerres civiles survenues après les élections de juin 1997 et Décembre 1998. Au sortir des guerres en 1999, l'économie était dévastée, l'essentiel du système de production et de commercialisation et les infrastructures de base avaient été détruites, en particulier dans le sud du pays, ou se concentre l'essentiel de la production14. Le redressement de l'économie nationale et la réhabilitation des infrastructures ont été engagés en décembre 1999, à la cessation des hostilités. Le retour à la paix civile, à la sécurité et à des cours mondiaux favorables pour les deux principaux produits d'exportation du pays (pétrole et bois), ont engendré un retour de la croissance économique (essentiellement liée au secteur pétrolier qui représente 5 % du PIB, 66% des recettes publiques et 90 % de la valeur des exportations. Tous ces facteurs ont fortement influencé sur la participation du pays au commerce intra-CEMAC. En effet, dans un climat d'insécurité comme ce fut le cas au Congo jusque dans les années 1999, il est difficile que le commerce s'y passe sans grands heurts. En plus de cela, il existe des déficits liés à la structure de production de ce pays. L'examen des indices de diversification montre que l'économie est également fortement concentrée, avec cinq principaux produits. L'indice d'Ogive y est resté stable au cours de la période, preuve d'une faible expérience de diversification. L'arrêt des exportations de rondins d'eucalyptus, qui ont cessé d'être commercialisés au début des années 2000, a réduit la gamme de produits du pays, avant le redémarrage des exportations observés en 2006 . Son degré d'ouverture était de 60.4 ; 55.11, 48.34, 57.98, 52,61 respectivement en 2006 ; 2007 :2008 ; 2009 ; 2010. Son indice de concentration des exportations à stagner à 0.91 au cours de la période allant de 2006 à 2010 14 Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ; organisation des nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Gouvernement de la république du Congo ; appui à la mise en oeuvre du NEPAD-PDDAA ;TCP/PR/2905(I) (NEPAD Ref.07/31F).volume IV de V
38 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Graphique 7 : Importation du CONGO vers la CEMAC de 1993 à 2013 Importation du Congo vers la CEMAC de
Graphique 8 : Exportation du CONGO vers la CEMAC de 1993 à 2013
Exportation du Congo vers la CEMAC entre Gabon CMR Tchad RCA Guinée Equatoriale 600000 500000 400000 300000
200000 100000 0
1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 Source : auteur à partir des données de la CNUCED Au Congo l'évolution des exportations et des importations intra CEMAC dégage deux périodes. La première de 1995 à 2003 se caractérise par de très faibles valeurs des exportations et par des importations très instables. Ceci s'inscrit en droite ligne avec l'instabilité politique qu'a connu le pays (CEA/BSR-AC, 2010). La faiblesse des importations peut également s'expliquer pendant cette période par la chute du niveau de vie des congolais. En 1996, il était estimé que 70% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté. Le
39 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC PIB par habitant, qui a chuté de 1100 dollars en 1990 à 650 dollars en 200315 , traduit la dégradation des revenus au cours des dix dernières années. La deuxième période s'étend de 2004 à 2012 et se caractérise par une augmentation considérable à la fois des importations et des exportations intra-CEMAC du pays. Ceci est entre autre dû à la stabilité du processus de diversification. Les fortes importations du pays pour cette deuxième période s'expliquent par le fait qu'avec le retour de la croissance depuis l'embellie des cours de matières premières sur le marché international, l'agriculture congolaise s'est caractérisée par son incapacité à couvrir les besoins d'une population sans cesse croissante. ? Gabon Graphique 9 : Importation du GABON vers la CEMAC de 1993 à 2009 Importation du Gabon vers la CEMAC de 1993 à 2009 70000
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Source : auteur à partir des données de la CNUCED 15 Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ; organisation des nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Gouvernement de la république du Congo ; appui à la mise en oeuvre du NEPAD-PDDAA ;TCP/PR/2905(I) (NEPAD Ref.07/31F).volume IV de V
40 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Graphique 10 : Exportation du Gabon vers la CEMAC de 1993 à 2009 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Exportation du Gabon vers la CEMAC de 1993 à 2009 90000
Source : auteur à partir des données de la CNUCED SECTION II : ANALYSE DU LIEN ENTRE L'OUVERTURE DES MARCHES ET LE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES COMMERCIAUX DANS LES PAYS DE LA ZONE CEMACPour analyser le lien entre la variable ouverture des marchés et celle du développement des échanges commerciaux, nous allons procéder en deux étapes. Nous commencerons par nous servir de la statistique descriptive pour analyser l'évolution des courbes de nos deux variables. Pour approfondir la présomption que nous donnera la statistique, nous procèderons ensuite au calcul du coefficient de Bravais Pearson pour confirmer ou infirmer le lien et le sens de la corrélation entre l'accroissement des marchés et le développement des échanges commerciaux dans la CEMAC. II-1. La statistiqueL'analyse graphique est une bonne manière de comprendre les différentes phases d'évolution d'une variable. Son emploi permet donc de mieux appréhender le lien qui existe entre l'évolution de deux variables quoi que ne constituant qu'une simple présomption. Le graphique « courbe » est, avec les nuages de points, des outils privilégiés pour l'analyse graphique.
41 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Graphique 11 : PIB taux annuel et flux commerciaux
-10000 40000 60000 50000 30000 20000 10000 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 PIB Taux de croissance annuel Flux commerciaux Source : auteur à partir des données de la CNUCED A l'observation du graphique ci-dessus, nous constatons que les deux courbes évoluent dans le même sens. L'amplitude des variations des flux commerciaux est plus importante que celle relative à l'évolution du taux de croissance annuel. L'analyse du graphique ci-dessus conduit à conclure qu'il existe une faible corrélation entre nos deux variables. L'analyse que l'on fait des résultats issus de la statistique descriptive ne pouvant être considérée que comme une présomption, nous allons procéder par la suite au calcul d'un coefficient de corrélation entre nos deux variables pour confirmer ou infirmer l'analyse faite du graphique ci-dessus. La littérature économique nous propose plusieurs coefficients mais, dans le cadre de ce travail, nous avons choisi d'utiliser celui de Bravais-Pearson. II-2. Calcul du coefficient de corrélation de BRAVAIS PEARSONII.2.1 Théorie sur le coefficient de corrélation de BRAVAIS PEARSONLe coefficient de corrélation de Bravais-Pearson est un indice statistique qui exprime l'intensité et le sens (positif ou négatif) de la relation linéaire entre deux variables quantitatives. C'est une mesure de la liaison linéaire, c'est à dire de la capacité de prédire une variable x par une autre y à l'aide d'un modèle linéaire. Il permet de mesurer l'intensité de la liaison entre deux caractères quantitatifs. C'est donc un paramètre important dans l'analyse des régressions linéaires (simples ou multiples). En revanche, ce coefficient est nul (r = 0) lorsqu'il n'y a pas de relation linéaire entre les variables (ce qui n'exclut pas l'existence d'une relation autre que linéaire). Par ailleurs, le coefficient est de signe
42 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC positif si la relation est positive (directe, croissante) et de signe négatif si la relation est négative (inverse, décroissante). Ce coefficient varie entre -1 et +1 ; l'intensité de la relation linéaire sera donc d'autant plus forte que la valeur du coefficient est proche de +1 ou de - 1, et d'autant plus faible qu'elle est proche de 0. - une valeur proche de +1 montre une forte liaison entre les deux caractères. La relation linéaire est ici croissante (c'est-à-dire que les variables varient dans le même sens16); - une valeur proche de -1 montre également une forte liaison mais la relation linéaire entre les deux variables est décroissante (les variables varient dans le sens contraire); - une valeur proche de 0 montre une absence de relation linéaire entre les deux caractères. Le coefficient r de Bravais-Pearson entre deux variables X et Y se calcule à partir de la covariance et des écart-types en appliquant la formule suivante :
NB : L'existence d'une corrélation élevée entre deux variables x et y ne conduit pas à l'existence d'une relation de cause à effet. On utilise la connaissance de x pour prédire des valeurs de y ; cela n'implique pas qu'un changement de x cause un changement de y. II-2 TEST DE CORRELATION ENTRE LES DIFFERENTES VARIABLES : OUVERTURE DES MARCHES ET DEVELOPPEMENT DU COMMERCE (CROISSANCE) ENTRE LES ETATS MEMBRE DE LA CEMACIl s'agit ici, de procéder au calcul du coefficient de corrélation de Bravais -Pearson entre la variable flux commerciaux et celle relative à l'ouverture du marché des pays formant notre zone d'étude à savoir les pays de la CEMAC. La variable flux commerciaux prise en compte ici correspond aux valeurs annuelles des importations et exportations de la CEMAC pendant la période 1995 à 2013. La variable PIB/ - 16 Zarrouk Fayçal, ISSEP Ksar-Said, Cours de statistiques à distance, 2011-2012
43 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC Tête représente le PIB total et par habitant, taux de croissance annuel de la CEMAC durant la période 1995 à 2013 Tableaux N°4 : résultat du test de corrélation
Source : auteur Il ressort de l'observation des résultats du calcul du coefficient de corrélation de Bravais Pearson que la variable flux commerciaux est négativement corrélé aux PIB/Tête dans les pays de la zone CEMAC. De plus le coefficient de corrélation de Bravais Pearson est de (- 0.03898), est proche de 0, il montre une absence de relation linéaire entre les deux caractères. Ce chapitre nous montre dans la statistique que les deux courbes évoluent pas dans le même sens. L'amplitude des variations des flux commerciaux est plus importante que celle relative à l'évolution du PIB/Tête, taux de croissance annuel. De même le coefficient de corrélation de Bravais Pearson montre une absence de relation linéaire entre les deux caractères. CONCLUSION PREMIERE PARTIE Dans cette partie il était question dans un premier temps de présenter l'état des lieux du commerce Intra - CEMAC , puis ressortir à travers des graphiques la contribution de chaque pays membre dans le commerce Intra - CEMAC et enfin analyser grâce à la statistique et au coefficient de corrélation de BRAVAIS PEARSON l'existence des liens entre l'ouverture des marchés et le développement des échanges commerciaux dans la zone CEMAC. De cette analyse, il ressort une absence de relation linéaire entre la variable Flux commerciaux et la variable PIB.
44 Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC DEUXIEME PARTIE : LE MODELE DE GRAVITE COMME
CADRE
| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
4E+10 3E+10 2E+10 1E+10 0 |
|
|
2010 2011 2012 2013 2014 2015 Cameroun Congo, République du Gabon Guinée équatoriale République centrafricaine Tchad |
Source : Par l'auteur, à partir des données de la base de données du CNUCED.
? La distance.
La distance figure comme un déterminant essentiel des flux des échanges, en tant que proxy des coûts du commerce. La théorie suppose que la distance puisse augmenter les coûts liés au transport, les infrastructures, l'assurance, les frais de stock (délais d'expédition)... ; elle est

60
Rédigé et présenter par Serge Guy BILOA
Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC
donc considérée à juste titre comme un facteur limitatif des échanges. Ainsi, plus les pays sont éloignés géographiquement, plus le commerce entre eux devient onéreux. De nos jours, sa structure théorique n'est plus à mettre en cause puisque le modèle le plus directement lié à l'équation de gravité est le modèle de concurrence monopolistique avec coûts de transport. La distance joue un rôle non négligeable sur le volume des échanges, particulièrement pour les échanges des denrées périssables (Emlinger, & Jacquet, 2008). Ainsi, la distance géographique joue un rôle important dans les différentes études empiriques sur le commerce et particulièrement dans le modèle de gravité (Baldwin et Taglioni, 2006; De Groot et al, 2004) est généralement mesurée entre les capitales des deux pays partenaires. Plus la distance entre les partenaires est élevée, plus les coûts de transports seront élevés. Dans notre étude, les données relatives à la distance proviennent du Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales (CEPII).
Tableau N°5: Distance entre le Cameroun et les pays de la CEMAC.
|
PAYS |
R.C.A. |
Congo |
G.E. |
Tchad |
Gabon |
CEMAC. |
|
Cameroun |
790.412 |
990.0672 |
301.903 |
1001.256 |
990.0675 |
895.83422 |
Source : donnée du CEP!!.
Ainsi, notre équation gravitationnelle de base se présent comme suit : Mizt = á0 + á1PIBit + á2Dzi+ ?izt (équation 1) Avec
? Mizt représente la valeur d'importations du Cameroun
z avec i, représentant le
pays de provenance
à la date t. la valeur d'importations prend la valeur
zéro lorsqu'il n'existe pas de flux commerciaux entre les deux
partenaires. Notre estimateur économétrique peut prendre en
compte la problématique des flux nuls (observations nulles dues à
l'absence des échanges).
? Dzi représente la distance.
? PIBzt et PIBit représente respectivement le PIB du Cameroun à la date t et le
PIB du pays d'importation à la date t.
? ?izt est le terme d'erreur.
En linéarisant l'équation (1) par application du logarithme, nous pouvons ramener nos valeurs à une même échelle. Ceci a l'avantage de corriger les problèmes d'élasticité des coefficients. Nous avons l'équation 2 suivante :
22 Obtenu en faisant la moyenne de toutes les distances.

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lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ ?izt
? L'indice de performance logistique.
La performance logistique d'un pays traduit la capacité de ce pays à faciliter les flux de marchandises entre les pays. Ainsi, une variable « IPLx» qualifiée comme un indicateur représentant le niveau de la performance logistique dans d'un pays, capture l'impact de l'efficience logistique sur les flux des échanges commerciaux. Cette l'impact peut être traduit par l'interaction de facteurs multiples tels que l'efficacité du réseau de transport, la facilité de l'organisation des expéditions, l'efficacité des processus de dédouanement, la performance logistique, le système de transport existant, la qualité des services d'infrastructures, la capacité de suivi et de traçabilité des consignations et la fréquence avec laquelle les expéditions arrivent au destinataire dans les délais prévus. L'IPL est une moyenne pondérée de ces variables, il varie entre 1 (pour une performance faible) et 5 (élevée). Source : Banque Mondial.
Dans le cadre de la performance logistique, le Cameroun a mis sur pied depuis 2011, les contrats de performances, qui sont un outil de facilitation des opérations de passage portuaire et de dédouanement des marchandises.
Nous aurions l'équation 3 suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit + ?izt
? La gouvernance
La gouvernance influence fortement sur les activités économiques en général et sur le commerce en particulier. La qualité des institutions a tendance à influer sur le volume des échanges générés par la libéralisation commerciale, avec des conséquences implicites sur le plan du bien- être et de la croissance induits par cette même libéralisation. Les institutions nationales contribuent pour beaucoup au succès des réformes commerciales. La qualité des institutions et la qualité de la gouvernance jouent un rôle important dans la création du commerce. Car elle a un impact important sur la croissance durable et le développement économique et couvre six aspects à savoir : le caractère démocratique des institutions politiques, qui évalue dans quelle mesure les citoyens sont en mesure de participer au choix de leur gouvernement, la stabilité politique et l'absence de violence et de terrorisme, l'efficacité des pouvoirs publics (du gouvernement), la qualité et le poids de la règlementation, la primauté du droit, et enfin la lutte contre la corruption. Kaufman & al.

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(2010). Les donnée sur les variables « Indgouv » sont proviennent de la base de données de la Worldwide Governance Indicators (WGI).
Tableau N°6: Indicateurs de la gouvernance des pays de la CEMAC.
|
2010 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
|
|
CAMEROUN |
-0.91 |
0.92 |
-0.95 |
-0.94 |
-0.94 |
-0.94 |
|
RCA |
-1.30 |
-1.24 |
-1.33 |
-1.55 |
-1.70 |
-1.61 |
|
TCHAD |
-1.37 |
-1.29 |
-1.27 |
-1.25 |
-1.31 |
-1.24 |
|
CONGO |
-1.03 |
-1.03 |
-1.08 |
-1.06 |
-1.0 |
-1.00 |
|
GE |
-1.24 |
-1.24 |
-1.26 |
-1.29 |
-1.41 |
-1.36 |
|
GABON |
-0.54 |
-0.52 |
-0.52 |
-0.53 |
-0.55 |
-0.61 |
|
CEMAC |
-1.03 |
-1.063 |
-0.73 |
-1.1218 |
-1.059 |
-0.99 |
Source : Données de la Banque mondiale Nous aurions l'équation 4 suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5ln INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + ?izt
? La langue.
La variable langue commune « langx» est une variable muette qui prend la valeur « 1 » si un langage commun est parlé par au moins 9% de la population dans chacun des pays partenaire et « 0 » autrement. Cette variable marque l'existence d'un langage commun entre au moins 9% de la population dans chaque pays des deux partenaires. La langue commune est un facteur de facilitation des échanges, elle est introduite afin d'évaluer indirectement l'impact des diasporas et leur rôle dans les échanges commerciaux. En effet, la langue est un facteur déterminant du commerce dans la littérature économique. La variable langue commune a été introduite dans le modèle de gravité par Frankel et Rose (2002) et Melitz(2008). Ces auteurs ont démontré le rôle important joué par la proximité linguistique dans les modèles de gravité. A ce titre on s'attend également à un signe positif. Source : CEPII.
Nous aurions l'équation 5 suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5ln INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 ln LANGzi + ?izt

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? La diversification économique
L'une des caractéristiques du commerce intra régional en Afrique réside dans la faible diversification des structures de production qui conduit souvent à la non complémentarité et à la similitude des productions nationales. La diversification économique est un processus dynamique qui consiste à étendre la gamme de marchandises et services produits dans une économie pour une consommation et une utilisation locale ou en vue de l'exportation (CEA/BSR- AC, 2010). Or les économies de la CEMAC sont loin de cette réalité avec une fort domination des produits agricoles et miniers. Koffi Ehoussou (2005) en analysant les potentialités d'échanges commerciaux, sur la base d'indices de diversification, s'est rendu que les indices entre les pays africains sont faibles traduisant une faible probabilité de réussite de la mise en oeuvre des accords commerciaux bilatéraux. La diversification économique n'est donc pas une barrière tarifaires et non tarifaires mais elle est déterminante dans le développement des échanges d'où son utilisation dans notre travail sous la dénomination « DIV ». Helpman & Krugman (1985) mentionnent que les différences des tailles de l'économique indiquent les différences de la capacité des pays partenaires à produire des biens différenciés (l'absence des différenciations des produits). Autrement, la similarité des pays en termes de taille de marché est susceptible d'améliorer la demande des produits différenciés. Dans notre étude, nous prendrons donc en compte l'indice de diversification du pays d'origine.
Graphique : indice de diversification économique des pays de la CEMAC entre 2010 et 2015.
|
0,9 0,85 0,8 0,75 0,7 0,65 |
|
|
2010 2011 2012 2013 2014 2015 RCA CONGO GABON G.E. TCHAD CEMAC |
Source : Par l'auteur, à partir des données du CNUCED. Nous aurions l'équation 6 suivante :

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lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5lnINDGUOVzt + á6lnINDGUOVit + á7 lnLANGzi + á8DIVzt + + á9DIVit + ?izt
? L'enclavement
La variable enclavement permet d'estimer l'effet sur les échanges des pays qui n'ont pas une ouverture sur la mer. Il est important de tenir compte de l'enclavement géographique car deux des pays de la sous-région sont dans cette situation d'enclavement. La prise de cette variable dans notre travail, nous permet de vérifier si la situation de l'enclavement de ces deux pays a favorisé le commerce avec Cameroun. Si après examen empirique, il ressort que la variable indicatrice de l'enclavement n'est pas significative, quel que soit son signe, alors nous serons amenés à supposer que le réseau de transport et de communication régional est « efficient et adéquat » .Nous aurions l'équation 7 et finale suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi + á3lnIPLzt + á4ln IPLit +á5lnINDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 ln LANGzi + á8lnDIVzt + á9lnDIVit + á9Enclavzi +?izt
? Les indices des OTC et des mesures SPS.
Au vu de tout ce qui a été dit sur les facteurs qui limitent le développement du commerce intra-CEMAC. Les barrières les plus appliquées portent sur les « OTC » et les mesures « SPS ». La source la plus complète de données sur les barrières non tarifaires a été établie par la CNUCED dans le cadre du TRAINS. Les données de la base TRAINS ne reflétant la réalité des barrières non tarifaires appliquées par le Cameroun dans son commerce. Alors nous avons pu grâce aux informations collecter auprès de l'agence de normalisation et de la douane camerounaise répertorier l'ensemble des règlementations techniques, qui sont les principales barrières non tarifaires. Ainsi, cette variable est dans notre modèle une variable muette qui prend la valeur « 1 » si un produit fait l'objet d'une quelconque forme de prescription technique ou « 0 » au cas contraire. Nous introduisons un indice noté « j » représentant un produit importé par le Cameroun en provenance de « i ». Nous aurions l'équation 5 et finale suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi + á3lnIPLzt + á4ln IPLit +á5ln INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 LANGzi + á8lnDIVzt + á9lnDIVit + á10 Enclavzi + á11OTCzjt + á12SPSzjt +?ijzt.
Dans l'implémentation de notre équation, nous allons ramener notre panel à deux dimensions en couplant les produits-partenaires car un produit en provenance d'un partenaire précis peut faire l'objet d'une barrière non tarifaire et les autres pays pas.

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Le flux de commerce dans cette étude a été collecté au niveau 11 de désagrégation selon le système HS. La base de données des biens importés par le Cameroun contient un nombre important de flux nul. La présence de ces flux nuls peut être problématique car de façon usuelle, le modèle de gravité est exprimé sous forme logarithmique Or cette formulation ne permet pas d'inclure des flux de commerce nul car le logarithme de zéro est indéfini; d'où la nécessité de traiter des flux de commerce nul. Pour Frankel (1997), la présence de flux nuls au niveau agrégé apparait dans le commerce entre petits pays ou entre pays très distants qui sont réputés commercer moins entre eux. Par ailleurs, la non prise en compte des flux nuls lors des estimations peut influencer les résultats empiriques s'ils n'arrivent pas aléatoirement. Dans la littérature, plusieurs méthodes sont employées pour traiter ce problème.
? Une solution commune consiste à restreindre l'échantillon à des observations
non nulles afin d'éviter les problèmes d'estimation liés aux flux nuls (Frankel (1997), Bikker (1982)).
? Une autre approche consiste à substituer les flux
nuls par de petites constantes.
Cela permet de prévenir l'omission
d'observations dans l'échantillon (Wang, Winters (1991), Raballand
(2003)).
Cependant, en insérant des valeurs proches de zéro, rien ne garantit de façon formelle que les estimations du modèle de gravité soient consistantes. Ces 2 approches sont par conséquent insatisfaisantes. Les opérations avec des flux zéro exigent que les informations fournies par ces flux soient prises en considération. C'est pourquoi, le modèle Probit est employé pour analyser la situation dans laquelle une partie des observations de la variable dépendante est inobservable et représentée généralement par zéro. Plusieurs études dont celles d'Anderson et Marcouiller (2002) et de Rose (2004) ont utilisé le modèle standard pour estimer l'équation de gravité en présence de flux nuls. Nous allons utiliser l'estimateur HMR qui se déroule en deux étapes.
Plusieurs méthodes ont été utilisées dans les études empiriques pour mesurer le commerce entre les pays. Parmi elles, le modèle de gravité se présent comme le plus courant pour mesures le niveau de commerce bilatéral existant entre deux pays et les facteurs l'influençant. Si dans ces débuts, le modèle de gravité a été vivement critiqué, des études adjacentes font

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d'elle un des modèles les plus fiables. Dans son implémentation, il est question d'estimer le modèle de plusieurs façons. On choisira la méthode d'estimation HMR qui semble la mieux appropriée et moins critiquée par la littérature. Cette méthode consiste à estimer la probabilité de l'existence ou pas d'une d'échanges entre deux pays partenaire à un instant précis.
Ø(?????? ,??t)
La variable dépendante du modèle de gravité est par définition toujours positive ou nulle (car il n'existe pas de commerce négatif). Sous l'hypothèse d'un commerce nul, on a pensé à une technique d'estimation qui tient compte de cet aspect, à savoir le PROBIT. Cette méthode d'estimation permet de déterminer l'effet dû au hasard dans la modélisation ou dû à l'absence absence de commerce entre deux pays et de corriger les effets d'hétérocedaticité que l'on rencontre généralement dans les modèles de gravité. Amemiya (1985). Etant donné que la survenance d'une importation entre le Cameroun et l'un de ses partenaires peut être nul pour une année ou pour un produit précis La première étape consiste à estimer la probabilité d'avoir des flux de commerce non nul. Pour ce faire, nous calculons le ratio inverse de Mills (IMR) à partir d'un seuil. Dans les travaux de Nordas (2006), le seuil a été fixé à 1 milliards d'USD. Dans le cadre de nos travaux, nous allons fixer le seuil à 1 000 000 de XAF car c'est à partir d'une valeur en douane d'un million qu'on établit une déclaration en détail. Le ratio inverse de Mills s'interprète comme la probabilité prédite d'observer la variable exogène pour un pays pour une année donnée. L'équation du ratio inverse de Mills s'écrit :
IMRit= ??(??????,??t)
Avec,
Xit la variable explicative concernant le pays i à la période t ;
f3t coefficient estimé associé à la variable explicative Xit ;
Ø (Xit, f3t) la densité de probabilité associée à la probabilité prédite d'observer la variable X
Et, CD (Xit,f3t) la fonction de distribution cumulative associée aux probabilités prédites.
Les hypothèses qui sous-entendent cette analyse sont les suivantes :
HO : Tous les paramètres sont nuls
H1 : Il y a au moins un paramètre nul.

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1-2-2-2- Estimation de l'équation par le MCO.
? Vérification de l'application du MCO par le test de HAUSMANN.
Le test d'Hausman (1978) nous permet de choisir entre un modèle à effet fixe et un modèle à effet aléatoire. Les deux modèles les modèles permettent de prendre en compte l'hétérogénéité des données mais les hypothèses sur la nature des effets spécifiques diffèrent d'un modèle à l'autre. Dans le modèle à effet fixe, on suppose que les effets spécifiques peuvent être corrélés avec les variables explicatives du modèle, et dans le modèle à effet aléatoire, on suppose que les effets spécifiques sont orthogonaux aux variables explicatives du modèle. Le test de spécification de Hausman permet de tester la présence d'une corrélation ou non entre les effets spécifications et les variables explicatives du modèle. Ainsi, il faut d'une part un estimateur convergent et asymptotiquement efficace sous l'hypothèse nulle et d'autre part, un estimateur convergent aussi bien sous l'hypothèse nulle et sous l'hypothèse alternative. Les hypothèses de ce test sont les suivantes.
H0 : Présence d'effets aléatoires
H1 : Présence d'effets fixes
? Application du MCO.
L'estimateur des moindres carrés ordinaires reste l'un des estimateurs les plus fréquemment utilisés car elles ont l'avantage d'être facile à implémente et est l'un des estimateurs les plus utilisés. Mais le véritable problème de cette Méthode réside dans le risque d'hétéroscédaticité Ce qui rend les paramètres estimés inefficients (Nordas, 2006) et remet en cause le choix des MCO comme méthode d'estimation. La littérature propose cependant une méthode corrective pour résoudre le problème d'hétéroscédasticité. L'option la plus simple consiste à tronquer les observations des flux des échanges et à estimer ln (1+Tij). Il s'est avéré que le problème d' hétéroscédasticité est résolu en procédant de la sorte. Estimé 1+Tij au lieu de Tij résulte simplement du fait qu'au cours de la période d'analyse, deux pays peuvent ne pas avoir échangé. Dans notre analyse, nous allons calcul le taux de hasard par l'inverse du ratio de Mills, que nous allons l'inclure dans l'estimation global par MCO, ça nous servira à corriger le problème d' hétéroscédasticité que l'on rencontre généralement dans le modèle de gravité.
? Estimation du model PROBIT

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De façon générale, L'analyse de nos données se fera principalement en deux phases. Dans une première phase, nous avons procédé à l'estimation du Probit en déterminant le ratio inverse de Mills-IMR. Le résultat se présente comme suit :
Tableau N°7 : Résultat de l'estimation du model PROBIT.
|
Seuil d'importation =1 000 000 |
Coef. |
P>|z| |
Interval de confiance à 95% |
|
|
Lpib y |
0.3466794*** |
0.000 |
0.1539538 |
0.539403 |
|
Ldist |
-1.913706 *** |
0.000 |
-2.301753 |
-1.525658 |
|
IndigouvCMR |
0.538318 |
0.353 |
-0.5983523 |
1.674988 |
|
Ndigouv Y |
-1.96147*** |
0.000 |
-2.726811 |
-1.196128 |
|
Diver Y |
-1.049358 ** |
0.016 |
-1.905645 |
-0.1930724 |
|
Diver CMR |
-0.3833555 |
0.507 |
-1.515286 |
0.7485754 |
|
SPS |
.0328084 |
0.699 |
-0.1332431 |
0.1988598 |
|
OTC |
-0.3385225 * |
0.022 |
-0.6292079 |
-0.0478371 |
|
LangY |
3.303809 *** |
0.000 |
2.343719 |
4.2639 |
|
Enclav Y |
0.7123016 *** |
0.000 |
.3747362 |
1.049867 |
|
IndperflogistCMR |
0.428573 |
0.159 |
-0.1679246 |
1.025071 |
|
Indperflogist y |
0.1030954 |
0.689 |
-0.4019806 |
0.6081715 |
|
Constante |
3.7214 *** |
0.000 |
1.752638 |
5.690163 |
|
RESULTATS GLOBAUX DU TEST |
||||
|
Wald chi2(12) |
218.21 |
|||
|
Prob > chi2 |
0.0000 |
|||
Sources : auteur.
(***), (**) et (*) traduisent respectivement le fait que le coefficient estimé est significatif au
seuil de 1%, 5% et 10%.
Le modèle est globalement significatif au seuil de 5%, en effet, la p-value associée à la statistique de Wald est inférieure à 0,05.
? Test de HAUSMAN.
La notion d'hétérogénéité est centrale en économétrie des panels. La forme la plus simple d'hétérogénéité est celle qui consiste à postuler l'existence de constantes spécifiques à chaque individu. Ce qui revient entre autre à savoir si la source de l'hétérogénéité est fixe ou aléatoire. Pour cela, nous procédons ensuite au test de Hausman.
Le test de Hausman permet de faire un choix entre le modèle à effets individuels fixes et le modèle à effet individuels aléatoire qui prend en compte l'hétérogénéité des données. Dans le premier cas on suppose que les effets spécifiques peuvent être corrélés avec les variables explicatives du modèle, et dans le second cas on suppose que les effets spécifiques sont orthogonaux aux variables explicatives du modèle. Lorsque la probabilité de ce test est

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inférieure au seuil retenu, le modèle à effet fixe est privilégié. Dans le cas contraire, on retient le modèle à effet aléatoire. Les hypothèses sont les suivantes :
H0 : présence d'effet fixe
H1 : présence d'effet aléatoire
Le résultat du test de Hausmann se présente comme suit : Tableau N°8 : Résultat du test de Hausmann
|
Chi 2 |
1.48 |
|
prob>chi 2 |
0.9606 |
Sources : auteur
Ainsi, la p-value associée à ce test est supérieure à 0,05 permettant ainsi de retenir le modèle à effets aléatoires. Pour vérifier d'avantage si nous sommes en présence d'un modèle à effet aléatoire, nous allons effectuer le test de BREUSCH PANGAN.
? Test DE BREUSCH PANGAN ou LAGRANGE
La statistique de Breusch-Pagan est obtenue après l'estimation du modèle à effets aléatoires. Elle permet de tester la significativité du modèle à effets aléatoires et corriger si la covariance entre les effets aléatoires est nulle. Le test est basé sur les hypothèses suivant :
H 0 : Absence d'effets aléatoires
H 1 : Présence d'effets aléatoires
Tableau N°9 : Résultat du Breusch-Pagan
|
VARIABLE |
Chibar 2 (01) |
Prob > chibar2 |
|
Limport |
38 901.30 |
0.000 |
Sources : auteur
Les effets aléatoires sont significatifs au seuil de 1%. Alors le test de panel avec effet aléatoire
est le plus approprié pour notre étude.
? Test de stationnarité de LEVIN-LIN-CHU.
L'analyse des données de panel non stationnaires s'est développée très rapidement depuis les travaux pionniers de Levin et Lin (1993). Leur démarche est directement inspirée de celle des tests de racine unitaire en séries temporelles de Dickey et Fuller (1979).Les données de panel présentent une double dimension d`analyse qui constitue un avantage par rapport aux données sur séries temporelles ou en coupe transversale. Cette double dimension permet de prendre en compte l`hétérogénéité des individus dans une approche dynamique. Baltagi et Kao (2000) montrent que l`économétrie des données de panel non stationnaires permet d`associer le « meilleur des deux mondes » : l`analyse des séries non stationnaires à partir des méthodes des séries temporelles et l`accroissement du nombre de données et de la puissance des tests grâce à la dimension individuelle. L'ajout de la dimension individuelle à la dimension temporelle usuelle présente un intérêt important pour l'analyse des séries non stationnaires. Or, pour les

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échantillons de petites tailles les tests de racine unitaire sont en général très peu puissants pour distinguer des séries non stationnaires et des séries stationnaires mais fortement persistantes car L'étendue de la période d'étude étant plus importante que la fréquence des données (Pierce et Snell, 1995). Le recours aux données de panel permet ainsi de travailler sur des échantillons de taille réduite (dans la dimension temporelle) en augmentant le nombre de données disponibles (dans la dimension individuelle). Baltagi et Kao (2000). Cette approche semble tout particulièrement adaptée à notre étude pour mesurer la stationnarité ou non des importations. Le résultat se présent comme suit :
Tableau N°10 : Résultat du test de Levin-Lin-Chu sur les importations du Cameroun.
|
Statistique |
P-value |
|
|
Ajutée t |
-7.2e+02 |
|
|
Non ajustée |
-7.8e+02 |
0.0000 |
Sources : auteur.
? Estimation finale par le MCO.
Le résultat de l'estimation de ce modèle est le suivant :
Tableau N°11 : Résultat de l'estimation par les MCO
|
VARIABLES |
IMPORTATION DU CAMEROUN |
||
|
COEF. |
Z |
P>|z| |
|
|
lpib_y |
0.0728291*** |
2.74 |
0.006 |
|
Ldist |
-0.3948064 |
-2.71 |
0.007 |
|
*** |
|||
|
IndgouvCMR |
0.1091112 |
2.66 |
0.008 |
|
*** |
|||
|
Indigouvy |
-0.4153815 |
-2.75 |
0.006 |
|
*** |
|||
|
Divery |
-0.2312629 |
-2.82 |
0.005 |
|
*** |
|||
|
diverCMR |
-0.0767459 ** |
-2.58 |
0.010 |
|
SPS |
0.0162147 *** |
4.26 |
0.000 |
|
OTC |
-0.061826 ** |
-2.34 |
0.019 |
|
LangY |
0.6856087 |
2.71 |
0.007 |
|
*** |
|||
|
EnclavY |
0.1524083 |
2.74 |
0.006 |
|
*** |
|||
|
indPerflogistCAMER |
0.0871446 |
2.69 |
0.007 |
|
*** |
|||
|
indPerflogistY |
0.0222434 |
2.70 |
0.007 |
|
*** |
|||
|
mills_inver |
0.2219222 |
2.69 |
0.007 |
|
*** |
|||

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|
Constance 0.6352111 *** 2.67 |
0.008 |
|
RESULTAT GLOBAUX DE L'ESTIMATION |
|
|
Nombre d'observations |
22,356 |
|
Wald chi2 |
32.67 |
|
Prob > chi2 |
0.0019*** |
Sources : auteur
(***) et (**) traduisent respectivement le fait que le coefficient estimé est significatif au
seuil de 5% et 10%.
Le modèle est globalement significatif au seuil de 5% pour toutes les variables de notre modèle et la p-value associée à la statistique de Wald de 0.0019.
? la taille économique des pays partenaires influence positivement les
importations du Cameroun dans la zone car le coefficient associé est de 0.0728291. Le signe positif du coefficients estimés montrent qu'un accroissement du PIB du pays entraîne une hausse des importations. Gbetnkom et Avom (2005) avait déjà montré à l'aide d'un modèle de gravité que les revenus des partenaires commerciaux exercent des effets significatifs positifs du PIB sur leurs échanges.
? La distance influence négativement les
échanges, car plus deux pays sont
éloignés moins ils
échangent. Autrement dit, le volume des échanges baisse avec la
distance car la distance augmente les coûts de transport. Le coefficient
de la distance est négatif et significatif ce qui traduit que la
distance influence les échanges en ce sens qu'il augmente les
coûts de transport. une augmentation de la distance de 1%, entraine une
diminution des échanges de 0.394%. Ce résultat semble indiquer
que bien qu'appartenant à une même région, la distance agit
relèvement sur les importations du Cameroun. Ainsi, plus la distance
entre les deux partenaires augmente, moins il y'a d'importations. Avec les
progrès technologiques et le développement dans le secteur des
transports, la distance se présente de moins en moins comme un obstacle
aux échanges. Une amélioration de l'infrastructure
routière des pays d'une sous-région économique, peut
réduire considérablement les coûts des échanges.
Selon une étude de Limão et Venables (2001), si l'infrastructure
d'une sous-région s'améliore considérablement.
L'amélioration des infrastructures pourrait contribuer pour beaucoup
à augmenter le volume du commerce intra-africain.

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Les barrières non tarifaires ne portent pas seulement sur les OTC et les mesures SPS, mais aussi sur la politique la qualité des politiques gouvernementales et les mesures de performance logistique.
? Les coûts de transport peuvent aussi varier en fonction du niveau de la
performance du dispositif logistique du pays importateur et exportateur. Que ce soit l'indice de perfectionnement logistique du Cameroun ou de son partenaire, le signe du coefficient est positif et significatif. Alors, l'efficacité des processus de dédouanement, la qualité des infrastructures commerciales et des infrastructures de transports connexes, la facilité de l'organisation des expéditions à des prix concurrentiels, la qualité des services d'infrastructures, la capacité de suivi et de traçabilité des consignations et la fréquence avec laquelle les expéditions arrivent au destinataire dans les délais prévus ont un effet positif sur les importations du Cameroun.
? La gouvernance doit en principe influencer positivement les
échanges car la
volonté des pays libéraux est de
s'intégrer davantage dans le commerce international. Tel est le cas pour
le Cameroun avec un coefficient positif et significatif. L'indice de
gouvernance prenait en compte la stabilité politique et l'absence de
violence et de terrorisme, l'efficacité des pouvoirs publics (du
gouvernement), la qualité et le poids de la règlementation, la
primauté du droit, et enfin la lutte contre la corruption. (Kaufman
& al. 2010). Selon ces critères, le coefficient négatif des
pays partenaires se justifie par la situation de crise en RCA, la mauvaise
qualité de la politique gouvernemental en matière
d'intégration régionale du Gabon et de la Guinée
Equatoriale.
? Nous avons vu dans la théorie que certaines
barrières peuvent être légitime des
lors qu'elle a pour
finalité de protéger la santé, l'environnement et le tissu
économique ou illégitime dans la mesures ou elle crée des
distorsions aux échanges. Ainsi, les réglementations techniques
peuvent avoir cette double finalité. Au seuil de 5%, les deux variables
sont significatives. Ce qui traduit impact de ces mesures protectionnistes sur
les échanges. Mais le signe négatifs des OTC, montrent son
caractère plus restrictif que les mesures SPS.
Or la différence entre ces deux mesures réside dans le fait que les obstacles techniques au commerce n'incluent pas d'interdictions explicites des importations originaires de certains pays ou de certaines régions. Cette situation de contradiction des deux types de mesures ont déjà été ressortie dans des études présente. Moenius (2004) utilise un modèle de gravité pour

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évaluer l'impact des normes nationales sur le commerce de 12 pays développés portant sur 471 secteurs. L'auteur affirme que les normes à l'importation ont un effet négatif sur les importations de produits non manufacturés (produits alimentaires, boissons, matières premières et combustibles minéraux), mais un effet positif sur les importations du secteur manufacturier (notamment hydrocarbures, produits chimiques, produits manufacturés et machines). Dans le même contexte, Fontagné & al (2005) affirment également un effet positif de ces mesures sur le commerce des produits manufacturés, mais un effet négatif sur le commerce des produits frais et transformés. Plus récemment, l'étude de Li et Beghin (2012) estime les effets des mesures OTC/SPS sur le commerce. Ils constatent que les effets estimés de ces mesures sur le commerce ont moins de probabilité d'être positifs dans les secteurs de l'agriculture et de l'alimentation que dans les autres secteurs.
Dans le cadre du commerce du Cameroun avec les autres pays de sous-région les obstacles techniques ont un effet plus restrictif que les mesures SPS. Ceci se justifie par le fait que les produit importée par le Cameroun en provenance des autres pays de la communauté sont plus soumise aux normes et autres mesures technique. Dans le cadre du commerce intracommunautaire, la libre circulation est conditionnée par les règles d'origine. Ces règles permettent de discriminer les produits de faire l'objet d'une libre circulation et ceux qui doivent pas. Si les produits agricoles sont moins soumis aux réglementations techniques, les produits semi-manufacturés ou manufacturés sont plus contraint aux règles de fabrication et au respect des normes.
? Un pays à intérêt à commercialiser avec le pays avec qui les coûts de transport sont les plus bas. En analysant de près les effets des coûts de transport, La distance demeure donc une barrière aux échanges et la proximité géographique se présent donc un facteur important des échanges. Très souvent ce sont des pays appartenant à un même espace géographique qui décide de se mettre ensemble dans le cadre du régionalisme. L'existence d'une frontière commune favorise les échanges et l'enclavement d'un pays partenaire est d'avantage plus bénéfique pour son pays lui donnant accès à un littorale. Le signe attendu de l'enclavement est positif ce qui veut dire que la position enclavement géographique du Tchad et de RCA est favorable aux importations du Cameroun dans la CEMAC.
? Les échanges sont tout aussi influencés par la proximité linguistique entre les pays échangeant. La langue est fondamental dans les échanges de la CEMAC car le

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commerce est le plus facile entre les pays qui partagent la même langue, d'autant plus que les produits sont des biens différenciés et complexes sur les il faut disposer d'un ensemble d'information. Les pays de CEMAC, sauf la Guinée Equatoriale, partage le français avec le Cameroun. Ceci étant, le coefficient est positif traduit que indépendamment des divergences linguistiques, la langue influence positivement les échanges du Cameroun.
? La structure des échanges et le type de biens échanges est fondamentale dans le développement des échanges. La structure des échanges (concentrée sur les exportations des matières premières et les importations des produits manufacturés), et cette spécialisation exogène qui expliquent la marginalisation croissante de l'Afrique dans le commerce mondial et la faiblesse de son commerce intérieur (Frenkel et Rozenwurcel, 1992). Malgré une intégration économique et monétaire, les échanges intra-régionaux sont marginaux à cause de la faible structure de production et la diversification des économies des pays de la CEMAC. Autrement, dit la diversification de l'économie accroît le commerce intra-communautaire. Selon la théorie, le faible niveau de commerce intra-communautaire trouve une partie de son explication dans le faible niveau de diversification. Ce qui justifierait le l'influence négatif de la diversification sur les importations du Cameroun par le signe négatif du coefficient de diversification.
La facilitation du commerce passe par l'adoption de pratique destinées à renforcer les flux commerciaux entre les états membres et l'abolition de toutes les entraves aux échanges. Face aux politiques protectionnistes, des mesures sont adoptées de plus en plus dans les échanges commerciaux internationaux au niveau régionaux, sous régionaux et étatique en vue de les règlementer ou les supprimer.
Comme recommandations, nous suggérons :
? Investir davantage dans les infrastructures de transport
Si le commerce inter-pays dans la CEMAC est entravé par des coûts de transport élevés, ceux-ci sont en grande partie causés par la qualité des infrastructures. Il est donc important de développer le secteur des infrastructures de transport (routières, ferroviaires aéroportuaires et même portuaires). Pour ce faire, il est important que se tisse des partenariats solide (public - privé). Le secteur privé peut investir dans les projets d'infrastructures au côté de l'Etat qui souvent ne dispose pas assez de fonds conséquents pour assurer seul ces projets de hautes

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envergures. Ces investissements devraient concerner non seulement la création d'infrastructures, mais aussi leur maintenance préventive et curative.
? les états et les institutions financières doivent soutenir et accroitre le financement des projets novateurs et d'entreprises novatrices (start-up)
Il est important que les Etats et les banques financent davantage les start-up. En effet, elles sont d'un enjeu important dans la diversification de l'économie. Plusieurs jeunes s'intéressent à de secteurs très peu explorés et qui pourrait être d'un poids important dans l'économie. On peut citer le domaine des NTIC, qui concentre un nombre de plus en plus croissant de startup. Cependant ces dernières font face au manque de fonds nécessaires pour se développer à grande échelle.
? l'amélioration du climat des affaires
Réformer l'environnement des affaires est aujourd'hui une priorité pour les pays de l'Afrique centrale du fait de l'influence significative de cet environnement sur le développement du secteur privé et, partant, sur la croissance économique. L'enjeu est d'autant plus important que l'ensemble des pays en développement se sont lancés dans une compétition pour attirer les investissements directs étrangers. Or tous les indicateurs disponibles montrent que l'Afrique Centrale est probablement la sous-région du monde la moins attractive (instabilité causée par les différentes guerres). Dans cette perspective les Etats de la sous-région doivent poursuivre les efforts pour améliorer le climat de l'investissement afin d'attirer à la fois les investisseurs nationaux et étrangers pour le développement et la gestion des infrastructures de transport.
? diversifier son économie
Il est important pour les pays de la CEMAC d'orienter leur coopération vers le développement de nouveaux secteurs afin de diversifier leurs économies et réduire leur dépendance au pétrole. La pertinence de cette recommandation peut être constatée dans la conjoncture que traversent les pays de la CEMAC depuis les années (2016). En effet, la majeur partie des pays de la CEMAC sont secoués et fragilisés économiquement par la crise causée par la chute des cours du pétrole sur le marché international.
Ce chapitre nous a permis dans sa première section de préparer l'équation du modèle de gravité avec les différents indicateurs retenue à savoir :

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- Le PIB
- La distance
- L'indice de performance logistique
- La gouvernance
- La langue
- La diversification économique
- L'enclavement
- L'indice des OTC et des mesures SPC.
L'estimation de l'équation par la méthode HRM, le PROBIT et le MCO
La deuxième section quant-elle fait une analyse et interprète les résultats et prescrit quelques recommandations qui selon nous si elles sont appliquées le commerce intra -CEMAC pourra être significativement amélioré.

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Parvenu au terme de notre étude, il convient de rappeler que nous avons travaillé sur l'intégration régionale et le développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC.
Nous avons abordés tour à tour les notions de régionalisation, d'intégration régionale, de régionalisme et de commerce international. Cette étude a permis de mettre en exergue la responsabilité des différents indicateurs qui freinent ou influencent négativement le développement du commerce intra-CEMAC. En utilisant une modélisation gravitationnelle sur données de panel. Elle aboutit alors à plusieurs principales conclusions.
Les coûts de transport élevés dû à l'insuffisance et au mauvais état des infrastructures de transports découragent les exportations, la mal gouvernance, le degré élevé de corruption, l'absence de diversification économique sont autant de facteurs qui empêchent le développement du commerce intra-CEMAC.
Toutefois, l'usage de la modélisation gravitationnelle sur données de panel a permis d'attester que la distance influence négativement les échanges et que le PIB et la diversification influencent positivement et significativement les échanges bilatéraux.
L'analyse factorielle faite a permis de mettre en exergue la qualité des institutions ainsi que la situation sécuritaire, qui, de manière significative influencent positivement les échanges bilatéraux.
Dès lors, tos ces différents facteurs deviennent des déterminants importants du commerce intra CEMAC et les pays membres devraient s'atteler à la mise en oeuvre des recommandations que nous avons faites afin de réduire les obstacles et de booster le commerce sous régional.

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