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évaluation du niveau d’exposition professionnelle et de la fonction ventilatoire d’agents chargés du recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (deee).


par Fatimata Sall
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master en Biotoxicologie appliquée à  l'industrie,à  l'environnement et à  la santé 2019
  

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VII. Discussion

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De manière générale, les résultats obtenus à la fin de l'évaluation du niveau d'exposition professionnelle par la méthode du Control Banding ont révélé un niveau d'exposition chimique professionnelle très élevé. Ces résultats semblent corroborer ceux de Savary B. et al. par la méthode du Scooring et d'Hiérarchisation des Risques Potentiels (HRP). En effet, les résultats obtenus étaient moyens à importants selon la partie des DEEE concernée (Savary B. et al., 2004). En effet, la majorité des agents affirment être confrontés à la poussière émanant du matériel reçu mais aussi de certains résidus de substances. Parmi elles, nous avons des résidus de poudre de toner, d'encre liquide ou visqueuse des imprimantes (réservoirs d'encre qui sont recyclés par exemple), des résidus d'hydrocarbures ou d'huile usagés etc. Le démantèlement manuel étant le procédé utilisé à la DSN avec moins de casse que dans le secteur informel mais cela n'élimine pas les dangers présents.

Au-delà de la poussière, le recyclage expose aussi aux champignons et bactéries du fait de leur longue conservation et souvent de leur exposition à l'humidité. A cela, s'ajoutent les anciennes machines obsolètes qui ne respectent plus les normes internationales car renfermant des proportions importantes de substances chimiques réglementées et qui sont parfois démantelées dans les mêmes conditions que les machines de dernière génération.

En effet, selon une étude réalisée dans plusieurs entreprises de recyclage en Belgique, il a été retrouvé des concentrations importantes en métaux dans certaines zones de recyclage. Ces résultats de mesurage étaient comparables à ceux effectués en Allemagne (Barbieux J.P. et al., 2008). Les activités de démantèlement sont à l'origine d'une émanation de poussière importante. La concentration de plomb retrouvée dans une entreprise de démantèlement de petits appareils électriques, des moniteurs et des postes de télévision se situait entre 1,4 et 54,2 jig/m3, ce qui dépassait de loin la VLEP qui est de 0,15 jig/m3 (Barbieux J.P. et al., 2008). La présence d'encre d'imprimante contribue fortement à l'exposition des travailleurs. Des expérimentations animales avec les toners ont montré qu'ils pouvaient être classés dans la catégorie des « poussières solides bio-persistantes sans toxicité significative connue ». La poussière de toner contient des particules de type alvéolaire. D'après les analyses de Castaing G. et Guilleux A., Octobre 2010, lors des différents procédés de manipulation, nous pouvions avoir la présence de substances telles que :

· Pigments (Ex : TiO2, Fe3O4, Pb, Co, Al...)

·

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Solvants (Ex : toluène, xylène, N-méthyl-2-pyrrolidone*(*Réprotoxicité avérée de la substance et elle est utilisée comme solvant dans certaines pâtes de pigment) ...)

· Résines, liants (Ex : dérivés d'esters de colophane, acide maléique, acide fumarique, PVC...)

· Additifs volatils (Ex : 2-butanone oxime, cyclohexanone oxime, ...)

Pour ce qui est des imprimantes, le diamètre des particules d'aérosols peut être inférieur à 100 nm (particules ultrafines) (Qyan Y. et al, 2015). Tout de même, certains de ses constituants comme la résine polyester, la cire, le noir de carbone et l'oxyde de titan sont considérés comme des substances dangereuses. Ces deux derniers étant classés 2B par le CIRC. Le danger de la poudre de Toner réside plus dans sa capacité à s'accumuler dans les voies aériennes et entrainer des réactions inflammatoires. L'intoxication chronique due à une exposition régulière à la poudre de toner peut être à l'origine de maladies respiratoires comme l'asthme, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ... (SUVA, 2015)

Les résultats obtenus à la fin de l'étude de l'évaluation ventilatoire n'ont pas montré d'influence possible de l'exposition sur les troubles ventilatoires. En comparant le risque de survenue des troubles ventilatoire globaux, nous n'avons pas trouvé dedifférence significative entre les 2 populations d'étude c'est-à-dire qu'il semblerait que l'exposition n'est pas un facteur de risque d'apparition de troubles ventilatoires. En revanche, en considérant le statut tabagique dans nos 2 populations d'étude, le tabac semblerait influencer l'apparition de troubles ventilatoires et de BPCO uniquement chez les cas [p <0,05 OR (IC95%) : 2,496 (1,382-4,506) et 31,01 (1,816529,7) respectivement]. Ceci pourrait s'expliquer par la proportion importante de fumeurs chez les cas. En effet, la BPCO est une maladie respiratoire chronique définie par une obstruction permanente et progressive des voies aériennes dont la cause la plus fréquente est le tabagisme (Larroque A., 2012). Cependant, chez la population témoin, tous les asthmatiques étaientdes fumeurs alors que chez les cas, il semblerait que le tabac n'influence pas l'apparition d'asthme chez les agents de la DSN. Or la comparaison des proportions d'asthme entre les deux groupes n'avait pas montré de différence significative (33,3 % vs 26,7% : p= 0,6483 OR(IC95%) : 1,175 (0,6443-2,141)], cela pourrait faire penser que l'exposition au DEEE pourrait favoriser l'apparition d'asthme chez les recycleurs. En effet, l'asthme est considéré comme l'une des maladies respiratoires les plus fréquentes en milieu professionnel (CHSCT, 2014).Et un schéma général de physiopathologie des maladies respiratoires liées à l'exposition professionnelle a été proposé par plusieurs auteurs. Les risques toxicologiques des encres sont essentiellement liés à

deux principales voies d'exposition : la voie respiratoire et celle cutanée. Cependant, la voie orale n'est pas négligée non plus. Le manque d'hygiène (nettoyage insuffisant des mains et du visage avant le repas, manger avec des vêtements souillés) peut contribuer à la concentration de ces substances dans l'organisme. Les tenues sont lavées à la maison pour certains et pour d'autres, elles sont lavées à l'entreprise même et sécher à l'air libre du jardin. La plupart des agents affirment prendre une douche après le service une fois à la maison. Tous ces comportements peuvent contribuer à la dissémination de ces particules de poussières d'un endroit à un autre. Ces poussières sont toutes susceptibles de provoquer des surcharges pulmonaires (pneumoconioses de surcharge). La survenue et la gravité de ces pathologies sont liées à la granulométrie des poussières. (Castaing G. et Guilleux A., Octobre 2010)

L'inhalation de substances nocives entraine des conséquences variées pour les voies respiratoires. Ces conséquences sont liées non seulement aux substances toxiques elles-mêmes, mais aussi à leur concentration, la taille des particules de poussière, la profondeur de l'atteinte dans les voies respiratoires et aux facteurs individuels. Certaines maladies se déclenchent rapidement, d'autres se manifestent longtemps après les expositions ce qui nécessite un temps de latence allant de quelques mois à des années.

Cependant, l'exposition peut être réduite grâce aux mesures de protection collective ou individuelle. En effet chaque agent a en sa possession un équipement de protection individuelle : 2 tenues à manches longues, une paire de lunettes, une paire de chaussures protectrice, une paire de gants et un demi-masque jetable de type FFP2. Cependant, ce dernier n'est pas renouvelé constamment affirme la majorité des agents. De plus, certains équipements sont privilégiés par rapport aux autres. Pour les masques, seuls 67% des agents affirment les porter. En revanche, il arrive qu'ils enlèvent leurs masques qui deviennent gênants pour eux et surtout quand il fait chaud dans la salle augmentant ainsi les risques d'inhalation de particules. Des employés de deux entreprises de démantèlement aux Etats-Unis se sont lavés les mains après le travail et ont subi des tests de contrôle. Les résultats ont montré la présence de plomb et de cadmium, ce qui met en évidence le risque de contamination (Grimes C. et al., 2019). Cependant, l'étude menée à la DSN ne pourrait pas affirmer avec certitude que les troubles respiratoires observés chez les agents ont une origine professionnelle ou qu'ils sont dus à la manipulation de DEEE. En effet, certaines pathologies prennent du temps avant l'apparition des symptômes comme pour certaines pneumoconioses. L'idéal serait d'élargir la population d'étude en incluant d'autres entreprises de recyclage de DEEE et d'y associer des analyses quantitatives des matrices environnementales et d'établir un suivi dans le temps des paramètres biologiques. Tout de même une étude

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comparative entre les travailleurs du formel et ceux de l'informel seraient intéressant dans l'étude des impacts.

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