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Histoire du groupement de mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwanga de 1930-2019


par Alexandre Mukamba Mulungula
Institut supérieur pédagogique de Bukavu  - Graduat 2021
  

Disponible en mode multipage

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ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

INSTITUT SUPEURIEUR PEDAGOGIQUE DE BUKAVU

ISP/BUKAVU

B.P. 854/BUKAVU

SECTION DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

HISTOIRE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA DANS LA CHEFFERIE DE LUINDI EN TERRITOIRE DE MWENGA (1930-2019)

DEPARTEMENT D'HISTOIRE-SCIENCES SOCIALES, GESTION DU PATRIMOINE ET DEVELOPPEMENT

Par  MUKAMBA MULUNGULA Alexandre

Travail de fin de cycle présenté en vue de l'obtention du diplôme de Graduat en Pédagogie Appliquée.

Option :Histoire-Sciences Sociales, Gestion du Patrimoine et

Développement.

Directeur :ASSUMANI KILEMBWE Théodore

Chef de Travaux

Année Académique 2021-2022

IN MEMORIAM

Nous gardons une pensée pieuse de nos regrettés parents, père Mulungula Mwagalwa et mère Mazambi Namukondo Suzanne, qui nous ont quitté très tôt, alors que nous comptions encore beaucoup sur leur affection et leur soutien.

EPIGRAPHE

« Le propre de l'homme est de combattre par la loi, régulièrement, avec la loyauté et la fidélité. Le propre de la bête est de combattre par la force et la ruse. »

Nicolas Machiavel, Le Prince, Puf, 1532, Paris, année ?, P132 

Nous dédions ce travail à tous les membres de notre famille.

REMERCIEMENTS

Ce présent travail, est l'outil des plusieurs apports. Ainsi, nos remerciements les plus sincères s'adressent-ils :

A l'éternel notre Dieu pour l'amour, sa bonté, sa miséricorde, sa grâce et ses multiples bénédictions en notre faveur. « Deus caritas est, Dieu est amour ».

Nous rendons un hommage particulier au chef des travaux ASSUMANI Kilembwe Théodore qui a accepté de diriger ce travail malgré ses multiples charges et fonctions, son dévouement, son consentement, ses conseils et observation bien constrictifs et avisés ont été d'une valeur indéniable dans la réalisation de ce travail. Nous lui resterons à jamais reconnaissants.

Aux autorités académiques de l'ISP/BUKAVU, nous voyons directement respectivement la section de lettres et sciences humaineset le département d'histoire qui ont donnés de la saveur à notre être, nous en restons reconnaissant.

A vous mes frères, soeurs, Mutimanwa Mwagalwa Gentil Homme, Bulambo Mulungula Christophe, Kika Ishukwe, Milenge Zamukulu Héritier, Mbilizi Itongwa Réné, Benjamin Mulonda,Balolwa Mutekulwa Consolatrice, ...

Pour clore ce propos, nous saisissons de cette occasion pour remercier de tout coeur nos camarades et ami(e)s de lutte : Bahati Nakwana sylvain, Elias Mutimanwa, Samitamba Mutalwa Jacques, Ngama Faustin, Kasindi Byabele Pacifique, Bashibalera Dominique, Anita Mulonda, Tumusifu Lucienne, Ponga Shukrani Lucienne, Nathalie, Kito Milemba, Vérité Watuta, Bubala Héritier, Justin Kyanza, Milemba Matata, Pasteur Kulimushi Cihonde Laurent, Wilondja Zihalirhwa, Bahezile Mateso Eliote, Atuliya Dodo...pour leur esprit de collaboration ;

Que ceux qui ne sont pas cités ici nommément trouvent l'expression de notre sincère gratitude.

.

MUKAMBA MULUNGULA Alexandre

SIGLES ET ABREVIATIONS

AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la libération (du Congo/Zaïre)

AG : Administrateur Gestionnaire

APIDE : Appui aux Initiatives de Développement Intégré

AVSI : Associations des Volontaires de Service International

BP : Boite Postale

CAMPS/HIA  : Centre d'Assistance Médico-psychologique Hope in Action

CECA : Communauté des églises Chrétiennes en Afrique

CELPA : Communauté des Églises Libres de Pentecôte en Afrique

CEPAC : Communauté des Églises de Pentecôte en Afrique Centrale

CICR : Comité International de la Croix-Rouge

CT : Chef de Travaux

CUB : Centre Universitaire de Bukavu

Ed. : Edition

EP : École Primaire

IRC : International Rescue Committee

ISDR : Institut Supérieur de Développement Rural

ISP : Institut Supérieur Pédagogique

Km : Kilomètre

ZS : Zone de Santé

PUF : presse universitaire française

USK : Université Simon Kimbangu

CADHOM : Collection d'Action pour la défense de droit de l'homme

CAPAC : Cellule d'appuis politologique en Afrique centrale

DES : Diplôme d'étude supérieur

C.IJ : Cours international de justice

CTB : Coopération technique Belge

ONGD : Organisation non gouvernementale de développement

ONG : organisation non gouvernementale

P : Page

OPCIT : Opera citato

RCD : Rassemblement congolaise pour la démocratie

SPA : Sciences politiques et Administrative

PAM : Programme Alimentaire Mondial

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

NRC : Norvegian Refugians Concil

RN2 : Route Nationale Numéro Deux

INTRODUCTION GENERALE

Cette introduction générale présente le choix et l'intérêt du sujet, l'état de la question, la problématique et les hypothèses, la délimitation du sujet, la méthodologie utilisée et les sources, les difficultés rencontrées et la subdivision du travail.

CHOIX ET INTERET DU SUJET

Notre travail s'intitule « Histoire du groupement de Mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga (1930-2019) ». Le choix d'un sujet n'est pas un fait de hasard, il dépend de certains paramètres dont l'intérêt du sujet pour le chercheur, la disponibilité des sources et l'intérêt scientifique du chercheur. Les facteurs qui nous ont poussé à porter notre choix sur ce sujet sont surtout d'ordre scientifique et personnel. En effet, sur le plan scientifique, nous voulons apporter notre contribution à l'élaboration de l'histoire des entités politico-administratives de la République Démocratique du Congo, en général, et celle des Banyindu, en particulier.

En outre, sur le plan personnel, en notre qualité de natif du groupement de Mukangala, nous voulons apporter une lumière nécessaire à la connaissance de cette entité politico-administrative, car aucun travail scientifique à caractère historique n'y a jamais été consacré.

ETAT DE LA QUESTION

L'état de la question est définie comme une théorie de progrès scientifique qui n'est pas l'oeuvre d'un homme mais d'une quantité des gens qui réussissent, qui critiquent, qui ajoutent et élaguent1(*). Pour bien préciser notre sujet d'étude, nous avons d'abord exploité la littérature existante sur la chefferie de Lwindi, en général, et sur le groupement de Mukangala, en particulier. Ainsi, avons-nous exploité les travaux des auteurs suivants.

Ahadi Lukogo a étudié l'évolution sociale et économique de la chefferie de Luindi (1996-2015). Il a analysé comment la population ne cesse de se disperser vers d'autres régions à cause de divers facteurs dont les conflits de succession au pouvoir à la tête de la chefferie2(*).

Ambroise Bulambo Katambu a publié un ouvrage intitulé « Mourir au Kivu : du génocide tutsi aux massacres dans l'Est du Congo ». Il a étudié les massacres perpétrés par les forces armées zaïroises (FAZ) pendant les conflits interétatiques enclenchés en 1993, les massacres des réfugiées hutu rwandais par l'AFDL et les troupes du Rwanda, les massacres perpétrés par les miliciens Interahamwe depuis 1996, les crimes contre l'humanité imputables à l'AFDL et à ses alliés Rwandais depuis 1998 jusqu'en 2000. Il a souligné aussi que, depuis le déclanchement des hostilités en RD Congo en 1996, on a enregistré des violations massives des droits de l'homme que l'on peut qualifier, selon le cas, des crimes des guerres, des crimes contre l'humanité, voire des génocides. Toutes ces violations des droits de l'homme, bien qu'elles constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales, n'ont jamais été prises au sérieux par la communauté internationale. Elles sont restées anonymes ; sans nom malgré le fait que tous ces éléments constitutifs des crimes des guerres, des crimes contre l'humanité, des génocides soient réunis. Ainsi, vingt-deux mois après le déclanchement de la « deuxième libération », le 02 août 1998, l'on a dénombré plus d'un million de personnes massacrées, sans compter le massacre des réfugiés pendant la campagne de l'AFDL et de l'APR (1996-1997). Il dit enfin que, plus de cent massacres ont été systématiquement commis au Congo/Zaïre depuis 1996 jusqu'en 2001. Les plus connus sont : le massacre des réfugiés Hutu rwandais en 1996, de Bukavu et Goma en 1996-1997, de Kasika le 24 août 1998 et de Makobola en 19993(*).

Bob Kabamba et A. Muholongo Malumalu ont présenté un ouvrage intitulé « cadastre des infrastructures : problèmes et recommandations » où ils ont étudié cette chefferie dans plusieurs aspects pour essayer d'amener une solution à la crise conflictuelle de « bwami » et d'autres problèmes de cette chefferie. Ils ont aussi démontré les problèmes qui se posent dans cette entité suite au massacre d'août 1998 et aux guerres à répétition. Et ils ont proposé des recommandations aux autorités politico-administratives de la RDC dans le but d'améliorer la situation sociopolitique des habitants de cette entité4(*).

Chishugi Mastaki Trish, dans son mémoire de licence à l'ISDR/Bukavu intitulé «Application des mécanismes de la justice traditionnelle, une alternative pour la stabilité locale dans la chefferie de Luindi dans le territoire de Mwenga de 1998-2010 », explique la manière dont la justice traditionnelle maintenait la stabilité sociale où les différentes guerres ont eu des effets néfastes sur la vie sociale et le développement intégral de cette entité politico-administrative du territoire de Mwenga5(*). Pas clair, à compléter.

Miyali Mubeza Stanislas, dont le travail s'intitule «Histoire socio-politique de la chefferie de Luindi (1923-2007) », a exploré les origines des nyindu. Il s'est appesanti sur l'organisation sociale et politique de ceux-ci pendant les périodes coloniale et postcoloniale6(*).

Mubuto Kuzindamolo Wasolela a présenté, en 2003, un mémoire de licence intitulé « dynamique sociopolitique dans les collectivités-chefferies de Basile, Luindi et Wamuzimu de 1998 à 2003 ». Le contexte dans lequel il avait étudié la chefferie de Luindi a beaucoup changé. Son étude met plus l'accent sur l'aspect purement socio-politique. Les résultats de son travail ont montré que l'évolution de cette chefferie jalonnée de conflits, crises et résistances a eu des conséquences incalculables sur la population et sur l'entité elle-même. Le chef de la chefferie de Luindi fut assassiné dans un massacre indescriptible opéré par les forces de l'APR au compte du RCD/Goma dans sa juridiction7(*).

Mutiki Lutala Jonas a, dans son « Essai sur l'exercice du pouvoir politique chez les Banyindu dans la collectivité chefferie de Luindi en territoire de Mwenga (1976-1977), fait l'analyse de la succession au pouvoir dans la chefferie de Luindi8(*).

Mwavita Kishago montre, dans son mémoire de licence en Développement rural qui porte sur les effets des guerres sur l'environnement naturel de la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, comment les guerres qu'a connues la chefferie de Luindi ont détruit le tissu économique de cette entité. Et pour survivre, la population s'est livrée aux activités de fabrication de la braise et de la scierie jugées plus bénéfiques que celles de champs qualifiées de moins rentables par cette population meurtrie par les guerres9(*).

Wilondja Mwati a travaillé sur « les incidences socio-culturelles de la déscolarisation des jeunes filles âgées de 6 à 17 ans dans le groupement d'Ihanga en chefferie de Luindi (2006-2007) ». L'auteur analyse la problématique de la déscolarisation des filles, la dégradation des conditions de vie ayant entrainé la pauvreté qui a rongé toutes les bases sur lesquelles reposait l'éducation des enfants, en général, et celle des filles en, particulier10(*).

Zamukulu Milenge Héritier, dans son travail sur l'impact des massacres de Kasika sur le développement socio-politique dans la chefferie de Luindi (1998-2013), a démontré qu'avant ces massacres, le développement socio-politique de cette entité se manifestait par un pouvoir coutumier fort et stable, une production agricole forte accompagnée d'une main-d'oeuvre qualifiée, un système éducatif et sanitaire efficace et adapté et une politique gouvernementale stable et forte. Les conséquences socio-politiques des massacres sont l'affaiblissement du pouvoir coutumier, le dépeuplement de la chefferie, des pertes en vies humaines, la baisse de la production essentiellement agricole et commerciale, la dégradation du système éducatif et sanitaire, l'incendie des maisons, les pillages, l'abandon des activités champêtres, la désorganisation du tissu social, l'arrêt du fonctionnement du poste de santé de Kashindaba, le manque d'enseignants qualifiés dans les écoles secondaires, l'exode rural, la famine, la malnutrition, la sous-alimentation, la dégradation de coût de vie, l'insécurité alimentaire, la rareté des produits, les arrestations arbitraires et les accusations mutuelles, la fracture sociale et l'absence de la décentralisation du pouvoir. Bref, le sous-développement serait le principal effet de ces massacres11(*).

Par rapport aux travaux ci-haut présentés, le nôtre se distingue par le fait qu'il met l'accent sur l'histoire du groupement de Mukangala, l'une des entités politico-administratives qui composent la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga (1930-2019) ».

L'approche diachronique nous permettra de voir les permanences etles changements intervenus dans l'évolution de ce groupement au cours de cette longue période d'environ quatre-vingt-neuf ans. Notre objectif est d'apporter la lumière sur l'histoire de cette entité politico-administrative à travers les réponses données aux questions de notre problématique. Cela nous permet de jeter un pont entre le passé et l'avenir en transmettant aux générations futures les connaissances sur la manière dont a fonctionné ce groupement pendant la période sous étude.

PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

Larousse définit la problématique comme étant un problème ou un ensemble des problèmes un peu bien posés par une situation quelconque et auxquels il faut trouver une solution par la recherche12(*).

La problématique est encore définie comme l'ensemble des questions que se pose le chercheur avant d'entamer la recherche13(*).

La population de la chefferie de Luindi est globalement constituée des Nyindu et des Lega qui sont des peuples Bantu14(*). Les habitants ont traversé une longue période de paix et de concorde, de répugnance de la violence en s'attachant à leur culture pacifique et leurs valeurs culturelles éducationnelles. Malgré les difficultés que peut soulever l'étude de l'histoire du groupement de Mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga (1930-2019), il est possible de clarifier les origines, l'évolution et les difficultés qu'a connues ce groupement en tenant à répondre aux questions suivantes :

0. Quelles sont les origines du groupement de Mukangala ?

1. Quelle a été l'évolution de ce groupement, de 1930 à 2019 ?

2. Quelles sont les difficultés que ce groupement a connues et ses perceptives

HYPOTHESES

P. Rongere dit que l'hypothèse est comprise comme une proposition de réponse aux questions que l'on pose à propos de l'objet de la recherche formulée telle que l'observation et l'analyse puissent fournir une réponse15(*).

Loka-Ne-Kongo définit l'hypothèse de travail comme une proposition qui tente d'expliquer les problèmes posés à partir de l'observation : c'est une idée directe, une tentative d'explication des faits au début de la recherche destinée à orienter l'investigation et être maintenue d'après les résultats de l'analyse16(*). Elle est d'un rôle important comme guide dans le travail de recherche. Ainsi, avons-nous formulé les hypothèses ci-après au vu de la problématique posée ci-dessus.

1. Les origines du groupement de Mukangala sont à situer au cours de l'année 1912.

2. Ce groupement a connu, au cours de son histoire, une organisation administrative bien structurée et hiérarchisée de la base au sommet, du niveau des villages à celui du groupement. Son évolution a été marquée par des hauts et des bas, des défis liés à des conflits du pouvoir coutumier et fonciers.

3. Les difficultés que rencontre le groupement de Mukangala sont d'ordre économique, social, politique et culturel s'inscrivant dans les grandes lignes de celles de la chefferie de Luindi, mais avec quelques spécificités locales. Dans ses perspectives figure la gestion de conflits par les autorités compétentes en ramenant ensemble les deux parties protagonistes.

0.5. DELIMITATION DU SUJET

Tout travail d'Histoire doit être délimité au moins sur le plan temporel et spatial pour sa clarté et sa faisabilité.

0.5.1. DELIMITATION CHRONOLOGIQUE

Notre étude s'étend sur

la période allant de 1930 à 2019. L'année 1930, que nous avons considérée comme terminus a quo a été marquée par la création du groupement sous étude pendant la période coloniale et par sa reconnaissance officielle par le colonisateur. L'année 2019, prise pour terminus ad quem, est inscrite dans les annales politiques du groupement de Mukangala en ce sens qu'il a connu pour la première fois la visite d'un gouverneur de province du Sud-Kivu, en la personne de monsieur Théo Ngwabidje Kasi, pour la confirmation du premier cas en province de la maladie à virus d'Ebola détecté à Kasika.

0.5.2. DELIMITATION SPATIALE

Le groupement de Mukangala est situé dans la chefferie de Luindi, en territoire de Mwenga, à cent kilomètres du chef-lieu de la province du Sud-Kivu, sur la route nationale n° 2, Bukavu-Kamituga-Kindu, en République Démocratique du Congo.

0.6. METHODES, TECHNIQUES ET SOURCES

La valeur d'un travail scientifique tient à la qualité de la méthodologie et de sources utilisées.

0.5.1. METHODES

Nos seules connaissances, quelles qu'elles soient ne suffiraient pas pour produire un travail qui se veut scientifique. Nous avons dû, pour mener cette recherche à bon port, recourir à une méthodologie fondée sur les méthodes historique et comparative, les techniques et les sources.

La méthode historique

Elle est fondée sur l'évolution des faits et des phénomènes, des situations et des évènements avec ses deux approches : approche génétique et approche diachronique.

L'approche génétique explique les faits par leurs antécédents, leurs causes. Elle nous a permis de remonter aux mythes et légendes des origines de la population de Mukangala, aux causes de différentes guerres et rébellions vécues dans ce milieu. Cela nous a amené à établir la relation de causes à effets des réalités qui ont marqué l'histoire du groupement de Mukangala pendant la période sous étude17(*).

L'approche diachronique consiste à situer les faits et les évènements dans leur évolution dans le temps en tenant compte de l'environnement et de la conjoncture dans lesquels ces faits se sont passés. Elle dégage les changements et les permanences dans le cheminement des faits étudiés. Elle nous a aidé à appréhender l'évolution de l'organisation et du fonctionnement du groupement de Mukangala sur tous les plans, politique, économique, social et culturel.

A. La méthode comparative

Pendant la description et l'analyse des faits, la méthode comparative nous a aidé à les confronter pour dégager les ressemblances et les différences. Nous avons comparé l'histoire des habitants de Mukangala sous la colonisation à celle de la période postcoloniale.

0.5.2. TECHNIQUES

La technique de recherche constitue l'ensemble d'instruments (moyens matériels) que le chercheur utilise pour conduire ses investigations. Pour réaliser ce travail, nous avons utilisé deux types des techniques : techniques documentaires et techniques vivantes.

Les techniques documentaires nous ont aidé dans l'exploitation des documents écrits dont les ouvrages, les documents d'archives, les mémoires et TFC, les articles et même les notes de cours.

Les techniques vivantes ont consisté en des interviews avec nos informateurs. Elles nous ont permis de recueillir les données orales pour compléter et nuancer les renseignements tirés des documents écrits.

0.5.3. SOURCES UTILISEES

Nous avons utilisé trois types des sources : les sources orales, les sources écrites et les sources numériques ou en soft.

S'agissant des sources orales, nous avons interrogé plusieurs informateurs censés connaître l'histoire du groupement de Mukangala. Il s'agit du chef de groupement, du chef intérimaire, des notables et autres sages de Mukangala, des intellectuels ainsi que des paysans. Pour ce faire, nous avons dû sillonner le groupement de Mukangala et la chefferie de Luindi.

Quant aux sources écrites, nous avons parcouru des ouvrages, des documents d'archives, des travaux scientifiques, des revues et des notes de cours en rapport avec notre sujet de recherche18(*).

0.7. DIFFICULTES RENCONTREES

Toute recherche scientifique rencontre nécessairement certains obstacles qui, dans certains cas, peuvent handicaper sa réalisation. En ce qui nous concerne, nous avons connu quelques difficultés dont les plus importantes sont :

- La résistance de certaines personnes à répondre à nos questions ;

- L'insuffisance de documents ayant trait à l'objet de notre recherche dans les bibliothèques de la place ainsi qu'au Ministère provincial de l'Intérieur.

Pour contourner ces difficultés et dans le souci d'obtenir les renseignements suffisants, nous avons usé de la patience, de la persévérance, de la négociation avec nos enquêtés et de la complémentarité des sources utilisées.

0.8. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Ce travail comporte quatre chapitres avec une introduction et une conclusion générales. Le premier chapitre porte sur les origines du groupement de Mukangala. Le second chapitre est consacré à l'organisation du groupement de Mukangala. Le troisième chapitre examine le

CHAPITRE PREMIER. ORIGINES DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Dans ce chapitre, nous allons présenter le milieu physique, car il a fort influencé la mentalité des Nyindu. Ensuite, nous allons essayer d'émettre quelques hypothèses sur l'origine politique traditionnelle de Nyindu, Bahofa et la définition des concepts.

I.1. PRESENTATION PHYSIQUE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

La présentation du groupement de Mukangala porte sur sa situation géographique, son relief, son climat, la nature de son sol, son hydrographie et sa végétation.

I.1.1. Situation géographique

Le groupement de Mukangala est l'un de huit groupements ruraux qui forment la chefferie de Luindi et dont le chef-lieu porte le nom de Muhimbili. Sur la carte géographique de la République Démocratique du Congo, il est situé à l'Est dans la province du Sud-Kivu, territoire de Mwenga, chefferie de Luindi. Il occupe une superficie de 109 km² sur l'étendue de la chefferie de Luindi. Il renferme une population de 12652 habitants, soit une densité de 116habitants/km².

Il est limité :

- Au Nord, par la rivière Zokwe qui le sépare avec le groupement d'Ihanga ;

- Au Sud, par la rivière Nakachocho qui le sépare avec le groupement de Kiomvu ;

- A l'Est, par la rivière Nalumbalanga qui forme une limite naturelle avec le groupement de Kigogo ;

- A l'Ouest, par l'affluent du fleuve Congo, la rivière Ulindi qui le sépare avec la chefferie de Basile par le groupement de Balobola19(*).

- *

CARTE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

I.1.2. Relief

Le groupement de Mukangala est une région particulièrement montagneuse. Son relief très accidenté présente des altitudes fortes élevées dépassant 1000 m. Les points culminants sont : Mukangala, Nakitundu et Karangiro. Nakitundu est la plus élevée montagne du territoire de Mwenga avec une altitude de 1500m.

I.1.3. Climat

Le groupement de Mukangala jouit d'un climat de montagne caractérisé par deux saisons : l'une pluvieuse et longue variant entre 8 et 10mois dans les régions forestières (Kashaka, Kwapinga, Mulamba, Kalengesha, Ndola et Mushinga). Et l'autre sèche est très courte de 4 à 2 mois dans les régions savanes (Muhimbili, Kidasa, Mukasa, Kahulile et Kikombe).

I.1.4. Végétation

La végétation du groupement de Mukangala est essentiellement des deux types : la forêt et la savane. A par la forêt et la savane, il est aussi couvert d'une végétation des bambous qui poussent dans la localité Kasika /village de de Matambilunga.

I.1.5. Sol et sous-sol

Le sol du groupement de Mukangala est volcanique, un sol dérivé des roches granitiques et le sol des plaines alluviales enrichis par les alluvions dans les vallées de cours d'eau. Pour les peuples riverains, ces sols leur offrent des avantages pour l'agriculture, surtout pour les cultures maraîchères et vivrières. Dans cette entité, on trouve certains minerais comme la cassitérite et l'or.

I.1.6.Hydrographie

L'hydrographie du groupement de Mukangala est dominée par des rivières dont les plus importantes en débit sont Ulindi, Zokwe, Lumetekelo, Nalumbalanga. La rivière Ulindi possède deux chutes exploitables pour l'installation des centrales hydro-électriques. Ce groupement possède également des étangs piscicoles.

I.2. SITUATION DEMOGRAPHIQUE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Ce point aborde la composition de la population, l'habitat, les origines et la mise en place de la population du groupement sous étude.

I.2.1. Population

La façon dont le groupement de Mukangala est peuplé n'est pas différente de celle d'autres groupements tels Kalambi, Kilimbwe, Kigogo, Ihanga, Ilowe, Irangi et Kiomvu dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga. Ainsi, ce groupement est essentiellement habité par les ethnies Nyindu (majoritaire) et Lega.

Tableau n°1. Evolution de la population de Mukangala (1930- 2019)

Année

Habitants

01

1930

5235

02

1940

6653

03

1950

8675

04

1960

9782

05

1970

10103

06

1980

11301

07

1990

11953

08

2000

853

09

2010

7672

10

2019

12652

Source :rapport annuel de la population de groupement de mukangala

Commentaire :cette population a connue des différentes variations face aux circonstances qui a eu la chefferie de Lwindi en générale et le groupement de Mukangala en particulier notamment la guerre de la RCD qui a favorisé le massacre de kasika du 24 Août 1998.

Partant de ce tableau, nous constatons que la population du groupement de Mukangala n'a été multipliée que par 2,4 en 89 ans, en passant de 5 235 habitants en 1930 à 12 652 âmes en 2019. Cette croissance démographique lente s'explique surtout par le dépeuplement que ce groupement a connu au cours des années 1998 à 2005, à cause des guerres à répétition, des massacres du 23 au 24 Août 1998, des déplacements de la population vers les entités voisines plus ou moins sécurisées et l'exode rural.

I.2.2. Habitat

Pour Sauvet T., dans le dictionnaire économique et social, « le logement est en fait le phénomène social numéro un selon lequel on détermine le niveau de vie des individus. Un mauvais logement est la source de beaucoup de maux, sa réalisation est liée à de nombreux facteurs économiques et sociaux »20(*).

Ainsi donc, ce groupement connait plusieurs types de maisons à savoir : maisons en planches, en briques cuites dont la plupart ont été construites par les colons belges et les missionnaires des églises chrétiennes, et les huttes qui tendent à disparaitre.

I.2.3. Origines et mise en place des habitants de Mukangala

Dans ce point, nous expliquons les origines des Nyindu, leurs migrations et leur installation dans la chefferie de Luindi, en général, et dans le groupement de Mukangala, en particulier. Luindi est une chefferie habitée par l'ethnie nyindu semi-bantu originaire de la cuvette centrale depuis le 14e siècle, selon les sources orales. Les Nyindu ont d'abord résidé à Mukuju Naho qui est leur premier site entre Kamituga et Mwenga. Ensuite, ils se dirigèrent à Kangele (une roche de Rubumba ou Lubumba) au bord de la rivière Lushiingi (Ulindi) où vivait un certain Muga, un homme très fort et d'origine bantu. Les Nyindu comptent cinq clans anciens descendants de Muga Mabondo Muhona Kalungu. Il s'agit de clans : Batumba, Babulizi, Bashimbi, Banyamuganga et Balambo, Les autres clans sont venus les rejoindre plus tard, comme celui des Mbula.

La chefferie de Luindi est localisée dans le Territoire de Mwenga au Sud-Kivu en République démocratique du Congo. Elle est composée de 8 Groupements: Kilimbwe, Kigogo, Ilowe, Mukangala, Kihomvu, Kalambi, Ihanga et Irangi. Cette Chefferie était dirigée par un monarque qui porte le titre de « Mwami Naluindi Kinyabami », de la dynastie dont découleraient celles d'autres royaumes du Kivu. Cette appellation vient du nom d'un « muntu » nommé Kanyindu qui aurait anciennement vécu dans la cuvette centrale, selon les écrits de Mumbe Kapingi21(*). Kanyindu serait le père de Muga Mabondo Muhona Kalungu qui aurait émigré en suivant le cours du fleuve Congo. Avant l'arrivée des Blancs, Naluindi dirigeait tout le royaume de Banyindu dans l'actuelle province du Sud-Kivu. Son royaume s'étendait à partir de Kilungudwe en chefferie de Burhinyi jusqu'à Mukuju chez le chef Lubemba-wamuzimu de Kitutu dans l'actuelle chefferie des Wamuzimu, toujours en territoire de Mwenga22(*).

I.2.4. ORGANISATION DES NYINDU

Dans ce point, nous analysons brièvement l'organisation politique, économique et socio-culturelle des Nyindu de la chefferie de Luindi.

ORGANISATION POLITIQUE DES NYINDU

Le pouvoir royal de Luindi est à la fois monarchique et initiatique. Il remonte aux temps très anciens dans des mythes et légendes qui tissent ses origines.

A.1. Origines de la royauté de Luindi

A la tête du royaume de Lwindi, la succession se fait du père au fils. Le royaume aurait été fondé, selon la tradition orale, par « Data wa Nyabatwa » venu de Mukuju en allant à Kalungu pour rendre visite à un certain Nakabumbano. Ce dernier lui céda, sous la pluie, son trône royal. En ce moment-là, Data wa Nyabatwa se proclama roi en disant : « Nyi'tolera bwani bwami », ce qui veut dire littéralement : « J'ai ramassé mon royaume ». Ce fut l'origine du royaume des Batumba de Luindi, aux environs de l'an 1620 ap.J.C. Ceux qui nomment les rois de Luindi sont les Benenamishungwe kalazambango, une petite lignée des Bashimbi de Luindi. Ils peuvent être aidés par les Banyamuganga, gardiens des insignes du pouvoir. Ceux-ci portent le titre de « Bagingi » en kinyindu, qui veut dire sages en français.

A.2. Les insignes du pouvoir monarchique de Luindi

L'un des insignes du pouvoir royal à Luindi est « l'Ishungwe » : la calotte ou chapeau fabriqué à partir de la peau de léopard ou de lion dans lequel on incruste un os de chaque ancien roi décédé, des os des animaux très dangereux comme le lion, le gorille et le léopard. Ce chapeau n'est pas porté au hasard, car il représente les anciens chefs morts comme chefs du gouvernement de Luindi, leurs couronnes du royaume. Ce chapeau était seulement porté par les Batambu ou chefs de groupements et le mwami ou roi. Chez les Nyindu, si le roi meurt, la famille régnante des Batumba choisit celui qui mérite de remplacer le roi défunt, en fait rapport à Nabulizi qui est l'ainé de la tribu et à Nashimbi pour solliciter leur accord quant à ce.

A.3. Les dignitaires du royaume de Luindi

Les dignitaires et détenteurs du pouvoir politique dans la chefferie de Luindi sont :

1° « Mutambo » : chef coutumier, chef de groupement ;

2° « Mugula » : chef de localité, notable ;

3° « Changalume » : militaire ou policier ;

4° « Mwambali Wa Mwami » : garde du corps du roi ou valet du mwami ;

Tableau n°2. Entités administratives de la chefferie de Luindi

Groupements

Habitants

Nom du Chef

Clan régnant

Autres clans du groupement

Localités

1

Kalambi

7.645

Itongwa Kasuli Nakalambi

Batumba

Bagezi, Balambo, Bashitabyale, Basele et Bashimwenda

Kakangala, Itumba, Kalimoto et kalambi

02

Kigogo

6.645

Baguma Mwati Kigogo

Benemutalwa

Bashinda, Balambo, Balande, Balizi, Basimbi et Batwa.

Muhuzi, Kashindaba, Kadete, Ishungwe, Kadita et Muhembeje

M

Kilimbwe

3.561

Kabumbanyungu Lusenda

Balande

Babulinzi, Balambo, Balimbizi, Bamulinda et Batwa

Kilimbwe, Matembu, Ishongo, Katembu et Kisogo

04

Kiomvu

3.090

Kisongo Gaston

Bakyoka

Balobola, Batumba, Bakyoka, Bagezi et Balimbizi

Kiomvu, Ngenga, Lutambi etKalimoto

05

Ihanga

2.922

Pierre MULINDWA

Bahofa

Batumba, Bashi, Babulinzi, Bahofa et Bawanda

Lukunga, Butongo, Nyakalenge, Kangola, Chowe, Misela, Kibuti et Malangi

06

Irangi

5.868

Nyirangi Bulambo Palambibo

Banyamuganga

Bagezi, Bakyoka, Batumba, Banamuganga et Bashimwenda

Kataraka, Ilolo, Ngole, Kabukimba, Kitale, Ilibo et Mulole

07

Ilowe

1.183

Mulamba Mulate Kilande

Balande

Balambo, Balande, Bashinda, Banamuganga et Bamulinda

Ilowe I , Ilowe II, Nyabaleke et Kishele

08

Mukangala

12.652

Mwenebatende Nabuhombya Joseph

Bahofa

Batumba, Balande, Basimbi, Banamuganga, Babulinji, Basele, Bamulinda et Bahofa

Kasika, Pinga, Mulamba (Kalizi), Kipinda, Muhimbili, Pinga, Mushinga, Kalemba, Kuhulile, Ngendje et Ilemba.

TOTAL

43.566

 
 
 
 

Source : Archives administratives de la chefferie de Luindi,rapport annuel de la chefferie de lwindi , 2019, pp.7-12.

Commentaire : ce tableau établi les différentes entités administratives de la chefferie de Luindi, ainsi que ses responsables.

A.4. Les maisons royales de Luindi

Les maisons importantes dans l'enclos du roi de Luindi sont : « Ngombe, Isengero; Luhero, Kajumiro ».

a. « Ngombe » : une case où tout le monde arrive, même les enfants et les femmes.

b. « Isengero »: la maison des délégués du roi et les chefs de groupements pour donner leurs rapports relatifs à leur mission.

c. « Luhero » : le logement de visiteurs amis du roi et des batambo ou chefs de groupements.

d. « Kajumiro » : la maison dans laquelle on vêtit le roi (Mwami) et dans laquelle sont entreposés tous les matériels du mwami. Personne n'entrait dans cette maison au hasard, sauf le roi et les Bagingi, les sages, qui l'ont habillé. Aussi, les Banyamuganga et les Bashimbi étaient admis d'y entrer.

Le royaume ne donne pas l'héritage à la femme. La succession est donc du Père au fils. D'où, si le roi meurt sans laisser l'enfant, on recourtdans une autre famille de la même lignée royale pour nommer l'autre Roi.

e. « Namushembe, Lushembe » :

- « Namushembe » : c'est un collier portant la coquille d'un grand escargot.

- « Lushembe » : ce sont des boules tissées et sur lesquelles sont dessinées plusieurs images du roi.

Les entités administratives ont des noms spécifiques dans le parler et la culture des Nyindu. Il s'agit principalement de :

- « Kaya » : village local ;

- « Twaya » : groupement ;

- « Kihugo » : chefferie, territoire, province ou pays ;

- « Kibhaja » : continent ou monde.

ORGANISATION SOCIALE

Sur le plan social, les Nyindu sont organisés en familles et en clans qui constituent leur ethnie. Ils ont une culture composite compte tenu de la position de leur chefferie au carrefour de différentes cultures auxquelles ils ont fait d'importants emprunts : les Lega, les Shi, les Fuliru et les Bembe.

B.1. Généalogie des clans nyindu

Les clans nyindu trouvent leur origine dans l'ancêtre commun Muga Mabondo Muhona Kalungu qui aurait mis au monde cinq enfants:

- Ndanga Shenondo, ancêtre du clan de Balizi ;

- Kalungu, ascendant du clan de Bashimbi ;

- Nabatwa, qui est à la base du clan de Batumba ;

- Ngondwe, qui a formé le clan de Banyamuganga ;

- Bulambo, ancêtre du clan de Balambo23(*).

B.2. Toponymie et anthroponymie chez les Nyindu

La toponymie est aussi bien fournie chez les Nyindu. Ainsi, par exemple, nomme-t-on les quatre points cardinaux en Kinyindu : « Ishere » : Est, « Indija » : Ouest, « Ikagere »: Nord et « Imashaje » : Sud.

Quant à l'anthroponymie, les jumeaux chez les Nyindu sont désignés par les mots suivants :

- Ceux du sexe masculin : « Shonga » pour le premier-né et « Mughaja », pour le puis-né.

- Les jumelles sont appelées « Ngungwa », pour l'aînée et « Nakito », la puis-née.

Celui qui précède les jumeaux est appelé « Kabika ». Les enfants suivent les jumeaux sont nommés : « Mbirize », homme ou femme né directement après les jumeaux ou les jumelles. Et « Mulonda » est celui ou celle qui vient après Mbirize. Les enfants qui précèdent les jumeaux sont appelés : « Katambu », pour le premier-né et « Kabika » pour le second.

Le père des jumeaux est appelé « Muhasha ». Celui qui met au monde les jumeaux deux fois est nommé « Kishali », et la femme « Nyihasha ».

La naissance des jumeaux était entourée d'un mythe et de rites. Quand une femme mettait au monde des jumeaux, elle devrait passer une semaine sans se faire voir à l'extérieur. Les membres de deux familles exécutaient des danses traditionnelles et la ravitaillaient en nourriture. On en informait aussi les autorités administratives comme le mwami, le chef de groupement et le chef de localité. Après trois mois, la sortie des jumeaux se faisait par la célébration d'une grande fête accompagnée d'offrandes. La mère des jumeaux se couvrait de la peau du chacal (musimba) et se coiffait d'un chapeau fait de plumes de l'aigle (nyuunda). Le jour de cette célébration, on offrait également des cadeaux aux jumeaux, après les avoir bien vêtus.

Celui qui désobéit aux normes et coutumes légués par les anciens était sévèrement puni. On mettait sur lui un signe dit `'Shuluuliro`'. Si quelqu'un commettait une faute grave, il devrait être pris et emballé dans les feuilles sèches de bananier pour qu'il soit brûlé vif. Pour s'encourager au travail, les Nyindu utilisaient le terme « Mwakolesa » qui veut dire : courage. La réponse est : « Bâ-ho » qui signifie `'vive''.

B.3. Mariage coutumier chez les Nyindu

Pour contracter le mariage, la coutume des Nyindu exigeait au jeune époux de verser comme dot trois catégories de chèvres réparties comme suit :

- « Mbene y' u muhoho », la chèvre consacrée pour supplier la belle famille ;

- « Mbene y'u musiingiro », plusieurs chèvres consacrées à la dot ;

- « Mbene y'u mokyo », la chèvre que les parents vont manger.

« Mbene » en kinyindu signifie une chèvre. En outre, les Nyindu donnaient une autre valeur dotale en métal appelé `'Izingi'', un rouleau de métal qui coûtait très cher.

Les Nyindu utilisaient plusieurs biens de valeur comme dot. Il s'agit notamment de:

- « Iziingi » : Ce que portaient les femmes comme anneaux sur leurs jambes ;

- « Kihiga » : du sel emballé dans des feuilles sèches de bananier (bibamba) ;

- « Tulanga » (perles) : utilisé par le roi et les femmes honorées comme chainette et par les « Nyihasha » (mamans qui ont mis au monde les jumeaux) ;

- «Kikonda » : vin d'honneur que les Nyindu apportaient pour accompagner la dot ;

- « Kugokera » : la réalisation du mariage et que personne ne pouvait plus venir causer la rupture de ce que vous avez fixés comme alliance ;

- « Iziingi » (rouleau de métal doré), Kihiga (sel), mbene (chèvre) et Kalanga (perle) constituent l'essentiel de la valeur dotale (kikonda) chez les Nyindu. Tandis que « Kugokera » consiste à finaliser ou clôturer le mariage en versants les biens supplémentaires.

Pour un handicapé physique, la coutume nyindu prévoit qu'Il puisse obtenir gratuitement une femme chez son oncle maternel.

Avec l'avènement du christianisme, avant que le mariage ne soit consommé, il doit d'abord être béni à l'église. Mais, avant tout, il faut doter et conclure l'alliance entre les deux familles. Celles-ci conviennent de la date de noces. Ce jour- là, on emmène la fille en présence de deux familles. La famille du jeune époux reçoit la jeune épouse de mains de sa mère pendant que l'assistance exécute des danses, mange et prend de la bière. Le soir, les vieilles femmes vérifient si la fille est encore vierge. Si elle ne l'est plus, les convives ne peuvent pas manger là-bas. Même les parents du jeune époux ne doivent pas manger la nourriture qu'apportera la famille de leur belle-fille.

Le `'Kihaango `' est le pacte de sang utilisé pour lier les gens de jadis dans la culture Nyindu, car les conflits et la haine étaient récurrents. Le pacte de sang entraînait la mort du traître, car celui-ci était considéré comme ayant péché contre la personne avec qui ils ont fait le pacte mais aussi contre la famille toute entière. Même si les membres de sa famille n'étaient pas présents au moment du pacte de sang, ils étaient toujours victimes de conséquences de cet abus.

ORGANISATION CULTURELLE DES NYINDU

Les Nyindu ne connaissaient pas l'initiation des jeunes garçons par « Kimbilikiti ». Ce sont les Lega qui leur ont appris ce type d'initiation et ce pouvoir coutumier utilisé pour diriger et éduquer les jeunes garçons dans le but de marquer le passage à l'âge adulte. Selon la coutume lega, ce rite initiatique est organisé par les gardiens coutumiers appellés Bami, porteurs d'une calotte appelée «Kikumbu ». On les appelle « bami ba kikumbu », c'est-à-dire des autorités morales et coutumières coiffés des calottes faites des peaux d'animaux, gardiens de la coutume et protecteurs de l'ordre public. Si quelqu'un se bat avec sa femme, par exemple, ce sont eux qui le jugent. Mais ce que les Nyindu connaissaient depuis lors c'était le « bwami bwa Mukwendekwende ». Pour les Nyindu, leur héros initiatique « Mukwendekwende » de Luindi est plus grand que Kimbilikiti de Lega. Seul le mwami porte le « Lushembe » qui le différentie des chefs de groupements qui portent « l'Ishungwe ». Le « Lushembe » n'appartient qu'au mwami chez les Batumba. Le chapeau royal des Nyindu est fabriqué à base de la peau de l'animal appelé « Kidasi ». Sur cette couronne, on fixe «l'Ishungwe », symbole du pouvoir royal. L'animal précité vit dans les cavernes que les Nyindu appellent «Lwaala». Après, on tisse sur la couronne royale un bourrelet de chainette appelé « Lushembe », symbole du pouvoir de gouverner. Selon la coutume nyindu, si le père meurt, c'est son fils ainé qui est son héritier. Si l'aîné était décédé avant son père ou s'il présente certaines incapacités, c'est le fils cadet qui hérite et donc sera le répondant numéro 1 de la famille. Toutefois, même si l'aîné est l'héritier de la famille, il est appelé à gérer en connivence avec le cadet.

Lors des cérémonies d'héritage, l'aîné reçoit la lance et la machette, le bracelet ou « Lugolo » et le sac traditionnel (musange). On doit l'habiller avec respect devant toute la famille. Le cadet étant vêtu, on le montre à toute la famille et on lui donne la responsabilité sur tous les biens et la richesse que son père a laissée. S'il y a d'autres biens comme des chèvres ou des vaches, la famille les partage à tous les enfants24(*).

CONSIDERATIONS SOCIOLINGUISTIQUES

Le kinyindu est un parler bantu. Selon Musombwa Ivuzi Michel, il s'agit d'une langue en tons, et il n'y est pas facile de prononcer un mot correctement sans recourir à un ton approprié. C'est ce ton qui confère le sens au mot. La montée ou la chute de la voix dans la parole affecte le sens de ce qui est dit25(*). La disparition progressive du Kinyindu est due au fait que la plupart des Nyindu se camouflent et ne veulent pas parler leur langue devant les membres d'autres ethnies. Par ailleurs une certaine confusion plane sur la véritable identité nyindu, dans leurs esprits, et même dans ceux de certains chercheurs. A titre d'illustration, les Nyindu ont été omis sur bien des sites qui, pourtant, se veulent mentionner toutes les ethnies africaines ou congolaises. C'est le cas du site ezakwantu.com qui mentionne à la date d'aujourd'hui plus de 7400 tribus parmi lesquelles les Nyindu ne figurent pas. En outre, il en est de même du site Wikipédia qui contient une liste de groupes ethniques d'Afrique26(*).

Cependant, le parler kinyindu véhicule une importante sagesse et une culture très riche. A titre illustratif, nous reprenons ci-dessous quelques proverbes en kinyindu et leurs explications.

0. « Ake'ba muguma ili anyali mugumaana.»

Littéralement, cela veut dire : « Il peut être seul, mais en bonne santé ». Ce qui signifie que la force d'un groupe ne tient pas au nombrede ses membres, mais plutôt à sa viabilité.

1. « Bugale ho bwaanga kuziindana butakutaangé.»

Littéralement, ce proverbe se traduit par : « La richesse, il est bon qu'elle vous arrive à la fin, au lieu qu'elle vous arrive au début ». La signification en est qu'il est préférable de finir dans l'abondance que de commencer avec elle et finir dans la misère.

2. «Utali'ho atakeshuuli'ngungujiba.»

Littéralement, cet adage s'explique par :«Celui qui n'est pas présent, son piège n'attrape pas la géante colombe». Le sens profond de ce proverbe est : Si vous travaillez avec un homme malhonnête, à votre absence, il privilégiera ses intérêts au détriment des vôtres. On l'illustre, par exemple, par l'achat de deux vaches ; l'ami malhonnête s'appropriera la plus grasse vache et vous laissera la chétive.

3. « Ugaheera luungu, ataheera luguma »

Littéralement, cela signifie : « Quand on fait du bien, il ne faut pas choisir à qui le faire, car on ne connait pas toujours celui qui pourra être utile dans l'avenir». En effet, celui qui fait du bien ne doit pas discriminer les gens. On peut, par exemple, favoriser ses enfants et ne rien obtenir d'eux en retour. Jean de la Fontaine n'a-t-il pas dit dans son texte intitulé « le cerf à la fontaine » : « Ce qu'on méprise se montre souvent plus utile que ce qu'on vante » 

I.3. CREATION DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Parler de la création du groupement de Mukangala nous amène à examiner les origines du clan régnant, celui des Bahofa, et la création proprement dite du groupement pendant la période coloniale.

I.3.1. Origines des Bahofa

Selon la tradition orale, qui n'en donne qu'une seule version, les Bahofa seraient venus de Kitutu, chez les Bakute de la famille de Lubemba. Ils auraient suivi le chemin menant vers Luhwinja à la recherche de la sécurité, car les Bahofa s'étaient disputés à Kitutu avec les Bakute. Ceux-ci formaient des groupes composés des véritables guerriers qui étaient de plus en plus sollicités pour des renforts. Après un temps passé à Luhwinja, ils jugèrent bon de rentrer chez eux à Kitutu. En cours de route, les Bahofa firent une esclave à Lwindi où ils avaient été attirés par le milieu et avaient décidé de s'installer à trois endroits différents, à savoir : Ngendje, Kanenge et Ilemba. Pendant ce temps, le chef du groupe Bahofa soutenait fort le mwami de Luindi. Il lui soigna sa plaie dite incurable et guérit son fils qui souffrait de l'épilepsie pendant plusieurs années. Il a aussi combattu énergiquement du côté du mwami et arracha beaucoup de victoires en sa faveur. Devant cette campagne victorieuse remportée grâce à son ami guerrier, le mwami sollicita encore Bahofa de combattre Muhindo qui occupait illégalement Ihanga et Mukangala. A l'issue de la bataille, cette entité revint à Lisasu Lubula grand frère de Bahofa, et Ihanga échut à Bahofa en guise de récompense pour la victoire gagnée27(*).

I.4. Origines des Lega : Bunyoro28(*)

Les historiens affirment que les Bantu avaient fui la désertification du Sahara vers le deuxième millénaire avant notre ère. Dans cette fuite, ils ont pris deux directions :

Une tranche s'est dirigée vers le Sud-ouest du Sahara et a atteint la région de Bénoué (NOK). C'est elle qui forma le noyau bantu occidental. Une autre tranche s'est orientée vers Sud-est du Sahara et a abouti au Nil moyen (Kouch). Elle aurait formé dans le Bunyoro le noyau bantu oriental. Les Lega auraient appartenu à ce groupe.

Nous considérons donc Bunyoro comme le milieu originel des Lega pour deux raisons. D'une part, parce que c'est à partir de ce site que le non Lega serait attribué à un petit groupe qui, plus tard, désignera toute une tribu. D'autre part, parce que c'est le premier noyau des Lega. Le Bunyoro s'étendait entre le lac Albert à l'Ouest et l'Ouganda à l'Est, le fleuve Nil et le lac victoria au Nord, et le royaume de Toro au Sud.

C'est une région très favorable, par la nature, à cause de son sol volcanique assez bien arrosé permettant une bonne culture des bananes. Cette fertilité de sol peut justifier l'installation des Bantu dans cette région. L'installation des Bantu dans le Bunyoro n'est pas définitive suite aux attaques extérieures des Selluk et Dinka ; une grande partie de la population bantu parmi laquelle les Lega, quitte la région et se lance à la quête de nouveaux territoires. Ceci est affirmé par Lybeth en ces termes : « Au XVe siècle sous la poussée des Silluk et Dinka, les bantu de l'entre Albert-Victoria se mettent en route par la tracée de Ruwenzori. Ils forment les groupes Bakumu et Warega »29(*).

Causes des migrations des Lega

Sans entrer en détail, nous citons à titre d'exemple, les causes principales de migrations lega.

a) Opposition entre membres de la famille ou opposition ainé-cadet.

Elle met aux prises les enfants d'une même famille, c'est-à-dire l'ainé et cadet. Elle résulte surtout du conflit de pouvoir. Des fois, il arrive qu'après la mort du père, le cadet ne veut pas accepter l'autorité de l'ainé. Il s'oppose à lui et veut même le dominer. Devant cette situation, l'opinion publique peut être partagée. Les uns soutiennent l'ainé, les autres le cadet. A cause de son pouvoir légitime, si le père ne l'avait pas déshérité, l'ainé peut avoir beaucoup de partisans. Le contraire peut être aussi et cela compte tenu des qualités du cadet : sagesse et justice. Dans tous les cas, l'un parvient après tout à s'imposer sur l'autre. Le vaincu est souvent obligé de quitter le pays, il va fonder avec son groupe un nouveau village. Toutefois, ils se reconnaissent comme des frères et entretiennent parfois de bonnes relations. Le cas des Bashikumbilwa et des Bashimwenda en territoire de Mwenga. Comme nous venons de le voir, l'opposition ainé-cadet peut provoquer la scission d'un groupe.

b) Opposition intra-groupe30(*)

Elle n'est autre chose que le conflit qui éclate à la l'intérieur d'un même groupe opposant les jeunes et les vieux. Parlant de ce genre d'opposition, Darcet écrit : « Les générations actuelles ne veulent pas obéir aux lois mises en place par les hommes de vieilles générations dans une société qui n'évolue pas beaucoup pendant toute la vie »31(*).

Dans les sociétés dites traditionnelles, l'homme n'est jamais isolé ; il passe sa vie dans une unité sociale ayant ses us et coutumes. Ceux-ci constituent le fil conducteur de l'unité sociale ; tout membre est obligé de les observer pour la bonne marche du groupe. Leur violation doit être sévèrement punie par la société. Parfois, l'individu quittait avant que des mesures du groupe ne soient prises. Roger Sendegeye aborde dans le même sens en affirmant : « la non obéissance aux lois étai sévèrement sanctionnée des menaces de calamités sur le milieu social. Certains gens ou des familles entières partent avant que le poids des sanctions ne pèse sur elles. »

Et Mulungbati d'ajouter : «  un exemple si intéressant peut illustrer nos propos sur la scène qui s'est passé à Mawe. Il s'agit d'un homme répondant au nom de Kitunde Mukambilwa qui était tombé amoureux de sa belle-soeur », l'épouse de son petit frère. Etant donné qu'il ne pouvait pas le lui dire, il garda ce sentiment à coeur tout en préparant son coup. Un jour aux environs de dix heures, Kitunde s'était rendu au champ où sa « belle-soeur » était seule. Là, il fit appel à l'épouse de son petit frère qui vint, car elle ne n'attendait pas à l'événement qui devait arriver. Lorsqu'elle se trouvait déjà à quelques mètres de son beau-père, ce dernier sauta sur elle et commença à la déshabiller. C'est lorsque la femme se rendit compte du but poursuivi par son « beau-père », elle poussa des cris. Aussitôt, les hommes accoururent et trouvèrent la femme entrain de pleurer alors que l'homme s'était déjà sauvé. La femme expliqua la scène. Arrivée au village, ces gens trouvèrent Kitunde Mukambilwa déjà parti pour Kamituga.

L'acte posé par Kitunde Mukambilwa est énergiquement condamnable par la société lega, qu'on appelle « Muzombo », c'est-à-dire un acte délicieux même s'il n'avait pas atteint son but, celui d'avoir une relation sexuelle avec sa « belle-soeur ». Il l'avait après tout violé, car il avait osé le faire. Cette tentative suffisait. Ayant avalé les conséquences de sa faute : sanction et humiliation ; il avait jugé bon de se réfugier à Kamituga où il se trouve actuellement depuis ce jour-là. Semble-t-il qu'il n'est plus jamais retourné à Mawe. Comme on peut le remarquer, la contradiction entre les intérêts personnels et les lois des groupes était un motif pour qu'un individu soit écarté ou s'écarte du groupe.

c) Opposition intergroupe31(*)

Nous venons de voir que l'opposition ainé-cadet et l'opposition intra-groupe peuvent occasionner le départ d'une fraction du groupe. Cependant, l'installation des migrateurs dans la « région d'exil » n'est pas toujours pacifique, car celle-ci est déjà une cause d'opposition aux premiers occupants de la région. A ces propos Amselle note : « La prise en considération des problèmes migratoires conduit naturellement à opposer les migrants à la société d'accueil »32(*). Après un affrontement, les vaincus sont obligés, soit de se soumettre, soit d'abandonner le lieu. Pour la plus part des cas, la seconde solution est adoptée. C'est le cas des Bashikumbilwa.

Après cette analyse de différentes causes, présentons succinctement les itinéraires des migrations lega, car elles ont déjà fait de plusieurs études antérieures.

1. Itinéraires des migrations des Lega32(*)

Vers le XVIème siècle, écrit Tshimanga wa Tshimanga, les populations lega venues du Nord-est du Zaïre se sont avancés jusqu'au Mniéma. Mais, avant d'atteindre le Maniema, ils se seraient heurtés aux hostilités de Wakasamale, une population à peau claire dans la région du Haut-Zaïre (Uélé) et se sont scindés en deux tranches qui se seraient encore retrouvés à Kakolo au confluent de la Lugulu et de l'Ulindi, parmi les ouvrages et les travaux qui parlent des migrations lega, citons : Tshimanga wa Tshimanga et Banamwezi L.

Le premier groupe lega est passé par la voie orientale à l'Ouesr des grands lacs pour déboucher à Kakolo, lieu de leur dernière dispersion. L'autre groupe avait gagné de l'Uélé et remonta le fleuve Zaïre par se rive droite jusqu'à l'embouchure de l'Ulindi pour s'installer enfin à Kakolo. C'est la voie occidentale. Ceci a amené Polepole Iginzi à dire que  les Lega ont une certaine fraternité avec plusieurs tribus de la région du Haut-Zaire telles que les Bakumu, les Mituku, les Baleka et les Balokele.33(*)

La tradition orale recueillie chez les Lega raconte que le lega, ancêtre éponyme des Lega, avait eu deux fils : Kendakenda (ainé) et Lulimba. Le premier avait pour fils Mwema père de Sungu grand-père de Bulambo. Lega et la famille de son fils Lulimba auraient suivi la voie orientale et les membres de la famille de Kendakenda auraient emprunté la voie occidentale. L'arbre généalogique ci-dessous décrit la descendance de lega.

Arbre généalogique des Lega

KENDAKENDA LULIMBA

MWEMA

SUNGU

BULAMBO

MWEND KUMBILWA KASUNJU

MUBIGALO MWANGO KIKUNGU MBOBOSHI

I.3.2. De la création du groupement de Mukangala

Le groupement de Mukangala est situé dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, province du Sud-Kivu. Sa création a eu lieu en 1912 par le Décret-loi du 02 Mai 1912. Il est devenu opérationnel en 1929. Les premiers animateurs de cette entité furent :

- Lisasu Lubula comme premier chef du groupement ;

- Kikojoka Kangere  : conseiller ;

- Kimwanga Bashimbirwe  : conseiller ;

- Lungwahi Baguma  : conseiller ;

- Namujumbi Buhashe  : conseiller ;

- Nabuvuma Ndeka  : secrétaire.

C'était sous la supervision du Mwami Kabuka Lukandamira34(*).

CHAPITRE DEUXIEME. ORGANISATION DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Ce deuxième chapitre analyse l'organisation et le fonctionnement du groupement de Mukangala dans les domaines politique, économique, social et culturel.

II.1. ORGANISATION POLITICO-ADMINISTRATIVE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

L'étude de l'organisation politico-administrative de la RD Congo, en général, exige qu'on se familiarise avec certaines appellations telles : groupement, chefferie, territoire. Pour être bref, nous allons définir sommairement ces trois concepts utilisés dans ce travail.

II.1.1. DEFINITION DES CONCEPTS

De façon simple un Groupement, selon le Groupe Jérémie, est une communauté traditionnelle reconnue par l'administration. Il est dirigé par un chef coutumier reconnu et investi par les pouvoirs publics. Au terme de cette Ordonnance-loi n°82/006 du 25 février 1982 portant l'organisation territoriale, politique et administrative de la République du Zaïre, est groupement toute communauté traditionnelle organisée sur base de la coutume et érigé en circonscription administrative sous l'autorité d'un chef coutumier reconnu et investi par le pouvoir public. Il comporte soit une grande localité, soit un et un semble de petites localités numériquement faibles. Il est subdivisé en localités dépourvues de la personnalité juridique. 34(*).35(*) Une chefferie est un ensemble généralement homogène de communautés traditionnelles organisées sur base de la coutume et ayant à sa tête un chef désigné par la coutume, reconnu et investi par les pouvoirs publics36(*). Alors qu'un territoire est l'une des composantes de la réalité matérielle de l'Etat-nation et de sa souveraineté, délimitée par des frontières37(*).C'est l'étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain, une collectivité politique nationale. C'est aussi une étendue du pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction (surface d'une subdivision administrative)38(*).

II.1.2. ANIMATEURS DE LA VIE POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

Ce point traite de l'organisation politique et administrative en examinant les différents chefs qui ont dirigé le groupement de Mukangala, son organigramme, et les chefs de différentes localités39(*).

Tableau n°3. Chefs de groupement de Mukangala (1930-nos jours)

Chefs de groupement

Périodes

01.

Lisasu Lubula Joseph

De 1930 à 1940

02.

Nabuhombya Kamende

De 1940 à 1956

03.

Songa Lisasu Modeste

De 1956 à 1996

04.

Mwenebatende Nabuhombya

De 1996 à nos jours

Source : Mwenebatende Nabuhombya chef de groupement interviewé à Kasika, le 15 Juillet 2022.

Commentaire : Il ressort de ce tableau que groupement n'a connu que quatre chefs de groupement depuis sa création et tous sont de la même famille de Bahofa ; le pouvoir est héréditaire.

Le chef de groupement a sous sa gouverne les chefs de localités ou « Kapita ». Le tableau ci-dessous présente les chefs de localités (Kapita) actuels dans le groupement de Mukangala.

Tableau n°4 : Les chefs de localité dans le groupement de Mukangala

Les chefs des localités

Localités

01.

Bulaya Wilondja

Kasika

02.

Nabayayu Lembelembe

Kalemba

03.

Kipinda Mukobelwa

Kipinda

04.

Mwenilemba Nijembwe

Ilemba

05

Manueli Bunyenyeli

Muhimbili

07

Makongola Kamenja

Ngendje

08

Muluta Igunzi

Kahulile

09

Pinga Kitoga

Pinga

10

Nandola Kasololo

Mushinga

11

Kalizi Mwenebatu

Kalizi

Source : Mwenebatende Nabuhombya chef de groupement interviwé à Kasika le 15 Juillet 2022.

Commentaire : Les « Kapita » qui avaient bien travaillé avec le chef de groupement sont devenus des chefs de localité et ont donné leurs noms aux entités sous leur gestion. Ce fut le cas de Kalizi, Pinga et Kipinda.

ORGANIGRAMME DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Chef de groupement

Secrétaire Administratif

Etat-civil

Chefs de localité

Tribunal secondaire

Conseillers

Chefs de sous localité

Chef de quartier

Chefs de 10 maisons

Source : les archives du groupement de Mukamgala, inédit, Mwimbili, 2021.

Commentaire :Cet organigramme présente les différents animateurs de la vie politique et administrative du groupement de Mukongola et les postes qu'ils occupent. Il s'agit, du sommet à la base, des autorités ci-après.

II.1.3. ORGANISATION SUR LE PLAN ADMINISTRATIF

Dans les années 1930, le groupement de Mukangala n'avait pas encore de bureau du groupement. Le chef de groupement installait son administration sous un arbre de ficus ou « Mulumba ». Les habitants fixaient des pierres à l'ombre de cet arbre et les utilisaient comme des chaises pour s'assoir lors des meetings ou des palabres dues à la mésentente entre eux. Le chef de groupement travaille en collaboration avec les chefs de localité ou « kapita». Ces derniers font office des juges au niveau du groupement et supervisent les travaux communautaires appelés « Salongo » aux quartiers. C'est-à-dire qu'ils contrôlent le jeton attribué aux participants au travail organisé par le chef de groupement afin de dénicher ceux qui ont désobéi à ses ordres afin qu'ils payent des amandes.

II.2. ATTRIBUTIONS DES ANIMATEURS DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

II.2.1. Le chef de groupement 

Il est le personnel administratif du groupement.Il veille au respect de la constitution et des lois du pays. Il est le représentant du chef de l'Etat dans son entité. Il reste le responsable de la politique de son groupement. Il transmet ses rapports tant mensuels qu'annuels à son chef direct qui est le mwami ou le chef de la chefferie de Luindi. Le chef de groupement n'est pas élu, son pouvoir se transmet du père au fils. Il est toujours choisi dans la famille régnante conformément à la coutume. Il préside la réunion de sécurité de son entité. Il veille également au développement de son entité et au bien-être de sa population.

II.2.2. Le Secrétaire administratif 

Il est le personnel administratif etattaché de bureau. Il est le plus proche du chef de groupement. Il rapporte les réunions tenues au groupement. En cas d'un problème, il note les déclarations de plaignants, des accusés et des témoins. Il joue le même rôle que le chef de groupement. Il assume l'intérim du chef de groupement à son absence.

Les secrétaires administratifs depuis 1912 jusqu'en 2022 sont :

- Nabuvuma Ndeka : De 1930 à 1940

- Mbilize Kika : De 1940 à 1956

- Emil Lisasu : De 1956 à 1996

- Kasindi Lubunga : De 1996 à nos jours

II.2.3. Les chefs de localités 

Ils représentent le chef de groupement dans leurs localités respectives et transmettent les rapports mensuels et annuels au groupement.

II.2.4. Le tribunal secondaire du groupement 

Il a la compétence judiciaire, notamment le pouvoir d'installer un tribunal. La chefferie de Luindi a un tribunal divisé en deux chambres, celle siégeant auprès du mwami et le tribunal secondaire basé dans le groupement de Mukangala. Ce tribunal secondaire statue sur les infractions ayant trait à la coutume et d'autres punissables. Il rend des jugements en premier ressort. Cette juridiction coutumière simplifie la distance pour ceux qui ne veulent pas déposer leurs plaintes au niveau de la chefferie. Ceux-ci le font au niveau du tribunal secondaire avant de s'adresser au tribunal principal. Les noms des juges du tribunal secondaire depuis 1912 jusqu'en 2022 sont :Mufwabule Mulumba, Daniel Shonga, Rwanyonga Timothée et Katubaka Papy.

II.2.5. Le bureau d'état civil 

C'est un service qui a son siège principal au chef-lieu de la chefferie à Kasika. Mais, vu que la chefferie est vaste et les fonctionnaires engagés dans ce service sont peu nombreux, on a créé des sous-branches de l'état civil dans les groupements. Il a comme rôle de veiller sur la croissance de la population. Cela veut dire, connaître les statistiques de la population, enregistrer les nouveau-nés, les décès et les mariages. Les animateurs de ce service depuis 1912 jusqu'en 2022 dans le groupement de Mukangala sont :Mirimba Nakwana Laurent  de 1930 à 1960, Kitoga Binga de 1960 à 1998 et Museme Kabasele de 2002 à nos jours.

II.2.6. Les conseillers :

Ils ont pour rôle de prodiguer des conseils au chef de groupement et à la population dans la gestion du pouvoir coutumier40(*). Les noms des différents conseillers et leurs périodes, de 1912 à 2022 :

1° De 1930 à 1940 :

Ø Lubunga Mutumoyi,

Ø Kalizi Kalala,

Ø Lujuire Nakuzimu,

Ø Kalinde Basheka.

2° De 1940 à 1956 :

Ø Bisimwa Shonga,

Ø Fumba Kisenya,

Ø Bahezire Mujandwa.

3° De 1956 à 1996 :

Ø Muganguzi Kapenge,

Ø Mbilizi Mujengwa,

Ø Déogratias Musombwa.

4° De 1996 à nos jours :

Ø Mazambi Ikando Michel,

Ø Maroyi Banamwezi,

Ø Lwesso Kaseke.

Ici, il faut parler des activités et plan ou horaire de travail hebdomadaire, mensuel et annuel au niveau du groupement, du financement des activités et des agents, des salaires des agents, leur recrutement et leurs mouvements. Le chef du groupement est à la tête de son entité. Il a comme rôle de faire respecter les programmes provenant de la haute hiérarchie. Les chefs de village sont des agents administratifs chargés d'exécution des programmes. Les « Nyumba kumi » sont des agents chargés d'information du groupement et de la sécurité. Les vieux sages sont chargés des conseils pour le développement de la chefferie41(*). Pour fonctionner, le groupement reçoit une rétrocession ; et surtout la perception des certaines taxes sur le marché de Kidasa de chaque Mercredi. Voilà là où les travailleurs du groupement tirent leur motivation ainsi le nécessaire pour le fonctionnement du bureau.

II.3. ORGANISATION SUR LE PLAN ECONOMIQUE

Pour Raymond Boudon et ses collaborateurs, le développement économique se traduit, sur le plan de la qualité, par l'essor d'une économie de marché, par le passage d'une agriculture de subsistance à une économie de marché et par le programme de l'industrialisation sur le plan quantitatif ; il se mesure par le recours aux différents indices, notamment l'évolution du produit national brut(PNB)42(*).

Ce développement revêt aussi des conséquences sociales : dépérissement d'allégeance traditionnelle, individualisation des rapports sociaux, essor de la division du travail social et donc la spécialisation des tâches, urbanisation, apparition d'un certain niveau de mobilité sociale43(*).

Alain Birou montre, pour sa part, que le concept développement économique est utilisé de façon très générale et parfois assez précise pour signifier la croissance organique, harmoniser donc un progrès de l'économie s'inscrivant dans un progrès général de la société44(*).

Ces deux définitions sont complémentaires et mettent l'accent sur les conditions pour qu'on parle d'un développement économique. En effet, un développement économique requiert le progrès économique ou mieux, la croissance, le progrès social et humain. Ceci est d'autant vrai qu'à chaque mode de production correspond un type de société bien déterminé45(*).

De ce qui précède, nous comprenons par le concept développement économique du groupement sous étude, les efforts (stratégies) fournis par les autorités coutumières de Mukangala et la population en collaboration avec certains ONGD en vue de produire et de faire participer la population à l'augmentation du produit national ou international brut. Il sera question de répertorier les activités d'investissements et de production initiée par le groupement, le gouvernement central et la population dans le processus global de production des biens et services dans le groupement de Mukangala tout en mesurant la qualité de vie menée par cette population autochtone46(*).

II.3.1. AGRICULTURE ET PECHE

A. L'agriculture

Les Nyindu sont des paysans cultivateurs. Ils cultivent surtout pour la satisfaction de leurs besoins alimentaires. Ainsi, cultivent-ils le manioc (aliment de base), le maïs, la banane, l'arachide, le palmier à huile et le haricot. Actuellement, l'agriculture a un caractère extensif pour des raisons économiques, ainsi elle devient une source des revenus et des richesses pour la population locale. Les activités agricoles sont considérées comme une des composantes majeures du paysage, finalités premières de la géographie économique. Même si leur poids en matière d'emploi s'est fortement restreint dans les économies développées et s'est réduit depuis quelques années dans les pays à transition (anciens pays socialistes européens, nouveaux pays industriels), les secteurs agricoles restent importants en raison de la surface qu'ils occupent et surtout les enjeux dont ils sont l'objet46(*).

Le groupement de Mukangala est une entité à vocation agricole jouissant d'un climat favorable à la déstructure. Il est habité par une population dont la majorité s'occupe de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. En effet, plus de 90% de la population vivent des activités agricoles. Malgré les conditions éco-climatiques variées qui permettent la production de diverses denrées agricoles nécessaires pour l'alimentation et comme matières premières pour l'industrie, cette entité accuse encore une production fort instable, insuffisante. A Mukangala, le secteur de cultures est caractérisé par un niveau faible de technicité, de productivité et de l'utilisation d'intrants agricoles, une main d'oeuvre qui est essentiellement féminine et une taille réduite des exploitations. Alors que la population de cette entité continue de s'accroître à un rythme accéléré, la production vivrière ne connaît qu'une croissance très modeste et irrégulière accusant même une tendance à la stagnation. Conscientes que l'autosuffisance alimentaire est une des conditions préalables au développement autonome de cette entité, ses autorités, en collaboration avec la population locale et des ONGD ; dans leurs discours, projets et programmes ont toujours placé l'agriculture parmi les premières priorités.

Et pour atteindre leur objectif, certaines stratégies sont mises en oeuvre, à savoir :

1° Intensification de l'agriculture 

La population de Mukangala utilise cette technique pour augmenter et améliorer la production agricole par unité de surface en fonction des besoins alimentaires de tout habitant du milieu dans le souci non seulement d'améliorer des conditions de vie, mais aussi de lutter contre les importations de certains produits agricoles.

2° La pratique de l'assolement

Elle consiste en une succession de cultures sur un même sol. Elle facilite à la population de Mukangala de diversifier la production agricole dans un même champ, c'est-à-dire entretenir une succession de cultures sur le même sol.

3° La pratique de politique d'aménagement du sol 

Elle est utilisée par population de de Luindi, en général, et Mukangala, en particulier, dans le but d'irriguer des champs ou d'utiliser les engrais en vue d'assurer une meilleure production agricole.

4°L'accroissement de l'échange entre les zones de production et les marchés d'écoulement aussi bien à l'échelon national, provincial, territorial, de chefferie et que du groupement en réhabilitant la route nationale numéro 2 et celles de desserte agricole (Kasika-Kigogo, Kalambi-Irangi, 10 km, et Kigogo-Ngingu, 4 km) par la chefferie en collaboration avec la population locale et le financement de l'IRC/Tuungane.

5° La réduction de perte alimentaire après la récolte grâce aux techniques de conservation et de stockage.

6° L'amélioration de l'élevage en utilisant le vaccin pour protéger les bétails et volailles contre les maladies (grippe aviaire, fièvre aphteuse).

7° L'exploitation nationale des rivières et étangs afin de lutter contre la famine et la destruction des alevins.

8° La relance de l'élevage familiale à travers les formations sur les petits élevages familiaux par des ONGD et l'éducation sur l'hygiène et la prophylaxie de l'éleveur selon les filières.

9°La pratique du système des tontines-services dans le défrichage de champs de paysans, « Kisali » en kinyindu.

10° La promotion de la pisciculture en termes d'encouragement du secteur en octroyant des subventions aux pisciculteurs par les ONGD (APIDE, NRC et FHI) et la mise en place par l'Etat de tarifs de faveur au profit des populations.

11° La vulgarisation des connaissances culturales à faibles intrants agricoles47(*).

Nous pouvons conclure ce point en disant que l'économie du groupement de Mukangala repose sur :

a. Les minerais (cassitérites) : dans les carrés miniers de Mininga, Misela, Kalesha, Zokwe et Mulenga.

b. L'agriculture des différentes plantes : manioc comme aliment de base pour la population, bananes, palmier à huile, maïs, haricots, colocases et ignames.

c. L'élevage des petits bétails : chèvre, mouton, cochon, lapin et cobaye.

B. La pêche

La pêche est faite artisanalement par un petit nombre de pêcheurs dans les rivières comme Ulindi, Zokwe et Lumetekelo, pour la survie de la population de Mukangala, par la famille Balambo et les autres.

Le groupement de Mukangala dispose des étangs piscicoles estimés à 220 (service de son développement)48(*).

II.3.2. ELEVAGE

Cette activité était considérée comme marginale réservée aux Tutsi dits Banyamulenge qui élèvent les bovins, les ovins et les caprins, leur principale richesse. Depuis 1990, tout le monde a compris qu'avec l'élevage, soit des volailles ou des porcins, on peut parvenir à résoudre facilement certains problèmes de la vie comme la dot, l'anniversaire, le deuil, la maladie et la naissance. On pratique davantage l'élevage en divagation alors qu'il comporte plus d'inconvénients que d'avantages.

II.3.3. CHASSE

Pour attraper les gibiers, les peuples nyindu habitué à la chasse utilise la lance, le chien, les pièges dont les fosses ou « bwena », une fosse de deux mètres de profondeur et long de quatre mètres couvert légèrement des tiges d'arbres en mettant à l'intérieur les tiges pointues. Certains pièges sont placés au sol sur la piste des animaux «mchika» et des oiseaux, ou une ficelle en forme circulaire placée à une hauteur de 30 à 50cm pour attraper les gibiers par le cou, piège dit « Ilamba », et bien d'autres formes de pièges49(*).

II.3.4. COMMERCE

Le groupement de Mukangala est suffisamment fertile, ce qui explique la commercialisation des produits agricoles par les agriculteurs eux-mêmes. En dehors de cela, il existe un grand centre commercial de Kidasa qui permet aux agriculteurs de vendre leurs produits à un prix plus élevé. A part la commercialisation des produits agricoles et manufacturées, une partie de la population s'adonne à la commercialisation des produits miniers tels l'or et la cassitérite. Les grands commerçants de cette entité qui ont fait la renommée depuis l'époque coloniale sont : 1° Bulambo Kakobanya Moise : Congolais, originaire de la chefferie de Luindi, de la famille Balande ;

2° Kafatuka Shabani : Congolais, originaire de Maniema ;

3° Monsieur Shuni : Blanc d'origine belge.

4° Mulimandja Jean : Congolais, originaire de Shabunda ;

5° Kilengelela Roger: Congolais, originaire de la chefferie de Lwindi, de la famille de Babulindji ;

6° Mupali : de nationalité grecque.

Le tableau ci-dessous reprend les noms des grands commerçants du milieu et leurs activités avant les massacres de Kasika du 24 août 1998.

Tableau n°5 : Les commerçants de Mukangala et leurs activités

1.

Kakobanya Bulambo Moise

Manioc, riz, savon, sucre, piles, mais,haricot,habit, ...

2.

Fungandjira Paul

Manioc, riz, savon, sucre, piles, mais,haricot,habit, ...

3.

Zakayo Ngonyosi

Manioc, riz, savon, sucre, piles, mais,haricot,habit, ...

4.

Elvis Kasegere

Manioc, riz, savon, sucre, piles, mais,haricot,habit, ...

05

Bulambo Ngomu Petros

Manioc, riz, savon, sucre, piles, mais,haricot,habit, ...

Tableau n°6 : Les commerçants de Mukangala après les massacres de Kasika

1.

Aluma Kabeza

Loueur de véhicule Bukavu/ Kasika

2.

Bahati Kalegeza Tiba

Loueur de véhicule Bukavu/ Kasika

3.

Matata Milemba

Loueur de véhicule Bukavu/ Kasika

4.

Mugambwa Rwanyonga Kabila

Loueur de véhicule Bukavu/ Kasika

5.

Wilondja Kapita

Loueur de véhicule Bukavu/ Kasika

6.

Toto Kilombwe

Loueur de véhicule Bukavu/ Kasika

7.

Mutimanwa Mwagalwa Gentil Homme

Vendeur de cassitérites et autres minerais

8.

Mazambi Winene Kahugusi

Vendeur de cassitérites et autres minerais

9.

Mukamba Lwesso

Vendeur de cassitérites et autres minerais

10.

Yaya Rwanyonga

Vendeur de cassitérites et autres minerais

11.

Mwilo Mwenemunga

Vendeur de cassitérites et autres minerais

12.

Riziki Bulambo

Vendeur de cassitérites et autres minerais

13.

Kwabene Wakusolela

Vendeur de cassitérites et autres minerais

14.

Bashilwango Wilondja Demu

Vendeur d'unités et de téléphone portable

15.

Fadhili Kitoga

Vendeur d'unités et de téléphone portable

16.

Watuta Ndabiruba

Vendeur des planches et sticks d'arbres

17.

Bahezile Mateso Eliote

Vendeur des planches et sticks d'arbres

18.

Lubunga Kigombe Ernest

Vendeur des planches et sticks d'arbres

19.

Wakulungwa Wilondja Mamy

Vendeuse des poissons salés

20.

Dorcas Nsimire

Vendeuse des poissons salés

Tableau n°7 Les marchés du groupement de Mukangala

Nom du marché

Localisation

Jour de fonctionnement

1.

Kidasa

Kidasa

Chaque mercredi

2.

Mulamba

Mulamba

Chaque dimanche

3.

Mukasa

Mukasa

Chaque dimanche

Source : François Mburugunyu Nganangana, Président du marché de Kidasa, interviewé le 29 Août 2022 à Kasika.

Commentaire :

Avant les guerres de rébellions de l'AFDL et du RCD/Goma, les deux petits marchés et le centre commercial du groupement sous étude fonctionnaient normalement. Mais avec les destructions dues aux guerres à répétition, ces petits marchés et centre commercial demandent d'être reconstruits en y restaurant les hangars et les étalages et d'être sécurisés par la police du marché et les comités de gestion pour permettre aux vendeurs et acheteurs de bien mener leurs activités.

II.3.5. VOIES DE COMMUNICATION

Le groupement de Mukangala est traversé par la route nationale n° 2 sur une longueur de 12 km du Nord au Sud (Zokwe à Nakachocho) avec beaucoup de ponts dont plusieurs viennent d'être réhabilités en 2008 par une société chinoise. C'est le cas de ponts Zokwe, Lumetekelo et Nakachocho. La route de desserte agricole : Kasika-Kigogo 12 Km est totalement impraticable. Des efforts sont, cependant, fournis par les ONG internationales et locales pour sa réhabilitation. Toutefois, la route de desserte agricole Kasika-Kilimbwe longue de 12km n'est plus opérationnelle, car non entretenue depuis une longue période. Pour écouler les produits agricoles de cette entité, on utilise des camions de marque Fuso, Toyota, Benz,... sur la route nationale n°2, elle aussi peu praticable en saison des pluies. Le groupement de Mukangala n'a pas de chemin de fer, ni d'aérodrome et ses rivières ne sont pas navigables. Cela explique pourquoi le coût de transport des produits vivriers et des personnes est élevé dans le milieu50(*).

II.3.6. RESEAUX DE COMMUNICATION CELLULAIRE

Le groupement de Mukangala est arrosé par les réseaux de télécommunication Vodacom et Airtel.

II.3.7. ARTISANAT

Les Nyindu sont considérés comme les plus anciens habitants de Mukangala. Ils ont connu l'artisanat depuis la période des migrations bantoues avec la lance et la serpe. Actuellement, la menuiserie, la coupe et couture et la forge se développent au jour le jour. Les grands forgerons du groupement de Mukangala sont :

1° Sila Kashande,

2° Gaye Musombwa,

3° Wakilongo Masekwa,

4° Mungongo Mutalwa,

5° Munyololo Bulambo Donat51(*).

II.4. SITUATION SOCIO-CULTURELLE

Dans la situation socio-culturelle, nous analysons les secteurs de l'éducation, de la santé, des sports et loisirs.

II.4.1. ENSEIGNEMENT OU EDUCATION SCOLAIRE

Le niveau de vie de la population commence par l'éducation. Cependant, la formation scolaire demeure l'apanage des enfants des personnes plus ou moins nanties dans ce groupement. Toutefois, les habitants s'efforcent d'envoyer leurs enfants à l'école. Mais ceux-ci étudient avec beaucoup de difficultés suite au payement des frais d'études par les parents d'élèves au niveau secondaire. Aujourd'hui il y a un allégement au niveau primaire grâce à la gratuité instaurée par le président de la république.

La première école fut construite dans les années 1923-1924 par les missionnaires catholiques dans la localité de Kahulile. C'est l'EP Kahulile du réseau Catholique. Actuellement, ce groupement compte 6 écoles primaires et 5 écoles secondaires qui fonctionnent normalement.

Tableau n°8. Ecoles primaires du groupement de Mukangala

Dénomination

Réseau

Localité

Nombre de Classes

Observation

1.

Nakitundu

Protestant (CELPA)

Mulamba

6

Construit en briques et tôles

2.

Kasika

Protestant (CELPA)

Muhimblili

6

Construit en briques et tôles

3.

Ashia

Catholique

Mukasa

6

Construit en briques et tôles

4.

Kigalama

CECA 40

Kahulile

12

Construit en briques et tôles

5.

Mubeza

Officielle

Collectivité

6

Construit en briques et tôles

6.

Itombwe

Kimbanguiste

Ngendje

6

Construit en briques et tôles

Source : CTB/PAIDECO-WAGA (Avec la participation de l'Université Officielle de Bukavu pour la rédaction), Plan de développement local, 2010-2012 de la collectivité-chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, Bukavu, 2010, pp.55-59.

Tableau n°9.  Ecoles secondaires du groupement de Mukangala

Dénomination

Réseau

Localité

Nombre de Classes

Observation

1.

Kasika

Protestant(CELPA)

Muhimblili

6

Construit en planches et tôles

2.

Miki

Catholique

Mukasa

6

Construit en briques et tôles

3.

Lunungu

CECA 40

Kahulile

12

Construit en briques et tôles

4.

Mula Mba

CELPA

Mulamba

6

Construit en planches et tôles

5.

Buhamba

Anglican

Ngendje

6

Construit en planches et tôles

Source : C.T.B/PAIDECO-WAGA, 2010, op.cit., pp.51-52.

Commentaire :

Le groupement de Mukangala n'a aucun établissement d'Enseignement Supérieur ou Universitaire et il n'a aucune école professionnelle. L'enseignement dans ce groupement connait un sérieux problème de gestion et d'administration. C'est par exemple le cas dans les villages de Kashaka, Ndola, Mushinga et Karangiro. Bien que situées dans le groupement de Mukangala en chefferie de Lwindi, les écoles conventionnées catholiques et protestantes sont gérées par leurs congrégations respectives. Cela cause beaucoup de problèmes lors du paiement des salaires de l'Etat et même en cas d'assistance aux écoles par les organisations non gouvernementales internationales, car les écoles de localités de Mulamba et Kahulile se trouvent souvent oubliées. Ainsi, contrairement à d'autres groupements, Mukagala n'a pas eu d'opportunités d'hériter des infrastructures scolaires coloniales. Seulement, les écoles primaires Kasika et Ashia ainsi que l'école secondaire Miki ont été construites, soit par les prêtres, les missionnaires protestants.

En définitive, le groupement de Mukangala compte 6 écoles primaires et 5 écoles secondaires dont certains d'entre elles sont construites en planches et tôles et d'autres en briques et tôles. Ces écoles éprouvent également le manque de matériels didactiques, de bancs et de fournitures scolaires52(*).

II.4.2. FORMATIONS SANITAIRES

Le groupement de Mukangala se trouve dans la zone de santé de Mwenga. Il compte un centre de santé, celui de Mukasa/Kasika, qui fonctionne sous la supervision de la zone de santé de Mwenga. Mais, ce groupement abrite quelques postes de santé et maternités tels que présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°10. Centre de santé et postes de santé du groupement de Mukangala

Dénomination

Réseau

Localité

Observation

01

P.S. Mulamba

Protestant (CELPA)

Mulamba

Construit en briques et tôles

02

P.S. Kidasa

Privé

Kidasa

Construit en briques et tôles

03

S.C. Mukasa

Catholique

Mukasa

Construit en briques et tôles

04

P.S. Kidasa

Privé

Kanenge

Construit en planches et tôles

05

P.S. Kasika/Collectivité

Officielle

Collectivité

Construit en briques et tôles

Source: CTB/PAIDECO-WAGA, 2010, op.cit., pp.65-69.

Commentaire :

Il convient de signaler que malgré la supervision du centre de santé de Mukasa, la carence en produits pharmaceutiques dans les postes de santé et maternités reste un problème sérieux à résoudre. Il faut aussi penser aux moyens de transport pouvant permettre aux patients d'atteindre, soit le centre de santé de Mukasa, soit les postes de santé de la place. A cela s'ajoute le manque de courant électrique pour les interventions chirurgicales au centre de santé de Mukasa et le manque des salles pour les malades, de salles d'opérations et de maternité à Mulamba et au poste de santé de Kasika/collectivité.

Par rapport au nombre d'habitants du groupement de Mukangala qui est sans hôpital de référence, il est à signaler que la couverture médicale reste faible. Pour un total de 2 448 âmes, un centre de santé, quatre postes de santé qui sont moins équipés en mobiliers, sont largement insuffisants. Quant aux prestataires de services, il sied de signaler que le nombre des médecins et d'infirmiers est très réduit. Concernant la répartition des structures médicales, il y a inégalité par rapport aux différentes localités. Un centre de santé qui n'est même pas situé au centre du groupement, exige que les gens qui viennent de Mulamba, Ndola, Mushinga et Kashaka parcourent un long trajet pour l'atteindre53(*).

II.4.3. HABITAT

Le concept de l'habitat a une signification très large qui dépasse celle de logement au sens strict du mot. En ville comme à la campagne, aménager l'habitat ne signifie pas exclusivement construire un logement. Il s'agit bien sûr de cela, mais aussi de l'aménagement de tout l'environnement immédiat de l'espace vital qui entoure le logement, la ville ou le village. Aussi en milieu rural, le problème de l'habitat couvre à la fois l'ensemble des activités qui visent la construction des bâtiments d'élevages et les hangars de stockages de produits. Il concerne également l'aménagement des latrines, des sources d'eau potable, de tout le site dans lequel est construit le village. En milieu urbain, la question de l'habitat concerne notamment la construction des immeubles résidentiels, des conduites ou des adductions d'eau potable, l'éclairage public, les surfaces de loisirs collectifs ainsi que des bâtiments d'utilité publique. De tous les temps et dans toutes les civilisations qui ont jalonné l'histoire de l'humanité, le problème de l'habitat a toujours été l'une des préoccupations essentielles de l'homme soucieux d'aménager le mieux possible son espace vital. De l'abri rudimentaire au building gratte-ciel des villes modernes en passant par la case de la hutte de nos campagnes, l'homme a toujours cherché dans l'abri les meilleurs moyens de se protéger contre les multiples pièges que lui tend la nature, et qui rendent son existence terrestre très vulnérable. La construction ou l'aménagement de l'habitat vise, en effet, à protéger l'homme contre les intempéries atmosphériques telles la chaleur, le froid, la neige et la pluie ainsi que les attaques d'autres bestioles et des bêtes féroces qui peuvent menacer son existence et son intégrité physique. En RDC, le problème de l'amélioration de l'habitat demeure aujourd'hui l'une de grandes questions auxquelles des solutions urgentes doivent être trouvées.

En ville comme à la campagne, on est confronté à d'énormes problèmes d'insalubrité du territoire et du développement, sans oublier ce problème capital de la santé mentale  et physique de la population54(*). Face à cette situation, la population du groupement de Mukangala utilise des stratégies suivantes pour résoudre ces problèmes :

1° La réhabilitation des maisons (toitures des chaumes, en tôles, pavement, fenêtres, et portes) pour lutter contre les intempéries atmosphériques ;

2° La construction des maisons en planches ou en briques ;

3° L'assainissement de l'environnement : la canalisation des eaux des pluies, débouchage des déchets pour la lutte contre les insectes nuisibles, les maladies et les érosions ;

4° L'aménagement et la protection des sources d'eau potable : les puits et fontaines publics ont été aménagés dans la chefferie de Lwindi grâce à l'initiative de l'église et des autorités de la chefferie de Luindi en collaboration avec la population et certaines ONGD.

L'amélioration de l'habitat et de l'habillement a pris des allures rapides aux années 2000. En effet, avant le massacre de Kasika en 1998, les autochtones de Mukangala vivaient en majorité dans les huttes, des cases et des maisons en terre battue, en planches ou en briques. Avant cet évènement, le groupement de Mukangala comptait seulement 92 maisons en briques y compris les centres de santé, les postes de santé, les écoles, les églises et les bureaux administratifs. A nos jours, grâce à l'influence sociale des milieux voisins, de l'église et des ONGD, la population de Mukangala a commencé et continue de construire des maisons en matériaux durables, dont leur dénombrement peut envoisiner 500 maisons.

Quant au mode d'habillement, chez les filles et les femmes, les pagnes battent le record sur les autres habits. Les jupes sont les plus souvent portées par les filles qui vont à l'école, pas d'habits collants ni de munies jupes parce qu'ils sont interdits par l'église et par la coutume.

Pour ce qui concerne la construction des églises, certaines communautés protestantes ont érigé des temples en matériaux durables dans le groupement de Mukangala avec la participation active de leurs fidèles. Il s'agit de la 5ème CELPA Ngenjde, Kashaka, Kasika et Mulamba( 2010-2012) ; de la 21e CNCA Ilemba et de l'Eglise Méthodiste de Muhimbili.

Dans le cadre de l'éducation chrétienne, les églises ont organisé plusieurs séminaires dans des départements des oeuvres sociales à l'intention des veuves, orphelins, femmes violées et d'autres catégories des personnes vulnérables. Elles ont également apporté une assistance humanitaire aux victimes des guerres. La 5ème CELPA a, pour cet effet, ouvert les bureaux de l'organisation CAMPS/HIA à Kasika dans le but d'aider les femmes violées sur le plan psycho-social55(*) de 2007 à 2011. De même, des projets d'adduction d'eau potable ont été exécutés ou réhabilités dans le groupement de Mukangala par les ONGs CICR (2008-2009), APIDE (2005-2006).

Tableau n°11. Adductions d'eau construites

Rivières

Villages

Groupements

Exécutant

1.

Kanjege

Muhimbili

Mukangala

CICR

2.

Nembenembe

Kidasa

Mukangala

CICR

3.

Kisima

Lutambi

Mukangala

CICR

4.

Nalumbalana

Kwapinga

Mukangala

APIDE

5

Chemu

Mulamba

Mukangala

APIDE

Tableau n°12 L'adduction d'eau réhabilitée

Rivières

Villages

Groupements

Exécutant

01

Mundovu

Muhimbili

Mukangala

APIDE

02

Kisima

Balimu

Mukangala

APIDE

03

Kabamba

Mushinga

Mukangala

APIDE

04

Kalemba

Kalangilo

Mukangala

APIDE

05

Kilindo

Ilongo

Mukangala

CICR

06

Nakichabuti

Izembwe

Mukangala

APIDE

07

Ka Mabondo

Miki

Mukangala

APIDE

08

Mushinga

Mushinga

Mukangala

CICR

09

Nakiukulu

Nyakavogo

Mukangala

APIDE

10

Kisima

Collectivite

Mukangala

PIDE

11

Banamunywa

Kibakuli

Mukangala

APIDE

12

Chemu

Lutambi

Mukangala

APIDE

13

Kaka Nadada

Mukasa

Mukangala

APIDE

14

Kashweshwe

Ngengje

Mukangala

APIDE

Source : Bureau du développement de la chefferie de Lwindi, Rapport annuel, inédit, Kasika, avril 2022, p. 15-17

Commentaire : Le groupement de Muangala a malheureusement connu des cas d'incendie des villages, des maisons et des récoltes et la destruction des édifices d'intérêt public par les troupes rwandaises entrées sous le label du RCD/Goma dans la chefferie de Luindi en 1998. Plus de six villages et deux cents maisons des citoyens ont été incendiés. Les centres de santé ont été détruits. Ces évènements ont coûté la vie à des milliers de civils non armés parmi lesquels les personnels soignants, les malades et leurs gardes. Le dépôt pharmaceutique de Kasika a été pillé, puis incendié. Les centres de santé sont devenus des « musées d'horreurs ». Après leur réhabilitation, les structures santé présentent un état acceptable du point de vue de bâtiments. Mais, les infirmiers titulaires ont soulevé les difficultés ci-dessous :

1° le Manque de matériels et équipement médical ;

2° le manque d'énergie électrique ;

3° le manque d'eau potable56(*).

II.4.4. SPORTS ET LOISIRS

Le sport qui domine dans le groupement de Mukangala est le football. Plusieurs équipes sont actuellement opérationnelles dans le milieu, soit une équipe par localité. Ces équipes organisent des championnats avec une coupe qui sera bien sûr attribuée à la formation qui sortira championne du tournoi.

Les grandes rencontres sont organisées au terrain de Mukasa à Kasika tout près de la paroisse catholique. Les autres sports sont inexistants, excepté le Karaté qui est pratiqué dans le cadre de loisirs, car ses championnats ne sont jamais organisés.

Tableau n°13. Quelques équipes de football du groupement de Mukangala

Localités

Equipes

Muhimbili

Exode

Ilemba

Molende

Mukasa

Maika

Mukole

Vision de Loin

Ilongo

Shoka

Kidasa

Nouvelle Génération

Mulamba

Chuwi Ndogo

Commentaire :

Les équipes citées dans le tableau ci-dessus manquent parfois d'équipements sportifs tels les bottines, ballons, vareuses, protèges et bandages et de sponsors managers, présidents et supporteurs pour les faire évoluer57(*). Il existe deux terrains de football dans ce groupement ; l'un de Mukasa et l'autre de Kanenge, il y a des poteaux en métal et des filets qui ont été dotés par feu l'honorable Songa Byemba Yaya. Dans ce groupement, il y a deux équipes rivales dont l'une appartenant à la population locale de Muhimbili, Exode, et l'autre appartient à la cour royale, Vision de loin. Cette dernière est l'équipe du Mwami et ses collaborateurs. Dans cette équipe jouent uniquement des enfants des travailleurs et d'autres membres proches de la cour royale. C'est par exemple les enfants des gardiens de la coutume, des conseillers, des familles proches du Mwami et quelques fois les enfants de certains chefs de localité.

Tableau n°14. Championnats organisés, équipes championnes ; joueurs et arbitres célèbres.

Equipes championnes

Années

Noms des joueurs célèbres

Noms des arbitres célèbres

Localités

1.

Exode

2008

Wakenge Kabingwa

Maroyi Munenge

Kipinda

2.

Vision de Loin

2009

Mazambi Kidiaba

Mushiwa Lisasu

Kipinda

3.

Nouvelle Génération

2010

Wabulakombe Lisasu

Kabonga Kaliza

Ngenje

4.

Eléphant

2011

Byamungu Mukambilwa

Nyongolo Lwesso

Kasika

5.

Shoka

2012

Mbilizi Mushagwa

Faraja Mangala

Kasika

6.

Exode

2013

Nyangi Kipusha

Wangalala Ikingi

Kasika

7.

Vision de Loin

2014

Bahati Kyatangalwa

Letoto Mwassa

Kasika

8.

Eléphant

2015

Riziki Mukamba

Mazambi Kagombe

Kasika

9.

Exode

2016

Mukamba Muluta

Kabonga Kalaza

Kasika

10.

Nouvelle Génération

2019

Dieu-donné Lisasu

Kabovu Ibonja

Kasika

11.

Exode

2020

Mbale Mukamba

Byamungu Mazambi

Kasika

Source : Mukamba Muluta F, chargé de sports et loisirs dans la chefferie de Luindi, âgé de 38 ans, interviewé à Kasila, le 10 Mai 2022.

Commentaire :

Le championnat local, n'a pas eu lieu dans les années 2017 et 2018 à cause de l'insécurité et l'intensification des activités électorales.

II.4.5. RELIGION

La majorité de la population de la population actuelle du groupement de Mukangala est chrétienne. Ce sont des catholiques de la paroisse Mukasa de Kasika. C'est la première église construite dans ce groupement par les colons belges. Elle a une chapelle à Kashaka. Les protestants sont encore plus nombreux et dominent tout le groupement avec au moins une église par localité. Il s'agit principalement de la Communauté des Eglises Libres de Pentecôte en Afrique (5ème CELPA) qui compte vingt églises. Elle est suivie de la Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique Centrale (8ème CEPAC) avec cinq églises. Avant l'introduction du christianisme, les habitants de Mukangala croyaient en l'existence d'un être suprême à qui on donnait du respect et qu'on appelait « Namahanga » pour signifier Dieu créateur, le Tout Puissant. Ils croyaient également en survivance des ancêtres après la mort58(*).

Quels que soient les dangers auxquels l'église est exposée, elle fournit des efforts pour convertir les gens en leur apprenant à s'auto-protéger et s'auto-promouvoir. Pendant les 24 années sur lesquelles porte notre étude, soit de 1998 à 2022, l'Eglise a initié la population de Mukangala et surtout ses fidèles à parler la langue kiswahili qu'elle utilise dans la prédication de l'évangile. Elle initie ainsi, à la fois ses anciens et évangélistes qui prêchent en cette langue et ses fidèles qui suivent la prédication. Avant les massacres, la prédication se faisait uniquement en Kinyindu, surtout dans les localités de Pinga, Mulamba et Kalangilo aux villages Mushinga et Kanenge.

Sur le plan moral, les habitants de Mukangala craignent ont appris avec la religion à ne plus nuire aux autres par la magie et la sorcellerie. Ils évitent et abandonnent progressivement les pratiques maléfiques grâce à l'évangile qu'ils reçoivent. La majorité de jeunes filles sont attirées par le mariage religieux et évitent le vagabondage sexuel. Elles aiment fréquenter les chambres des prières, les chorales et les personnes qu'elles trouvent dignes pour qu'elles tirent d'elles des bons conseils.

En plus de l'évangélisation pure, l'Eglise a favorablement contribué au développement dans l'entité sous étude en réhabilitant et en construisant des écoles primaires et secondaires et par des formations professionnelles à l'intention de la population locale59(*)

CHAPITRE TROISIEME. FONCTIONNEMENT DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Ce chapitre analyse le fonctionnement du groupement de Mukangala en rapport avec les évolutions récentes observées dans cette entité pour relancer son développement après les tristes événements des massacres de Kasika. En effet, ces massacres perpétrés en 2008 par les rebelles du RCD/Goma et leurs alliés Rwandais ont constitué comme un moment de rupture dans l'évolution normale de tous les secteurs de la vie, tant au niveau de la chefferie de Luindi, en général, qu'à celui du groupement de Mukangala, en particulier.

III.1. IMPACTS DE MASSACRES DE KASIKA SUR LE GROUPEMENT DE MUKANGALA

En 1998, la RDC fut attaquée par des envahisseurs regroupés au sein du RCD/Goma, en complicité avec le pays limitrophes dont le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Pour ce faire, ces pays avaient déployé un nombre important des militaires dans les provinces conquises du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema. Le samedi 22 août 1998, les militaires du RCD/Goma et leurs alliés quittaient Bukavu pour le Maniema  embarquées à bord de huit camions et une camionnette Toyota double cabine de marque « hilux » qui transportait neuf ingénieurs de guère venus des études aux Etats-Unis d'Amérique. Cette camionnette tomba dans une embuscade tendue par le colonel N'yikiriba Matebura Daniel au niveau de Kahulile situé à quelques mètres du marché de Kidasa60(*). Après avoir laissé passer les sept camions des troupes du RCD/Goma et ses alliées, les majors Asukulu et Munga firent descendre un jeune garçon de dix ans habillé en peau de léopard sur la route où il dansait pour distraire la cible. Arrivés sur le lieu, les officiers rwandais embarqués à bord de la camionnette s'arrêtèrent pour contempler le jeune danseur. Subitement, ils essuyèrent des tirs nourris d'armes lourdes des Mai-Mai du colonel N'yikiriba Daniel embusqués à environ vingt mètres de la route. En ce moment, le petit danseur disparut dans la brousse laissant les neuf membres de l'équipage tués sur le champ. Les militaires d'escorte embarqués à bord du 8ème et dernier camion, les trouvèrent déjà morts et leur camionnette renversée, criblée des balles. Ces derniers informèrent par motorola Talkie-Walkie leurs compagnons d'armes qui les attendaient à Kirungutwe, un village situé à la limite de la chefferie de Lwindi et celle de Burhinyi. Ils en informèrent également leurs autorités basées à Bukavu61(*).

Sur ordre des autorités de RCD/Goma et rwandaises, des renforts y furent déployés avec la consigne de « tirer sur tout ce qui bouge », en prétextant que la chefferie de Luindi était en connivence avec les Mai-Mai jusque-là présumés auteurs de cette tuerie.

Les premières victimes furent signalées le lundi matin du 24 Août 1998 dans le village Kilungutwe où même les gens qui venaient au marché furent ressemblés, puis massacrés sous des coups des marteaux, couteaux, haches et machettes. Les corps furent, soit incinérés, soit jetés dans les fosses de toilettes, soit encore dans la rivière Kilungutwe. Jusqu'à Kasika via les villages de Kalama et Muhimbili où les chrétiens, les prêtres et les religieuses de la congrégation des Soeurs de la Résurrection en prière matinale dans l'église de la paroisse catholique Saint Joseph à Kasika furent massacrés avant de décimer la population. Le Mwami François Mubeza III fut assassiné et son épouse, madame Yaya Nyange Maua Yvette enceinte de huit mois, éventrée. Plusieurs membres de la famille royale et d'autres gens trouvés dans la cour du mwami furent également passés sous l'épée.

A part les corps de deux ingénieurs de guerre incinérés par leurs bourreaux à Kahulile, les troupes du RCD/Goma rentrèrent à Bukavu avec les sept autres corps qui furent ramenés à Kigali pour l'inhumation62(*).

En termes d'impacts, ces événements infligèrent de lourdes pertes matérielles et en vies humaines à la chefferie de Lwindi, en général, et au groupement de Mukangala, en particulier.En ce qui concerne le nombre de personnes tuées dans le massacre du 24 août 1998, il y a toujours des imprécisions parce que beaucoup de cadavres ont été jetés dans les fosses de toilettes, dans la rivière Kilungutwe et d'autres incinérés. Néanmoins, certains auteurs ont avancé les chiffres suivants :

1. Bulambo Katambu Ambroise, plus 1200 personnes tuées dans cet évènement63(*) ;

2. Mubuto Kuzindamolo W., 450 personnes tuées64(*) ;

3. Jason Stearns K., plus de 2000 âmes disparues65(*) ;

4. Muhumba Kanga Oscar, 1973 personnes disparues66(*) ;

5. Enfin, la Cour Internationale de Justice, 786 personnes massacrées à Luindi sur un trajet de 12 Km, depuis Kilungutwe jusqu'à Kasika en précisant :

a. A Kilungutwe, plus de 127 personnes massacrées sans compter beaucoup de cadavres d'enfants, femmes, hommes et jeunes jetés dans les fosses communes, dans la rivière Kilungutwe et d'autres incinérés.

b. A Kalama, 16 personnes massacrées, membres de la famille Mutewa résidant à Bukavu, sur l'avenue Kasai en commune d'Ibanda.

c. A Kasika, plus de 633 personnes massacrées notamment le Mwami François Bwami Mubeza III et son épouse Yvette Nyange Yaya:

- Dans la parcelle royale : 37 cadavres découverts ;

- A la paroisse catholique de Saint Joseph : ont été victimes un Abbé, quatre religieuses et plusieurs personnes ;

- Au domicile de défunt Mupali Zotos alias Mbilizi un grec qui s'était installé depuis les années 1950 à Kasika, ainsi que quatre travailleurs dont une femme et trois hommes ;

- Dans la forêt avoisinant les villages de Kasika où les habitants avaient pris refuge dans les cachettes dites en kilega « Tupiengenge », plus de 400 personnes dont hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux.

Ainsi, la liste des victimes des massacres de Kasika est-elle très longue, car beaucoup d'autres commerçants ambulants Shi en provenance de territoires de Kabare et Walungu qui venaient vendre leurs produits à Kamituga ont été massacrés par les agresseurs sur la route de Kilungutwe, notamment entre Kasika et Kalama67(*). Ces événements ont provoqué des déplacements massifs de la population rescapée si bien que le groupement de Mukanagala s'est pratiquement vidé de ses habitants pendant une longue période. Le retour progressif au bercail a commencé à s'effectuer avec le rétablissement de la paix et de la sécurité dans le milieu après la réunification du pays au terme de l'Accord Global et inclusif de Sun City de 2002.

III.2.FONCTIONNEMENT DU GROUPEMENT SUR LE PLAN ECONOMIQUE

Le domaine économiquea été tellement affecté par la guerre du RCD/Goma et ses alliés. Des pillages systématiques ont été également effectués par les groupes armés Interhamwe et Mai-mai. La situation ne s'est progressivement rétablie qu'avecla stabilisation intervenue dès l'installation au sommet de la chefferie du mwamiNyumba Bugoma Mubeza IV,en 2004. 

III.2.1. Evolution du revenu familial

L'une de plus importantes évolutionsau niveau familialpendant cette période est la progression du panier de la ménagère qui a augmenté jusqu'à 20 dollars en moyenne pour chaque ménage. Grace à cette augmentation du panier de la ménagère, les familles se trouvent dans une situation favorable face aux problèmes de rareté des denrées alimentaires selon les saisons et les époques.

Le retour de la population dans ce groupement et leur courage pour cultiver leurs champs sont à la base de l'augmentation de ce panier ménagère ainsi que l'intronisation du Mwami NYUMBA Bugoma Mubeza V à la tête de la chefferie de Luindi en 2004.

Partant de cette situation, certaines maladies comme le marasme et le kwashiorkor ont presque disparu dans le groupement de Mukangala. Ceci a, à son tour, conduit à la diminution des décès, surtout des enfants dont l'âge varie entre 4 et 10 ans. D'après nos investigations sur terrain, 9 enfants sur 15 atteints de kwashiorkor meurent tous les 2ans de cette maladie. Avec cette amélioration des conditions de vie,on a constatéune diminution sensible de certains comportements pervers au sein de la population comme le banditisme, la prostitution, le tribalisme, l'intolérance envers les autres etl'alcoolisme68(*).

III.2.2. Evolution du secteur agricole

L'économie du groupement de Mukangala est actuellement basée sur l'agriculture. Mais celle-ci est menacée la mosaïque. Ensuite, viennent l'élevage, la pêche et le petit commerce. Elle est devenue une économie de substance. Cette évolution, quoi que timide, permet tant soit peu l'instauration d'un équilibre vitalau sein des structures du groupement et l'adaptation de la population à la situation qu'elle traverse.

En effet, presque la totalité de la population de ce groupement vit de l'agriculture. Elle pratique diverses cultures citées dans les tableaux ci-dessous avec les quantités produites en tonnes.

Tableau n°15.Différents types des cultures et leurs produits en tonnes dans le groupement de Mukangala en 2021.

Types de production

Production en tonnes

1

Mais

12

2

Riz

7

3

Haricot

15

4

Arachide

3

5

Manioc

25

6

Banane

30

7

Aubergine

3

8

Tomate

2

9

Colocase

4

Source : Archives du bureau agronomique de la chefferie de Luindi, rapport annuel de l'ONGD, ADMR, de 2019, p11 à 14 

Commentaire : La culture de manioc occupe une place prépondérante par rapport aux autres cultures, car elle apporte un revenu considérable à la population. La culture du haricot prédomine dans les localités de Mulamba, Pinga, Ndola et Kashaka. L'élevage des porcs, chèvres, ovins et oiseaux de la basse-cour est très pratiqué parce qu'ils'adapte bien au climat local et se trouve être très rentable. La pêche traditionnelle utilisant les hameçons et les nasses est pratiquée pour capturer les poissons dans les rivières Ulindi et zokwe ainsi que dans les étangs piscicoles.

Certaines innovations ont été enregistrées sur le plan agricole avec l'introduction de nouvelles méthodes culturales de semis en ligne pour le cas de paddy, de haricotet d'arachide ainsi qu'avec l'introduction de nouvelles variétés des boutures de manioc résistantes à la mosaïque.

III.2.3. Formation à l'auto-prise en charge 

Sur ce registre, il faut noter l'installation du bureau de l'ONG CAMPS/HIA2005-2009 dont le but était d'encadrer les mères et les jeunes filles violées à travers l'animation sanitaire et l'apprentissage des métiers (coupe-couture, menuiserie) en vue de leur auto-prise en charge.

La création de l'ONGD Kinguti de monsieur Jean-Marie Bulambo Kilosho, ayant pour finalité la promotion des agriculteurs et des vendeuses en leur octroyant gratuitement des semences et un peu d'argent pour relancer leurs activités commerciales.D'autres ONGD sont opérationnelles à Mukangala, comme par exemple IRC, APIDE dans son projet Tuungane. Ces organisations fonctionnent timidement.La construction des étalages, des hangars et d'un petit dépôt dans le marché de Kidasa par l'ONGD CAPANAMIR de l'honorable Jean-Claude Kibala N'Koldet d'autres projets de l'organisation internationale USAID sont venus donner du tonus à la vie économique du groupement de Mukangala.

III.3.PERSISTANCE DES TRAITS CULTURELS TRADITIONNELS 

Dans le groupement de Mukangala, la transmission des connaissances se faisait à travers des contes et des historiettes, par les vieux et les griots aux jeunes garçons au « barza » ; et par les vielles femmes aux jeunes filles à la cuisine ou au champ. En effet, cette éducation traditionnelle,toujours en vigueur, porte notamment sur les travaux champêtres comme le défrichage, l'abattage des arbres, le semis, le sarclage et la moisson ; sur la chasse, comment tendre les pièges oucomment pêcher, et surtout sur la vie en société.Dans la culture lega, la principale référence est le « Mutanga », c'est-à-dire la corde de la sagesse lega. Le « Bwali » ou la circoncision chez les Lega est une initiation qui vise à orienter le jeune homme vers un style et une qualité de vie jugés souhaitables et irréprochables pour la société. L'initiation au « Bwali » se réalise sous la conduite de « Kimbilikiti », l'esprit principal d'initiation, toujours assisté de sa soeur « Kabile ». Le « Bwali » couvre une période allant de 1 à 3 mois. L'âge de recrutement pour cette initiation est de 12 ans minimum. Tout homme Mulega est obligé d'y aller quel que soit son âge. Les néophytes sont internés en brousse et y reçoivent les rites, les enseignements, les épreuves d'endurance, l'apprentissage des métiers et les pratiques de la vie visant à éveiller une réelle mutation dans leur manière d'être et d'agir.Le caractère sacré de l'initiation et le combat recherché avec les énergies primordiales renforcent le sentiment de passage d'une vie à une autre.La nudité temporaire, la couleur blanche du Kaolin ou le vêtement minimisé marquent la connaissance d'un nouveau genre de vie et l'apprentissage d'un comportement différent qui va dans le même sens.

L'intégration culturelle se réalise tout d'abord dans la découverte des valeurs spécifiques de sa société et de tous les messages contenus dans les divers éléments du milieu naturel. Elle se prolonge dans la saisie de la valeur de l'homme, de sa virilité et des relations sociales. Pour mieux marquer l'accord nécessaire à la vie du groupe, tout acte agressif et toute violence sont sévèrement prohibés durant toute la durée de la réclusion. En effet, des pareilles réactions sont supposées fracasser les côtés de « Kimbiliki », le grand inspirateur du camp. Elles seront donc sanctionnées par des rites significatifs et des punitions assez pénibles pour qu'elles restent dans la mémoire. Cette intégration culturelle met l'accent sur le courage au travail vécu au camp, des lourdes corvées de jour et de nuit. La durée de cette initiation est relative et dépend des organisateurs.

Donc pendant cette période, l'enfant est séparé de sa famille et va vivre avec les autres initiés « Batende » dans la brousse sous la direction des sages qui sont notamment des gens très avancés en âge. Il apprend à chasser, à piéger, à pêcher, à tisser, à construire une case et des préceptes de la vie conjugale. Chaque initié est contrôlé par son parrain appelé « Kikundi ». Les relations entre l'initié et le village ne se font que par l'intermédiaire du « Kikundi », car pendant toute cette période, l'on reste éloigné du village et surtout entouré des interdits. Dès le soir de l'installation du camp appelé « Lutende », on procède au recrutement. Les jeunes recrues accompagnées de leurs parrains font une sortie nocturne officielle et une sortie diurne officielle aussi.Pour la première sortie, ils sont accompagnés de « Kimbilikiti », et lors de la seconde, celui-ci reste au camp entrain d'injurier les femmes68(*).

III.4.EVOLUTION SUR LE PLAN SOCIAL

La société du groupement de Mukangala a connu une certaine évolution après les événements macabres de l'année 1998. Toutefois, elle a également conservé des aspects permanents. C'est ce que tentent de démontrer les lignes qui suivent. 

La population du groupement de Mukangala est hospitalière. Elle s'organise en familles. La vie de la famille africaine est marquée par une attitude de respect et d'obligation mutuels qui lient les membres l'un à l'autre et une attitude d'amour. La famille est une unité importante pour chaque membre qui doit penser à lui- même et aux autres dans son appartenance au groupe69(*). La société du groupement de Mukangala a su conservé son organisation clanique même au-delà des événements sanglants de 1998. Elle est donc caractérisée par les permanences sociales ci-après.

III.4.1. CLANS ET LIGNAGES DE MUKANGALA APRES L'ANNEE 1998

A. Le clan de Bahofa 

C'est le clan régnant dans le groupement de Mukangala et qui contrôle deux groupements en Chefferie de Luindi. Il s'agit de groupements d'Ihanga et Mukangala.

B. Le clan Bachoka 

Ce clan est composé par les principaux lignages ci-après : Bamisungwe, Bakilicha, Babusamwa, Benemugamba et Balicha.

C. Le clan de Bashilubanda

Dans cette entité de Bashilubanda, on trouve d'autres clans suivants : Bashikumbilwa, Bashilubanda, Bashitabyale, Balimbizi, Bashikasa, Bashibugembe et Bashitonga.

D. Les autres clans du Groupement de Mukangala 

Ce sont les clans : Balobola, Bamunda, Bandala, Babundu, Bakanga, Basele, Babumbi, Bashimwenda et Babulinzi.

III.4.2. EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE

La démographie du groupement de Mukangala est en croissance, d'une part, et en décroissance, d'autre part, suite aux déplacements massifs des populations enregistrés de 1998 à nos jours. En effet, d'après nos enquêtes sur terrain au bureau de la chefferie de Luindi, en 1998, on a enregistré la première grande vague de déplacement des habitants pour des raisons sécuritaires.Ce déplacement a entraîné une décroissance démographique de l'ordre de plus de la moitié de la population du groupement de Mukangala. Après la vague de 1998, d'autres se sont produites de 2007 à 2010 lors des affrontements entre les soldats de l'opération Kimia II et les Hutus rwandais.

Avec l'arrivée au pouvoir du chef de la chefferie de Luindi, en la personne de mwami Nyumba Bugoma Mubeza IV, et de celui du groupement de Mukangala ainsi qu'avec le rétablissement de la sécurité par le gouvernement central,on observe le retour dans presque tous les villages de ce groupement des populations qui avaient fui pour se réfugier à Bukavu, Mwenga-centre, Kamituga et Uvira. Le retour des populations dans leurs milieux respectifs explique l'augmentation rapide de la démographie dans ce groupement qui compte environ 126052 habitants en 2019, alors qu'après les massacres de 1998, il était presque inhabité et ne comptait que 4 567habitants en 2005.

III.5. EVOLUTION SUR LE PLAN POLITIQUE 

L'évolution sur le plan politique se caractérise par des continuités au sommet des entités administratives avec la présence d'une seule autorité coutumière, d'un seul chef de groupement et des chefs de localité. Les changements se situent surtout au niveau des forces armées et de la police affectée sur place en vue de sécuriser les personnes et leurs biens dans ce milieu qui était devenu pendant longtemps un champ d'affrontements lors de différentes rébellions. Ces aspects ont facilité la réunification du groupementde Mukangala et même celle de l'ethnie nyindu, en général.

D'autres évolutions s'observent, sur le plan administratif avec la construction et la réhabilitation des bâtiments administratifs, des toilettes de la chefferie, la réhabilitation des routes de desserte agricole et des ponts (Kasika-Ngingu via Kigogo). Il y a enfin la réhabilitation du micro-barrage hydroélectrique de Kidasa dans la rivière Lumetekelo par l'ONGD Tuungane70(*).

CHAPITRE IV. DIFFICULTES ET PERSPECTIVES DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Ce chapitre est consacré aux difficultés rencontrées dans le groupement de Mukangala et aux perspectives pour y remédier. La première section montre les difficultés que connaît ce groupement de Mukangala depuis 1998 jusqu' à nos jours ; tandis que la deuxième est consacrée aux perspectives et recommandations

IV.1. DIFFICULTES RENCONTREES DANS LE GROUPEMENT DE MUKANGALA

Depuis l'an 1998, les localités du groupement de Mukangala sont devenues le théâtre des atrocités sous diverses formes commises par les différents groupes armés qui s'y sont succédé. Ceci interpelle plus d'une personne et particulièrement les habitants et les ressortissants de Mukangala qui sont concernés en premier lieu, étant donné que la plupart d'entre eux ont été victimes de l'une ou l'autre exaction et/ou atrocité commise par les groupes armés et cela directement ou indirectement. Le tableau n°8 ci-dessous reprend les difficultés qui sévissent dans ces localités. Cette section présente les difficultés que nous avons-nous-même aussi observées sur le terrain à Mukangala. Nous avons eu l'occasion de rencontrer et d'interroger les autorités politico-administratives et ecclésiales du groupement ainsi que la population locale constituée des hommes, femmes, jeunes garçons et filles. L'enquête menée dans les localités représentant les ¾ des villages du groupement sous étude, nous avons synthétisé les difficultés, leurs causes et leurs conséquences observées dans notre champ d'investigation dans le tableau qui suit.

Tableau 8. Difficultés rencontrées dans les localités du groupement de Mukangala

Domaines

Difficultés

Causes

Conséquences

1.

Eau et Assainissement

Inaccessibilité de la population à l'eau potable dans certains villages

Dégradation du cadre de vie

Eloignement des sources d'eau par rapport aux villages, présence des sources nos aménagées

Insalubrité

- Maladies hydriques ;

- Corvées fréquentes à la recherche d'eau (les longues distances à parcourir pour la recherche de l'eau) par les femmes et les enfants

- Perte de temps ;

- Maladie et destruction de l'environnement

2.

Education

Infrastructures scolaires insuffisantes, en mauvais état et non viables

- Guerre à répétition (pillages des fournitures scolaires par les groupes armés FDLR et autre) ;

- Vétusté de certains bâtiments et écoles ;

- Faible budget alloué au secteur de l'éducation ;

- Absence d'un institut supérieur ;

- Faible niveau de revenu, faible implication des partenaires.

- Accroissement du taux de déperdition scolaire ;

- Recrudescence du phénomène des enfants abandonnés ;

- Faible niveau de formation ;

- Insécurité sociale...

3.

Habitat

Cadre de vie non décent (présence des habitations non décentes, maisons construites en pisées, en paille et matériaux non durables),...

- Guerres à répétitions (pillages et destructions massives des maisons) ;

- Pillages par des groupes armés ;

- Incapacité de la population à améliorer son cadre (faible niveau de revenu) ;

- Difficulté d'accès à certains matériaux de base (ciments, tôles,....)

- Risque d'exposition de la population aux intempéries et maladies diverses ;

- Environnement non embelli, ...

4.

Santé

Difficulté d'accès aux soins de santé de base

- Eloignement des structures de santé ;

- Personnel de santé insuffisant et peu qualifié ;

- Faible revenu de la population ;

- Insuffisance de formations de santé et maternité

- Mauvais état des infrastructures de santé

- Surpeuplement des structures de santé dans les grands centres, ...

- Risque élevé de mortalité ;

- Corvées fréquentes (longues distances à parcours pour le transport des malades) ;

- Accouchements domestiques, maternité à risque ;

- Faible qualité des soins administrés ;

- Recrudescence des traitements ambulatoires

5.

Energie

Manque d'énergie

Manque des sources de production d'énergie (électricité et mécanique,...)

Frein aux activités de développement, accès difficile à certaines commodités (télévision, radio, élévateur,...)

6.

VIH/SIDA

Faible niveau d'information sur la pandémie et la connaissance de l'état sérologique

- Faible niveau des activités de sensibilisation ;

- Coutume, ...

- Risque de contamination grave

7.

Gestion durable des ressources naturelles et protection de l'environnement

Dégradation de l'écosystème

- Pillages, razzias des groupes armés,

- Coupes abusives des arbres ;

- Erosions, forte exploitation des charbons de bois, perturbation climatique, déforestation, disparition des espèces animales, végétales et utilisation des emballages en plastique ;

- Recherche de refuge et du lucre (exploitation : bois, minerais,...

- Déficit pluviométrique, appauvrissement du sol à cause des érosions ;

- Disparition des emballages en plastiques, perméabilité difficile de l'eau dans le sol ;

- Risque de désertification.

8.

Agriculture et Elevage

Difficulté d'accès aux intrants

Difficultés de transformation et de commercialisation des produits agricoles

Diminution de la production et du cheptel

- Faible niveau de revenu de la population ;

- Manque de magasins d'intrants, faible niveau des activités commerciales

- Mauvais état des routes, inaccessibilités, absence de transformations ;

- Manque d'énergie, organisations des petits marchés périodiques

- Méthodes culturales non appropriées, insuffisances des semences ;

- Maladies des animaux ;

- Techniques culturales inappropriées

- Guerres répétitives (pillages des groupes FDLR et autre)

- Absence de points de vente des bétails

- Baisse de la production, insécurité, alimentaire, découragement pour les activités agricoles,

- Durs travaux ménagers pour la transformation des produits (surtout pour les femmes et enfants) ;

- Faible circulation de la monnaie, risque accru du troc

- Rareté des produits laitiers et d'élevage des cheptels.

- Carence en protéines animales, piscicoles

9.

Transport, Communication et Télécommunication

Manque d'entretien et mauvais état des routes de desserte agricole et impraticabilité des routes de desserte agricole et la route nationale n°2

Difficultés d'accès à l'information rapide

- Manque d'entretien des ponts ;

- Manque de moyens financiers, pas de terrassement

- Faible couverture téléphonique (pas d'antenne de télécommunication cellulaire dans beaucoup de localités, sauf dans le village de Kasika

- Faible accès aux médias.

- Enclavement de certains groupements ;

- Limitation des échanges et des mouvements d'écoulement de la production agricole ;

- Baisse du pouvoir d'achat de la population ;

- Abandon des activités agricoles ;

- Production agricole de subsistance

- Sous - information

10.

Commerce

Insuffisance d'épargne

Manque d'un marché moderne pour évacuer les produits agricoles

- Les guerres à répétition, pillages, chômage, absence de structures d'octroi des crédits et faible revenu de la population

- Faible développement des activités commerciales, manque de ressources financières

- Insuffisance des activités commerciales

- Difficultés d'accès aux produits manufactures

- Exode rural de la population pour chercher mieux ailleurs

- Exposition des marchands aux intempéries, faible niveau de circulation de la monnaie...

11.

Artisanat

Faible niveau des activités artisanales

Désintéressement, méfiance car moins lucratif, ignorance

Non valorisation des produits locaux et de la culture

12.

Tourisme

Manque d'activités touristiques dans le groupement

Guerres, insécurité, présences des groupes armés, inaccessibilité des sites touristiques

Manque à gagner en termes de taxes, sous valorisation des sites touristiques

13.

Infrastructures administratives, sociales et sportives

Manque d'infrastructures administratives, socioculturelles de base dans tous les localités

Pillage par des groupes armés, état avancé de délabrement, manque d'autres infrastructures

Désintéressement aux activités culturelles, conditions difficiles de travail pour les agents de l'administration publique

14.

Sécurité

Insécurité dans toutes les localités.

Présence des différents groupes armés

Frein aux mouvements des biens et des personnes, destructions massives et tueries accables.

15.

Autorités ou Dirigeants

Incompétence de certaines autorités de résoudre certaines problèmes dans le groupement

Manque de dirigeants compétents dans certaines localités pour résoudre les petits problèmes conflictuels entre les villages et même familles.

- Frein aux relations entre les tribus, familles, ...

- Création des conflits, manque d'amour entre les gens,...

Source : C.T.B./PAIDECO-WAGA avec la collaboration de l'Université de Bukavu,Plan de développement local 2010 - 2014 de la collectivité-chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, inédit, Bukavu, 2010, pp. 55-5

IV.2. PERCEPTIVES DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Dans le but de remédieraux difficultés que connaît le groupement de Mukangala, nous suggérons ce qui suit :

- La mise en place des taxes de faveur pour permettre de maximiser les recettes ;

- L'introduction des types d'élevage et de cultures spécifiques à chaque localité ;

- La sensibilisation à l'auto-prise en charge individuelle et collective ;

- La démobilisation des ex-combattants et leur réinsertion sociale ;

- Encourager les déplacés au retour volontaire ;

- Qu'une solution soit trouvée pour mettre fin aux conflits politiques et fonciers qui déchirent ce groupement ;

- Que les autorités compétences s'impliquent dans ces conflits pour réconcilier les parties antagonistes ou pour les départager en tranchant sur base de la coutume locale, en respectant la culture nyindu et les lois du pays ;

- Que le chef de groupement deMukangala applique une bonne gouvernance dans son entité basée sur les principes de gestion démocratique et progressiste ;

- La chefferie de Luindi devrait intervenir dans la construction des infrastructures qui font défaut au sein du groupement de Mukangala parce que cette entité administrative dépend d'elle ;

- Il serait mieux de remplacer les éléments incompétents dans la gestion de cette entité administrative par de nouvelles unités beaucoup plus dynamiques.

CONCLUSION

Au terme de notre étude ayant porté sur l'histoire du groupement de Mukangala (1930-2021), il sied de résumer les résultats de nos recherches et de rappeler comment nos hypothèses de travail ont été vérifiées.

En effet, à travers les différents chapitres de ce travail, nous avons démontré que, contrairement aux traditions orales qui racontent que les Bohofa sont des Nyindu d'origine, ceux-ci sont plutôt d'origine shi de Mwenga dans la chefferie de Luwinja.Quant à la création du groupement de Mukangala, nous avons démontré qu'elle s'inscrit dans la mouvance da la création des entités indigènes par les colonisateurs belges. En ce que concerne l'organisation politico-administrative du groupement de Mukangala, nos recherches prouvent qu'elle est hiérarchisée à partir du pouvoir central jusqu'au niveau des villages. Les chefs de villages possèdent le pouvoir politiqueet ont également des attributions sociales, économiques et même culturelles.

Le deuxième chapitre a démontré que l'évolution économique de ce groupement repose sur l'agriculture, l'élevage et l'exploitation minière. Nous avons, en outre, trouvé que chacune de ces activités contribue au fonctionnement et ou développement économique de cette entité.

Le troisième chapitre prouve que les initiations et les interdits sociaux, les écoles primaires et secondaires construites et réhabilitées, les sports et loisirs, les rites et les coutumes font partie de l'immense patrimoine culturel de ce groupement.

Le quatrième chapitre, enfin, montre les difficultés que connaît le groupement de Mukangala face aux différents conflits (guerres et rébellions) qui ont secoué cette entité. Ces difficultés ont été d'ordre économique avec les pillages répétitifs effectués par les différents groupes armés Interahamwe et milices dans les champs et maisons des paysans; d'ordre sociodémographique tel l'exode rural, les massacres, tueries et les déplacements des populations ainsi que d'ordre politique comme les guerresde l'AFDL, du RCD/Goma, des Mai-Mai Nyakiriba; des conflits hégémoniques entre lesclans des Nyindu, en général, et au sein de la famille royale, en particulier.

Au vu de difficultés que connaît le groupement de Mukangala, nous avons suggéré au gouvernement congolais de prendre ses responsabilités en désenclavant cette entité politico-administrative, de revoir le système d'imposition, de mettre sur pied une bonne politique agricole en vue de lutter contre la mosaïque de manioc et de créer de l'emploi pour les jeunes, surtout les ex-miliciens.

Ce travail n'a pas la prétention d'être exhaustif ; il est plutôt partiel et perfectible. Néanmoins, il apporte sa contribution à la connaissance de l'histoire politique et administrative de la RD Congo tout en ouvrant des pistes des recherches ultérieures sur le groupement de Mukangala dans tous les domaines, politique, économique, social et culturel.

SOURCES UTILISEES

SOURCES ECRITES

I.1. DOCUMENTS D'ARCHIVES

1.archive de la chefferie de luindi, rapport annuel 2015-2016 inédit kasika 2016

2.Archives administratives de la chefferie de luindi, rapport annuel sur la situation actuelle de celle-ci 2019

3.archive de la chefferie de luindi, rapport annuel de 2013 inédit kasika

4. CADHOM, rapport sur le massacre de kasika en 2006

5. C.I.J, livre blanc terme 1 et 2 de 1999

6. archive du bureau agronomique de la chefferie de luindi, rapport annuel de l'ONGD ADMR de 2019

7. archive du groupement de mukangala inédit, Mwimbili 2021

8. CTB/PAIDECO-WAGA, avec la participation de l'UOB pour la rédaction, plan du développement focal 2010-2011 de la chefferie de luindi en territoire de mwenga, BKV 2010

I.2.OUVRAGES

1.NICOLAS MACHIAVEL : les princes, Paris, puf, 1532

2. BULAMBO KATAMBU A : mourir au Kivu du génocide face au massacre dans l'est du congo, paris, ed harmatan, 2001

3. BOB KABAMBA et A. MUHOLONGO MALUMALU : cadastre des infrastructures : problèmes et recommandations, province du nord et sud-kivu, Belgique (ULG-Liège)CAPAC, 2010.

4. RONGER méthodologie des sciences sociales, paris, ed, Daloz 1971

5. LUKA-NE-KONGO, Schéma du travail scientifique, Kinshasa, ed, puf 1987.

6. SAUVET T, le dictionnaire économique et sociale, paris, ed, ouvrière, 1962

7. DEPELTEAU F, la démarche d'une recherche en sciences sociales, de la question du départ à la communication des résultats, ed, lovel de Breeck université de Canada, 2010

8. MUHINDO MALONGA T, droit administratif et constitution administrative, P.U.G-C.U.P, Butembo 2010

9. CHEIK.D, l'Afrique noir précoloniale, présence africaine, paris 1960

10. LEYBETH, l'Afrique coloniale, paris, 1962

11. DARCET, B, les conflits de génération, paris, ed, puf, 1963

12. CHIMANGA,W. TSHI : histoire du zaïre ed, du ceruki, Bukavu, 1976

13. MARIE-CLAUDE SMUTS, DARIO BATISTELA et PASCAL VANESSA, dictionnaire des rélations internationales, paris, ed, daloz, 1992

14. JASON STEARNS K, dacing in the glory of ministers : collopre of the congo and the great war of Africa. New-York Affaires blacks, 2011

I.3. ARTICLES DE REVUES

1.ordonnance-loi n°82/006 du 25 Février 1982 portant l'organisation territoriale politique et administrative de la République du Zaïre

2.journal officiel de la République du zaïre n°6, Kinshasa, le 16 Janver 1982

3.MUHUMBA KANGA O, la guerre de 1998 une véritable hécatombe pour les Batwa, Banyindu, de voir les mémoires pour les pygmées de Kasika, Bkv, 2004, article produit à l'USK/BKV

I.4. MEMOIRES, TFE, COURS

1. AHADI LUKOGO, évolution sociale et économique dans la chefferie de Luindi(1996-2015), mémoire en histoire, inédit, isp/Bukavu, 2016

2. KISHUGI MASTAKI. T. application des mécanismes de la justice traditionnelle, altérnative pour la stabilité locale dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, de 1998-2010. Mémoire en développement rural, inédit ISDR/Bukavu 2010

3.MUBUTO KUZINDAMOLO W, dynamique sociopolitique dans les collectivités, chefferies de Luindi, Basile, Wamuzimu de 1998-2003. Mémoire en SPA, UOB, 2003, inédit

4. MWAVITA K, effet de guerre sur l'environnement naturel de la chefferie de luindi en territoire de Mwenga, mémoire en développement rural inédit, ISDR/Bukavu 2011

5. ZAMUKULU MILENGE H, l'impact de massacre de kasika sur le développement sociopolitique dans la chefferie de luindi( de 1998-2014). Mémoire e, SPA inédit, UOB, 2014

6. MIHALI MUBEZA S, histoire sociopolitique de la collectivité chefferie de luindi de 1923-2007, mémoire en histoire ISP/Bukavu inédit 2011.

LES TFE

1. MIHALI Mubeza S, l'histoire sociopolitique de la chefferie de luindi, de 1993 - 2007. TFC en histoire, inédit, ISP/Bukavu 2008

2. MUTIKI LUTALA Jean, effet sur l'exercice du pouvoir politique chez les Nyindu dans la collectivité chefferie de luindi en territoire de mwenga de 1976-1977. TFC en histoire, inédit, ISP/Bukavu 1977

3. WILONDA MWATI E. : les incidences socioculturelles de la décolonisation des jeunes filles âgées de 6 à 17ans dans le groupement d'Ihanga en chefferie de luindi de 2006 à 2007, TFC en développement rural, inédit ISDR/Bukavu, 2007

4. WILONDJA LWIMBO, impact de massacre de kasika sur le développement socioéconomique dans la chefferie de luindi en territoire de mwenga, tfc en développement rural ISDR/BKV 2007

5. NAMASHEWA KABAMBA, les rôles de l'église dans la gestion des conflits du pouvoir coutumier cas de la collectivité chefferie de luindi, tfc en théologie inédit, UEA/BKV 2004

6. BYAMUNGU MUKOBELWA J, conflit au succession au pouvoir dans la chefferie de luindi de 1988 à 2012, Tfc en SPA inédit, USK/BKV 2013

7. BUBALA KAZAMWALI H, histoire du groupement d'ihanga dans la chefferie de luindi en territoire de mwenga de 1929-2014, Tfc en histoire, inédit, ISP/BKV 2017

8. MUKAMBA R, histoire du groupement de babulinzi dans la chefferie de basile en territoire de mwenga «en 1960 à 2010 en HSS, inédit, ISP/BKV 2015

9. POLEPOLE I, histoire politique de la collectivité de wamuzimu fin du 19ème siècle à 1960, Tfc en HSS, inédit, ISP/BKV 1976

10. ZAMUKULU MILENGE H, la dynamique sociopolitique en chefferie de luindi de 1997-2012, Tfc en SPA, inédit, UOB, 2012

11. MULENGWA KARANGWA R, le pouvoir coutumier et l'évolution de la fonction sociale cas de la collectivité chefferie de Burhinyi, Tfc en SPA, UOB inédit 2001.

THESES

1. KASIGWA MASUMBUKO Ch, intégration économique du sud-kivu dans la région du Grands-Lacs Africains : analyse appliquér au système de transport et à l'agriculture, thèse de doctorat en sciences économiques et gestions, inédit, UNIKIS, décembre 2012.

D.E.S

1. ABAMUNGU BASHWIRA J, les églises et leurs incidences dans le développement dans la ville de Bukavu, une analyse interdiscurtive D.E.S en sociologie de la religion UOB, inédit 2013.

COURS

1. KAGANDA Mulumeoderhwa P, cours d'initiation à la recherche scientifique, inédit UOB/BKV, FSSPA, G1 SPA 2009-2010 p2

2. USUNGO Ulungu J, cours d'initiation à la recherche scientifique en G2 HSS, inédit, ISP/BKV, 2020-2021

3. KASAY KATCHUVA L.A, cours d'aménagement du territoire de, L2 SPA, UOB 2014

I.5. INSTRUMENTS DE TRAVAIL : Encyclopédies, Dictionnaires

1. Dictionnaire petit Larousse, ed, dalloz, paris 1997

2. Petit Robert, dictionnaire de langue française, paris, 1994

NETOGRAPHIE

SOURCES ORALES : LISTE DES PERSONNES ENQUETEES

Noms et Post-Noms

Sexe

Age

Fonctions

Lieux et dates d'interview

1

Bulambo Kakobanya

M

88 ans

Commerçant

Kadutu,

2

Takubusoga Musingi

F

50 ans

Enseignante

Kasika,

3

Nyumba Bugoma

M

60 ans

Commerçant

Kasali

4

Milemba Kitoga

M

52 ans

Commerçant

Bukavu

5

Mazambi Winene

M

49 ans

Commerçant

Panzi

6

Mutimanwa Mwagalwa

M

35ana

Enseignant

Muhimbili

7

Lutanda Mutimanwa

M

63ans

Pasteur

Bizimana

8

Museme Kabasele

M

60ans

Agent de l'état civil

Kasika

9

Mwenebatende Nabuhombya

M

102ans

Chef de groupement

Kasika

10

Katambu Miali Ulia

M

43ans

Transporteur

Kasika

11

Bulambo Kilombwe Toto

M

40ans

Commerçant

Kasika

12

Mugambwa Rwanyonga

M

40ans

Transporteur

Kasika

13

Mukamba Kamundala

M

32ans

Commerçant

Kasika

14

Milenge Muhanyaingwa

M

45ans

Commerçant

Kidasa

15

Serge Lisasu Lubula

M

38ans

Agent Airtel

Kasika

16

Bulambo Mulungula

M

35ans

Préfet et président de la société civile de luindi

Kalambi

17

Balolwa Mulungula

M

50ans

Cultivateur

Bukavu

18

Anna Ngalya

M

82ans

Cultivateur

Kasika

19

Bonane Maumba

M

40ans

Directeur d'école

Kasika

20

Zamba Mwenebatende

M

55ans

Enseignant

Kasika

21

Milenge Kahumba

M

50 ans

Notable

Kidasa

22

Walasa Mbale

M

49 ans

Professeur

Kanenge

23

Georgette Musano Nyumba

Yababo

F

45 ans

Cultivatrice

Kalangilo

24

Wabiwa Manyumba

F

5à ans

Enseignante

Mukasa

25

Mazambi Ngwasa

M

45 ans

Préfet des études

Mulamba

26

Elias Mazambi Wtukalusu

M

53 ans

Pasteur

Muhimbili

27

Milenge Muhanyahingwa

M

45 ans

Commerçant

Klidasa

28

Lwesso Kaseke

M

52 ans

Pasteur

Muhimbili

29

Wangalala Ikingisha

M

55 ans

Directeur d'école

Mukasa

30

Mukamba Mulita

M

36 ans

Charger de sport

Kahulile

31

Mukamba Mutekulwa

M

37 ans

Cultivateur

Kidasa

32

Milonda Rudia

F

63 ans

Cultivatrice

Kasika

33

David Bikombolwa

M

50 ans

Pasteur

Bizimana

34

Neema Shamululi

F

28 ans

Cultivatrice

Kasika

35

Bitondo Lisasu

F

63 ans

Enseignante

Bagira

36

Feza Lisasu Lea

F

61 ans

Cultivatrice

Ilemba

37

Wilondja Musombwa

M

65 ans

Directeur

Kasika

38

Mukungilwa Lukogo

M

68 ans

Pasteur

Mulamba

39

Muganza Ilolwa

M

55 ans

Cultivateur

Mukasa

40

Mambo Kivukutu

M

63 ans

Cultivateur

Mukasa

41

Akilimali Mulelembuko

M

28 ans

Trafiquant des minerais

Ilongo

42

Mazambi Witakenge

M

30 ans

Enseignant

Kasika

43

Faida Kika

F

32 ans

Cultivatrice

Mukasa

44

Bahati Mauwa Pascasie

F

30 ans

Juriste

Labote

45

Mutumbwa Mushingilwa Senghor

M

41 ans

Enseignant

Bukavu

46

Mihali Mubeza

M

37 ans

Enseignant à l'institut ACECO

Bukavu

47

Bugoma Kimbu Vicky

M

58 ans

Superviseur de la zone de santé de Mwenga

Mwenga

48

Mwati Mulungula Vianney

M

62 ans

Administrateur Gestionnaire de la Zone de Santé de Mwenga

Mwenga

49

Takubusoga Musingi Dorcas

F

56 ans

Point Focal de la Fondation Panzi

Kasika

50

Shewa Kabumbanyungu

M

45 ans

Rév. Pasteur

Bukavu

Notre enquête a eu lieu dans deux milieux différents, à Bukavu du 1erau 7 Juin 2022 et à kasika/lwindi dans le groupement de Mukagala du 7 au 14 Juillet 202

Table des matières

MEMORIAM I

EPIGRAPHE II

REMERCIEMENTS IV

SIGLES ET ABREVIATIONS V

INTRODUCTION GENERALE 1

CHOIX ET INTERET DU SUJET 1

ETAT DE LA QUESTION 1

PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE 5

HYPOTHESES 5

0.5. DELIMITATION DU SUJET 6

0.5.1. DELIMITATION CHRONOLOGIQUE 6

0.5.2. DELIMITATION SPATIALE 6

0.5.1. METHODES 7

La méthode historique 7

0.5.2. TECHNIQUES 7

0.5.3. SOURCES UTILISEES 8

0.7. DIFFICULTES RENCONTREES 8

0.8. SUBDIVISION DU TRAVAIL 9

CHAPITRE PREMIER. ORIGINES DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 10

I.1. PRESENTATION PHYSIQUE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 10

I.1.1. Situation géographique 10

CARTE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 10

I.1.2. Relief 11

I.1.3. Climat 11

I.1.4. Végétation 11

I.1.5. Sol et sous-sol 11

I.1.6.Hydrographie 11

I.2. SITUATION DEMOGRAPHIQUE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 11

I.2.1. Population 12

Tableau n°1. Evolution de la population de Mukangala (1930- 2019) 12

I.2.2. Habitat 13

I.2.3. Origines et mise en place des habitants de Mukangala 13

I.2.4. ORGANISATION DES NYINDU 14

ORGANISATION POLITIQUE DES NYINDU 14

A.1. Origines de la royauté de Luindi 14

A.2. Les insignes du pouvoir monarchique de Luindi 14

A.3. Les dignitaires du royaume de Luindi 15

Tableau n°2. Entités administratives de la chefferie de Luindi 16

A.4. Les maisons royales de Luindi 18

ORGANISATION SOCIALE 18

B.2. Toponymie et anthroponymie chez les Nyindu 19

B.3. Mariage coutumier chez les Nyindu 20

ORGANISATION CULTURELLE DES NYINDU 21

CONSIDERATIONS SOCIOLINGUISTIQUES 22

I.3. CREATION DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 23

I.4. Origines des Lega : Bunyoro 24

Arbre généalogique des Lega 27

CHAPITRE DEUXIEME. ORGANISATION DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 29

II.1. ORGANISATION POLITICO-ADMINISTRATIVE DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 29

II.1.1. DEFINITION DES CONCEPTS 29

II.1.2. ANIMATEURS DE LA VIE POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE 30

ORGANIGRAMME DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 31

II.2. ATTRIBUTIONS DES ANIMATEURS DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 32

II.2.1. Le chef de groupement 32

II.2.2. Le Secrétaire administratif 32

II.2.3. Les chefs de localités 33

II.2.5. Le bureau d'état civil 33

II.3. ORGANISATION SUR LE PLAN ECONOMIQUE 35

II.3.1. AGRICULTURE ET PECHE 36

II.3.2. ELEVAGE 38

II.3.3. CHASSE 38

II.3.4. COMMERCE 39

II.3.7. ARTISANAT 42

II.4. SITUATION SOCIO-CULTURELLE 42

II.4.2. FORMATIONS SANITAIRES 45

II.4.3. HABITAT 46

II.4.5. RELIGION 52

CHAPITRE TROISIEME. FONCTIONNEMENT DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 53

III.1. IMPACTS DE MASSACRES DE KASIKA SUR LE GROUPEMENT DE MUKANGALA 53

III.2. FONCTIONNEMENT DU GROUPEMENT SUR LE PLAN ECONOMIQUE 55

III.2.1. Evolution du revenu familial 55

III.2.2. Evolution du secteur agricole 56

III.4.1. CLANS ET LIGNAGES DE MUKANGALA APRES L'ANNEE 1998 59

III.5. EVOLUTION SUR LE PLAN POLITIQUE 60

CHAPITRE IV. DIFFICULTES ET PERSPECTIVES DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 62

IV.1. DIFFICULTES RENCONTREES DANS LE GROUPEMENT DE MUKANGALA 62

IV.2. PERCEPTIVES DU GROUPEMENT DE MUKANGALA 0

CONCLUSION 1

SOURCES UTILISEES 2

SOURCES ECRITES 2

I.1. DOCUMENTS D'ARCHIVES 2

I.2. OUVRAGES 2

I.3. ARTICLES DE REVUES 3

I.4. MEMOIRES, TFE, COURS 3

I.5. INSTRUMENTS DE TRAVAIL : Encyclopédies, Dictionnaires 5

SOURCES ORALES : LISTE DES PERSONNES ENQUETEES 5

* 1M.Grawitz, cité par P. Kaganda Mulumeo-Derhwa, Cours d'initiation à la recherche scientifique, inédit, UOB, FSSPA, G1SPA, 2009-2010, p.2.

* 2Ahadi Lukogo, Evolution sociale et économique de la chefferie de Lwindi (1996-2015), mémoire de licence en Histoire, inédit, ISP/Bukavu, 2016.

* 3Bulambo Katambu, A., Mourir au Kivu : du génocide Tutsi aux massacres dans l'Est du Congo, Paris, Ed. Le Harmattan, 2001.

* 4 Bob Kabamba et A Muholongo Malumalu, Cadastre des infrastructures : problèmes et recommandations/Provinces du Nord et du Sud-Kivu, Belgique (ULG-Liège), CAPAC, 2010, pp.444-446.

* 5Chishugi Mastaki, T., Application des mécanismes de la justice traditionnelle, une alternative pour la stabilité locale dans la chefferie de Luindi dans le territoire de Mwenga de 1998-2010, mémoire de licence en Développement rural, inédit, ISDR/Bukavu, 2010.

* 6 Miyali Mubeza, S., Histoire socio-politique de la chefferie de Luindi (1923-2007), TFE en Histoire-Sciences Sociales, inédit, ISP/Bukavu, 2008.

* 7Mubuto Kuzindamolo, W., Dynamique sociopolitique dans les collectivités-chefferies de Basile, Lwindi et Wamuzimu de 1998 à 2003, mémoire de licence en SPA, inédit, UOB, 2003.

* 8 Mutiki Lutala, J., Essai sur l'exercice du pouvoir politique chez les Banyindu dans la collectivité chefferie de Luindi en territoire de Mwenga : 1976-1977 », TFE en Histoire-Sciences Sociales, inédit, ISP/Bukavu, 1977.

* 9Mwavita, K., Effets des guerres sur l'environnement naturel de la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, mémoire de licence en Développement rural, inédit, ISDR/Bukavu, 2011.  

* 10 Wilondja Mwati, E., Les incidences socio-culturelles de la déscolarisation des jeunes filles âgées de 6 à 17 ans dans le groupement d'Ihanga en chefferie de Luindi (2006-2007) », TFC en Développement rural, inédit, ISDR/Bukavu, 2007. 

* 11Zamukulu Milenge, H., L'impact des massacres de Kasika sur le développement socio-politique dans la chefferie de Luindi » (1998-2013), mémoire de licence en SPA, inédit, UOB, 2014, p67, .

* 12Dictionnaire Petit Larousse, Ed. Dalloz, Paris, 1997, p85.

* 13Usungo Ulungu, J., Cours d'initiation à la recherche scientifique, G2HSS, inédit, ISP/Bukavu, 2020-2021.

* 14Nyamatomwa, M., cité par Mubuto Kuzindamolo, Dynamique socio-politique dans les collectivités-chefferies de Basile, Luindi et Wamuzimu, de 1998 à 2003, mémoire de licence en SPA, inédit, CUB, 2003, p.1.

* 15Rongere, P., Méthodologies de sciences sociales, Paris, Ed Dalloz, 1971, p.20.

* 16 Loka-Ne-Kongo, Schéma du travail scientifique, Kinshasa, Ed. P.U.Z, 1987, p.86.

* 17Mihali Mubeza, S., Histoire socio-politique de la collectivité chefferie de Luindi (1923-2007), ISP/Bukavu, mémoire de licence en Histoire, inédit, ISP/Bukavu, 2011, pp.5-6.

* 18Mihali Mubeza, S., 2011, op.cit., pp. 7,10.

* 19 Wilondja Lwimbo, Impact des massacres de Kasika sur le développement socioéconomique dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, TFE en développement rural, ISRD/Bukavu, 2006-2007, p.25.

* 20Sauvet, T., Le dictionnaire économique et social, Ed. Ouvrière, Paris, 1962, p.38.

* 21Namashewa Kabamba, Le rôle de l'église dans la gestion des conflits du pouvoir coutumier : cas de la collectivité-chefferie de Luindi, TFE en Théologie, inédit, UEA/BUKAVU, 2004, pp.18-24.

* 22Archives de la chefferie de Luindi, Rapport annuel 2015-2016, inédit, Kasika, 2016, pp.10-21.

* 23 Bulambo Kakobanya M., interviewé, le 27 Août 2022, à Bukavu.

* 24Mwenebatende NabuhobyaJoseph chef de groupement, Interviewé à Kasika, le 12 janvier 2022

* 25Depelteau, F., La démarche d'une recherche en science sociale. De la question du départ à la communication des résultats, Laval, Ed de Boeck, Université de canada, 2000, p.175.

* 26Muhindo Malonga, T., Droit administratif et institutions administratives, P.U.G-C.R.I. P, Butembo, 2010, pp.130-134.

* 27Bubala Kazamwali, op.cit., pp.21-22.

* 28 CHIK.A.D., L'Afrique noire précoloniale, Présence Africaine, Paris, 1960, p162.

* 29 Leybeth, L'Afrique coloniale, Paris, 1962, p.89.

* 30 Darcet, B., Les conflits de générations, PUF, Paris, 1963, p.7.

* 31 Mukamba,R., Histoire du groupement des Babulinzi dans la chefferie de Basile en territoire de Mwenga, 1960-2010, TFE, Histoire-Sciences Sociales, inédit, ISP/Bukavu, 2015, p.8.

* 32Poleole, I., Histoire politique de la collectivité des Wamuzimu fin 19ème S-1960, TFE, Histoire-Sciences Sociales, inédit ISP/Bukavu, 1976, p.18.

* 33 TSHIMANGA W. TSH., Histoire du Zaïre, éd. du CERUKI, Bukavu, 1976, p.23.

* 34Ordonnance-loi n°82/006 du 25 février 1982 portant l'organisation territoriale, politique et administrative de la République du Zaïre, journal officiel de la République du Zaïre n°06, Kinshasa, le 16 février 1982.

* 35Depelteau, F., La démarche d'une recherche en science sociale. De la question du départ à la communication des résultats, Ed. Laval de Boeck, Université de canada, 2000, p.175.

* 36Muhindo Malonga, Droit administratif et institutions administratives, PUG, CRIP, Butembo, 2010, pp.130-134.

* 37Marie-Claude Smuts, Dario Battistella et Pascal Vennesson, Dictionnaire des relations Internationales, Paris, Ed. Dalloz, p.480.

* 38 Petit Robert, Dictionnaire de la Langue Française, Paris, 1994, p.854.

* 39Bitondo Kabala, Agée de 69 ans, fille de Songa Lisasu Modeste, interrogée à Bagira, le 15/02/2022.

* 40 Bubala Kazamwali, op.cit., pp.27-28.

* 41Mwenebatende Nabuhobya Joseph, chef de groupement de Mukangala, Interviewé à Kasika, le 12 janvier 2022.

* 42 R. Boudon, cité par Abamungu Bashwira John, Les églises et leurs incidences dans le développement dans la ville de Bukavu (une analyse praxeo-interdiscursive), DES en sociologie de la religion,UOB, Inédit 2012-2013, p.24,.

* 43Abamungu Bashwira, J., op.cit., p.75

* 44Birou, A., cité par Abamungu Bashwira J., op.cit., p.56.

* 45Fossaert, R., cité par Abamungu Bashwira, J., p.72.

* 46Marchal, J., cité par Kasigwa Masumbuko Christophe, Intégration économique du Sud-Kivu dans la région des grands-lacs africains : analyse appliquée au système de transport et à l'agriculture, Thèse de doctorat en Sciences économiques et de gestion, inédit, Unikis Décembre 2012, p.158.

* 47Archives de la chefferie de Lwindi, Rapport annuel, 2012-2013, inédit, Kasika, pp. 5-13.

* 48Zamukulu Milenge, H., La dynamique socio-politique en chefferie de Lwindi : 1997-2012, TFC en SPA, inédit, UOB, 2012, pp. 15-17.

* 49Musa Kakobanya, 88 ans, interviewé à Bukavu, le 1er Décembre 2021.

* 50Mulengwa Karhangwa, R., Le pouvoir coutumier et l'évolution de sa fonction sociale. Cas de la collectivité-chefferie de Burhinyi, TFE en SPA, inédit, UOB, 2000-2001, p.10.

* 51Bahizire Kabage Dunia, Révérend Pasteur de la 5ème CELPA Kilimbwe, âgé de 65 ans, interviewé à Kasika, le 07 Mai 2022.

* 52 Kasindi Lubunga, secrétaire du chef de groupement de Mukangala, âgé de 54 ans, interviewé à Kasika, le 12 Mai 2022.

* 53Bugoma Kimbu Vicky, Superviseur principal de la zone de santé de Mwenga, interviewé le 20 décembre 2021 à Mwenga-centre.

* 54Kasay Katchuva, L. A., cours d'aménagement du territoire II, mémoire de licence en SPA, inédit, UOB, 2014 p.37.

* 55 Bugoma Kimbu Vicky, Infirmier superviseur de la zone de santé de Mwenga, âgé de 58 ans, interviewé le 20 Février 2022 à Mwenga-centre.

* 56 Bugoma Kimbu Vicky, informateur déjà cité.

* 57R. Mulengwa Karangwa, Le pouvoir coutumier et l'évolution de sa fonction sociale. Cas de la collectivité chefferie de Burhinyi, TFC en SPA, inédit, UOB, 2001, p.10.

* 58Zamukulu Milenge, H., op.cit., p.18.

* 59 CADDHOM, Rapport sur les massacres de Kasika, 2006, pp.3-5.

* 60Muhumba Kanga O, La guerre de 1998, une veritable hécatombe pour le Batwa Banyindu, devoir de mémoire pour les pygmées de Kasika, Bukavu, 2004, p.2. article sur le massacre de Kasika produit à l'USK

* 61 Bulambo Katambu, A., op. cit., p.88.

* 62 Zamukulu Milenge, H., op.cit., pp. 32-33.

* 63Bulambo Katambu, A., op.cit., p.86.

* 64Mubuto Kuzindamolo, W., op.cit., p.41.

* 65Jason Stearns, K., op. cit., p.263.

* 66 Muhumba Kanga Oscar, op. cit., 2004, p.7.

* 67 CIJ, Livre blanc (tome I et II), 1999, pp.18-19.

* 68 Mwessi, L., Histoire de l'ancien secteur de Kasanza et l'évolution des luttes pour sa restauration en Territoire de Shabunda (1924-2000), mémoire de licence en Histoire, inédit, ISP/Bukavu, année 2014, p39

* 69 Nyerere, J., op.cit., p.9.






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