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Les difficultés des armées nationales à  lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.


par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016
  

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PREMIERE PARTIE

L'ACTION DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE CONTRE LES GROUPES TERRORISTES

Que l'on soit dans la plage de Mombassa, à Bengazi, à Orlando, à Kolofata, au Ba Ta Clan, à l'hôtel Radisson Blue de Bamako ou dans le métro de Londres, nul n'est à l'abri de la menace terroriste. Il ne passe un jour sans que l'on soit interpellé par une action terroriste. Le monde fait l'objet aujourd'hui d'une globalisation de la menace terroriste qui n'épargne personne. Que l'on soit religieux ou athée, musulman, chrétien ou bouddhiste, riche ou pauvre, jeune ou vieux, tout le monde est une victime potentielle du terrorisme. Depuis les terribles attentats du 11 septembre 2001, le terrorisme international est devenu la préoccupation majeure de tous les Etats, et des organisations internationales. Il a remplacé, pour les Occidentaux, le nazisme, le fascisme et le communisme d'hier. C'est le nouvel ennemi de l'Occident, mais pas seulement. Les pays musulmans, également, l'Arabie Saoudite, le Pakistan, l'Afghanistan et autres, y voient une menace crédible à leur stabilité. Ces pays qui hier, avec la complicité de l'Amérique avaient soutenu et attisé l'intégrisme islamiste contre l'ennemi soviétique, le voit aujourd'hui se retourner contre eux et les empêcher de dormir tranquillement.

L'analyse de cette partie sera axée sur le ressassement des difficultés rencontrées par les armées nationales dans les combats qui les opposent aux groupes armés terroristes, suivant la logique du contournement de la force, des uns, et des autres. Il sera donc question de structurer cette partie de la manière suivante : les difficultés des forces armées nationales dans les théâtres d'opérations de lutte antiterroriste (Chapitre 1), et l'armée camerounaise face au groupe terroriste Boko Haram (Chapitre 2).

CHAPITRE 1

LES DIFFICULTES DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS LES THEATRES D'OPERATIONS DE LUTTE ANTITERRORISTE

Aujourd'hui, tout le monde s'accorde sur le fait que, le terrorisme représente l'une des menaces les plus graves du monde contemporain. Le mardi 11 septembre 2001 à l'heure où les New-Yorkais dans leur grande majorité se rendaient au travail. Deux avions de lignes américaines sont projetés contre des immeubles hautement symboliques, les Tours jumelles du World Trade Center à Manhattan (le symbole de la puissance économique américaine). En même temps, on apprenait qu'un autre avion avait percuté le Pentagone (les locaux du Département de la Défense, le symbole de la puissance militaire américaine). Un autre avion s'écrasera le même jour en campagne, en Pennsylvanie. Officiellement les passagers se sont rebellés contre les pirates pour leur empêcher d'atteindre leur objectif qui était sans doute le Capitole ou la Maison Blanche. Dans ces attaques, plus de 3000 personnes seront tuées. Les Etats Unis d'Amérique furieux et le monde entier ahuri se demandant « qui a fait ça ?».

Après cette tragédie, à la suite d'une gigantesque opération, Oussama Ben Laden et son organisation terroriste Al-Qaïda sont désignés pour responsables de ces attaques67(*). Suite à ces attentats, le gouvernement de George W. Bush décida de déclencher une « guerre globale contre le terrorisme », c'est-à-dire par une réponse directe et purement militaire. Une guerre contre le terrorisme international qui mobilise l'Amérique entière et ses moyens (diplomatiques, militaires, économiques et judiciaires, etc.). L'impact militaire le plus direct à la réaction militaire américaine est, l'invasion de l'Afghanistan désigné comme centre opérationnel d'Al-Qaïda. Cette campagne militaire a eu pour corolaire, l'éparpillement des terroristes dans les quatre coins de la planète, notamment, sur le sol africain.

Pour mieux rendre compte des difficultés des armées nationales dans les théâtres de lutte antiterroriste, il sera judicieux pour nous tout d'abord, de faire état, des manoeuvres des armées américaine et française en Afghanistan (Section 1) au lendemain des attentats de 2001. Par la suite, il sera question de présenter la lutte contre les groupes terroristes au Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad par les Armées malienne et nigériane (Section 2).

SECTION 1 : LES MANOEUVRES DES ARMEES AMERICAINE ET FRANCAISE EN AFGHANISTAN

L'Afghanistan est situé dans l'Asie du Sud-ouest. Bordé de six pays : la Chine, le Pakistan, l'Iran et trois anciennes républiques soviétiques, le Turkménistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. L'Afghanistan a toujours occupé une place centrale dans les rivalités géopolitiques entre les grandes puissances. Agissant comme carrefour où se fixent les tensions internationales comme régionales, ce pays est un espace d'intérêt stratégique majeur. Le pays est essentiellement montagneux et arides. En 1978 les communistes prennent le pouvoir et proclament la République Démocratique d'Afghanistan. Des afghans de différentes ethnies se révoltent alors contre ce régime communiste et athée dans le but de rétablir les traditions de l'islam. L'Afghanistan s'installe alors dans une sanglante guerre civile, menée contre les communistes (qui feront appel à l'aide militaire de l'Union Soviétique), par ceux que l'on appelle les Moudjahidines (les combattants de la foi). Les Talibans68(*)eux ne feront leur apparition plus tard. En 1988 l'armée soviétique se retire d'Afghanistan après avoir subi de lourdes pertes.

Figure N°1 : La carte territoriale de l'Afghanistan

Source : www.googlemaps.com

A la suite de la prise de pouvoir par les Talibans, ceux-ci autorisent Oussama Ben Laden et son organisation Al-Qaïda à installer des camps d'entrainement en Afghanistan. Le 11 septembre 2011, cette organisation terroriste frappe les Etats Unis. Le gouvernement américain exige des Talibans qu'ils leur livrent Oussama Ben Laden ce que les Talibans refusent de faire. Le 16 octobre 2001, l'armée américaine entre en Afghanistan, c'est le début de l'Opération Enduring Freedom69(*) (OEF ou, Liberté immuable en français). D'autres pays se joignent par la suite à la campagne américaine notamment la France, formant ce que l'on appellera la coalition en 2003 l'ISAF70(*) (International Security Assistance Force, ou en français, Force Internationale d'Assistance et de Sécurité).

Dans le cadre de notre réflexion, il est nécessaire d'examiner l'action de l'armée américaine en Afghanistan dans le cadre de la « guerre » contre le terrorisme (Paragraphe 1). Nous examinerons aussi, celle de l'armée française dans ce pays (Paragraphe 2). Le souci est de ressortir les difficultés rencontrées par lesdites armées durant leurs campagnes antiterroristes.

PARAGRAPHE 1 : l'ARMEE AMERICAINE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFGHANISTAN

Après les attentats du 11 septembre, l'avenir de la sécurité des Etats-Unis, voire, de presque toute la planète, dépendait de la réponse de l'administration de G.W.Bush. Tout d'abord, l'anéantissement de deux gratte-ciels symbolisant le succès de la fameuse American way of life et l'homicide de plus de 3000 personnes ont provoqué une stupeur comparable à la première frappe lors des guerres traditionnelles. La perte soudaine et brutale de la conviction de l'invulnérabilité du territoire des Etats-Unis a entrainé une détermination de punir les coupables. Cette tragédie fut donc interprétée comme des actes de guerre (acts of war). Perpétrés, par un ennemi qui voulait détruire les libertés américaines. Pour punir les auteurs de ces actes, l'administration Bush a déclaré la guerre globale contre le terrorisme71(*)« terrorism with a global reach » Global War On Terror (GWOT)72(*), et annonce que la guerre se terminera par l'éradication totale de ce mal.

L'emploi du mot « guerre » pour désigner la lutte contre ce type de fléaux plutôt que contre un ennemi désigné a toujours été métaphorique. Il symbolise, pour ceux qui l'emploient, leur mobilisation, leur refus de toute complaisance ou de tout compromis. Il exprime leur conviction que la drogue, le crime ou le terrorisme produisent des ravages aussi considérables qu'un ennemi déclaré ; et leur volonté de traiter comme tel l'ensemble de ceux qui en sont responsables73(*).

Face à une stratégie indirecte, Washington a donc misé sur une réponse directe et militaire. Cette guerre met en présence les Etats-Unis avec la contribution de la coalition militaire de l'alliance du Nord et d'autres nations occidentales74(*). Il sera question ici de présenter la projection des forces armées américaines et les déroulements des opérations militaires (A), et les difficultés pour les forces américaines à remporter la victoire décisive (B).

A- PROJECTION DES FORCES ARMEES AMERICAINES DANS LA « GUERRE GLOBALE » CONTRE LE TERRORISME SUR LE THEATRE AFGHAN

L'offensive militaire américaine en Afghanistan débute le 07 octobre 2001 avec un objectif clair : faire tomber le pouvoir Taliban à Kaboul et détruire le réseau terroriste Al-Qaïda en Afghanistan. A cet effet, les USA ont déployé plus d'un millier d'hommes en Ouzbékistan75(*). Dans l'Océan Indien, les portes avions USS Carl Vinson et NSS Entreprise, les autres navires de guerre et les sous-marins nucléaires d'attaque se préparent à l'offensive76(*).

La campagne militaire américaine en Afghanistan se résume en deux phases. La première phase fut celle du « modèle afghan » ou de la « stratégie minimaliste » selon Joe Biden. Lancée le 07 octobre 2001, elle associait la puissance aérienne américaine, les milices afghanes et un faible contingent des forces spéciales américaines. La deuxième phase fut celle du « modèle américain » (2002-2006), où les troupes américaines prirent la tête des opérations de ratissage suite à l'incapacité des milices afghanes de venir à bout des talibans.

Le régime afghan dirigé par le Mollah Omar, ne contrôle pas la totalité du pays. Certaines régions notamment à l'Est et au Nord du pays sont tenues par les forces anti-Talibans dont l'Alliance du Nord du commandant Massoud77(*). L'United States Central Command, chargé de la campagne militaire compte enfin sur le rapport de force sur le terrain qui est à leur avantage. Les Talibans ne peuvent aligner que 15000 soldats permanents et 70000 mobilisables. Leur matériel est à l'état vétuste, et date pour la plupart à la guerre contre l'Union Soviétique. On rencontre entre autre les missiles américains (Fin 93 Sting etc.) et russes (SA-1b, SA-18 et Scud). A cela s'ajoutent, des chars soviétiques T-54 et T-55, des lances roquettes multiples, des 4x4 équipées de mitrailleuses78(*).

« Nous avons ouvert un nouveau front dans notre guerre contre le terrorisme », par ces mots, le porte parole de la Maison Blanche annonce le dimanche 07 octobre 2001 le début de l'opération« Liberté Immuable ». Des frégates et des sous marins de l'US NAVY et de la Royal NAVY lancent une quarantaine de missiles croisières Tomahawk sur Kandahar, Kaboul et Jalalabad. Pendant 12 jours, 25 avions de combat et 15 bombardiers B-18, B-2 et B-52 pilonnent Kaboul (notamment la centrale électrique et les bâtiments officiels), l'aéroport et le centre militaire de Kandahar, Jalalabad ainsi que les camps d'entrainement des combattants du réseau Al-Qaïda79(*). L'intervention américaine s'accompagne d'une série d'opérations militaires menées en divers fronts sur le territoire afghan par différentes composantes du « Front Uni islamique et National pour le Salut de l'Afghanistan. » ; plus connu sur le nom de l'Alliance du Nord. Cette vaste nébuleuse regroupe les quatre principales formations militaires afghanes d'opposition aux talibans.

Avant le 7 octobre, des conseillers et plusieurs centaines de membres des forces spéciales occidentales (majoritairement américaines), sont dépêchés afin de préparer des actions communes auprès des divers représentants du « Front Uni ». Mais, il s'agit surtout de rallier par différents moyens, surtout financiers, les chefs de clans encore hésitants. Le 20 octobre 2001, les plans d'invasion se précisent. Les forces spéciales américaines et britanniques sont déployées dans la région de Kandahar. Au Nord du pays, un millier de soldats des unités d'élite de l'armée américaine est stationné dans la base militaire de Termez, à la frontière entre l'Ouzbékistan et l'Afghanistan. Ces militaires ont pour mission d'aider et encadrer les forces du « Front Uni ». L'objectif est de permettre aux combattants de Dos Tom de conquérir la province de Bal KH, afin d'établir une liaison directe avec les forces américaines basées en Ouzbékistan. Puis, il s'agit de favoriser les « Tadjiks de l'Est »80(*).

Pour préparer cette double offensive de l'Est du pays, l'aviation américaine organise le bombardement intensif de Mazar-e charif et de Kaboul. C'est de début de la grande offensive de Kaboul. Grâce à ces pilonnages de l'aviation américaine, les troupes de Dos Tom parviennent à prendre le contrôle de Mazar-e Charif, provoquant ainsi la fuite de l'armée talibane. La chute de Mazar-e Charif apparait comme un véritable tournant dans cette guerre. Elle galvanise les « Tadjiks de l'Est » dont l'avancée vers Kaboul est encore accélérée par le changement de stratégie des Talibans. En effet, le Mollah Omar ordonne à ses troupes de se retirer de la capitale afin de concentrer la guérilla sur les régions de Nanghaar, de Laghlman et de Kunar qui bordent le Pakistan. Pour le gouvernement américain, la chute de Kaboul risque d'être trop rapide. Les autorités américaines avec l'appui de l'ancien roi Zouheir Shah tentent de convaincre les « Tadjiks de l'Est » de ralentir leur progression vers la capitale Kaboul, afin de démilitariser la capitale et d'organiser une répartition du pouvoir. Ce que refusent les combattants tadjiks, et le 13 novembre 2001, ils prennent possession de Kaboul sans réels combats. Ce qui marque le début de la traque de Ben Laden et de ses hommes dans les montagnes de Tora Bora à la frontière afghano-pakistanaise.

Cinq semaines après le début des opérations militaires, le régime taliban est renversé. Plusieurs milliers de talibans ont été tués ou faits prisonniers tandis que 3.700 civils ont péri dans les combats.

Les développements qui précèdent résument le déroulement de la première phase de cette guerre ou du « modèle afghan ». On constate que ce modèle a fonctionné pour faire tomber le régime taliban. Mais beaucoup moins pour débusquer les membres du réseau Al-Qaïda qui pouvaient se réfugier dans leurs zones sanctuaires. Par conséquent, cette stratégie a contribué à renforcer l'influence « des chefs de guerre » locaux, en particulier, ceux dont le comportement envers la population était honni et qui étaient hostiles au gouvernement central de Kaboul. Elle a également renforcé la puissance des Tadjiks et affaibli ce qui allait être essentiel ultérieurement, les deux piliers central et la bonne gouvernance.

* 67 http://news.bbc.co.uk/

* 68 Taliban est un mot pachtoune qui signifie étudiant. De nombreux talibans sont d'anciens élèves des écoles coraniques où l'on enseigne la loi islamique. Le mouvement armé des Talibans apparait dès 1990, composé de moudjahidine pachtounes démobilisés, de jeunes afghans réfugiés au Pakistan et des pakistanais défavorisés. Le mouvement se compose en deux courants distincts. Le premier serait composé de « vrais » Talibans, des fanatiques religieux souvent liés à ceux qui étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. Le deuxième courant n'a pas fréquenté les écoles coraniques et rassemble des hommes pour la plupart des analphabètes : chefs de guerre, trafiquants et surtout paysans miséreux motivés principalement par la perspective d'un salaire.

* 69 Cette opération était baptisée « Justice sans limite » avant d'être rebaptisée plus tard « Liberté immuable ». Qui s'est suivi par le déploiement des forces américaines dans le golfe Persique.

* 70 http://www.isaf.nato.int/article/isaf-releases/index.php.

* 71 La guerre globale contre le terrorisme est officiellement présentée comme une guerre pour préserver les populations dans le choix de leur mode de vie.

* 72 Acronyme utilisé dans les documents américains.

* 73 Michael Howard, «What's a name. How to fight terrorism?» Foreign affairs, janvier-février 2002.

* 74 Olivier Roy, les illusions du 11 septembre, La république des idées, Seuil 2002, p. 9.

* 75 Pays qui a autorisé le stationnement des troupes américaines sur son sol dans la région.

* 76 Thythy Nsumbu Tshikala, L'apport des USA dans la lutte contre le terrorisme international, université de Kinshasa, Licence 2008, https://memoireonline.com/.../Lapport-des-USA-dans-la-lutte-contre-le-terrorisme-international.html

* 77 Le 9 septembre 2001, le commandant Massoud, héros de la résistance afghane a été assassiné par deux tunisiens appartenant à l'organisation Al-Qaïda.

* 78 Zune Stephen, la poudrière, la politique américaine du Moyen Orient et les racines du terroriste, Paragon, 2002, p. 22.

* 79 Zune Stephen, op. cit. P.24.

* 80 Thythy Nsumbu Tshikala, L'apport des USA dans la lutte contre le terrorisme international, op. cit.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand