Chapitre 1 : CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE
Ce chapitre présente la
problématique, les hypothèses de recherche, les objectifs de
l'étude. En outre, il passe en revue les travaux antérieurs
touchant la thématique de la vulnérabilité des
espèces ligneuses et clarifie les concepts clés utilisés
dans ce mémoire. Il ressort également le matériel
d'étude, le matériel utilisé et la démarche
méthodologique élaborée en vue d'atteindre les
objectifs.
1
Cadre conceptuel
1.1
Problématique
Les sociétés rurales des régions
tropicales ontentretenu des relations privilégiées avec
l'environnement et particulièrement avec l'arbre. Selon
Houngbédji, (2008), l'arbre est une partie intégrante et
intégrée du paysage au sein duquel il se retrouve. L'arbre assure
des fonctions multiples et diversifiées au bénéfice des
populations : fonctions environnementales et agroécologiques,
fonctionséconomiques, fonctions de structuration de l'espace, dimensions
sociales, culturelles et religieuses. L'explosion démographique et
l'évolution sociale, économique, écologique vécues
par le milieu dans de nombreuses régions tropicales ont progressivement
modifié ces équilibres dynamiques entrainant la perte de la
biodiversité. Les populations sont obligées de tout tirer de la
nature ; ce qui conduit à une exploitation abusive des ressources
naturelles.
L'exploitation de Milicia excelsa se fait
anarchiquement par des exploitants qui ne se soucient même pas de la
capacité de régénération de l'espèce. Dans
les années 1980, le rythme d'exploitation du bois d'iroko au Ghana
était estimé à environ 173 000 m par an, alors que la
régénération des peuplements était estimée
à seulement 29 000 m par an(Ofori, 2007). Milicia excelsa
est classé dans la liste rouge des espèces menacées selon
l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature 2006). Les
principales menaces sont la perte et la dégradation de son habitat du
fait de l'expansion de l'agriculture, de la surexploitation de son bois.
Les études d'Ofori, (2007) ont montré que
Milicia excelsa est un bois d'oeuvre important dans le commerce
international. Au cours des années 1960, la Côte d'Ivoire a
exporté 61000 m 3 de Milicia excelsa par an, et
le Ghana 28 000 m. En 1994, le Cameroun a exporté 77000
m3, le Congo 10 000 m de grumes, et le Ghana 47 000 m. Au
cours de la période1998-1999, on a estimé à 133 400 m
le volume de bois de Milicia excelsa abattu au Cameroun. De 1998
à 2003, le Gabon a exporté environ 28 500 m de grumes par
an. Ces bois d'Iroko exportés témoignent de la forte pression
qu'exercent les hommes sur l'espèce en Afrique.
Au Togo, on estime à 1000 m3le volume
d'exportation de Milicia excelsaen 2003 (Dainou, 2012) et la
principale zone d'exploitationest le sud-ouest du pays. En effet les conditions
climatiques et écologiques de la région sont favorables à
son développement, cependant depuis quelques décennies la
modification de ces conditions climatiques et écologiques couplé
à l'action humaine entraine sa raréfaction. L'exploitation du
bois est l'une des grandes causes de la déforestation du
Litimé ;ce phénomène est accentué par l'usage
de la tronçonneuse qui met moins de tempsque la scie jadis
utilisée. Cette dégradation de l'iroko dans le Litimé
devient un phénomène inquiétant et mérite donc une
attention particulière. Quels sont les formes de pression anthropiques
sur l'espèce dans la plaine du Litimé ?
Les études de Berg, (1977) ont montré que
l'iroko a une large distribution sur le continent africain, allant de la
Guinée à l'Ethiopie et de l'Angolaau Zimbabwe. L'arbre atteint
une hauteur maximale de 45 à 50 m pour un diamètre de
l'ordre de 2,5 m.). Pour Kouwamé, (2005), la formation à
Terminalia superba et à Milicia excelsa occupe
essentiellement les plaines bien drainées et les collines centrales de
la plaine du Litimé, elle occupe aussi la plaine étroite qui
sépare le grand escarpement des monts Togo et le mont Ichi. Cette
formation se retrouve plus dans la strate arborée supérieure
d'une hauteur comprise entre 20 et 35 m avec un taux de recouvrement
estimé entre 15 à 30 % (Kouwamé, 2005). Les études
de Soussou, (2009) et Kouya, (2009) ont montré un recul important des
espèces ligneuses dans cette même plaine. Les plantations de
certaines espèces exotiques comme Tectona
grandiss'étendent aujourd'hui dans la plaine du Litimé. Il
estreconnu pour son pouvoir envahissant surtout quand les conditions
écologiques sont favorables comme celles de la plaine du Litimé.
Cela entraine ainsi la raréfaction des espèces locales à
bois d'oeuvre, en l'occurrence Milicia excelsa.Quel est le potentiel
de l'Iroko aujourd'hui dans la plaine du Litimé ?
Plusieurs facteurs concourent à la dégradation
de Milicia excelsa.En plus des défrichements culturaux et des
feux de végétation, l'extraction de bois d'oeuvre constitue un
puissant facteur de dégradation de Milicia excelsa dans le
sud-ouest du Togo (Kouya 2009). Restée entre les mains des exploitants
locaux, l'exploitation de l'iroko a toujours alimenté un marché
intérieur aux besoins croissants. Quant aux défrichements
culturaux et feux de végétation, ils détruisent plus les
jeunes plants. Le système traditionnel de mise en place des cultures
vivrières et de rente utilise encore les techniques
d'abattis-brûlis qui sont destructrices des essences, principalement les
jeunes pieds de Milicia excelsa. Autrefois, lorsque la durée de
la jachère était longue, les jeunes pieds se reconstituaient
très rapidement en quantité importante. Aujourd'hui, la
récurrence des feux de végétation agit sur la restauration
de l'iroko. Quelle est le niveau d'implication des principaux facteurs de
vulnérabilité du Miliciaexcelsa dans le
Litimé ?
Dans la plaine du Litimé, il existe plusieurs
espèces locales qui peuvent contribuer significativement à la
restauration des forêts. Cependant, les organes chargés de la
protection des ressources forestières dans la plaine du Litimé
n'encouragent que le reboisement des essences à croissance rapide au
détriment du Milicia excelsa qui est une espèce à
croissance lente et dont l'écologie, la sylviculture et la
capacité de régénération de l'espèce sont
mal connus. Mais face à une baisse drastique des essences locales suite
à un usage exagéré et à la forte demande des
espèces locales sur le marché du bois, les populations locales et
organes chargés de la protection de l'environnement essaient tant bien
que mal d'endiguerla vulnérabilité du Milicia excelsa.
Quelles sont les efforts entrepris pour une gestion durable du Milicia
excelsa dans le Litimé ?
Au regard de tout ce qui précède, la
présente étude répondra à toutes ces questions
évoquées plus haut pour une connaissance des différentes
menaces qui pèsent sur Milicia excelsa.
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